Composition collectif Culture FN

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CHANSON EMBARQUEMENT DANS L UNIVERS POÉTIQUE DE BARCELLA VOEUX AURÉLIE FILIPPETTI : MES PROJETS POUR 2013 RÉGIONS UN TOUR DE FRANCE DE L ÉDUCATION ARTISTIQUE CULTURECOMMUNICATION LE MAGAZINE DU MINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION / FÉVRIER 2013 N° 208 NUMÉRIQUE CULTURE.FR : UNE OFFRE ENRICHIE ET PARTAGÉE 30 ANS DES FRAC : LES GRANDES MUTATIONS DES FONDS RÉGIONAUX DART CONTEMPORAIN P .4

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Composition du conseil d'administration du collectif Culture et Libertés du FN

Transcript of Composition collectif Culture FN

  • CHANSON

    EMBARQUEMENTDANS LUNIVERSPOTIQUE

    DE BARCELLA

    VOEUX

    AURLIEFILIPPETTI :MES PROJETS

    POUR 2013

    RGIONS

    UN TOUR

    DE FRANCEDE LDUCATIONARTISTIQUE

    CULTURECOMMUNICATION140LE MAGAZINE DU MINISTRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION / FVRIER 2013 N 208

    NUMRIQUE

    CULTURE.FR : UNE OFFRE

    ENRICHIE

    ET PARTAGE

    30 ANS DES FRAC :LES GRANDES MUTATIONSDES FONDS RGIONAUX DARTCONTEMPORAINP.4

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  • C u l t u r e C o m m u n i c a t i o n n 2 0 8 - f v r i e r 2 0 1 3}2

    L e s p r o j e t s d A u r l i e F i l i p p e t t i e n 2 0 1 3

    Je veux redonner deloxygne la culture

    LE P O I N T F O R T A C T U A L I T S

    EN METTANT EN UVRE UN NOUVEAU PACTE AVEC TOUS LES ACTEURS DE LA VIE CULTURELLE,

    AURLIE FILIPPETTI VEUT RETROUVER LA VOCATION PREMIRE DE LA POLITIQUE CULTURELLE :

    METTRE SON AMBITION AU SERVICE DES GENS . PRINCIPAUX EXTRAITS DES VUX LA PRESSE,

    LE 24 JANVIER.

    NOUVEAU pacte. En jetant les bases dunnouveau contrat de politique culturelle,() jai consacr mes efforts rtablirla cohrence entre les projets du ministre et les moyens dont il pourra disposer aujourdhuiet demain.

    Education artistique et culturelle. Le gouverne-ment ne promet pas de construire une nouvellepyramide du Louvre, mais une petite pyramidedans lesprit de chaque enfant. () La concer-tation [sur lducation artistique et culturelle]que Marie Desplechin a bien voulu animer setermine [voir n207]. Nous allons prparer, surla base de ses travaux, un cahier des charges qui

    va permettre tous les acteurs locaux de sinscrire dans ces projets. Nous le prsenterons,avec Vincent Peillon, ministre de lducation nationale au mois de fvrier, puisquune ru-nion entre les DRAC et les recteurs a t organise au Centre national de la danse dePantin. Pour mettre en lumire ce qui rpond nos objectifs et ce qui existe dj, jai engagun Tour de France de lducation artistique et culturelle [voir p.10] : en une vingtainedtapes qui schelonneront dici la fin du printemps, je veux valoriser mais aussi expli-quer ce que nous voulons proposer aux enfants et aux jeunes, et initier ce processus de gn-ralisation qui est lobjectif rappel par le Prsident de la Rpublique.

    France Tlvisions. Cest cette mme ambition citoyenne qui me conduit aussi rflchiravec le service public de laudiovisuel et France Tlvisions une rvision de son contratdobjectifs et de moyens. Les contraintes budgtaires existent videmment mais elles ne doi-vent pas nous conduire rduire notre exigence. Parce que la tlvision est lune des pra-tiques, si ce nest la pratique culturelle, la plus populaire, la vocation du service public est decontribuer la cration, dinformer, de favoriser le renforcement des liens sociaux sur tousles territoires, de participer lducation limage et de sadresser aux plus jeunes. () En2013, je prsenterai galement un projet de loi sur les modalits de nomination des prsi-dents de laudiovisuel public.

    UN ACCORD ENTRE GOOGLE ET LESDITEURS DE PRESSE

    Visant soutenir la transition numri-

    que et investir dans la presse , un accord

    a t sign le 1er fvrier entre Franois

    Hollande et Eric Schmidt, prsident excutif

    de Google. Le texte prvoit deux volets :

    la cration dun fonds dinvestissement pour

    la presse de 60 millions deuros ; un parte-

    nariat privilgi avec les quipes techniques

    de Google, notamment pour montiser les

    contenus de la presse franaise. Cest un

    vnement mondial , sest flicit le chef

    de lEtat.

    http://www.elysee.fr

    NOMINATIONS : VERS LA PARITHOMMES/FEMMES

    En dpit de plusieurs rapports et

    recommandations, la question de laplace faite aux femmes la tte denos institutions [de spectacle vivant]comme sur nos plateaux na gurevolu ces dernires annes. Cest

    pourquoi Aurlie Filippetti a souhaitque, ds la saison 2013-2014, nousmarquions une inversion nette de latendance avec le lancement de sai-sons galit . Je propose que les tablissements culturels sengagentsur des initiatives qui permettront dedonner une place plus quitable auxfemmes, dans la programmation com-me dans la rpartition des moyens deproduction.

    www.culturecommunication.gouv.fr

    M

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    HIBA

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    T

    PACTELa ministre de la Culture

    et de la Communication

    et son nouveau contrat

    de politique culturelle

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  • S O M M A I R E n 2 0 8 - f v r i e r 2 0 1 3

    L E P O I N TF O R T

    f v r i e r 2 0 1 3 - n 2 0 8 C u l t u r e C o m m u n i c a t i o n{3

    Point fort : Aurlie Filippetti, Je veux redon-ner de loxygne la culture p.2

    DOSSIER Les grandes mutations des Fonds rgionauxdart contemporain p.4

    CULTURE ACTE 2Bernard Stiegler, La seule faon de prvoirlavenir, cest de linventer p.8

    ACTUALIT

    Culture : Education artistique, un Tour de Francetous terrains p.10Mdias : Culture.fr, la nouvelle version est en lignep.14

    MAGAZINE

    Focus : Les Archives nationales, entre refondation et rvolutionp.14Panorama : Archives de labb Pierre Roubaix p.16Grand angle : Le phare de Cordouan en 3D, linnovation au rendez-vous p.18Premiers pas : Le Sucre du printemps ou les jeunes revisitent le patrimoine de la dansep.20Portrait : Le chanteur Barcella nous invite dansson univers potique et dcal p.22

    Directrice de la publication : Laurence EngelChef du dpartement de linformation et de la communication : Thomas AillagonChef adjoint du dpartement de linformation et de la communication : Catherine VergriteChef de ple ditions et publications : Anne PetitjeanRdacteur en chef : Paul-Henri DoroComit de rdaction : Florence Barreto, Emmanuel Boutier, Manuel Candr, Pauline Dcot,Stphanie Guyard, Ariane Nouvet.Ont particip ce numro : Astrid Avdissian, Anne-Sophie Barreau et Anglique Saget Conception graphique / maquette : Emmanuel BoutierImpression : N de commission paritaire : 1 290 AD,nouvelle srie, imprimerie Lonce DeprezTirage : 25 000 exemplaires, 0,30 s le numroAbonnement sur demande crite :[email protected] www.culturecommunication.gouv.frwww.facebook.com/ministere.culture.communicationhttps://twitter.com/MinistereCC

    Chantiers. En 2012, nous avons ft le cinquantenairede la loi Malraux sur le patrimoine [voir n207], unegrande loi qui a permis de prserver nos btiments, notredomaine, nos centres urbains mais aussi nos villages.Aujourdhui, ces outils ncessitent une adaptation etdonc je prsenterai une loi dorientation sur le patri-moine en 2013. () La loi dorientation sur la cration,comme sy tait engag le candidat Franois Hollande,sera prpare sur la base de la concertation qui vientdtre engage avec les acteurs du secteur culturel. Elleabordera les aspects conomiques de la cration (etnotamment les conditions de production et la questionsensible du nombre de reprsentations), lquit territo-riale, le parcours professionnel des artistes. Cest aussidans cet tat desprit que sera abord au cours de lannele dossier de lintermittence. Je fais de lemploi, et delemploi culturel, une priorit. ()

    Industries culturelles. Avec lacte 2 de lexception cultu-relle, [je veux] rcrire nos outils de rgulation des in-dustries culturelles, non pas pour opposer les uns et lesautres, mais simplement pour prserver lefficacit depolitiques publiques. () Mais le nouvel univers num-rique ne conduit pas ncessairement renoncer auxmcanismes vertueux qui ont fait leur preuve au fil desans. Il faut donc aujourdhui repenser ces outils. PierreLescure travaille avec son quipe, en lien avec le mi-nistre, pour me remettre ses conclusions fin mars. Ce travail intgre les concertations engages sur le livre ousur la musique, () le cinma ou la copie prive. () Demme, jai confi la concertation sur la refonte des aides la presse [qui sest ouverte le 25 janvier] un groupe detravail anim par Roch-Olivier Maistre. [A limage desautres dossiers sur la presse, dont la concertation entreGoogle (voir encadr) et les diteurs et la situation desdiffuseurs de presse], il est aujourdhui indispensable dedfinir pour demain loutil de soutien qui assurera laprservation dun secteur essentiel la dmocratie.

    Territoires et citoyennet. Cest [aussi] dans une pers-pective territoriale quil faut redonner lart et la cul-ture toute leur place. Jai voqu le nouveau pacte que je veux signer avec les collectivits locales, dans lexactelogique de lacte 3 de la dcentralisation qui sera bien-tt dbattu au Parlement. Enfin et cest le sens que jedonne toutes les dcisions que je prends je veux quece pacte nouveau soit propos aux citoyens. Le ministrede la Culture ne doit pas tre un huis clos, un entre-soi chaleureux mais isol. Je veillerai rappeler tout instant que ce que nous faisons ici, dans ce ministre,marque la vie quotidienne des gens. Je souhaite contri-buer, par la politique culturelle, une prise de consciencede ce bien commun.Aurlie Filippetti

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    D O S S I E R

    I l s o n t 3 0 a n s e n 2 0 1 3

    Les grandes mutationsdes Frac LES PLIADES , NOM CHOISI POUR LA CLBRATION DU TRENTIME ANNIVERSAIRE DES FONDS

    RGIONAUX DART CONTEMPORAIN, LEUR VA PARFAITEMENT. IL DIT BIEN LE PANACHE ET LE TALENT

    DUNE INSTITUTION QUI A RUSSI, SELON AURLIE FILIPPETTI, FAIRE ENTRER LARGEMENT LART

    CONTEMPORAIN EN RGION ET NE CESSE DEPUIS SA CRATION DINNOVER .

