Communication en Question COMENQUESTION... · plus précisément du déterminisme technologique qui...

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  • Jean-Jacques Maomra BOGUI

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    Communication en Question www.comenquestion.com

    Premier semestre, Vol. 1, n1, Janvier / fvrier 2013

    TIC ET DEVELOPPEMENT EN AFRIQUE : LES APORIES DUNE ENTREPRISE ILLUSOIRE

    Jean-Jacques BOGUI1

    Maitre-assistant Universit Flix Houphout-Boigny

    [email protected]

    1 Jean-Jacques Bogui est titulaire dun doctorat en sciences de linformation et de la communication de lUniversit Michel de Montaigne Bordeaux 3 (France). Il est Matre-assistant lUniversit Flix Houphout-Boigny dAbidjan (Cte dIvoire) et Professeur associ luniversit du Qubec

    Montral (Canada). Il est affili a plusieurs groupes et centres de recherche canadiens (GRICIS et GERACII), franais (MICA) et ivoiriens (CERCOM). Ses intrts de recherche portent sur les usages et lappropriation des technologies numriques, linternationalisation des communications, lconomie politique de la communication et lanalyse de la rception des biens culturels.

    mailto:[email protected]

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    RSUM

    La rduction la fracture numrique entre les pays en dveloppement et

    les pays industrialiss est au cur de nombreux dbats. La participation

    des pays africains la socit de linformation est perue comme un dfi

    majeur. Depuis plus dune dcennie, les TIC sont prsentes par de

    nombreuses agences de dveloppement comme la nouvelle opportunit

    offerte aux pays africains pour sortir du sous-dveloppement. Dans leur

    volont de participer cette socit de linformation, de nombreux pays

    africains ont fait des efforts considrables pour le dveloppement des

    infrastructures en matire de tlcommunications. Cependant, les

    discours dveloppementalistes sur la ncessit de combler le foss

    numrique ont montr leurs limites ces dernires annes. La rduction

    de la fracture numrique apparat comme un projet nolibral. Cet

    article sinscrit dans une approche critique du dveloppementalisme,

    plus prcisment du dterminisme technologique qui sous-tend la

    dmarche de nombreuses organisations intervenant dans laide au

    dveloppement.

    Mots cls : TIC, dveloppement, fracture, numrique, information.

    ABSTRACT

    Reducing the digital division between developing countries and

    industrialized countries is at the heart of many debates. The

    participation of African countries in the information society is seen as a

    major challenge. For over a decade, ICTs are presented by many

    development agencies as the new opportunity offered to African

    countries to come out of underdevelopment. In their will to take part in

    the information society, many African countries have made

    considerable efforts for the development of infrastructures in

    telecommunications. However, the developmentalist speeches on the

    need to bridge the digital division have shown their limits in recent

    years. Reducing the digital division appears as a neoliberal project. This

    article is part of a critical approach to developmentalism, more precisely

    to technological determinism that implies the approach of many

    organizations involved in development assistance.

    Keywords: ICT, development, digital, division, information

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    Introduction

    epuis laccession de la majorit des tats africains lindpendance

    il y a au moins cinq dcennies (1960), atteindre le dveloppement est

    lobjectif suprme affich par la majorit des gouvernements qui se sont

    succd dans ces pays. La question du dveloppement du continent

    africain a t au cur de nombreux sommets africains ou mondiaux ces

    cinquante dernires annes avec toujours le mme constat dchec des

    politiques en la matire. Les pays africains restent majoritaires dans le

    peloton de tte des pays les moins avancs de la plante (PNUD, 2010).

    Les raisons de cette situation sont multiples (guerre civile, instabilit

    politique, pillage des ressources naturelles, mauvaise rpartition des

    richesses, surendettement, mauvaise gouvernance, scheresse, etc.) et les

    consquences pour les populations souvent catastrophiques. Mais ces

    checs du dveloppement fixent aussi les limites des approches

    communicationnelles envisages pour accompagner ces processus. Il

    convient donc de les revisiter et de dceler celles qui seraient plus en

    adquation avec les volutions technologiques et communicationnelles

    actuelles.

    La rduction de la fracture numrique entre les pays en dveloppement

    et les pays industrialiss est au cur de nombreux dbats en Afrique. La

    participation des pays africains la socit de linformation est

    prsente comme un dfi majeur pour ce continent. Mettre les

    technologies de linformation au service du dveloppement des pays

    africains telle est la nouvelle donne selon le PNUD (2001 a). Cest ainsi

    que les tlcommunications ont connu un dveloppement important en

    Afrique ces dernires annes notamment au niveau des infrastructures

    o les investissements ont atteint 8 milliards de dollars en 2005 contre

    3,5 milliards en 2000, rvle lUIT1. Un investissement hauteur de 55

    milliards de dollars sur cinq ans (2007-2012) dans le secteur des

    tlcommunications a t promis par les investisseurs au sommet de

    KIGALI en 20072. En 2004, lUIT affirmait dj que lAfrique tait le

    march o le mobile connaissait la plus forte croissance au monde3.

    Internet connat galement un rel succs dans de trs nombreux pays

    africains qui sont tous branchs et la progression des services est la plus

    importante quon nait jamais eu loccasion dobserver pour aucune autre

    activit conomique en Afrique (Chneau-Loquay, 2000).

    Cependant, alors que la fracture numrique est toujours bien relle et

    que lintgration des TIC est loin de susciter le dveloppement escompt

    (avec la faillite des systmes de sant et dducation, la pauprisation des

    populations, laccroissement des ingalits sociales qui sont toujours

    dactualit), ces technologies sont dsormais la base de nouveaux maux

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    dont souffre le continent savoir : les escroqueries via Internet, la

    piraterie numrique notamment celle des uvres de lesprit ou des

    mdias satellitaires et le renforcement de lconomie informelle.

