COMPORTEMENTS À RISQUE...surtout par les déficiences et le retard historique de notre culture de...

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COMPORTEMENTS À RISQUE Causes psychologiques et sociales 30/01/2017 1 Juliette Sméralda sociologue comportements à risque

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  • COMPORTEMENTS À RISQUE

    Causes psychologiques et sociales

    30/01/2017

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    Juliette Sméralda

    sociologue

    comportements à risque

  • Surimplication des jeunes dans les accidents de la circulation ou

    dans d’autres causes de mortalité violentes

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    3 principales dimensions psychologiques

    Les jeunes prennent plus de risques que les autres

    tranches d’âge

    Les jeunes perçoivent mal les risques et les niveaux

    réels de dangers auxquels ils sont exposés

    Les jeunes acceptent un niveau de risque subi plus

    important que les autres tranches d’âge

    comportements à risque

  • I – Des bénéfices plus importants de la prise de risque

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    1 – Le risque catharsis

    2 – le risque « Stimulation » ou « Recherche de

    sensations »

    3 – le risque « Autonomie »

    4 – Le risque « Prestige »

    5 – le risque « Ordalie »

    6 – Le risque « Pratique »

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  • II – Les dysfonctionnements de la perception des dangers

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    1 – Les méconnaissances

    2 – Les biais de la perception

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  • III – Plus fréquentes acceptations du risque

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    Conduite en état d’ivresse

    Risque accepté dans le cas de passagers qui acceptent de monter dans un véhicule dont leconducteur peut être alcoolisé…

    Le risque est perçu mais il est plus subi que pris. Le risque n’est pas recherchévolontairement, mais il est accepté lorsque la situation se présente (le sujet ne voitpas comment faire autrement).

    Les jeunes filles craignent davantage l’agression sexuelle que l’accident de voitureque pourrait causer l’état d’ivresse du conducteur

    Les jeunes ne mettent pas en place des stratégies d’évaluation du risque pourestimer en amont le danger qu’ils courent: la prise de risques a des fondementssociales, relationnelles (ils ne veulent pas évaluer l’état du conducteur, parce quec’est leur copain, ils lui font confiance).

    Le même cas de figure s’observe dans l’acceptation de rapports sexuels nonprotégés: la prise de risque est perçue comme dépendant du partenaire et du typede relation.

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  • Les jeunes exposés à une mortalité violente

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    La période de la postadolescence (18-24 ans) est une période de grandevulnérabilité pour la jeunesse, à cause des accidents de la route. la mortalitéviolente est le trait principal de leur mortalité. En effet, dans la tranched’âge allant de 0 à 25 ans, on meurt rarement d’affections, sauf dans lespays pauvres.

    Dans les pays riches, on meurt plutôt entre 15 et 24 ans. La France sedistingue par une mortalité prématurée importante: »plus qu’ailleurs, on« meurt avant de vieillir »… Si la qualité de notre système de soins a unimpact sur la santé des personnes âgées, il en a beaucoup moins sur celledes jeunes: la situation sanitaire défavorable des jeunes Français s’expliquesurtout par les déficiences et le retard historique de notre culture de laprévention des comportements à risque. Finalement, dans les conduites àrisque des jeunes, il y a celles qui les font mourir immédiatement (lesaccidents) et celles qui les feront mourir trente ou quarante ans plus tard(l’initiation à l’alcool et au tabac)»

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  • Des morts évitables

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    Ces morts sont évitables :« 10 km/h de moins, un verre de moins, une ceinture ou un casque

    attachés… Rien qui ne demande des progrès scientifiques longs, ardus et coûteux… De même, la

    prévention du suicide étant à un stade complètement « embryonnaire », on ne peut qu’attendre

    des progrès dans ce domaine… Mais quel gouvernement est prêt à financer les enjeux qu’elles

    représente (par exemple en termes de postes d’infirmières et de médecins scolaires, de

    psychologues, d’éducateurs et d’animateurs)? On voit bien que le cœur du problème est plus celui

    d’une volonté politique et sociale… » (p. 120-121).

