Comment La Belgique Fut Romanisee _ Franz Cumont

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COMMENT LA BELGIQUE FUT ROMANISÉE

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COMMENT LA BELGIQUE

FUT ROMANISÉE

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COMMENT LABELGIQUE FUTR 0 M A N 1 S E EEssai historique par FRANZ CUMONT

Extrait des Annales de hi ScitRoyaled'Archéologie de Bruxelles, tome XXVIII, 1914

VROMANT S.. C°, IlPRIM1uls-EDI'1'EuIsV,

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COMMENT LA BELGIQUE

FUT ROMANISÉE'

L y a près de cieux mille ans que les légions de César con-quirent la Belgique et cet événement n'a pas cessé aujour-

Ig d'hui de produire des conséquences lointaines. J'oseraimême dire qu'il en produit une cii ce moment même,

est cause que J'espère me faire comprendre delecteurs belges en français. C'est par suite de cette conquête

q oc la ii,i1 i( l habitants tic notre sol parlent encore une langue dérivée dulatin, fait capital dont les effets furent dans le passé et restent dans le pré-sent incalculables. Mais cette acquisition est loin d'être la seule que nousdevions aux Romains. A travers les bouleversements politiques, il y a, dansla destinée de tous les pays, une continuité historique profonde, et peut-êtrecette étude en fera-t-elle apercevoir certains aspects assez imprévus. Lesœiivrcs de la paix progressivement réaliséts pir le génie dun peuple ne ais-paraissent jamais tout entières dans les cat, strophes qui les atteignent pério-diquement, comme se reproduisent les éclijses. J'espère donc ne pas encourirle reproche d'aborder un sujet manquant déplorablement d'actualité enessayant (l'exposer ici comment la Belgique fut romanisée.

Mais, s'il est vrai que rien d'humain ne doit être étranger aux hommes,élevons-nous au-dessus de nos préoccupations nationales, certainement patrio-

ï. Cette étude est le développement de deux conférences faites, l'une, en 'jii, i\ la Sociétéroyale d'arJitologie de Bruxelles, l'autre, en 1914, à l'institut historique belge de Ilorne. Les notesque j'y ai ajoutées n'ont pas la prétention de fournir une bibliographie complète des questionsabordées : elles veulent seulement donner quelques exemple à l'appui de mes assertions ouservir à guider ceux qui désireraient approfondir le sujet.

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tiques, mais ici un peu étroites, POUT considérer largement l'histoire univer-selle, et le phénomène dont nous parlons nous apparaîtra comme un épisodeparticulier d'une des transformations les plus considérables du passé laromanisation de l'Occident. C'est là l'oeuvre maîtresse accomplie par Rome.Durant des siècles, elle réussit à contenir et à refouler la barbarie extérieure etparvint à implanter dans une large portion de l'Europe sa langue, son droit, sonsavoir, si solidement que, même quand elle eut succombé, ils ne périrent pasavec elle. Il est intéressant de constater comment cette grande mission civili-satrice fut accomplie chez nous, aux confins septentrionaux de l'Empire, dansla région la plus excentrique des provinces de notre continent. Et cet éloigne-ment n'était las seulement géographique; avant la conquête, les Belges, à lafois protégés et isolés par leurs forêts et leurs marais, avaient résisté à la péné-tration de la culture méditerranéenne, qui se propageait chez les ('cites 1•

César le constate au début de ses Commentaires, clans un passage souventcité : Gallorunt omnium jorlissimi swil l3clgae, Propierea 1uod a cultu atquehumanitate broL'inciae ton gissime absunt. Leurs tribus belliqueuses, en guerreperpétuelle avec leurs voisins, admettaient à peine les marchands italiens,qui trafiquaient largement avec les Gaulois du Midi, et elles s'interdisaient tousces produits (le luxe dont l'usage aurait pu amollir leur rude valeur. Peupladesfarouches et batailleuses, habitant (les cabanes (le bois et de torchis, ellesn'avaient d'autre civilisation que celle dont elles avaient hérité de lointainsancêtres, et elles restaient obstinément et exclusivement fidèles aux tradi-tions et aux moeurs de leur race.

[)eux siècles plus tard, le pays pacifié avait adopté le langage, le gouver-nement, les usages, la religion même de Rome. Des villes et des bourgs Prospèress'administraient suivant les lois d'un peuple de juristes. Des villas où l'onrecherchait tous les raffinements du luxe, s'élevaient clans des campagnesrendues fécondes. Un commerce étendu apportait à des populations indus-trieuses les produits de l'activité (le leurs voisines et même ceux des cités dulointain Orient. Et un ardent esprit de loyalisme rendait grâces aux empereursde tous ces bienfaits, qu'assurait leur protection.

Comment s'est opérée cette conquête matérielle et morale, cette assimilationlinguistique et économique? Les écrivains anciens ne nous en disent à peu prèsrien. Après l'inappréciable récit de la conquête par César, les auteurs sontpresque muets sur ce qui advint de la Gaule Belgique. Quelques indicationsaussi précieuses que concises du géographe Strabon, de brèves mentions

Cf. JCLLIAN. Histoire dc la Gaule, Il, p. 240 ss.

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dans Tacite, à propos des troubles du 1er siècle de notre ère, sont les textesles plus explicites que nous possédions. Pour l'âge d'or, celui des Antonins,c'est le silence complet. Les inscriptions ne sont ni aussi nombreuses niaussi significatives qu'on Pourrait le souhaiter l• La prospérité économiquede nos provinces au moyen âge a consommé la destruction des monumentsde l'antiquité. ('e sont les fouilles surtout qui nous ont instruits de cequ'était la vie de nos ancêtres gallo-romains. L'archéologie s'est attachéeà interroger les débris de tout genre que le sol nous a rendus, et peu à peuces témoins muets du passé ont appris à nous parler 2• Les tessons de poterie,les fragments (le métal ne sont pas moins éloquents, lorsqu'on sait les ques-tionner, que les sculptures ou les bronzes de prix. Ils nous apprennent ce quefurent non seulement l'art et les croyances de nos aïeux, mais leurs moeurs,leurs goûts, leur aisance et leurs relations avec l'étranger.

Qu'il me soit permis de regretter ici qu'une source aussi importante derenseignements historiques n'ait pas été exploitée en Belgique avec plusde méthorh'. La Société royale d'archéologie de Bruxelles n'a cessé, depuis sesorigines, de s'intéresser aux restes qu'a laissés sur notre territoire l'occupationromaine; celles rie Namur et de Liège ont exécuté aussi des explorations et desexcavations fructueuses. Beaucoup de petits groupes d'érudits locaux ont, avecde petits moyens, fait une foule de petites choses utiles. Mais il a manquéune direction centrale et un plan d'ensemble. C'est récemment que l'États'est décidé à organiser, au Musée du Cinquantenaire, un service des fouilles,pauvrement doté On n'a jamais entrepris chez nous des recherches systéma-tiques de grande envergure, comme le déblaiement des forts du ii-mes enAllemagne ou l'exhumation de Silchester ou de Corbridge en Angleterre.Tongres n'a pas été fouillé niais saccagé; dans Arlon on s'est livré à des effortsintermittents promptement arrêtés par le manque de ressources, et l'on n'aguère recueilli à Tournai ou à Virton que ce qu'un heureux hasard a offert.La situation n'est pas meilleure au delà de la frontière r depuis des siècles,Bavai, la grande cité des Ncrviens, est mise ail pillage. Nous ne possédons pasde recueil général des monuments antiques tirés de notre sol, comme il en

r. Elles sont réunies maintenantclansle Corpus insriptzou.uin l(c1i l'a rum t.XI1I, pars s, 2 (1904).La plupart Ont été reproduites par RIESE, Das r/ieznisclie Gevncauien in clan anliken Inschri/ien,Leipzig, 1914.

2. Mon exposé s'appuie, avant tout, on le verra, sur les monuments archéologiques, et j'exprimei ci toute ma gratitude è. roon confrère, le bai-on Alfred de Lot4, Conservateur au Musée du Cin-quantenaire, l))Ut l'inlassable complaisance avec laquelle il m'a fait profiter des trésors de sonexpérience et de sa riche collection de notes et de liches. Je dois remercier aussi M. Sibenaler,conservateur du Musée d'Ai-Ion, qui n eu l'obligeance de m'envoyer des photographies tièsréussies de plusieurs des monuments dont il n la garde.

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existe pour le Wurtemberg et la Bavière 1• Il nous manque surtout une bonnecarte archéologique du pays indiquant, avec soin, en quels lieux des décou-vertes ont été faites et de quelle nature, ce qui nous apprendrait beaucoupsur l'étendue des défrichements, la répartition de la population et ses occu-pations sous l'Empire.

Néanmoins, nous pouvons en quelque mesure nous rendre compte de lafaçon particulière dont ont agi chez nous les causes générales qui ont assuréla romanisation de l'Occident. Les études qui ont été publiées sur les pro-vinces voisines sont instructives à la fois par la ressemblance et par la différencedes conditions du problème 2 Je voudrais essayer d'esquisser ici au moinsles aspects principaux de cette grande transformation de notre pa ys, telleque l'ont produite les circonstances locales.

Tout (l'abord, il importe de le remarquer, le territoire de la Belgique actuellene coïncide avec aucune circonscription politique de l'antiquité. Des soixante-quatre cités ou, pour mieux dire, districts entre lesquels Auguste parta-gea toute l'étendue (les Gaules, notre pays en comprenait partiellementquatre, qui débordaient de tous cotés ail (le flOS frontières: celles desMéna1)iens, des Ncrvicns, des Tongres et des Trévires. La région à l'ouest del'Escaut appartenait aux Ménapiens, qui avaient pour chef-lieu Cassel (Cas-leilum Mena/iorum). Le Hainaut et le Brabant faisaient partie de la Nervie,dont Bavai (Bagacum.) était la capitale. rongres (Alu.aluca) commandait auLimbourg et aux pays de Liége et de Namur, qu'occupaient les débris desÉburons et des Aduatiques, les Condrusi du Condroz et les Paenwn.i de laFamenne. Enfin, le sud du Luxembourg se rattachait à la cité des Trévireset obéissait aux magistrats de Trèves z De ces quatre cités trois seulementfaisaient partie de la Gallia Belgica. Les Tongres avaient été attribués à la

s. Le tome V du Recueil général des f,css-relie/s de la Gaule, que vient de publier le coiiimandantEspérandieu, contient au inOins,a u complet, les sculptures lapidaires.

2. J'ai trouvé souvent des guides précieux pour mon exposé dans I-IAVI(RFIELD. The romanis(Z-don 01 Roman Dvi.tain, 20 éd., Oxford. 1912, et dans L)RAG1cNDORFF, li' cstdeu€ schlaud sur R6,nerzeii,Leipzig, r's 2. — L'utile ail ide de H ETTNER, Zur KulÉur vms Germamen und Gallia Bel gica (Wcst-deutsche Zeitsc.hrift, II. x88, P I se.), ne s'occupe Cil réalité que de la région de la Muselle. Lagrande histoire de la Gaule de M. JULLIAN, où j'ai beaucoup puisé, n'aborder;) las queNtion de laromanisation que dans un volume dont on attend la publication.

3. Peut-être l'Ardenne était-elle une forêt domaniale, un salIns situé en dehors des limites descités et administré par des procurateiirs impériaux (I)EMARTSAU. L'Ardenne, P . u); mais nousn'en avons aucune preuve directe; voir I-IJRSCIIFEI.D, Der Grundbe-silz der ri,nzschen Kaiser, dansKisine Sciiriflen, Berlin, 1913, P . 57 1. Cf. infra., p. 37, 11. 6.

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Germanie inférieure, lors de la création de celle-ci sous Trajan 1, Le Rupelet la Dyle marquèrent désormais la limite entre les deux provinces 2 : Namurétait en Germanie'.

Aussi, pas plus dans l'antiquité qu'au moyen âge, ce qui forme le royaumeactuel de Belgique n'eut une unité politique quelconque, et la populationmême qui l'habitait était double, composée d'un mélange de Celtes et deGermains 4. Seulement, nous ne prétendons pas étudier ici l'organisationadministrative du nord de la Gaule, ni rechercher les caractères ethnogra-phiques de la race qui y vivait. Nous voulons seulement considérer la méta-morphose de sa civilisation et, à cet égard, on peut dire que l'analogie desconditions économiques, sociales et civiques a provoqué sur toute l'étenduede notre territoire des résultats similaires.

Un premier fait frappe immédiatement : la Belgique, où devaient plus tardse développer de si puissantes communes, était alors une contrée sans villes.Des quatre centres urbains que nous avons nommés, un seul, Tongres, étaitsitué sur notre sol, et il parait n'avoir pas formé une agglomération trèspopuleuse 5 . Les grandes métropoles du nord, Cologne, Trèves, Reims etmême Bavai, restent en dehors de nos frontières. Quelques chefs-lieux decantons (agi), comme Arlon (Orola.unum) ou Tournai (Turnacum) qui, auIve siècle, remplaça Cassel à la tête de la Ménapie 6, étaient seuls des bourgades(vici) de quelque importance. Il en résulte, fait capital, que la civilisationde notre pays, contrairement à ce qui le caractérise de nos jours, était alors

s CIL (= Corpus inscriptionmn latinarzon) XII I , pars I. P.HIRSCFIFELD. Klesne Schri/-te)', 1913. p. 371 SS.

2. PTOLÉMkE. Geograph., II, 9, 5, dit : Et'' Toi) 'ixt'c Tovypot xa.Le Corpus (loc. cil.) annote siinpleI!ent « fluvius praeterea ignotus s,

mais il ne paraît pas douteux que la Tavula soit la [)vle, qui est appelée, dans les docu-ments du moyen âge. . Thila ou oThilia «. En effet, la Dyle continuait à séparer, à cette époque,les pagi du Brabant et de Hesbaye et les diocèses de Liège et de Cambrai, qui répondent auxanciennes civitates des Tongres et des Nerviens. Cf. PloT, Les Pagz de Belgique (Mém. Acad.royale de Belgique, XXXIX, 1874, p. 88); VANDERICINDERE, La Formation territoriale des prin-cipautés belges, t. II, 1)02. P. 102. 128; VAN EVEN, Histoire de Lourons, 1895, i 5 et p. 21.Rumpst, au nord du Rupel, était en Germanie inférieure, car il s'y troucait une station de la

Classis Germa ni ca ; cf. in/ra p. sol, n. 2.. On y a découvert l'épitaphe (1 un . beneficiarius consularis », cf. suira, p. 50, n. 2.

. Si des conquérants germains purent s'établir, en nombre restreint, chez les Trévires, ilss'étaient fondus dans la masse de la population, qui était celtique de langue et de civilisation.Les tribus du pays des Tongres, qui étaient ger:.saniques 'origine. avaient aussi été celtiséesdans une large mesure cf. FRANZ CRAMER, Les habiteists des .4imes à l'époque romaine dansFéd. archéologique, Congrès de Liège, 1909, t. II, p. 77455. Plus celtiques encore étaient les Ner-viens et les Ménapiens. Les Bataves, au contraire, étaient des Germains.

5. L'importance (le 'l'ongres date de l'époque où. les villes du Rhin ayant été plusieurs foisemportées, elle devint, au Ive siècle, une des forteresses frontières de l'Empire (Ammien,XV, ii). Cf. sn/ra, p. 107.

6. mIra, p. job.

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essentiellement une civilisation rurale, non de bourgeois, mais d'agriculteurs,non de villes, mais de villas.

De plus, seconde observation, ces quatre cités sont dégarnies de troupes ouà peu près. Dans la Beigica, l'ordre n'était point assuré par les légions impé-riales, mais par la police municipale. En cas de danger pressant, on appelaittoute la population aux armes pour tâcher de repousser l'envahisseur à l'aidede ces milices nationales 1 Même la cité des Tongres, (lui, nous l'avons dit,faisait partie de la Germanie, n'était occupée que par de faibles détachements,chargés de veiller à la sécurité des routes et de garder les points stratéiiques,gendarmerie d'auxiliaires gaulois plutôt que corps réguliers 2.

Cette absence dé fortes garnisons distingue nettement notre paYs de lafrontière du Rhin. Ici, les soldats-citoyens et un corps d'officiers aristocratiqueimplantèrent autour des camps les moeurs et les goûts d'outre-monts. Desmilliers (.1 hommes transportés directement de la vallée du Pô ou de l'Apennin,constamment accrus par des levées nouvelles, vécurent dès l'annexion en massescompactes parmi (les tribus germaniques très primitives et leur imposèrenttel quel leur u romanisme :. Le résultat fut une culture italique, pi omplenientabâtardie. En Belgique, l'assimilation ne s'opéra pas par une colonisationmilitaire; elle fut l'oeuvre non de troupes, mais d'individus, par suite moinsdirecte et moins brusque. La vieille originalité des fortes tribu' indigènesrésista mieux à l'absorption étrangère et ne se laissa pas entièrement déna-tionaliser. Le résultat fut une civilisation belgo-romaine aussi différente decelle de ]a Germanie que de celle de la Provence OU (le l'Aquitaine .

Mais si les légions n'occupaient pas notre territoire, elles en étaient cependanttoutes proches. Autour du lui, de la mer du Nord à la haute Allemagne, nom-breuses et puissantes, leurs forteresses traçaient un demi-cercle protecteur.La présence de cette armée au delà de nos frontières ii'a pas été moins fécondeen conséquences que son absence en deçà, et nous aurons à tenir compte de cesecond fait autant que du 11m'r.

i. 'lacira, Ill A ., IV, ,Liaetaui,.u-uin, l'unroruIn,Iui' it ,".rvi,-,iiii,i tiiiiiiItuarja fllaflu.Cf. ibid., IV. g ; Sr.inr.. V.Didil Juliani, i ' I Igicaru sancte ac di il rexit ,I,i CucliisGcrianiacpopulus, qui Albiin fluvium adccdebant, erurnpeiitibus, restitit tumultuariis auxiliis provincia-juin (178 p. C. n.). Cf., pour le reste de la Gaule, JULLIAN, t. 1V, P. 274.

2. Un numerus Gaesatorurn tenait garnison à lougres (CIL, XIII, 3593 RIESE, 1776). Unbeneficiarius consularis, qui commandait la slalio de Namur (CIL, XIII, 3620), devait avoir quel-ques hommes sous ses ordres (cf. \V.kLTZIN-G, 3Juse Belge, VII, 1003, P . 336). La centuria Ol-lodagi,cantonnée près de Bastogne (CIL, XIII, - RIESE, 2601) est probablement, comme le notele Corpus (P.574), iuvenlus v,canorum. La situation change à la fin (lu iii 0 siècle, cf. infra, p. 178 as.

3. Cette opposition entre la Gerinanie et la Belgique n été nettement caractérisée par HETTNER,Op. CI(. (supra, P. 80, n. 2), p. 6 SS. Ci. DRAGENDORFF, op. cit., P. 30 SS.

