COMPARATIF LE MATCH DES 7,50 M Un choc de ... - … · même remonter le cours de l’histoire...

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Ikone 7.50 Seascape 24 Django 7.70 First 25 NOS VOILIERS DE 7,50 M EN CHIFFRES Seascape 24 Ikone 7.50 First 25 Django 7.70 Longueur de coque 7,30 m 7,50 m 7,50 m 7,70 m Longueur flottaison 7,30 m 7,50 m 7,35 m 7,68 m Largeur 2,50 m 3 m 2,75 m 3 m Tirants d’eau 0,30/1,90 m 1,20 m 0,85/1,85 m 1,20 m Lest 320 kg 2 x 430 kg 620 kg 780 kg Déplacement 890 kg 1 950 kg 2 150 kg 1 650 kg SV au près 42 m 2 36 m 2 38,50 m 2 45 m 2 Génois 17 m 2 - 15 m 2 20 m 2 GV 25 m 2 36 m 2 23,50 m 2 25 m 2 Moteur standard HB Yanmar 14 ch Yanmar 14 ch HB Matériau coque sandwich verre/PVC sand. verre/feutre strat. verre/polyester sandwich verre/feutre Construction infusion infusion, pont verre/PVC au contact infusion, pont verre/PVC Architecte Samuel Manuard Julien Marin Groupe Finot Pierre Rolland Constructeur Seascape Distribution Espace VAG Bénéteau Marée Haute Haut. sb carré 1,38/1,28 m 1,91/1,83 m 1,77/1,63 m 1,67 m Haut. sb toilettes - 1,81 m 1,54 m - Couchettes carré 1,90 x 1 m 2,10 x 0,67 m 1,57 x 0,47 m 1,70 x 0,60 m Couchettes avant 2,53 x 1,60 m 1,94 x 1,94 m 2 x 1,57 m 1,95 x 1,60 m Couchette arrière - 2,10 x 1,10 m - 1,86 x 0,90 m Table à cartes - - 0,54 x 0,93 m 0,60 x 0,50 m Table repas - 1,20 x 0,60 m 1,17 x 0,80 m 1,17 x 0,83 m Prix 52 320 € avec voiles Pentex et espars carbone 62 500 € avec voile, sans moteur 55 080 € avec voiles 61 437 € sans voiles ni moteur Contact 06 81 18 14 14 02 98 97 22 02 www.beneteau.com 02 98 56 56 03 66 SEPTEMBRE 2016 VOILE MAGAZINE VOILE MAGAZINE • SEPTEMBRE 2016 67 ESSAI COMPARATIF Vingt ans d’écart en conception et un éventail de programmes allant de la balade à la croisière hauturière... Ces quatre bateaux ont beaucoup à nous apprendre. Texte et photos : Bernard Rubinstein et F.-X. de Crécy Un choc de générations LE MATCH DES 7,50 M IL Y A QUELQUES ANNEES, on disait volontiers des petits bateaux qu’ils étaient les grands oubliés, les parents pauvres des catalogues des chantiers. Ce n’est plus tout à fait vrai. Si les chantiers de grande production se sont retirés de ce créneau, à l’exception de Bénéteau qui fait de la résistance avec le First 25 ici présent, les petits chantiers français et étrangers s’engouffrent désormais dans la brèche avec un certain succès. Le Django 7.70, Voilier de l’Année 2011 aujourd’hui diffusé à 52 unités, illustre bien ce grand retour des petits bateaux. Le succès des Maxus polonais en France est un autre exemple. Du coup, les lancements se succèdent : après l’Ikone 7.50, élu Voilier de l’année 2016 en septembre dernier, voici venir le Seascape 24 du meilleur cru... Il n’en fallait pas plus pour nous convaincre de rassembler sur l’eau ce qui se fait de mieux sur 7,50 m de coque. D’autant que l’audace des concepteurs et la diversité des gréements et appendices proposés rendent l’exercice des plus attrayants. Marconi, avec ou sans grand-voile à corne, cat boat, biquille, quille relevable... On trouve de tout