Complexe de la Romaine - Hydro-Québec · Complexe de la Romaine – Complément de l’étude...

Avril 2008

Complexe de la Romaine

Information complémentaire relative à la communauté de Pakua-shipi

Complément de l’étude d’impact sur l’environnement

Rivière Romaine

Édité par Services de communication Hydro-Québec

Complexe de la Romaine

Complément de l’étude d’impact sur l’environnement

Information complémentaire relative à la communauté de Pakua-shipi

Hydro-Québec Production Avril 2008

Complexe de la Romaine – Complément de l’étude d’impact sur l’environnement Information complémentaire relative à la communauté de Pakua-shipi – Avril 2008

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Ce document complète l’étude d’impact sur l’environnement soumise en janvier 2008 à la ministre du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs du Québec, en vue d’obtenir l’autorisation nécessaire à la construction et à l’exploitation subséquente des aménagements hydroélectriques du complexe de la Romaine, ainsi qu’à l’Agence canadienne d’évaluation environnementale, qui coordonne l’évaluation environnementale du projet en vertu de la Loi canadienne sur l’évaluation environnementale.

La présente étude a été réalisée par Hydro-Québec Équipement et Hydro-Québec Production en collaboration avec la direction principale – Communication d’Hydro-Québec.


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Table des matières

1� Introduction ......................................................................................................................... 1�

1.1� Présentation............................................................................................................. 1�

1.2� Méthode .................................................................................................................. 1�

1.2.1� Recherche documentaire.................................................................................. 2�

1.2.2� Entrevues individuelles.................................................................................... 2�

1.2.2.1� Portrait socioéconomique....................................................................... 2�

1.2.2.2� Savoir écologique innu........................................................................... 2�

1.2.3� Entrevues de groupe ........................................................................................ 3�

1.2.4� Sondage par questionnaire ............................................................................... 3�

2� Caractéristiques socioéconomiques .................................................................................... 5�

2.1� Démographie ........................................................................................................... 6�

2.2� Relations communautaires ...................................................................................... 7�

2.3� Santé et aspects sociaux ........................................................................................ 10�

2.4� Logements et équipements communautaires ........................................................ 11�

2.5� Organisation institutionnelle et gouvernance........................................................ 12�

2.6� Éducation et formation professionnelle ................................................................ 17�

2.7� Portrait de la main-d’œuvre .................................................................................. 20�

2.8� Activités économiques .......................................................................................... 26�

2.9� Projets et perspectives de développement............................................................. 27�

2.10� Synthèse des enjeux socioéconomiques.............................................................. 28�

2.11� Attentes et préoccupations des Innus envers le projet ........................................ 29�

3� Bibliographie..................................................................................................................... 33�


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Tableaux

1 Répartition des répondants selon l’âge et le sexe .............................................................4�

2 Population inscrite des bandes innues de la Moyenne-Côte-Nord et de la Basse-Côte-Nord vivant dans la réserve et hors de la réserve – 2006 ..............................6�

3 Taux de diplomation de la population de Pakua-shipi selon le groupe d’âge (résultat de sondage) .......................................................................................................18�

4 Taux de diplomation de la population de Pakua-shipi selon le sexe (résultat de sondage) .......................................................................................................18�

5 Occupation de la population de Pakua-shipi selon le groupe d’âge (résultat de sondage) .......................................................................................................21�

6 Occupation de la population de Pakua-shipi selon le sexe (résultat de sondage) .......................................................................................................21�

7 Degré de formation des travailleurs de la construction de Pakua-shipi selon le métier ..............................................................................................................................23�

8 Degré de formation des travailleurs de Pakua-shipi dans un domaine autre que la construction .................................................................................................................23�

9 Intérêt de la population de Pakua-shipi pour le travail au chantier du complexe de la Romaine selon le groupe d’âge (résultat de sondage) ...........................24�

10 Intérêt de la population de Pakua-shipi pour le travail au chantier du complexe de la Romaine selon le sexe (résultat de sondage) .........................................25�

11 Intérêt de la population de Pakua-shipi pour de la formation selon le groupe d’âge (résultat de sondage) .............................................................................................26�

12 Intérêt de la population de Pakua-shipi pour de la formation selon le sexe (résultat de sondage) .......................................................................................................26�

13 Nombre d’employés du conseil de bande de Pakua-shipi par secteur d’activité – 2007 .............................................................................................................27�


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Situation du projet


Chapitre 1 – Introduction 1

1 Introduction

1.1 Présentation

Ce document est un complément de l’étude d’impact sur l’environnement du complexe de la Romaine. Il complète le chapitre 42 consacré à la communauté innue de Pakua-shipi, pour laquelle la collecte de données sur le terrain n’a pu être effectuée avant novembre 2007.

Comme cela a été fait pour les autres communautés innues d’Ekuanitshit, de Nutashkuan et d’Unaman-shipu (voir le volume 6 de l’étude d’impact), ce complément apporte de l’information sur les caractéristiques socioéconomiques de Pakua-shipi, sur le profil de la main-d’œuvre et sur le savoir écologique traditionnel des Innus. Plus précisément, les objectifs sont de :

• brosser un portrait de la communauté en ce qui a trait aux éléments suivants : – démographie ; – relations communautaires ; – santé et aspects sociaux ; – logements et équipements communautaires ; – organisation institutionnelle et gouvernance ; – éducation et formation professionnelle ; – main-d’œuvre et activités économiques ; – projets de développement ;

• décrire les différentes perceptions, attentes et préoccupations des Innus envers le projet du complexe de la Romaine.

1.2 Méthode

Différentes méthodes ont été utilisées pour la collecte des données :

• recherche documentaire ; • entrevues individuelles ; • entrevues de groupe ; • sondage par questionnaire.

Pour valider les grilles d’entrevue et le sondage, on a créé un comité conjoint réunissant des représentants nommés par Hydro-Québec et le conseil de bande de Pakua-shipi. Une personne de la communauté a également été embauchée à titre de coordonnateur local. Son rôle consistait notamment à faciliter le travail des chercheurs en les dirigeant vers les ressources appropriées et en les guidant à travers la communauté.


2 Chapitre 1 – Introduction

Par ailleurs, chaque personne participant aux entrevues devait au préalable signer un formulaire de consentement.

1.2.1 Recherche documentaire

En plus des sources documentaires consultées dans le cadre de l’étude d’impact (voir le volume 6 de l’étude d’impact), les documents issus des différents services du conseil de bande, l’étude sur le portrait scolaire et professionnel des Innus (ICEM et CLPN, 2007) ainsi qu’un rapport sur le savoir innu relatif à Unaman-shipu (Clément, 2007) ont servi à la production du présent complément.

1.2.2 Entrevues individuelles

1.2.2.1 Portrait socioéconomique

Afin de compléter le portrait socioéconomique de Pakua-shipi, huit entretiens individuels semi-dirigés ont été menés auprès des gestionnaires et des intervenants chargés d’administrer les services à la population.

Les thèmes abordés ont touché l’organisation des services à la population, les activités des entreprises, les conditions socioéconomiques actuelles ainsi que leur évolution depuis l’établissement de la communauté. Les perceptions, préoccupations et attentes des intervenants envers le projet du complexe de la Romaine ont aussi été discutées, ainsi que les mesures proposées pour maximiser les retombées positives du projet et pour en atténuer les impacts négatifs.

1.2.2.2 Savoir écologique innu

L’étude du savoir innu visait à inventorier les connaissances touchant les éléments physiques et biologiques présents dans la zone d’étude et la région du projet. Les différents thèmes couverts par les guides d’entrevue concernent la toponymie, la faune, la flore, la rivière Romaine, les changements observés dans le temps et les impacts prévus du projet.

La recherche d’informateurs, effectuée en collaboration avec le coordonnateur local, n’a cependant pas permis d’identifier des utilisateurs actuels ou passés de la région d’étude. Trois informateurs reconnus pour leurs connaissances des éléments considérés ont quand même été rencontrés lors d’entrevues semi-dirigées. Sur la base de leur expérience, ces informateurs ont exprimé différents commentaires, attentes ou préoccupations concernant les impacts du projet sur les milieux physique et biologique (voir la section 2.11).


Chapitre 1 – Introduction 3

1.2.3 Entrevues de groupe

Au total, 6 entrevues de groupe ont été menées auprès de 35 membres de la communauté. Afin de recueillir la diversité des points de vue de la population, on a formé des groupes d’hommes, de femmes, de jeunes de moins de 30 ans, d’adolescents de 14-17 ans, d’aînés et de travailleurs précaires ou saisonniers. Il est à noter que, parmi les quatre communautés innues qui ont collaboré à la réalisation de l’étude d’impact, celle de Pakua-shipi est la seule où les 14-17 ans ont participé aux entrevues de groupe et au sondage ; ce groupe a été formé à la suite d’une demande du comité conjoint.

Les thèmes discutés au cours des entretiens touchaient divers sujets d’ordre socioéconomique ainsi que les attentes et les préoccupations des Innus envers le projet du complexe de la Romaine. Les mesures proposées pour maximiser les retombées positives du projet et en atténuer les impacts négatifs ont aussi été abordées.

1.2.4 Sondage par questionnaire

Un sondage par questionnaire a été effectué auprès des membres de Pakua-shipi. Les répondants ont été choisis selon le type d’échantillonnage aléatoire stratifié. La population âgée de 14 ans et plus a été divisée en sous-groupes (selon le groupe d’âge et le sexe), dans lesquels a été choisi un échantillon. La population de 14 ans et plus a été recensée à partir de la liste fournie par le conseil de bande de Pakua-shipi.

Le sondage a été mené en novembre 2007 par des enquêteurs innus formés spécialement pour cette activité. Les répondants ont été interrogés à leur domicile.