    Cet article sinscrit dans une approche critique du dveloppementalisme,

    plus prcisment du technocentrisme ou dterminisme technologique qui

    sous-tend la dmarche de nombreuses organisations intervenant dans

    laide au dveloppement. Ces organismes prenant insuffisamment en

    compte les ralits locales qui demandent une investigation plus

    complexe et approfondie avant toute exprimentation politique des TIC.

    Les nouvelles technologies de linformation et de la communication et

    plus prcisment la tlphonie mobile et Internet ont fait leur

    apparition au dbut des annes 1990 dans la plupart des pays africains.

    Elles sont prsentes par bon nombre dorganisations intervenant dans le

    domaine du dveloppement comme la nouvelle opportunit offerte aux

    pays africains pour sortir du sous-dveloppement. Selon le PNUD (2001

    b) : Les TIC fournissent aux pays en dveloppement une occasion sans

    prcdent datteindre beaucoup plus efficacement quavant des objectifs

    de dveloppement vitaux, par exemple en matire de rduction de la

    pauvret, de soin de sant de base ou dducation. En dautres termes, il

    devient pertinent de voir dans quelle mesure et quelles conditions, les

    TIC en gnral et plus particulirement la tlphonie mobile constituent

    un instrument de lutte contre la pauvret. Cest ainsi que la ncessit

    pour le continent africain de participer de faon pleine et entire la

    socit de linformation est trs souvent mise en vidence. Elle reprsente

    pour les pays africains un enjeu la fois social, culturel, conomique et

    politique. Pour le NEPAD4,

    Les TIC peuvent contribuer de manire significative la valorisation des ressources humaines, au renforcement de la bonne gouvernance et au dveloppement des secteurs conomiques (production, services, et commerce) dans les pays en dveloppement.5

    Dans leur volont de participer cette socit de linformation, de

    nombreux pays africains ont fait des efforts considrables pour le

    dveloppement des infrastructures en matire de tlcommunications.

    1. Les limites des discours technocentristes

    Malgr la bonne sant de lconomie lie aux technologies de

    linformation et de la communication, les nombreuses dsillusions qua

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    connues le continent africain depuis des dcennies dans le transfert et

    lappropriation de technologies venues de lOccident et prsentes comme

    la panace suscitent une certaine prudence. Les discours

    dveloppementalistes sur la participation de lAfrique la socit de

    linformation, la ncessit de combler le foss numrique ou le

    leapfrogging ont montr leurs limites ces dernires annes. Pour

    atteindre cet objectif, un investissement considrable dans des

    quipements produits par les multinationales originaires de pays

    industrialiss simpose. Ce projet est donc en phase avec les intrts de

    ces multinationales (Microsoft, Cisco ou encore Google) qui sont les

    principales bnficiaires de lusage de ces technologies par un maximum

    de personnes. Ainsi, On peut lgitimement craindre que le discours

    technocentriste sur la contribution des TIC au dveloppement ne cache

    en ralit des intrts commerciaux et gostratgiques.

    2. Approches thoriques sur la communication et le dveloppement

    Depuis plus de cinq dcennies, de nombreuses approches thoriques

    complmentaires ou antagonistes ont t dveloppes sur la relation

    entre la communication et le dveloppement. Lintrt de notre propos

    nest pas de revenir en profondeur sur toutes ces approches, cependant il

    nous semble opportun de rappeler le fondement de certaines des thories

    les plus marquantes afin de montrer lvolution de la rflexion dans ce

    domaine.

    Les thories de la modernisation en grande partie inspires par

    lapproche diffusionniste soutenue par Everett Rogers (1972) ont

    marqu les annes 1960. Pour les modernistes, il suffisait dinjecter dans

    le corps social une petite dose de savoir technologique favorisant la

    circulation de linformation (usage de la radio) pour entrainer une

    raction positive des populations tiers-mondistes. On se retrouve dans le

    cadre dune relation verticale dans laquelle la science et la technologie

    sont perues comme invention exclusive de lOccident (Sy, 1995). Pour

    Schramm (1964) et ses collgues, la radio aurait la capacit dattnuer

    les inconvnients de la culture dite traditionnelle quils prsentaient

    comme la principale cause du sous-dveloppement.

    Dans les annes 1970, on assiste la rplique des pays du Sud. Devant

    linefficacit des modles proposs par les modernistes, une nouvelle

    approche thorique dite de la dpendance va merger. Contrairement

    aux modernistes pour lesquels la source du sous-dveloppement tait la

    pense traditionnelle, pour les tenants de cette nouvelle approche

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    limprialisme conomique et ses complices sont les principaux

    responsables du sous-dveloppement. Au niveau de lapproche

    communicationnelle, on analyse la proprit des moyens de

    communication, des canaux de diffusion, des structures internationales

    de transmission et de production de linformation, etc. On appelle un

    dialogue Nord/Sud en vue de promouvoir un nouvel ordre mondial de

    linformation et de la communication (NOMIC). On encourage la

    promotion dune presse de type alternatif par opposition aux mdias de

    masse (Schiller, 1970, Mattelart, 1976).

    Une tendance structuraliste va galement mettre laccent sur limpact des

    communications internationales sur le dveloppement national et

    linfluence ngative des multinationales dans les pays du Tiers monde

    (Sy, 1995). Le caractre oppressif des relations culturelles Nord/Sud qui

    rsulterait de la mainmise des organisations mdiatiques du Nord sur

    celles du Tiers-monde sera galement trs critiqu. (Mc Bride, 1980).

    Cest dans ce contexte, qu linitiative des pays dits non-aligns, un dbat

    sur le dsquilibre des flux dinformation au niveau mondial va dbuter

    au cours des annes 1970 lUNESCO et conduire la cration d'une

    commission dirige par lIrlandais Sean Mc Bride, ancien responsable et

    co-fondateur dAmnesty International. Le rapport qui sera produit la

    suite des travaux de cette commission mettra en vidence la ncessit de

    la mise en place dun nouvel ordre mondial de linformation et de la

    communication (NOMIC). la XXIe confrence gnrale de lUNESCO

    Belgrade, le rapport est lu, mais pas adopt, les pays occidentaux

    refusant son adoption en voquant le principe de libre circulation de

    linformation (free flow of information).