    Le « paradoxe des causes de mortalité chez les jeunes réside dans le fait que les plus importantes

    causes ne renvoient pas à des questions biomédicales, mais à des questions sociales,

    politiques…qui donc nécessiteront des réponses sociales et politiques… En effet, le danger

    aujourd’hui en Occident (provient) des négligences de la société (la pollution, l’alimentation,

    l’automobile…) et des pathologies individuelles générées par la perte du sens. Du courage des

    élus à prendre des mesures parfois impopulaires (…) ou à impulser des choix budgétaires qui

    permettront réellement les améliorations et de l’implication de chaque citoyen à protéger soi-

    même et son prochain… » (JC Assailly: p. 121)

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  • Les causes sociétales

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    Les Martiniquais vivent, comme les Français dans un univers qui a éliminé – aumoins provisoirement -, les grands fléaux qui les menaçaient (épidémies, maladiesinfectieuses…). Leur niveau de vie s’est élevé…

    « faut-il voir dans la route le lieu où la violence originelle peut s’exprimer, trouverun terrain d’exutoire? »

    Outre la violence routière, d’autres maux sont bien français, et entretiennent unlien étroit avec l’anxiété:

    alcoolisme,

    grosse consommation de médicaments et de psychotropes (antidépresseurs,anxiolytiques)

    Taux de suicides très élevé

    Rapport névrotique à la vitesse (besoin de la vitesse)

    Intolérance aux frustrations et aux délais rapport difficile au temps peurde la mort

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  • L’anxiété

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    L’évolution sociétale fait que les individus ne sont plus confrontés à lamaladie, la folie et la mort comme autrefois.

    Lorsque ces évènements surgissent aujourd’hui, des spécialistes etdes lieux spécialisés s’en emparent et les cachent aux individus,même les plus concernés

    Toutes ces expériences sont séquestrées: les individus n’en sont plusles témoins directs, ce qui les laissent démunis lorsqu’ils surviennentdans leur vie;

    Cette séquestration permet à court terme de ne pas être exposé àdes expériences déplaisantes, mais à long terme, elle cause uneperte des ressources morales pour faire face aux difficultés del’existence et donner un sens à celles-ci

    Par son évolution actuelle, la société rend donc l’individu de plus enplus vulnérable

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  • Des paradoxes de nos sociétés

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    Elles sont bien dotées pour s’occuper des maux

    somatiques de populations qui sont en relatives

    bonne santé, mais sont relativement démunies pour

    faire face aux symptomatologies dépressives.

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  • Une logique de marché incontournable

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    Au-delà des causes psychologiques des

    comportements à risques, il faut tenir compte de ce

    que tout acte de consommation (médicaments,

    alcool, voitures…) obéissent à des logiques

    économiques, à des lobbying, etc. « pour que le

    marché fonctionne, il faut qu’il rencontre une

    demande interne de l’individu… » (JC Assailly, p.

    117).

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  • La consommation d’alcool étant un problème

    psychosocial, c’est par le biais de cette discipline

    que je tenterai d’apporter quelques éléments

    d’analyse à la présente table ronde

  • De quoi parle-t-on ?

    L’alcool, la drogue, la cigarette sont des

    psychotropes.

    Une relation existe entre usage du tabac, del’alcool et de la drogue : ils constituent lespremiers jalons du continuum de laconsommation des psychotropes. En règlegénérale, une corrélation existe entreconsommation de CDA (cigarette, drogue, alcool):

  • Les conséquences psychosociales d’un indice CDA élevé

    Ceux qui ont un indice de CDA élevé sont plus âgés

    L’absentéisme à l’école est plus fréquent et mal

    justifié

    Ils sont plus souvent actifs sexuellement

    Leur famille présenterait peu de cohésion sociale

    Les filles courent plus de risques de vivre une

    grossesse…

  • Les stades du développement dans la culture occidentale

  • L’adolescence: une période à risques

    L’adolescence est une phase du développement quiest jalonné de malaises.

    L’identité se construit dans la famille, mais dans lasociété également

    Beaucoup de conduites suicidaires sedéveloppent à ce stade du développement du

    jeune

  • Les jeunes consommateurs de psychotropes

    S’il est vrai que la jeunesse est l’époque de la

    recherche de sensation forte et de faible contrôle

    de soi, le public jeune qui use de psychotropes n’est

    pas homogène.