Un total de 72 Innus de 14 ans et plus ont participé au sondage, ce qui représente 32,1 % des 224 membres de ce groupe d’âge. La marge d’erreur ne dépasse pas dix unités de pourcentage (calcul effectué selon la loi de Bernoulli), ce qui est acceptable en sciences sociales. Le tableau 1 présente un portrait sommaire des répondants.

Le questionnaire comprenait 57 questions portant sur le profil du répondant, les conditions de vie et les enjeux sociaux, l’utilisation du territoire et les impacts prévus du projet du complexe de la Romaine.


4 Chapitre 1 – Introduction

Tableau 1 : Répartition des répondants selon l’âge et le sexe

Sexe 14-17 ans 18-29 ans 30-44 ans 45-59 ans 60 ans et plus Total

Hommes 5 19 3 3 2 32

Femmes 9 13 8 6 4 40

Total 14 32 11 9 6 72


Chapitre 2 – Caractéristiques socioéconomiques 5

2 Caractéristiques socioéconomiques

Le portrait socioéconomique actuel de Pakua-shipi est la résultante des changements rapides induits par la sédentarisation récente de la population. Comme chez les autres communautés innues de la Moyenne-Côte-Nord et de la Basse-Côte-Nord, cette sédentarisation a entraîné des transformations profondes du mode de vie, des valeurs et de la vision du monde des Innus. Toutefois, la volonté de s’intégrer à la société moderne coexiste aujourd’hui avec le désir de préserver la culture, la langue et le mode de vie innus.

L’isolement géographique de Pakua-shipi a aussi une incidence déterminante sur la vie de la communauté. La faible vigueur du marché de l’emploi et le peu de perspectives de développement économique, la rareté des travailleurs professionnels et de la main-d’œuvre spécialisée, notamment dans le domaine de la santé, le coût élevé du transport de personnes et de marchandises ainsi que la qualité variable des aliments périssables sont autant d’éléments qui marquent le quotidien de la communauté. En contrepartie, l’éloignement des centres urbains et des pôles économiques régionaux favorise le resserrement des liens communautaires et le maintien des activités sur le territoire, des aspects culturels fortement valorisés par les Innus.

Les résidents de Pakua-shipi se rendent régulièrement au village voisin de Saint-Augustin pour s’approvisionner et utiliser différents services[1]. Les deux communautés, qui sont liées par bateau, par hélicoptère et par motoneige, bénéficient depuis l’automne 2007 d’un service de transport par aéroglisseur offert en toute saison. La population des deux communautés attend depuis longtemps qu’un pont relie les deux rives et espère que le prolongement probable de la route entre Kegaska et Vieux-Fort mènera à la concrétisation du projet (Québec, 2006).

Les Innus empruntent fréquemment les voies aériennes et maritimes pour se rendre plus à l’ouest sur la côte afin de se procurer des biens et des services ou encore pour étudier ou travailler, notamment à Sept-Îles mais aussi à Natashquan, d’où il est possible d’emprunter la route provinciale 138.

[1] On trouve à Saint-Augustin un bar, un hôtel, deux restaurants, une boulangerie, une épicerie, un magasin général, une

quincaillerie, un garage, une station-service, une boutique de cadeaux, un club vidéo, un salon de coiffure, un comptoir postal, un entrepreneur en construction, une scierie, une caisse Desjardins et un centre d’emploi.


6 Chapitre 2 – Caractéristiques socioéconomiques

2.1 Démographie

Population inscrite

Pakua-shipi est la bande la moins populeuse de la Moyenne-Côte-Nord et de la Basse-Côte-Nord, et elle est celle dont la proportion de membres résidents est la plus élevée. Des 299 membres inscrits en 2006 (152 hommes et 147 femmes), 291 (97,3 %) habitaient à Pakua-shipi et 8 seulement vivaient à l’extérieur (voir le tableau 2).

Tableau 2 : Population inscrite des bandes innues de la Moyenne-Côte-Nord et de la Basse-Côte-Nord

vivant dans la réserve et hors de la réserve – 2006

Communauté Population totale Population habitant

dans la réserve

Population habitant

hors de la réserve

Pakua-shipi a 299 291 (97,3 %)

8 (2,7 %)

Ekuanitshit 522 496 (95,0 %)

26 (5,0 %)

Nutashkuan 917 841 (91,7 %)

76 (8,3 %)

Unaman-shipu 1 037 960 (92,5 %)

77 (7,4 %)

a. Pakua-shipi ayant un statut particulier (établissement indien), on compte ici la population résidant sur les terres de la Couronne de la

bande.

Source : Canada, MAINC, 2006.

Familles et ménages

Les informations provenant de la Direction de la santé de Pakua-shipi indiquent qu’il y a en moyenne entre sept et onze naissances par année dans la communauté. Les femmes ont généralement de deux à quatre enfants et accouchent du premier au début de la vingtaine ou avant. Chaque année, le dispensaire dénombre une à deux naissances de mères mineures. Il arrive à l’occasion que les jeunes couples ou les jeunes mères ne puissent prendre en charge leurs enfants. Dans ces cas, l’adoption par les grands-parents ou les autres membres de la famille élargie est pratique courante.

Les résultats du sondage montrent que 57 % des Innus sont mariés et que 39 % sont célibataires. Malgré la faible proportion de ménages monoparentaux révélée par le sondage, des informateurs rencontrés lors des entrevues de groupe ont fait état de plusieurs cas de séparation et de famille reconstituée, notamment chez les moins de 30 ans.



Les ménages sont populeux à Pakua-shipi. Une maisonnée comprend souvent des ménages de plus de deux générations. On trouve par exemple des gens qui cohabitent avec leurs parents ou leurs beaux-parents, leurs enfants, leurs grands-parents et leurs cousins. Il arrive fréquemment qu’un jeune couple doive s’établir dans la maison de l’un ou l’autre de leurs parents dans l’attente de pouvoir habiter sa propre maison. En raison de la pénurie de logements dans la communauté, on trouve aussi des ménages qui comptent deux familles nucléaires, parfois davantage. Dans ces cas, il n’est pas rare que la promiscuité entraîne des tensions dans les maisonnées.

2.2 Relations communautaires

Le mode de vie ancestral, qui assurait depuis des générations la subsistance des Innus et l’organisation des relations entre les différentes familles de la bande, notamment par la formation de groupes de chasse multifamiliaux, a progressivement été remplacé par un mode de vie « moderne » marqué par la sédentarité, l’économie monétarisée, le soutien au revenu et l’accès à des services publics. Dès les années 1960, on observe une transformation dans le mode d’utilisation du territoire et de ses ressources, puisque la majorité des Innus de Pakua-shipi décide de demeurer sur la côte une grande partie de l’année, et les expéditions à l’intérieur des terres se font plus ponctuelles et plus courtes (Deschênes, 1983). Cette transformation est attribuable en grande partie à la construction des maisons, à la scolarisation des enfants, au travail salarié et à l’accès à des moyens de transport plus rapides.

Les activités de chasse, de pêche et de piégeage n’exercent donc plus une influence aussi déterminante sur l’économie et l’organisation sociale des Innus. Elles demeurent par contre au cœur de la vie culturelle de la communauté, comme en témoignent les résultats du sondage. Le mode de vie en territoire fait partie des éléments jugés les plus importants dans la vie des répondants, avec la famille, les études et le travail. Plus de neuf répondants sur dix (95 %) affirment pratiquer des activités sur le territoire : 17 % le font souvent, 51 %, à l’occasion et 26 %, rarement. Parmi les activités recensées, celles qui sont pratiquées par le plus grand nombre de répondants sont le camping, la pêche, la chasse, le piégeage et la randonnée. La nourriture de bois tient aussi une place importante dans le régime alimentaire des Innus, puisque 33 % des répondants affirment en manger tous les jours et 42 %, toutes les semaines. Les espèces les plus prisées sont le caribou, la perdrix, le porc-épic, le lièvre, le saumon et la sauvagine.

Seules quelques familles se rendent encore sur le territoire pour des séjours prolongés variant de deux semaines à trois mois, en automne. Il s’agit principalement d’expéditions de chasse au caribou, mais c’est aussi l’occasion de pêcher, de piéger des animaux à fourrure ou de chasser d’autres espèces de gibier. Les secteurs fréquentés sont situés au nord de Pakua-shipi, sur le territoire québécois jusqu’au Labrador : principalement la rivière Saint-Augustin, la rivière Saint-Augustin Nord-Ouest, la rivière à la Mouche, le lac Chenil et la rivière Saint-Paul.



La baisse des activités sur le territoire et la transformation du mode de vie ne sont pas sans soulever préoccupations et craintes chez les Innus. Nombreux sont ceux qui y voient une perte culturelle et une intégration à la vie moderne qui détériorent les relations communautaires. Les aînés, en particulier, expriment le désir de retourner à l’intérieur des terres. Toutefois, le manque de ressources financières autant que les obligations liées au travail ou à l’école contraignent la plupart des Innus à demeurer dans la communauté ou à ne fréquenter que les secteurs situés en périphérie de Pakua-shipi.

Plusieurs informateurs ont mentionné que l’individualisme occupe une place de plus en plus importante dans la vie des Innus. Ils relèvent aussi des divisions communau-taires qui favorisent l’émergence de factions politiques. Les tensions entre différentes factions se font particulièrement sentir au cours des périodes électorales. Elles affectent la qualité de vie de la population et engendrent un immobilisme politique et économique qui nuit au développement de la communauté. Il est à noter, à cet égard, que la majorité des Innus (60 % des répondants) ont une opinion négative de l’état des relations entre la population et le conseil de bande. Afin d’atténuer les divisions communautaires, le conseil de bande entend cependant organiser périodiquement des rencontres publiques sur des sujets qui soulèvent des enjeux communautaires. À titre d’exemple, une rencontre sur la problématique du logement tenue en novembre 2007 a réuni des membres de la communauté et des représentants du conseil de bande.