    3. Le sommet mondial de la socit de linformation et la problmatique du dveloppement.

    Deux dcennies plus tard, deux grands sommets mondiaux organiss en

    2003 Genve et en 2005 Tunis seront consacrs la question de

    lavnement de la socit de linformation (SMSI), mais plus

    prcisment concernant lAfrique au problme de la fracture numrique.

    Au sens usuel de l'expression, on appelle fracture numrique,

    l'ingalit dans l'accs internet. lui seul, l'accs n'est pas suffisant

    pour rsoudre le problme. Mais, il s'agit d'une condition qu'il faut

    satisfaire si l'on veut surmonter l'ingalit dans une socit dont les

    fonctions et les groupes sociaux dominants s'organisent de plus en plus

    autour d'internet. On peut distinguer trois dimensions dans les carts

  • Jean-Jacques Maomra BOGUI

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    que la fracture engendre et perptue : l'cart li l'accs d'internet,

    l'cart li la technologie, l'cart dans le savoir (Castells, 2002).

    Ces sommets ont runi des chefs dtat, des chefs de Secrtariat des

    institutions spcialises des Nations unies, des reprsentants du secteur

    priv, des organisations non gouvernementales ainsi que des mdias et

    des reprsentants de la socit civile. Lorganisation de ce sommet sera

    confie lUIT. lissue de ces deux vnements mondiaux, on peut

    noter Genve (Suisse) ladoption dune dclaration de principes et dun

    plan daction et Tunis (Tunisie) ladoption dun engagement et dun

    agenda. Lun des thmes principaux ressortir des objectifs de ces

    sommets est la mise en place dun fonds de solidarit numrique. Dans

    sa conception gnrale, la solidarit numrique renvoie lmergence

    dune socit nouvelle dans laquelle le citoyen pourrait disposer de toutes

    les facilits quoffrent les TIC, dans quelque domaine dapplication que

    ce soit.

    Selon Kiyindou (2009), le bilan de ce sommet est mitig, car plusieurs

    freins ont t constats en ce qui concerne la rduction de la fracture

    numrique. Il souligne notamment la quasi-absence dengagements

    financiers des pays industrialiss et la prise de conscience trs tardive de

    la socit civile du Sud concernant la problmatique des TIC au service

    du dveloppement. La mise lcart de lUNESCO au profit de lUIT,

    une agence caractre foncirement technologique alors que la

    problmatique propre du sommet est essentiellement socitale

    (Kiyindou, 2009), est galement difficile comprendre. En effet, la

    dfinition de lUIT de la fracture numrique inaugure une perspective

    exclusivement technique. On observe llaboration de baromtres,

    dindicateurs, et de classements concernant les quipements et les

    infrastructures et la stigmatisation des retardataires. En somme, on est

    dans lexhortation la course lquipement. Dans ce contexte, il nous

    semble opportun de nous interroger sur les conditions dintgration et

    surtout dappropriation des TIC sur le continent africain.

    4. Lappropriation des TIC et le dveloppement en Afrique

    Philippe Breton et Serge Proulx considrent quon peut parler

    d appropriation lorsque trois conditions sociales sont runies :

    Il sagit pour lusager, premirement, de dmontrer un

    minimum de matrise technique et cognitive de lobjet

    technique. En deuxime lieu, cette matrise devra sintgrer de

    manire significative et cratrice aux pratiques quotidiennes

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    de lusager. Troisimement, lappropriation ouvre vers des

    possibilits de dtournements, de contournements, de

    rinventions ou mme de participation directe des usagers la

    conception des innovations (Breton et al., 2002).

    Lappropriation technologique peut donc se dfinir comme la capacit

    que peut avoir lusager personnaliser les usages de lobjet technique

    des fins qui lui semblent les plus avantageuses pour lui, bien que non

    conforme aux usages auxquels le producteur le destinait.

    Lappropriation est donc une opportunit offerte lusager de simmiscer

    dans le champ daction du producteur de lobjet technique, en prenant

    seulement en compte parmi les codes imposs par ce dernier ceux qui

    peuvent lui tre utiles pour latteinte de ses objectifs.

    Dans les pays en voie de dveloppement du continent africain pour qui

    lintgration des technologies de linformation et de la communication

    (TIC) est considre comme un nouvel enjeu, comment sopre cette

    appropriation ?

    De toutes les technologies, le tlphone mobile est assurment loutil qui

    a fait lobjet de lappropriation la plus rapide en Afrique. Comme

    laffirmait Do-Nascimento (2005) dans une socit africaine o

    lindividu est enserr dans un tissu relationnel extrmement dense, tissu

    constitu de deux rseaux rseau familial et rseau amical

    lintrieur desquels la communication interindividuelle est

    particulirement dense, le tlphone cellulaire constitue une relle

    opportunit. Pour Alzouma (2008), ladoption du tlphone mobile en

    particulier est lun des phnomnes les plus saillants de ce que certains

    mdias prsentent comme une rvolution : dans les villes, et dans une

    moindre mesure dans certaines campagnes, beaucoup de jeunes et vieux,

    de femmes et dhommes, de riches et de pauvres ont fait leur cet

    instrument de communication avec une rapidit qui a tonn tous les

    observateurs. En nous rfrant aux statistiques du GSMA (GSM

    Association, 2008), on peut relever quau cours de la seule anne 2007

    plus de 70 millions de nouveaux utilisateurs de la tlphonie mobile se

    sont ajouts ceux qui existaient dj, levant le nombre total

    dutilisateurs 282 millions en Afrique. Ainsi donc, en moins dune

    dcennie, il y a eu huit fois plus dutilisateurs du tlphone mobile que

    du tlphone fixe en Afrique (282 millions contre 35 millions). Selon la

    mme source, 550 000 km2 de couverture rseau permettant de joindre 46

    millions dAfricains ont t ajouts la couverture existante au cours de

    la seule anne 2007. Ce rapport souligne mme que dans des pays comme

    lgypte, le Kenya, lOuganda ou le Rwanda, le taux de couverture

    atteint dsormais 90 %.