    I L est frquent dentendre leur proposquils sont lun des exemples les plusrussis de la dcentralisation culturelle .Et de fait, si la qualification est flatteuse, ellenest pas le moins du monde usurpe. Un coupdil quelques donnes suffit sen convain-cre. Ns en 1982 de la volont conjointe deltat et des rgions nouvellement cres das-surer lart contemporain une prsence surlensemble du territoire national, les Fonds r-gionaux dart contemporain (Frac) se sont ori-ginellement vus confier trois missions : consti-tuer une collection, donner celle-ci voir, et en faire la pdagogie travers une large circu-lation. Or, que les 23 Frac, un dans chaquergion auxquelles viennent sajouter la Corse et la Runion, disposent de collections faireplir denvie nos voisins europens le dispo-sitif franais est en effet unique en son genre est une donne incontestable : leurs collectionsreprsentent plus de 26 000 uvres, acquisesauprs de 4 200 artistes, aussi bien franaisqutrangers, consacrant la cration la plus

    rcente (les Frac sont en effet souvent les premiers acqurir des uvres dartistes quideviennent de grands noms de la crationcontemporaine). Que ces mmes uvres soientensuite trs largement prsentes et que denouveaux modes de relations avec le public secrent, nest pas moins vrai : chaque anne, endes lieux attendus autant quinsolites, plus de600 expositions tmoignent du nomadisme descollections des Frac. Voil pour la vue densem-ble, mais quelles ralits concrtes ces donnespremires recouvrent-elles ?

    COLLECTIONS

    Pas de Frac sans collection. Une vidence, sansdoute, mais de celles que lon aime rappeler,tant les collections constituent leur vritablemoteur. Concrtement, au sein de chaque Frac,qui dispose annuellement dun budget dacqui-sition de 100 000 300 000 euros, un comittechnique compos dexperts se runit autourdu directeur et dcide de lachat des uvres.

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    Pour se faire une ide prcise des collectionset de leur enrichissement au fil du temps, riennest plus clairant que de visiter les sitesinternet des diffrents Frac. Sy ctoient desartistes quon ne prsente plus Fabrice Hyber,Xavier Veilhan mais aussi Cindy Sherman, JeffWall... , dautres aujourdhui au cur de lactualit Adel Abdessemed, BarthlmyToguo, Kader Attia, pour ne citer queux ouencore de tout jeunes artistes dont les Fraccontribuent lancer la carrire. Les collectionsy sont prsentes partir de multiples entres artistes, anne dacquisition, discipline ar-tistique... qui fournissent un instrument demesure sensible de leur identit autant que dela dynamique qui les porte. Il est cet gardassez frappant de constater que les Frac nonteu de cesse depuis trente ans daffirmer leuridentit en parfaite cohrence avec la spcifi-

    cit dont ils se rclamaient ds lorigine. Cestnotamment vrai du Frac Pays de la Loire qui,grce la mise en place dune politique dersidences, a dvelopp un lien trs fort avecles artistes, notamment internationaux, lien donttmoigne naturellement la collection : Lesuvres produites en rsidences que je proposeaux membres du comit dacquisition reprsen-tent aujourdhui 15 % de notre collection ,prcise Laurence Gateau sa directrice. Ou en-core du Frac Auvergne : Depuis lorigine, liden-tit du Frac sest construite autour de la pein-ture. Aujourdhui, nous creusons cette identitnotamment en interrogeant les relations entrela peinture, la photographie et le cinma. Cestainsi que lexposition David Lynch, qui se des-tinait au dpart devenir peintre, a pu voir lejour lan dernier , explique son directeur Jean-Charles Vergne.

    FRAC : NOUVELLESARCHITECTURES

    Signe qui ne trompe pas sur le souhait daccrotre

    lempreinte territoriale des Frac, cest leur installation

    progressive dans des btiments spcifiques. Ainsi, aprs

    le Frac Pays-de-la-Loire qui a ouvert ses portes en 2000,

    de nouvelles constructions sont sorties de terre en

    Lorraine, Poitou-Charentes, Auvergne et Corse dans les

    annes qui ont suivi. Et dans le prolongement du Frac

    Bretagne qui vient dinaugurer son nouvel espace, ce

    ne sont pas moins de cinq nouveaux btiments, les Frac

    dits de nouvelle gnration , qui bientt ouvriront

    leurs portes : Provence-Alpes-Cte dAzur (inauguration

    prvue le 22 mars), Centre, Franche-Comt, Nord-Pas

    de Calais, Aquitaine. Dans lexposition, visible actuelle-

    ment au Frac Bretagne, que le Centre Pompidou et

    Platform ont consacre ces Nouvelles architectures,Fonds rgionaux dart contemporain (voir n 204) desvidos passionnantes runissent les directeurs de Frac

    et les quipes darchitectes de renomme internationale

    choisies pour raliser ces projets. Elles font sentrecroi-

    ser rflexions tenant la spcificit des Frac et lgitime

    souci dinscrire la construction dans le tissu urbain, les

    deux se compltant souvent idalement, tant la mission

    qui incombe aux Frac daller vers leurs publics est par-

    faitement adapte une architecture qui tend de plus

    en plus effacer le dedans et le dehors.

    Parfois, comme pour le Frac Provence-Alpes Cte dAzur,

    la russite du projet relve mme du tour de force :

    Ds que le site a t choisi, nous avons tout de suitevu qu 500 mtres dcart, nous avions affaire destypologies de quartier compltement diffrentes. Dunct, on a un front de mer qui est compltement ddiau tertiaire et qui ne vit que le jour, de lautre des habi-tations occupes par des populations trs pauvres. LeFrac est pos au milieu. Tout lenjeu consistait donc crer un trait dunion entre ces deux espaces. Nous nevoulions surtout pas ajouter un btiment institutionnelde plus dans le quartier. Larchitecte Kengo Kuma a bienintgr cette dimension. Le btiment est ouvert, penscomme une succession de rues superposes qui cha-cune ouvre des perspectives diffrentes sur la ville.Cest tout le contraire dun btiment aseptis, on a tou-jours la ville en ligne de mire , confie Pascal Neveux.Ces projets qui ncessitent un budget important doivent

    cependant parfois tre diffrs. Cest le cas dans le

    Limousin o le projet dartothque, au sein duquel le

    Frac devait sintgrer, na pas encore pu aboutir. Mais

    toute chose malheur est bon : Dans le cadre de la carte blanche que nous donnons lartiste AnitaMolinero et au jeune critique dart Paul Bernard loc-casion des 30 ans des Frac, nous avons dcid de faireun film. Lenfilade de salles votes dans lesquelles noussommes malheureusement trop ltroit, mais qui induitimmdiatement lide de travelling, en constitue ledcor idal ! , se rjouit Yannick Miloux. A.S.B.

    ci-dessus :

    LE FRAC BRETAGNE

    page de gauche :

    FRAC ILE-DE-FRANCE Vue extrieure du projet pour le chteau de Rentilly (Seine et

    Marne). Philippe Bona et Elisabeth Lemercier architectes, Xavier

    Veilhan artiste, Alexis Bertrand scnographe. Image 3D Vincent

    Germond /Droits rservs

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    D O S S I E R

    NOMADISME / TOUSPUBLICS

    Ces collections irriguent ensuite tout le territoi-re rgional. Et si les muses et centres dart dela rgion constituent naturellement des relaisessentiels dans cette dmarche, les exprien-ces de diffusion dun Frac lautre sont trsvaries. Le Frac Bretagne, qui est la seule ins-titution de la rgion possder une collectiondart contemporain de cette envergure, a ainsipu ds lorigine tisser des liens fructueux avecses partenaires : Nous sommes engags dansun dialogue permanent avec les structures denotre domaine depuis 30 ans, avec les colesdart, les centres dart, les associations dartis-tes mais aussi les collectivits, les municipali-ts. Pour le projet centr autour de la figuredUlysse que nous prsentons loccasion des30 ans des Frac, nous navons donc eu aucunmal emmener ces partenaires avec nous ,explique Catherine Elkar sa directrice. Mais par-fois, les habitudes de travail sont plus longues se mettre en place, comme en tmoigneYannick Miloux, directeur du Frac Limousin : Nous avons longtemps eu une relation decoexistence pacifique plus que de vritablesliens avec les muses de la rgion. Cela tenaitsans doute beaucoup au tropisme patrimonialde ces muss, lapptence naturelle pour lartdcoratif li la tradition de la porcelaine. Maispour les trente ans des Frac, nous avons russi impulser toute une srie dactions avec lesmuses qui est de trs bon augure pour lave-nir . Parmi ces partenaires, les coles occupent na-turellement aussi une place de choix. Trs sym-bolique cet gard est linitiative dveloppepar le Frac Auvergne : Depuis 12 ans, nousavons mis en place le programme lart au lycequi nous permet chaque anne dorganiser unedizaine dexpositions spcialement conues pourles lyces concerns qui sont systmatique-ment ceux les plus loigns de Clermont-Ferrand. Deux autres programmes compltentcette offre depuis peu : un premier dans les ly-ces agricoles o nous organisons des exposi-tions de photographies et un second latten-tion des lyces professionnels sous forme dersidences : Nous slectionnons cinq ou sixartistes diplms de lcole suprieure desbeaux-arts de Clermont-Ferrand et les envoyonsen rsidence pendant cinq jours dans ceslyces o ils ralisent une uvre en bnficiantdu savoir-faire des lves et de leurs ensei-gnants, mais aussi des machines et des outilsde production mis leur disposition. A linver-se, cela permet aux lves de rencontrer desartistes et de travailler avec eux dune faon

    trs diffrente de ce dont ils ont lhabitude ,dtaille Jean-Charles Vergne.Plus surprenante sans doute, et en mmetemps tout fait symbolique de leur volont de sengager dans des projets forte valeurajoute sociale, est laction des Frac en direc-tion des publics dits empchs . Laction con-duite par le Frac Paca depuis 2007 avec lestablissements pnitentiaires de la rgion ap-parat l encore tout fait emblmatique : Ceprojet, qui est intgralement financ par la r-gion, sest construit en trois tapes. Il a dabordpris la forme classique dune ouverture lartcontemporain travers des ateliers, des prtsduvres ou encore des interventions dar-tistes dans les tablissements pnitentiaires.Puis, dans le cadre dune convention avec ladministration pnitentiaire, nous avons pu, loccasion de sorties encadres, accueillir desdtenus au Frac. Et rcemment, ce sont lesartistes eux-mmes qui ont anim des ateliersspcifiques au sein des tablissements pni-tentiaires. Ce qui nous intressait, ctait vrai-ment cette dimension dchange et de rencon-tre avec un plasticien. Sur le plan humain autantquartistique, je crois pouvoir dire que ces ate-liers sont une grande russite , observe PascalNeveux, directeur du Frac.

    RAYONNEMENT LINTERNATIONAL

    Aujourdhui, ce nomadisme sincarne galementdans les nombreux projets dvelopps par lesFrac linternational. Et si cette dmarche estdabord individuelle, chaque Frac sappuyantsur sa spcificit pour dvelopper ses partena-riats ltranger, elle prend un relief tout parti-culier dans le cas doprations collectives. Auxcommandes de celles-ci, lassociation Platformqui depuis 2005 regroupe lensemble des Fracet, dans le cadre du mandat qui lui a t confi

    de mettre en place des actions communes,sattache promouvoir lesprit Frac selonles mots de son prsident Bernard de Mont-ferrand. Cest ainsi que la premire expositionitinrante aux Etats-Unis des collections desFrac Spatial city, an architecture of idealism a pu voir le jour en 2010. A loccasion des Pliades , deux autres projets collectifs den-vergure sont en prparation. Un premier avec le Van Abbemuseum Eindhoven en 2014 etun second avec le Singapore Art Museum en2015. Leur point commun : chaque fois, cestun regard tranger qui est port sur les collec-tions. Quand un commissaire tranger, qui pardfinition porte un autre regard, fait le constatde la diversit des collections et de leur capa-cit faire tat des grands changements delart dans les annes 1990, cela interroge lafabrication des collections au quotidien maissurtout accrot encore leur prestige , prciseMarie-Ccile Burnichon, secrtaire gnrale dePlatform.

