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FLUIDES & TRANSMISSIONS N°83 - Enquête - NOVEMBRE 2005

9DOSSIER

« Miniature », « compact » : voilà des mots-clésde plus en plus présents dans les brochurescommerciales de la profession. Une « ten-dance », comme on dit dans la mode, qui de-vient une condition sine qua non de vente.Les produits sont miniatures, les systèmessont compacts. L’un est la conséquence del’autre et vice-versa. Et déjà pointe l’ombrede la complexité stratégique et technique!

Composants et systèmes

Ces minisqui restent maxis

◗ « Définir la miniaturisation n’estpas évident : elle évolue dans letemps », lance Yvan Rueff, direc-teur de la recherche globale dugroupe Norgren Fluid Control. Eneffet, elle désigne des compo-sants en cours de développe-ment. Aujourd’hui, la miniaturisa-tion concernerait plutôt les piè-ces de moins de 10 mm. « Il y a40 ans, le miniature était environ8 fois plus gros qu’aujourd’hui.Dans la miniaturisation, on parlede produits à venir, mais qui de-viendront standard dans quel-ques années ! », énonce-t-il.D’autre part, « la compacité con-siste à rassembler un maximumde fonctions dans un encombre-

ment minimum », définit Frédé-ric Lang, chef de la division In-dustries de Hydac. Par consé-quent, la miniaturisation est in-dissociable de la compacité,puisqu’elle lui permet de tenirses objectifs !De fait, le monde de la transmis-sion de puissance travaille d’ar-rache-pied pour offrir des com-posants plus petits et ainsi dessolutions plus compac-tes, conformes aux exi-gences fonctionnel-les de leurs clients.« Tous les mar-chés sont con-cernés parcette évolu-

tion : les gens dupliquent cequ’ils vivent chez eux - le MP3, lemobile - sur leur lieu de travail.Ils cherchent un environnementmoins sonore, plus propre, moinscontraignant, plus ergonomique,plus léger… », analyse Christo-phe Goasdoué, responsablemarketing Pall Fluides & Systè-mes.

PETITS…MAIS PERFORMANTS !On notera au passage l’impor-tance actuelle du secteur grandpublic pour les fabricants d’élé-ments mécaniques miniaturi-sés : les outils de communica-tion et l’électroménager en regor-gent ! C’est pourtant l’aviation, lespatial et le militaire qui ont étéles premiers demandeurs decomposants plus petits… maistoujours aussi performants !Par la suite, le développementde machines de plus en plus so-

phistiquées dans l’agriculture etle BTP a ancré le concept dansla profession. « La course versune compacité toujours plus im-portante qui augmenterait lerapport poids/puissance est ap-parue car le poids et les dimen-sions jouent un rôle importantdans la conception des machi-nes et des engins mobiles », re-late Daniel Titeka, directeur ven-tes, marketing et communicationde Danfoss Nessie.« L’hydraulique mobile a été lemoteur de cette miniaturisationet a obligé les concepteurs decomposants à trouver de nouvel-les technologies : nouveaux ma-tériaux, qualité des usinages,type de traitement de surfaces,type de fluide hydraulique, pro-preté... », confirme Jacques Mo-rin, du Bureau d’Etudes / Recher-che et Développement deMecabor. Les blocs hydrauli-ques, notamment, « sont de plus

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« Le monde de latransmission de puis-sance travaille d’arrache-piedpour offrir des composantsplus petits et ainsi des solutionsplus compactes »

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FLUIDES & TRANSMISSIONS N°83 - Enquête - NOVEMBRE 2005

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DES ACCUMULATEURS DE COMPÉTITION