  • Jean-Jacques Maomra BOGUI

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    5. Le tlphone mobile, outil de lutte contre la pauvret

    En Cte dIvoire, un pays o, selon une tude ralise en 2008 par

    lInstitut national des statistiques (INS), 48,9 % de la population vit en

    dessous du seuil de pauvret, c'est--dire avec moins dun euro par jour,

    grce tlphone mobile, de nombreux jeunes Ivoiriens, tudiants ou

    dscolariss, arrivent joindre les deux bouts malgr la crise

    conomique et la rcente crise politico-militaire qui a eu pour corollaire

    la pauprisation de la population. Lconomie informelle, qui sest

    dveloppe avec lappropriation du mobile, est la base dusages

    compltement indits et permet bon nombre de jeunes de garder espoir

    en attendant des jours meilleurs. En plus des cabines cellulaires trs

    remarquables depuis plusieurs annes dans de nombreuses capitales

    africaines, on observe lapparition de ce que nous appellerons la cabine

    humaine Abidjan.

    la diffrence de la cabine cellulaire qui se prsente le plus souvent

    comme un mince tal rudimentaire install sur le trottoir o on vous

    prte un tlphone mobile pour communiquer un tarif infrieur

    celui que vous paierez avec votre propre appareil (Cheneau-Loquay,

    2005), la cabine humaine est ambulante, il sagit de jeunes qui, avec

    leur tlphone portable, arpentent les endroits les plus frquents de la

    ville en proposant aux passants leur tlphone pour passer des appels.

    On les retrouve trs souvent dans le centre-ville dAbidjan au niveau des

    tours administratives, mais galement chaque manifestation

    susceptible de drainer du monde. Certains grants de cabine nhsitent

    pas affirmer quavec cette activit, ils gagnent mieux leur vie que

    certains de leurs amis, employs dans des entreprises. Le cellulaire offre

    donc aux jeunes ivoiriens une vritable chance de sortir de la pauvret et

    ils sont nombreux saisir lopportunit lorsque loccasion leur est

    donne. Selon le SYNACOTEL (Syndicat national des commerants de

    produits tlcoms), la corporation des grants de cabines cellulaires

    regroupe en Cte dIvoire plus de 200 000 travailleurs, dont 68 000, pour

    la seule ville dAbidjan (SYNACOTEL, 2009).

    Comme le fait si bien remarquer Chneau-Loquay (2008), les TIC sont

    ainsi un secteur majeur de la croissance rcente dune nouvelle conomie

    informelle dans les villes africaines (2008). En 2007, le secteur de la

    tlphonie mobile employait directement ou indirectement plus de 3,5

    millions de Subsahariens, mais la plupart de ces emplois ne sont pas

    rpertoris. De limportation des produits au commerce ambulant, cest

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    toute une srie de nouvelles activits de service qui se cre. Les nouvelles

    socits de tlphonie ont sous-trait la distribution des cartes prpayes

    des grossistes et semi-grossistes qui ont leurs rseaux de revendeurs. Ils

    envoient dans les rues des grandes villes des bataillons de jeunes garons

    qui ne sont recenss nulle part et sont trs mal pays. Bamako par

    exemple, 98 % des cartes de recharge sont vendues par lconomie

    informelle. Des centaines de jeunes trouvent un petit emploi dans la

    vente et la rparation de tlphones portables, leur dcodage, la vente des

    cartes de recharge, les services de recharge lectrique. Comme on peut le

    constater, la tlphonie mobile en Afrique semble promise un bel

    avenir. Et lappropriation de cet outil de communication est prsente

    par de nombreux experts en dveloppement et chercheurs comme la seule

    vritable rvolution en Afrique.

    Cependant, comme laffirme Ose Kamga (2006), cette appropriation

    atypique des TIC relve avant tout de la dbrouillardise, elle rsulte des

    lacunes des structures socioconomiques. En somme, elle nest nullement

    le fruit dune politique gouvernementale mrement rflchie en faveur

    dun usage du tlphone mobile dans la lutte contre le chmage ou la

    pauvret. Le dveloppement de cette industrie nest le fait que de la

    dsorganisation sociale du pays. Elle pose mme le problme du

    renforcement de lconomie informelle qui peut se dfinir comme

    lensemble des activits conomiques qui se ralisent en marge de

    lgislation pnale, sociale et fiscale ou qui chappent la Comptabilit

    nationale.

    Cependant, si malgr le problme de rgulation engendr par cette

    activit de nombreux observateurs la considrent comme une aubaine

    pour les populations africaines gravement touches par la crise

    conomique, on ne peut pas en dire autant pour les autres formes de

    dviances engendres par laccs aux TIC dans les pays africains. En

    effet, mme si laccs lordinateur et internet en Afrique est parmi les

    plus faibles au monde, force est de constater que depuis quelques annes

    la majorit des capitales africaines et certaines grandes villes de

    province connaissent un accroissement considrable du nombre de

    cybercafs.

    En labsence dune politique en vue dduquer la population et plus

    particulirement les plus jeunes un usage intelligent dinternet (les

    politiques gouvernementales en la matire se contentent de fournir

    laccs ces technologies aux citoyens) on va assister un certain type

    dappropriations aux consquences trs dommageables pour le

    dveloppement conomique de certains pays africains.

  • Jean-Jacques Maomra BOGUI

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    6. La situation ivoirienne

    Les escroqueries via internet font incontestablement partie des nouveaux

    maux dont souffre le continent. Malgr son faible nombre dinternautes

    (24 millions, soit 2,6% du total mondial en 2008), lAfrique est devenue

    un terrain daction important pour les cybercriminels. Selon Sylvanus

    Kla (ancien directeur gnral de lATCI), la dlinquance informatique

    est en nette augmentation sur le continent. Les pertes attribues la

    cybercriminalit ont t values, en 2007, prs de 200 milliards de

    dollars (prs de 158 milliards deuros), une valeur en forte hausse par

    rapport aux chiffres de 2003 qui taient d peine 20 milliards deuros6.

