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Section 6: Le Quatrième Commandement: La Morale Familiale et Sociale Comment les catholiques vivent LE CHRISTIANISME CATHOLIQUE LA SÈRIE LUKE E. HART

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Section 6: Le Quatrième Commandement:La Morale Familiale et Sociale

Comment les catholiques vivent

LE CHRISTIANISME CATHOLIQUE LA SÈRIE LUKE E. HART

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Les Chevaliers de Colomb présententLa série Luke E. Hart

Éléments de base de la Foi Catholique

LE QUATRIÈME COMMANDEMENT:FAMILLE ET MORALE SOCIALE

PA R T I E T R O I S • S E C T I O N S I X D E L AC H R É T I E N T É C A T H O L I Q U E

Quelles sont les croyances d’un Catholique?Comment un Catholique prie-t-il?Comment un Catholique vit-il?

Selon leCatéchisme de l’Église Catholique

parPeter Kreeft

Collection dirigée parla père Juan-Diego Brunetta, O.P.

Directeur du Service d’information catholiqueConseil Suprême des Chevaliers de Colomb

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Nihil obstat:La père Alfred McBride, O.Praem.

Imprimatur:Le Cardinal Bernard Law

19 décembre 2000

Le Nihil Obstat et l’Imprimatur sont des déclarations officielles qu’un livre ou un dépliant estlibre d’erreurs doctrinales ou morales. Ces déclarations ne sous-entendent pas que les personnesqui ont accordé le Nihil Obstat et l’Imprimatur sont en accord avec le contenu, les opinions ou lesdéclarations exprimés.

Copyright © 2009 par le Conseil Suprême des Chevaliers de Colomb. Tous droits réservés.

Extraits du Catéchisme de l’Église Catholique, édition définitive, © Texte typique latin, LibreriaEditrice Vaticana, Citta del Vaticano, 1997. Pour utilisation au Canada, copyright © ConcacanInc., 1998. Tous droits réservés. Reproduit avec la permission de la Conférence des évêquescatholiques du Canada. Pour obtenir le texte complet, visitez : www.editionscecc.ca

Les citations de l’Écriture sainte sont extraites de la version La Bible, traduction officielle de laliturgie, tel que présentée sur le site Internet Bible de la Liturgie, Copyright AELF - Paris -1980 - Tous droits réservés.

Les extraits en langue latine et en langue anglaise du Droit Canon sont utilisés ici avec l'accordde l'éditeur © 1983 Société de droit canon d’Amérique, Washington D.C.

Des citations tirées de documents officiels de l’Église, de Neuner, Josef, SJ et Dupuis, Jacques,SJ., éditeurs : The Christian Faith : Doctrinal Documents of the Catholic Church, 5e édition (NewYork : Alba House, 1993) Utilisation autorisée.

Avec l’autorisation de l’éditeur, tous droits réservés, nous avons utilisé des extraits du VaticanCouncil II : The Conciliar and Post-Conciliar Document Revised Edition, édité par Austin FlanneryOP, copyright © 1992, Costello Publishing Company, Inc., Northport, NY. Ces extraits, entout ou en partie, ne sauraient être reproduits, ni stockés dans un système de gestiond'information, ni retransmis sous quelque forme ni par quelque moyen que ce soit, électronique,mécanique, photographique, magnétique, numérique ou tout autre, sans l'autorisation explicitede la Costello Publishing Company.

Couverture : Ambrogio Lorenzetti (fl. C. 1311-1348), Le saint Nicholas de Bari offre une dot à depauvres filles. Louvre, Paris, France. ©Erich Lessing/Art Resource, New York.

Toute représentation, transmission ou reproduction intégrale ou partielle de ce livre, sousquelque forme ou par quelque moyen que ce soit, électronique, mécanique, photographique,magnétique, numérique ou tout autre, sans l’autorisation écrite de l’éditeur, est strictementinterdite. Communiquer par écrit avec :

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Imprimé aux États-Unis d’Amérique

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U N MO T S U R C E T T E S É R I ECe livret en est un d’une série de 30 livrets qui offrent une

expression familière des principaux éléments du Catéchisme del’Église Catholique. Le pape Jean-Paul II, sous l’autorité duquel leCatéchisme fut d’abord publié en 1992, exprima le désir que detelles versions soient publiées afin que chaque peuple et chaqueculture puissent s’approprier son contenu comme le leur.

Ces livrets ne remplacent pas le Catéchisme, mais sontofferts seulement dans l’esprit de rendre son contenu plusaccessible. La série est à certains moments poétique, familière,enjouée et imaginative; en tout temps, elle s’efforce d’être fidèleà la foi.

Le Service d’information catholique recommande de lirechaque mois au moins un livret de la série Hart afin d’obtenir unecompréhension plus profonde, plus mature de la Foi.