Olaer, fortement présent dans tous les program-mes aéronautiques du Dewoitine au Rafale, adéveloppé une gamme de petits accumulateursqui s’adapte à tous les secteurs de la compétition.Formule 1, Rallyes WRC, motos, karting, nascar :l’expérience d’Olaer dans le secteur Racing acommencé en 1985. Equiper les véhicules de F1d’accumulateurs hydropneumatiques n’ayant riend’une promenade de santé, l’entreprise a acquisun savoir-faire particulier grâce à la course aupoids et au gain de place. Certains éléments spécifiquesont été mis au point : élastomères hautes performance àtenue renforcée en haute température : utilisation de ma-tériaux légers tels que l’aluminium ou le titane selon lapression et le gain de masse recherché…Des tests ont aussi été spécialement conçus pour cesproduits, d’autres ont été affinés, selon le cas. Toutes lesvessies, mono-pièces, sont testées au point de bulle : celaélimine les possibilités d’inclusion dans la matière lors dumoulage. Des tests d’hélium permettent également demesurer la porosité des élastomères. Des tests d’étan-chéité hydraulique sont réalisés sur des bancs spécifi-ques pour chacun des accumulateurs en terme de sé-curité de fonctionnement. Classe de propreté et tempé-ratures des liquides comptent aussi beaucoup : l’entre-prise s’est équipée de moyens de contrôle et de prévi-sion (base de donnée) afin de parfaire les qualités deces produits très sollicités.Ces accumulateurs peuvent être installés sur les circuitsd’huile de commande hydraulique, de carburant oud’eau. Ils servent de réserve d’énergie sur les comman-des hydrauliques de boîtes de vitesse, compensent ladilatation thermique sur les circuits de refroidissement etamortissent les coups de bélier sur les rampes d’alimen-tation de carburant.Bilan de cette aventure ? Les avancées techniques ac-quises et méthodes de travail rigoureuses exigées parles applications Racing profitent à tous les accumulateursOlaer. Et puis, quand un pilote gagne une course, c’estaussi un petit peu la victoire de l’entreprise, qui y ac-corde… un grand prix !

en plus concer-nés puisqueles compo-sants type «car-touche» viennent sup-planter, pour des fonctions hy-drauliques identiques, les com-posants à montage sur embase.Pour un débit donné, ces com-posants sont plus performants,moins encombrants et plus lé-gers. Cette technologie «cartou-che» permet d’intégrer plusieursfonctions hydrauliques simplescréant ainsi des blocs «fonction»d’une plus grande compacité ».

GAINSD’autres secteurs sont sensiblesà la miniaturisation, comme lesOEM (Original EquipementManufacturers) : ils vendent unsystème complet qu’il veulentcompact. « La compacité de nospropres systèmes leur facilite letravail », remarque José Donis,chef de produit Atlas Copco.« Pour eux, tout ce qui peut ré-duire la taille est un gain net surle coût global : prix du produit,gains d’intégration, gains demaintenance... », renchérit ElieBelbel, président de SchneiderToshiba Inverter et vice président

un encombre-ment identi-que », comme

le souligne Fré-déric Lang. « Il faut

faire preuve de créativité dans uncadre donné par les clients », af-firme Christophe Goasdoué.Didier Thomas, responsable stra-tégie Schneider Motion andDrive, expose : « On assiste à unfractionnement des puissances.Avant, un seul gros moteur ac-tionnait un grand nombre d’élé-ments par le biais d’engrenages,d’arbres… Aujourd’hui, on placeune multitude de petits moteurscommandés et synchronisés parl’électronique, ce qui supprimebeaucoup de parties mécaniqueslourdes et difficiles à régler ! »

MAGIEDES TECHNOLOGIESLes machines de packaging, detextiles, d’imprimerie sont lespremières concernées, qui de-viennent de moins en moins en-combrantes par la magie desnouvelles technologies électro-niques. Ces nouveautés techno-logiques visent également à fa-ciliter leur maintenance. « Demoins en moins de très grandes

de Schneider Motion and Drive.Moins le produit occupe deplace, plus le constructeur ga-gne en tôlerie, câblages…« Mais même les industries sonttrès sensibles à ces arguments »,ajoute José Donis. En effet, lecoût de la surface occupée estde plus en plus élevé, les usinescherchent donc à optimiser l’oc-cupation des sols. Mais commeil n’est pas question pour ellesd’y perdre en qualité ni en pro-ductivité, tout comme il n’est pasquestion dans le mobile de per-dre en autonomie, en souplesseet en vitesse, les fabricants decomposants en sont à chercherle moyen « d’en offrir plus dans

séries sont fabriquées : la per-sonnalisation du produit final auclient nécessite des machinestrès flexibles. Cette nouvelledonne impacte la conceptiondes machines », constate DidierThomas.Mais l’approche « est différenteen automobile, où les usines pré-fèrent des produits qu’on peuttoucher facilement », souligneElie Belbel. « Nous sommes surun marché de mécaniciens : ilsveulent vibrer avec leurs machi-nes », appuie ChristopheGoasdoué. Il faut donc trouver uncompromis entre le ressenti duclient, les contraintes techniqueset les capacités demandées au