    La crdibilit des ressortissants de plusieurs pays africains est remise en

    cause. La Cte dIvoire, par exemple, a t indexe plusieurs reprises

    par les mdias europens et Abidjan est considre comme la plaque

    tournante de cette activit en Afrique de lOuest francophone (Bogui,

    2009 et 2010).

    Selon Perrin Stphanie7 la cybercriminalit se caractrise par trois

    aspects :

    1. Le nouveau crime consistant pirater, sintroduire ou espionner

    les systmes informatiques dautres personnes ou organisations ;

    2. Les cas dans lesquels le crime est ancien, mais le systme est

    nouveau, comme dans le cas des tentatives descroquerie par

    internet. Les arnaques commerciales existent depuis toujours,

    les arnaques tlphoniques depuis des dcennies, et nous avons

    aujourdhui les arnaques par internet. Il en va de mme pour la

    pornographie et le non-respect du copyright ;

    3. Lenqute, dans laquelle lordinateur sert de rservoir de

    preuves, indispensables pour que les poursuites engages dans le

    cadre de nimporte quel crime aboutissent. Ce qui autrefois tait

    consign sur le papier toutes les chances dtre aujourdhui

    consign sous forme numrique, et peut tre dtruit ou chiffr

    distance (Perrin, 2005).

    Le second aspect est assurment le plus rpandu en Cte dIvoire au

    point de faire lobjet de nombreux articles dans la presse locale et

    trangre. Cette dernire nhsite plus envoyer des reporters dans le

    pays pour remonter la filire de ces cybercriminels qui, partir

    dAbidjan, font normment de victimes travers le monde.

    Depuis quelques annes, elles sont de plus en plus nombreuses les

    chanes de tlvisions franaises et dautres pays europens diffuser des

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    Communication en Question, n 1 (1), 2013

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    reportages sur les rseaux de cybercriminels en Cte dIvoire. Ils sont

    nombreux les Ivoiriens vivant en France ou encore ceux qui, partir

    dAbidjan, ont accs aux mdias franais par le biais dantennes

    paraboliques ou dinternet sindigner de cette image trs ngative que

    ces reportages donnent de leur pays.

    Dans le cadre de l`mission 66 minutes , un reportage, diffus sur la

    chane de tlvision franaise M6 le lundi 25 fvrier 2008, corne

    limage de la Cte dIvoire. Le sujet d`une trentaine de minutes, intitul

    Internet : les as de l`escroquerie prsente des Ivoiriens (mais aussi des

    ressortissants d`Afrique de l`Ouest) qui se livrent avec une dextrit

    dconcertante de l`escroquerie distance, sur des Europens et

    principalement des ressortissants franais. Pour enquter sur la

    question, des journalistes de la chane de tlvision franaise se sont

    rendus Abidjan. Sur place, ceux-ci n`prouvent aucune difficult

    obtenir des tmoignages de faussaires, preuves l`appui. Il faut dire que

    les reporters de M6 nont fait que remonter la piste des courriels reus

    par les victimes franaises. Celle-ci mne directement Abidjan. Le

    mode opratoire des cybercriminels est assez simple. Ils contactent, par

    courriers lectroniques, des centaines de personnes en leur inventant des

    histoires les plus invraisemblables sur fond dargent en esprant que les

    personnes les plus naves mordent lhameon. Dans le panorama des

    inventions les plus habituelles de ces escrocs du Net, on peut citer :

    largent dun hritage bloqu dans une banque, un succs une loterie

    laquelle on a jamais particip, une demande damiti dune personne

    inconnue en vue dune ventuelle relation amoureuse, une demande

    daide dune personne fictive rencontre sur internet, le rglement dun

    achat effectu en ligne, etc.

    Il ressort des tmoignages des victimes (hommes et femmes) interroges

    dans lmission quelles ont t nombreuses stre fait arnaquer aprs

    avoir succomb au charme dun correspondant virtuel. Dans lcrasante

    majorit des cas, les photos brandies sur Internet ne sont pas celles des

    correspondants.

    Outre les individus, les religions et les entreprises sont elles aussi

    victimes de ce phnomne. En effet, les cybercriminels nhsitent plus

    crer des sites internet en se faisant passer pour des associations

    religieuses la recherche de financement pour la construction ddifices

    religieux tels que les mosques et les glises. Ils prennent le soin

    dexpdier aux ventuels donateurs, des photos de vieux difices religieux

    dlabrs en demandant une aide financire en vue de leur rhabilitation

    ou des photos dglises ou de mosques en construction pour lesquels ils

    auraient besoin daide pour lachvement des travaux. Une fois largent

  • Jean-Jacques Maomra BOGUI

    68

    expdi, ils attendent une priode bien donne, avant dexpdier une

    photo qui prsente un autre difice religieux flambant neuf, aux mmes

    associations pour prouver leur bonne foi. Dans les entreprises selon

    lATCI8 de nombreuses plaintes sont formules contre une nouvelle

    catgorie de cybercriminels qui, laide de photos falsifies, tentent

    dextorquer de largent de hauts responsables dentreprises en les

    menaant de publier des photos pouvant compromettre leur rputation

    sur le Web.

    Selon M69, ce sont prs de 4000 plaintes qui ont t recenses en 2008 par

    les autorits policires franaises contre les cybercriminels bass en Cte

    dIvoire. Cependant, pour lATCI, il ny a pas que les Franais tre

    victimes de ces escrocs des temps modernes. Les Ivoiriens sont galement

    eux-mmes trs nombreux souffrir de ce phnomne. Les plaintes

    viennent galement de tous les coins du monde : tats Unis, pays du

    golfe, Madagascar, etc.