    MCNAT

    Dans ce contexte trs positif, une inquitudenanmoins se fait jour. Elle concerne sans sur-prise les budgets. Car si les Frac disposent enmoyenne dun budget dun million deuros fi-nanc pour lessentiel par les dotations de lEtatet de la rgion, celles-ci ne tiennent pas com-pte de linflation et hypothquent les margesde manuvre en matire de programmationculturelle et artistique. Do la ncessit detrouver des financements extrieurs. Un imp-ratif que le Frac Auvergne a trs vite pris encompte, lui qui dispose dun club des mcnesdepuis 1989. Sans aller jusque-l, CatherineElkar, tmoin privilgi de laction du groupeagro-alimentaire Norac lorigine de la bien-nale de Rennes, veut croire que les conditionssont au-jourdhui runies pour une plus grandeparticipation du secteur priv : Les entrepri-ses manifestent de plus en plus dintrt pournotre action. Et cest sans aucun doute li autravail de dmocratisation culturelle, de dcen-tralisation culturelle qui a t effectu depuis 30 ans : nous avons au fil du temps largi notrepublic, notre rseau, et je suis convaincue quauniveau des jeunes entrepreneurs ce travail aport ses fruits . Anne-Sophie Barreau

    Les Pliades 30 ans des Frac se dclineront dans chaque

    Frac travers 23 invitations donnes des artistes (davril d-

    cembre 2013) et une exposition collective aux Abattoirs - Frac

    Midi-Pyrnes, du 28 septembre 2013 au 5 janvier 2014. La mani-

    festation est organise par Platform et les 23 Fonds rgionaux dart

    contemporain.

    RSIDENCEYang Xinguang, The giving from trees, 2011 ; lors de sa

    rsidence aux XXVe ateliers internationaux du Frac des Pays

    de la Loire

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  • f v r i e r 2 0 1 3 - n 2 0 8 C u l t u r e C o m m u n i c a t i o n{7

    Comment les Frac se sont-ilsadapts aux volutions de la politique culturelle ?En 30 ans dexistence, les Frac ont volu.Limportance des collections eux tous, ils rassemblent plus de 26 000 uvres et ladensit de leur activit plus de 500 expositionspar an ont suscit de nouvelles rflexions pources institutions conues lorigine sans murs et parfois sans rserves. Il fallait franchir une

    nouvelle tape et disposer doutils spcifiques conjuguant les fonctionsde conservation, dexposition, de ressources et de mdiation pour cestablissements. Cest la construction en 2000 dun btiment pensspcialement pour lactivit du Frac des Pays-de-la-Loire Carquefou, qui a ouvert la voie aux Frac dits demble de nouvelle gnration .Les nouveaux espaces des Frac ont dailleurs t davantage pensscomme des plateformes oprationnelles que comme de simples lieuxdexposition. Les six chantiers en cours en rgions (Centre, Provence-Alpes-Cte-dAzur, Franche-Comt, Nord-Pas-de-Calais, Aquitaine,Basse-Normandie) et la toute rcente construction dun nouveau Fracen Bretagne constituent un mouvement sans prcdent pour la diffusionduvres contemporaines dans notre pays.

    Le dveloppement dantennes dinstitutionsnationales dart contemporain en rgion, commele Centre Pompidou Metz, entre-t-il en concur-rence ou en complmentarit avec le rle desFrac ? Grce laction publique dveloppe en faveur des arts plastiquesdepuis 30 ans par ltat et les collectivits territoriales, nous avonsconstitu en France un rseau dinstitutions structur, lisible et compl-mentaire, tant pour les artistes que pour les publics. Lart contemporainbnficie ainsi aujourdhui dune audience importante et constitue unfacteur dattractivit pour les territoires. Ce qui explique dailleurs len-gouement de collectivits territoriales pour lorganisation de manifesta-tions dart contemporain ou la cration dquipements comme le Centre

    Pompidou Metz. Pour autant, le secteur des arts plastiques connat desralits trs diffrentes en termes damnagement du territoire, demploi,de moyens. Certains territoires sont aujourdhui mieux pourvus quedautres. Mais je ne pense pas que les institutions soient dans unesituation de concurrence, au contraire. Les Frac sont et restent une des entreprises les plus russies de la dcentralisation culturelle. Mais, vous avez raison, la complmentarit doit, lorsquelle permet une meilleure action sur le territoire, trouver se renforcer davantage.

    Quel rle jouent les FRAC pour la visibilit de la cration franaise lchelle nationale,europenne et internationale ?Les Frac uvrent de manire remarquable au plus prs de la scneartistique. 56 % des uvres sont acquises auprs dartistes franais,80 % si lon considre lEurope. La France a ainsi rassembl par lebiais des Frac une collection qui constitue un tmoignage indit, quinexiste dans aucun autre pays, de la cration en train de se faire. Unegrande partie de ces acquisitions relve des primo-acquisitions (45 % si lon considre lensemble des Frac), cest--dire la possibilitpour un artiste de voir entrer pour la premire fois lune de ses uvresdans une collection publique. Je pense galement que lintrt des Fracrside dans la varit et le professionnalisme des regards quils mobili-sent pour constituer leurs collections. Ils ont mis en place des comitstechniques dachat chargs de faire des propositions dacquisitions. Au total, ce sont actuellement plus de 85 personnalits franaises outrangres qui agissent comme des ttes chercheuses. Enfin, les Fracdploient de nombreux projets internationaux et soutiennent ainsi lareconnaissance des artistes dont ils ont acquis des pices. Leursuvres sont empruntes par les plus grandes institutions trangres.Cette dynamique sest renforce en 2005 avec la cration de lassocia-tion Platform. Cest ainsi galement que pour leurs 30 ans, CharlesEsche, directeur du Van Abbemuseum Eindhoven, a trouv dans lescollections des Frac la possibilit de mettre en perspective la crationartistique des annes 1990, dans cette priode singulire qui a suivi lachute du mur de Berlin.Propos recueillis par Paul-Henri Doro

    Un tmoignage indit de la cration en train de se faire Un entretien avec Michel Orier, directeur gnral de la cration artistique

    M

    CC

    ESQUISSEBarthlmy Togo, Projet Chapelle Sainte Anne,

    Frac PACA

    PERFORMANCEEster Ferrer, Le chemin se fait en marchant (2002),

    photo : Allard Willense.

    INSTALLATIONEster Ferrer, Le chemin se fait en marchant,

    Toulouse (2007), photo : X. Vilarino.

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  • C u l t u r e C o m m u n i c a t i o n n 2 0 8 - f v r i e r 2 0 1 38 }

    POUR Bernard Stiegler, la rvolution num-rique constitue une transformation techniquedune porte totalement hors normes, certains gards, plus profond que lapparitionde la socit industrielle . Cest un nouveau

    stade de lindustrie, qui bouleverse jusquau fonctionne-ment de lintellect, poursuit-il. Une des spcificits decette transformation, cest sa vitesse foudroyante et leretard structurel qui sinstaure et avec lequel il va falloirapprendre vivre, alors que pour le moment, nous nesavons pas le faire et que le march na pas de rponse .A la question de savoir pourquoi, Bernard Stiegler rpond :parce que le march nest pas innovateur mais con-servateur . Confronts que nous sommes lincapacit des acteurs bouger devant tant dinconnues lies cette volution,et ce aussi bien au niveau franais quau niveau europen,nous sommes en quelque sorte pris de vertige . Que faut-il faire, alors ? Il faut prendre en compte deux tempora-lits diffrentes, et envisager la fois des ajustements ausystme actuel, la construction dun nouveau systme horizon dix ou vingt ans, et un chemin critique, avec desjalons intermdiaires, pour y parvenir.

    LE vrai sujet, selon Bernard Stiegler, ce nestpas la lutte contre le piratage, mais la construction dun nouveau systme et la miseen place de processus dynamiques ncessaires cette construction . Pour faire cela, sou-

    ligne-t-il, il faut inventer des mthodes de travail. Le cur du problme, cest la mthodologie. Parmi lesquestions souleves par la transformation numrique, sontvoqus le rle et le modle conomique de laudiovisuelpublic, qui, selon Bernard Stiegler, doivent tre redfinis. Une piste possible, indique-t-il, pourrait tre de r-orienter lactivit de France Tlvisions vers lditorial,notamment dans le champ universitaire, avec le finance-

    Bernard Stiegler : la seule faon de prvoirlavenir, cest de linventer

    Verbatim

    Quest ce que le numrique a chang pour vous ? Les rponses de cinq musiciens trs concerns

    Pierre Charvet, compositeur de musique classique : Le numrique, cest commeun tremblement de terre. Cest comme linvention de limprimerie par Gutenberg. Lunedes principales difficults est que nous sommes partie prenante de ce bouleversement,et quil est donc trs difficile de prendre par rapport lui la distance qui permettrait demieux le comprendre . En tant que crateur musicien, en quoi cette rvolution a-t-ellechang sa cration ? Pour simplifier les choses, rpond-il, on pourrait dire que ce qui change, cest que, pendant 2 000 ans, on a fait de la musique avec des sons etdes notes et que maintenant, grce au numrique, on peut faire de la musique dans leson, dans la note.

    Fred (Les Ogres de Barback) souligne que son groupe, tout en restant trs attach

    lobjet disque, se sert de plus en plus du numrique, mme si, prcise-t-il, sa partreste infime dans notre conomie . Il estime par ailleurs quun travail trs importantreste faire au niveau des fournisseurs daccs Internet : Cest l que tout bloque.Plutt que dincriminer le public ou de chercher des solutions plus ou moins rpres-sives, cest sur ce problme quil faut travailler et quil faut agir .

    Vicelow (ex Saan Supa Crew) met pour sa part en vidence la quasi instantanit

    apporte par le numrique. Tu fais un titre et tu peux directement le mettre surInternet, ce qui videmment joue un rle trs intressant dans le processus de cration.Si cest une cration qui a t faite trs vite et avec peu de moyens, on peut la donnergratuitement. Cest cadeau Mais dans dautres cas, cest diffrent, lorsque les crations demandent beaucoup de travail et des moyens importants .

    Nicolas Dhers (Yalta Club) se rjouit galement que le numrique permette un rap-

    port beaucoup plus direct avec le public. Pouvoir tre presque dans linstantanit,cest vraiment trs bien. Mais cela peut aussi entraner parfois un manque de raret etdattente. Une cration, a prend beaucoup de temps, beaucoup de travail, beaucoupdnergie Le fait davoir un accs assimil de la gratuit de la part de lauditeurpeut casser la beaut et la raret qui sont troitement lies la cration musicale .

    Issam Krimi, compositeur de jazz, ne voit pour sa part que des choses positives dans

    cette volution. Nous sommes musiciens et nous subissons les volutions techniques,mais cest plutt intressant et amusant. On a eu le vinyle, le compact disque et main-tenant cest le numrique Pour le public, cest formidable. Cest une ouverture dau-tant plus jouissive quelle nest pas exclusive et que le public peut galement avoir, parexemple, un rapport direct avec nous en concert.