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TRO I S I ÈME PART I E : COMMENT L E SC ATHOL IQUE S V I V ENT (MORA L I T É )

SECTION 6: LE QUATRIÈMECOMMANDEMENT: FAMILLE

ET MORALE SOCIALEHonore ton père et ta mère

1. La morale sociale et politique catholique est fondée sur Dieu et sur lafamille

« [L]’accomplissement parfait de la Loi, c’est l’amour »(Romains 13, 10). Les dix commandements précisent commentaimer. Les trois premiers commandements (la première table de laloi) nous dit comment aimer Dieu, et les sept dernières (la secondetable) comment aimer le prochain.

De même que le premier commandement est le fondement dela première table de la loi, le quatrième est le fondement de ladeuxième table. « Le quatrième commandement ouvre la secondetable. Il indique l’ordre de la charité. Dieu a voulu qu’après Lui,nous honorions nos parents à qui nous devons la vie et qui nous onttransmis la connaissance de Dieu. Nous sommes tenus d’honorer etde respecter tous ceux que Dieu, pour notre bien, a revêtus de sonautorité. » (CÉC 2197) Cela inclut « tuteurs, maîtres, chefs,magistrats, gouvernants, […] tous ceux qui exercent une autoritésur autrui ou sur une communauté de personnes » (CÉC 2199).

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*CÉC = Catéchisme de l’Église Catholique

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Notre relation avec les autorités sociales et politiquess’enracine donc dans notre relation encore plus fondamentale avecnos parents, laquelle s’enracine elle-même dans la plusfondamentale de toutes les relations, celle avec notre Créateur. Il y aun ordre hiérarchique entre les trois, qui dérivent l’une de l’autre.

Ce principe fondamental distingue radicalement la moralesociale et politique catholique des options séculières modernes.Presque toujours, la mise à l’écart séculière de Dieu et de sonautorité va de pair avec une mise à l’écart de la famille, de sonautorité et de sa priorité sur l’État. Les idéologies séculières ont unetendance naturelle à surestimer les États et à sous-estimer lesfamilles parce que les États sont des réalisations humaines, quiprennent beaucoup de formes différentes, tandis que la famille estconçue par Dieu et non par l’homme, et ne peut pas être remaniéeen profondeur pour prendre diverses formes, même si c’estexactement ce que les sécularistes d’aujourd’hui essaient souvent defaire; par exemple, ils déclarent que l’union artificielle, temporaireet stérile de deux homosexuels ou plus est une « famille » toutautant que l’union naturelle, permanente et procréatrice du mari etde la femme.

Avant d’expliquer les détails de l’enseignement catholique surla famille privée (paragraphes 6 12) et la société publique(paragraphes 13-20), nous devons expliquer un principefondamental qui régit les deux et qui est très souvent mal comprisaujourd’hui : le sens de l’autorité et de l’obéissance et leurcompatibilité avec l’égalité (paragraphes 2-5).

2. Le sens de l’autoritéLorsque saint Paul résume dans ses épîtres la volonté de Dieu

concernant l’ordre social humain, il mentionne habituellementquatre relations, les quatre relations naturelles qui persistent en touttemps, en tout lieu, dans toutes les cultures et dans tous les systèmespolitiques : a) entre parents et enfants; b) entre mari et femme; c)entre dirigeants et citoyens; d) entre maîtres et serviteurs. Dans laRome antique, cette dernière désignait la relation entre maîtres et

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esclaves; en langage moderne, il s’agit des employeurs et desemployés. (On paie le plombier pour ses services.)

L’autorité et l’obéissance sont des notions utilisées par presquetoutes les cultures prémodernes pour décrire ces relationsfondamentales, et la Bible et l’Église aussi les utilisent pourdésigner des choses naturelles, convenables et bonnes. Toutefois, cesdeux termes sont très souvent incompris aujourd’hui et rejetés enconséquence.

Le premier point est que l’autorité des parents, des maris, desdirigeants et des maîtres n’est pas la même chose, mais quatrechoses qui diffèrent grandement par leur nature et leur portée. Onne peut pas s’attendre à ce que l’autorité des dirigeants sur lescitoyens soit fondée sur l’amour désintéressé du Christ, mais cetamour est le seul fondement donné par les Écritures pour justifierl’autorité du mari sur sa femme (Éphésiens 5, 22-25), et on l’attendaussi des parents envers les enfants.

Deuxième point : alors qu’il est dit aux femmes d’être« soumises » à leurs maris, il est également dit aux maris d’être« soumis » à leurs femmes : « soyez soumis les uns aux autres »(Éphésiens 5, 21).