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« Qualité, productivité, autonomie,souplesse, vitesse : les fabricantsde composants cherchentle moyen d’en offrir plus dansun encombrement identique »

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COMPACITÉ

« Il est demandé (surtoutdans le domaine du mo-bile) de pouvoir concen-trer le maximum de fonc-tions dans un encombre-ment le plus réduit, ex-plique Frédéric Lang(Hydac). Ceci se traduitaujourd’hui par une inté-gration de composantsdans un encombrementminimal. Avantage, unemeilleure ma îtrise del’espace, des fuites mi-nimisées par la suppres-sion d’un maximum deliaisons par flexible, rac-cords entre compo-sants. »

11DOSSIER

sonnel, bénéficier d’une mainte-nance externalisée… Le sys-tème doit donc être de plus enplus compact tout en étant deplus en plus performant. D’autantque la fréquence des cycles deproduction augmente ! », remar-que Christophe Goasdoué.Enfin, les produits miniaturisésgardent toute la fiabilité du com-posant d’origine et conserventou améliorent la durée de vie dusystème. En effet, « La miniaturi-sation va de pair avec l’augmen-tation de performance. Nous nefaisons pas petit pour faire pe-tit », assène Didier Thomas. Onne miniaturise donc pas si l’onobtient une dégradation des ca-ractéristiques du produit.

SUIVRE L’ÉVOLUTIONEn électronique, la miniaturisa-tion est obligatoire : fonctions,options, intégration à l’élémentdeviennent incontournables. « Le

ractérisation plus fine du com-portement mécanique, augmen-tation de la qualité de la produc-tion permettent en effet d’aug-menter les performances et delimiter l’encombrement. Le tra-vail de recherche appliquée estdonc conséquent et coûteux,mais, si l’on s’y prend bien, estun excellent investissement surl’avenir.« Il ne s’agit pas d’adapter unancien système mais d’en créerun nouveau. Cela requiert beau-coup d’imagination », souligneChristophe Goasdoué. « La mi-niaturisation implique de chan-ger, briser les frontières entre lesmétiers par intégration des dif-férents produits », renchérit ElieBelbel. De plus, « les partenai-res doivent pouvoir usiner lapièce qu’on leur commande :cela demande du matériel d’usi-nage très évolué », ajoute Frédé-ric Lang.

composant.« Le but est de gagner sur lespoids », insiste Frédéric Lang.L’hydraulique se tourne essen-tiellement vers la compacité caril n’est pas encore toujours pos-sible d’intégrer ensemble deuxfonctions hydrauliques différen-tes, mais des montages « au plusprès » sont réalisés sur l’installa-tion en limitant le nombre de rac-cordements.Pour une même performance,non seulement l’encombrementdoit être plus petit, mais on doiten plus doter le système d’ac-cessoires et d’intelligence. « Lesusines veulent gagner sur le per-

problème du constructeur élec-tronique est de suivre l’évolutiondes différentes techniques quicomposent le produit. On n’estpas sur des produits stabilisés »,remarque Didier Thomas. Il fautdonc être à l’affût des dernièrestechnologies et les adapter auxapplications pour à la fois maîtri-ser le produit et suivre les ten-dances et les prix du marché, quisubissent une grosse pression.« La miniaturisation utilise desnouvelles techniques et permetde baisser les coûtssignificativement si on sait lesintégrer », rassure Frédéric Lang.Amélioration des matériaux, ca-

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« La miniaturi-sation impliquede changer,briser lesfrontières entreles métierspar intégrationdes différentsproduits »