    Daprs lagence de rgulation des tlcommunications en Cte dIvoire,

    la majorit de ces arnaqueurs est ge de 12 25 ans, ils sont donc trs

    jeunes pour la plupart et bon nombre dentre eux sont lves ou

    tudiants. Selon lATCI, les premiers rseaux de cybercriminels sont

    arrivs du Nigeria. Ils fuyaient la rpression orchestre dans ce pays

    contre cette activit illicite. Cependant, trs vite, on va assister une

    contagion des jeunes ivoiriens au point que, de nos jours, la jeunesse

    estudiantine et scolaire sadonne de plus en plus cette pratique

    criminelle. On peut galement relever que devenir cyber escroc ou

    cyber arnaqueur nest pas le seul danger auquel les jeunes usagers du

    Net sont confronts dans les cybercafs ivoiriens, laccs des images

    pornographiques par les adolescents est galement trs courant, car les

    grants de ces espaces nont pour seule proccupation que leur recette

    journalire. Ces endroits sont donc devenus des zones sans interdit.

    7. Consquences de la cybercriminalit en Cte dIvoire

    La cybercriminalit est devenue en Cte dIvoire, en lespace de quelques

    annes, un vritable problme de socit. Aprs le dbut de lintgration

    de linternet au milieu des annes 1990 dans la socit ivoirienne,

    marque, entre autres, par une sorte de fascination surtout au niveau de

    la jeunesse et la multiplication des cybercafs, lheure est maintenant au

    dsenchantement, voire la crainte. En effet, lusage des TIC encourag

    par les autorits politiques au point de crer un ministre spcialement

  • TIC et dveloppement en Afrique: les apories dune entreprise illusoire

    Communication en Question, n 1 (1), 2013

    69

    ddi au dveloppement des NTIC connat assurment des dviations

    dangereuses.

    Lampleur de ce phnomne, comme nous lavons relev tantt, a des

    consquences extrmement nfastes pour la Cte dIvoire et son

    conomie. En effet, selon nous ce phnomne de la cybercriminalit pose

    au moins deux grands problmes : le premier concerne limage du pays et

    des citoyens ivoiriens lextrieur qui ne cesse de se dgrader ; ce qui est

    la consquence du second problme que nous souhaitons aborder,

    savoir les difficults dordre conomique ; car les entreprises et les

    hommes daffaires ivoiriens victimes de cette triste image prouvent

    dnormes difficults profiter des avantages du cyberespace dans leurs

    activits avec des partenaires trangers .

    8. Cybercriminalit et limage de la Cte dIvoire lextrieur

    La Cte dIvoire et les Ivoiriens sont devenus eux aussi des victimes de la

    cybercriminalit car de nos jours, avec lamplification de ce phnomne,

    limage du pays dj relativement peu reluisante depuis la crise politico-

    militaire quil a connue de septembre 2002 avril 201110, est davantage

    corne. Les nombreux reportages des mdias trangers sur lampleur de

    la cybercriminalit en Cte dIvoire ne sont pas faits pour lamliorer. Il

    circule mme sur Internet un guide contre les escroqueries de la Cte

    dIvoire 11. Les menaces de certains pays de la sous-rgion ouest-

    africaine dinterdire laccs leurs sites aux internautes naviguant

    depuis la Cte dIvoire12 confirment, sil en est encore besoin cette image

    dvalorisante que ce phnomne donne de ce pays. Les Ivoiriens vivant

    ltranger qui dnoncent cette situation sont nombreux souffrir de cette

    image si ngative que ce dtournement de lusage dInternet donne de

    leur pays et de leurs concitoyens. Cette situation invitablement a des

    rpercussions sur la bonne marche de lconomie ivoirienne.

    9. Cybercriminalit et lconomie ivoirienne

    Les hommes daffaires ivoiriens sont nombreux souffrir des

    consquences du dveloppement de la cybercriminalit en Cte dIvoire,

    de nombreux tmoignages dans les mdias ivoiriens lattestent. Il devient

    quasiment impossible pour eux de faire des affaires avec des oprateurs

    conomiques trangers sur le Net. En effet, lvocation de leur lieu de

    rsidence leurs correspondants prfrent rompre tout contact, certains

  • Jean-Jacques Maomra BOGUI

    70

    ont mme t victimes de propos injurieux13. La Cte dIvoire est

    aujourdhui, par la faute des cybercriminels, un pays hauts risques.

    Fich par les autorits europennes, ce pays nest plus fiable, et est

    inscrit sur la liste rouge des pays ne plus frquenter

    lectroniquement . Selon Didier Kla 14, une fatwa15 lchelle

    mondiale est mme lance pour interdire des achats en ligne partir de

    ce pays. En des termes clairs, ds lors que vous tes repr comme tant

    un ressortissant ivoirien, dsireux de faire des achats en Europe partir

    de la Cte dIvoire, le vendeur vous ferme automatiquement ses portes. Il

    affirme que de nombreuses plaintes sont dposes contre la Cte dIvoire

    travers lEurope, et que ce pays risque non seulement une exclusion du

    cyberespace dans les prochaines annes, mais galement une exclusion

    tout moment du commerce international16. Outre les pays europens, le

    gouvernement indien a, lui aussi, mis en garde ses ressortissants contre

    les agissements descrocs bass en Afrique de louest et qui arnaquent

    les ressortissants indiens. Le bureau dinformation du gouvernement

    indien dresse une liste de sept pays ouest-africains, dont la Cte d'Ivoire,

    partir desquels agissent ces escrocs17. Selon Abraham DJEKOU18 les

    premires entreprises victimes de ce phnomne sont les fournisseurs

    daccs Internet (FAI) de Cte dIvoire, car en raison des nombreuses

    plaintes, elles sont black listes . Autrement dit lorsque leurs adresses

    IP sont reconnues sur certains sites, les transactions sont bloques. Selon

    la police nationale scientifique ivoirienne ltat de Cte dIvoire a subit

    prs de 14 milliards de francs CFA de perte en 2010 cause de la

    cybercriminalit (plus de 21 millions deuros). Comme on peut le

    constater, les consquences de la cybercriminalit sur lconomie

    ivoirienne sont dsastreuses.