Troisième point : si les parents, les maris, les dirigeants et lesmaîtres détiennent l’autorité sur les enfants, les femmes, les citoyenset les serviteurs, il reste qu’ils ont des responsabilités envers ceux-ci.Les maris doivent aimer leurs femmes « comme le Christ a aimél’Église » (Éphésiens 5, 25) et non pour être leurs maîtres. Dieu aconçu ces relations humaines sur le modèle d’une danse entre égauxqui jouent des rôles différents et non d’une lutte de pouvoir entredes personnes inégales qui convoitent le premier rôle. Ces relationsdoivent être comme la Trinité. Quand le Fils de Dieu s’est faithomme, Il nous a révélé la nature trinitaire de Dieu comme relationd’amour entre trois Personnes égales qui sont pourtant reliées par unordre d’autorité et d’obéissance. Le Fils obéit au Père en touteschoses. Il a donc changé radicalement notre compréhension del’autorité et de l’obéissance et a corrigé notre incompréhensionnaturelle.

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Cette incompréhension consiste à confondre l’autorité avec lepouvoir et l’obéissance avec l’infériorité, la faiblesse ou la servilité.Elle provient du fait qu’on adopte le point de vue du monde et noncelui de Dieu. Le monde chérit le pouvoir; Dieu chérit la bonté.L’autorité au sens biblique n’est pas un terme de pouvoir mais unterme de bonté; il désigne le droit et non la force.

Si on détient l’autorité sur quelqu’un, cela présupposetoujours qu’on est sous une autorité plus haute et qu’on latransmet fidèlement comme l’Église transmet l’Évangile duChrist. L’Église n’a pas l’autorité (c’est-à-dire le droit) d’inventerou de changer ce qu’elle a reçu de Dieu; elle est le courrier deDieu, pas son rédacteur ou son critique. L’autorité, c’est le droitde quelqu’un d’être obéi en raison de son obéissance, comme lecenturion romain l’a dit au Christ en faisant appel à l’autoritéqu’Il avait sur la maladie mortelle de son serviteur : « disseulement un mot, et mon serviteur sera guéri. Moi qui suis unsubalterne, j’ai des soldats sous mes ordres; à l’un, je dis : “Va”,et il va; à l’autre : “Viens”, et il vient » (Luc 7, 7-8). De mêmequ’il savait que son autorité découlait de son obéissance à César,le centurion savait que l’autorité du Christ découlait de sonobéissance au Père. Le Christ avait autorité sur les démons et lesmaladies parce qu’Il pouvait dire en vérité : « je ne suis pasdescendu du ciel pour faire ma volonté, mais pour faire la volontéde celui qui m’a envoyé » (Jean 6, 38).

3. Le sens de l’obéissanceCet exemple montre aussi que l’obéissance n’est pas un signe

d’infériorité. Personne n’a jamais obéi à la volonté du Père pluscomplètement que le Christ; pourtant, le Christ était divin, égal auPère en toutes choses.

C’est pourquoi, lorsque le quatrième commandement prescritaux enfants d’obéir à leurs parents et lorsque le Nouveau Testamentprescrit aux femmes d’obéir à leurs maris (Éphésiens 5, 22;Colossiens 3, 18; Tite 2, 5; 1 Pierre 3, 1), aux citoyens d’obéir à leursdirigeants (Romains 13, 1; 1 Pierre 2, 13-14) et aux serviteursd’obéir à leurs maîtres (Colossiens 3, 22; Tite 2, 9; 1 Pierre 2, 18),

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cela ne veut pas dire une relation entre inférieur et supérieur. En fait,cette fausse interprétation est expressément contredite : « Dieu nefait pas de différence entre les hommes » (Colossiens 3, 25).

4. Les formes sociales de l’autorité et de l’obéissance changent avec le tempsSeule l’autorité de Dieu est absolue et immuable. Les quatre

formes de l’autorité humaine sont tributaires des cultures etprennent, de façon légitime, des formes très différentes selon leslieux et les époques. L’Église ne veut pas plus un retour del’humanité aux relations de style victorien entre mari et femme,entre parents et enfants ou entre maîtres et serviteurs qu’elle ne veutnous ramener à l’idéal médiéval de l’État monarchique.

Toutefois, une certaine dimension verticale ou hiérarchique del’autorité qui « descend » et de la réponse d’obéissance qui« remonte » est une dimension nécessaire de tout ordre social. Ladimension horizontale de l’égalité entre tous les humains est toutaussi nécessaire. Sans autorité, le chaos règne; sans égalité, c’est latyrannie. Les modes d’interaction entre ces deux dimensionschangent avec les époques, les lieux et les cultures. L’essentiel estsimplement que l’autorité ne contredit pas l’égalité et que l’égalitén’abolit pas l’autorité. « Dieu a institué la famille humaine et l’adotée de sa constitution fondamentale. Ses membres sont despersonnes égales en dignité. » (CÉC 2203) Pourtant, en mêmetemps, l’Écriture insiste à maintes reprises sur l’autorité etcommande l’obéissance entre ces « personnes égales en dignité ».