Les résultats des entrevues de groupe et du sondage montrent que les Innus ont une opinion plutôt positive de l’état des relations familiales. Les deux tiers (67 %) des répondants estiment qu’elles sont correctes ou bonnes. Les services sociaux de Pakua-shipi expriment cependant un jugement plus nuancé de la situation. Les cas de violence conjugale et de négligence des enfants ne seraient pas rares. Les problèmes de surpeuplement des logements, la consommation abusive d’alcool ou de drogues, mais aussi les carences dans les compétences parentales seraient les principaux facteurs nuisant à l’harmonie familiale.

Au dire de plusieurs femmes rencontrées, la condition féminine se serait améliorée au cours des dernières années. Elles auraient davantage de contrôle sur la natalité et bénéficieraient d’un partage plus équitable des responsabilités parentales et domestiques. On observe aussi que les femmes sont actives sur le marché du travail, dans la vie communautaire et sur la scène politique de Pakua-shipi. En 2007, plusieurs femmes de la communauté se sont mobilisées et ont construit une maison utilisée à des fins de fabrication et de commerce des produits de l’artisanat. Par ailleurs, à la faveur des deux dernières élections du conseil de bande, deux femmes se sont succédé au poste de chef.

Les conditions de vie des aînés se seraient détériorées depuis une quinzaine d’années selon plusieurs informateurs et gestionnaires. Nombre d’entre eux se sentent marginalisés, certains sont victimes d’abus financiers et d’autres souffrent de négligence. Cette situation résulte principalement des changements survenus dans les



relations intergénérationnelles depuis la sédentarisation. L’influence des aînés dans la vie sociale et culturelle est moins importante aujourd’hui que par le passé. Le rôle de leader et l’autorité dont ils jouissaient en territoire ne se retrouvent pas d’emblée au village. Ils n’occupent plus une place aussi essentielle dans la transmission des connaissances, en particulier celle de la langue, les plus jeunes générations étant aujourd’hui davantage socialisées par les institutions « modernes » comme l’école et les médias électroniques. Malgré la marginalisation progressive des aînés dans la vie communautaire, 63 % des répondants jugent que les relations entre les jeunes et les aînés sont correctes ou bonnes.

L’innu demeure la langue maternelle de la population. Les plus jeunes générations ont le français comme langue seconde, tandis que les plus âgés parlent davantage l’anglais, conséquence de la fréquentation de l’école du village anglophone de Saint-Augustin avant la prise en charge de l’enseignement primaire et secondaire par les Innus. Plusieurs aujourd’hui sont même trilingues, ce qui constitue un avantage sur le marché du travail régional.

La population de Pakua-shipi considère que les relations entre la communauté et les différentes bandes innues sont généralement harmonieuses. La moitié des répondants (50 %) considère qu’elles sont correctes ou bonnes. Nombreux sont ceux qui rendent visite à la parenté et aux amis à Unaman-shipu surtout, mais aussi à Nutashkuan, à Ekuanitshit et à Uashat mak Mani-Utenam. Il est aussi fréquent que les jeunes qui poursuivent leurs études secondaires ou postsecondaires bénéficient de l’accueil d’un foyer autochtone de l’extérieur. Les fêtes et les rassemblements estivaux ainsi que les activités sportives sont également des occasions de rapprochement, entre autres pendant les tournois de hockey interbandes, très populaires chez les Innus. La population déplore par contre l’existence de tensions et le manque d’unité entre les représentants politiques des bandes. On mentionne notamment le retrait de Pakua-shipi, en 2007, de l’Assemblée Mamu Pakatatau Mamit. On craint aussi que ces tensions nuisent à la capacité des Innus de saisir les occasions de développement qui se présentent en région, comme celles du projet du complexe de la Romaine ou du prolongement de la route 138.

Les relations qu’entretiennent les Innus avec la population non autochtone, en particulier celle de Saint-Augustin, sont jugées correctes ou bonnes par 76 % des répondants. Bien qu’on rapporte à l’occasion des cas de dispute entre les membres des deux communautés — des situations touchant surtout les plus jeunes lorsque l’alcool est en cause —, celles-ci ont su développer au fil des ans un esprit de bonne entente et de collaboration. On peut mentionner, à titre d’exemple, que les représentants politiques travaillent de concert au projet de prolongement de la route 138 et de construction d’un pont enjambant la rivière Saint-Augustin.



2.3 Santé et aspects sociaux

Santé

Les taux de prévalence élevés de maladies chroniques chez les Innus, notamment le diabète de type 2 (15 %) et les maladies cardiovasculaires (15 %), inquiètent la Direction de la santé de Pakua-shipi. Le manque d’activité physique, les mauvaises habitudes alimentaires et le tabagisme constituent autant de facteurs qui ont une incidence négative sur la santé cardiovasculaire et l’équilibre glycémique. Parmi les autres problèmes de santé, les plus courants touchent la peau, le système otorhino-laryngologique et le système digestif, selon des prévalences respectives de 10 %, de 9 % et de 8 % (Canada, Ministère de la Santé, 2006).

À l’instar des gestionnaires locaux, les Innus sont préoccupés par l’état de santé de la population. Près du tiers (31 %) des répondants le jugent mauvais et 39 % estiment qu’il s’est détérioré depuis l’établissement de la communauté.

Aspects sociaux

La surconsommation d’alcool et de drogues est un problème important à Pakua-shipi. Elle est de loin considérée par les répondants comme la principale difficulté de la communauté (65 %), suivie par les tensions dans les relations familiales et communautaires (11 %) ainsi que le manque de travail et la précarité économique (10 %). La consommation de drogues touche davantage les jeunes dans la vingtaine et la trentaine que leurs aînés, ces derniers étant davantage aux prises avec des problèmes d’alcoolisme.

Bien qu’on ne dispose pas de données précises à ce sujet, les services de santé de Pakua-shipi considèrent que ces habitudes destructrices ont de graves conséquences psychologiques et sociales pour plusieurs personnes et familles de la communauté. Ces habitudes sont en partie la cause du décrochage scolaire, de la violence conjugale ou sexuelle ainsi que de la maltraitance des enfants et des aînés.

Plusieurs informateurs s’entendent pour dire que l’alcoolisme est en baisse depuis les cinq dernières années. Plusieurs sources ont attribué cette diminution aux méthodes de guérison dites traditionnelles, en l’occurrence celle de la « tente de sudation ». Cette activité rassemble de nombreux adeptes, et chacun des groupes familiaux la pratique d’une manière qui lui est propre.

Par ailleurs, la criminalité dans le village ne semble pas affecter le sentiment de paix et de sécurité des résidents, puisque 70 % des répondants disent vivre dans un environnement paisible et sécuritaire.

Le suicide et les intentions suicidaires ne sont pas un problème aigu à Pakua-shipi. Aucune tentative de suicide n’a été recensée en 2007 et le dernier cas de suicide



remonte à plus de cinq ans. Selon les services de santé, les idées suicidaires peuvent apparaître à l’occasion chez des personnes aux prises avec des problèmes conjugaux ou des victimes de violence sexuelle ou familiale.

2.4 Logements et équipements communautaires

Logements

En 2007, Pakua-shipi comptait 63 unités d’habitation occupées par des membres de la communauté. La population résidente s’élevant à 291 Innus, on compte en moyenne 4,6 personnes par unité, soit presque le double de la moyenne québécoise, qui s’établit à 2,4 (Statistique Canada, 2007). On dénombre aussi une douzaine d’habi-tations réservées au personnel non autochtone qui œuvre à l’école et au dispensaire.

Les Innus déplorent l’insuffisance du nombre d’habitations dans la communauté. Pas moins de 71 % des répondants estiment que les conditions de logement sont mauvaises. Grâce aux sommes accordées par le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien (MAINC) et la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), quatre à cinq maisons en moyenne sont construites annuellement à Pakua-shipi. La Direction générale de Pakua-shipi estime qu’une douzaine de maisons devraient être construites chaque année afin de répondre aux besoins de la population. Non seulement la pénurie de logements altère la qualité de vie des Innus, mais elle nuit aussi au recrutement de la main-d’œuvre venant de l’extérieur, notamment les professionnels de la santé.

Équipements communautaires

Pakua-shipi est dotée de plusieurs infrastructures et équipements communautaires. Le village est relié au réseau d’énergie électrique d’Hydro-Québec et possède une usine d’épuration des eaux usées ainsi qu’un réseau d’aqueduc et d’égout de construction récente. La communauté a aussi accès à un lieu d’enfouissement situé à environ 1 km au nord du village. On dénombre plusieurs bâtiments de services, dont les bureaux du conseil de bande, un centre de santé et de services sociaux, une école, une garderie, un centre communautaire — qui fait également office de maison des jeunes —, un poste de police, une hôtellerie et un dépanneur avec poste d’essence. La radio communautaire, installée dans le bâtiment du conseil de bande, diffuse une programmation la plupart du temps en langue innue depuis sa création en 1977. La station est affiliée au réseau de la Société de communication Atikamekw-Montagnais (SOCAM), qui diffuse des émissions quotidiennes.

L’état des infrastructures et des bâtiments communautaires satisfait en général la population locale. Près des deux tiers (64 %) des répondants l’estiment correct ou bon. On aimerait cependant bénéficier de nouveaux équipements sportifs ou de loisirs pour les jeunes et les aînés.