    LA CENTAINE DAUDITIONS MENES PAR LA MISSION CULTURE-ACTE 2 TOUCHE SA FIN. ELLES

    CONSTITUENT UN TAT DES LIEUX COMPLET DES ENJEUX DE LCONOMIE NUMRIQUE. AVANT DE

    SENGAGER DANS UNE NOUVELLE PHASE QUI DEVRAIT ABOUTIR FIN MARS LA REMISE TRS ATTENDUE

    DE SON RAPPORT, LA MISSION LESCURE A AUDITIONN LE 20 DCEMBRE 2012 LE PHILOSOPHE BERNARD

    STIEGLER, DIRECTEUR DE LINSTITUT DE RECHERCHE ET DINNOVATION DU CENTRE POMPIDOU.

    Mag 208:Mise en page 1 06/02/2013 16:19 Page 8

  • f v r i e r 2 0 1 3 - n 2 0 8 C u l t u r e C o m m u n i c a t i o n{9

    ment de thses qui analyseraient la mutation des diff-rentes disciplines universitaires. Si jtais PDG de FranceTlvisions, cest vers cela que jorienterais les activits dela maison, vers un grand projet de ce type tendant crerune industrie du numrique ditorial. Autres questions souleves par le numrique : la prospec-tive quil oppose la futurologie. La puissance publique,explique Bernard Stiegler, doit se remettre projeter. Elledoit se remettre vouloir. Mais aussi et surtout corrigersa volont... Parce que cest cela, le problme de lEtat : si,aprs avoir dmarr un processus, il saperoit au boutdun an quil est parti de travers, il ne peut pas corriger latrajectoire. La prospective, cest prcisment cela que asert : faire de la correction de trajectoire. Il existe pourcela des mthodes et les jeunes ingnieurs ne demandent dans leur grande majorit qu travailler comme a. Atout cela, bien sr, il convient dajouter que la seule faonde prvoir lavenir, cest de linventer

    PLUSIEURS autres thmes sont encore abords et font lobjet de divers commentaires : leconcept porteur davenir de recherche-action ( une autre piste intressante estfournie par le concept de recherche-action qui

    associe le sujet de la recherche la recherche elle-mme,et dveloppe une intelligence collective pour crer desprocessus fconds ) ou la notion de droits dauteur ( Jesuis convaincu que le droit de proprit va muter ). Aujourdhui, nous sommes obligs de travailler avecGoogle [le gant amricain de lInternet], explique BernardStiegler, et donc, il faut ngocier, mais sans tre fascinspar lui. Il faut ngocier avec lui en le regardant en facemais aussi en regardant ailleurs. Car, pour construire unealternative, il faut avoir son propre point de vue . En fait, nous allons vers une conomie de contenus et une socitde savoirs , conclut-il. Et cest lensemble du schma deproduction de valeur quil faudrait repenser. Les indus-tries culturelles sont un laboratoire pour tous les autressecteurs, car ce qui sy joue aujourdhui va se propager danslensemble des sphres de lconomie. Jacques Bordet

    http://www.culture-acte2.fr/

    Audition

    Jean-Luc Hees : Notre dfi ? Savoir crer et progresser dans ce nouveau paysage.

    Audition, le 17 janvier 2013, de Jean-Luc Hees, Prsident-directeur-gnral

    de Radio France, et Jol Ronez, directeur des nouveaux mdias.

    Le numrique, cest un vrai bouleversementdans la maison, sinon mme une rvolution,avoue dentre de jeu Jean-Luc Hees. Un boule-versement, qui fort heureusement peut aussinous amener inventer et progresser. Accompagn de Jol Ronez, directeur des

    nouveaux mdias, le Prsident-directeur-gnral

    de Radio France souligne quil ma bien aid apprhender la complexit de ce nouveau monde

    et mieux imaginer un certain nombre des transformations de contenus et de concepts que la rvolution numrique allait entraner .

    Pour Jean-Luc Hees, Radio France est une maison dans laquelle le num-

    rique est dj bien prsent Cest vraiment lavenir de la maison, et cestun domaine dans lequel nous voulons tre leaders. Nous le sommes dailleursdj sur le march des podcasts La mise en place dune stratgie numrique est ensuite voque : Nous avons, avec Jol Ronez, mis en place deux axes principaux, explique Jean-Luc Hees. Le premier axe consiste accompagner et enrichir les antennes dans un univers qui change, avecdes publics qui changent et des usages de consommation qui changent galement. Le second axe consiste produire des contenus originaux, travailler sur des offres nouvelles et des formats nouveaux, notamment en ce qui concerne le jeune public. Beaucoup de projets ont dj t lancs landernier et beaucoup le seront cette anne.

    Jol Ronez remarque que la distribution numrique na pas fait de dgts

    dans la cration de contenus. Ca na pas complex les gens qui font de laradio, explique-t-il, a ne les a pas brids dans leur expression Puis, diffrentes questions sont abordes : la question de la neutralit, du problme

    des droits, de la publicit, et du projet de Radio numrique terrestre (RNT).

    Concernant la RNT, dveloppent Jean-Luc Hees et Jol Ronez, cest avanttout une question de cots financiers, et non une question dquipement.Pour la TNT, on est pass en quatre ans dune couverture analogique unecouverture numrique, malgr des quipements beaucoup plus onreux pourles Franais. Pour la TNT, il y a eu une dcision globale qui a t acceptepar tout le monde, alors que pour la RNT, on nest jamais parvenu unconsensus. Cest dommage parce quaujourdhui on se trouve dans une situa-tion o on ne peut plus crer de nouvelles offres sur le territoire et parce quela RNT prsente des avantages de gratuit et dgalit pour tous les citoyens.On ne pourra pas faire son conomie .

    En conclusion, Jean-Luc Hess voque nouveau le dfi que pose tous

    la rvolution numrique et quelle pose tout particulirement Radio France.

    Il faut que nous sachions crer et inventer dans ce nouveau paysage touten conservant nos valeurs , dit-il. Nous ne sommes pas du tout effrayspar ce qui arrive, ajoute Jol Ronez. Nous considrons au contraire que celareprsente une extraordinaire opportunit pour travailler nos contenus etamliorer notre offre.

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    Culture Rgions MondeMdias

    U NE vingtaine de villes ont t annonces le 24 janvier parAurlie Filippetti pour tre les premires escales de son Tourde France de lducation artistique et culturelle (EAC). Unemanire volontaire et originale dinscrire cette dimension dans le mar-bre de sa politique.

    Objectifs. Un parcours culturel pour chaque enfant pendant sa scola-rit, o quil vive sur notre territoire : pour la ministre, cest une

    priorit de la politique culturelle, insparable de la refonda-tion de lEcole. Un enjeu dmocratique, aussi. Sur le ter-

    rain dailleurs, le dbat passionne, en juger par lesrsultats de la consultation nationale (21 novembre au18 dcembre) : 80 organismes et artistes auditionns,plus dune centaine de contributions qui rendentcompte des initiatives menes en faveur des jeunes

    (consultables sur le site du ministre). Mene par la ro-mancire Marie Desplechin, cette consultation a donn

    lieu un rapport de Jrme Bout, inspecteur gnral desaffaires culturelles, sur les travaux du comit de pilotage. Il

    livrera une cartographie prcise des expriences artistiques et cultu-relles menes sur lensemble de nos territoires. Le but est de sinspirerde celles qui marchent le mieux, de leur donner plus de lisibilit, maispas seulement. Partir de ce qui se fait sur les territoires pour rvleret aller plus loin, cest aussi la raison pour laquelle jentreprends unTour de France de lducation artistique et culturelle , a dit la ministre.Tout au long de ses dplacements, elle rencontrera les acteurs du terrain.Lchance est proche : ds la rentre scolaire 2013, un parcours devra tre mis en place tout au long de la vie scolaire de lenfant, encollaboration troite avec les collectivits locales. Etapes. Pour lheure, une vingtaine dtapes schelonnent sur la cartede lEAC entre janvier et juin le Tour de France se prolongeant jusquen dcembre. Autant de dmarches originales, souvent remarquables,qui favorisent lpanouissement et lmancipation individuelle des jeunes,depuis la maternelle jusqu luniversit, en passant par le lyce profes-sionnel et lducation prioritaire. Elles sappuient sur le spectacle vivant(nombreux dispositifs), la bande dessine ( Angoulme uniquement), le cinma ( Cannes, Annecy, Rouen), le design ( Saint-Etienne unique-ment), la musique ( Bordeaux et Bourges), le patrimoine ( Paris, Pau,Rouen, Rennes), les arts plastiques ( Marseille), la photographie (Paris) A Pau, voici latelier Le Cartable de Valrie (musique) : unprojet port par lOrchestre de Pau Pays de Barn qui touche chaqueanne 10 000 enfants de la maternelle au primaire. Au Quartz de Brest, Les Ateliers TransFabrik (danse / spectacle vivant) font dialoguer tudiants franais et allemands autour de la notion de style et de rpertoire. A Rouen, saluons le beau projet Dynamique Espoir Ban-lieues : des artistes en rsidence dveloppent, avec la Radio associa-tive HDR, une offre culturelle dexcellence destination du jeune publicdes zones urbaines sensibles. Une mention spciale pour le programmeparisien Mon il ! qui sadresse aussi bien aux lves en Bac proMtiers du cuir qu ceux de lducation prioritaire. Initiation aux enjeuxditoriaux de la photographie publie pour les premiers ; apprentissagedes codes et usages de limage pour les seconds.Pauline Dcot

    www.culturecommunication.gouv.fr

    Un Tour de France tous terrains

    E D U C A T I O N A R T I S T I Q U E

    noter

    MCNATFrance-Allemagne :partenariat exemplairepour les vitraux de Chartres

    Jamais encore, une entreprise europenne navait

    restaur notre patrimoine verrier en tant que mcne.

    Voil une premire qui concide avec les commmo-

    rations du jubil du trait damiti franco-allemand.

    Les ateliers Peters, Paderborn en Allemagne, ont

    la fois restaur et financ entirement, pour un cot

    de 200 000 euros, la fentre de deux baies du tran-

    sept sud de la cathdrale de Chartres des vitraux

    qui prsentaient des couches de corrosion trs

    importantes. La repose a eu lieu le 24 janvier. Les

    personnages rapparaissent, clatants de fracheur :

    Saint Christophe et Saint Nicaise, Saint Denis passant

    son oriflamme Jean Clment, marchal de France

    (son fils aurait t chanoine ici). Nous avons effec-tu ce chantier parce que Chartres est, pour toutartiste verrier, ce quil y a de plus prestigieux , adclar Markus Kleine, chef du d-partement restau-

    ration des ateliers Peters. Du pain bnit pour tout le

    monde, donc, et au premier chef pour la cathdrale

    de Chartres, qui possde le plus important ensemble

    de vitraux du XIIIe sicle, dont plus de 80 % dorigine.

    Deux tiers de ses vitraux ont dj t restaurs.

    Avis aux amateurs.