Tel est le dessein de Dieu, et c’est un fait qu’aucun homme nepeut changer parce qu’aucun homme ne l’a inventé. « Dieu ainstitué la famille humaine et l’a dotée de sa constitutionfondamentale » (CÉC 2203) : voilà le fondement le plus solidepossible de l’égalité, ainsi que du fait, également ordonné par Dieu,que « [t]oute communauté humaine a besoin d’une autorité qui larégisse » 3 (CÉC 1898).

5. Récompenses de l’obéissance au quatrième commandementSaint Paul remarque que « c’est le premier commandement

assorti d’une promesse » (Éphésiens 6, 2). « Le respect de ce

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commandement procure, avec les fruits spirituels, des fruitstemporels de paix et de prospérité. Au contraire, l’inobservance dece commandement entraîne de grands dommages pour lescommunautés et pour les personnes humaines. » (CÉC 2200)

L’histoire confirme cette promesse. Dans l’histoire del’humanité, les trois sociétés les plus stables, les plus durables etjouissant de la plus grande paix interne existent toujours; lesfondements moraux essentiels de ces communautés ont été établispar Moïse (il y a plus de 3 500 ans), par Confucius (il y a plus de 2500 ans) et par Mahomet (il y a plus de 1 300 ans). Les trois sontfondées sur une très haute considération pour les familles et sur lapratique d’une éducation morale constante.

Le Christ n’a pas fondé une nouvelle société civile, mais Il aréaffirmé et accompli la Loi de Moïse, que Dieu n’a pas promulguéeseulement pour Israël, mais pour le monde entier. Non seulement lejudaïsme, mais toute société civile peut prospérer en prenantcomme fondement les dix commandements.

6. Qu’est-ce que la famille?Le Catéchisme définit trois caractéristiques essentielles de la

famille : son essence, son origine et sa fin.(1) « Un homme et une femme unis en mariage forment avec

leurs enfants une famille. » (CÉC 2202) Voilà la définitionsimple et évidente des parties constituantes d’une famille.

(2) L’origine première de la famille est le dessein de Dieu,mais son origine immédiate est le libre choix d’un hommeet d’une femme qui décident de créer une nouvelle personnemorale, « une seule chair ». « La communauté conjugaleest établie sur le consentement des époux. » (CÉC 2201)

(3) La famille a deux fins essentielles : « Le mariage et la famillesont ordonnés au bien des époux et à la procréation et àl’éducation des enfants. » (CÉC 2201)

Ainsi, deux hommes ou plus, deux femmes ou plus, un couplenon marié, des personnes mariées par contrainte, deux personnes quise sont mariées sans avoir un minimum de bienveillance l’une pour

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l’autre et les personnes qui refusent à perpétuité d’avoir des enfantsmanquent à l’une des conditions essentielles d’une famille.

7. Priorité de la famille sur l’État(1) La famille est supérieure à l’État par son origine, et donc par

ses droits. L’État n’a pas inventé la famille et ne lui a pasdonné sa constitution ni ses droits; il n’a donc pas lepouvoir de la dissoudre ni de la réinventer. « Cettedisposition [la famille] précède toute reconnaissance parl’autorité publique; elle s’impose à elle. » (CÉC 2202) Lafamille n’a pas reçu ses droits de l’État, mais de Dieu,puisqu’elle tient de Lui son existence et sa « constitutionfondamentale » (structure essentielle).

(2) La famille est supérieure à l’État par sa fin ou sa raisond’être. L’État existe pour promouvoir le bien des familleset des personnes, et non l’inverse.

(3) La famille est supérieure à l’État en importance, car elle estl’unité de base fondamentale de toute société, « la celluleoriginelle de la vie sociale » (CÉC 2207). En conséquence,« [s]uivant le principe de subsidiarité [voir le paragraphe18], les communautés plus vastes se garderont d’usurperses pouvoirs ou de s’immiscer dans sa vie » (CÉC 2209).

8. Devoirs spécifiques de l’État envers la famille« La communauté politique a le devoir d’honorer la famille, de

l’assister, de lui assurer notamment :[1] la liberté de fonder un foyer, [2] d’avoir des enfants [3] et de les élever en accord avec ses propres convictions

morales et religieuses [cela s’applique spécialement auxécoles publiques];

[4] la protection de la stabilité du lien conjugal […];[5] la liberté de professer sa foi, de la transmettre, d’élever ses

enfants en elle […];[6] le droit à la propriété privée,

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[7] la liberté d’entreprendre, [8] d’obtenir un travail, [9] un logement,

[10] le droit d’émigrer;[11] selon les institutions des pays, le droit aux soins

médicaux, à l’assistance pour les personnes âgées, auxallocations familiales;

[12] la protection de la sécurité et de la salubrité, notammentà l’égard des dangers comme la drogue, la pornographie,l’alcoolisme, etc.;

[13] la liberté de former des associations avec d’autres familleset d’être ainsi représentées auprès des autorités civiles. » 1(CÉC 2211)