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Après la conquête de la Gaule, Rome n'a pas introduit par la force sesusages, sa langue et ses croyances chez les peuples soumis à sa domination 1•

Elle ne leur a pas imposé une hiérarchie d'innombrables fonctionnaires, infligéune administration tracassière et une étroite surveillance policière. Elle gou-vernait de haut et de loin, et la tyrannie du pouvoir central, le despotisme del'Etat, l'interventionnisme des bureaux ont été moindres, durant les premierssiècles de l'Empire, que chez la plupart des nations modernes 2• Les Césars sebornent à maintenir l'ordre et la sécurité et à exiger, en échange, le servicemilitaire et le paiement de l'impôt. Ils laissent autant par nécessité que partradition politique, une large autonomie aux cités, et se déchargent sur ellesdu soin d'assurer la plupart (les services publics. Les Nerviens et les Trévires

ceux-ci jusqu'à la révolte de Civilis— étaient même des civilates liberae3,c'est-à-dire des républiques autonomes, dont la dépendance n'était pasplus étroite que celle des 1tats indigènes de l'Inde anglaise à l'égard du vice-roi.

La romanisation n'a donc pas été le résultat d'un programme politique arrêté,dont la monarchie aurait confié l'exécution à ses agents. Elle n'a pas étéréalisée par les moyens que l'Allemagne emploie pour germaniser l'Alsace etle duché de Poseri ou le gouvernement de Saint-Pétersbourg pour russifier laPologne et la Finlande. Légats et procurateurs agirent plutôt par la persuasionque par la contrainte ". Néanmoins, l'action de 1'tat fut très puissante ettrès efficace grâce à l'adoption de certaines mesures d'ordre général qui furentprises dès l'annexion.

Le premier soin du gouvernement impérial fut (l'assurer les communicationsavec les contrées lointaines que César avait soumises. Il fallait que les troupespussent se transporter rapidement en toute saison d'un bout à l'autre d'uneprovince encore frémissante, où couvait la rébellion, et gagner aisément unefrontière où les Germains étaient toujours menaçants. Dès le règne d'Auguste,Agrippa avait construit quatre grandes chaussées rayonnant de Lyon et sedirigeant, la première vers la Méditerrannée, la seconde vers les Pyrénées, latroisième vers le Rhin, la quatrième vers l'Océan. Celle-ci, traversant la Bel gica,

atteignait Boulogne par Bauvais et Amiens

s. ' II aurait été contraire à toutes les habitudes d'esprit des anciens qu'un vainqueur exigeàtdes vaincus (le se transformer à son image. (FosTaL DE COULANGES, i.e Gaule romaine,

P . 99.)2. Cf. JULLIAN. t. 1V, pp. 288,3. PLINE, IV, 17,io6. Cf. CIL, XIII, pars I, p. 568, p. 583.

. Cf., pour la Bretagne, TACITE, Agricole. 21.

. STRADON, IV, 6, ii. Cf. CIL, XIII, pars LI, P. 645.

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Fig. 1. - FRAGMENT D ' UNE COLONNEiTINéRAIRE TROUVÉ , TONGRES.

(itlusée du Cinquantenaire.)

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C'était une partie de cet immense réseau routier que Rome étendit, avecses conquêtes, des hautes vallées de l'Arménie aux rivages de la mer du Nord,et dont tous les administrateurs diligents s'attachèrent à resserrer les mailles,

oeuvre grandiose dont le peu qu'il en reste,tronçons mutilés, pavements déchaussés,arches de ponts, rochers entaillés, étonneencore le voyageur. Ces routes audacieuses

NIUW

. . furent, à travers les montagnes de l'AsieMineure, les forêts de la Gaule ou les sablesde l'Afrique, des voies de pénétration ana-

Ç.. logues aux chemins de fer du Turkestan oudu Congo. Sans doute, elles avaient avanttout un but stratégique elles devaientassurer la pacification de provinces excen-triques et leur défense contre les barbares.Mais en rapprochant tout à coup celles-cidu centre de l'Empire, elles permirent,par des échanges rapides, un développe-ment harmonieux des relations pacifiques.Ce sont elles qui, malgré la diversité decent peuples hétérogènes, ont assuré l'unitéde l'tat immense dont elles étaient commeles liens.

On sait quelles constructions inébran-lables les ingénieurs romains substituèrent aux pistes et aux sentiers gauloisque le moindre orage coupait de fondrières. Sur un enrochement épais, surune digue indestructible de pierrailles et de ciment, reposait fermement unpavement de gros blocs polygonaux ou un solide macadam 1 Des bornes mil-liaires jalonnaient les distances, des relais marquaient les étapes 2 parcourues

i La (chaussée du Diable (cf. 2)i1ra., p. 161, (lui n'était pas une des routes maitresses (le taBelgique, était, sur le plateau du Luxembourg, élevée d'un mètre au-dessus du niveau du sol parCrainte des arnoncellenLents (le neige. L'empierrement mesurait 6"20 de large et 6e centimètresd'épaisseur, et se composait d'un enrochement de grosses pierres (h. ofl13o), d'une couche (o'1120)

de pierres plus petites et d'une couche superficielle de gravier {A. DE L0C 4 naales Scit Arch.Bruxell,'s, t. XII, iSgS. p. .12')) . Les constructeurs ont habilement utilisé les matériaux locaux,Cornule les scories de fer, pour obtenir un conglomérat compact cf. mira, p' 38. Parfois un ché-rau ', un plan incliné de bois, permettait tic gravir les pentes rocheuses; cf. ns Lois et RAllia,Annales Soc. A rchéoi., Bruxelles, XXI, 1907. P . 355,

2, , 'rahema S Serville (Namur) BEQUET, .1 nn, Soc.Archéol, Z','a,nur, XXIV, 1( 00, p' 27.

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rapidement par la poste publique 1 aux carrefours, des colonnes itinéraires,comme celle qui a été retrouvée à Tongres (fig. I) 2, indiquaient les cités oustations où menaient les voies rayonnant en sens divers. Milliaires et « man-sions » ont disparu, mais la forte assise de la chaussée a résisté à toutes lesdévastations. L'Empire, qui croyait 'i son éternité, a construit ses routes pour

Fig. '. - FLEUVES ET ROUTES DU NORD DE LA (..uis.

l'infinité des siècles. A travers nos campagnes, les automobiles roulent encorelà où passèrent jadis les chars pesants et les litières balancées.

La géographie marqua aux voies leur direction Au nord du pays s'éten-daient les marais de la Meuse, le Peel, où un cavalier s'engloutissait avec samonture 3, puis les landes stériles (le la Campine, sablons et bruyères, enfinl'estuaire de l'Escaut et les noues de la basse Flandre, où s'épandaient large-

. CIL, VIII, 12020RIESE, 426Q . Iulio Maximo I)einetriaoo_ praef(ccto) velliculor(wn)per Belgicarn et duas Gcrman(ias).

2. CIL, XIII, 9158 = Catal. des moniten. 1/idaires du Musés du Cinquantenaire, 2e éd., n° 19e.3. Musée de Leyde; cf. HOLWERDA, .Vedevja»ds vroegsle geschiedenis, 2912, p 29.

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ment des eaux paresseuses, herbages spongieux et tourbières perfides, entre-coupées alors de halliers impénétrables 1• Au sud, on rencontrait derrière labarrière volcanique de l'Eikl, des plateaux fangeux, des vallées abruptes etpartout une forêt immense, propice aux embuscades, l'Ardenne, qui couvraitalors de son ombre toute la contrée depuis le Rhin et la Moselle jusqu'au delàde l'Escaut et aux environs de Rejins 2 . Mais entre la désolation de la Campine

PONT DE MON T1GNIE5-SA1NT CuElsiorois (ailloliS).

et la sauvagerie de l'Ardenne, s'ouvraient les campagnes largement onduléesdu Hainaut et de la Ilesbayc. ici aucun obstacle ne se dressait, aucune dé-pression profonde ne se creusait le long de la ligne (le faîte qui sépare les bassinsde l'Escaut et (le la Meuse. C'est par là certainement que passait le vieuxchemin par lequel les Aduatiques communiquaient avec les Nerviens et queCésar emprunta durant ses campagnes 3 . Mais les constructeurs romains, selonleur coutume, coupèrent pur le plus court.

De Reims, la capitale de la Gaule Belgique, une voie se dirigeait au nord verslavai (Bu'acum.), la ville des Nerviens, et de là courait presque en ligne

s. STRABON, IV, 3, 4. p. 194; CÉSAR, Iii, 28. 2; 1V, VI, 5, 7, etc. La forêt persista enFlandre jusqu'au mo yen âge: un nemus sine miserscordia, dit la Vila. Bavons; cf. KURTI-4, Lafrontière linguistique, 1896, 1. p. 5e'.

2. CÉSAR, Bello Gall., V, : s Silvam Àrduenrsam quac ingenti magnitudine per medios finesTreverorum a tiumine Rheno ad initium Remorunt pertinet. ' Cf. VI, q, 32, 33.

3. JULLIAN, II, P . 473, n. 3; cl. 230.

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droite, parallèlement à la Sambre et à la Meuse, vers Tongres et Macstricht,où elle franchissait le fleuve et d'où elle gagnait Juliers (Izliacum) et Co-logne. Deux embranchements se détachaient vers le nord, l'un avant, l'autreaprès le passage de la Meuse, et conduisaient à Nimègue (Noviom(i gus) et àXanten (Veicra), le camp fondé sur le Rhin en face de l'embouchure de laLippe.

I - IN1 DE MIIN rîGNiEs-SAINT CRISToPui. (val).

Au sud de l'Ardcniie, une seconde route, à peu près parallèle à la première,joignait Reims au chef-lieu des Trévires en passnl. par Arlon (Orolaunum)et, de Trêves, gagnait la frontière rhénane

Enfin de Bavai une route conduisait par Tournai ( Turnacum) et Vervicq(Viroiacuin) à Cassel, l'oppidum des Ménapiens, à travers les plaines dela Flandre, et aboutissait à Boulogne (Ccsoriacunz). Un raccourci, emprun-tant le territoire des Atrébates et qui faisait communiquer le grand port avecBavai par Térouanne (Jaruenna) et Arras (Ncmctacnin), était situé en dehors(le notre pays actuel.

Ces voies sont les grandes chaussées impériales dont les stations sont énu-

î. Tout récemment des fouilles ont mis au jour près clEtalle (Luxembourg) un milliaire deSeptin'e Sévère provenant de cette route et indiquant la distance de Trèves (ab Augusta). Ilsera publié bientôt dans ces Annales.

MMW

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mérées dans l'itinéraire d'Antonin, guide officiel, et (liii répondent aux routesnationales d'aujourd'hui. Entre elles, les légats ou les cités en construisirentsuccessivement d'autres de moindre importance qui sillonnèrent bientôt notresol dans toutes les directions. La Table de Peutinger indique une voie directede Reims à Cologne, qui franchissait les hauteurs de notre Luxembourg et (luidut prendre surtout une importance stratégique au Ive siècle 1. De la voie deBavai vers Trèves, qui passait la Meuse à Dinant, il subsiste à Montignies-Saint-Christophe, dans le 1-lainaut, un pont dont les arches sont admirable-ment conservées 2 (figg. 3-4). On suit à travers le plateau d'Ardenne, entreMarche et Bastogne, un tronçon de la voie (l'Arlon à Tongres, la chaussée duDiable», que la légende rapporte avoir été construite en une nuit 1 . Les archéo-logues ont reconnu avec plus ou moins de certitude une quantité de cheminset divericula antiques 4. Il est naturel de penser qu'on empierra peu à peun à la romaine s, à mesure que les cultures s'étendaient et que les bourgs gros-sissaient, les anciennes pistes par lesquelles les divers cantons communi-quaient entre eux, et la viabilité, chez nous comme chez nos voisins, fut pro-bablement plus parfaite sous l'Empire qu'elle ne le fut jamais depuis lorsavant le XIXC siècle.

Mais ces multiples passages le cédaient tous en importance à la chausséerectiligne qui, de Bavai à Maestricht, traverse le milieu de notre territoirec'est ici la grosse artère par laquelle le sang affluait jusqu'à cette extrémitédu gigantesque corps romain. Elle devait, après la décomposition decelui-ci, continuer à nourrir les organismes politiques qui lui succédèrent, et,pendant tout le moyen âge, rester sous le nom de n chemin (le Bruneliaut s,la grande voie de communication terrestre entre le Rhin et la mer 1 . Elledemeura aussi, à travers l'histoire, un chemin battu par toutes les arméesMalplaquet, Fleurus, Ligny, Ramillies, Mo.tenaeke. s'échelonnent le long desoa parcours. et , du pont (le Lkhe à Maubeuge, l'i.ivasion allemande vientencore de suivre à peu près sa direction.

1. Cf. miro. J). 77.2. Longueul', 2 ,5 mètres, sur 2"65 rie large; cf. Documents et rapports de la Société Archéologique

de Charleroi, X, iSSo, P. I2) SS.; A. DE LO g Bulletin des Musées, 4911, p. 93 . -Sur la route,Cf. DEI. MARMOL, Annales Soc. ArclAol. Vamur. Xi Il . 1575, P. i ss.

3. A. DE Lo)t, foc, cil. (supra, p. S t , ri. I;.

4. CAMILLE, VAN I)ESSEL, Topographie des voies romamni?s de la Belgqne; Bruxelles, 1877.VICTOR GAUCIIEZ, To/"oraphie des voies romaines de la Gaule Belgique, dans .-1 nu. Artel. A rclr.,t. XXXVIII .Anvers, iSSs ; 1-IcynErers l_a voirie de la Bc/gique ans lfruques romaine et /ranque.dans Drill Soc. Scn'nt. du Lirutoi€rg, t. XXX, lyT s. P. 1 4 5 (csrte ItaiI l''. rendue presque inuti-lisable par le mtrque absolu (le r&férenc) -

. 1'IRENNIi, IjrsSnre de Belgique, 1, iyo-, p. 6. Cf. irsjra, p.

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Il serait intéressant de connaître la date de sa construction. Il n'existe au-cune raison sérieuse de l'attribuer, comme on l'a fait, à Agrippa. Mais elle dutsuivre de très près, si même elle ne précéda pas, la conquête de la Bretagne(43 ap. J-C.), et elle est probablement en relation avec la fondation d'unecolonie à Cologne par Claude, en 50 I, Certainement elle est antérieure à larévolte de Civilis (70 ap. J.-C. on se battit alors tout le long de cette lignestratégique. Le chef batave, arrêté par Cornélius Labéon au pont de la Meuseà Maestricht, parvint cependant à franchir le fleuve et gagna à sa cause les Ton-gres et les Nerviens 2, Labéon dut abandonner la route pour chercher à se défen-dre dans les bois 3 ; mais bientôt le légat Fabius Priscus débarquait de Bretagneà Boulogne avec la XIV C légion, qu'il conduisit « par la voie de terre dans lescités des Nerviens et des Tongres, dont il reçut la soumission

Cette campagne nous montre par un exemple mémorable la valeur mili-taire sans seconde (le cette route maîtresse du nord de la Gaule, dont le Batavechercha à s'emparer. Les quatre légions qui gardaient la Germanie inférieureet les trois légions cantonnées en Bretagne avaient à se prêter un mutuelappui. En cas de danger de l'un ou l'autie côté, les secours passaient des campsdu Rhin au 'cvalltjm de Calédonie et réciproquement. Le chemin le plus rapidequ'ils pussent suivre était celui de Tongres à Bavai et Boulogne. Sinon, ilfallait descendre lentement par Nimègue et Utrecht jusqu'aux embouchuresdes fleuves hollandais et affronter les orages de la mer du Nord. Même en tempsde paix, entre les forteresses rhénanes et britanniques, les communications etles échanges étaient fréquents, et les mansions (le Nervie abritaient constam-ment les soldats qui allaient et venaient entre la frontière (le l'est et la grandeîle de l'Océan. Elles hébergeaient les détachements qui convoyaient vivres etmunitions, les hommes (1110 le service appelait dans les garnisons ou qu'un ordreimpérial renvoyait dans leurs foyers, recrries appelées sous les drapeaux,officiers rejoignant leurs postes, vétérans libérés qui regagnaient leurs citésgauloises.

Les Césars, en effet, levèrent de nombreux soldats dans un pays peuplé detribus batailleuses, et l'armée a puissamment contribué à romaniser celles-ci.

i. On a trouvé <iii milliaire de Clatidf ,. sur la voie de Mavence à Colone (CIL, XIII, 9I),mais EUCUflC honte tnalheureusemeijl sur notre territoire, sauf celle que nous citons p. 14, fl. I.

2. TACITE, Hist., IV, 66.3. 1/id. , 70Avia Belgarum4. TACITE, HzsL, IV, 70.< Legioitern lerrestri itinere Fabius Priscus legatus in Nervios

Tungrosque duxit, eaeque civitates in clitionem acceptae.

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Les Nerviens, suivant la statistique de César 1, pouvaient armer 50,000 hom-mes, les Ménapiens 7,000, les :\duatiques et les autres peuples du futur paysdes Tongres, un total de 59,000. Obligés de défendre constamment un sol qu'ilsavaient conquis, les Belges, formés de deux races guerrières, unissaient l'ardentecombativité des Celtes à l'énergie brutale des Germains. Rame n'eut pas besoinde faire des levées forcées' parmi ces populations robustes et belliqueuses,animées de l'esprit d'aventure les engagements volontaires suffirent à assurerle recrutement de gros effectifs. On forma au moins six cohortes auxiliaires decette forte et agile infanterie nervienne dont César avait pu apprécier à sesdépens la valeur : quatre servaient en Bretagne, deux clans la Germanie infé-rieure. Les archers clii même pays étaient appelés au loin . Les Ménapiensaussi envoyaient des fantassins à l'armée et des marins à la flotte 4, lesFougres (les corps d'infanterie et de cavalerie aux garnisons de Bretagne, deDalmatie et de Pannonie. Les Trévires étaient aussi réputés comme cavaliersparmi les Belges que les Bataves parmi les Germains , et notre Luxembourgdonna son contingent aux «ailes » de cette nation campées sur le Rhin etsur le Danube . Bientôt, Nerviens, Ménapiens, Tongres et Trévires ne furentplus enrôlés uniquement parmi les auxiliaires. A mesure que le droit de cité futplus largement répandu parmi eux et que le recrutement se fit dans une pro-portion moindre en italie, les Belges devinrent plus nombreux dans les légions,et on les rencontre même à Rame dans les corps d'élite, parmi les prétoriensou les equ. iles singu./arcs de la garde 7. Ils combattirent bravement pour leursempereurs dans de lointaines expéditions. Dans une liste tic soldats morts auchamp d'honneur durant une guerre de Dacie sous Domitien ou Trajan, on litles noms de trois Tongres, d'un Nervien et d'un Toxandre .