2.5 Organisation institutionnelle et gouvernance

L’administration des services publics à Pakua-shipi s’appuie sur une direction générale, sur trois directions sectorielles (santé, éducation et services techniques) et sur une équipe de professionnels responsables des dossiers des finances, de l’habitation, de la sécurité publique, du développement économique et de la main-d’œuvre. Les résultats du sondage révèlent que la majorité (64 %) de la population juge que les services publics offerts aux Innus sont corrects ou bons. On note cependant que la population aimerait pouvoir bénéficier d’un meilleur accès aux spécialistes de la santé.

Direction générale

La Direction générale supervise l’administration de la communauté et le travail du personnel. Elle s’occupe des affaires courantes et voit à l’exécution des décisions prises par le conseil de bande. Afin de mener à bien sa tâche, la Direction générale réunit les directeurs et les responsables des différents dossiers afin de faire un suivi et de fixer les priorités.

Santé

La Direction de la santé administre les soins de première ligne offerts au dispensaire de Pakua-shipi et assure le transport des patients qui doivent se rendre à l’extérieur du village pour recevoir des soins.

Deux infirmières s’occupent des examens courants en santé clinique, procèdent à l’évaluation des cas d’urgence et à la stabilisation des patients, et veillent à leur transport vers les centres hospitaliers de Blanc-Sablon ou de Sept-Îles. Le dispensaire de Pakua-shipi, qui est rattaché au centre hospitalier de Blanc-Sablon, reçoit chaque mois la visite d’un médecin généraliste. Plusieurs spécialistes se rendent ponctuellement dans la communauté, dont un dentiste, un ophtalmologiste, un otorhinolaryngologiste, un dermatologue et un optométriste. Un psychologue et un nutritionniste offrent aussi leurs services quelques semaines par mois. La population bénéficie également des services d’un infirmier en santé communautaire et d’un travailleur social embauché dans le cadre du Programme national de lutte contre les abus d’alcool et de drogues chez les Autochtones (PNLAADA).

Les services de santé de Pakua-shipi ont établi des priorités d’action visant à s’attaquer au diabète, au syndrome de l’alcoolisme fœtal (SAF), aux infections transmises sexuellement (ITS), à la toxicomanie et au tabagisme. L’organisation d’activités de prévention, de concert avec l’école, vise à sensibiliser les jeunes à l’importance de l’activité physique, d’une saine alimentation et de comportements sexuels responsables, et à souligner les méfaits causés par la consommation d’alcool et de drogues.



Les informations obtenues de la Direction de la santé et des entrevues de groupe révèlent que la population a besoin d’un meilleur accès aux services de professionnels de la santé, notamment d’un médecin généraliste et d’un psychologue. Selon la direction, les difficultés associées à l’offre de soins ne seraient pas attribuables à des contingences financières, mais plutôt à des facteurs comme l’éloignement et la communication entre les professionnels et les patients. La barrière de la langue et les différences socioculturelles nuiraient à leur compréhension mutuelle des maux, des diagnostics, des prescriptions et des traitements.

Services sociaux

Les services sociaux relèvent du conseil tribal Mamit Innuat (Regroupement Mamit Innuat), dont le siège social est à Sept-Îles. Un agent de liaison embauché à temps partiel assure actuellement la prestation des services dans la communauté. Il coordonne notamment le travail des sept assistantes familiales affectées aux aînés, aux personnes à mobilité réduite ainsi qu’aux personnes malades ou en convalescence. Selon les services sociaux, le nombre d’assistantes est insuffisant pour répondre aux besoins de la population, une évaluation que partagent les aînés rencontrés au cours de l’étude. On rencontre aussi des difficultés dans le recrutement et le maintien du personnel d’assistance en raison principalement des conditions de travail particulièrement difficiles, tant sur le plan des horaires que sur celui des tâches à effectuer. Il est à noter que deux personnes suivront prochainement une formation d’assistance familiale offerte par Mamit Innuat.

Le conseil tribal Mamit Innuat cherche actuellement à combler le poste de responsable des services sociaux dans la communauté.

Éducation

Le conseil de bande de Pakua-shipi est responsable des services éducatifs du niveau préscolaire jusqu’à la troisième année du secondaire. Ces services sont dispensés à l’école Pakuashipish. Les élèves qui désirent poursuivre leurs études secondaires ou recevoir une formation postsecondaire doivent s’inscrire dans des établissements à l’extérieur de la communauté, le plus souvent à Unaman-shipu, à Sept-Îles ou à Havre-Saint-Pierre. Il est à noter cependant que des cours d’éducation aux adultes sont offerts dans la communauté par la commission scolaire du Littoral. Afin d’améliorer les services aux élèves, le conseil de bande discute de la possibilité que l’école offre l’enseignement de quatrième secondaire et éventuellement de cinquième secondaire.

L’enseignement de la prématernelle et de la maternelle se fait entièrement en langue innue. Une classe d’immersion, qui reprend la maternelle en français, a été instaurée depuis peu et permet aux enfants d’améliorer leur compréhension de cette langue avant d’amorcer les études primaires. Les cours des niveaux primaire et secondaire sont prodigués en français, à l’exception de certains cours comme l’art plastique innu.



L’insuffisance de ressources humaines qualifiées ne permet pas pour l’instant d’offrir davantage de cours dans la langue maternelle. De plus, comme les autres communautés innues, Pakua-shipi est engagée dans une réflexion sur la part relative de la culture innue et des matières scolaires dans l’enseignement. Des informateurs déplorent l’absence de programmes structurés visant la préservation de la culture innue.

La rareté d’enseignants innus qualifiés pousse le conseil de bande à recruter du personnel non autochtone. On compte en effet parmi le personnel enseignant dix non-autochtones et quatre Innus. Par contre, tous les postes de soutien sont occupés par des membres de la communauté. En plus des difficultés de recrutement, le conseil de bande est aux prises avec un roulement de personnel au sein du corps professoral. Si certains demeurent dans la communauté de deux à trois ans, d’autres quittent leur fonction après quelques mois ou seulement quelques semaines. L’éloignement et les difficultés d’adaptation au contexte socioculturel innu expliqueraient en partie ce roulement.

Services techniques

La Direction des services techniques est responsable de la construction des infrastructures, de la réparation des bâtiments publics et privés, du traitement de l’eau potable, de l’entretien des rues et des égouts ainsi que de la collecte des ordures ménagères.

Elle emploie à temps plein deux Innus pour effectuer ces tâches, en plus d’un non-autochtone responsable de l’opération de l’usine de traitement d’eau potable. De façon saisonnière, elle embauche pour la construction domiciliaire une quinzaine d’ouvriers locaux et un contremaître de Saint-Augustin. En concertation avec la Direction de l’éducation, la Direction des services techniques offre aux étudiants des semaines d’immersion en milieu de travail.

Aucun projet d’immobilisation d’envergure n’est prévu à court ou moyen terme, si on excepte la construction de quatre nouvelles maisons en 2008.

Finances

Le Service des finances effectue les transactions liées aux différents services et s’assure du respect des engagements financiers du conseil de bande. Il se compose d’un contrôleur financier, d’un commis comptable et d’un agent financier.

En 2006-2007, le budget de Pakua-shipi s’élevait à un peu plus de 13,6 millions de dollars. De ce montant, 55 % proviennent du MAINC et 15 %, de Santé Canada. Plusieurs autres sources de financement permettent d’équilibrer le budget, soit l’Institut culturel et éducatif montagnais (ICEM), la Commission locale des Premières Nations (CLPN) de la Côte-Nord, Mamit Innuat, Mamu Pakatatau Mamit, le



Solliciteur général du Canada, la Société canadienne d’hypothèque et de logements (SCHL) et le ministère de la Sécurité publique du Québec. Le conseil de bande bénéficie aussi des revenus engendrés par l’hôtellerie et le dépanneur. Près de la moitié des dépenses (43 %) vont à l’achat de matériel et d’équipements divers, tandis que le quart (24 %) est réservé au paiement des salaires et des avantages sociaux du personnel.

Le conseil de bande éprouve d’importants problèmes financiers. De 2004 à 2005, il a accumulé plus de cinq millions de dollars de dettes. Des investissements élevés – la construction de l’usine de traitement de l’eau potable, l’achat de machinerie et la participation financière dans les Pêcheries Shipek – et le manque à gagner engendré par le non-paiement de loyers de nombreux ménages expliquent en grande partie la pression financière qui s’exerce sur le conseil de bande. Ce dernier entend mettre en œuvre un plan de redressement qui inclut la rationalisation des dépenses, la production de revenus additionnels, la vente d’actifs désuets et la récupération de diverses créances.

Habitation

Le Service de l’habitation collecte chaque mois les loyers, gère les demandes de logement et établit les priorités d’entretien et de réparation des logements et des bâtiments publics. Il travaille en étroite collaboration avec la Direction générale, la Direction des services techniques et le Service des finances.

L’accès au logement est régi par une politique d’habitation visant à encadrer la gestion de la politique d’habitation. Cette politique comprend le programme d’accès au logement locatif et le programme de logement individuel. Le premier vise à venir en aide aux ménages en ajustant le prix des loyers selon leur capacité de payer. Selon le Service de l’habitation, tous les ménages de Pakua-shipi participent à ce programme. Bien que le programme de logement individuel soit encore inutilisé, il prévoit néanmoins fournir une aide financière aux ménages qui veulent acquérir ou construire une habitation et qui ont les ressources suffisantes pour obtenir, si nécessaire, un prêt d’une institution financière. La politique d’habitation, adoptée en 2002, fait actuellement l’objet d’une révision par un comité local formé du directeur général, du responsable de l’habitation, d’un représentant de la Direction de la santé et d’un membre de la communauté.

Main-d’œuvre et développement économique

Les services de la main-d’œuvre et du développement économique sont sous la responsabilité d’un seul coordonnateur.