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12En effet, l’un des enjeux techni-ques est de trouver les fournis-seurs capables de réaliser lespièces dessinées et conçues.L’assemblage lui-même de-mande une structure adaptée,des hommes formés, des machi-nes adéquates et des zones destockages adaptées aussi : unesalle blanche est indispensablepour certaines applications (mé-dical, semi-conducteurs…).Les enjeux stratégiques sontcentrés sur la concurrence. Pourêtre leader, on doit être enavance. Pour se différencier desautres. Pour conquérir de nou-veaux marchés. « Etre les pre-miers permet d’assurer l’avenirpendant quelques années », as-sure Yvan Rueff. Cette stratégie

tellement sur le changement dematières, mais plutôt sur les pro-fils, éventuellement les positionsd’un élément par rapport à unautre », explique José Donis.Schneider Electric s’affranchit unpeu du problème en utilisant destechnologies qui existent.L’amélioration des outils de si-mulation permet d’ajuster plusrapidement les températures,CEM, isolations, dimensions etde réaliser très rapidement leprototype. « Nous avons aussil’avantage de l’automatisationdes tests, à présent », préciseElie Belbel.

FAIRE BAISSER LES PRIXSeuls des secteurs où les perfor-mances et la recherche de gainsd’espace et de poids sont plusdéterminants que la compétiti-vité du prix pouvaient au départsupporter le coût des investiga-tions technologiques. Une fois lescoûts de développement de tel-les innovations amortis, celles-ciont peu à peu essaimé versd’autres secteurs clients.D’abord industriels (mesure)puis vers le grand public, où l’im-

PLUS ET MIEUX, MOINS CHER

La compacité n’est pas qu’une question de taille de com-posant : le client veut au minimum la même performancequ’avec le composant standard et désire par dessus toutdiminuer ses coûts. Cela demande des efforts d’innova-tion importants.Sur la photo, les deux filtres basse pression sont placéssur deux installations identiques : l’ancienne présentaitune longueur de 39’’, la nouvelle est réduite à 20’’. Lesderniers développements technologiques de Pall en hy-draulique et lubrification industrielle ont abouti à cettetransformation spectaculaire. Entre autres, grâce à la com-binaison d’un nouveau milieu filtrant et d’une géométriede plissage très innovante, le filtre complet bénéficie dedimensions plus petites tout en garantissant de meilleu-res performances en terme d’efficacité de filtration et decapacité de rétention.Cette technologie, Ultipleat SRT, se traduit pour l’utilisateurpar une diminution si-gnificative à la fois ducoût d’investissementinitial et des coûtsd’exploitation quelque soit le filtre consi-déré dans cette nou-velle gamme : filtrehaute et moyennepression, filtre bassepression ou filtre som-met de réservoir. Pallrépond ainsi aux exi-gences techniqueset économiques ac-tuelles du marché :«faire plus et mieux,moins cher». Des deux installations, quelle est la plus performante ?

sés en dessous d’une certainetaille : les fibres sont trop gros-ses pour la pièce, dégradantainsi son état de surface ou sastabilité dimensionnelle.La miniaturisation suppose desefforts de recherche consé-quents : FAS a une grandeéquipe de R&D, mais il faut en-core investir régulièrement dansla formation du personnel, et in-vestir dans les outils de simula-tion, de conception, de labora-toires… Le tout relève d’une stra-tégie globale de la société.Dans le groupe Atlas Copco, 50personnes travaillent à tempsplein sur la conception de nou-velles machines. Elles disposentde logiciels de conception per-formants : « Nous ne jouons pas

portance des séries produitespermet de faire considérable-ment baisser les prix de revientde systèmes pourtant très com-plexes.« Par rapport à 1980, pour unemême puissance générée, levolume du composant a été di-visé par 50 et le coût a suivi dansdes proportions encore plusgrandes. Mais il y a un investis-sement en temps de rechercheet mise au point et en hommesnon négligeables », rapporte Di-dier Thomas.« Si certaines niches (aviation,aérospatiale, etc.) acceptent depayer le prix de la miniaturisa-tion, c’est loin d’être le cas pourla majorité du marché qui tendsurtout vers une diminution des

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« Par rapport à 1980, pour unemême puissance générée, levolume du composant a été divisépar 50 et le coût a suivi dans desproportions encore plus grandes »

nécessite d’investir tôt dans leprocessus car le développe-ment d’un produit prends plusde temps s’il franchit une étapedans la technologie.