    10. La piraterie numrique en Afrique

    Mais les escroqueries du Net ne sont pas les seules dviances observes

    depuis larrive des TIC en Afrique. Le phnomne de la piraterie

    connat galement un essor assez considrable. La piraterie ou le

    piratage des uvres de l'esprit (uvres d'art, et uvres des innovations

    industrielles et technologiques) est " le fait de reproduire et de

    commercialiser une uvre sans payer leur d aux ayants droit "(Tour,

    2006).

    Selon Kitia Tour (ancien directeur de la compagnie ivoirienne du

    Cinma et de laudiovisuel), cest un flau qui tue la cration et

    lexploitation des uvres audiovisuelles en Afrique. Avec le numrique

    et les NTIC, le pirate, c'est "monsieur tout le monde" : du consommateur

  • TIC et dveloppement en Afrique: les apories dune entreprise illusoire

    Communication en Question, n 1 (1), 2013

    71

    malin disposant d'un ordinateur avec graveur, qui fait quelques copies,

    aux oprateurs avec une machinerie lourde. Les sources

    d'approvisionnement sont multiples. Le transfert des films sur VHS est

    ralis par numrisation sur un disque dur et la gravure des donnes se

    fait sur CD. La qualit n'est pas bonne, mais l'acqureur s'en contente.

    Certains oprateurs ont des catalogues de films de tous genres sur VHS

    et ils inondent le march. Vient l'enregistrement des films de Canal

    Horizons, ou Canal Satellite sur des lecteurs DVD (platines

    numriques), ces lecteurs-enregistreurs numriques ont des disques avec

    accs FTP (Fonction time shift) qui autorise une interconnexion totale

    avec un PC (ordinateur personnel) et permet d'effectuer des changes de

    donnes, de graver les films, d'exporter des missions.

    Le chiffre d'affaires de la piraterie numrique est difficile valuer,

    parce qu'elle est souterraine avec beaucoup de monde. Mais la vue des

    quantits de VCD, vendus aux carrefours, on se doute qu'elle rapporte

    dix fois plus que celle sur VHS. Les consquences sont diverses et

    touchent tous les secteurs conomiques de la chane des uvres de

    l'image : exploitants de salles, diffuseurs hertziens et satellitaires, tat...

    Les salles de cinma ferment les unes aprs les autres ; Abidjan on ne

    compte plus que trois salles de cinma dignes de ce nom. Les salles ne

    gnrent plus d'argent et les exploitants paient de lourdes charges et

    impts, en plus des frais du personnel et des factures d'lectricit. Les

    cassettes, DVD et VCD pirats sont vendus, lous ou projets pendant

    que le film est l'affiche. L'exploitation du film en salle est morte

    entranant la suppression de millier d'emplois. Les abonnements

    Canal Horizons sont en chute libre. On s'abonne ces chanes cause

    des films rcents et du sport. Une bonne frange des abonns se tourne

    vers la solution du lecteur VCD 30 000 FCFA (45 euros) et des VCD

    pirats 1 500 FCFA.

    La disparition des salles de cinma a entran un manque gagner pour

    l'tat au titre des taxes et des entres fiscales que ne comblent pas les

    vidoclubs qui ne paient qu'un impt synthtique ou une simple patente.

    Ce sont les taxes sur le cinma qui renflouent les fonds d'aide la

    cration audiovisuelle. Le seul fonds de soutien en Cte d'Ivoire, le FIC

    (Fonds ivoirien pour le Cinma) n'est pratiquement plus aliment.

    Seules les recettes des taxes prleves sur le chiffre d'affaires des

    organismes trangers de diffusion (tls et radios hertziennes et

    satellitaires) sont plus ou moins verses ; elles sont infimes, puisque ces

    organes voient leurs propres revenus chuter. Au Togo par exemple, pas

    moins de 700 000 cassettes, CD et VCD pirats ont t saisis en 2008

    (Agbogli, 2009).

  • Jean-Jacques Maomra BOGUI

    72

    Les raccordements clandestins au bouquet de chanes de tlvision

    cryptes CANAL SAT sont galement massifs dans de nombreux pays

    dAfrique francophone. Au Sngal, par exemple, o le groupe CANAL +

    sest senti oblig de dpcher des experts de sa cellule anti-piratage, on

    estime que le nombre de raccordements clandestins est suprieur aux

    25 000 abonns lgaux. 450 fraudeurs ont t arrts en 2007 (Josselin,

    2008). En effet, dans un pays comme la Cte dIvoire o labonnement

    Canal + Horizon cote plus de la moiti du salaire minimum, les

    raccordements clandestins sont devenus une solution pour accder un

    plus large choix de chanes de tlvision. Lengouement des Africains

    pour le bouquet de Canal Sat vient en partie du fait que ce groupe qui

    dispose dune puissance financire avre obtient en gnral lexclusivit

    des droits de diffusion sur des films trs populaires et des vnements

    sportifs importants dont sont friands les Africains. Par exemple, au

    cours de la coupe dAfrique de football en 2008 (vnement sportif le

    plus populaire en Afrique), les chanes de tlvision nationale de

    certains pays dAfrique francophone ne pouvant se permettre de payer

    les droits onreux de retransmission, seuls les abonns Canal +

    Horizon ont eu le privilge de suivre la comptition dans ces pays.

    Une tude que nous avons ralise auprs dtudiants ivoiriens (Bogui et

    al., 2009) nous montre tout lintrt que portent ces derniers aux mdias

    franais diffuss sur le territoire ivoirien. Cest principalement par le

    canal de ces mdias que les jeunes ivoiriens prfrent se tenir informs

    de ce qui se passe dans le reste du monde. Nous pouvons imaginer que

    laccs ces mdias leur donne le sentiment de faire partie de la socit

    mondialise. Christian Agbobli considre justement que le piratage

    audiovisuel au Togo a beaucoup de rsonance dans sa dimension

    culturelle, c'est--dire quil constitue une tactique permettant aux

    Togolais dtre en phase avec le reste du monde (Agbobli, 2009).