Or, l'armée était latine. Le latin y était la langue du commandement et del'administration. Tout soldat devait le savoir ou, s'il l'ignorait, l'apprendre.

x. C5stu, B. G., 11, .2. JULLIAN, list. de lu Gaule, V, P. 294 SS

3. CIL. XIII, pars L p. 574.4. 111/01, p. 285. Cl. infra, p. 33, n. 7.6. On trouvera l'énumération des» cohortes » ou ' alac Nerviorum, Menapiorum, Tungro.

rom. Treveroruoi » auxquels on jondra les Baetasii et les « Toxandri «, dans PAULY-WISSOWA,Rea.len»cl., t. I. P . 1228 5»,, t. IV, P. 318 (Cicliorius). Sur la garnison de Bretagne, cf. 5.GOT, LBretagne romaine, 1911, P. 188 ss.

7. Le, mémoire de Roulez sur le contingent fourni par les Belges aux armées impériales (1852)serait aujourd'hui à récrire, Le Corpus jaser. lut., t. XIII, énumère les soldats ménapicns (p. 567),nerviens (p. 569). tongres (p. 574) et trévires (p. 583).— Un 'I'ongrc prétorien: CIL, VI, 32623, 28.- « Equites singulares » : cf. CIL, NI H, e 583. Le mu Tausius quidam. unus e Tungris o nomméVita Pertin., mm, est probablement tin de ces cavaliers.

S. Adam-klissi dans la Dobroudja: CIL, III, 14124RIESE, 1896.

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Tibère interdit à l'un d'eux, auquel un juge demandait en grec son témoignage,de répondre autrement qu'en latin I; l'anecdote est caractéristique. Leslégionnaires ont ainsi répandu l'idiome du Latium jusqu'aux confins extrêmesde l'Empire. Au fond même de l'Asie-Mineure, l'épigraphiste voit son usage pré-dominer de plus en plus dans les inscriptions, à mesure qu'il s'avance vers lesconfins de l'Arménie : c'est qu'il approche des camps de la frontière. Les auxi-liaires belges préférèrent si rapidement le parler italique à leurs dialectes locauxque, lors de la révolte de 70, 011 les voit prêter serment en latin à l'empire desGaules 2

Mais les engagés celtiques ou germaniques ne s'efforçaient pas seulement des'exprimer en latin, comme nos recrues flamandes en français: leur long séjourà l'armée transformait aussi leur mentalité et leur inspirait des sentimentsromains. On ne parlait pas alors du service de cieux ou trois ans; les légion-naires en restaient sous les drapeaux au moins vingt; les auxiliaires vingt-cinq.Leurs officiers et centurions pouvaient développer en eux l'esprit de disciplineet (le fidélité aux aigles romaines, la piété à l'égard des dieux dii Capitole,le dévouement à l'im5crator, envers qui les liait un serment sacré. Lanoblesse gauloise, admise immédiatement à exercer des commandements, futassimilée aisément par la force de l'esprit de corps 3 . Les simples soldats avaientreçu comme légionnaires le droit de cité, s'ils ne le possédaient déjà avant d'êtreenrôlés; auxiliaires, ils l'obtenaient lorsqu'ils étaient licenciés, polir CUX, leurfemme et leurs enfants. Ils étaient, dès lors, les égaux de leurs anciens vain-queurs et faisaient partie de cette élite qui gouvernait les cités et administraitparfois les provinces 4. Les vétérans se retiraient souvent dans quelque bourgvoisin des lieux où ils avaient servi ou revenaient se fixer dans leurpays natal 5 , et il semble que les empereurs, en leur assignant des terres, aientfavorisé la formation d'une classe rurale sur laquelle ils pussent absolumentcompter 6 Désormais, propriétaires ou bourgeois considérés, très convaincusde leur supériorité sur la plèbe indigène, ils étaient citoyens romains non seu-lement de droit, mais de coeur, comme aujourd'hui les vieux « légionnaires sétablis dans la province d'Oran se disent et se sentent Français.

L S U:TON E, Tif, 71 : o Militc ru grtec.e tet1lll OhKiu 11K In te. Trogatll ii, itisi lati ne respiiiderc vetui t. »Suivant Dion, il s'agirait d'un centurion.

2. La remarque est de J ULLTAN, t. TV, p. 206.3. TACITE, Hist., IV, 7 : n Ipsi (Galli) pleruinque legionibus nostris pracsidctis... n

4. TACITE, lac. cit. : ci Ipsi... lias aliasque provincias regitis.5. Un o emeritus legioius VIII, beneficiarius procuratoris, honesta missione missus s meurt à

Arien, CIL, XIII, 3983RI2SE, 843.15. DRAGENDORFF, 0/). cil., p. 41 SS.

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Si l'armée transforma ceux qu'elle accueillait dans ses rangs, SOfl influencerayonna aussi au loin en dehors des remparts des camps. Les fournitures et lesréquisitions nécessaires à l'entretien des troupes mettaient les cultivateurs enrapports continuels avec l'intendance. Les agents (le l'annona milita-vis étaient,avec ceux des finances, les seuls fonctionnaires impériaux qui eussent avec lespossesseurs du sol des relations constantes, et les prestations, comme l'impôt,faisaient pénétrer les uns et les autres jusqu'au fond des campagnes. Le gou-verneur et son entourage, qui résidaient à Reims, étaient loin, et l'on n'avaitguère affaire à eux, sauf quand il fallait plaider quelque gros procès. Mais lesopérations du cadastre et du cens 1, la levée du tribut et la perception desvectigalia conduisaient jusque dans les villas et jusqu'aux frontières les procu-rateurs et leurs subordonnés . Pareillement, des greniers et magasins militairesétaient établis dans chaque cité, et les livraisons de blé, de bétail, de fourragedevaient être pour les propriétaires une affaire de grande importance. Aussitémoignaient-ils leur reconnaissance aux officiers dont les exigences ne lesavaient pas maltraités, cri leur décernant les honneur.-; municipaux .

Souvenons-nous qu'il y avait cantonnées dans la Germanie inférieure quatrelégions, ce qui, avec les auxiliaires, constituait une garnison permanente de40,000 à 50,000 hommes. Ajoutons-y les vivandiers, dont les échoppes se dres-saient autour des camps, les femmes et les enfants des soldats, les fonction-naires avec leur maison et leur suite, une quantité d'esclaves publics et privés,et nous arriverons à nu total d'au moins cent mille hommes à nourrir et àentretenir dans les garnisons du bas Rhin ". Au u° siècle, il est vrai, le nombre

i. Une inscription trouvée récemment à Ostie mentionne un K procuratûr Aug(usti) ad censusaccipicrtdos trium civ[itatium] Aiubianorunt. Mrojrinoruni, Ati-ebatiuni et prouve qu'au pointde vue des opérations du cens, La province je Belgique était divisée en districts, formés de plusieurscités limitrophes, et que Ces opérations y ét,%ient dirigées par un chevalier romain, placé sous lesordres titi censeur en chef (le la province, lequel était d'ordre sénatorial (HéRoN 1)1- -. V1I.LEFOSSF,,M,'m. Soc. A ntiquaires France, LXXIII, 1914, p. 250 ss.). 11 est probable que les Ménapienset les Nerviens formaient ensemble un district voisin du premier.

2. L'administration financière était dirigée par tin procurateur commun aux provinces deBelgique et. de Germanie et résidant à Tièves. Il avait sous ses ordres pour la Belgique un ' sub-procurator (CII., III, 14195.6= RIESE, 404; X, 1671) RIESE, 405). Coinrneagents inférieurs, le.seuldont le titre apparaisse clans une inscription trouvée sur notre territoire, est tin beneficiariusprocuratoris à Arlon (supra, l'• io, (t. 5; cf. \VtTTzrtu, Orolaunum riens, 1904f). 26).— Un ( ser-vus Caesaris , à Arras (CIL, XIU, -j j ) fortasse in statione quadam ve-tigaliutu occupatuserat r- Le mémoire del-toulez, les Légués propréleurs et les procurateurs des -provinces de Belgiqueet de Germanie inférieure dans Méin. Acad. Bruxelles. XLI, 1875, set-ait à reprendre. Cf. IIIR5CH-FELt), Kletne Scliriften, 191, p, 381 SS.

3. C'est pour quelque service de ce genre qu'un priuipiiarts , obtint, au commencement du111e siècle, tin décurionat honoraire chez les 'longies, avant d'étre transféré sur le bas Danube(CIL, III, 1.1116Ricsc, 2597). Cf. mira, à Prolos iles s Llinatmes ', p 34. n. 3.

.. Pour les dci]x Ger manies. inférieure et supérieure, on arrive au chiffre de 200,000 hommeseclii'lonncs le long du Rliin ; cf. JULLiAN, t. IV, p. 136.

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des légions fut réduit à deux, mais alors la population urbaine s'était multi-pliée; Cologne, Xanten, Nimègue étaient devenues des colonies, et la pre-mière au moins une grande ville, et cet accroissement compensait, et au delà,la diminution de l'effectif des troupes (l'occupation.

Ces camps et ces villes tiraient en grande partie des CaIfl)agneS belges leursubsistance et celles-ci trouvèrent un débouché important pour leurs produitsclans ces agglomérations situées dans leur voisinage et dont la consommationétait grande. Ceci nous conduit à parler du commerce qui fut, I)l1.1s encore quele service militaire, un puissant facteur de romanisation

Si de nos jours le commerce, dit-on, suit le drapeau, il est plus vrai encorequ'il accompagnait les aigles romaines. A peine une province nouvelle étaitelle occupée qu'on y voyait affluer les ;iegolialores italiens - telle la nuée demercantis et de spéculateurs qui s'abattent aujourd'hui sur le Marne petitsboutiquiers qui dressaient leurs échoppes à proximité des camps et trafiquaientavec les soldats et les indigènes, agents de sociétés financières qui cher-chaient pour leurs capitaux (les placements fructueux et un intérêt qui lesdédommageât largement de leurs risques, fermiers des impôts - jusqu'aumoment où Tibère établit la perception directe,— adjudicataires de travauxpublics, fournisseurs de l'intendance militaire, locataires des domaines de l'ltat,concessionnaires ou employés des compagnies agricoles ou minières, tous s'in-géniaient âprement à tirer profit de la conquête, et, grâce à l'appui intéressédes fonctionnaires provinciaux, ils concentrèrent parfois entre leurs mainspresque toute la fortune mobilière du pays qu' Is exploitaient.

Rome n'a pas pratiqué sous l'Empire la colonisation en masse; elle n'a pas,comme l'Europe moderne, envoyé au delà des mers des millions de prolétairesqui ont occupé des continents. Elle n'a pas non plus, comme nous le faisonsdans les régions tropicales, soumis à une infime minorité de fonctionnaires etd'agents une multitude inassimilable d'indigènes d'autres races. Les citoyensqui se fixaient dans les provinces étaient des « bourgeois », de gros ou de petitscapitalistes, qui formaient une aristocratie marchande à côté de la noblesseterrienne autchione. On a comparé leur situation à celle des colonies alle-mandes du moyen âge dans les villes de Hongrie et de la Pologne 1, S'ils res-taient une minorité, leur nonibre pouvait cependant être considérable

1. 1IAVF.RFIEL1), op. Cit.. P. 14, fl. 1.

lu

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Mithridatc fit massacrer, le même jour, dans toutes les cités de la provinced'Asie, 8o,000 Italiens '.

Dès l'époque de Cicéron, c'est-à-dire cinquante ans après la conquête,la Narbonnaise était pleine de ces trafiquants ou banquiers qui monopoli-saient le commerce du pays. « Aucun Gaulois n' y faisait d'affaires sansl'intervention d'un cito yen romain, aucune monnaie n'y circulait sans êtreinscrite sur les livres de comptes des Romains 2 » Durant les campagnes deCésar, on trouve ces negotiatores établis au péril tic leur vie jusqu'au coeur (le laGaule, à Orléans, à Chiions, à Nevers 3 . Dès que les voies furent ouvertes etque la sécurité fut assurée, ils envahirent la Belgique. L'adoption d'une civi-lisation étrangère y créait brusquement des besoins nouveaux; les particuliers,pour se construire (les maisons et vivre à la romaine, les cités, pour s'embelliret s'administrer sur le modèle des municipes (]il avaient besoin d'argent.Les banquiers coloniaux s'empressèrent de leur en prêter à un intérêt usuraire.Le changement soudain de toutes les conditions de l'existence, le bouleverse-ment social qui résulta tic la conquête étrangère, furent suivis d'une criseéconomique intense. En 21 ap. J.-C-, le soulèvement qui se produisit à l'insti-gation du Trévire Julius Florus fut provoqué par la lourdeur (les (lettes quiaccablaient le pays, auxquelles venaient s'ajouter le poids des trihuts:les citésétaient obérées, les nobles réduits à la misère. Détail caractéristique, on voulutcommencer la révolte par le massacre des négociants romains 4. De même,en 6q, dès qu'éclata la rébellion des Bataves sous Civilis, les Hollandais (Can-

nine/at-es) se jetèrent sur les vivandiers et trafiquants qui, à la faveur de lapaix, s'étaient dispersés dans toute la contrée 1 , moins ici, semble-t-il, par soifde vengeance que poussés par l'appât du butin.

Après la répression du soulèvement batave, l'ordre est définitivementrétabli en Belgique. Les marchands peuvent sans crainte s'y enrichir et leursituation se transforme peu à peu. Ils devaient y être nombreux. Bien qu'ilsoit impossible d'évaluer, même approximativement, l'importance de leur

x. Tri. REINACH, Mithridate Eupator, p, 128.

2. CECIiiRON, Pro Fonieio. lI (I, i) : ',Re.ferta GaUdi negotiaturum est,plena civium Ronianorumnemo Gallorum sine cive Romano quidquam ncgotii gent; nummus us Gallia nullus sine civiuniRomanoruin tabous coinmovetur.

3. CAESAR, B. G., VII, 3, 42, 55 . Ci. 1'RIEDL.NnER, Silfrngeschichie, IV8 , p..4. TACITE, Ann., III, 40 : Eodem anno Galliarum civitates oh magnitudinem aeris ulieni

rebellionem cocptavcre, cuius exstimulator acerrimus inter Trevero» loLos Florus. etc. , C. 42,o Florus... pellicere alain equitum conscriptam e Treveris... ut c.aesis negotiatoribus Romanisbelium inciperet. ' - La révr ite des Pannoniens, en 6 ap. J-C., commença de même par le mas-sacre des marchands romains (VELLEIUS, IF, Ho;.

5. TACITE, Hist., 9V, 15Vagos et paci modo effusos lixas negotiatoresue Rom»n n java-duat.

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immigration, il paraît certain que leurs groupes entreprenants faisaient defructueuses opérations non seulement dans les cités, mais dans les bourgs (vici)des cantons qui en dépendaient. Nous savons qu'en Germanie, les baraques(cana bac) des trafiquants, massées à proximité des camps, ont formé le premierembryon dont sont sorties les villes du Rhin, et dix-huit ans après la conquêtede la Bretagne, Londres comptait des milliers de ncgotiafores 1 dans sa popu-lation grandissante. Placée entre la Bretagne et la Germanie, la Belgique offraitaussi, nous le verrons, de quoi les attirer en foule.

Dans toutes les provinces annexées, ces hommes d'affaires furent les pre-miers citoyens et les 1)ioflTIierS de la romanisation. Ils étaient les soutiens na-turels d'un gouvernement qui les protégeait avec partialité. Cellules activesdu grand corps politique, ils aidèrent à l'assimilation des éléments étrangers.Beaucoup de ces marchands faisaient souche dans le lieu où ils avaient élu do-micile. Enrichis par le négoce, ils durent acquérir une partie des domainesdes propriétaires endettés. Dès lors, la communauté des intérêts devait lesamener à se fusionner avec eux. L'aristocratie (les CvCS romani n'était pasexclusive; elle n'était séparée des Belges ni par une différence ineffaçable derace ou (-le couleur, ni par une opposition irréductible de dogmes religieux.Déjà, Jules César puis Auguste avaient accordé largement le droit de citéaux nobles Gaulois pour se les attacher, et les empereurs suivants persévé-rèrent dans cette politique libérale et habile en faveurde tous ceux qui faisaientpreuve de loyalisme 2, De plus, les véténtns, en quittant le service, recevaient,nous l'avons vu, cette naturalisation pour eux et pour leur famille, et parfois,probablement, un lot de terre. Les immigrés, unis à une élite d'indigènes,formèrent ainsi une classe dirigeante, romaine de langue, de moeurs et decoeur. Comme magistrats municipaux, ses membres étaient fiers d'appliquerles lois impériales, et ils regardaient comme un grand honneur (l'être choisispar l'assemblée provinciale (les trois Gaules comme prêtres (le Rome et d'Au-guste, officiant solennellement à l'autel qui se dressait au confluent de la Saôneet du Rhône . Le noyau primitif s'accrut sans cesse d'accessions nouvelles,

T. TACITE, Annales, XIV, 33 Landiniuus copia negotiatorum et commcatuum maTdmecelebre. L'historien rapporte quel es Bretons révoltés massacrèrent à Londres et à Verulamiumenviron 70,000 citoyens et alliés, dont les marchands devaient former une forte proportion. -Chaque fois qu'un nouveau territoire était ouvert à la colonisation, il attirait une affluence despéculateurs analogue au rush qui s'est produit sous nos yeux au Maroc. En 1913. sept ans aprèsla Conférence d'Algésiras, la statistique comptait à Casablanca 12,000 Français, 4.000 Espagnols,3,500 Italiens, 300 Anglais, 156 Allemands, 130 Grecs, 40 Portugais et ra Belges, contre 3,000Mahométans et 9,000 Juifs marocains,

2. TACITE, HisI., IV, 74 (cf. supra, P. 19, n. 3 et 4).3. CIL, XIII, 1702 (Lyon)L. Osidio, Quieti filio,... Nervio, omnibus horiori[hus apud] sues

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24 [q6]

jusqu'à ce qu'au terme de cette évolution politique, Caracalla accordât, en212, le droit de cité à presque tous les habitants de l'Empire.

Les marchands ne sont plus alors une minorité privilégiée exploitant enpays conquis des inférieurs avec la complicité des fonctionnaires, mais desbourgeois commerçant avec des égaux. Ils ne sont plus, dans des provincestranquilles, menacés d'être massacrés par leurs créanciers, mais un autre dangerva surgir pour eux, la concurrence étrangère. D'habiles trafiquants syriens,profitant des aptitudes de leur race, viennent foncier leurs comptoirs jusquedans le nord de la Gaule 1• Ils enlèvent peu à peu aux vieux negûtUiÉOrCS latinsle commerce d'importation et le commerce de l'argent, qu'ils conserverontjusqu'à l'époque mérovingienne. C'est ainsi que, plus tard, les Juifs évincerontles Lombards.

La présence dans nos régions de ces négociants de races diverses supposedes échanges actifs avec l'extérieur. On s'est parfois figuré qu'à l'époque ro-maine le pays vivait presque exclusivement de son propre fonds, que les villas,produisant ce qui était nécessaire à la consommation restreinte de leurs habi-tants et se suffisant à elles-mêmes, l'exportation comme l'importation devaientêtre très limitées. Ces affirmations, qui ne s'appuient que sur des théories pré-conçues, sont formellement contredites par les textes aussi bien que par lesdécouvertes archéologiques. Si les conditions économiques de la Belgiquel'avaient maintenue clans une sorte d'isolement, elle ne se serait jamais roma-nisée. Ses besoins comme ses ressources la mettaient, au contraire, en relationsnécessaires et profitables non seulement avec les provinces voisines, mais avecl'Italie et même avec l'Orient.