RECHERCHE APPLIQUÉE« C’est toujours de la recherche

appliquée : il faut pouvoir déve-lopper le produit correspondantdans un avenir proche », rappelleYvan Rueff. Il explore notammentla micro-fluidique dont la physi-que est complètement diffé-rente. « A force de miniaturiser,on rencontre des phénomènesphysiques qui n’ont rien à voiravec ceux rencontrés en tailleclassique », prévient-il.Les matériaux nécessaires sontsoit totalement nouveaux, soitdes variations de plastiques oud’aciers, mieux adaptées auxgammes de températures et àla géométrie du produit. Certainsplastiques rigidifiés par des fi-bres ne peuvent plus être utili-

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13DOSSIER

Rueff.Les efforts pour miniaturiser lesactuateurs (vérins, moteurs) fontencore et toujours l’objet de re-cherche. « Mais, les limites impo-sées par l’obligation d’utiliserdes matériaux résistants auxcontraintes techniques – despressions de travail toujours plusélevées - et économiques fontqu’il est difficile de progresserdans cette direction tout en pro-posant des prix acceptablespour l’ensemble du marché del’hydraulique », se désole DanielTiteka.

LIMITES DE RÉSISTANCEL’hydraulique compacte a en ef-fet atteint les limites de résis-tance des matériaux couram-ment utilisés : la pression imposeune épaisseur minimale aux pa-rois des composants. « Le vo-lume de fluide à déplacer pourune fonction donnée impose des

UN CHOIX DE VIE

Le groupe Fluid Control, lui-même intégré au sein deNorgren, comprend les sociétés FAS, Webber et Kip. Cestrois sociétés proposent des produits similaires mais detailles et pour des marchés différents.Fluid Automation Systems (FAS), installée à Genève, achoisi le créneau de la miniaturisation dès sa création en1971. Elle s’est spécialisée sur la gestion des fluides et lafabrication de mini-électrovannes, qui ont connu beau-coup d’innovations en 35 ans. FAS est une petite sociétéassez discrète sur le marché, évoluant pour l’essentielsur des marchés de niches. En intégrant le groupeNorgren, elle s’est vue dotée de nouvelles perspectivesgrâce à un groupe de compétences tourné vers l’avenir.Les produits FAS sont très prisés dans le secteur médi-cal, qui en est le client principal, le textile, les impriman-tes jet d’encre, l’eau. FAS conçoit et dessine ses pro-duits, mais sous-traite un certain nombre d’opérations,comme l’injection des pièces plastiques et la gestion desparcs machines. A force de miniaturiser, FAS flirte avecles microtechniques. « C’est un domaine restreint, nou-veau pour beaucoup de gens, une technologie qui doitencore faire ses preuves », décrit Yvan Rueff, directeurde la recherche globale du groupe Norgren Fluid Control.La microtechnique reste encore une technologie pion-nière mais entre dans la philosophie de l’entreprise, doncdans ses objectifs.Sa volonté d’aller de l’avant oblige l’entreprise à mainte-nir et développer régulièrement l’expertise de sonpersonnel. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si FAS estimplantée près du pôle universitaire de la RégionLémanique. « Le « réseau » est important : on crée deséchanges de connaissances par le biais d’événements »,souligne Yvan Rueff.En attendant la finalisation des microtechniques, la so-ciété suisse compte bien faire bénéficier ses autres tech-nologies de son expérience acquise dans un domaineoù elle est déjà introduite : les processus de fabricationde l’horlogerie.

prix à l’achat et des coûtsde la maintenance », signale Da-niel Titeka.Par ailleurs, les limitestechniques évoluenten fonction dutemps : « ellesdépendent dece que peuventfaire les fournis-seurs, de l’avan-cée des outils deproduction et de la compé-tence des gens : la volonté d’al-ler de l’avant oblige à dévelop-per l’expertise régulièrement etsérieusement », explique Yvan D

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« L’hydrauliquecompacte aen effet atteintles limitesde résistancedes matériauxcourammentutilisés »