pour nos quatre bateaux, et la confrontation s’avère d’autant plus intéressante. LE CAT BOAT, UNE SACREE BONNE IDEE Prenons la singularité la plus évidente, celle du cat boat adopté par l’Ikone 7.50. Une solution innovante, qui suscite parfois la méfiance des acheteurs. A tort ! Nous en avons eu la preuve sur l’eau. S’il rend 10° de cap à la plupart de ses concurrents au près – ce qui ne semble pas rédhibitoire en croisière –, il leur tient la dragée haute quand il s’agit de descendre le vent. Aux angles proches du vent arrière, même le Seascape a du mal à le rattraper ! Soyons honnêtes, nous pensions qu’il n’y aurait même pas de match entre ces deux-là en termes de performances... Aux allures plus serrées, le Seascape affiche d’ailleurs sans surprise sa supériorité sur les trois autres bateaux. Il est vrai qu’il se situe sur un créneau différent, celui des « week-enders », c’est-à- dire des bateaux sur lesquels on ne passe pas plus de deux ou trois nuits en mode communautaire, et en vivant assis. Entre le raid et la croisière en somme... mais quel pied à la barre ! En fait ce petit nouveau, présenté par le chantier slovène au dernier salon de Düsseldorf, serait à placer dans la lignée du Surprise, du J/80, voire face au Kerkena 7.6 ou au Fareast 26 dans les bateaux plus récents. Ce qui est sûr, c’est que la conception de ce plan Sam Manuard relève du sans-faute. Performant et élégant tout en restant simple et bien placé en prix, transportable, on peut sans grand risque lui prédire une belle carrière. Du côté des vrais croiseurs en revanche, il y a match. Entre les anciens et les modernes d’abord, avec le First 25 dans le rôle de la référence indéboulonnable. Une référence au pedigree glorieux, puisqu’il est directement issu du First 21.7 et du 260 avant lui, de telle sorte qu’en dépit de sa grand-voile à corne, on peut affirmer sans erreur que sa conception remonte à 1995. A en croire Jean-Marie Finot, son architecte avec Pascal Conq, on peut même remonter le cours de l’histoire jusqu’à l’Ecume de Mer, qui promettait déjà de belles croisières en 7,50 m. La taille idéale selon Finot, celle qui permet de caser tous les aménagements et le volume nécessaires au confort sans s’encombrer d’un gros bateau. Sa taille préférée en tout cas en tant qu’architecte, et à bord du First 25 on sent qu’il s’est effectivement fait plaisir en offrant tous les attributs d’un grand bateau, de la cuisine au cabinet de toilette, à un petit. Reste que le First 25, malgré son caractère marin, son cockpit aux proportions parfaites pour se caler quelle que soit la gîte, prend un petit coup de vieux face à des nouveautés aussi innovantes que l’Ikone déjà évoqué, avec son incroyable volume intérieur, et même face au Django 7.70. Le Voilier de l’année 2011 offre peut-être un peu moins de confort, mais sa carène et son plan de pont beaucoup plus actuels permettent de prendre davantage de plaisir à la barre et à la manœuvre. Un biquille Le Seascape a dû lofer pour rattraper l’Ikone, qui lui tenait la dragée haute au vent arrière.