Le commerce et l'industrie en Belgique sont bien antérieurs à l'occupationromaine. Ils remontent à l'époque des néolithiques, ces grands civilisateurs,qui ont introduit dans l'Europe occidentale, avec la culture du blé et la darnes-tication des animaux, l'art de moudre le grain, de tisser des étoffes, de cuire dela poterie et qui savaient fabriquer tous les instruments et les armes qui leurétaient nécessaires. Les rognons de silex abondent dans la craie

du Hainaut,Hainaut,

functo, sa[cerdoti] ad aram Caes(aris) n(ostri) [apud Lefll]pIIIrn 1(ornae et [Augusti in]ter con-fluen[tes Ararisi et Rhod[ani fltres prooinciac Gaias.. 0Cf. CIL, XIII, 8727 = RIESE. 2.12(Nirnègue) ... « Ilvir culoniae Morinorufll, sacerdos Rotoac et Aug(usti) oh honorem flani,,nii.

1. J'ai dit %lfl [flot rie cette c,ionisaliou des S yriens dans mes Religions orren1ale. ( 2 éd.. 1009,

P. 159 55.). Sur leur établissement S Trèves et leur activité dans cette région. cf. WOLFRAM, Lothr.Jahb. /firAlfrrturnskunde, XVII, 1905, p.318; KAIHEL, fuser. Gr. Sic. ltd., 2558 55. - RIESE

2514. 17.

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-'-r---

[7] 25

et les actives tailleries de, Spiennes four-nissaient déjà une large clientèle tic mil-liers (le haches tranchantes et luisantes.Quand la pierre polie fut évincée par lebronze, il fallut allei chercher l'étain dansl'île de Bretagne, seule à posséder le pré-cieux métal qui durcit le cuivre; nos aïeuxlointains l'importaient déjà abondammentpour forger leurs armes d'airain 1 . Lors-qu'ensuite on apprit l'art d'affiner et demarteler le fer, ce fuient les fourneauxde la forêt d'Ardenne (liii pourvurent lestribus d'alentour de glaives affilés. Com-bien alors déjà les relations commercialess'étendaient au loin, une découverte re-marquable, faite dans le Limbourg, nousle montre 2, En 1871, on a trouvé, dansune tombe à incinération, des bronzes der. .- OENOCH0f: ITALIQUE TROUVÉE

fabrication italique, ciste à cordons, oeno-A EV(;1NIIILCEN (Ltmls)utg).

choc a long bec (figg. 5-6), et des appliques(Mueée du C.inaiiantenaire.)

en or travaillées à jour, que, vers le V 0 siècle avant notre ère, quelque chef detribu celtique dut troquer contre des esclaves ou (les fourrures 1 . Au li e siècle,l'abondance du monnayage de l'or chez les Nerviens, les Trévires, les Morinset les Atrébates fournit la preuve de l'intensité de la circulation monétaire etde l'extension des relations économiq tics (les tribus belges 4 . Les .Morins devaientleur richesse à la possession clii port d'Itiuin (Boit]( gne) par où l'on trafiquait

1. On a découvert cri Belgique un grand nombre 'le cachettes contenant tout un lot de hachesô douilles : elles proviennent soit de fonderies, soit de fonds de marchands. Ces découvertes ontété faites à Bavai, Moritignies-sur-Roc, Spiennes, Jemeppe-sur-Sambre. Nie'u rhode, I-loog-stractert et Berg li-Tcrblvt. (Note communiquée par le baron de LoÉ..)

-2. 'l'onibe d'Lygenhilsen cf. SduvERslAs's, Découverte d'ohjets étrusques es Belgique dans Bul-letiu Ai-ad. royale, XXXI JE, 18 7 8 , P. 525 sS. (s l,ronzes mériteraient d'être republiés et étudiéspar un archéologue puis compétent que Sdiuerman-a.

i Sur l'importation des vases de bronze en Gaule, cf. ISéCHELETTE, Manuel, II (Premier âgede fer), p. 754. - 1,es cistes à cordons munies de deux anses, comme celle d'Evgenbilsen, étaientfabriquées ait v e siècle, dans le pava des Vénètes. sur la côte de l'Adriatique ; cf. \\ ' ii.LEiis, Dieré,nisch,'n Bronzecimer von Hemrnoor, Hanovre, joui. Les oenochoés à becs (5chna5ellannen)étaient exécutées dans l'Italie méridionale, vers l'an 500 av. j-C. On en u retrouvé de nombreuxexemplaires au nord des Alpes. Le musée 'le 'trêves en pDsdc toute une série provenant de laMr,selle; cf. FJETTNLE, Illusuzeyler Führer, Pl 123, 126.

4. Ui.sicnisr. 'irait-é ds nionnaics gauloises, Paris, iqo. P. 341 S5. Ci. TOURNEUR, Gazetten-wuisoiatlque faire, t. X1l, 1907, p. 5,3 et Congrès l-'édér. arcliêol. itégs, 1909, t, II, p, 461 SS.Sur le commerce et le monnavage dans la Gaule celtique, cf. J ir.1.r.ss, t. I , p. 329 as.

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[98]

avec la Bretagne. Comme les routes ter-restres étaient peu commodes et sou-vent peu sûres, ceux qui venaient despays clii Rhin préféraient descendre jus-qu'aux estuaires de Hollande, où ilss'embarquaient sur mer et, longeant lacôte de Flandre jusqu'au Pas de Calais,ils franchissaient alors le détroit 1.

Cette côte et l'embouchure de l'Es-calit appartenaient aux Ménapiens, quifurent toujours de hardis marins. Surde légères barques d'osier recouvertesde peaux cousues 2 ils traversaient enquelques heures, par un 1)011 vent, lacourte distance (lu continent au paysde Kent 1 . Mais à ces frêles esquifs ilspréféraient déjà des bateaux de bois

Fig. cCISTE ITALICUE TROUVÉE Aqu'ils savaient calfater à l'aide ries ro-EvcExisiLsnN (Liniixwrg). seaux de leurs marais. L'écorce écrasée(M i'e du Cinquantenaire). rie la plante était plus adhérente que la

colle pour joindre les ais, plus résistante que la poix pour boucher les fissures.Les Romains apprirent à cette race de navigateurs l'art de construire de solidesvaisseaux de chêne pontés (ion gac n(Ives) 5. Depuis Claude, Boulogne devintle port d'attache d'une flotte de guerre 6, qui fit la police des côtes et étendit lapaix romaine jusqu'à l'Océan. Le commerce avec la Bretagne prit un nouvel

i. C'est ainsi qu'il faut comprendre le texte ile Slral,,ii I\, 5, § 2, p.i(1')CTo&7r ''i'drs3t rv 'P r ' T'7t(O'd 3.v'oi.vot oir,. itt' ''iv rv &xÇio)v 5&o';i.'s,&ii 'rj'L(,'.JVTO)'d TO Moesv, 71(p ' oiç ÈIJr L xxi - "lr.

2. Pr.INE, H Nal.., V Il, 5 9 , 5 200 Etiam nuoe in Bntarinico oceaflo vitiles cono cirCumsU-tac fiunt (haves) » cf. IV, 16. § 104. Ce genre d'enibarcations resta longtemps usité chez les Celtesinsulaires; cf. SAGOT, Drc/aiw ruinai ne. 1 ')T T, P. 314.

. Cf. JULLIAS, li, P. 227 55. Un indice de ces relations commerciales antérieures à la conquête'le l'ue nous est fourni par les découvertes de monnaies bretonnes à Ostende, Boulogne,Arras, etc. Cf. Joi-rx EVANS, A n ancien.! coin ,O I't rJa,s /nund a! Ostend dans Numisnia!ic Chro-nich', 1899, P. 202.

.. F'r.rxi, XVI. 3 6 , § 18 « (Harundo) ubi limosiore induruit çtlIo sicut inlielgis, contunsa etinteriecta lavium conimissuris ferrurninat textus glutino teriacior, ri inisque expiciidis fideliorpice. s - Il est douteux 'lue les Ménapicns fussent capables le construire les gros vaisseauxdes Vénètes que décrit CÉSAR. AHi. Gall., III, is. Cf. STRARON, IV, 1 . T.

. Vaisseau romain retrouvé à Lonclres; cf. SAGOT. Breiagnvi romaine, p. 20.6. CIL. XIIl, pars I. p. 501.

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- 1;\rl1)1» .1 \iRtA

[99] 27

essor 1; Boulogne fut bientôt le centre d'un trafic important, et Londres, abon-damment pourvue de denrées étrangères, le rendez-vous d'une foule de mar-chands 2 D'autre part, de l'embouchure du Rhin, la flotte d'Auguste s'étaitaventurée vers le nord-est pour reconnaître ces parages inhospitaliers e qu'au-cun Romain n'avait encore visité ni par terre ni par mer jusqu'au pays desCimbres (Danemark) 1 . Durant leurs campagnes de Germanie, Drusus, Tibère,Germanicus avaient été ravitaillés par les fleuves 4 , et le négoce suivit bientôtle sillage des escadres. Le long des côtes brumeuses et noyées (le la mer du Nord,

--.'

I

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les flottilles belges ou bataves allaient, par delà les îles frisonnes, chercher lesestuaires du Weser et de l'Elbe et les criques du Jutland pour y pratiquerle troc avec les roitelets barbares C Ouand Rome,à latin du iii° siècle, perdit la

1. .(tOT, p. JI .J seAu 111" sjèlc, les « mer,ttu roc Gall s,tiii " sont nonibreux dans l'île (Inc.paneg. Consi. Casa., 12.) Sur les negotiatores britanniciaiti '. infra, p. 29, n. 3

2. TAcITE, .4 nit..XIV,l.ondiiiiiiin ... copia negotiatorum et commc-atuum maxime celebre. e3. .11onuni .Aiuvr.. C. 5, 14 Rince. 7 : s Classis mea per oceanum ab ostio Rhcni ad sous

orientts regioneili usque al nationem Ciinhrorum naviga vit quo neqite terra flet j tic mari quisquamRu mao i i trdit. s En 5 ap. J.-C.

4. 'rCXtOS dans l'Ai'LV-WISSOWA, S. Classs, col. 2645.. Les objets rotilains, découverts taire I 'Al leritagiic du Nord, sont, *depuis le 11e siècle, en

grande partie fabriqués dans la Gaule septentrionale. Notamment des seaux en laiton, d'un typebien caractéristique, ont probablement été exécutés près de Stolberg. Ces marchandises étaientimportées en Germanie non pas par le colportage, ruais parla voie maritime; cf. WILLERS, 'i'CUeUntersuch, über die Rômisch Brrinzeindustrie von Capua und von Niedergcvnanien, Hanovre, 1907.

. 45 . cf. infra, p. 72, 77.

lu

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28 [Ion]

maîtrise de l'Océan, les pirates francs et saxons suivirent en sens inverse lesvoies qu'elle avait ouvertes, et ils vinrent du nord insulter nos rivages et écumerjusqu'à la Manche I,

Les Ménapiens fournissaient à la

- flotte non seulement des matelots,'t._. (.- •-, mais des officiers. Le Ménapien Ça--

rausius 2 la commandait lorsqu'en 286,las (le donner la chasse aux pirates,

u' il constitua en Bretagne un empireinsulaire. Du Pas de Calais aux bou-ches de l'Escaut, la grande route ma-

-tt. ritirne du nord longeait la Menapieet ie cabotage de ses marins a apportésur nos plages les nombreuses antiqui-tés qu'on a mises au jour dans les

- dunes . On fit d'importants travauxpour y assurer la sécurité de l'accos-tage, En creusant le nouveau Port deZeebrugge, on a découvert une rangéede gros pilotis reliés par d'énormes

- poutres (le douze mètres de long, gigan-A LA DÉF.SSE NÉHALI \NIA tesque 'bâti établi sur la tourbe, jetée

TROUVÉ A D0MRETSG. ou crannoge destiné à permettre l'a-(Musée (1,1 Cinq ua lit cnalre.) .,bord de la plaine marecageuse ou a

le défendre 5 . Oucicnbourg, près de Bruges, semble avoir été une escale irnpor-tante, et ses .murailles de grosses pierres noires, mentionnées encore aumoyen âge 6 , furent probablement élevées contre les Sax ons 7 . La plupart desnavires passaient outre jusqu'aux estuaires de Zélande.. A Domburg dans l'îlede Walcheren se trou\ait un temple de la déesse Néhalennia, protectrice cel-tique de la navigation, et de nombreux ex-voto (fig. 8) lui rendaient grâces

j . Sur le LUus Savoniru,n et les incursions des pirates du Nnrd,cf.la NoiitaDignit.,Occ., XXV,36, 37 . et le commentaire de Bôcising. p. 5471* SS.

2. IIAVERI'FI.D. Ro,nan,za/?on, P. jâ, n.SAoOT, op_ Cit., P. siS.. Déjà du temps de César, les Ménaie-ns, qui furent parmi les alliés maritimes des Vénètes

(B.(;., 111, g, q), avaient des vaisseaux sur le Rhin (1V, ., 7). Cf. mIro, p. 29, n. 3.. Les stations les plus importantes étaient .'i La Panne. Wen&iuvnc. Zeebrugge (cf. oE Lot.

!4ulletin (hs Musées royaux, 1. c.), et surtout à Oudenburg, jusqu'où arrivait alors un golfc(m.n/r(iIL 7).

. A. DE Loà, Bufl,q in des Musées ro yaux, 111 1004. P. 84.6. PIISENNE, JIms/oire de Belgique, 2e i-d p. 7, n. 2.7. Epatizmcum? VqtjL Dïgzmt.. Occid., XXXVIII, 9.

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[loi] 29

d'heureuses traversées l'un d'eux a été consacré par un négociant en poteriesde Bretagne pour la rcnit'rcier d'avoir conduit à bon Port sa fragile cargai-son

.'

44a 1, t.4

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...

Fig. 9. - 1AL,I.iL,F1.I. JE 1sAi.1.) -..MAI< IIN A VECxViRToN.

Aux embouchures des fleuves on transbordait les marchandises sur deschalands 2 et les flottilles remontaient le Rhin et la Moselle 3 , la Meuse et laSambre, et tout cet admirable réseau fluvial qui, du confluent de l'Escaut et

i. CIL, XIII, 8793 = Itiasa 2(09 (cf. ss. : s L)eae Nelialenniae Ob nierces recl.e conser-vatas M. Secund(inius) Silvarius, negotiator cretarius BritanniciatuLs y . s. 1. m. s— Sur les o ncgo-tiatores Britanniciani s, cf, infra, n. 3.

2. Cf. ZOzIME, III, 5, 2 (?.iZx !t('s )&(J.*i'J opposé à707 Y UË07),G1JtÇ).3. l 'es Minapiens, avant la Lonquête etaieflt déjà sur la mer et sur le I<hrn (supra, p. 28, n. 3).

Le conunerce de la Bretagne avec le Hhiu est prouvé par les niscriptions des s negotiatores 13ri-tanniciani ' trouvées à Domtiurg (supr(i ri. 1), Cologne (›11 Il . Si( 4a = IiEsE 23201, Nastel, deMayence ( XII 1 , 7300 = 1LE5E 2230). Fait caractéristique, à I3)rdeaux un s ne'otiator Britanni-ciarsiis o est un Trévire (C IL, XIII 6 14 = RIEsE, 2478, cl. aussi CII., VI, 32791. —Commcrcedu bléentrel'Angleterre et le Rhin. infra, p. .33.11. 5 . - Transport de poterie sigillée de iréves à Londres,infra, p. 69, fl. 2. - Sur le commerce tIc Cologne avec la Bretagne, et. WILLERS, Neue Unter.su-chu ngen fiber die 1'33,nische I(souzeindustrii', Pianos' re, 1907, p.46ss. - J ulien, lors de la guerre con-tre les Germains, fait venir des vaisseaux Lie Bretagne, en construit j oo autres et constitue, pro-bableinent à Boulogne, une flotte (le 600 vaisseaux, qui remonte ie liliin (Epist ad... P. Q . Ath.,p. 279. Ii).

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30 [1o2]

du Rupel, s'ouvre en éventail et se ramifie à l'intérieur du pa ys. Ici aussi Romeprotégeait la navigation à la fois contre les incursions des barbares et les coupsde main des pirates (l'eau douce il est significatif que la Classis Ger,nanicci,qui avait ses chantiers à Mayence, ait fondé des stations, non seulement àNimègue, à Vieux-Levdc et à Katwvk, en hollande 1 , mais aussi à Rumpstsur notre Rupcl 2,

Le faible tirant d'eau des embarcations leur permettait de s'avancer presquejusqu'aux sources des rivières 3 . Un curieux bas-relief encastré dans le murde la petite église Saint-Mai-tin, à Vieux-Virton, nous montre une barque àproue recourbée chargée (le ballots (le marchandises et conduite par (lesrameurs (fig. 9) . Comme la Moselle, dont le poème d'1\usone nous montic leseaux sillonnées d'une foule d'embarcations manoeuvrées à la rame ou h;iléesà la cordelle', la Meuse vit se développer une navigation active et profitable G.

C'est par ce large chemin mouvant due les Tongres exportaient surtout leursproduits. Le port principal, où les vaisseaux venant de l'Océan rencontraient lesbateaux descendus de l'intérieur, était alors \T echten (Fecéio), près d'Utrecht 7,

et les quatre ou cinq cents marques de fabrique qui ont été déchiffrées sur lamasse énorme dc poteries qu'on y a recueillies, nous donnent quelque idée dcl'étendue (le ses relations commerciales 8 Les Tongres avaient un comptoirdans ce grand entrepôt du Nord les négociants de cette nation et les mariniersrésidant avec eux ii Fectio, y font une dédicace à Viradectis, une déesse du

1. l'AL Lr-WiowA, Rzalencyclop.. S. V. l Classis , col. 2()4j.2. SCHUERMANS, J3u1/. Co MM. ccv .1 VI cl .4 rehéol., XXI X, jSo, Ji. 1 o ; cf. "."AN ibid.,

Xv I, iS77. p. i i i1 CCC. I S-.(''est la préseiice ile niariils orientaux (UL explique la décou.vrle S Runipst d'une main votive de Sabazius. infra, p. lOI 11. 2.

s . Cf. SuioAs S. y ' Epx'viopiat. EOtv i' "lpoç vop Fl yyvp'L... ESI'ÉRANDTET, Ra-r,'l jc/s il.' I, Guuli'. V, R`41 - Un bas-relief d'.-\i liii. autrefois ii Luxem-

bourg (ibid., n° 4072), montrait une barque chargée de tonneaux, et dc beaux nif,flhIlLCILtS duMusée de Trêves représentent, de même, le transport des fûts sur la Mosclie: cf. zofra, P . 61- Pour la forme de ce r, lcinhuss, ri. FIONNA1iD. I.e ;iar' i: galion in!l'ricure de la Gaule, Paris, 7913,

p 4T (barque votive de Dijon), p. j.5 t.5. Ausoxir, Moseila. 40 SS. Barque halée sur le monument d'igel II0NNARD, 0f'. Cil_ P. '15;

DRAGENDORFF, pi. XI, 2). - (rosses embarcations à quinze ou seize rameurs, bas-reliefs duMusée de Trèves (FIEr'rNER, Jiluslrierler F5hrer, îou. n" 121). CI. B0NNAIIr,, p. 118.