Le financement du Service de la main-d’œuvre relève de la CLPN de la Côte-Nord. Cette dernière octroie à Pakua-shipi un financement annuel de quelque 190 000 $ servant à la création d’emplois et à la formation de la main-d’œuvre. Bon an mal an,



la plus grande partie des sommes est attribuée à la création d’une cinquantaine d’emplois temporaires dans la communauté. Ces emplois permettent à la plupart des travailleurs de cumuler suffisamment d’heures de travail pour bénéficier de prestations d’assurance-emploi. Par ailleurs, les sommes restantes qui sont attribuées à la formation de la main-d’œuvre ne servent pas à l’achat de cours mais plutôt au financement des allocations des étudiants qui suivent des formations à l’extérieur du village. Selon la coordination, les budgets accordés par la CLPN sont insuffisants pour financer l’achat de formations.

Le Service de développement économique dispose d’un budget annuel de 70 000 $. Cette somme sert pour l’essentiel à financer les activités de l’hôtellerie et du dépanneur. Il a aussi le mandat d’accompagner les membres qui projettent de démarrer une entreprise, notamment par un soutien à l’élaboration d’un plan d’affaires. Très peu d’Innus se prévaudraient de cette aide.

Le coordonnateur assure un suivi administratif de la participation de Pakua-shipi dans les pêches commerciales, au sein des Pêcheries Shipek, et travaille au développement des activités de prospection minière des Innus en collaboration avec le Fonds minier du Nitassinan.

Sécurité publique

Depuis le printemps 2006, la sécurité publique de Pakua-shipi relève du conseil de bande, qui bénéficie de la collaboration de la Sécurité publique d’Uashat mak Mani-Utenam (SPUM). Auparavant, ce service était offert par l’Administration régionale de la police du Nitassinan (ARPN)[1].

La communauté dispose d’un poste de police où travaillent deux policiers. Un troisième agent provenant d’Uashat mak Mani-Utenam doit se joindre à l’équipe en 2008. Les agents effectuent les patrouilles, participent aux rencontres de sensibilisation auprès des jeunes de l’école et assurent le contrôle de la population de chiens (enregistrement et euthanasie). Le conseil de bande fait appel à la Sûreté du Québec lorsque surviennent des crimes majeurs ou à des fins d’enquête.

Autres services

Le conseil de bande de Pakua-shipi administre une garderie. Une coordonnatrice veille à la bonne gestion du service et supervise le travail de quatre éducatrices, toutes Innues, qui accueillent quotidiennement une vingtaine d’enfants. Le conseil de bande prévoit la construction d’un établissement mieux adapté aux services de garde. Il aimerait aussi que la garderie soit reconnue comme un centre de la petite enfance (CPE) afin de bénéficier du soutien financier de l’État québécois.

[1] Depuis les années 1970, l’ARPN assurait les services de police dans la communauté en vertu d’une entente tripartite signée

par le conseil de bande et les gouvernements provincial et fédéral.



Depuis 2002, le conseil de bande gère un service d’hôtellerie et un dépanneur qui donnent de l’emploi à six personnes. Les installations hôtelières ont une capacité d’accueil de sept lits, avec cuisine, salle de bain et salon communs. Le dépanneur offre des produits alimentaires de base, du tabac et de l’essence.

En matière de culture, le conseil de bande étudie actuellement la possibilité de mettre sur pied, en collaboration avec l’ICEM, un cours visant à enseigner l’histoire des Innus aux jeunes générations. De plus, le conseil compte poursuivre son soutien aux activités d’artisanat des femmes et projette de réinvestir dans l’aide aux utilisateurs du territoire[1].

2.6 Éducation et formation professionnelle

Fréquentation scolaire

À l’automne 2007, 75 élèves fréquentaient l’école Pakuashipish, dont 46 au primaire et 29 au secondaire. De plus, 25 personnes âgées de 18 à 50 ans, soit 15 femmes et 10 hommes, étaient inscrits aux cours d’éducation des adultes. Certains d’entre eux sont engagés dans un parcours d’alphabétisation, alors que d’autres cherchent à terminer leurs études secondaires.

On dénombrait, à l’automne 2007, 18 étudiants inscrits dans des établissements à l’extérieur de la communauté. De ce nombre, treize poursuivaient leurs études secondaires, quatre fréquentaient une université et un était inscrit au cégep de Sept-Îles. Au secondaire, cinq étudiants étaient inscrits à l’école Manikanetish, à Uashat, et quatre à l’école Manikoutai, à Sept-Îles. Trois autres fréquentaient l’école Olamen, à Unaman-shipu, et un l’école Monseigneur-Labrie, à Havre-Saint-Pierre. Les universitaires étaient inscrits dans des établissements de Chicoutimi (deux), d’Ottawa (un) et de London (un).

Niveau de scolarité

Les informations obtenues de la direction de l’école Pakuashipish révèlent que de nombreux élèves accusent un retard scolaire et que la majorité abandonne avant d’avoir terminé leurs études secondaires. Au cours des trois dernières années, seulement trois Innus ont obtenu un diplôme d’études secondaires.

Le taux de diplomation des Innus est faible. Les résultats du sondage indiquent que 79 % des répondants de 18 ans et plus sont sans diplôme, une proportion qui atteint 84 % chez les 18-29 ans (voir le tableau 3). Ces résultats font de Pakua-shipi la communauté présentant le plus faible taux de diplomation parmi les quatre communautés innues qui ont participé au sondage. Cette situation préoccupe la population, qui fait de la poursuite des études et de l’obtention d’un diplôme (21 %

[1] Le conseil de bande avait suspendu en 2007 son soutien financier aux utilisateurs du territoire.



des répondants) le deuxième défi en importance derrière la résolution des problèmes de consommation d’alcool et de drogues (60 %).

Tableau 3 : Taux de diplomation de la population de Pakua-shipi selon le groupe d’âge

(résultat de sondage)

Nombre de répondants a (pourcentage) Diplôme

18-29 ans 30-44 ans 45-59 ans 60 ans et plus

Total

Sans diplôme 27 (84,4 %)

9 (81,8 %)

5 (55,6 %)

5 (83,3 %)

46 (79,3 %)

Diplôme d’études secondaires (DES)

3 (9,3 %)

0 1 (11,1 %)

0 4 (6,9 %)

Diplôme d’études professionnelles (DEP)

1 (3,1 %)

0 0 0 1 (1,7 %)

Autre diplôme 1 (3,1 %)

2 (18,2 %)

1 (11,1 %)

0 4 (13,5 %)

Aucune réponse 0 0 2 (22,2 %)

1 (1,7 %)

3 (5,2 %)

Total 32 11 9 6 58

a. Sondage mené auprès de la population de Pakua-shipi en novembre 2007.

Le tableau 4 montre que les hommes qui ont participé au sondage sont dans l’ensemble plus scolarisés que les femmes.

Tableau 4 : Taux de diplomation de la population de Pakua-shipi selon le sexe (résultat de sondage)

Nombre de répondants a (pourcentage) Diplôme

Hommes Femmes

Total

Sans diplôme 18 (66,6 %)

28 (90,0 %)

46 (79,3 %)

Diplôme d’études secondaires (DES) 2 (7,4 %)

2 (6,5 %)

4 (6,9 %)

Diplôme d’études professionnelles (DEP) 1 (3,7 %)

0 1 (1,7 %)

Autre diplôme 4 (14,8 %)

0 4 (13,5 %)

Aucune réponse 2 (7,4 %)

1 (3,2 %)

3 (5,2 %)

Total 27 31 58




On attribue en grande partie les retards et le décrochage scolaires à l’apprentissage dans une langue seconde (le français) ainsi qu’au manque de motivation des élèves, qui sont confrontés aux faibles perspectives économiques et aux problèmes sociaux dans la communauté. La consommation de drogues et d’alcool constitue un facteur aggravant de l’échec et de l’abandon scolaires, mais ce problème serait, au dire de nombreux informateurs, de moindre ampleur que dans les autres communautés innues. L’obligation de quitter le village pour terminer les études secondaires ou pour entreprendre des études postsecondaires grève aussi la persévérance scolaire des jeunes. Les informateurs soulignent que de nombreux jeunes souffrent d’isolement et sont peu encadrés lorsqu’ils étudient à l’extérieur, une situation à laquelle s’ajoutent souvent des problèmes financiers qui nuisent considérablement aux chances de réussite des étudiants.

Domaines d’étude et de formation

Les informations obtenues à Pakua-shipi sur les domaines d’étude et de formation des diplômés témoignent de la faible qualification des Innus. On ne compte que deux détenteurs d’attestation d’études collégiales (un en techniques policières et un en animation de loisirs), deux bacheliers en intervention psychosociale, un diplômé d’une formation professionnelle dans le domaine de la foresterie et un détenteur d’un certificat en leadership.

On dénombre par ailleurs plus d’une trentaine de personnes ayant reçu des formations d’appoint ou adaptées aux Innus. Ces formations, destinées à répondre aux besoins du marché du travail local, touchent des domaines aussi variés que l’assistance-guide en tourisme d’aventure (dix), la protection contre les incendies (dix), l’assistance familiale (sept), la pêche commerciale (cinq), l’éducation à l’enfance (cinq), la filtration d’eau potable (deux), l’entrepreneurship (un), la prospection minière (un) et la conciergerie (un).

L’intérêt des Innus pour la formation est par contre très élevé. Selon une étude récente commandée par l’ICEM et la CLPN (2007), 88 % des répondants (89) de Pakua-shipi se disaient intéressés à poursuivre une formation dans un proche avenir. Les secteurs les plus convoités sont la vente et les services (35 %), les métiers, le transport et la machinerie (25 %) ainsi que les affaires, les finances et l’administration (14 %).