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« Plus on dimi-nue la tailledu produit, plusson coût baisse.Puis on franchitune limite quifait monter lesprix avecla petitessedu produit »

sections de passage adéquat àl’ intérieur des composantset également à l’intérieur du blochydraulique. Ces sections depassage ont donc des limites quiautorisent le bon fonctionnementd’un ensemble hydraulique »,explique Jacques Morin.« Si on part de ce constat, la mi-niaturisation ne peut venir quede la diminution du volume ducontenant (épaisseurs) donc ontombe sur le problème de la ré-sistance et de la rigidité (transi-toires violents, tiroirs mobiles àne pas coincer...). De plus, pourune même application, les ré-cepteurs peuvent progresserdans le sens d’une augmentationde débit : des joints de vérinsplus performants permettentd’augmenter la vitesse », con-firme Jean-Paul Long, IngénieurA&M, professeur agrégé de mé-canique à l’INSA de Lyon.Mais toutes les innovations nesont pas plébiscitées par le mar-ché ! « La mise sur le marché descomposants CETOP2 afin de

UNE IDÉE DIFFÉRENTE

La compacité demandede l’idée. Il ne suffit pasforcément de réduirechaque é lémentd’un système pourl’assurer d’un en-combrement mini-mum. Parfois, il faut carré-ment reprendre le problème àzéro et imaginer une nouvelletechnologie.Quand il a été inventé en 1931 par un ingénieurallemand, le Cyclo a dû sembler « trop petit pour êtrehonnête » aux mécaniciens de l’époque : seuls les Japo-nais de la nébuleuse Sumitomo ont senti que ce systèmeavait de l’avenir. En effet, ce réducteur cycloïdal a la par-ticularité d’être constitué du même nombre de piècesde base quels que soient les couples d’entrée et de sor-tie de l’application. Sont ainsi montés sur l’arbre de sor-tie du moteur : un excentrique, l’arbre de sortie du ré-ducteur, deux disques cycloïdaux déphasés de 180° etla couronne de douilles.Le tout travaille en compression : les disques cycloïdauxs’appuient en rotation sur les douilles, leur chemin d’ap-pui, de profil sinusoïdal, permettant un passage tout endouceur d’un « cran » à l’autre sans autre force généréeque celle du point d’appui. Ce fonctionnement silencieuxoffre peu de risques de casse avec une résistance à lasurcharge de 500% de la charge de service.L’utilisation de graisse évite à la fois les problèmes decontamination et les opérations de maintenance. De plus,le système est complètement réversible et peut être uti-lisé en multiplicateur sans perte de rendement (95%).Mais il s’utilise pour un rapport 6 au minimum (moteurs 4pôles, 1450 tours).Généralement, un seul étage est nécessaire, qui corres-pond au diamètre du moteur et reste relativement peuépais. Mais même dans le cas de très grands rapports(certaines applications nécessitent un rapport supérieurà 600 000), le système, malgré une combinaison de plu-sieurs étages de réducteur, est nettement plus compactque le réducteur classique correspondant dont l’encom-brement est proportionnel aux rapports de réduction re-quis.« Au delà d’un certain rapport, d’ailleurs, une solution clas-sique est impossible : le réducteur serait trop grand etavalerait une énergie considérable », remarque Jean-Michel Liedot, directeur de SM Cyclo France, filiale na-tionale de Sumitomo. Le Cyclo a ainsi été choisi pour s’in-tégrer dans le système de positionnement par rapportau vent des éoliennes (rapports compris entre 2000 et3000), mais aussi dans les télescopes et la robotique :il équipe la majorité des robots de l’usine Toyota deValenciennes. Ainsi vont des petites idées…

14supplanter les composantsCETOP3 pour des applicationsà faible débit n’a pas eu de suc-cès », se souvient Jacques Mo-rin. « Les utilisateurs n’y ont peut-être pas vu un intérêt suffisantpour gérer l’assortiment descomposants correspondants, oule développement des cartou-ches offrait une alternative quifaisait perdre de l’intérêt à cestandard ».Or, « on assiste à une tendance àutiliser les composants au maxi-mum des spécifications etmême au-delà, ou à utiliserdes composants sous-dimensionnés, ce qui revient aumême, dans le but de proposerla fonction recherchée avec leplus d’économie possible sur lescomposants », s’énerve-t-il. Lesdébits sont alors plus importantset donc la performance des sys-tèmes en pâtit. Cela se paie enterme de pertes de charges etdonc de rendement et peuts’accompagner d’élévations detempérature préjudiciables à la

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fiabilité et à la durée de vie dessystèmes.