    LES PROCHAINESTAPES

    12 fvrier : Seine-Saint-Denis

    20 fvrier : Paris

    25 fvrier : Bordeaux

    11 mars : Rouen

    13 mars : Saint-Etienne

    15 mars : Rouen

    22 mars : Marseille

    25 mars : Paris

    28 mars : Strasbourg

    5 avril : Dole

    9 avril : Crteil

    12 avril : Talange

    25 avril : Bourges

    En mai : Metz, Cannes

    5 juin : Paris

    14 juin : Annecy

    EGALIT DES CHANCESAccs (encore) largiaux grandes coles de la culture

    Pour les jeunes de lducation prioritaire, le lien

    qui unit depuis 2008 la Fondation Culture & Diversit

    aux ministres de lEducation nationale et de la

    Culture, slargit encore. Dune part, les deux pro-

    grammes Egalit des chances en Ecoles darchi-

    tecture et en Ecoles dart sont renouvels pour quatre

    annes supplmentaires. Une septime cole est, de

    plus, intgre au premier programme : lEcole natio-

    nale darchitecture de Lille (ENSA). Dautre part, on

    annonce le lancement dun nouveau programme

    Egalit des chances en Ecoles de design sur trois

    ans. Cette action commune porte de beaux fruits :

    82 % de russite aux concours dentre des classes

    prparatoires et des classes suprieures dart sur

    cinq ans. En 2012-2013, ce sont prs de 700 lycens

    qui participent ces programmes dgalit des

    chances. Les coles sous tutelle du ministre de la

    Culture et de la Communication en sont les acteurs

    majeurs. Avec la Fondation, elles sensibilisent les

    lycens leurs formations, prparent les plus motivs

    aux concours dentre en organisant des stages

    Egalits des chances pendant les vacances

    scolaires. Elles continuent accompagner les lves

    dans la dure, une fois admis en cole.

    www.education.gouv.fr

    Mag 208:Mise en page 1 06/02/2013 16:20 Page 10

  • it

    21 MARs, Journe europenne de musique ancienne : unedate majeure nat au calendrier culturel europen.Explications du Sudois Peter Pontvik, linitiateur decette Journe et le prsident du REMA, Rseau Europen deMusique Ancienne.LEurope pour diapason. A Stockholm il fait encore froid, le 21 mars.Quimporte, la musique facilite le dgel. Dailleurs cest l questne lide de cette Journe, point dorgue dune action de terrainmene depuis une dizaine dannes dans les pays du nord :Stockholm Early Music Festival en 2002, rseau nordique en2006... Car l-bas, la conscience ntait pas aussi dveloppe quedans les pays latins, berceau de la musique baroque et mdivale.Au sud, ses hrauts se nomment Jordi Savall ou William Christie.Au nord, cest Peter Pontvik, compositeur, pre du festival et cra-teur dun ensemble ddi la musique baroque... latino-amri-caine ! Le nouveau visage de la musique ancienne est jeune, natu-rel, moderne - et trs photognique de surcrot. Il ralise lunissonavec lUnion Europenne pour organiser le devenir, en termes dediffusion et de reconnaissance, de cet hritage commun. Le jeunemaestro sait convaincre : Androulla Vassiliou, membre de la Com-mission europenne, marraine de la Journe... les adhrents duREMA : dans vingt pays europens, plus de 65 organisations promouvant la musique ancienne seize membres sont franais,parmi lesquels lArsenal de Metz... 21 mars, Journe Appassionata. Comme les primevres, les violesde gambe et autres thorbes se presseront la rencontre du grandpublic mais aussi des conservatoires et des coles, pour, simulta-nment et aux quatre coins de lEurope, faire entendre leurs cou-leurs. Des concerts en salle, des concerts diffuss par les mdiasnationaux, notamment via un partenariat avec lUnion europennede radiodiffusion, partenariat qui va encore se renforcer en 2014,et des concerts diffuss en direct via une plateforme en ligne, uneapplication mobile gratuite cre par le REMA, des jam session,des rptitions publiques... Un message de Jordi Savall, diffus surle rseau radio europen... Lintention de cette journe, pour PeterPontvik, est de prsenter la musique ancienne aux plus largespublics. Cest un langage trs direct, qui touche le coeur des audi-teurs, une musique quon peut aimer facilement, rapidement .Quelques exemples, pour rver : Pise, La serva padrona deVivaldi par Auser Musici ; Montauban, rptition de lorchestreLes Passions, ouverte aux lves des coles ; Gttingen, projec-tion de lopra de Hndel Amadigi di Gaula ... Pauline Dcot

    www.rema-eemn.net

    f v r i e r 2 0 1 3 - n 2 0 8 C u l t u r e C o m m u n i c a t i o n{11

    M U S I Q U E

    PUBLICSQuand lart contemporain rencontre la prison

    Une cinquantaine de dtenus de la maison darrt

    dOsny (Val dOise) staient inscrits pour rencontrer,

    le 22 janvier, le plasticien Philippe Mayaux et le

    questionner pendant plus dune heure sur le tableau

    prt pour la journe par le Centre Pompidou, Les 4Zlments : air, eau, feu, pierre. Cest la neuvimetape dune vaste campagne de sensibilisation,

    Un jour, une oeuvre , engage depuis lautomne

    2011 par le Centre Pompidou en partenariat avec

    la Direction rgionale des affaires culturelles dIle-

    de-France. Lide est de sortir une uvre majeure

    de son contexte musal, pour limplanter pendant

    une journe dans une maison de quartier, une mairie

    ou un centre commercial, agrmente par les expli-

    cations de son auteur ou dun conservateur. Avec

    ltape dOsny, lopration Un jour, une uvre

    slargit la prison un milieu que plusieurs muses

    nationaux approchent avec succs (deux grands

    moulages du muse du Louvre se trouvent actuelle-

    ment dans la cour de la centrale de Poissy), dans

    leur croisade en faveur des publics empchs .

    Nous reviendrons sur cette opration exemplaire qui

    a dj captiv prs de 2 750 personnes, soit environ

    350 par lieu daccueil.

    www.culturecommunication.gouv.fr/Regions/DRAC-Ile-de-

    France et www.centrepompidou.fr

    Aux racines de notre patrimoinemusical

    NOMINATIONSLIMA, le CSA et ladanse lOpra deParis changent de tte

    Trois nominations attendues, dans le secteur

    culturel. Le chorgraphe Benjamin Millepied prendra

    ses fonctions de directeur du Ballet de lOpra de

    Paris en octobre 2014. Il succde Brigitte Lefvre,

    qui occupait ce poste depuis vingt ans. A 35 ans,

    cest un grand connaisseur du milieu de la danse qui

    est choisi : la fois danseur toile au New-York City

    Ballet, chorgraphe et impresario, crateur de sa

    propre compagnie Los Angeles, L.A.Dance Project.A la tte de la prestigieuse troupe de rpertoire quest

    le Ballet de lOpra de Paris, il saura transmettre les

    grands ballets et mettre laccent sur le rpertoire

    contemporain. Autre nomination : Jack Lang, ancien

    ministre de la Culture et de lEducation nationale,

    devient le prsident unique de lInstitut du Monde

    Arabe (IMA), jusque l administr par Renaud Muselier

    et Bruno Levallois. Enfin, la tte du Conseil suprieur

    de laudiovisuel (CSA), Olivier Schrameck, ancien

    directeur de cabinet de Lionel Jospin entre 1997

    et 2002, succde Michel Boyon.

    www.culturecommunication.gouv.fr

    CIT DE LA GASTRONOMIE : CE SERA UN RSEAU

    La gastronomie est une affaire

    srieuse. Aprs que lUnesco eut inscrit

    le Repas gastronomique des Franais

    au Patrimoine immatriel de lhumanit

    en novembre 2010, une mission a t

    constitue la mission franaise du

    patrimoine et des cultures alimentaires

    (MFPCA) pour dterminer la ville qui

    deviendra la Cit de la gastronomie .

    En avril 2012, cette mission a lanc un

    appel candidatures, puis, le 11 janvier

    2013, elle a remis aux ministres concerns

    Culture et Agriculture le rapport

    dvaluation des projets dposs.

    Surprise : celui-ci prconise non plus une

    Cit, mais un rseau de Cits de la gas-

    tronomie comprenant le socle Tours,

    Paris-Rungis et Dijon, sans exclure Lyon.

    En revanche, le projet de Beaune, cin-

    quime ville candidate, est cart. La

    solution dun rseau a le mrite de pro-

    mouvoir la gastronomie franaise dans sa

    diversit rgionale. Aujourdhui, les villes

    doivent prciser leur plan de financement,

    leur offre culturelle, ainsi que la dimension

    pdagogique, ducative et scientifique de

    leur projet. Sur le site de Paris-Rungis,

    on devrait ainsi trouver, en plus des res-

    taurants et boutiques, une grande halle

    dexposition, une mdiathque, des

    espaces de confrences, ateliers cuisine,

    centres de formation Dcision dfinitive

    la mi-avril.

    www.culturecommunication.gouv.fr

    Rema Showcase,

    Woodpeckers Recorder

    Quartet

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    Culture Rgions MondeMdias

    I NTGRANT 77 sites produits par le ministre de la Culture et de laCommunication et ses tablissements, la nouvelle version du por-tail Culture.fr est en ligne. Innovation et partage au rendez-vous. Une offre (encore) plus riche. En renforant largement son offre,Culture.fr poursuit en cho au rle donn par Malraux au ministre de la Culture son ambition : rendre accessible au plus grand nombreles richesses du patrimoine numris . Depuis 2003, il a constitu uncatalogue important de loffre culturelle en ligne, comprenant notam-

    ment ce sont les best-sellersdu portail la base Collec-tions , les grands sites ar-chologiques ou les visites vir-tuelles, comme Lascaux , Lhomme de Tautavel ou Les paves corsaires . Au-jourdhui, aprs sa refonte, leportail est pass la vitessesuprieure. Sur la base dun accs unique et centralis , ilregroupe 77 sites produits par

    le ministre de la Culture et de la Communication et ses tablissements(Grand Palais, Institut national de laudiovisuel, Bibliothque nationalede France, France Tlvisions), 30 000 vnements, 5 millions de docu-ments, 3,7 millions dimages, 44 bases de donnes patrimoniales,5 000 termes de la langue franaise, 6 millions de donnes dtat civil,48 sites multimdias et visites virtuelles, 4 500 ressources duca-tives Ressources plurielles. Ces chiffres impressionnants traduisent la grandediversit des ressources de Culture.fr. Il peuvent aussi laisser un utilisa-teur perplexe : comment sy retrouver ? Pour rpondre le plus simple-ment possible aux craintes dun usage complexe, les concepteurs duportail ont privilgi une interrogation dite smantique, ce qui signifie :en langage courant . Quant lorganisation de linformation, elle at repense et optimise. Une barre de navigation transversale permetdsormais daccder lensemble des offres . Autre innovation : laplace du partage des donnes. Le site sengage progressivement dansune logique de partage en proposant notamment certains contenuslibrement rutilisables en open data, disponibles sous forme de flux,intgrables des sites tiers via la mise disposition de widgets[modules du site exportables sur des blogs] . Web 3.0. Ct nouveauts, Culture.fr lance des applications innovan-tes , qui permettent dapprhender les ralits de nombreux organis-mes culturels publics sous un angle indit : la carte golocalisable permet de visualiser leur situation gographique sur la carte du monde tandis que la galaxie de Culture.fr livre de faon intuitive et rapide la carte didentit des organismes culturels publics ou de grands v-nements nationaux (data-visualisation). Enfin, le portail Histoire desarts est livr sous une version plus ludique avec HDA-Lab : ses 5 000notices sont utilises dans cette application exprimentale mene aveclIRI comme autant de tags que les internautes peuvent interrogerpour dcouvrir lhistoire de lart par rebonds ou associations dides.Paul-Henri Doro

    Culture.fr, la nouvelleversion est en ligne

    I N T E R N E T

    noter

    NUMRIQUECandide, ldition enrichie

    Le choix nest pas innocent. Cest au Candide deVoltaire que revient lhonneur dinaugurer la nouvelle

    collection pour tablette, iPad et web lance par la

    Bibliothque nationale de France (BnF) et Orange,

    avec la Voltaire Foundation. Il fallait un classique

    la porte de tous, un hros que chacun connat

    ou croit connatre. Car avec cette dition numrique

    enrichie, on peut accder, sa guise, une connais-

    sance ludique ou scientifique de ce chef duvre.