    L’âge et le sexe jouent un grand rôle dans ces

    habitudes. La consommation d’alcool chez les filles

    serait plus modérée et plus occasionnelle que celle

    des garçons et elles seraient moins nombreuses à

    boire seules que les garçons.

  • L’expérience de la consommation d’un psychotropene signifie pas qu’il sera intégré au mode de vie dujeune plus tard. Dans le cas des jeunes en âge deprocréer, faut-il penser que la prise d’alcoolantérieure à la grossesse a des effets sur le fœtus etjoue-t-il un rôle dans ce que l’on nomme le SAF‘Syndrome d’Alcoolisation Fœtal)?

    Lorsqu’un jeune a déjà consommé de l’alcool, laprobabilité qu’il continue à le faire reste élevée;

  • Évolution des comportements des filles: plus grande précocité des filles combinée à l’influence des pairs

    Les filles ont tendance à fumer davantage que les garçons au cours de l’adolescence.

    Hypothèse:

    Étant biologiquement plus précoces que les garçons, les filles sont plus tôt exposées aux influences sociales (pairs plus âgés) et aux expériences que les garçons vivront plus tardivement

    L’écart de consommation entre filles et garçons opère entre 13 à 15 ans;

    La précocité des filles les amène à consommer plus tôt des psychotropes, et tendraient à conserver leurs habitudes par la suite

  • Domaines de risques et de protection par rapport aux problèmes psychosociaux à l’adolescence

  • Facteurs de risques et de protection: domaine de labiologie / génétique

  • Facteur de risque et de protection: domaine de l’environnement social

  • Facteur de risque et de protection: domaine de la personnalité

  • Comportements à risques

  • Conséquences des risques dans la vie

  • Le sens de la consommation de drogues

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    Dans les années 1960, la toxicomanie – légale ou non – estanalysée comme une pratique relevant de l’évasion sociale; unmode de défense contre les dépressions caractéristiques dumonde moderne (Alain Ehrenberg, cité par Montoussé et Renouard,107).

    A compter des années 1980, la quête du bien-être chez denombreux toxicomanes est supplantée par la recherche deperformance professionnelle, festive, sexuelle…

    L’usage d’antidépresseurs s’ajoute à celui des drogues (laconsommation du Prozac a pratiquement doublé en France, entre1993 et 2003).

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  • De la culpabilité à la honte

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    Un changement s’observe dans l’expression dessouffrances psychiques générées par la modernitéactuelle.

    La culpabilité, qui serait caractéristique de la sociétébourgeoise, décline avec la disparition des interdits

    La culpabilité est supplantée par la honte, un sentiment devide et la crainte de ne pas être à la hauteur des exigencessociales…

    Source : Alain Ehrenberg, cité par Montoussé et Renouard, p. 107.

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  • L’influence des institutions

    et

    du système économique

    sur le

    comportement des individus

    Le sens de l’individualisme moderne

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  • La crise de la modernité

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    La modernité se caractérise par une extension de la

    liberté individuelle et par un développement des

    formes de souffrances sociales (exclusion,

    dépression…).

    C’est dans les années 1980, que ce phénomène

    paradoxal s’installe.

    Deux thèses se confrontent quant aux effets de

    cette crise:

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  • Thèse pessimiste – Thèse optimiste

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    Thèse pessimiste

    Les aspects négatifs de la modernité l’emportent sur les

    aspects positifs au cours des années 1980

    Thèse optimiste

    Les individus recréeraient constamment du lien social et

    de la solidarité à travers des relations librement

    choisies.

    Source: Montoussé et Renouard

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  • L’individualisme négatif

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    On souligne généralement les aspects positifsde l’individualisme moderne pour l’individu, quia la possibilité de choisir le sens qu’il veutdonner à sa vie. « Mais cette évolution s’estaccompagnée d’une série de phénomènesnégatifs: violence, exclusion, consommationde drogues ou d’antidépresseurs… »

    Source: 100 fiches pour comprendre la sociologie, Marc Montoussé et Gilles Renouard, p. 106-107.

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  • La société individualiste déstabilise les individus

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    Le processus d’individualisation s’est accéléré dans

    les pays occidentaux au cours des années 1960.