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Ikone 7.50 Seascape 24Django 7.70

First 25

NOS VOILIERS DE 7,50 M EN CHIFFRESSeascape 24 Ikone 7.50 First 25 Django 7.70

Longueur de coque 7,30 m 7,50 m 7,50 m 7,70 mLongueur flottaison 7,30 m 7,50 m 7,35 m 7,68 mLargeur 2,50 m 3 m 2,75 m 3 mTirants d’eau 0,30/1,90 m 1,20 m 0,85/1,85 m 1,20 mLest 320 kg 2 x 430 kg 620 kg 780 kgDéplacement 890 kg 1 950 kg 2 150 kg 1 650 kgSV au près 42 m2 36 m2 38,50 m2 45 m2

Génois 17 m2 - 15 m2 20 m2

GV 25 m2 36 m2 23,50 m2 25 m2

Moteur standard HB Yanmar 14 ch Yanmar 14 ch HBMatériau coque sandwich verre/PVC sand. verre/feutre strat. verre/polyester sandwich verre/feutreConstruction infusion infusion, pont verre/PVC au contact infusion, pont verre/PVCArchitecte Samuel Manuard Julien Marin Groupe Finot Pierre Rolland Constructeur Seascape Distribution Espace VAG Bénéteau Marée HauteHaut. sb carré 1,38/1,28 m 1,91/1,83 m 1,77/1,63 m 1,67 mHaut. sb toilettes - 1,81 m 1,54 m -Couchettes carré 1,90 x 1 m 2,10 x 0,67 m 1,57 x 0,47 m 1,70 x 0,60 mCouchettes avant 2,53 x 1,60 m 1,94 x 1,94 m 2 x 1,57 m 1,95 x 1,60 mCouchette arrière - 2,10 x 1,10 m - 1,86 x 0,90 mTable à cartes - - 0,54 x 0,93 m 0,60 x 0,50 mTable repas - 1,20 x 0,60 m 1,17 x 0,80 m 1,17 x 0,83 m

Prix 52 320 € avec voiles Pentex et espars carbone

62 500 € avec voile, sans moteur

55 080 € avec voiles

61 437 € sans voiles ni moteur

Contact 06 81 18 14 14 02 98 97 22 02 www.beneteau.com 02 98 56 56 03

66 SEPTEMBRE 2016 • VOILE MAGAZINE VOILE MAGAZINE • SEPTEMBRE 2016 67

ESSAICOMPARATIF

Vingt ans d’écart en conception et un éventail de programmes allant de la balade à la croisière hauturière... Ces quatre bateaux ont beaucoup à nous apprendre.Texte et photos : Bernard Rubinstein et F.-X. de Crécy

Un choc de générations

LE MATCH DES 7,50 M

IL Y A QUELQUES ANNEES, on disait volontiers des petits bateaux qu’ils étaient les grands oubliés, les parents pauvres des catalogues des chantiers. Ce n’est plus tout à fait vrai. Si les chantiers de grande production se sont retirés de ce créneau, à l’exception de Bénéteau qui fait de la résistance avec le First 25 ici présent, les petits chantiers français et étrangers s’engouffrent désormais dans la brèche avec un certain succès. Le Django 7.70, Voilier de l’Année 2011 aujourd’hui diffusé à 52 unités, illustre bien ce grand retour des petits bateaux. Le succès

des Maxus polonais en France est un autre exemple. Du coup, les lancements se succèdent : après l’Ikone 7.50, élu Voilier de l’année 2016 en septembre dernier, voici venir le Seascape 24 du meilleur cru... Il n’en fallait pas plus pour nous convaincre de rassembler sur l’eau ce qui se fait de mieux sur 7,50 m de coque. D’autant que l’audace des concepteurs et la diversité des gréements et appendices proposés rendent l’exercice des plus attrayants. Marconi, avec ou sans grand-voile à corne, cat boat, biquille, quille relevable... On trouve de tout pour nos quatre bateaux, et la confrontation s’avère d’autant plus intéressante.