    Lire ou couter Candide lu par Denis Podalyds, vousne choisirez plus. Grce au mode de lecture augmen-

    te, vous voudrez tout savoir sur les variantes de

    ldition critique, les illustrations du texte par des

    graveurs du XVIIIe sicle ou Paul Klee Vous suivrez

    le voyage de Candide sur une carte, avec des vidosde Michel Le Bris ou Alain Finkielkraut Ds le

    premier semestre 2013, les coles exprimenteront

    lespace collaboratif de lapplication baptis Le

    Jardin La BnF a adhr dautant plus volontiers

    au projet dOrange, quelle a cr Gallica, sa propre

    bibliothque numrique : prs de 2 millions de docu-

    ments pour cultiver son jardin !

    www.bnf.fr

    TLVISIONTNT : le dploiementcontinue

    HD1, LEquipe 21, 6Ter, Numro 23, RMC Dcou-

    verte, et Chrie 25. Avec les six nouvelles chanes

    (gratuites) en haute dfinition lances le 12 dcembre,

    la TNT compte dsormais onze chanes dans ce

    format. Cest une bonne nouvelle, et pas seulement

    pour les tlspectateurs. Chacun sait que la cration

    dune chane de tlvision, cest de lactivit cono-

    mique et de lemploi pour plusieurs filires profes-

    sionnelles. Ces chanes sont disponibles par lantenne

    rteau pour 25 % de la population mtropolitaine,

    ou par les autres moyens de rception (satellite, cble

    ou tlvision par ADSL) sur lensemble du territoire.

    Un peu de patience : la rception par lantenne rteau

    sera progressivement tendue sur le territoire jusquau

    milieu de lanne 2015. Le taux de couverture des

    chanes HD sera alors identique celui des autres

    chanes de la TNT. A noter : les six nouvelles chanes

    slectionnes par le Conseil suprieur de laudiovisuel,

    sont regroupes sur deux multiplex appels R 7

    et R 8 . La diffusion numrique permet en effet,

    contrairement lanalogique, de diffuser plusieurs

    chanes sur une seule frquence.

    CULTURE.FR, LESNOUVELLES OFFRES

    MODULES INNOVANTS ET DATA

    VISUALISATION :

    Interfaces qui, sous une forme

    ludique et interactive (cartes heu-

    ristiques , graphes, cartes gogra-

    phiques, etc.) permettent par exem-

    ple de dcouvrir des donnes par

    rebonds ou associations dides.

    VISITES VIRTUELLES

    Rpertoire des visites virtuelles

    consultables en ligne et produites

    par le ministre, ses tablissements

    et partenaires.

    APPLICATIONS MOBILES

    Rpertoire des applications mobiles

    produites par le ministre, ses

    tablissements et partenaires.

    ESPACE JUNIORS

    Ddi aux jeunes publics, cet espace

    propose une slection de ressources

    ludo-ducatives. Lagenda juniors et

    la slection dateliers permettent de

    choisir facilement des activits ainsi

    que dorganiser des sorties cultu-

    relles et mme un anniversaire avec

    lannuaire Mon anniversaire au

    muse .

    ESPACE DUCATION

    Ddi au monde de lducation, aux

    adultes et aux jeunes, cet espace

    propose une slection de ressources

    culturelles ducatives ainsi quun

    agenda pour programmer ces sorties

    en famille ou en classe. Accs des

    informations compltes sur les for-

    mations et les mtiers artistiques.

    www.culture.fr

    M

    CC

    Mag 208:Mise en page 1 06/02/2013 16:20 Page 12

  • it

    WEBDOCUMENTAIRECit oriente sur laplateforme ducativede France Tlvisions

    Vous tes internaute, jeune (ou moins jeune),

    et vous souhaitez vous informer sur lorientation

    scolaire et professionnelle, dcouvrir des mtiers ?

    Vous adopterez Cit oriente, ce nouveau webdocu-mentaire ralis en partenariat avec lOnisep et

    France Tlvisions. Vous circulerez en tous sens sur

    cette plateforme ducative reprsente sous forme

    dune ville (do son titre de Cit oriente), pour allervers des mtiers ou familles de mtiers. Vous pourrez

    mme poster vos propres vidos de stages car les

    quartiers de la Cit doivent voluer en permanen-

    ce en fonction des changements macro-conomiques

    qui interviennent dans la vraie socit contempo-

    raine, des expriences de chacun et des contenus

    produits par la socit Vanglabeke Films : vidos,

    portraits, interviews de spcialistes et de profession-

    nels... Ce programme unique est diffus partir de

    fvrier 2013 sur la plateforme ducative de France

    Tlvisions. Il est labellis Cap digital et a reu une

    aide linnovation de la rgion Ile-de-France.

    www.francetveducation.fr

    f v r i e r 2 0 1 3 - n 2 0 8 C u l t u r e C o m m u n i c a t i o n{13

    Assises du cinma : clarification et pdagogie

    A PRS les premires assises pour la diversit du cinma,organises le 23 janvier par le Centre national du cinmaet de limage anime la demande dAurlie Filippetti,les professionnels du secteur doivent se revoir en juin. Dbat. Crer un espace de discussions et dbattre des diffrents points de vue : telle tait lambition dAurlie Filippetti endemandant au Centre national du cinma et de limage anime(CNC) dorganiser les premires assises pour la diversit du cin-ma. Runies le 23 janvier au Thtre Ephmre de la Comdie-Franaise, Paris, ces assises, qui ont rassembl la profession(ralisateurs, producteurs, distributeurs, exploitants, diffuseurs,fournisseurs daccs, techniciens du cinma, exportateurs), ont tenutoutes leurs promesses. Elles ont permis aux 200 participantsdaborder les principales questions qui agitent la profession depuisplusieurs semaines : financement, diversit, concentration, systmedaides, places dInternet et de la tlvision Car le cinma fran-ais est en effet aujourdhui un tournant : dun ct, il est confortpar ses excellents rsultats lexport (selon Unifrance, les filmsfranais ont reprsent, en 2012, 140 millions dentres (+ 88 %)pour 875 Ms de recettes (+ 100 %), soit un record), de lautre, ilest travers par le doute que font peser sur lui les effets de la rvo-lution numrique et il interroge son systme de financement. Modle. Si des adaptations apparaissent ncessaires , la pertinence et lefficacit du systme sur lequel est fondlconomie du cinma franais ont t raffirmes , a soulignla ministre. Conjuguant entreprise prive et action publique, [cesystme] uvre en faveur de la diversit culturelle et dune indus-trie performante . Sil est envi ltranger, il peut en revan-che tre amlior . Parmi les ajustements qui pourront treapports, la ministre a notamment indiqu la rforme de la fisca-lit numrique et davantage de transparence dans les circuitsde financement . De faon plus gnrale, les assises ont confirmla ncessit de sengager sur la voie de la pdagogie et de la clarification , mais aussi sur la voie de la modernisation desdispositifs, soit par lauto-rgulation, soit par un accompagnementdes pouvoirs publics . Cest pourquoi Aurlie Filippetti a demandau CNC de raliser une tude destine mesurer la rentabilitdes films produits, de manire clairer les dbats autour desrmunrations et de mettre en place un groupe de suivi ,notamment aprs la remise du rapport Lescure en mars. Paul-Henri Doro

    www.cnc.fr

    F I N A N C E M E N T

    LA CRATION AUDIOVISUELLE LHONNEUR AU FIPA

    Encore un palmars en or

    pour cette 26e dition du Festival

    international de programmes audio-

    visuels (Fipa), qui sest tenue

    Biarritz du 22 au 26 janvier. Le Fipa

    dor (galement Fipa de la meilleure

    musique) est allemand et met du

    baume au cur des enseignants

    confronts un trublion dchan :

    Zappelphilipp. Ralisateur ConnieWalther ; compositeur Alex Komlew.

    Le Fipa dinterprtation fminine

    distingue la distingue Julieta

    Cardinali en Evita Peron dans le

    film de lEspagnol Agusti Villaronga,

    Carta a Eva (galement Fipa dumeilleur scnario). Le Fipa dinter-

    prtation masculine est pour

    Bernard Le Coq, troublant sosie

    de Chirac en vieil homme meurtri

    par les affaires dans le film de

    Bernard Stora, La dernire campa-gne. Un beau palmars, donc, quina pas empch les inquitudes

    des professionnels franais

    auteurs et producteurs essentielle-

    ment de sexprimer : quel sera le

    financement de la cration audiovi-

    suelle dans un contexte difficile ?

    Des inquitudes quAurlie

    Filippetti, prsente lors de la clture

    du festival, a dclar comprendre et ne pas sous-estimer . Alorsque le ministre finalise en ce

    moment avec France Tlvisions

    des ngociations sur un avenant

    au COM (contrat dobjectifs et de

    moyens) (voir p.2-3), elle a appel

    plus de confiance et doptimisme :

    La cration est un secteur dyna-mique. Simplement il faut amliorerles outils, pour quon ait le mmesuccs avec la cration audiovi-suelle quavec le cinma franais,qui sexporte bien .

    http://www.fipa.tv

    AUDIOVISUELQuand Cuba nousconfie la restaurationde ses archives

    Un ensemble homogne de 1 490 films noir et

    blanc en 35mm de dix quinze minutes chacun,

    couvrant trente ans dactualits latino-amricaines

    (de juin 1960 juillet 1990) : cest un vritable

    trsor culturel dont lIstitut national de laudiovisuel

    (INA) va assurer la restauration, la digitalisation et la

    commercialisation la demande de lInstitut cubain

    de cinma. Dclares mmoire de lhumanit par

    lUnesco en 2009, ces actualits dune trs grande

    qualit journaliste, politique et artistique, entament

    donc leur deuxime vie. Lensemble du processus va

    durer trois ans. Les pellicules sont dabord restaures

    Cuba avec le support technique de lINA. Un premier

    lot a t remis lors 34e festival du cinma latino-

    amricain de La Havane Mathieu Gallet, PDG

    de lINA, par son homologue cubain Omar Gonzals.

    Puis ce sera le processus de commercialisation, car

    limportant, selon Mathieu Galet, est de partagercet hritage culturel avec le monde entier .

    www.ina.fr

    Le 23 janvier Aurlie Filippetti clture les premires assises pour la diversit du cinma.

    B

    RECH

    EMIE

    R/M

    CC

    P

    IERR

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    CHEL

    OT/

    FIPA

    Mag 208:Mise en page 1 06/02/2013 16:20 Page 13

  • C u l t u r e C o m m u n i c a t i o n n 2 0 8 - f v r i e r 2 0 1 3}14

    L e n o u v e a u s i t e a o u v e r t l e 2 1 j a n v i e r

    Les Archives nationales entrerefondation et rvolutionTOUT JUSTE INSTALL DANS SES ESPACES FUTURISTES DE PIERREFITTE-SUR-SEINE, LE NOUVEAU SITE

    DES ARCHIVES NATIONALES OUVRE SES PORTES AU PUBLIC PARTIR DU 21 JANVIER. CEST LE TROISIME

    POUMON GOGRAPHIQUE DE CE VASTE ENSEMBLE, ET LE PLUS GRAND CENTRE DARCHIVES DEUROPE.