[14] « Premiers responsables de l’éducation de leurs enfants,les parents ont le droit de choisir pour eux une école quicorrespond à leurs propres convictions. Ce droit estfondamental. » (CÉC 2229)

9. Famille et morale« La famille est la communauté dans laquelle, dès l’enfance, on

peut apprendre les valeurs morales » (CÉC 2207).« Le foyer est un lieu approprié à l’éducation des vertus. Celle-

ci requiert l’apprentissage de l’abnégation, d’un sain jugement,de la maîtrise de soi, conditions de toute liberté véritable. Lesparents enseigneront aux enfants à subordonner “les dimensionsphysiques et instinctives aux dimensions intérieures etspirituelles” » 3 (CÉC 2223).

10. Famille et religion« La famille est la communauté dans laquelle, dès l’enfance, on

peut […] commencer à honorer Dieu » (CÉC 2207). « “[P]our cetteraison, (…) elle doit être désignée comme une église domestique.” 2

Elle est une communauté de foi, d’espérance et de charité. » (CÉC2204) Elle est le seul endroit où la plupart d’entre nous apprennentla leçon la plus importante de la vie : la charité (agapè), l’amour qui

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est la nature même de Dieu (1 Jean 4, 16). C’est le lieu où les enfantsdécouvrent que cette charité, et donc ce Dieu, n’est pas seulementun idéal abstrait, mais une réalité concrète. Ainsi, la plupart d’entrenous découvrent que Dieu existe par la médiation de nos parents,qui nous transmettent la réalité de Dieu (la charité).

La famille enseigne aux enfants qu’ils sont aimés de façon égaleet sans limite, qu’ils soient faibles ou forts, en santé ou malades,« normaux » ou « handicapés », car ils ne sont pas aimés comme dansle monde, pour leur degré de réussite dans l’accomplissement d’unetâche physique ou mentale, pour leur travail, pour leur excellenceartistique ou sportive, mais simplement pour ce qu’ils sont : desenfants de Dieu et de parents dont l’amour, comme celui de Dieu, aété la cause plutôt que la conséquence de leur existence et de leurvaleur; cet amour leur a dit : « vous êtes précieux parce que vous êtesaimés », et non « vous êtes aimés en raison de votre valeur ».

Puisque la famille est le premier endroit où les enfantsconnaissent cet amour sans condition, sans limite et sans fin, elle estappelée à juste titre une église, un corps du Christ visible, car cetamour est précisément celui du Christ, qui devient réellement présent,sous une forme différente mais tout aussi réelle que dansl’Eucharistie.

11. Les devoirs des enfantsa. Les devoirs fondamentaux des enfants

« La paternité divine est la source de la paternitéhumaine; 2 c’est elle qui fonde l’honneur des parents. »(CÉC 2214) « Dieu le Père » n’est pas une métaphore,une copie ou une image de la paternité humaine; lapaternité divine est le fait primordial, et la paternitéhumaine en est l’image ou la copie.

b. Quatre devoirs fondamentaux1) Respect : « Le respect des enfants, mineurs ou adultes,

pour leurs père et mère 3 se nourrit [d’une part] del’affection naturelle née du lien qui les unit. Il estdemandé [d’autre part] par le précepte divin. » 4

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(CÉC 2214) Il est à la fois naturel et surnaturel. « Lerespect filial favorise l’harmonie de toute la viefamiliale, il concerne aussi les relations entre frères etsœurs. » (CÉC 2219)

2) Reconnaissance : « Le respect pour les parents […] estfait de reconnaissance à l’égard de ceux qui, par le don dela vie, leur amour et leur travail, ont mis leurs enfantsau monde et leur ont permis de grandir » (CÉC 2215).« Souviens-toi que tu leur dois la naissance, commentleur rendras-tu ce qu’ils ont fait pour toi? » (Sirac 7, 28)

3) Obéissance : « Le respect filial se révèle par […]l’obéissance » (CÉC 2216). « Aussi longtemps quel’enfant vit au domicile de ses parents, l’enfant doitobéir à toute demande des parents motivée par son bienou par celui de la famille. » (CÉC 2217) « L’obéissanceenvers les parents cesse avec l’émancipation des enfants[quand ils quittent la maison], mais non point lerespect qui reste dû à jamais. » (CÉC 2217)

4) Soutien : « Le quatrième commandement rappelle auxenfants, devenus grands, leurs responsabilités envers lesparents. Autant qu’ils le peuvent, ils doivent leurdonner l’aide matérielle et morale, dans les années devieillesse, et durant le temps de maladie, de solitude etde détresse. » 2 (CÉC 2218)

12. Les devoirs des parents1) « La fécondité de l’amour conjugal ne se réduit pas à la

seule procréation des enfants »,2) « mais doit s’étendre à leur éducation morale et à leur

formation spirituelle. “Le rôle des parents dans l’éducation estd’une telle importance qu’il est presque impossible de lesremplacer.” » 1 (CÉC 2221)

3) « Les parents doivent regarder leurs enfants comme desenfants de Dieu et les respecter comme des personneshumaines. » (CÉC 2222)

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4) Les parents devraient corriger leurs enfants, mais non lesprovoquer (Éphésiens 6, 4).