LE CAT BOAT, UNE SACREE BONNE IDEE

Prenons la singularité la plus évidente, celle du cat boat adopté par l’Ikone 7.50. Une solution innovante, qui suscite parfois la méfiance des acheteurs. A tort ! Nous en avons eu la preuve sur l’eau. S’il rend 10° de cap à la plupart de ses concurrents au près – ce qui ne semble pas rédhibitoire en croisière –, il leur tient la dragée haute quand il s’agit de descendre le vent. Aux angles proches du vent arrière, même le Seascape a du mal à le rattraper ! Soyons honnêtes, nous pensions qu’il n’y aurait même pas de match entre ces deux-là en termes de performances... Aux allures plus serrées, le Seascape affiche d’ailleurs sans surprise sa supériorité sur les trois autres bateaux. Il est vrai qu’il se situe sur un créneau différent, celui des « week-enders », c’est-à-dire des bateaux sur lesquels on ne passe pas plus de deux ou trois nuits en mode

communautaire, et en vivant assis. Entre le raid et la croisière en somme... mais quel pied à la barre ! En fait ce petit nouveau, présenté par le chantier slovène au dernier salon de Düsseldorf, serait à placer dans la lignée du Surprise, du J/80, voire face au Kerkena 7.6 ou au Fareast 26 dans les bateaux plus récents. Ce qui est sûr, c’est que la conception de ce plan Sam Manuard relève du sans-faute. Performant et élégant tout en restant simple et bien placé en prix, transportable, on peut sans grand risque lui prédire une belle carrière. Du côté des vrais croiseurs en revanche, il y a match. Entre les anciens et les modernes d’abord, avec le First 25 dans le rôle de la référence indéboulonnable. Une référence au pedigree glorieux, puisqu’il est directement issu du First 21.7 et du 260 avant lui, de telle sorte qu’en dépit de sa grand-voile à corne, on peut affirmer sans erreur que sa conception remonte à 1995. A en croire Jean-Marie Finot, son architecte avec Pascal Conq, on peut

même remonter le cours de l’histoire jusqu’à l’Ecume de Mer, qui promettait déjà de belles croisières en 7,50 m. La taille idéale selon Finot, celle qui permet de caser tous les aménagements et le volume nécessaires au confort sans s’encombrer d’un gros bateau. Sa taille préférée en tout cas en tant qu’architecte, et à bord du First 25 on sent qu’il s’est effectivement fait plaisir en offrant tous les attributs d’un grand bateau, de la cuisine au cabinet de toilette, à un petit. Reste que le First 25, malgré son caractère marin, son cockpit aux proportions parfaites pour se caler quelle que soit la gîte, prend un petit coup de vieux face à des nouveautés aussi innovantes que l’Ikone déjà évoqué, avec son incroyable volume intérieur, et même face au Django 7.70. Le Voilier de l’année 2011 offre peut-être un peu moins de confort, mais sa carène et son plan de pont beaucoup plus actuels permettent de prendre davantage de plaisir à la barre et à la manœuvre. Un biquille

Le Seascape a dû lofer pour rattraper l’Ikone, qui lui tenait la dragée haute au vent arrière.

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Bord à bord à Roscanvel, rade de Brest, trois 7,50 m et trois équipages au top !

Cockpits : les anciens et les modernes

Intérieurs : de la balade à la croisière

Grâce aux petits renvois bien placés autour du piano, deux winches suffisent à manœuvrer le Seascape. Simple et efficace, à l’image du cockpit.

La hauteur est limitée, mais la surface matelassée impressionnante ; on dort bien sur le Seascape. On peut monter une table sur le puits de quille.

Un cockpit bien protégé de la mer et des winches rentrés qui permettent d’embraquer dans la meilleure position possible. C’est confortable et sûr.

Vraie cuisine, vrai cabinet de toilette... et un volume digne d’un grand ! L’absence d’épontille dans le carré contribue à la sensation d’espace.

Très classique, très efficace avec ces poignées de coffres qui font aussi office de cale-pieds. C’est également le seul cockpit entièrement fermé.

Si vous restez attaché aux boiseries dans le carré, pas de doute, c’est sur le First 25 qu’il faut embarquer. Et le côté cloisonné a aussi du bon...

Les bancs s’arrêtent là où commence la zone de manœuvre arrière, dévolue principalement au barreur qui a la main sur les réglages de GV.