    FOCUS AVEC AGNS MAGNIEN, DIRECTRICE DE CETTE VNRABLE INSTITUTION QUI ENTAME SA

    RVOLUTION COPERNICIENNE.

    F O C U S

    VOUS vous dplacez Pierrefitte-sur-Seine.tes-vous sensible votre nouveau cadrearchitectural ?

    Le geste pur de larchitecte italienMassimiliano Fuksas, tout en transpa-rence, rpond celui des architectesdu XIVe au XVIIIe sicle, qui difirentle magnifique site dans le Marais. Ici,le Cube IGH (220 magasins dar-chives) avec ses onze niveaux et ses160 m de long, est couvert dun alu-minium trs doux, ce qui lui confreune certaine lgret malgr sa masse.Pour les Satellites , larchitecte adcal les tages, ce qui ne donne pasle sentiment dun bloc, mais plutt dedegrs qui sembotent avec subtilit.Cest vraiment un lieu digne dabriterla mmoire de la Nation depuis 1790jusqu nos jours. Souvenons-nousque les documents les plus anciensconservs lHtel Soubise sont despapyrus mrovingiens du VIIe sicleconcernant labbaye de Saint-Denis !Sur ce site prdestin de la Seine-Saint-Denis - un territoire en muta-tion appel se dvelopper - nos ar-chives vont vivre une tape dtermi-nante de leur histoire. Il sagit dunevritable refondation de linstitu-tion, cre en 1790.

    Quel est son principal atout ? Cest un btiment trs ouvert sur len-vironnement immdiat, partir du-quel on peut dployer une politiquedouverture des archives sur les ter-ritoires. Il fait la dmonstration queles archives appartiennent tout lemonde. A Pierrefitte-sur-Seine, on est cinq minutes de la sortie du mtro,en face de luniversit Paris 8, nonloin de Paris 13, et dans quelques an-nes souvrira le Campus Condorcetpour les sciences humaines. Depuisnos premiers colloques de septembre,nous recevons laccueil enthousiastede tous les acteurs du bassin, y com-pris du public. Les inscriptions pourle colloque sur larchivage lectroni-que (5 et 6 fvrier La Courneuve)explosent ! Il est vident que nousallons construire des partenariats so-lides. Nous avons le sentiment dtreun vecteur de dveloppement humainet urbain.

    Nest-ce pas, en quelque sorte, subli-mer la mission des Archives ? La loi du 7 messidor an II (25 juin1794) demandait la conservation et la communication des documents tous les citoyens. Aujourdhui, nousen sommes 300 kml de documentsau total. Avec un rythme annuel de

    versement de 4 6 kml, le problmeendmique des archives est de trou-ver de la place. Il faut prendre au-jourdhui en compte les archives lec-troniques. Pierrefitte est le premiersite construit sur mesure, avec un ca-hier des charges en partie ralis parles archivistes eux-mmes. Il est d-di 75 % une fonction de conser-vation et en mme temps, il remplitlobjectif dmocratique. Grce unelarge redistribution des documents etdes agents, il existe dsormais un relquilibre entre les trois sites, avecdeux nouvelles missions donnes Fontainebleau. Le travail ne sarrte

    Mag 208:Mise en page 1 06/02/2013 16:20 Page 14

  • f v r i e r 2 0 1 3 - n 2 0 8 C u l t u r e C o m m u n i c a t i o n{15

    pas l : il faut repenser linstallationsur le quadrilatre de Soubise. Monsouci est aussi dviter les fragmenta-tions qui existaient auparavant entreParis et Fontainebleau, de prserverlunit des pratiques professionnelleset lgalit daccs du public.

    Quels sont vos chantiers davenir ?La rvolution technologique ouvreplusieurs voies : luniformisation dusystme informatique, un innovantsystme dorientation et de consulta-tion... Lun de nos beaux projets estdoffrir dici lt sur le Net, la quasitotalit des instruments de recherchedes Archives nationales. Ce sera unesalle des inventaires entirement vir-tuelle. Il ne sagit nullement de dtr-ner le papier et de valoriser un sup-port plutt que lautre. La rencontreentre le document original et le cher-cheur, confrontation physique et sen-sible, reste lun des grands bonheursde la recherche. Le numrique est unsupport qui peut acqurir sa proprevie. Dans notre muse et nos sallesdexposition, parce que le papier est

    parfois un peu austre, nous allonsdvelopper les images en 3D. Cestlun des enjeux des annes venir,comme la montr le colloque Pa-trimoine et humanits numriques (Paris 8/Archives nationales). Jaimebeaucoup ce terme dhumanits nu-mriques.

    Les week-ends douverture sont particulirement festifs. Lanimationdu lieu continuera-t-elle, aprs ? Nous avons voulu clbrer digne-ment ce grand projet de lEtat pour laculture. Montrer clairement que lesarchives sont notre bien commun :plusieurs visites chaque jour, une ex-position sur les divers supports dar-chives, la prsentation de la Dcla-ration des droits de lhomme, desanimations jazz montes avec Ban-lieues Bleues, des jongleurs de lAca-dmie Fratellini, des concerts chantet orchestre du conservatoire de Stainsdirig par Zaa Ziouani, la Compa-gnie Lambert du centre national dela danse, le slameur Ami Karim, peut-tre un spectacle de Nicolas Frize...

    Vous avez un service ducatif depointe... Cr en 1950 par Rgine Pernoud,cest sans doute le plus ancien serviceducatif dun tablissement patrimo-nial franais. Aujourdhui, nous vou-lons inventer de nouvelles formes demdiation auprs des scolaires, d-velopper dautres exploitations quelexploitation historique, comme lesateliers dcriture, de calligraphie,danalyse dimages. Le retour denos enseignants est trs positif, com-me pour ce lyce dAubervilliers qui a accueilli une classe archives pen-dant trois ans. Le service ducatif estbas Pierrefitte, mais rayonnera surParis et Fontainebleau. Les enfantssont les citoyens de demain : ils seconstruisent en dcouvrant de mani-re sensible lhistoire vivante de leurpays, au contact dune charte orne,dun sceau, du plan de leur ville, dundocument mouvant ou emblmati-que pris dans toutes ses dimensions. Pauline Dcot

    Pour en savoir plus...Qui fait quoi ? Paris conserve les fonds de lAncien

    Rgime et les archives notariales de Paris. Fontai-

    nebleau conserve les archives publiques srielles

    et les archives prives darchitectes ; le centre dve-

    loppe aussi deux missions qui ncessitent des chanes

    de traitement spcifiques : les archives lectroniques

    et les archives audiovisuelles. Pierrefitte accueille

    les archives postrieures 1790, sauf les fonds

    spcifiques (Fontainebleau) et les archives prives.

    Le dmnagement, lun des plus grands dmna-

    gements patrimoniaux depuis la Seconde guerre

    mondiale . Il faudra 18 mois, pour dmnager

    200 km darchives, par chanes thmatiques.

    Agents : pour le moment et en attente des derniers

    recrutements : 265 Pierrefitte + 170 Soubise

    + 50 Fontainebleau. La moiti des effectifs de Paris

    sest installe Pierrefitte.

    Kilomtres linaires : aprs le dmnagement et

    dans lattente de nouvelles collectes darchives : 200

    Pierrefitte + 40 Soubise + 60 Fontainebleau

    Lactualit scientifique. Organisation de journes

    dtudes et colloques dont le colloque sur larchivage

    lectronique les 5 et 6 fvrier prochains avec les

    Archives diplomatiques ; participation aux initiatives

    des partenaires culturels, du territoire ; nombreux

    accueil de colloques et manifestations.

    www.archivesnationales.culture.gouv.fr

    Mag 208:Mise en page 1 06/02/2013 16:21 Page 15

  • C u l t u r e C o m m u n i c a t i o n n 2 0 8 - f v r i e r 2 0 1 3}16

    U n e e x p o s i t i o n R o u b a i x j u s q u a u 1 3 a v r i l

    Labb Pierre : frre des pauvres, provocateur de paixPENDANT DE NOMBREUSES ANNES, IL A T LA PERSONNALIT PRFRE DES FRANAIS . CEUX-CI

    LE CONNAISSENT-ILS POUR AUTANT DANS TOUTE SA COMPLEXIT ? ALORS QUIL AURAIT EU CENT ANS,

    UNE EXPOSITION DES ARCHIVES NATIONALES DU MONDE DU TRAVAIL, ROUBAIX, RESTITUE, JUSQUAU

    13 AVRIL, LE PARCOURS HORS DU COMMUN DE LABB PIERRE. ENTRETIEN AVEC MARTINE LE ROCH

    MORGRE, DIRECTRICE ADJOINTE DES ARCHIVES NATIONALES DU MONDE DU TRAVAIL ET COMMISSAIRE

    DE LEXPOSITION.

    P A N O R A M A

    QUEL a t votre angle dapproche pour pr-senter cette exposition ?.............................Henri Grous, dit labb Pierre, a marqutoute la seconde moiti du XXe sicle. Il adpos en 2000 aux Archives nationales du

    Monde du Travail (ANMT), Roubaix, toutes les archiveset les dossiers documentaires quil avait crs et amasssdepuis son adolescence. Emmas International, son lga-taire universel, a continu denrichir ce fonds, en dposantentre autres la photothque commence par labb. Danscette exposition, cest donc labb Pierre qui se raconte lui-mme travers des documents administratifs, des carnetspersonnels, des crits, des dessins, des photographies, desaffiches, des enregistrements sonores, des films, etc.

    Tout le monde connat le personnage public de labbPierre. Votre travail vous a-t-il permis de mettre enlumire un aspect mconnu ou tonnant de cet homme ?Le but de lexposition est de faire dcouvrir les multiplesfacettes du personnage, de montrer quune vie ne peut passe rduire une tiquette, et surtout pas celle dun hommeaussi profondment impliqu dans son sicle. De montreraussi la cohrence dun parcours o, chaque tape, lehasard dune rencontre ou la Providence, suivant lescroyances de chacun, entrane labb Pierre vers un nou-veau tournant, un nouveau combat. Dans la mmoire col-lective des Franais, il est avant tout le prtre appelant ausecours des sans logis pendant lhiver 1954 ou le fondateur

    des chiffonniers dEmmas. Mais cest aussi le gosse deriche fascin par saint Franois dAssise. Le moine capu-cin hsitant dans ses choix ecclsiastiques. Le Rsistantqui, sous le pseudonyme dabb Pierre, se fait passeur etmaquisard. Le cur-dput , rlu jusquen 1951. Le pre dEmmas, cart de la direction de lassociation,qui promeut son idal travers le monde entier et est lorigine de lONG Emmas International. La voix deshommes sans voix , un homme gnreux et faillible, quimilite pour la paix, contre la faim, la misre et toutes lesexclusions. Le grand voyageur qui multiplie les rencontresavec les autres cultures, les autres religions. Lartiste, dessi-nateur, photographe, cinaste et crivain. Le personnagemdiatique combl dhonneurs, qui a su comme personnemettre sa notorit au service de ses combats.