6. Sei,oi Diox ('asezus, XLIV, 2 . CD 42 av. j-C. i. fl)jt'çi. (1,J 'Povç ri laeèvoç &),).&xd M6o g xt .\ypoç z0c , 'P'dog,Y.'iTç xl ( y/.zdiZ ;rt.» cl. FLoxi.s, U. 30, 2(j.'d)ni-sus in tutelam provincine (Germaniae) praesidia atque custodias ubique disposuit per Mosamflumen, per Aihim, perVirsugin. n T.cmpereur lulien fit manoeuvrer une flotte sur la Meuse durantsa guerre contre les Francs (.\Mu1EN Marc., XVII, 2, 2). On cotinait les vers de Fortunat, Carne.VII. 4, rI : ' lut Musa duice sonans, quo grils, ganta olorque est, Triplici nierce ferax alite, pi-sec,rate. n Cf. BONNARD, op. cil., P. II fi.

. CIL, XII], p. 638. Dédicaces o Occano et Rheno o, CIL, XIII, 8810, 88111IIESE, 219,

'337.S. IIOLWERDA, op. cil., P. 17. Cf. WILT.ERS, op. Cil - , p 45

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[103] 3'

Condroz'; une autre consécration à la même divinité belge a été découverteà Mayence 2• Pareillement, après avoir descendu l'Escaut, la batellerie desNerviens remontait le Rhin pour y vendre ses chargements dans les villes de lafrontière'. Nos fleuves tranquilles, propices au trafic, auraient mérité l'élogeque le poète latin décerne à la Moselle 4,

Longinqua o;nnigcndt'i.'cr/a ns commercia lerrac.Sous les empereurs, un ré-

seau de routes terrestres com-pléta, nous l'avons vu, celuique traçaient les cours d'eau.r -Les Gaulois, experts dans :.l'élève des chevaux, étaientaussi de grands maîtres en •"'- '.carrosserie 5 . Ils construisaient

/

S.

non seulement des cabrioletslégers qui emportaient à toutevitesse le voyageur pressé,mais des chariots à deux et àquatre roues, qu'on chargeaitde lourds fardeaux: mi ouvriertransporte sur une ('harette dusable ou de l'argile destiné, àla cuisson (fig. ro) 6; ailleurs, le

I'ig. 10 — OUVRIER UNE CHARRETTE.martre fait une promenade ou (M'.,' 1' rIoiiune course en voiture, condui-sant lui-même son attelage 7. Les convois (lurent SC multiplier •à mesureque la viabilité s'améliorait, supplanter les caravanes de bêtes de somme, qui

i. ('IL, \1 11. 8815 «- Rir.sa, 2 .122 = T)ess.i-, Inscr... .1 ,47-57 I)eae [Viriadecd[il Fciv]esRi sE,'f tingri et] nautac qu]i Fectione fcorisistiint. Cf. CH_VII, 1073 = l)EssAu .1756 =

1878Deac Viradcrc]thi pagus Condrustis inili(tes) in coIi(orl 'i li Tiingro(rum)2. CIL, XII[ , 4758 RIESE, 3359 - 1)ESSAU, 4758 . Virolacti sive l.ucene Augustius Iustus

ex voto numinibus sanctissiims. ' Une quatrième dédicace ii ViroiIctis provient des environsde Xeckarhrunnen sur le limes germanique. (CIL. XII], 6486 = fls.st. 4759 = RIESE, 3560).

3. ci. infra P. 33. 0. 2. Une inscription parait nienti''nner aussi un civis Me(napius) près (leXanteii (Veteral CI E.., XIII, 2727 - rDESE, 2426. 1 ' ii . diiovir oloniae Morinoruin " tait une dédicace à Nimègue : ('IL, XIII, 8727 = Riese, 2.126.

4. Ausoxi, Ordo noj , urb., V. 31 (p. 146 Peiper). Cf. Mo.çdla, V. 27 flaViger ut pelagus» etsupra, p. 30, ri. 5,

5. JULLIAN, II, P. 2 .3.1 SS.6. SIRENALIIR, Guide du Musée d'Arlon, no 4 - ESPÉRANDIEU, Bas-reliefs de la Gaule,V. no 403l.7. SIBENAI.F.R, f08 = ESPf:RANnTEU. 4041; S. 37=E. Cf. S. 32=E. 4035; S. 20 = E. 4033.

Les chevaux du n° 22 poilent sur le collier une piète (le harnachement analogue au bronze deDermderv.indeke (n/ra, P. 76, fig. 17).

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32 [104]

ne parcoururent plus que les sentiers (le montagne 1, et faire concurrencemême aux flottilles des rivières, car les charrois étaient plus rapides que lehalage. Si l'on pouvait commercer par eau avec les régions du Nord, c'est parles voies impériales que devaient se faire les échanges avec le Midi, et leschaussées droites et unies, évitant ou coupant les sinuosités des vallées, étaientles acljutrices les plus puissantes des relations internationales. Celle de Bavai àMaestricht, qui passe diagonalement d'un bout à l'autre de notre territoire,garda une importance sans égale. Elle était la route vitale de l'Europe (luNord» 2, la plus septentrionale de toutes celles qui menaient de l'ouest à l'est,du coeur de la Gaule vers la marche de Germanie, celle aussi qui faisait com-muniquer le plus rapidement Londres, déjà le premier port des îles Britan-niques, avec Cologne, la métropole commerciale du Rhin. Le trafic s'y inten-sifia à mesure que giandissaient, auprès ries camps échelonnés le long de lafrontière, des bourgs industrieux et des villes opulentes Renia.-en, Bonn,Cologne, i)ormagcn, Neuss, Xanten, Nimègiie, Utrecht. La quantité de ruinesretrouvées des deux côtés de cette grande ligne nous montre en elle commel'épine dorsale du pays, soutenant l'activité commerciale de ces régions queRome avait éveillées à la civilisation. Plus tard ce « chemin de Brunehaut s

devait empêcher encore la vie économique de s' y éteindre tout à fait durantla période de stagnation du haut moyen âge .

Les échanges ne se bornaient pas, comme aux époques Ofi Cette Vie écono-mique est restreinte, aux articles de luxe; les denrées de première nécessitéétaient aussi importées et exportées. Nous allons essa yer d'indiquer les pro-duits que les Belges d'autrefois vendaient et ceux qu'ils achetaient au dehors.

La fécondité de notre terroir n'était pas moindre dans l'antiquité que denos jours, et les blés poussaient aussi drus dans les plaines opulentes duHainaut et du Brabant, de la Flesbave et du Condroz. On enviait au centre(le la Gaule la fertilité des champs de la Nervie, où le sol récompensait largementle paysan de son labeur 1. Les camps et les villes des bords du Rhin dépendaient,

i. Sur le monument cl'Igel, des chevaux ou mulets chargés de ballots sont représentés fran-chissant des collines.

2. JULLIAN. t. II, P. 472.3. Cf. supra, P. 16.

. Incert. grue. actio ConstasL Au g.. e. 6 (BAaureENs, Pnnrg. 2, p. 192, 17). Culture du bléchez les Éburons César, Bell. Cati., VI, ., 1-3. - PLINE (H. N., XI. 20, § 183) rapporte quetrois ans auparavant, les semailles avant été gelées par un hiver rigoureux. les Trévires « réen-

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pour leur subsistance, des produits de nos campagnes. Des transports descen-daient par eau jusqu'au Rhin inférieur et remontaient ensuite le fleuve, etdes convois charriaient l'annone le long des voies militaires 1 . D'autre part,des Nerviens établis en pays rhénan 2 y importaient ou y vendaient les céréaleset la farine de leur pa ys 3 . L'un d'eux était négociant en grains à Nimègue,un autre boulanger à Cologne 4, où aboutissaient les grandes routes venant deleur patrie. Plus tard, ait siècle, quand les cités belges eurent été ravagéespar les invasions, on fut obligé de faire venir à grands frais le blé de Bretagnejusqu'en Germanie 5.

Il semble (lue l'élevage du bétail fût aussi une source de profits considérablespour les propriétaires nerviens 11 , celui des chevaux pour les tongres et lestrévires 7, mais les textes sont à cet égard moins explicites. Le luxe des har-nachements qui ont été retrouvés témoigne d'un goût très vif pour les beauxattelages B. Épona, qu'adoraient nos ancêtres 9 , est une déesse protectrice descavaliers et des haras, dont le culte a passé de la Gaule en Italie.

Le territoire des Ménapiens, coupé de sablons, de marais et de fourrés 10,

semencèrent leurs cliampsau iiiuis de mars et eurent des moissons très abondantes s. Cf. TACITE,IV, 73 : fecundissimum bac solum .

s. T.scira, Hist., IV, 35; V, 23.Les spéculations sur les grains étaient une des opérationsles plus fréquentes des « negotiatores s, et ils s'y livraient déjà en Gaule du temps de César (B. G.,VII, 3 et 38,.j2.; cf. CAGNAT dans SAuLLO-POTTIER, Dic.f. Auj., s. y . a Negottator «t, IV, P. 46).

2. CIL, XIII, n° 8338 = RIESE, 2329 (Cologne) : [Ci]vcs Nervius, negut(iator) pistor[ic]i .A côté de lui, deux autres Nerviens, probablement des marchands (8339, 83 40 = IÙESE, 2356,23560, et deux s Viromandui s (83 4 1- - RIESE, 2357e). A Noviomagus (Nimègue) un civesNcrvius neg(otiator) fru(mentarius) » (R = RIES , 2425). CI. à Weisenau, près de Mayence,une femme « natiorte Nervia s (CIL. XIII, 7088 = RIESE, 2163e). Cf. supra p. 35, 0. I.

. Le grand nombre de meules découvertes dans les ruines des établissements romains montrecombien la meunerie y était développée. Les Romains enseignèrent l'art de construire des mou-lins à eau; cf. AusoNli, M'oszlla, 362s (Amnis) praecipit,i torquens cerealia saxa rotatu. »

. CIL, X III, 8725, 5338, cf. supra, n. 2.5. ZOZIME, III. 5, dit expressément que le pa ys du Rhin étant dévasté et même les cités voi.

stries 'ayant été atteintes par les invasions des barbares, Julien fit construire une flotte pour ariie-nerle blé de Bretagne. Cf. AMMIEN MARCELLIN, XVIII, 2,3 : s Annona a I-Sritannis sueta trans-ferri. « - « Negotiatores Jiritanniciani sur le lfliiii. cf supra, p . 29, n° 3.

6. César (VI, 3, 2) envahit le territoire des Nerviens et se saisit «d'une grande quantité de bétailet d'honuuc's». De même, chez les fburons (VIII, 24,4:. Mais il note que les Nerviens n'ont pas decavalerie (11. 57, 4), et, en effet, ils ne fournissaient, ce semble, aucune ale à l'armée romaine.

7. Les Trévires étaient réputès les tnilIeurs cavaliers de la Gaule (CÉSAR, U, 24; V, 3) et ils lerestèrent sous l'Empire (CIL, Xlii. pars I, p 552, 584, CI. PLANE, XI , 49, f 262). comme lesBataves l'étaient chez les Germains (FILON, Kulturpflan.reu und Haustierr, ô e éd., p. 46). Les'I'onres. pI.LcéS entre ces deux n.ttions, ont aussi lourai à l'armée des corps de troupes montées(supra, p. i8. D'une manière générale, la ('suIe a donné à l'armée d'Occident le gros et le meil-leur desa cavalerie.

5. Harnachement trouvé à Celtes en Ilesba ye, infra, p. 61. - Pièce de bronze de Dendcrwin-deke, infra. p. 4. - Pour les chevaux de trait, cf. les bas-reliefs d'Arlon, cités p. 31.

9. Infra, P. 170.10. Sur ces ssils'ae ac paludes », voir les textes énumérés CIL, XIII, pars I, p. 567. Les s mon-

da;iois de lYser s firent déjà obstacle à la marche de César (B. G., III, 28).

UOI

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ne posséda jamais d'aussi vastes emblavures (lue celui de leurs voisins, maisil offrait d'autres ressources. On pouvait y exploiter d'inépuisables tourbières 1,

qui fournissaient un combustible médiocre, mais abondant, comme chez lesChauques de Germanie, que Pline 2 nous montre « séchant au vent plutôt qu'ausoleil la boue ramassée de leurs mains et réchauffant à des feux de terre leurnourriture et leurs membres raidis par le froid du nord». Les côtes basses dela Ménapie se prêtaient aussi à l'établissement de marais salants. Sous le règnede Vespasien, les sauniers de la cité des Ménapiens et les sauniers de la cité desMorins firent graver à Rimini deux dédicaces en l'honneur d'un officier dontils avaient eu à se louer'. C'étaient eux certainement qui approvisionnaient ducondiment le plus nécessaire à l'homme une bonne partie de la Gaule et dela Germanie. Avant la conquête, des tribus éloignées de la mer et des salinesse contentaient comme assaisonnement des charbons acides de certains bois 4.

Les forêts fangeuses de la Ménapic nourrissaient cii abondance des trou-peaux de porcs, (lui y vaguaient en liberté , comme ils le font encore de nosjours en Serbie. Leur race robuste et puissante faisait l'admiration des gensdu Midi, qui ne connaissaient que des pourceaux de plus petite taille. Le boisétait à portée POUF fumer leur chair, le sel pour la conserver. Les succulentsjambons de Ménapie, qu'on transportait jusqu'à Rome, y étaient appréciés desgourmets à l'égal de ceux de Cerdagne Il . Chez nos charcutiers les jambonsd'Ardenne voisinent encore avec ceux de Bayonne.

s. Beaucoup d'objets romains des anciennes collections De Bats et Van Huerne ont étérecueillis dans les tourbières de la Flandre.. Cf. -infra, p. 67, n. 2; 70. n. 1.

2. PLINE, H. N., XVI, i I Captumque martihus lutum ventis magis quam sole siccantesterra cibos et rigentia septentrione viscera sua urunt. i

. CIL, XI, 390-I - BlasE, 729 : « Salinatores civitatis Menapioruni » et « salinatores civitatisMorinorum 't. Il n'est pas aisé de fixer le sens du mot salinator ' : fermier des salines dont l'Étatadjugeait l'exploitation (MARQLARDT), ouvriers des salines (RosTovTzEv) ou Romains faisantle commerce du sel (WALTZING, Corporaf ions professionnelles, I, P. 226; cf. IIESNIF:R dans SAOLIO-POTTIER, Dict. Ant., s. y . 't Salinator 't . p. 1012). Il n'est pas plus facile de çrécier les méritesque l'officier romain s'était acquis (ob merita eiu.$). Comme cet officier avait rempli, entreautres charges, celle de centurion de la « legio VI Victrix 't, cantonnée dans la Germanie infé-rieure, on peut conjecturer qu'il avait réglé à la satisfaction des sauniers les prestations que ceux-ci devaient à livrer à l'armée.

4. VARRON. Res ruse., I, 7.Cf. infra, p. 62. Salines, cf. I)ÉCHELETTE, Premier Age du Fer., p. 713.5 , STRABON, IV, 4,3; cf. JULLIAN, t. II, pp. 264. 281. César citez les Ménapiens «potitur magno

pecoris nuniero 't (VI, 6, î; cf. III, 2(), 2). 11 captura sans doute plus de cochons que de bêtes àcornes.

6. Edicl. Diociet., 1V, 8. Il faut lire le texte (CIL, III. e. 232862) : « Pernae optimac petasoflissive Menapicae velCerritanac «. Cf. MARTIAL, -XI 11, FILÛMNER, Maxiniallarif, P . 74; JULLIAN,II, p. 293. - Il est probable que les Ménapiens s'adonnaient à la pèche maritime (cf. en Frise, CIL,XIII, 8830: 't concluctores piscatuso) et qu'ils préparaient aussi ces salaisons (salsamenta) dont lesRomains étaient friands (infra, p, 36, n. î). Comme on mn-o--Lit des huitres dans les villas del'Ardenne, on y faisait venir sans doute aussi du poisson de mer (mira, p. 60).

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Sur les rivières et dans les marécages de la Ménapie, les oies trouvaient dequoi s'ébattre et se nourrir. Les Morins d'à côté en poussaient des troupeauxserrés le long des grand'routes du fond de la Belgique jusqu'à Rome, oùleur chair et spécialement leur foie étaient fort estimés. Mais on recherchaitsurtout leurs plumes, luxe nouveau, et Pline vitupère les hommes assez efféminéspour s'appuyer la tête sur des coussins remplis de ce duvet, dont le plus moel-leux était hors de prix '.

Comme la culture des céréales, celle du lin remonte aux néolithiques, qui lespremiers dans nos contrées ont su filer et tisser 2 Bien des siècles avant l'ar-rivée des Romains, les métiers battaient sur toute l'étendue de la Gaule 11,

et l'industrie linière y resta florissante sous les Césars. Le nom même (le la die-mise (camisia) est peut-être celtique comme la chose. Pline 4 nous apprendnotamment que les Morins fabriquaient des toiles renommées et que mêmeles Germains d'outre-Rhin y tachaient. On l'a fait observer avec raison, « lelin belge et la toile de Flandre peuvent faire remonter leur noblesse au moinsjusqu'au 10r siècle de notre ère» 5 . Mais les tissus d'autres parties de l'Empirevalaient ou surpassaient ceux des Gaules, et il semble que ceux-ci ne furentguère transportés au loin.

Il en était autrement des draps. L'espèce ovine de la Gaule donnait unelaine drue, et résistante, dont les qualités étaient fameuses même à Rome Il.

Dans nos régions septentrionales, dont les vastes herbages nourrissaientd'innombrables troupeaux, on avait appris à augmenter la finesse des toisonsen couvrant les brebis de peaux . Il n'y fallait pas habiller seulement les mou-tons; l'inclémence des hivers du Nord obligeait les hommes aussi à. se vêtirchaudement, et l'industrie drapière s'était peu à peu perfectionnée dans toutle pays dès avant la conquête romaine 8 On y fabriquait les tuniques gros-sières des paysans, les manteaux épais et solides des soldats et des voyageurs 9,

comme les fins et coûteux tissus, teints de vives nuances, dont se parait lanoblesse celtique et dont l'usage resta sous l'Empire une suprême élégance 10,

1. Pien, X, 22, § 53; cf. I-IEHN, Kullur/'flonzen, p. 35 1); KELLER, Tiere des cicissischcn AlÉer-tums, 1887, P. sgg; 13L6MNER, Technologie, 12. P. 217.