Avec son carré surélevé, le Django serait un peu le chaînon manquant entre le First et l’Ikone. Avec en prime un sacré volume de rangement.

Seascape 24

Seascape 24

Ikone 7.50

Ikone 7.50

First 25

First 25

Django 7.70

Django 7.70

VOILE MAGAZINE • SEPTEMBRE 2016 69 68 SEPTEMBRE 2016 • VOILE MAGAZINE

ESSAI COMPARATIF

qui échoue et qui plane, c’était déjà assez révolutionnaire il y a cinq ans. Ça reste très attrayant aujourd’hui... Le Django a en outre un vrai caractère hauturier. Paradoxalement, ce côté sportif, masculin, est aussi sa limite. Surtout par rapport à un bateau comme l’Ikone 7.50 qui joue la mixité... des programmes. Avec son volume et sa luminosité, il convient parfaitement à une petite famille ou à un couple relativement âgé, tout en permettant au plus voileux des deux de sortir en solo à la voile.

DEUX JOURS DE CABOTAGE EN FLOTTE

Deux jours de balade en rade de Brest suffisent à mettre en évidence ces différents traits de caractère. Que ce soit pour le déjeuner au mouillage à Roscanvel ou pour le dîner à l’Auberlac’h, les équipages se réunissent spontanément sur l’Ikone, et ce n’est certainement pas un hasard. Il est vrai que le Django, qui naviguait en mode « famille », se tenait un peu à l’écart. Pour la nuit, le First 25 avait la cote avec ses cabines séparées. Les deux autres croiseurs n’étant pas compartimentés, ses équipiers étaient réveillés plus tôt. En navigation, on l’a dit, c’est le Seascape qui menait la danse... Les écarts entre les trois autres n’étaient généralement pas monstrueux, ce qui est d’ailleurs tout à l’honneur du First 25 dont la grand-voile à corne semblait très efficace dans les petits airs. Si on avait eu de la brise, le Django aurait sans doute tiré parti de son aptitude au planing. Le 7.70 qui s’est joint à notre comparatif était un biquille, comme l’immense majorité des Django, mais il est aussi proposé en quillard et en quille relevable (pour 3 820 € de plus).

Sur le Seascape, Sébastien avait une façon bien à lui de lover (1) et stocker les écoutes de génois. Placée autour de son coinceur (2), l’écoute bloquée par son dormant (3) peut être libérée en un instant. Super pratique.

L’ECOUTE VITE LOVEELe First, l’Ikone et le Seascape, quant à eux, ne sont proposés que dans la version présentée ici, à savoir quille pivotante, et biquille pour l’Ikone. Côté tarif, le First 25 se signale par son excellent rapport qualité/prix. En fait, il coûte sensiblement le même prix que le Seascape 24, mais avec une tout autre aptitude à la croisière et de vrais aménagements en bois. Avec le Seascape, on en a néanmoins pour son argent, sur des critères davantage axés sur la performance et le plaisir de barre. C’est tout le mérite du chantier slovène d’avoir su développer ce joli bateau sans abuser des matériaux haut de gamme... et donc en tenant son tarif. Le Seascape 24 est néanmoins le seul de nos quatre bateaux à être construit intégralement en sandwich verre/PVC, c’est-à-dire avec une âme en mousse. Ce sandwich est mis en œuvre en infusion, tout comme pour l’Ikone et le Django. Mais ces deux derniers combinent le verre/feutre pour la coque et le verre/PVC pour le pont. L’Ikone joue même la sécurité avec des fonds en monolithique, réputés plus robustes. Le First 25, quant à lui, est entièrement construit en stratifié de verre monolithique. Ce qui contribue à expliquer son tarif attrayant – presque 10 000 € de moins que l’Ikone et le Django, quand même...Au final, on retient la diversité de l’offre sur cette taille de bateau, et on s’en félicite ! Ou plutôt on félicite ces petits chantiers qui osent et qui innovent. Très attendu, le Seascape ne déçoit pas, il est déjà parfaitement abouti et va se faire une place sur le marché. Le Django confirme tout le bien qu’on pensait de lui en 2011, tandis que l’Ikone 7.50, avec son volume stupéfiant et son gréement de cat boat étonnamment performant, assume parfaitement son statut de Voilier de l’année. C’est sûr, les petits croiseurs sont de retour !