    Comment sest pass le versement des archives et le travailavec labb Pierre et Emmaus international ? Sujet de son vivant douvrages, de films et duvres dart,il a voulu laisser la postrit le tmoignage direct de sonactivit : cest pourquoi il a donn son seul patrimoine, sesarchives, Emmas International. Cest aussi pourquoi ilsest rjoui de la dcision prise de confier aux ANMT cesdossiers en dsordre, disperss dans ses bureaux successifs.Prs de 30 mtres darchives ont dj fait lobjet dun instrument de recherche publi en 2010 ; linventaire dufonds photographique commun labb Pierre et Emmas International est en cours. Ce travail men en

    Mag 208:Mise en page 1 06/02/2013 16:21 Page 16

  • f v r i e r 2 0 1 3 - n 2 0 8 C u l t u r e C o m m u n i c a t i o n{17

    partenariat par lassociation et les ANMT, est la base delexposition et de la brochure gratuite de 160 pages quilaccompagne. Cest la premire prsentation au grandpublic de cet ensemble. Dans un second temps, une partiedes numrisations ralises cette occasion et dont lesdroits appartiennent Emmas International devrait tremise en ligne. Il est galement envisag dutiliser une par-tie du matriel pour une exposition itinrante ou uneexposition virtuelle.

    Avez-vous prvu des actions autour de lexposition ?Gratuite et donc accessible un large public, cette manifes-tation est accessible un large public. Elle est galementdestine aux lves du secondaire, en particulier roubai-siens, et a fait entre autres lobjet dune prsentation auxenseignants de la circonscription par la professeur du service ducatif des ANMT. Des visites guides sont proposes aux groupes et aux associations qui en font la

    demande. Un cycle de confrences est galement organisun samedi aprs-midi par mois. Cest une occasion uniquede dcouvrir qui tait rellement celui qui est rest durantde nombreuses annes la personnalit prfre des Franais.Propos recueillis par Florence Barreto

    Les Archives du monde du travailLes Archives nationales du Monde du Travail (ANMT) sont un service comp-

    tence nationale des Archives de France. Hritires du Service des archives cono-

    miques fond en 1949, les ANMT sont installes depuis 1993 Roubaix dans lan-

    cienne filature Motte-Bossut, rhabilite par le cabinet AREA-Alain Sarfati. La mis-

    sion des ANMT est de collecter, traiter et valoriser des fonds darchives, privs ou

    publics, provenant dentreprises et de professionnels, dassociations, de syndicats

    ou de particuliers (militants, prtres-ouvriers, par exemple). Les ANMT conservent

    aujourdhui 40 kilomtres linaires et disposent despaces exceptionnels pour la

    valorisation des fonds.

    www.archivesnationales.culture.gouv.fr/camt/

    Muses populaires,muses solidaires

    Visiter les grandes expositions parisiennes, un

    rve inaccessible pour les personnes en difficults ?

    En lanant le 30 dcembre une opration baptise

    Muses populaires, muses solidaires , Aurlie

    Filippetti a permis 400 personnes bnficiaires

    dassociations caritatives, dont Emmas, la Croix-

    Rouge, le Secours Populaire et les Restos du Cur,

    de pouvoir admirer les uvres des expositions

    Dali au Centre Pompidou, Hopper au Grand

    Palais, LImpressionnisme et la mode au muse

    dOrsay, Rve de monuments la Conciergerie,

    La peinture aborigne au muse du Quai Branly

    ou les collections permanentes du muse du

    Louvre. Lopration sera renouvele tout au longde lanne et je veux la prenniser, a prcis laministre de la Culture et de la Communication. Il y adj des partenariats avec des tablissements.Nous allons les reconduire ainsi quune conventionsigne entre mon ministre et huit associationspour permettre aux plus dshrits davoir accsaux muses .

    www.culturecommunication.gouv.fr

    Ci-dessus :

    Labb Pierre et son appareil photo Rio

    de Janeiro (Brsil), 1959 sur les marches

    du Corcovado Roger Dick

    Ci-contre :

    Squat du pont de Sully Paris,

    juillet/octobre 1955 o 88 familles campent

    sur les quais DR

    Affiche lectorale DR

    Mag 208:Mise en page 1 06/02/2013 16:21 Page 17

  • C u l t u r e C o m m u n i c a t i o n n 2 0 8 - f v r i e r 2 0 1 3

    U n e e x p r i e n c e i m m e r s i v e

    Le Phare de Cordouan en 3D :linnovation au rendez-vousALORS QUE 34 PHARES ONT T CLASSS MONUMENTS HISTORIQUES AU COURS DUN PLAN DE PROTEC-

    TION DES DIFICES CTIERS LANC EN 2000, LE MINISTRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION

    A MIS EN LIGNE LE 22 NOVEMBRE UNE VISITE INTERACTIVE EN 3D DESTINE VALORI-

    SER LUN DES PLUS EMBLMATIQUES DENTRE-EUX : LE PHARE DE CORDOUAN, SITU

    LESTUAIRE DE LA GIRONDE. RETOUR SUR UNE INNOVATION TECHNOLOGIQUE RENDUE

    POSSIBLE GRCE AU MCNAT DE COMPTENCES DE DASSAULT SYSTMES.

    18}

    KARINE Guilbert, cestvous qui avez pilot leprojet sur le phare deCordouan ct Das-sault Systmes o vous

    tes Experiential Marketing Senior.En quoi ce projet a-t-il intress cetteentreprise ?Depuis 1981, la vocation de DassaultSystmes, the 3DExperience compa-ny, est de fournir divers secteursindustriels (automobile, aronauti-que, biens de consommation, etc) deslogiciels de modlisation, de simula-tion et dexprience 3D. On peutainsi valuer le comportement surroute dun nouveau modle automo-bile, vrifier la rsistance des mat-riaux en cas daccident... Ces mondesvirtuels 3D, vritables antichambresdu rel, sont au coeur de linnovationindustrielle. Cest pour tendre leursusages qua t cr le programmePassion for Innovation, dont lambi-tion est de mettre notre savoir-faire auservice de la recherche, de lducationet de la culture dans le monde entier.Cest ainsi que sont ns des projetslis au patrimoine architectural com-me : Khops Renaissance www.3ds.com/kheops, Giza 3D www.3ds.com/giza3D, Paris 3D www.3ds.com/

    paris 3d, ou des projets lis la pr-servation et la transmission du pa-trimoine industriel www.12-ladouce.com/fr. En tant quentreprise techno-logique franaise nous portons uneattention particulire au patrimoinefranais. Le projet Phare deCordouan est le premier projet quenous avons lanc avec le ministre dela Culture et de la Communication.Reconstituer en 3D, dans sa versiondorigine, le premier phare classmonument historique il y a plus de150 ans tait un dfi symbolique quenous avons souhait relever.

    En quoi cette application 3D est-elleinnovante ?Lexprience 3D permet non seule-ment de voir le phare diffrentespoques de 1611 nos jours maisaussi de le visiter de faon interactiveen agissant sur les diffrents lmentsnaturels qui peuvent modifier son as-pect et son clairage, par exemple dejour ou de nuit, en cas de tempte, etc.

    Quelles expriences dimmersion vavivre linternaute ?Grce cette application interactivedisponible gratuitement sur internetsur le site www.cordouan.culture.fr, le

    G R A N A N GD

    grand public peut se promener libre-ment dans le pass, en temps rel, etexplorer les diffrentes facettes duphare et de son environnement. Desmodules pdagogiques sous forme de visites guides offrent aux visiteursla possibilit dapprocher lhistoire etle fonctionnement de ce monument,avant de prendre la main et de le visi-ter librement en dtail. Ainsi, linter-naute pourra choisir de visiter le phare diffrentes poques, soit en 1611,1727, 1790, 1823 ou 2012, de jour oude nuit, mare basse ou haute oupendant une tempte, et ainsi obser-ver les diffrents systmes dclairagequi se sont succds au fil du temps.

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    Quelles ont t les tapes de son laboration ?Nous avons utilis diffrentes sourcesdisponibles : plans, reprsentationspicturales, textes, dcouvertes archologiques. Chaque tape de la recons-titution a fait lobjet de rectificationspuis de validations de la part desconseillers historiques. Nous avonsensuite rajout le contenu ditorialfourni par le ministre et mis enscne des visites guides sous formede modules pdagogiques. Enfin, linteractivit donne vie au projet enpermettant de visiter et dagir sur lesdiffrents lments (mares, mto,jour/nuit, poques) en temps rel.

    Que vous ont apport les changesavec les chercheurs ?Nos quipes ont travaill avec le mi-nistre de la Culture et de la Com-munication sous la supervision scien-tifique de Vincent Guigueno, chargdu patrimoine des phares au minist-re de lcologie, du Dveloppementdurable et de lnergie, avec laidedhistoriens et experts scientifiquesayant tudi le phare et son environ-nement. Notre but tait de reconsti-tuer ce phare de plus 400 ans au plusproche de la vision des historiens.

    Chaque tape a donc fait lobjet dal-lers-retours entre nos quipes et leshistoriens, et grce la 3D interacti-ve, certains dentre eux ont redcou-vert le phare sous un nouveau jour :cette version indite en 3D temps-rel a permis dmettre de nouvelleshypothses, de les visualiser et les tes-ter. Ces tapes de validation nous ontpermis de rester fidles la visionscientifique et mme pour certainspoints, de faire avancer la recherchepour permettre de raliser des re-constitutions les plus proches possi-bles de la ralit.

    Quelles autres utilisations peut-onfaire de cette visite en 3D ?En dehors de la version disponiblesur internet, lexprience 3D interac-tive de reconstitution du phare deCordouan peut tre joue sur diff-rents dispositifs innovants. Par exem-ple si vous avez une tlvision 3D, ilest possible de voir cette exprienceen relief. Les systmes immersifs deralit virtuelle permettent aussi depntrer dans un monde virtuel olutilisateur pourra vivre une exprien-ce multisensorielle indite ; ce genrede dispositifs peut par exemple tremis en place dans les muses. Enfin,

    il existe dj de nombreux systmestactiles dans les organismes culturelset cette mme exprience peut treaussi diffuse sur ce type de systme.Le Muse du Phare de Cordouan etdes Phares et Balises est par exempleintress par linstallation de notreexprience 3D dans leur locaux duVerdon-sur-Mer.

    Est-ce la premire ralisation de cetype que vous menez dans le domai-ne culturel ?Nous avons, depuis 2007, men plu-sieurs projets dans le domaine cultu-rel. Lanne 2012 a t particulire-ment faste avec, par exemple, le lancement dune plateforme ddie lhistoire du plateau de Gizeh enEgypte en collaboration avec le FineArt Museum de Boston, linaugura-tion dune salle de classe du Futur avecluniversit dHarvard pour enseignergrce la ralit virtuelle lgypto-logie, ou encore la production dunspectacle interactif et immersif ddi lhistoire de Paris sur le Parvis delHtel de Ville Paris qui a accueilliplus de 15 000 personnes.Propos recueillis par Anglique Saget. Le texte intgral est en

    ligne sur Culture.fr

    PHARE DE CORDOUAN EN 3D :LE TEMPS DE LA VALORISATION

    Erig de 1584 1611, sous les rgnes de Henri III

    et de Henri IV, le phare de Cordouan est le plus ancien

    phare de France et le premier tre class monument

    historique, en 1862, il y a 150 ans, en mme temps

    que la cathdrale Notre-Dame de Paris. Aujourdhui, le

    ministre de la Culture et de la Communication propose,

    grce un mcnat de comptences men par Dassault

    Systmes, une visite interactive en 3D de ce chef-

    doeuvre de notre patrimoine architectural et technique,

    comprenant une exploration tage par tage, des sept

    niveaux du phare au moyen de panoramiques 360.

    Plus de 700 ressources (archives, iconographies, cartes,

    plans, photographies, restitutions originales, entretiens

    films, etc) runies auprs de plus de 60 institutions et

    collectionneurs, illustrent la vie du monument. Alors que

    les progrs dans la signalisation marit