5) « Par la grâce du sacrement de mariage, les parents ont reçula responsabilité et le privilège d’évangéliser leurs enfants. Ilsles initieront dès le premier âge aux mystères de la foi »(CÉC 2225).

6) « Les parents veilleront à ne contraindre leurs enfants nidans le choix d’une profession, ni dans celui d’un conjoint.Ce devoir de réserve ne leur interdit pas, bien au contraire,de les aider par des avis judicieux » (CÉC 2230). Lesparents sont de loin l’influence la plus importante surl’enfant lorsqu’il fait les trois choix les plus importants desa vie : quel Dieu adorer, quel conjoint marier et quelleprofession embrasser.

7) « C’est une grave responsabilité pour les parents de donnerde bons exemples à leurs enfants. » (CÉC 2223) C’est deloin la manière la plus efficace d’enseigner la morale et lareligion.

8) « En sachant reconnaître devant eux leurs propres défauts,ils seront mieux à même de les guider et de les corriger »(CÉC 2223). Les enfants doivent apprendre que les parents,eux aussi, sont soumis à la même loi et à la même autoritédivines.

13. Morale sociale catholique : le fondement de la communauté sociale estDieu en tant que fin commune

Comme l’individu humain, une société humaine est « à la foisvisible et spirituelle » (CÉC 1880). Une société, comme un corps,est visible, mais son principe d’unité, comme une âme, est spirituel.Pour être une communauté, elle doit avoir un principe commund’unité. « Une société est un ensemble de personnes liées de façonorganique par un principe d’unité qui dépasse chacune d’elles. »(CÉC 1880)

Ce principe d’unité est sa fin. « Chaque communauté sedéfinit par son but » (CÉC 1881). Dans La Cité de Dieu, saint

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Augustin a défini la cité ou la communauté comme un groupe depersonnes « réunies par un amour commun » [traduction]. « Car làoù est votre trésor [l’objet de votre amour], là aussi sera votre cœur[votre centre, votre identité]. » (Luc 12, 34) Un grand nombre depersonnes deviennent une communauté en étant présentes les unesaux autres par leur adhésion à un objectif commun. Elless’identifient l’une à l’autre lorsqu’elles s’identifient toutes à la mêmefin.

14. Dieu est le fondement ultime de l’égalitéPar-dessus tout, cet « objectif commun » est Dieu. « Tous les

hommes sont appelés à la même fin, Dieu Lui-même. » (CÉC 1878)En raison de cette fin commune, les hommes ont une dignitécommune.

La même conclusion — notre dignité et notre valeurcommunes — découle aussi de notre origine commune : « Créés àl’image du Dieu unique, dotés d’une même âme raisonnable, tousles hommes ont même nature et même origine. » (CÉC 1934) Voilàle vrai fondement de l’égalité des hommes; aucun autre fondement(comme l’opinion ou le consensus des hommes) n’est absolumentprotégé des conceptions humaines changeantes de race « supérieure »ou de groupes « indésirables ». Dieu seul est immuable.

15. Dieu est le fondement de la dignité de la personne humainePresque tous admettent l’égalité des humains et leur dignité,

et comprennent l’importance de ces vérités pour une société juste,mais tous n’admettent pas que Dieu est le seul fondement valable etla seule garantie de ces vérités.

Une société juste reconnaît la valeur intrinsèque de chaquepersonne, mais cette valeur est transcendante et ne peut être révoquéepar aucune autorité humaine, pour la seule raison qu’elle n’émaned’aucune autorité humaine, mais de Dieu. « La justice sociale nepeut être obtenue que dans le respect de la dignité transcendante del’homme. » (CÉC 1929) « Le respect de la personne humaineimplique celui des droits qui découlent de sa dignité de créature [de

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Dieu]. Ces droits sont antérieurs à la société et s’imposent à elle. »(CÉC 1930)

16. Les devoirs des citoyens1) Obéissance : « Le quatrième commandement de Dieu nous

ordonne aussi d’honorer tous ceux qui, pour notre bien, ontreçu de Dieu une autorité dans la société. » (CÉC 2234)Cela ne veut pas dire qu’il existe un « droit divin des rois »,d’un certain gouvernement ou d’une certaine forme degouvernement; cela veut dire que Dieu a conçu l’hommeen tant que créature sociale et politique, et donc qu’enobéissant aux autorités sociales légitimes, nous obéissons audessein de Dieu. Il nous est dit : « Soyez soumis à touteinstitution humaine, à cause du Seigneur » (1 Pierre 2, 13;voir aussi Romains 13, 1).Sont également moralement obligatoires :

2) « le paiement des impôts »,3) « l’exercice du droit de vote »,4) « la défense du pays » (CÉC 2240).5) Nous avons aussi l’obligation d’être vigilants et d’avoir

l’esprit critique. Notre « collaboration loyale comporte ledroit, parfois le devoir d’exercer une juste remontrance surce qui [nous] paraîtrait nuisible à la dignité des personneset au bien de la communauté » (CÉC 2238).