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LE GRAND FRERE du Seascape 18 joue sur le même registre, la régate, mais avec toujours cette porte ouverte sur la croisière côtière. Une double vocation intelligemment déclinée par le constructeur slovène qui a su concevoir un bateau rapide, très simple à manœuvrer et jouissif à barrer. Très sain dans ses réactions, le Seascape accélère en restant docile et sensible à la barre, un régal ! L’essentiel des manœuvres courantes arrive au piano situé sur la descente. Les deux winches complétés par des champignons et des bloqueurs permettent de tout faire facilement, y compris d’intervenir sur le bout-dehors en carbone du spi asymétrique prévu pour être rentré par le capot avant. Un seul grand coffre disposant de deux panneaux d’ouverture intégré au fond de cockpit est

SEASCAPE 24

Un pur régal à la barre

Le bout-dehors rétractable est immense, tant mieux pour les performances sous spi asymétrique

conçu pour recevoir le petit moteur hors bord fixé sur une chaise décalée sur le tableau arrière. Sous le pont, si la hauteur sous barrots est bien évidemment limitée – seulement 1,38 m au niveau de la descente – on peut parfaitement y dormir en profitant de la grande couchette double sur l’avant et des couchettes simples de part et d’autre du puits de quille dont la largeur peut être augmentée par un astucieux système de coussins. En option, il est possible d’installer une table initialement prévue pour être montée sur le puits de la quille relevable en plomb. Elle est mue soit par un système soit manuel, soit électrique. Un bateau intelligent et sans esbroufe, dont la conception a manifestement été soignée. Il ira loin !

EN CHIFFRES…Long. coque : 7,30 m. Long. flot. : 7,30 m. Largeur : 2,50 m. TE : 0,30-1,90 m. Lest : 320 kg. Dépl. : 890 kg. SV au près : 42 m2. Génois : 17 m2. GV : 25 m2. Mat. : sand. verre/PVC. Arch. : Samuel Manuard. Const. : Seascape. Prix de base : 52 320 €.

A voir ... et à revoir !

Un balcon avant et une filière seraient plus sûrs... C’est prévu !

Le piano remarquablement organisé permet de distribuer les manœuvres vers les deux winches et l’accastillage est bien dimensionné. Irréprochable à l’usage.

Des panneaux mobiles permettent d’augmenter la surface matelassée.

Les équipets textiles peuvent aussi s’emporter comme des sacs.

Large accès aux coffres arrière et transmission de barre très efficace.

Le cale-pieds avant est bien placé, ceux de l’arrière sont trop proches du plat-bord.

Le tableau électrique étanche est bien placé sous la descente.