2. DÉCHF.LETTE, Archéologie préhistorique, J, P . 34, 578. Cf. Supra, P. 24.3. JULLIAN, op. cil., II, pp. 272, 301.4 , PLINE, 11. N., XVIII, i, B.5. Hnx, Kullurpflanzen und ilaustiere6, P. 174.6. JULI.TAN, 0f,. Cli., II, P. 282.7. STRABON, 1V, 4, . - Sur ce,» moutons «olOpot , cf. BLÛMNER, Technologie, i,

p. 99, n. 4.S. JL'LLIAN, ibid., p. 298 ss.9. SAGLIO-POTTJER, Dia., s. y . 1—ana >', p. 918.ro. Vopisc., V. Carini, 20, 6; SAINT JIRÔME (infra, p. 36, n. 6).

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Au temps d'Auguste, la Gaule approvisionnait déjà l'Italie (le saies et desalaisons l La plupart ds cités y avaient leurs foulons et leurs tisserandsTrêves 2, Amiens , Arras '1 excellaient chacune clans une spécialité, et un bas-relief d'Arlon nous montre un marchand (le drap, assis derrière son comptoir,qui fait palper à un soldat, son client, l'étoffe so yeuse 5 . Mais aucun articlen'était aussi renommé que le birrus des Nerviens, sorte de capote à capuchon,qui s'exportait dans tout l'Orient. 11 y était si apprécié que la vieille fabriquede Laodicée de Phrygie en essaya une contrefaçon, qui ne valut jamais le vraiproduit du Hainaut 6 Au I ve siècle, il y avait encore à Tournai un grandatelier de l'Êtat, où filaient et tissaient les lainières 7. Rien n'est plus durableque l'emploi des proçédés techniques, et cette industrie rustique persista, malgréla décadence économique, à travers l'époque mérovingienne et carolingiennejusqu'au développement des communes. La draperie flamande du mo yen aaeest l'héritière directe de celle des Gaulois 1.

La sidérurgie aussi remonte en Belgique à plus de deux mille cinq cents ansLes Celtes, lorsqu'ils occupèrent la Gaule, connaissaient l'usage du fer, maisnon peut-être sa trempe. Ils perfectionnèrent peu à peu leurs procédés aucontact des peuples du Midi. C'est de fer qu'étaient les armes avec lesquellesils combattirent César le long glaive à pointe mousse, et l'épée aigu, queles Belges continuaient à préférer 1 11 , la lance en feuille de laurier, les poignardsà fourreau de métal et les pointes des javelots. On savait utiliser aussi le ferdans la charpenterie, le charronnage, la marine IL, Avant l'arrivée de César, lesfondeurs avaient allumé, dans maint canton de la Belgique, leurs petits four-

T. STRABON, IV, 4, 3.2. Edict. Dioc.let., XIX, 51; cf. I3Li3MN En, Der Maximaltarif des Dioclehan. 1893, p. 155.

3. Echct. Dioci., XIX, (Il.

4. Edict., xxv, 9 . Cf. BLiiMNER, P. 168, et CIT., XIII, P. 558.5. Siisnxi_ER, Mnsh d'Arlon, a 0 52 = E5PRAND1EU, t. V. 11° 4043, cf. 4295 (Mets) et infra,

P. 91, fl. .- A Cologrie, un magister artis ftillon.icac o, CIL, XIII, 8350.ô. L'édit sur le maximum, qui ne fut jamais appliqué que dans l'Empire d'Orient, ne mcii-

tior&rte pas moins de tois fois le firru.ç ries Ne.rviens et sa contrefaçon XiX. 32 (il faut liree B(ppoç Np,mx,çA'vo. »; cf. eu, iii,2209). xxii, si, XIX, 27 : s B(po

ô^tw o —, f, —. L Nu'o. ». CI. BLiÏMNER, o/. Cil p. 113, 152 et SALNT-JÉRôME. Con-tra lovi nianum, Il, 21 0 1 , 129, .1m(;Nn) o Atrebatum ac Laociiceac mdumnefltis orriatus incedis.

7 Net-d. dignit.. 0cc. XI. 57: o Procurator gvnaccii Turnacerisis Helgicac securtdae.8. PÎrsENNE, Viertelja/rrschri/t /br lVirlli.schaftsgeschic.hte. 1909, VII. j). 310 SS.

9. VICTOR TAHON, Les Origines de la métallurgie eu pays d'Enire-Saonl're et Meuse, Mons, i886.

(Extrait de.la Revue universelle des mines. 20 série, t. XXI); MAHIEL. Fabrication du fer à l'époqueromaine dans Annales Soc. Archéol. Namur, XXI, 1898, p. 4 50 SS.

10. JULLIAN. II, P. 195. n. 5.II. JULLIAN, li, 306, 109. Cf. I)iiclucLcrrE, Premier âge du fer, P. 7e7ss.Les Vénètes forgeaient

de sulidus drames de fer pour retenir les ancres (le leurs vaisseaux (CÉ S AR, B. G., lU, 13). Le Muséed-. M te contk'nt d nombreux lopins de fer datant de l'époque de la Tène et provenant proba-blemnunt des gisements de la Mosalle.

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neaux creusés dans l'argile. Leur industrie était favorisée par des conditionsexceptionnellement avantageuses: on trouvait dans l'Ardenne d'immensesgisements à fleur de sol, et la forêt fournissait en abondance le bois nécessaireà la réduction du minerai.

Les Romains ne laissèrent pas tarir cette source de richesse; ils en tirèrentprofit, selon leur coutume', avidement et pratiquement. Ils perfectionnèrentles vieux procédés traditionnels auparavant en usage et substituèrent notam-ment à l'emploi du bois celui du charbon de bois, auquel l'ouest de l'Ardennedut son nom postérieur de forêt charbonnière (siiva Carbonaria). En mêmetemps, l'exploitation était industrialisée 2 . Au lieu de petits groupes dispersésde mineurs, fondeurs et forgerons, (le nombreux ouvriers, réunis dans de véri-tables usines, se divisèrent le travail. C'est ainsi qu'en 1879, on a découvert àMorvillc 3 , entre Anthée et Rosée, non loin de la grande voie de Bavai àTrèves, un ensemble considérable de substructions appartenant à treize habi-tations et usines, avec les restes des cabanes qui les entouraient sur une airede 800 mètres de long et de 200 de large. Une halle de 28 mètres sur 25 devaitêtre un vaste atelier ou magasin. Près de là on a mis au jour les creusets desix bas-fourneaux à fondre le minerai.

Des nombreux gisements existant en Gaule et que l'activité industrielledes Romains a attaqués 4, une partie appartenait aux empereurs et étaitplacée sous la surveillance de procurateurs-, une partie aux cités ou aux parti-culiers. Nous ne savons pas si les Césars avaient mis la main sur quelques-unsde ceux de Belgique 6, ni si l'exploitation se faisait en régie ou était afferméeà des entrepreneurs. Mais de toute façon elle dut provoquer le transfert dans

I. Dès que le Tau nus fut soumis, Curtius Rufus y fit creuser des galeries par ses soldats à larecherche de maigres filons d'argent (TACITE, .4 anales, XI, o). De même, les Romains ouvrirentles carrières de notre pays; cf. infra, P. 46.

2. TAHON, tee. cil., p. 29.3. Dai. MARMOL. Annales Soc. Archéol. Namur, t. XV, i88r, p. 220 es.— Établissement simi-

laire à Vodecéc r BEQUIcT. ibid., XXIV, 1900, p. 451. Sur ces mines, cf. DEsJARDINS, Géogr. (le la Galc romaine. I. P. 409 SS., et L. DE LAUNAY

dans S.GLIO-Pc,TTIER Dia. A nt.. s. y. Ferruin , p. io85.5. Hinscueai.o, Die /eaiserlichcn Verwal€ungsheamle.n, 2 éd., 1805. P. 157 SS. - Un procu-

rator Aug(ustoruni) ad vectig(al) ferr(ariorum) Gall(icaruru) '. CIL, X, 7584 un « procuratorlcrrariarum e, à L yon. CIL, XII] 1797.

6. Cette question dépend de celle d0 savoir si l'Ardenne était ou non un e saltus » impérial(supra, p. S. n. I). Les empereurs Lv Lient iles propriétés diulo G LaIe Ilelgique, coimnele prouventles inscriptions (Cl [., III, 1.156= Riese, 24) mentionna lit Un l fl0 ,Urt0r rat(ioriunt) priv(atorum)per lielgicam et duos Germanias o. et (CIL. XIII, 807) Ufl vice procurateur e patrimoni pro-v(inciac) Belgic,e (t (1uarum G rmanimiritni o cf. H 11(5(110:1.1). Kl"ine .'c/iri/frn, 1)13, p. 517.- Suivant KURTH, Les Origines de l-i iltc de Lié'e, 188 i , p40, i' nom primitif de celle-ciet Leodtcus (vicus) e, signiti 'rait « villag pu hic », et indiqu''rait l'ancienne existence, à cetendroit, d'un domaine (lu fisc.

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l'Ardenne de fonctionnaires ou de concessionnaires et d'esclaves étrangeis oude condamnés ad met alla, et contiihuer ainsi, clans une large mesure, à la roma-nisation de cette partie du pays.

L'extraordinaire développement de celle industrie minière est attesté parl'importance de ses résidus. Les scories, lentement accumulées au cours dessiècles, formaient des monticules comparables aux terrils de nos houillères etassez étendus pour que parfois un propriétaire moderne ait PU se construireun château sur leur sommet. Ces « crayats de Sarrasins » , comme on les appelleen wallon, constituaient des dépôts considérables dans un grand nombre delocalités du pays de Liège, du Luxembourg et surtout de l'Entre-Sambre etMeuse, qui en était toute parsemée l A Géronsart près de Cerfontaine, ondécouvrit dans les bois un amas qui contenait 8,543 mètres cubes de scories,1,366,800 kilogrammes. Il fut acheté en 186 par la Société de Couillct, qui l'aconsommé dans ses hauts fourneaux 2. L'industrie contemporaine s'est ainsiemparée de beaucoup de ces monceaux de résidus pour en extraire le fer, demême qu'au Laurium on l'a fait pour l'argent. Un ingénieur, qui est aussi unarchéologue, évalue à un million de tonnes le total des « crayats de Sarrasins»ainsi réemployés dans l'Entre-Sambre et Meuse 3.

Sans doute ces montagnes n'étaient pas entièrement dues à l'industrie desRomains e on a extrait et fondu le fer dans la forêt Charbonnière avant euxet après eux. Mais qu'une notable partie de ces amoncellements remonte àl'antiquité, c'est ce que prouvent les débris, tessons de poteries, outils, mon-naies qui y ont été recueillis 4. Les Romains ont même su tirer intelligemmentparti de ces détritus pour construire leurs routes: les scories de fer mêlées à despierres calcaires formaient, sous l'action des eaux, une masse d'une compacitérésistante et durable 5 . 11 paraît certain que le pays de Namur était, de toutesles régions du nord de la Gaule, celle où l'industrie (lu métal était le plus déve-loppée, et sa prospérité, le nombre et l'opulence de ses villas, ne s'expliquentque par l'abondance de ses richesses minérales. Les propriétaires savaientaugmenter leurs revenus en annexant à leur exploitation agricole des ateliers

i. TAHON, 10c Cit.2. TAlIoN, p. 34.3. TAHON, 1OC. ce... Ainsi à Virelles (VAN BASTELAF.R, Rapports Soc A ychéol. Charleri, XII, 1883, P . 497). à

Vodecée (BL'pUET. Annales Soc. Arclu'l, Naniur, XXiV, iqoo, P. ss.) et tout récemmentencore à Vireux-Wallerancl (A. DE Lot, Bulletin des Musées ro),aux, 19T1, p. i) . Voir aussiC. DE Looz, Pull. Conun. Art et Archéol., XV, 1876. P. 199.— C'est au milieu de scories de ferqua été trouvée la tête de légiounare signalée plus bas, P . 79 (BEQUEr. Annales Soc. Archéol.Naniur, XXIV, Igoo, P. iSq.)

5. THON, P . 35. - C'est le cas notamment pour la grande route de Bavai à la Meuse (nET.

MARMOL, Annales Soc. Archéol. Namur, XIII, 1875, P. 13 ss.)

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sidérurgiques ',et les plateaux froids et arides de l'Ardenne ont ainsi pu nourrirune population très dense malgré l'inclémence du ciel et l'infécondité de laterre 2

Ces ,ferrariac de Belgique permettaient de subvenir largement à la consom-mation locale. Le fer était à bon marché et on l'emplo yait abondammentpartout il servait à fabriquer les instruments aratoires, les outils des différentsmétiers, pelles, houes, truelles, marteaux, couteaux, ciseaux, clous, pinces,haches, des mors et fers de chevaux, des clefs, gonds, verrous et charnières,cent ustensiles divers que les fouilles ont partout mis au jour 3.

Mais certainement la production des fourneaux et des forges dépassait debeaucoup ces besoins restreints, et Qfl (levait exporter en quantité soit les lingotset les lopins, soit les objets travaillés. On ne les expédiait guère vers le midi,ni au delà de la mer, car la Lugdunaise et l'Aquitaine, aussi bien que la Bre-tagne, possédaient d'excellents gisements mis en oeuvre avec succès 4. Maisnos mines étaient les plus septentrionales du continent, elles étaient situées àproximité des cours d'eau coulant vers la Hollande et des routes menant aupays rhénan, et elles fournissaient le plus utile des métaux à toute la régionau nord (le l'Ardenne, comme nos champs la pourvoyaient du blé indispen-sable à sa subsistance. Les aimes à l'aide (lesquelles les légions du bas Rhindéfendaient la frontière étaient forgées avec le fer de Belgique.

La productivité multiple de son sol, toutes ces exploitations agricoles etminières, assurèrent la prospérité du nord de la Gaule. Sous les Romainscomme aujourd'hui, la Belgique était un pays riche Il . A la valeur de ses expor-

i. C'est le cas à Anthée (DEL MARMoT .. .4nelcs Soc.. Archéol. jVamur, XV, 1881, p. 35,cf. XII, p. 181), à Neufchteau près de Jemelle (MM1IEU, ibid., XXJ, 1898, p. 4z). - De mêmedans la province de Liège, à Latiririe (RENARD, B'uU. IasI.Archéol. liégeois, XXXIII, 1 9 04, p. 7),à Louvegnée (C. ne Looz, lieU. cornez. Art etArchol., XV, 1876, P. ryd si.).

2. Selon I3equct, qui connaissait admirablement cette région, il est peu de communes de laprovince de Namur Où l'on ne trouve quelques vestiges d'habitations do l'époque romaine(A n ales .Soc. Archéol. Namur, XXIV, ISqo, p. 238).

3. Voir, par exemple la liste des objets trouvés dans la villa d'Anthée (DEL MARMOL,Ann. Soc. Archéol. Narnsir, XV, i88r, p. iS).

. Cf. supra, P . 37 n. 4 . - Pour la Bretagne, cf. T,. DE LAIJNAY, foc. cil., p. 1086. Onextrayait aussi le fer en Germanie, dans le Taunus et le Palatinat, et dès une date très anciennesur la Moselle, cf. supra, p. 36, n. ii.

. 'rACiTF,, Hist., IV, (Discours de Cérialis à Trèves) : lrecundissimu in hoc solum D opposéaux marais de la Germanie; ibid. 74: a Vos penes quosaurum et ope-3. ' Cf. supra, p. 32. - Pourla Gaule en général, cf. MOMMSEN, R,5rniscke Geschichle, t. V. P . 97.

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tations correspondait une égale capacité d'achat, qui eut pour conséquencecertaine une importation et une immigration considérables, et celles-ci trans-formèrent rapidement toute la situation économique et sociale de cette contréereculée.

Au moment de la conquête, Nerviens, Ménapiens, Trévires, Éburons ouAduatiques, n'avaient non seulement pas de villes, mais, pour ainsi dire, pasde maisons. La plupart habitaient des huttes rondes de clayonnage couvertesde chaume, les plus riches de chétives cabanes de bois, dont des pierres platesformaient la toiture et dont le sol était d'argile battue, abris plutôt que de-meures 1. Rome apprit aux barbares du Nord à se construire de solides logisde brique ou de pierre, capables de les protéger contre les pluies et la froidure,et que le foyer ne risquât pas d'incendier les jours de vent. La politique desvainqueurs était ici d'accord avec l'intérêt des vaincus. Un domicile stableet un home confortable devaient enlever à ces nouveaux sujets le goût desaventures guerrières 2 . Les Gaulois, peuple avide de progrès, obéirent avecempressement aux suggestions des gouverneurs. L'émulation à se faire cons-truire de coûteuses villas fut peut-être la cause principale des dettes quiobérèrent la noblesse et provoquèrent la crise du milieu du 1er siècle 3 . Le désirde bâtir, comme l'art même de l'architecture, étaient choses auparavantinconnues, et cette innovation, grosse de conséquences, transforma profon-dément et l'aspect du pays et les moeurs de ses habitants. Ce fut une méta-morphose durable et une conquête définitive, Les maçons gaulois devaientenseigner aux Francs, qui l'apprirent aux autres Germains, la technique del'opus Romanum Il et l'étymologie latine de la plupart des mots flamands etallemands qui se rapportent au bâtiment, révèle assez cet emprunt 5.

Les pauvres restes des villas belges, incendiées et saccagées, témoignent encorede leur opulence. Rien n'est plus propre que leurs ruines à nous montrer àquel point les moeurs romaines s'étaient répandues dans tout l'Occident, com-bien ce besoin de bien-être et même d'élégance, qu'amène le progrès de la

i. Textes: CIL, XII I, p. 567. Cf. JULLÎAN, 1, p. 466, 470. n. '; 475, R, 5 II, P. 321.

2. TAC [TE, Agrc.. 21 : c Ut horninas disprsî ac ru (J ,s en in in h dia faciles qnieti ('t otio pervoluptatcs adsuasccrent, hortari privatim (Agricoam). a '.1iuvar. pub l ic ut tmpa fora durnosexstruerentlaudando prornptos et castigandos'gnes ita houons aeniulatio pro n' ccssitatc crut

3. Supra. P. 22.

4. DRAGENDORFF, P. 48.5. Touta una série d ruot flamands da c'ttn catégorc provt . nn 'ut d'mprnnts faits par les

Francs au latin du 111e au v siècle: cf. VaRCOULLIE, na Tuai tr V1iningan dans Viaandereu doorde eeiwen heen, Aicistcrdarn, 1913, p 208 L'autcur ut'iii-tir (= micros), tck.l (t...'gula),kaik (= caix), vcrist '.'r (= fenesta), (dur) p,ast (= postis). zol I r (.c(il ircum). kHdr (= cehia-rium), kamer(= camera), poort (= porta). stoof ( extufar ,, wcjk (= vieus). k '.'uk,'n (= cuc'ina).

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civilisation, avait pénétré profondément la vie provinciale. Le grand nombrede ces établissements qui ont été décrits ou signalés dans tout le centre et lesud du pays est la meilleure preuve de sa prospérité.