6) Parfois, nous avons même le devoir de désobéir : « Lecitoyen est obligé en conscience de ne pas suivre lesprescriptions des autorités civiles quand ces préceptes sontcontraires aux exigences de l’ordre moral » (CÉC 2242).« S’il arrive aux dirigeants d’édicter des lois injustes ou deprendre des mesures contraires à l’ordre moral, cesdispositions ne sauraient obliger les consciences. » (CÉC1903) Les lois sociales humaines doivent être jugées d’aprèsla loi naturelle, qui leur est supérieure (voir la partie III,section 2, paragraphe 2). En fait, c’est seulement s’il existeune telle loi supérieure que des protestations contre les lois

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humaines peuvent être morales ou justes. Le sécularistemoderne qui nie l’existence d’une loi naturelle, de par salogique, doit, soit admettre que toutes les lois humainessont à l’abri des critiques et être un conservateurimmobiliste, soit les rejeter sans faire appel à une moralesupérieure et être un hors-la-loi qui s’appuie seulement surla force et non sur le droit.

7) Charité : « “[L]e sentier, souvent étroit, entre la lâcheté quicède au mal et la violence qui, croyant le combattre,l’aggrave” 5 […] est le chemin de la charité, c’est-à-dire del’amour de Dieu et du prochain. La charité représente le plusgrand commandement social. […] Elle inspire une vie dedon de soi » (CÉC 1889). Elle n’est pas un « supplément »louable réservé aux saints, mais une nécessité pour toutefamille ou société fonctionnelle.

17. Les devoirs des nations« Les nations mieux pourvues sont tenues d’accueillir autant

que faire se peut l’étranger en quête de la sécurité et des ressourcesvitales qu’il ne peut trouver dans son pays d’origine. » (CÉC 2241)

Les nations riches sont également tenues en charité d’aider lesnations pauvres, particulièrement dans le cas d’un besoin immédiattel qu’une famine.

Les familles devraient aussi, tout autant que les particulierset les nations, faire preuve de charité envers d’autres familles. Sila charité individuelle et familiale fonctionnait comme il se doit,les bureaucraties gouvernementales impersonnelles pourraientêtre moins lourdes, moins coûteuses et moins indiscrètes. « Laparticipation [à la société] se réalise d’abord dans la prise encharge des domaines dont on assume la responsabilité personnelle :par le soin apporté à l’éducation de sa famille, par la consciencedans son travail » 3 (CÉC 1914). On ne doit pas négliger cesdevoirs concrets et immédiats en faveur de causes abstraites etéloignées qui donnent l’illusion d’être très idéaliste et moral.

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Le Christ nous a commandé d’aimer notre prochain, pas« l’humanité ».

18. Subsidiarité et socialisationD’une part, la « “socialisation” exprime […] la tendance

naturelle qui pousse les humains à s’associer, en vue d’atteindre desobjectifs qui excèdent les capacités individuelles » (CÉC 1882).

D’autre part, « [l]a socialisation présente aussi des dangers.Une intervention trop poussée de l’État peut menacer la liberté etl’initiative personnelles. La doctrine de l’Église a élaboré le principedit de subsidiarité. Selon celui-ci, “une société d’ordre supérieur[plus vaste] ne doit pas intervenir dans la vie interne d’une sociétéd’ordre inférieur [moins vaste] en lui enlevant ses compétences,mais elle doit plutôt la soutenir” » 3 (CÉC 1883). Ce principes’applique spécialement aux familles.

Le modèle du principe de subsidiarité est le gouvernementexercé par Dieu sur l’univers. « Dieu n’a pas voulu retenir pour Luiseul l’exercice de tous les pouvoirs. Il remet à chaque créature lesfonctions qu’elle est capable d’exercer, selon les capacités de sanature propre. Ce mode de gouvernement doit être imité dans la viesociale. Le comportement de Dieu dans le gouvernement du monde,qui témoigne de si grands égards pour la liberté humaine, devraitinspirer la sagesse de ceux qui gouvernent les communautéshumaines. » (CÉC 1884) Le Créateur de l’univers se retire, demanière humble et anonyme, et laisse ses créatures recueillir lagloire; selon la maxime médiévale, « la grâce ne remplace pas lanature mais la perfectionne ». Le philosophe chinois antique Lao-Tseu, dans le Dao De Jing, a observé le même principe dansl’univers, qui est gouverné par le Tao invisible et effacé, ou la « voie »de la nature, et il a aussi appliqué ce principe au gouvernementhumain.