70 SEPTEMBRE 2016 • VOILE MAGAZINE VOILE MAGAZINE • SEPTEMBRE 2016 71

ESSAI COMPARATIF

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EN PROFITANT DE SON MAT déporté sur l’avant, l’Ikone 7.50 offre un volume intérieur exceptionnel complété par un espace totalement décloisonné où la hauteur sous barrots à l’entrée du carré affiche 1,91 m. Du jamais vu sur un 7,50 m, d’autant que de tous les bateaux présents, il est le seul à proposer un très grand cabinet de toilette équipé d’un vrai placard à cirés. Tout aussi incroyable. Certes, il n’y a pas de table à cartes mais la table du carré perpendiculaire à la marche, où l’on s’assoit à quatre en utilisant un siège amovible, remplit parfaitement son rôle. Sur bâbord, la cuisine n’est pas en reste en offrant de grands équipets et un réchaud four digne d’un grand bateau. Tout comme la couchette double située sur tribord, sous le cockpit, complétée par une autre double rejetée vers l’avant aux dimensions plus que généreuses avec 1,94 m de large au niveau de la tête. Côté plan de pont, le gréement de cat boat se traduit par un cockpit, au niveau des bancs – le bâbord servant de coffre –, libéré de tout accastillage. Les deux winches et leurs bloqueurs situés sur l’avant s’utilisent dans de bonnes conditions de travail. De plus, l’Ikone dispose d’un tableau arrière qui peut, au mouillage, s’ouvrir en se transformant en plateforme de bains. Là encore une particularité au sein des 25 pieds. Si l’on devait émettre des réserves, elles porteraient sur la largeur des passavants. Ils sont étroits mais rarement utilisés, gréement de cat boat oblige. Sous voile, l’Ikone 7.50 étonne encore par ses performances au portant. Quand les autres peinent à faire porter leur génois, l’Ikone utilise au mieux la totalité de sa voilure et peut encore envoyer un spi de 45 m2 qui allonge agréablement sa silhouette. Aucun doute, pour nous c’est vraiment le Voilier de l’année.

IKONE 7.50

Le cat boat qui séduit

Depuis les essais de l’an dernier, le chantier a ajouté une sous-barbe pour sécuriser le bout-dehors. Du coup, on hésite encore moins à envoyer la bulle au portant.

A voir ... et à revoir !

Deux fois moins de voiles, c’est deux fois plus simple à manœuvrer...

La plateforme de bains en sandwich est un atout de choix à l’approche du mouillage.

WC chimique, lavabo et même placard à cirés dans le cabinet de toilette. Remarquable.

EN CHIFFRES…Long. coque : 7,50 m. Largeur : 3 m. TE : 1,20 m. Lest : 860 kg. Dépl. : 1 950 kg. SV au près : 38 m2. Arch. : J. Marin. Const. : Espace VAG. Prix : 62 500 €.

72 SEPTEMBRE 2016 • VOILE MAGAZINE

ESSAI COMPARATIF

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ISSU DU FIRST 260 évoluant en First 27.7, il a encore changé de nom en 2013 en devenant le First 25. Pas seulement de nom, le gréement a lui aussi suivi une évolution radicale avec un mât plus court mais une grand-voile à corne qui lui donnait un sacré coup de jeune, à l’image de son petit frère le First 20 (issu du 210). Cela ne suffit peut-être pas à en faire un avion de chasse, mais il est plaisant à mener et très marin avec son double safran. Le cockpit s’avère très ergonomique. On peut s’installer au vent sur les plats-bords avec possibilité pour le barreur de se caler les pieds. Autre point fort, ses hiloires sont dénuées d’accastillage. Ce dernier (deux winches 20 Harken avec batterie de bloqueurs) est regroupé au niveau de la descente. Côté stockage, le chantier n’a pas lésiné sur la taille des deux coffres qui descendent à fond de coque, celui de tribord abritant le réservoir à gasoil translucide – la plus efficace des jauges. Enfin, pour les aficionados du spi asymétrique, le bout-dehors en alu est démontable. Il a vraiment tout d’un grand et la joue à l’ancienne avec son intérieur cloisonné. Deux portes coulissantes isolent le WC (sur tribord) et le lavabo de la cabine avant et du carré. Ce dernier profite de son puits de quille pivotante (façon Class 8 avec son système à manivelle) pour offrir une table à deux abattants utilisable avec les deux banquettes. Ces dernières font office de couchettes, d’autant qu’elles sont longues et larges à partir du moment où l’on enlève les coussins de dossiers révélant des équipets. Comme sur un grand, on travaille assis à la table à cartes tournée vers l’arrière avec en vis-à-vis la cuisine où l’on a eu la bonne idée de prévoir des équipets pour la vaisselle efficaces même à la gîte. Une valeur sûre.