POSSIBILITÉS LIMITÉESPour les compresseurs, la com-pacité est liée à la taille de l’étagede compression et du moteurélectrique. Si on diminue la taillede l’étage de compression, ledébit diminue. Quand à la tailledu moteur électrique, elle a déjàété très réduite ces dernièresannées. « Pour le moment, lespossibilités de faire encore pluscompact sont limitées », affirmeJosé Donis.Du côté des capteurs, la taillede l’élément sensitif restera tri-butaire des pressions utilisées,puisque son dimensionnementest dû aux contraintes. L’élé-

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ment réceptif est déjà très minia-turisé mais réduira encore au furet à mesure des progrès de l’élec-tronique. « L’avenir consistera àséparer le signal du point d’ac-quisition par télétransmission »,pronostique Frédéric Lang.« Les limites de la miniaturisationsont définies par une courbe enV », explique Elie Belbel : dans unpremier temps, plus on diminuela taille du produit, plus son coûtbaisse, puis il existe une limite qui,une fois franchie, fait monter lesprix avec la petitesse du produit :il demande alors des techniquesévoluées qui coûtent cher ».Il faut donc produire à des quan-tités rentabilisant les investisse-ments nécessaires. « Il y a encoreune étape à franchir », souligneDidier Thomas : l’intégrationcomplète, qui consiste à tout in-

tégrer sur une seule carte - com-posants de puissance, connec-teurs de sortie, intelligence. « Latechnologie sait le faire (mobiles)mais pour la clientèle, cela abou-tit très souvent à des compo-sants trop spécialisés, et doncce choix n’est pas rentable pourle moment ».Pour Didier Thomas, « les limitestechnologiques ne sont pas en-core atteintes mais il y a blocagepour des problèmes de coût ».Christophe Goasdoué martèle :« Il n’y a pas de limite technique,elle ne peut être qu’intellec-tuelle ! Il est actuellement diffi-cile de faire accepter encore pluspetit par les clients. Après, çasurprend trop ». Mais la techni-que est déjà maîtrisée. L’écoutedu marché est donc essentielle.« Il vaut mieux provoquer que

MINIATURISATION :

« L’industrie et le mobile équipent de plus en plus leursmachines de fonctions électroniques de surveillance, derégulation, de sécurité, affirme Frédéric Lang (Hydac).Ces fonctions devenant de plus en plus pointues, on yintègre toujours plus de possibilités, de fonctions au seind’un appareil : affichage, recopie de signal, signaux decommutation,…et ce toujours dans le même encombre-ment voire dans des encombrements plus petits encore.Il n’y a plus d’autres possibilités que d’utiliser les nouvel-les technologies intégrées comme par exemple l’ASICqui sait faire un maximum de fonctions dans un encom-brement minimal. »

15DOSSIER

subir, mais si vous allez trop vite,vous tombez à côté du mar-ché ! ».

COMMUNICATIONET ÉNERGIES« L’avenir consistera à offrir unmaximum de possibilités decommunication : centraliséedans l’usine d’une part, à l’usagede la surveillance par le client, àdistance par Internet pour la main-tenance », dévoile José Donis.La miniaturisation concerne ac-tuellement les équipements por-tables : pour le médical (soinspermanents, mobilité des per-sonnes), ou le militaire (contrôlede l’environnement pour en véri-fier la toxicité et le temps d’ex-position). « Dans un avenir assezlointain, elle concernera les éner-gies : les chercheurs veulent ali-menter les caméras et appareilsphotos avec des piles à combus-tibles. », commente Yvan Rueff.

Mais pour l’instant, le but est loind’être atteint.« Il n’y aura pas de saut techno-logique à l’horizon avant une di-zaine d’années, où l’on utiliseraprobablement le carbure desilicium en électronique », pro-nostique Didier Thomas. Pour-tant, la recherche va vite pourdes applications de plus en plusconcrètes. Tout un tas d’évolu-tions sont mises en œuvre petità petit concernant les autrescomposants. La somme des pe-tites avancées techniques donnela réduction de volume finale.Et la nanotechnologie ? Elle peutêtre exploitée, notamment entraitement de surface anti-frictionou anti-allergique. Toutes lestechniques de transmissionspourront donc en bénéficier etl’on peut parier que l’électroni-que sera la première à l’em-ployer à plein ! ■

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