Compte tenu des difficultés des Innus à poursuivre leurs études à l’extérieur de la communauté, le conseil de bande entend, dans la mesure du possible et selon les ressources financières disponibles, développer l’offre de cours dans le village. À cet égard, il privilégie des formations professionnelles qui permettront aux Innus de participer à des projets de développement régional, comme les travaux de prolon-gement de la route 138, mais aussi à l’aménagement de complexes hydroélectriques, comme celui de la rivière Romaine. Déjà, au printemps 2008, une formation en voirie



forestière sera offerte par le Centre de formation professionnelle de Forestville à une quinzaine d’Innus de Pakua-shipi.

2.7 Portrait de la main-d’œuvre

Occupation des personnes aptes au travail

Les personnes aptes au travail rassemblent tous les individus âgés de 18 à 64 ans (157), à l’exception des personnes jugées inaptes à occuper un emploi. Sont ici jugées aptes au travail les personnes qui n’ont aucune incapacité physique ou mentale, qui ne vivent aucune contrainte liée à leur situation familiale ou qui n’ont pas d’habitudes de vie (consommation excessive d’alcool ou de drogues, par exemple) les empêchant d’occuper un emploi ou de poursuivre des études. Selon les informations obtenues du Service de la main-d’œuvre, on estime qu’environ 140 Innus sont aptes au travail à Pakua-shipi.

Les résultats du sondage montrent que la population de 18 ans et plus vit un fort taux d’inoccupation. Près de la moitié (47 %) des répondants sont sans emploi, 21 % ont un emploi permanent, 19 % ont un emploi saisonnier ou temporaire et 7 % sont en formation. En appliquant les résultats du sondage à la population apte au travail, on estime que 66 personnes sont sans emploi, que 29 sont des travailleurs permanents, que 27 sont des travailleurs saisonniers ou temporaires et que 10 sont en formation. On doit cependant tenir compte du fait que le sondage a été effectué à la fin de l’automne, à une période où la plupart des travailleurs saisonniers sont au chômage.

On constate, à la lecture des résultats du sondage, que le sous-emploi est légèrement moins élevé (44 %) chez les 18-29 ans (voir le tableau 5). Les 45-59 ans présentent de leur côté la plus grande proportion de travailleurs qui occupent des emplois permanents (44 %), alors que les 18-29 ans montrent la plus grande proportion de travailleurs saisonniers ou temporaires (25 %).

Le tableau 6 révèle par ailleurs que les femmes (48 %) sont davantage touchées par le sous-emploi que les hommes (44 %), mais qu’elles bénéficient plus que les hommes d’emplois permanents (26 % contre 15 %). De leur côté, les hommes (26 %) sont plus nombreux que les femmes (13 %) à occuper un poste saisonnier ou temporaire.



Tableau 5 : Occupation de la population de Pakua-shipi selon le groupe d’âge (résultat de sondage)

Nombre de répondants a (pourcentage) Occupation

18-29 ans 30-44 ans 45-59 ans 60 ans et plus

Total

Sans travail 14 (43,8 %)

7 (63,6 %)

4 (44,4 %)

2 (33,3 %)

27 (46,6 %)

Emploi permanent 6 (18,8 %)

2 (18,1 %)

4 (44,4 %)

0 12

(20,7 %)

Emploi saisonnier ou temporaire 8 (25,0 %)

2 (18,1 %)

1 (11,1 %)

0 11

(19,0 %)

Formation 4 (12,5 %)

0 0 0 4

(6,9 %)

Retraité 0 0 0

4 (66,7 %)

4 (6,9 %)

Total 32 11 9 6 58


Tableau 6 : Occupation de la population de Pakua-shipi selon le sexe (résultat de sondage)

Nombre de répondants a (pourcentage) Occupation

Hommes Femmes

Total

Sans travail 12 (44,4 %)

15 (48,4 %)

27 (46,6 %)

Emploi permanent 4 (14,8 %)

8 (25,8 %)

12 (20,7 %)

Emploi saisonnier ou temporaire 7 (25,9 %)

4 (12,9 %)

11 (19,0 %)

Formation 2 (7,4 %)

2 (6,5 %)

4 (6,9 %)

Retraité 2 (7,4 %)

2 (6,5 %)

4 (6,9 %)

Total 27 31 58




Mobilité et expérience de travail

Les Innus de Pakua-shipi sont peu mobiles sur le marché du travail régional. Les informations obtenues du Service de la main-d’œuvre indiquent que très peu d’Innus vont chercher du travail à l’extérieur de la communauté. Si l’éloignement et l’absence de liens routiers freinent considérablement la mobilité de travailleurs, la faible qualification de la main-d’œuvre locale est un facteur déterminant qui empêche les Innus de se trouver un emploi sur le marché régional.

Le Service de la main-d’œuvre de Pakua-shipi indique en effet que ce sont généralement les membres les plus scolarisés qui quittent la communauté pour aller travailler dans des centres urbains comme Sept-Îles ou Québec. On recense très peu d’Innus de Pakua-shipi ayant travaillé dans le cadre de grands projets de développement. Les informations obtenues du Service de la main-d’œuvre indiquent que cinq bûcherons ont participé aux travaux de déboisement réalisés pour l’aménagement hydroélectrique du Lac-Robertson. Deux autres travailleurs ont aussi participé à la prospection effectuée pour le projet de développement minier de Voisey’s Bay, au Labrador.

Malgré le manque de qualification professionnelle, les Innus de Pakua-shipi ont cumulé diverses expériences de travail au sein de la communauté. Dans le secteur de la construction (voir le tableau 7), on recense près d’une trentaine d’ouvriers possédant de l’expérience comme menuisier ou manœuvre (quinze), opérateur d’équipement lourd (six), chauffeur de camion (six) et peintre-plâtrier (un). De ce nombre, aucun ne possède de certificat de compétence de la Commission de la construction du Québec (CCQ), mais six auraient cumulé suffisamment d’heures de travail (6 000) pour passer l’examen de qualification exigé pour obtenir un de ces certificats. Par ailleurs, dans le cadre de son plan d’action 2007-2008, le conseil de bande projette de former un ou plusieurs plombiers afin de répondre aux besoins de la communauté dans ce domaine.

L’étude a aussi permis de dénombrer 65 autres travailleurs possédant de l’expérience dans des domaines variés. On compte notamment des travailleurs forestiers, des assistants-guides en tourisme d’aventure, des pompiers volontaires, des assistantes familiales, des concierges et des pêcheurs commerciaux (voir le tableau 8).



Tableau 7 : Degré de formation des travailleurs de la construction de Pakua-shipi selon le métier

Domaine de travail Sans formation Sans formation mais avec

6 000 heures reconnues

Total

Menuisier ou manœuvre 15 0 15

Opérateur d’équipement lourd 1 5 6

Chauffeur de camion 6 0 6

Peintre-plâtrier 0 1 1

Total 22 6 28

Source : Services de la main-d’œuvre de Pakua-shipi.

Tableau 8 : Degré de formation des travailleurs de Pakua-shipi dans un domaine autre que la construction

Domaine de travail Sans formation Avec formation

sans diplôme

Titulaire de

DEP a Titulaire

d’AEC a Total

Foresterie 9 0 1 0 10

Assistance-guide en tourisme d’aventure

0 10 0 0 10

Protection contre les incendies

0 10 0 0 10

Assistance familiale 0 7 0 0 7

Conciergerie 5 1 0 0 6

Pêche commerciale 0 5 0 0 5

Secrétariat 5 0 0 0 5

Éducation à l’enfance 0 5 0 0 5

Filtration d’eau potable 0 2 0 0 2

Animation en loisirs 1 0 0 1 2

Techniques policières 0 0 0 1 1

Transport scolaire 1 0 0 0 1

Prospection minière 0 1 0 0 1

Total 21 41 1 2 65

a. DEP : diplôme d’études professionnelles. AEC : attestation d’études collégiales.

Source : Service de la main-d’œuvre de Pakua-shipi.



Intérêts des travailleurs innus à participer au chantier de la Romaine

De nombreuses personnes interrogées en groupe et par sondage ont manifesté de l’intérêt à se trouver un emploi au chantier du complexe de la Romaine. Ce sont 40 % des répondants qui aimeraient participer au projet, tandis que 32 % se disent très intéressés. Les représentants des 18-29 ans expriment un intérêt encore plus grand (66 %) et près de la moitié (47 %) sont très intéressés par les emplois qui seront offerts au chantier. On note par ailleurs que la majorité (57 %) des 14-17 ans n’a pas encore d’idée arrêtée sur ses intentions. Seulement 14 % affirment être intéressés par un emploi au chantier (voir le tableau 9).

Tableau 9 : Intérêt de la population de Pakua-shipi pour le travail au chantier du complexe de la Romaine

selon le groupe d’âge (résultat de sondage)

Nombre de répondants a (pourcentage) Intérêt

14-17 ans 18-29 ans 30-44 ans 45-59 ans 60 ans et plus

Total

Très intéressé 2 (14,3 %)

15 (46,9 %)

2 (18,2 %)

3 (33,3 %)

1 (16,7 %)

23 (32,0 %)

Assez intéressé 0 6 (18,8 %)

0 0 0 6 (8,3 %)

Peu intéressé 0 5 (15,7 %)

3 (27,3 %)

0 0 8 (11,1 %)

Pas intéressé 4 (28,6 %)

1 (3,1 %)

3 (27,3 %)

2 (22,2 %)

2 (33,3 %)

12 (16,7 %)

Aucune réponse ou ne sait pas

8 (57,1 %)

5 (15,7 %)

3 (27,3 %)

4 (44,4 %)

3 (50,0 %)

23 (31,9 %)

Total 14 32 11 9 6 72


Les hommes (56 %) sont beaucoup plus intéressés que les femmes (28 %) à participer à la construction du complexe de la Romaine. Il est probable que ce résultat s’explique en grande partie par les responsabilités familiales, en particulier la garde des enfants, plus largement assumées par les femmes. Il est possible aussi que le plus grand intérêt des hommes pour les emplois de la Romaine soit attribuable au fait qu’ils occupent davantage que les femmes des emplois saisonniers ou temporaires (voir le tableau 10).