FIRST 25

Une sacrée référence

Grâce à la formule bi-safran, le barreur ne risque pas de se laisser surprendre par une risée : le contrôle est irréprochable.

A voir ... et à revoir !

Pas besoin de jauge, le réservoir à carburant est translucide... Il suffisait d’y penser.

Le triangle avant, qui accueille le cabinet de toilette et une cabine, est très bien conçu.

Les deux coffres arrière sont de véritables soutes au volume inépuisable.

EN CHIFFRES…Long. : 7,50 m. Larg. : 2,75 m. TE : 0,85-1,85 m. Lest : 620 kg. Dépl. : 2 150 kg. SV au près : 38,50 m2. Arch. : Finot/Conq. Const. : Bénéteau. Prix : 53 676 €.

74 SEPTEMBRE 2016 • VOILE MAGAZINE

ESSAI COMPARATIF

Page 6: COMPARATIF LE MATCH DES 7,50 M Un choc de ... - … · même remonter le cours de l’histoire jusqu’à l’Ecume de Mer, qui promettait déjà de belles croisières en 7,50 m.

VOILIER DE L’ANNEE 2011, le Django a largement fait ses preuves et s’affiche comme une valeur sûre dans la famille des 7,50 m. Il a pour lui un cockpit qui joue sur le thème de la division des rôles. Au barreur, l’espace arrière et la barre franche actionnant les deux safrans. Aux équipiers l’avant, où les bancs permettent de se caler à la gîte et de travailler sur les deux winches de génois ainsi que sur ceux situés au niveau de la descente. A l’intérieur, ce plan Rolland fait la part belle au tout ouvert avec sa table centrale de carré qui se baisse pour offrir une très grande couchette double et ne fait pas l’impasse sur les rangements déclinés en grands volumes sous les banquettes et au niveau des dossiers. Sans surprise, cuisine et table à cartes – on y travaille assis – se situent en vis-à-vis au niveau de la descente tandis que les espaces arrière, sous le cockpit, se divisent en une couchette simple sur bâbord (1,86 x 0,90 m) et une grande soute de rangement sur tribord capable d’engloutir les voiles, l’annexe et le WC. Mais il est également possible de l’utiliser en couchette simple dans la perspective de naviguer nombreux. A la barre, les sensations sont bonnes et le plaisir évident. Il faut dire que le Django 7.70 fait partie de ces rares croiseurs capables de planer dans un médium soutenu et d’échouer à l’escale sur ses deux quilles. Un must. Parfaitement armé pour affronter la haute mer – on a vu un Django autour de l’Atlantique et jusqu’en Patagonie... –, c’est un croiseur super marin. Il ne faut jamais oublier que le chantier Marée Haute a commencé en 2003 avec le Dingo, un mini déjà sur plan Rolland. Autant dire que le grand large fait partie de son ADN, et ce quelle que soit la taille du bateau ! Le Django 7.70 est aujourd’hui son best-seller.

DJANGO 7.70

La croisière en planant

Redoutable au reaching, le Django ne demande qu’à déjauger... à condition bien sûr de ne pas trop le charger en croisière. Déjà 52 unités vendues depuis 2013, pas mal pour un petit chantier !

A voir ... et à revoir !

La table à cartes n’est pas immense, mais élégante et bien placée au pied de la descente.

Malignes, ces béquilles d’échouage dotées de marches pour les distraits qui auraient oublié l’échelle.

Que ce soit dans les banquettes ou dans les fonds, le volume de rangement est considérable.

EN CHIFFRES…Long. : 7,70 m. Larg. : 3 m. TE : 1,20 m. Lest : 780 kg. Dépl. : 1 650 kg. SV au près : 45 m2. Arch. : P. Rolland. Const. : Marée Haute. Prix : 61 437 €.

76 SEPTEMBRE 2016 • VOILE MAGAZINE

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