    La Martinique, devenue département français en

    1946, et vivant au rythme de l’évolution de la

    France, n’a pas été, et n’est pas épargné par ce

    processus.

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  • Le rôle de la mobilité sociale

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    Dans le processus d’individualisation, la mobilité

    sociale joue un rôle important. Elle est la

    conséquence de:

    la création massive d’emplois qualifiés

    La démocratisation scolaire

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  • Les effets contradictoires de ce nouvel état d’esprit

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    Une partie importante et croissante de lapopulation qui aspirait à plus d’autonomie, et quiétait à la recherche de l’épanouissement personnel,a conçu l’idée qu’il était possible de choisirlibrement sa destinée.

    La contrepartie de l’augmentation del’individualisme a été et est plus que jamais ledéclin des modes d’exercice de la solidaritétraditionnelle.

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  • Les années 1980: le culte de la performance

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    Le libéralisme économique a influencé la recherche

    d’autonomie qui s’est reportée sur la réussite

    personnelle.

    Ce phénomène a donné naissance à deux figures

    emblématiques, qui assoient le culte de la

    performance:

    La figure de l’entrepreneur

    La figure du sportif

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  • L’exigence de performance

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    Cette exigence se caractérise comme suit:

    « Il ne suffit pas de bien faire ce que l’on fait; il fautêtre le meilleur »

    Les effets de cette exigence:

    Quête sans fin, dont les résultats sont toujours fragileset perfectibles

    Pour être compétitif et rester dans la course(compétition), il faut être toujours dans l’excès detravail, de consommation, de sport, de sexe…

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  • Les laissés-pour-compte de la compétition

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    L’exigence de réussite individuelle s’est diffusée au moment mêmede la crise de l’emploi, qui s’est traduit par un développement de laprécarité; une baisse des salaires des personnels non qualifiés; unefaible création d’emplois.

    En période de rareté de l’emploi de bonne qualité, les personnes lesmoins bien dotées en capital économique, culturel et social, ne sontpas en mesure d’affronter avec succès le double impératifd’autonomie et de réussite sociale. En France, et en Martinique parconséquent, le chômage longue durée et les jeunes, qui alternentpériodes de travail précaire et périodes de chômage sont lesvictimes de cette contradiction.

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  • La montée de l’insécurité sociale

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    Les publics précaires sont de plus en plus fragilisés, dufait que, depuis les années 1980, l’Etat-providencedistribue de moins en moins de subsides, est de moins enmoins généreux. Les conditions d’accès aux aidespubliques sont en effet de plus en plus exigeantes.

    L’Etat-providence demeurant cependant l’organe quiapporte de la sécurité à ceux qui en sont privés, biendes gens se retrouvent dans une situation économique etsociale plus risquée, alors même que leur protectioncontre le risque se trouve réduite.

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  • Nouvelles formes de souffrances sociales

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    Dans la société moderne, l’individu est tenu pour

    responsable des « ses » échecs.

    Longtemps, l’échec a été vécu dans les milieux

    populaires comme une fatalité

    La mobilité sociale des années 1960, la massification

    scolaire et l’idéologie individualiste mettent désormais

    les individus en face de leurs échecs

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  • Attitudes des jeunes face à l’échec

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    Face aux difficultés d’insertion, les jeunes développent trois attitudes face à l’échec(selon F. Dubet)

    Un élève qui a essayé de respecter les règles du jeu scolaire (activité, efficacité,autonomie…) éprouve, face à l’échec un sentiment de culpabilité et une consciencemalheureuse. Il se sent responsable de son échec.

    Certains élèves adoptent une attitude de retrait: ils ne travaillent pas à l’école. Il s’agit làd’un refus pacifique de jouer le jeu, afin de se mettre psychologiquement à l’abri del’échec que cette attitude rend inévitable…

    Ceux des élèves qui s’installent dans la violence, expriment à la fois leur refus des règlesscolaires qu’ils ne savent ni utiliser à leur profit ni transformer. Ils tentent, par la violence,d’imposer une nouvelle règle: celle du plus fort).

    Source: Montoussé et Renouard, p. 107.

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