Les villas que le propriétaire élevait sur le /undus (lui Portait SOil nom ontété retrouvées en telle quantité que, sur les cartes archéologiques, certainesrégions du pays en sont toutes piquetées. Elles ont une importance variablesuivant la richesse du maitre. Souvent le plan en est simple : les bâtiments sontdisposés des quatre côtés d'une cour carrée, OÙ l'on déposait le fumier. Au corpsde logis se rattachent, à angle droit, les étables, les granges, le hangar Percéd'une porte. La partie inférieure des constructions paraît seule avoir été enpierre; pour la superstructure, on se contentait de bois ou (le clayonnage.Dans les établissements plus importants des annexes de l'habitation s'ajou-taient de l'un ou l'autre côté du rectangle 1 On a remarqué que le type desfermes flamandes est souvent resté le même que celui de cette riUcz ruslica desRomains 2 . Autour de celle-ci, on découvre parfois quelques dépôts de cendremêlés de tessons de poterie grossière; ce sont les restes des huttes de bois etde torchis où vivaient les serfs ou colons groupés autour de leui patron .

La noblesse terrienne ne se contentait pas d'aussi modestes demeures (luecelles (les simples métayers. Ses résidences rappellent, par leur luxe, ces somp-tueuses villas où l'aristocratie romaine allait se reposer du soin des affaires etfuir le tumulte des villes (vina urbana) . Elles s'élevaient généralement à mi-côte(l'une colline exposée au midi, qui les protégeait (les vents glacés, et d'où l'onjouissait d'une vue étendue sur la verdure des vallées 5 .A cette fin, régnait,par devant, une galerie ouverte, longue souvent de plus de ioo mètres et limitéeparfois par deux ailes en légère saillie (fig. ri) 6, ('elle galerie reliait entreeux un ensemble (le bàt nents très complexe, une enfilade de pièces où l'onreconnaît souvent, en face de la porte. une grande salle (le réception et d'ap-parat, puis le logis de la famille et le quartier (les hôtes, les bains, les cuisines

j. Ainsi à La Sauvenière. ISEiCET, A niuiles Soc. A rc/uol. _Vaniur, XXIV, 1900, p. ri ss., et pi. I.2. IIOLWERDA, o. ci!., p. 32.3. Sur les demeures les petites gens, cf. BEQI p: T, Annales Soc. Archol. Xarnur, XXIV, ijoo,

P . 455; ci. CoursTov, ibid., XXVII, igoS, p. 312.4. Sur les deux t ypes de constructions, cf., par exemple. HRTTNER, W. ci!. [Supra, p. 8, n. 2].

p. 13 ss. : DRAGENDORFE, p. .; ss. Les observations faites en Allemagne s'appliquent presqueexactement à notre pays. - Lrte (les villas, cf. AUSONE, Mûsdila, V. 294 SS., 347 SS.

. De même sur les côleaux dc bi Moselle, cf. AUSONE, Moscila, V. 284, 320 ss. Cependant icid'autres villas s'étendaient au bord mémo de la rivière.

6. Voir, par exemple, les plans des villas d'Antlmée (DEL MARMOL, Annales .Soc. A rchéol. Namur,XIV, 1877, P. 164), de Ionchinne (BEQUET, ibid., XXI, 1895, P. 177 SI.), deBasse-Wavrc (DaNset POILS, Anu. Soc. Archéol. Bruxelle.ç, XIX, 1 00 5, p. 3oass.), que nous reproduisons, de Jemello.(MAHIEU, Ann. Soc. Avchéol. Nacrer, XXI, 1893, P. 400 SI. et pI. III).

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[''5] . 43

et les autres communs. Par derrière, s'ouvrait une vaste cour 1 autour delaquelle étaient disposés divers bâtiments séparés : écuries, étables, remiseset granges, forge pour la ferrure et le charronage, magasins et ateliers de toutgenre, car les villas étaient des ruches actives où de nombreux esclaves oujournaliers exerçaient tous les métiers utiles à l'exploitation du domaine etparfois des industries d'exportation .

3•

Fig. 12,VILLA DE LI-lesTé. i BASSF.-WAVRE (Brabant). Hvi'ocAUSTlt.

L'origine de ces constructions très perfectionnées est certainement italique 3.

Peut-être même leurs premiers occupants, ceux qui les élevèrent d'abord surnotre sol, furent-ils des colons immigrés ou des marchands enrichis. Maisces viltae urhan.a.c, parfois précédées, comme dans les pays classiques, dejardins où jaillissaient les eaux vives et où des statues et des bustes semiraient dans les bassins 4 , ne restèrent cependant pas dans le Nord cequ'elles étaient dans le Midi. Tout d'abord, la rigueur du climat obligea à

î. Cette cour formait, à Anthée, un paralll'.igranune (le i,o mètres sur ion, soit 6 hectares etdemi cf. BEQUET, A rie. Soc . .4rchéol. Nawur, XXIV. i non, p. 251 ss., dont la description donneune idée très pi'éeise do eu qu'était un (le ces grands établissements mi-agricoles, mi-industriels.

2. Cf. supra, p. 3. n. I, et infra, )j). 778.. c.t. RosrovrzEv, jahrhucJi des 1nsti1rts, XIX, rgo.. P. 122 SS. - On ne sait encore avec

précision jusqu ' à qu point les viii se nrtana dss Gaules ont reproduit directement celles del'Italie et jusu q.m'.l point -lies fur.nt le résultat d'un développement régional du plan de lavilla ru5îiOr, qui cli e-Inèin était lin ' imitation gauloiso do la métairie italique. La dispositionet ila fa vi d 's v.[las d.iont dalleurs dépndn, rtaris une large mesure, de la fantaisie dupropriétaire; cf. l ycOsE, Miciliî, V. 296 es.

.. Bustes de Messancv et de Lokeren, cf. iejre, P. 83. Â \Veschbriiig, près do Trèves, un grandbassin rectangulaire était entouré d'une biltistrade mIe pierre dont les ccnt douze piliers étaientautant «hermès; soixante-neuf sont parvenus au musée de Trèves : HETTNER, ft'esldeusche Zeit-schrift, XII, 18, p. 18 es. et Die rômnischen Steindanknidler der Mus. zz4 Trier, P. 251 SS. Cf. Ros-TOVTZEV, foc. cri., P. 123.

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4'1

[i i6]

développer le système (le chauffage et i multiplier le « 1ivpociListes e. Caléfiéau-dessus d'un foyer central, l'air brûlant était amené dans un espace libreménagé sous le pavement des salles (fig. 12)1, et il circulait dans des tuyaux deterre cuite à travers l'épaisseur des murailles qu'il échauffait doucement. Cedispositif, emprunté aux thermes, fut rarement appliqué aux habitationsprivées dans le Midi; en Belgique, une partie des chambres sont toujours,dans les grandes villas, pourvues de ce calorifère.

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1 . i- C.\vE DE LA VILLA DIIAULCHIN (lIaniut).Fouillis de M Raoul \Vatc'cqu'.)

Pour se protéger contre le froid, il fallait aussi tenir les fenêtres closes.On utilisa une précieuse invention qui permettait, en arrêtant la bise et lapluie, de laisser passer la lumière la vitre, dont on apprit à fabriquer les car-reaux dans le pays même. Leur usage se constate aussi occasionnellement enItalie 2, mais il s'est généralisé au nord (les Alpes 3.

Ce qui est particulièrement gaulois, c'est l'adjonction à la bâtisse de cavesprofondes, qui ne manquent presque jamais, au moins sous une des ailes del'habitation. Solidement maçonnées en appareil régulier de tuf ou de calcaire,elles contiennent une série de niches pour y placer les lampes ou des récipients(fig. 13). Or, le Romain, sauf de rares exceptions, ne construisait pas sur

I. Nous reproduisons l'hypocausto de Basse-Wavre; cf. DF.NS et Poits, lac. cil., P . 316-2. ROSTOVTZEV, ZOC ci!,, p. 120.3. L'art de fabriquer à bon marché le verre blanc diaphane ne date que du i e, siècle de notre

ère (infra, p. ii). - Restes de vitres à Montignies-sur-sambre (V AN BASTELAEII, Villa de Menti-gnies-su- Sam bre, MonI, 1878, ) 44 ), à Arquennes (CLOQUF.T, Rapports Soc. Ari-h,ol. Charleroi, VII.1873, p- 98). à Bass e-Wavre (POILS et Dns, loc. cil., p310); cliàrsis avec vitraux à Anthéc (Dai.MARMOL, Ann.Soc. Are/itol. Na mur, XIV, i,S, P . ISi). — Déeouvertes semblablesen Germa nie;cf. HETTNER, ap. cil., J . SI p. iq. Un atelier j:ourla fabrication du verie à vitres a été fouillé clansl'Eifel à cordel lusfe de Trêves) ; et. IIETTNLR, Donner Ja/:rfiic/:cr, LX1X. i88o, p. 27, et ibid.,LUi, 1873, j', 121.

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["7] 45

caves, mais déjà le Celte, clans sa cabane, creusait une partie souterraine, oùil conservait ses provisions et se réfugiait lui-même durant les grands froids.Peut-être les beaux souterrains des villas, imperméables à l'humidité, impéné-trables à la gelée, ont-ils abrité de même une partie de la domesticité pen-dant la mauvaise saison.

Si les maisons des particuliers sont une adaptation des constructions duMidi au climat septentrional, à plus forte raison celles-ci furent-elles imitéespour les édifices publics, comme on peut le voir à Trêves et à Reims 2,

«Dès l'époque de Claude, toute la Gaule vit s'étendre sur elle la parure monu-mentale de la vie romaine » ', et même les bourgs voulurent s'embellir, à l'instarde la ville, de réductions des grands forums, temples ou marchés. Tongresn'en a point conservé, mais on a retrouvé récemment une inscription quicélébrait en vers les thermes d'Arlon 4 , et les salles de bains, aussi abondantesdans les villas antiques qie dans un hôtel pourvu du confort le plus moderne,avec leur étuve, leur salle tiède et froide et leurs piscines de marbre 5 , nousassurent qu'il n'y manquait aucun des agréments indispensables des établis-sements romains ou des hammans turcs.

L'art de bâtir est un progrès que notre pays doit à ses conquérants 6, uneacquisition impérissable que devaient se transmettre les générations. Les toitsde nos fermes n'égayeraient pas de leurs taches rutilantes la verdure de noscampagnes si les Romains n'y avaient d'abord allumé les feux de leurs tuileries.Même si l'architectue des villas ne nous révélait que ce progrès nous vint d'outre-mon ts, leur décoration nous l'apprendrait. Celle-ci reste italique, partout où l'ona pu l'observer, jusque dans les endroits les plus reculés, jusque dans les plusmodestes demeures 7 . Comme dans les constructions du Midi, les murs des salles

i. Torirc, Les Caves d'Alésza, dans Bulletin archéologique, si 1, p. 325 SS. Cf. suries caves enBelgique, BaQUET, A mn. Soc. Arc/i. Namur, XXIV, i'joo, P. 45 () «s. Comparer TACITE. Germas., 16.

2. Trèves CRAMER, Dos Râ-rnische Trier, 1911, P . 70ss. Cf. DRAGENDORF1', P. 04 ss.ReimsESPÉRANDIRU, V, 11 0 3681.

3. JULLIAN, IV, P . 73.4. WALTZING, F&1. A rc-Jéal. de Belgique, ('s de Liège. 1909, II, p. 715; HIESE, n 0 4424

Excipimur ther[mis, Peliuntur corpore sorties]; Nec satis es[t sardes : datur his et peller]cfata n.

5. Notamment à Basse-Wavre Dset PoiLs, o. cil. , P . 326, 317, qui ont reconnu le n cal-dartuin o, le otepidarium o, le o frigidarium o et la o pisCifla n. - Plusieurs bains à Anthée DanMARMOL, Ann. Soc. Archéol. Namur, XIV, 18 77, P . 175, 187, 192.-- Beins en Geiivanie DRAGEN-DORPIT, 7ciss. Chaquevilla y ade deux à cinq salles (le bains, cf. FlEuRER, c. Cli. p. S] p. 18, etAuso,, Mosella, VV. 337-340. - Un bain public(?) à Chastres BEQrET, Annales Soc. Arc héol.Namur, XXIV, 1900, P. 27.

6. Nous n'avons que des données très vagues sur le type des maisons urbaines dans notrepays et ne savons pas s'il se rapprochait de celui de la maison britannique (HAvRRR1ELD,P . 33 «s.) ou ,h's dein,uri d'Alésia.

7. Même constatation en Bretagne: HAVERFIELD, P . 34 Ss.

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46 [i18]

d'apparat étaient revêtus de marbres multicolores d'une merveilleuse diversité.Les variétés les plus précieuses, importées des contrées les plus lointaines, leParos et le Carrare éclatants, le noir de Proconèse, les brèches d'Afrique etd'Asie-Mineure, le cipolin d'Helvétie, la ((fleur de pêcher» d'Illvrie, le granitrouge et la serpentine verte d'gypte s'unissaient aux espèces extraites descarrières qu'on avait ouvertes dans notre sol, pour former des revêtementsd'une richesse harmonieuse'. Car les architectes avaient appris à mettre enoeuvre les matériaux du pays 2 à côté des pierres étrangères. L'ardoise desArdennes, qui se clive sans effort, fournissait des tablettes comparables aucoûteux « noir antique e et déjà elle se substituait parfois aux tuiles pour cou-vrir les toitures 1. On savait utiliser le courant des rivières pour s pousser lesscies stridentes à travers 'es marbres lisses ((4, et les débiter en plaques uniessusceptibles de recevoir un brillant poli.

A l'éclat des parois répondait celui du pavement. Tantôt c'était encore (lesdalles (le marbre qui y combinaient leurs nuances infiniment variées , tantôtla mosaïque y étalait ses tapis miroitants et froids. Les plus simples n'offraient

qu'une alternance (le rectangles noirs et blancs; les plus soignés, composésde cubes polychromés, où k' verre coloré se mêlait à diverses pierres, montraitune agréable variété de dessins géométriques carrés, étoiles, losanges, hexa-

i. Ainsi la villa de la place Saint-Lambert, à Liège (PAUL LOHEST. Fédération archéologiquede Belgique, XXI e Congrès, Liège, iooq, t. Il, P . fi), a fourni des fragments de marbre blancbrouillé et blanc clair d'Italie, blanc de Parus, granit rouge et vert antique d'gvpte, brèche deTunisie, cipolin vert de Suis»e,deux marbres de France (fleur de pêcher et pierre blanche) et septmarbres de Belgique. A Anthée, on a recueilli les suivants (DEL MARMOL. 1 unciiès Soc, A rehéol,Narnur, XV, 1581, p. s) : vert antique, serpentine, granit rouge et marbres (lu pays. Certainsfragments do marbre blanc possèdent des dessins rien bon st y le, -- A liasse-\Vavrc (STAINIER,.4 anales Soc..4rchéoi. Bruxelles, XIX, 1909, P . 344 se.), on a trouvé: marbre rouge i1'Entrc-siiiibreet Mense, gneiss des Alpes, brèche d'Asie-Mineure (selte hasi), noir de Proconèse (mer rie Mat-mars), granit vert d'Êgypte, fleur de pécher d'llivrie et 1111e demi-douzaine d'autres pu n'ontpu être identifiés. MM. DmrNs et POILs, iàid., p. 128, ont tenté de reconstituer le placage. -- Ontrouvera d'autres exemples d'une richesse pareille de marbres en Gaule, dans BLANCHET, !tude(aria décoration des édifices de la Gaule romerne, 1913. p. ioss, et infra, p Si. Il parait probableque ces marbres étaient eotnmarulés par les entrepreneurs à Rome. grand centre du commercedes « iiiarmorarii ; cf. FRÏEDLANDP,R, Sifleegeschzch!e, 111e,5 ss.

2. 11 serait intéressant don dresser une liste. MM. Dr-us et POILS (p. 36) notent l'emploi àBasse-Wavre de quartzite de Blanmont et de calcaire de Namur. CLOQUET (Rm1pports .Soc.. Arch.Charleroi, Vit. 1873, p. 99) sigu de la présence à Arqucnmses du petit granit du Flainaut, etc.

3. Ardoise pour dallage Ou placage:VAN BASTELAF,R, La Villa de Villé à Montignies-sur-Sambre,Mous, 18 7 8 , p 28. Cf. BLANCRET, op. cil., p. 72t 16, et COMFEAIRE, lac, cil. - Pour toiture : COM-HAIRE, A nu. Soc. Arch(ol. Bruxelles, XV, 1901, 365 is.; RENARD. Bali. lest. Archéol, Liégeois,XXXIII, 1903. p. 110; I)eNs et Porr,s, (oc. cO., p. 310. ALlusion à cet emploi dans PIlNa, XXX's'I,44, § 159. Même usage en Gormuanie : I-IETTNER, op. cil. p. 8, P. ij.

4, Ausorcn, Moseila, y . 363.5. Cl. Auson. P,'fosella, v - 49 SS.I mine et Phrygiis s'ola levia c)nsere crustis. Tendens

marmoreuru laqucata per stria calnpulml.

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["9] 47

gones, rosaces, cercles, méandres, entrelacs et torsades 1• Toutefois on n'a pasretrouvé, dans nos campagnes, comme à Trèves et aux environs, des tableauxà personnages, compositions artistiques que leur auteur signait parfois fière-ment 3. Les motifs de décoration que nous trouvons reproduits ne s'écartentpas de ceux qu'employaient les mosaïstes du Midi, qui ont apporté en Gauleleurs modèles d'orne nentation. Quand le propriétaire ne pouvait se livrer àde telles dépenses, il imitait les revêtements (le marbre par le poli des stucsou substituait aux mosaïques des carrelages ou du ciment coloré 4 ? Parfois onappelait un peintre qui traçait, à la détrempe ou à l'encaustique, sur les murssoigneusement recouverts d'enduits successifs, de gracieux motifs d'ornemen-tation, simples bandes encadrant des panneaux fictifs, feuillages et guirlandesou même des figures mythologiques 5 . Un de ces artistes s'était fait enterrerprès de Tongrcs avec tout son attirail une centaine de cubes de couleurs dansdes boîtes de bronze, vingt godets de bronze et des étuis de fer renfermant sespinceaux B

Toute cette décoration, qu'elle soit fastueuse ou plus modeste, est empruntéeà l'architecture italique : il n' y a rien ici qui décèle une école locale. Stucs,fresques, placages et dallages, tout cela fut importé du Midi, avec l'art mêmede construire, Or, notons-le, au début de l'occupation, on fut obligé derecourir, pour exécuter ces travaux, à la main-d'oeuvre étrangère. Non seule-ment architectes et entrepreneurs, mais briquetiers, tuiliers, maçons, plombiers7,peintres, marbriers, mosaïstes et stucateurs, tous les artisans dont l'industriedu bâtiment nécessite le concours, durent venir du dehors, soit de Provence,soit d'Italie. Ne continuons-nous pas de nos jours encore à appeler des ouvriers

j . Liste des vingt-six localités belges où l'on n retrouvé rIes mosaïques, dans lïT.ANCIIET. inven-faire des mosaïques de la Gaule, 1909, p. xob se., n" 1167-1 ryq. Les plus belles ont été découvertesdans la villa dAnthée (BEL M,sRMoI., Ansi. So.Archéol. Nasnur, XIV, 1877, pI. III et XV, 1881,Pl , u1, n° 4).— Elles sont nombreuses aussi dans le Grand-Duché : cf. surtout Auscnn'r, Publica-tions de la section historique de l'Institut grand-ducal (le Luxe?nlourq, XXXiI, 1877, P. 176 SS.