Tableau 10 : Intérêt de la population de Pakua-shipi pour le travail au chantier du complexe de la Romaine

selon le sexe (résultat de sondage)


Hommes Femmes

Total

Très intéressé 16 (50,0 %)

7 (17,5 %)

23 (32,0 %)

Assez intéressé 2 (6,3 %)

4 (10,0 %)

6 (8,3 %)

Peu intéressé 2 (6,3 %)

6 (15,0 %)

8 (11,1 %)

Pas intéressé 7 (21,9 %)

5 (12,5 %)

12 (16,7 %)

Aucune réponse ou ne sait pas 5 (15,6 %)

18 (45 %)

23 (31,9 %)

Total 32 40 72


Parmi les emplois qui seront offerts dans le cadre du projet du complexe de la Romaine, ceux d’opérateurs d’équipement lourd sont les plus prisés par les Innus. Une douzaine de répondants (17 %) aimeraient occuper de tels emplois. Le Service de la main-d’œuvre est conscient qu’il sera difficile, voire impossible pour les travailleurs non qualifiés, de décrocher ces emplois. Il juge donc important que des mesures soient prises afin d’aider le plus rapidement possible les travailleurs intéressés à acquérir une formation professionnelle ou à passer l’examen de qualification de la CCQ.

Les gens de Pakua-shipi démontrent aussi de l’intérêt pour les postes de soutien qui n’exigent pas de certificat de compétence. On pense aux emplois dans les domaines de la restauration (10 % des répondants), de la conciergerie (8 %) et de la sécurité-gardiennage (3 %). Les gestionnaires locaux interrogés sur le sujet estiment que les entreprises devraient prioriser les Innus de la Moyenne-Côte-Nord et de la Basse-Côte-Nord dans le comblement des postes de soutien.

Il est intéressant de constater qu’un grand nombre d’Innus aimeraient poursuivre une formation, soit plus de la moitié (54 %) des répondants (voir le tableau 11). Chez les 18-29 ans, cette proportion atteint 84 %. Les hommes (69 %) présentent aussi un intérêt plus élevé que les femmes (43 %) (voir le tableau 12). Les formations les plus populaires touchent les mêmes domaines que les emplois convoités, soit l’opération d’équipement lourd, la restauration, l’entretien ménager et la sécurité-gardiennage.



Tableau 11 : Intérêt de la population de Pakua-shipi pour de la formation selon le groupe d’âge



14-17 ans 18-29 ans 30-44 ans 45-59 ans 60 ans et plus

Total

Oui 2 (14,3 %)

27 (84,4 %)

6 (54,5 %)

3 (33,3 %)

1 (16,7 %)

39 (54,2 %)

Non 1 (7,1 %)

0 2 (18,2 %)

0 0 3 (4,2 %)

Aucune réponse ou ne sait pas

11 (78,6 %)

5 (15,6 %)

3 (27,3 %)

6 (66,7 %)

5 (83,3 %)

30 (41,7 %)

Total 14 32 11 9 6 72


Tableau 12 : Intérêt de la population de Pakua-shipi pour de la formation selon le sexe



Hommes Femmes

Total

Oui 22 (68,8 %)

17 (42,5 %)

39 (54,2 %)

Non 1 (3,1 %)

2 (5,0 %)

3 (4,2 %)

Aucune réponse ou ne sait pas 9 (28,1 %)

21 (52,5 %)

30 (41,7 %)

Total 32 40 72


2.8 Activités économiques

Les activités économiques à Pakua-shipi se concentrent essentiellement dans les secteurs de l’enseignement, de l’administration publique, de la construction, des soins de santé, de l’artisanat et des services commerciaux (hôtellerie et dépanneur). Unique employeur à Pakua-shipi, le conseil de bande représente 47 emplois permanents, auxquels s’ajoutent 28 emplois saisonniers ou temporaires. Les deux tiers (51) de tous les emplois sont occupés par des travailleurs de la communauté, le reste l’étant par des Innus d’autres bandes et par des non-autochtones (voir le tableau 13).



Tableau 13 : Nombre d’employés du conseil de bande de Pakua-shipi par secteur d’activité – 2007

Secteur d’activité Employés de Pakua-shipi Employés de l’extérieur Total

Éducation 8 12 20

Administration du conseil de bande 10 6 16

Construction 10 1 11

Soins de santé 5 4 9

Artisanat 6 0 6

Services de garde 5 0 5

Dépanneur 4 0 4

Sécurité publique 1 1 2

Hôtellerie 2 0 2

Total 51 24 75

Source : Conseil des Innus de Pakua-shipi, 2007.

Le secteur de la construction touche principalement la construction domiciliaire. Plus d’une vingtaine de travailleurs de la communauté ont de l’expérience dans ce domaine et sont embauchés sur rotation en fonction des mises en chantier. Ils travaillent comme manœuvres, menuisiers et peintres-plâtriers, sous la supervision d’un contremaître non autochtone de Saint-Augustin. Pour les travaux de plomberie et d’électricité, le conseil de bande fait appel à des entrepreneurs généraux de l’extérieur.

Il faut enfin noter que le piégeage est une source de revenus marginale à Pakua-shipi. En 2002-2003, la valeur des peaux vendues s’élevait à 3 135 $ (Québec, MRNFP, 2004).

2.9 Projets et perspectives de développement

La priorité du conseil de bande de Pakua-shipi est de redresser sa situation financière. L’accumulation de dettes hypothèque actuellement la capacité du conseil, unique agent économique à Pakua-shipi, d’investir dans le développement économique local. S’il parvient à rétablir sa situation financière, il compte agrandir l’hôtellerie, ouvrir un restaurant et construire un garage. Il étudie également les possibilités de développer le secteur du tourisme d’aventure.

Sur la scène régionale, le conseil de bande est actif au sein du Regroupement de la Basse-Côte-Nord[1] pour le développement de liens routiers entre Kegaska et Vieux-Fort. Dans le secteur de l’exploitation forestière, Pakua-shipi discute avec la société Foresterie BCN de Saint-Augustin dans le but d’établir un partenariat d’affaires. [1] Le regroupement est constitué des municipalités de Gros-Mécatina, de Saint-Augustin, de Bonne-Espérance, de Blanc-Sablon

et de Côte-Nord-du-Golfe-du-Saint-Laurent ainsi que des communautés d’Unaman-shipu et de Pakua-shipi.



2.10 Synthèse des enjeux socioéconomiques

La nature des enjeux socioéconomiques de Pakua-shipi est comparable à celle des autres communautés qui ont participé à l’étude d’impact. Les enjeux varient toutefois en intensité compte tenu de la taille de la population et de son isolement géographique. Les enjeux socioéconomiques concernent le développement économique et la création d’emplois, l’éducation et la qualification de la main-d’œuvre, l’amélioration des relations communautaires, l’accès au logement et aux équipements communautaires, la réduction des problèmes de santé ainsi que la préservation de la culture innue.

Sur le plan du développement économique et de la création d’emplois, Pakua-shipi est confrontée à trois défis majeurs. D’abord, le conseil de bande, unique agent économique local, doit assainir sa situation financière afin de rétablir sa capacité à intervenir dans l’économie locale. De plus, la réduction de la dépendance de la communauté envers les transferts gouvernementaux permettrait de dégager des marges budgétaires suffisantes pour investir dans des projets de développement. On devra enfin développer de nouveaux marchés et soutenir l’émergence d’entrepreneurs privés, notamment dans les secteurs des ressources naturelles, du tourisme et du commerce.

L’amélioration de l’éducation et de la qualification de la main-d’œuvre est devenue un enjeu majeur dans un contexte de saturation de la création d’emplois au conseil de bande. Au cours des prochaines années, les emplois qui s’offriront aux jeunes Innus exigeront une meilleure qualification professionnelle, notamment sur le marché du travail régional. L’amélioration de la persévérance scolaire, la hausse du taux de diplomation et l’accès à la formation professionnelle et technique sont des défis auxquels devront s’attaquer les principaux intervenants dans ce domaine. L’adap-tation des programmes éducatifs aux besoins des jeunes Innus, une plus grande participation des parents à la réussite scolaire des enfants, une meilleure stabilité du corps enseignant, l’accroissement du soutien aux étudiants à l’extérieur de la communauté, l’orientation professionnelle des jeunes et l’offre de formations professionnelles à Pakua-shipi sont autant d’avenues qui permettraient d’améliorer l’éducation et la qualification de la main-d’œuvre innue.

L’amélioration des relations communautaires compte parmi les défis à relever. La plupart des informateurs rencontrés disent que la montée de l’individualisme, la formation de factions politiques et les problèmes de consommation d’alcool et de drogues ont contribué à miner la cohésion sociale au cours des quinze dernières années. Pour améliorer la situation, le conseil de bande entend mobiliser la population autour des orientations de gestion et de développement de la communauté.

La pénurie de logements à Pakua-shipi accentue les tensions sociales. La construction d’un plus grand nombre d’habitations répondrait à un besoin urgent de la population, en particulier les ménages multigénérationnels ou multifamiliaux. L’ajout d’équi-



pements sportifs et de loisirs contribuerait aussi à améliorer la qualité de vie des Innus. La hausse de l’activité physique et des activités sociales entraînerait probablement une baisse de l’oisiveté et de comportements plus destructeurs, comme la consommation abusive d’alcool et de drogues. En plus de favoriser l’adoption d’habitudes de vie plus saines, ces équipements contribueront à l’atténuation des problèmes sociaux et de santé.