L’enseignement catholique est équitable, équilibré et completà ce sujet comme sur tout autre point. D’une part, « [l]e principe desubsidiarité s’oppose à toutes les formes de collectivisme. Il trace leslimites de l’intervention de l’État. » (CÉC 1885) D’autre part, la

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socialisation est humanisante, et l’État est nécessaire non seulementpour maintenir l’ordre public, mais aussi pour assurer une« couverture sociale » des besoins humains essentiels comme lanourriture, le logement, les possibilités d’emploi et les soinsmédicaux de base à ceux qui ne bénéficient pas d’initiatives privées,de la charité individuelle ou d’une famille.

19. Le personnalisme, clé de politiques bénéfiques« L’inversion des moyens et des fins, 2 qui aboutit à donner

valeur de fin ultime à ce qui n’est que moyen d’y concourir, ou àconsidérer des personnes comme de purs moyens en vue d’un but,engendre des structures injustes » (CÉC 1887).

« Le bien commun est toujours orienté vers le progrès despersonnes : “L’ordre des choses doit être subordonné à l’ordre despersonnes, et non l’inverse.” » 2 (CÉC 1912) La raison d’être de toutgouvernement public, des impôts, des armées et des lois est lebonheur des particuliers et des familles.

Et leur bonté aussi. Voici une définition très simple d’unebonne société : « une bonne société est une société qui rend faciled’être bon » [traduction] (Dorothy Day citant Peter Maurin).

Une bonne société est une société où chacun reconnaît « danstoute personne humaine, un fils ou une fille de […] “notre Père”.Par là, nos relations avec notre prochain sont reconnues d’ordrepersonnel. Le prochain n’est pas un “individu” de la collectivitéhumaine; il est “quelqu’un” » (CÉC 2212). « Les communautéshumaines sont composées de personnes. [En conséquence], [l]eur bongouvernement ne se limite pas à la garantie des droits et àl’accomplissement des devoirs, ainsi qu’à la fidélité aux contrats. Dejustes relations entre employeurs et employés, gouvernants etcitoyens, supposent la bienveillance naturelle » (CÉC 2213). Debonnes gens et de bonnes relations rendent bonne la pire société; demauvaises gens et de mauvaises relations rendent mauvaise lameilleure société.

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20. Personnes et institutionsD’une part, aucune justice sociale ni aucun progrès ne peut

être réalisé simplement de l’extérieur, par des institutionsimpersonnelles, mais il doit venir de l’intérieur, des personnes, ducœur et d’un libre choix. « Il faut alors faire appel aux capacitésspirituelles et morales de la personne et à l’exigence permanente desa conversion intérieure, afin d’obtenir des changements sociaux quisoient réellement à son service. » (CÉC 1888) C’est pourquoi leNouveau Testament parle toujours de conversion et de moralepersonnelles et non de réforme des institutions; il s’attaque à laracine.

D’autre part, « [l]a priorité reconnue à la conversion du cœurn’élimine nullement, elle impose, au contraire, l’obligationd’apporter aux institutions et aux conditions de vie [extérieures][…] les assainissements convenables » (CÉC 1888).

Certains lecteurs trouveront les principes de ce livret tropd’extrême droite; d’autres les trouveront trop d’extrême gauche.C’est exactement ce à quoi il faut s’attendre s’ils viennent de Dieuet non des hommes, qui, comme un train emballé, a quitté la voiede Dieu de bien des manières opposées. La morale sociale etpolitique catholique ne se conforme totalement à aucunestablishment séculier populaire. Elle n’est ni un libertarianismeanarchique et individualiste, ni un socialisme collectiviste; elle n’estni un optimisme utopique ni un pessimisme cynique; elle n’est nidroitiste ni gauchiste; elle ne s’identifie ni au programme du Particonservateur, ni à celui du Parti libéral. Elle n’est pas non plus unvague compromis entre les deux. Elle est une voie plus haute et pluscomplète, fondée sur la réalité essentielle de la nature humaine etnon sur les modes capricieuses d’une idéologie humaine.

________________________Notes dans les citations du catéchisme3 Cf. Léon XIII, enc. « Diuturnum illud »; enc. « Immortale Dei ».1 Cf. FC 46.3 CA 36.

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2 FC 21; cf. LG 11.2 Cf. Ep 3, 15.3 Cf. Pr 1, 8; Tb 4, 3-4.4 Cf. Ex 20, 12.2 Cf. Mc 7, 10-12.1 GE 3.5 CA 25.3 Cf. CA 43.3 CA 48; cf. Pie XI, enc. « Quadragesimo anno ».2 Cf. CA 41.2 GS 26, § 3.

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