    11. Lutopie technocentriste

    En se fondant sur ces diffrents exemples qui montrent comment une

    frange de la population africaine est aujourdhui rduite des pratiques

    de dtournements malsains des usages des TIC afin den tirer un

    quelconque profit ce qui pose des problmes dordre thique qui ont

    des rpercussions sur le dveloppement de ces pays on peut

    sinterroger sur la crdibilit des discours technocentristes des

    organisations internationales qui, depuis plusieurs annes, laissent

    croire quil suffit de mettre les TIC aux mains des Africains pour

  • TIC et dveloppement en Afrique: les apories dune entreprise illusoire

    Communication en Question, n 1 (1), 2013

    73

    rattraper un suppos retard en matire de dveloppement. La course

    lquipement va donc trs rapidement devenir la proccupation

    principale dans la lutte contre la fracture numrique et pour permettre

    lAfrique de faire son entre dans la socit de linformation. propos

    justement de la socit de linformation Annie Chenau-Loquay dit :

    Le concept de socit de linformation traduit la vision

    dominante dune socit postindustrielle o linformation et le

    savoir deviennent les forces motrices de la croissance la

    place du travail et du capital. Cette socit devrait accrotre la

    qualit de la vie, stimuler la participation politique,

    promouvoir la cohsion sociale et lgalit, ce qui exprime la

    prennit dune vision linaire du progrs qui continue

    faire comme si le rattrapage tait possible, comme si les

    nouvelles technologies de linformation et de la

    communication(NTIC) taient le ssame pour le bienheureux

    dveloppement et la participation la mondialisation. Il

    sagit l dun discours port essentiellement par les organismes

    internationaux de lONU et qui mane ou est sous influence

    des milieux du secteur priv en charge des rseaux

    mondiaux. Elle reflte une hgmonie intellectuelle des lites

    du Nord par rapport ceux qui doivent apprendre et agir

    selon les directives labores pour eux et qui sont avant tout

    considrs comme des pauvres (Chenau Loquay, 2004).

    La rduction de la fracture numrique apparat donc comme un projet

    nolibral. Cet objectif ncessite un recours massif des quipements

    produits par les multinationales de llectronique, des

    tlcommunications et de linformatique bases dans les pays

    industrialiss. Il y va donc de lintrt des multinationales amricaines

    (Microsoft, Cisco ou encore Google) de rduire la fracture numrique

    et de faire en sorte quun maximum de personnes utilise leurs

    technologies ou services. Les desseins commerciaux et gostratgiques

    sont vacus bien sr dans largumentaire des discours (Guignard, 2007).

    La socit de linformation comme le souligne Sally BURCH19 aura jou

    un rle dambassadrice de bonne volont de la globalisation de

    lconomie mme si limage publique des technologies de la

    communication est davantage associe aux aspects conviviaux de la

    globalisation tels quinternet, la tlphonie mobile et internationale, la

    tlvision par satellite, etc.

    Bernard Mige (2007), propos de la rduction de la fracture

    numrique considre que ce projet mobilisateur est un projet illusoire,

    invoquant le fait que :

  • Jean-Jacques Maomra BOGUI

    74

    Les TIC se rvlent tre des techniques profondment

    ingalitaires en phase avec les contextes conomiques,

    politiques, organisationnels et culturels, se prsentant comme

    ouvertes et potentiellement libratrices, elles ont toutes les

    chances de renforcer les dominations avec une efficacit bien

    plus suprieure celle des mdias antrieurs. Car leur

    ingalit de rpartition, dont on ne voit pas comment elle

    pourrait tre rduite, sajoute le fait quelles prsupposent

    pour tre utilises de faon performante la mobilisation de

    comptences communicationnelles, elles-mmes ingalement

    distribues en fonction des dispositions participantes du

    capital culturel des usagers (MIGE, 2007)

    Ainsi, la question de lappropriation des techniques et de la formation

    des usages prend une tout autre dimension.

    Il nous semble donc vident que concernant ladoption dune politique

    pour mettre les TIC au service du dveloppement, il aurait fallu au

    pralable rflchir aux conditions de dveloppement d'usages sociaux de

    ces outils au profit de la majorit de la population, en tenant compte du

    contexte africain. En effet, plus dune dcennie aprs les premires

    exprimentations des TIC en Afrique, on est encore sinterroger sur les

    avances notables en terme de dveloppement. Aussi bien dans les

    domaines de la sant, de lducation et du pouvoir dachat, les peuples

    africains ne semblent pas avoir beaucoup progress.

    Conclusion

    Au terme de notre rflexion, nous pouvons affirmer en nous fondant sur

    les tudes de cas prsentes que le pralable toute exprimentation en

    vue de mettre les TIC au service du dveloppement dans les pays

    africains ne saurait tre fond sur une course lquipement. Si

    aujourdhui en Afrique, les cybercafs pullulent dans les capitales et

    grandes villes et que le nombre dinternautes ne cesse de crotre, cela na

    en rien pour autant chang le quotidien des populations toujours en

    proie aux mmes difficults. Comme le disait si bien Alain Kiyindou

    (2009), le Leapfrogging reste encore du domaine du rve. Bien au

    contraire, les tats africains se trouvent confronts de nouveaux

    problmes dus aux nombreuses dviances dans lappropriation des TIC

    qui ont pour consquences daccrotre les difficults dans la lutte pour le

    dveloppement. Une vraie rflexion sur lducation lusage des TIC des

    populations africaines surtout les plus jeunes et sur les conditions de

    dveloppement d'usages sociaux tenant compte du contexte africain dans

    la perspective de la rduction de la pauvret, de lamlioration du

  • TIC et dveloppement en Afrique: les apories dune entreprise illusoire

    Communication en Question, n 1 (1), 2013

    75

    systme de sant et du systme ducatif devrait tre le point central de

    toute politique dintgration des TIC en Afrique. Dans le cas contraire,

    les espoirs placs dans la contribution des TIC au dveloppement du

    continent africain resteront une fois de plus au stade de lutopie.20

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