L’état de santé général de la population, en ce qui concerne particulièrement le diabète, les problèmes cardiovasculaires et l’obésité, bénéficierait d’une amélioration des habitudes de vie, c’est-à-dire l’adoption d’une saine alimentation et la pratique d’activités physiques. Un plus grand accès aux services de professionnels de la santé contribuerait aussi à améliorer la situation.

Enfin, les Innus ont des difficultés à concilier le mode de vie moderne et la préservation de la culture autochtone. Le maintien de la langue et des activités liées au territoire, notamment la pêche et la chasse, est considéré par les Innus comme un enjeu important. Le mode de vie dans la communauté rend de plus en plus difficile la pratique des activités sur le territoire en raison principalement des contingences de temps ou d’argent. Pour améliorer l’accès au territoire, nombreux sont ceux qui suggèrent l’augmentation du soutien financier aux utilisateurs. Les aînés sont particulièrement préoccupés par la conservation de la culture. Ils réclament auprès des autorités un lieu qui leur permettrait de préparer les peaux d’animaux et de fabriquer des canots et des raquettes, par exemple. Ce lieu favoriserait également la transmission des connaissances ancestrales. Dans le même ordre d’idées, ils souhaitent le maintien de l’artisanat des femmes, de l’organisation de soupers communautaires et de rassemblements interbandes.

2.11 Attentes et préoccupations des Innus envers le projet

Depuis cette enquête, Hydro-Québec a organisé trois ateliers d’information à Pakua-shipi, répondant ainsi à des préoccupations et à des attentes exprimées par les représentants du conseil de bande. Ces ateliers portaient sur les sujets suivants :

• principales caractéristiques du projet ; • emplois aux chantiers du complexe ; • impacts et mesures d’atténuation liés à la faune terrestre et aux poissons (y compris

l’augmentation du mercure dans la chair des poissons des réservoirs projetés), à la végétation et aux habitats fauniques.

Hydro-Québec verra à donner suite aux demandes ultérieures du conseil de bande pour la tenue d’ateliers d’information à Pakua-shipi.

La majorité des informateurs et des répondants au sondage peinent à exprimer leurs opinions sur le sujet. Il est prioritaire pour la majorité des informateurs et des



répondants au sondage qu’Hydro-Québec et le conseil de bande diffusent toutes les informations pertinentes sur le projet et ses impacts.

Retombées économiques

Près des deux tiers (63 %) des répondants n’ont pas exprimé d’opinion sur les impacts positifs ou négatifs du projet. Des quinze répondants (21 %) qui anticipent des impacts positifs, treize (19 %) ont à l’esprit la création d’emplois et le développement économique. Seulement neuf (13 %) et huit (11 %) croient que le projet aura un impact important sur le développement économique et sur la création d’emplois, respectivement. Ils sont aussi peu nombreux (six répondants ou 8 %) à penser que le projet améliorera de beaucoup la qualification des travailleurs, contre quatorze (19 %) qui estiment qu’il l’améliorera un peu.

La plupart des informateurs sont peu optimistes quant aux chances des Innus de Pakua-shipi de profiter des retombées économiques du projet. Plusieurs donnent en exemple l’aménagement hydroélectrique du Lac-Robertson pour expliquer leurs perceptions. Ils croient que les Innus seront marginalisés et ne recevront pas leur juste part des retombées. Plusieurs (48 répondants ou 67 %) pensent aussi que l’éloignement du village et de la famille ainsi que les difficultés de transport freineront la participation des Innus au projet. Parmi les autres facteurs pouvant empêcher l’intégration des travailleurs autochtones, onze répondants (15 %) mentionnent le manque de qualification de la main-d’œuvre.

Malgré leurs perceptions plutôt négatives de leurs chances de participer au projet du complexe de la Romaine, une forte proportion d’Innus (40 %) est très intéressée à travailler à ce chantier. Une proportion encore plus élevée (54 %) aimerait bénéficier d’une formation. Selon plusieurs informateurs, l’augmentation du niveau d’activité économique et du revenu des travailleurs pourrait avoir des incidences positives, comme la diminution de la violence et de la consommation d’alcool et de drogues, des phénomènes souvent engendrés par le manque d’occupation et de perspectives d’avenir.

Les Innus sont conscients des obstacles qui se dresseront devant les travailleurs qui voudront intégrer le chantier de la Romaine. Ils espèrent en conséquence qu’ils auront accès à des formations et que des mesures de préparation et de soutien leur seront offertes. Les travailleurs de la construction craignent particulièrement qu’il soit difficile d’obtenir des certificats de compétence délivrés par la CCQ, et ils aimeraient bénéficier d’une exemption ou de soutien pour en obtenir un. Afin de se préparer à occuper les emplois au chantier, les Innus veulent être informés de la nature et de la durée des emplois disponibles, des conditions de travail et de vie au chantier ainsi que des compétences exigées.



Les Innus espèrent aussi que les retombées économiques serviront à différents projets de développement locaux. Plusieurs informateurs de Pakua-shipi espèrent que ces retombées serviront à assainir la situation financière du conseil de bande. Ils comptent aussi sur elles pour la construction de logements et d’infrastructures communautaires. On espère qu’il y aura création d’emplois dans le village pour ceux qui n’iront pas travailler au chantier de la Romaine. On s’accorde enfin pour dire que les retombées économiques du projet devront en partie servir à accroître l’aide financière destinée aux utilisateurs du territoire. La population insiste pour que la gestion des retombées soit faite avec la plus grande transparence, qu’elles servent à financer des projets qui répondent aux besoins de la population et qu’elles s’échelonnent sur plusieurs années.

Environnement et utilisation du territoire

Même si les Innus de Pakua-shipi ne fréquentent pas la région touchée par le projet du complexe de la Romaine, les impacts sur Nitassinan nourrissent dans la communauté un questionnement sur la nécessité de ce projet. Les gens de Pakua-shipi sont préoccupés par les impacts sur la faune, sur la flore et sur le territoire. Des 21 répondants (29 %) qui appréhendent des impacts négatifs, 16 (22 %) craignent la destruction du territoire et des habitats fauniques, la diminution de l’accès au territoire ainsi que la baisse des populations animales et des activités de récolte faunique. Les informateurs interrogés dans le cadre du volet de l’étude sur le savoir innu s’inquiètent des impacts du projet sur la qualité de l’eau et des espèces aquatiques. Ils appréhendent une diminution des populations de poissons dans les réservoirs projetés et craignent une contamination de leur chair par le mercure. Ils affirment cependant que les impacts sur la faune terrestre seront de moindre envergure en raison de la capacité des animaux à se déplacer vers des secteurs qui ne seront pas ennoyés.

En ce qui a trait aux impacts sur Nitassinan, la population veut être informée de l’évolution des travaux à chaque étape de réalisation du projet. Il a été proposé qu’un responsable local organise, par exemple, des assemblées publiques sur des sujets qui préoccupent et intéressent les Innus. Ils veulent entre autres connaître les impacts du projet sur le saumon et le déroulement des travaux de déboisement.

Aspects sociaux

Les Innus sont aussi préoccupés par les répercussions du projet sur les relations communautaires. On craint notamment que les retombées du projet ne soient pas distribuées avec équité, ce qui aurait comme conséquence de nourrir les tensions existantes entre les factions politiques. D’autres ont peur que les travailleurs peinent à s’adapter à leurs nouvelles conditions, entraînant pour certains des difficultés familiales ou des abus d’alcool ou de drogues. Dans ces cas précis, on espère que les travailleurs et leurs familles pourront bénéficier d’un soutien particulier.



On note enfin que des informateurs ont exprimé leur intérêt pour qu’une partie des retombées du projet soit utilisée pour soutenir des projets réalisés conjointement par les communautés innues. On pense, entre autres, à des initiatives visant la préser-vation de la langue et de la culture.


Chapitre 3 – Bibliographie 33

3 Bibliographie

Canada, Ministère de la Santé. 2006. Rapport annuel sur la morbidité. Montréal, Santé Canada.

Canada, Ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien (MAINC). 2006. Registre des Indiens inscrits. Gatineau, MAINC, Direction générale de la gestion de l’information.

Clément, D. 2007. Le savoir innu relatif à la Unaman-shipu. Préparé pour Hydro-Québec Équipement. 186 p. et ann.

Deschênes, J.-G. 1983. Recherche sur l’occupation et l’utilisation du territoire : Saint-Augustin. Wendake, Conseil Atikamekw-Montagnais.

Hydro-Québec. 2007. Complexe de la Romaine. Étude d’impact sur l’environnement. Vol. 6 : Milieu humain – Communautés innues et archéologie. Montréal, Hydro-Québec.

Institut culturel et éducatif montagnais (ICEM) et Commission locale des Premières Nations (CLPN) de Betsiamites, d’Uashat mak Mani-Utenam et de la Côte-Nord. 2007. Portrait académique, professionnel et vocationnel des Innus. Sept-Îles, ICEM et CLPN. 59 p.

Québec (gouvernement). 2006. « Le gouvernement du Québec entend investir 100 millions de dollars pour développer des liens routiers sur la Basse-Côte-Nord ». En ligne : [www.premier-ministre.gouv.qc.ca/salle-de-presse/communiques/2006/aout/ com20060824a.shtml]

Québec, Ministère des Ressources naturelles, de la Faune et des Parcs (MRNFP). 2004. Données sur l’exploitation commerciale des animaux à fourrure sauvages au Québec de 1917 à 2003. Québec, MRNFP, Direction du développement de la faune.

Statistique Canada. 2007. Profil des communautés. Données du recensement de 2006. En ligne : [www.statcan.ca].

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