2. BLANCHET, o/. cit., n°' 1204-1253: cf. CRAMER, Des Rô,nischc Trier, 191 r.3. Cf. BLANCHET, Décoration (les édifices, p. I2. Une mosaïque de Bavai est signée «Modicu[s]

f[ccit) une autre, à Trèves, s Monnus fec(it). Cf., en général, sur la mosaïque en GauR', ibid.,P- 6-i.

. Cf., par exemple, VAN BASTELAER, Villa bel go-romaine à l'hirisnoui, Bruxelles, 18 90 , P. 14Ciment rouge peint en rose. - Cmino exemple d'un dallage établi sur quatre assises superpo-sées de pierres, béton, briques et mortier, cf. RENARD, DieU. Instil. Avch. liégeois, XXXIII, 1004,p. 9 (villa d'Ocquier).

5. La liste (les peintures trouvées en Belgique est donnée par BLANCHET, Décoration, P. 183 55.(32 numéros). A Bavai, dans un édifice rond, figures de Mercure, de la Fortune et de Minerve,ibid., p. 35.

6. il(j YBRIGrs,Fédération archéol, de Belgique, Congrès de 'l'on gres, itox, t. 1 (1902), P . 117 SS.;cf. BLANCHET, p. 6.1.— Découverte analogue à llasse-Wavrc (uiortierà broyer les couleurs avecgodets) DENS et POILS, 10c. cit., P. 432.

7. Cf. CIL, XIII, 10029,22 à Harlange (Luxembourg)' Venus Publius pluml:ianius fecit.

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16g. 14.CANDÉLABRE

DE BORSU.(Musée

de Liège.)

48

[120]

italiens pour exécuter nos pavements en mosaïque, et ne restent-ils pastoujours d'une merveilleuse habileté à imiter en stuc les marbres pasprécieux? Ils ne forment plus aujourd'hui qu'une fraction minime denos décorateurs, mais, clans la Gaule Belgique, ils eurent d'abord unmonopole, et cette immigration de travailleurs d'élite a certainementété une des causes de la romanisation rapide du pays.

A la splendeur des villas devait corres-pondre le luxe de leur ameublement, maisnous ne pouvons plus nous en faire qu'uneidée très imparfaite. Toutefois les raresdébris qui ont échappé à la destructionnous montreni un mobilier d'un style toutsemblable à celui de Rome, arbitre souve-raine du goût dans toutes les Gaules. On adécouvert récemment àBorsu un candélabrede bronze, destiné à porter une lourde lampede métal, et les restes d'un trépied, tigesentrecroisées supportant un plateau rond;l'un et l'autre rappellent à s'y méprendreceux en usage dans les maisons de Pompéi Fig. is - TRCPIED DE Boisu,(fig. 14-15) 1. Un débris de siège ou de(Musée (le Lige.)

couche, douille rehaussée d'un buste deBacchus, semblerait avoir été tiré des ruines de Campanie plutôt quedes sables de la Campine (fig. 16)2. Une lanterne de bronze, mise au

jour à Herstal, reproduit un dispositif qui nous est connu par les fouillesd'Herculanum 3 . Si les étuves et les piscines ne nous disaient combienl'habitude romaine du bain quotidien s'était répandue, nous l'apprendrionspar les strigiles de bronze dont nos collections possèdent plusieurs exem-

i. RENARD, Bail. instil. Archéologique liégeois. XXXII. 1903, P . 339 SS., XXIX, 1900, P. Igi.On retrouve des trépieds semblables sur les bas-reliefs d'Arlon (EsPÉRANDIEt', t. \, fl 0 4041).Plus particuliers au pays sont les grands fauteuils en osier, à dossier arrondi, sur lesquels ions'assevail à table (ibid., 4063, 4156, 4158; cf, infra, p. 86). - Sièges pliants découverts dansles sépultures. cf . RENARD, lac. Cit., p. 5. Un des tumulus de Bartlow-Hills (Essex) en contenaitun semhlable en fer. (Avcheelogia, XXVI, 183(l, P . 304, J)1. XXXI1.)

. Bronze de Vosselaer, STROOIJANT, Bull. Acad. Archéol. d'Anvers, 2907, p. 103. Sur les poi-gnées de Bavai. cf, in/ra.p. 75.

3 . RENARD, Bali. Inst. Arch. liégeois, XXIX, 1900, p. 194.

L

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[121] 49

plaires (fig. 17)1. Mais un heureux hasard a seulfait échapper les objets de métal à la rapacitédes pillards, et il ne reste guère (Jans les sub-structions des villas que ceux qui, dans la hâtede la dévastation, ont été oubliés en quelque

)coin de cave. Les meubles de bois, les fines k k 4l VImarqueteries, les étoffes légères tissues delaine ou de soie, ont été consumés par l'incen-die ou par la pourriture.

Ce que les villas saccagées nous refusent,les sépultures inviolées nous l'accoident. LesGaulois ont partagé avec beaucoup d'autrespeuples la coutume d'enterrer avec le mortles objets qu'il avait aimés, afin de réjouirson ombre dans la vie obscure du tom-beau 2 On allait jusqu'à y déposer les jeux (k' ' ..dés ou les dames blanches et noires à l'aidedesquelles le défunt avait amusé ses voisinsde campagne ou trompé l'ennui des longuessoirées d'hiver 3 . On plaçait aussi auprèsde ses restes les bijoux dont il appréciaitl'agrément, les bibelots rares qu'il s'était plu

Fig tIIIIet \ ' it-i ..A1 Rà manier, la vaisselle de prix qui faisait son(' L I i1l,Li,lorgueil, et les tumulus des seigneurs nerviensou tongrcs nous rendent ainsi la parure de leurs demeures. Ils nous montrentcombien le sentiment de l'art ennoblissait chez eux l'amour du bien-être maté-riel, comment ils estimaient non seulement ce qui assurait le confort, mais cequi embellissait l'ambiance de leur vie. Les sénateurs romains avaient faitpartager leur goût pour les oeuvres artistiques à leurs nouveaux collègues desGaules, les fonctionnaires impériaux l'avaient inspiré à ceux des cités, et l'onvit les citoyens (le fraîche date acquérir à gros prix les produits précieux desvieux ateliers du Midi.

t. Tumulus de Herstal, etc., cf. RENARD, 10C. cil., P. 183 ss. De même, deux strigiles faisaientpartie du mobilier funéraire d'un des tumulus dc Bartlow-HjIls; cf. Archacologia, XXVI,18fô, P. 304, pl. XXXIi. Nous reproduisons un exemplaire inédit de la collection Warocqué;il est (((oui d'une chaînet t e dc suspension.

2. POMPONLTS MRLA, III, 19. Les druides enseignent Acternas esse animas, vitamquealb'rani ad Manes taque Curu ritortuis cremant oc defodiunt opta viventibus. Cf. Le Testa-ment do Ltngou. CI 1 - XI Il, 5709, lI, I. 23 sa.

. Tumulus de Herstal et autres; cf. RENARD, BaIl. Insi. Archol. liégeois, XXIX, 1900,P. 203 SS.

Omo

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50 [122]

P1

f-7g. 17. -. STRu.lI.I.M NI DUNE CHAÎNETTE DE SUSPENSION.(Col I ecton P.-10111 Warocqué.)

L'émulation à posséder ces raretés n'était pas chez eux une vaine ostentationde richesse : elle était comme la preuve palpable du raffinement de leur cul-ture et le signe de leur supériorité de connaisseurs.

U 'est ainsi qu'on les vit rechercher-- avec passion la vaisselle ornée d'Arez-

zo, les bronzes de Grèce OU de Ca-poue, l'orfèvrerie alexandrine, lesverres et les bijoux d'Orient ou d'Ita-lie. Infiniment précieux est lin fin ca-

L tuée de sardoine à trois couches decouleurs, serti dans une monture d'orouvragé, où lifl graveur expert a figuréavec une délicatesse merveilleuse unbuste d'adolescent, probablement ce-lui d'Octave jeune (fig. 18) 1. Un para-

- zonium, coutelas de parade dont lefourreau et la poignée sont d'ivoire, adû être porté avec fierté par son pro-priétaire durant son service d'officierOU dans ses chasses au gros gibier(fig. 19) 2, Unique en son genre est

Fig. 18. - CAMÉE DE TIRLEM0NU, Tumulusfuiniilus de Tirlemont : A. 0F. L0E An-OCTAVE JEUNF.. wales Soc. Archol. Bruxelles, IX, 1895, p. 419.

(Collection Edmond de Rothschild.) 2. Tumulus d'Omal, Musée du Cinquante-naire. Les fouilles sont décrites seulement par

Schuermans. dans in journal La lieuse, 24 mars 1876; cf. A. DE Los et POILS, Annales Soc.Archéol. Bruxelles, Xlii isqq, p. 208, et pi. IX; RENARD, Bull. lest. Archéol. liégeois, XXIX,1900, p. 196.

L.

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[1231 5'

un morceau d'ambre évidé en valve cli' coquilleet qui paraît avoir servi (le coupe; sur la surfaceconvexe un monstre ailé, à corps (le bouc ter-miné par une queue tordue de dragon, tiententre ses sabots fourchus une amphore où il vas'abnLlver (). 2O l, Un curieux lézard en cris-

...,,'...

j41JFis.

COUVE DAMORE TROUVÉE A CoRrrL-N0IRMONT.(Musée du Cinquantenaire.)

TT tal de roche, rendu avec une vérité surprenante,______________a dû séduire son acheteur à la fois par la rareté

de la matière et par l'étrangeté de cet animall'ig. 19. exotique (fig. 21) 2,

PARAZONIUM D'OMAL.A cote de ce cristal leur perfection technique(Musée du Cinquantenaire-)

rendait dignes de figurer les oeuvres légères etfragiles des verriers étrangers; tels deux gracieux canthares, trouvés à Ver-voz (figg. 22-23), où, sur un fond brun diaphane, des méandres blancs opaques

. Tumulus (le co til-Noirmont; cf. VAN 1)EssEL, Buil. Conim.Art cL'l rch., XIII, 187 4 , P . 448.5s.— Les objets d'ambre sculpté sont assez fréquents en Gaule (BLANCHET, Décoration, p 149), maisle sujet représenté ici, par un ciseleur de l'époque hellénistique Ou du début de l'Empire, estnouveau peut-être est-ce une simple fantaisie de l'artiste, peut-être, celui-ci a-t-il voulu,comme me le suggère M. Amelung, représenter deux signes voisins du zodiaque, le Capricorne etle Verseau (asn,thora), mais leurs images s'écarteraient alors beaucoup des types traditionnels.Il faut peut-être rapprocher ce motif d'un fragment sculpté d'Arlon,où l'on voit aussi, ce. semble,un animal à corps do bouc et à queue de poisson (?), devant lequel est placée une amphore;Cf. SIRF.NALF.R, Guide du Musée d'Arlon, n° 70ESPÉRANDIEU, t. V, n°4050.

2. Tumulus de Cortil-Noirmont (supra, n° s).— Un autre morceau decristal deroche (ho-o5)

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r

V..-.

52 [124]

dessinent comme une série de guirlandes 1 . L'ouvrier a dû incruster dansla paroi vitreuse encore molle ses filets d'émail de façon à les faire pénétrerpresque entièrement, puis polir la surface à la roue 2• Plus précieuses encoresont deux coupes en iniile/iori 3 , où des tubes jaunes, coupés en tronçons

21. -- Lii..icri ON rici,roi. DE ROCi{E J Ici-Vi'.....ORTIL-NDLRMONT.(il ii .. r. c dunrlci.JritcutLir,.)

et agglutinés dans une pâte verte, prennent l'aspect de mille fleurs épanouiessemées sur un gazon (fi,. 24). Ce sont deux exemplaires de ces fameux s vasesmurrins e, dont Alexandrie avait appris la fabrication à l'Italie et que se dis-putaient les amateurs . Enfin, chef-d'oeuvre (le naturel, une fiole d'un rougeviolacé nous montre une grappe de raisin suspendue',, dont le col représente

n été trouvé à Tongres un buste de femme (Faustine?) est sculpté dans une niche, qui est pourvued'une anse pour y passer les doigts cf. HIIYBRIGTs, full. Soc. scient. L)n bourg, XX, 190-2, P. 414.

z. Sépulture de Vervoc. Musée du Cinquantenaire. (Inédits.)-z. Ces verres appartiennent à La catégorie que les archéologues allemands appellent « Faden-

bio lmser . Krsa (Dis Glas un .1iler/ien. Leipzig, 1908, II, p. 41 i) les croyait du 111e siècle, maisils soit du 1er (cf. Los(-ss dms Bischrezbsizg romisclier Aiteriirner gesernnieit von Cari AnionNiessrn, 3e éd., Cologno, zou, P . xiii) et ils sont, par conséquent, importés.

. Fro,uvées à Carovlo-Gran-1 et à E-lollogne-aux-Pierres :CHALON, Bull. Comm. Art etArehéol.,III, T86, p. t8, et SCRUERMANS, tVesl'/. Zcztsclirifl, IX, 1890, p. 313.

. Surl'iinportattori de ces o vasa iiu.irrin-a o, en Gaule, cf. KIsA. op. ciL, t. II, p. 5x9. - Un frag-ment de coupe en R mil lefiori a été découvert à Basse-Wavrc (DENs et POILS. Annales Soc. Arch.Brus'iles, XIX, 1905. p - 41). Le Musée de Luxembourg possède un magnifique vase niurrin.découvert à Hollange; cf. Kisa, 0/,. cit., II. P. 524 et P. 441, fig. 213.

5 . Tonulus rie Frésin. Cf. PicrntTcrl, Bulletin des Musées royaux, 111, 1904, P . 27, et KISA,OP. rit.. Il 1 . P. 7)5, fig. 30). On coin ait un grand oc rnbre de vases en forme de grappes fabriquésen 13cl.iiqiie et à Colone (EtsA,loc.cit., et Sameziung Niessen. ri o 3T 4 ); mais leur raideur enipatiene permet pas de les comparer ail nôtre, bien supérieur aussi par ses qualités techniques. et ilme parut certain que celui-ci est une de ces pièces d'importation qui ont servi de modèles auxverriers rhénans; cf. infra, p. 74. Le tumulus de Frésin date d'ailleurs de la première moitié du

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L)

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10

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Fig. 24. - Cousu DE VERRE (milIe/iori)TROUVÉE A HOLLOGNE (Liége).

(Musée du Cinquaiilenaire.)

Comme le verre, qui se colored'une irisation chatoyante, l'airain,qui se couvre d'une patine nacrée,a le privilège de s'embellir souvent,au lieu de se corroder par un longséjour dans la terre. C'est pourquoirien ne nous rend plus sensible quela série des bronzes, de quel appareil

Fig. 25. - FIOLE EN VERRE DE FRESIN.(Musée du Cinquantenaire)

54

[I 26'J

la tige un peu grossie (fig. 25). Elle a été obtenue en soufflant la matière liquidedans un moule de terre cuite

somptueux s'entourait la y (le nos an-cêtres. Ceux-ci durent être d'excellentsclients pour les marchands italiens quiexploitaient leur gofit du luxe 2 . Ils leurpayèrent certainement fort cher ces sta-tuettes divines recherchées même à Rome,oeuvres grecques ou excellentes imita-tions d'oeuvres grecques, qui furent, au1er siècle, importées dans la Gaule en-tière 3 . La charmante figurine (le Mercure,

n e siècle, de sorte que ce verre a probablement été fabriqué au i .A cette date, il est indubitablequ'il venait du midi de la Gaule, ou même d'italie (infra, p. 141).

T. Cette fiole contenait une matière brunâtre qu'on aurait reconnue à l'analyse être du sangdesséché.

2 Supra, p. 22.j. Voir IiEUZEY à propos de la Minerve de Chantilly, Monuments Pioi, t. 1V, p. 13 ss. Le

Jupiter d'Evreux (ESPÉRANDIEt', IV, n° joe.) en est un autre exeinple Cf. BLANCHET, Décoration,Ji. 140.

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[127]

d'un modelé si pur, trouvée à Tirlemont 1, est certainement sortie d'un atelierétranger, et la belle figurine de Vénus Anadvomène, découverte récemment àCourtrai, qui garde dans son attitude et dans ses formes un peu masculinescomme un reflet du st y le robuste de Polyclète, parvint aussi jusqu'en Ménapie,soit du midi de la Gaule, soit même d'outre-monts (fig. 26) 2

C'était également de bronze qu'étaient lesmeubles de prix, comme le trépied de Borsu 3; Iou du moins des pièces d'applique, parfoisfinement ciselées et dorées, y rehaussaientde leur éclat métallique le poli du bois, telun joli médaillon, trouvé à Bavai, qui poi-t('un masque cornu et renfrogné de dieu fiui-vial (fig. 27) . Mais les maîtres de mai-son acquirent surtout avucprd ihction

Fig. 27 -PIÈCE LI APPLTQ[.'E TROUVÉE A livu.Fig. 2. - \ÉNi' r COURTRAI.(i\lusée du Ci lquuntemiire.)

(Collection\Va ru

la vaisselle de bronze, cette vaisselle d'un beau lustre sombre, d'une éton-nante légèreté et dont cependant ni le verre ni la terre cuite n'égalaient lasolidité. Nous ne pouvons énumérer ici toute la variété des plats, assiettes,

T. Infra, p. 77, fig. 47.2. Collection Raoul Waroequ& JEAN DE Mer, Monuments PCI t XXI, 191.1, pi . Il.3. Supra. p. 48... Musée du Ctitquuntenairc; cf. A, on L0É, Btdle(jn des M usées royaux. XII, 1913, P . 47 . -Autres pièces du même genre I-3acchus de Vorsselaer, supra, P . .. - Poignée (le Bavai, infra,

P. 75. fig. 46. - Médaillons estampés à Nimy, cf. infra, P . 75, Iig. 45.

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56 [128]

écuelles, bassins, seaux, coupes, flacons et aiguières dont s'ornait la table duchâtelain ou se garnissait sa cuisine, et encore moins rechercher la prove-__________________________ nance de chaque type (le récipient 1• Capoue

était restée un grand centre de fabrication (lecet article 2 , et c'est sans doute (le Campanieque les l)luS beaux de ces vases ont été expor-té-; jusqu'au fond de la Belgique, L'Italie, oùse vendaient nos saies et nus salaisons 3 , nousenvoyait en échange les produits de ses indus-tries d'art. Les grands tumulus de la noblessenc'rviennne ou tongre contenaient fréquemment

S (le ces pièces (le choix : celui de \Valbetz, uneV haute aiguière, dont l'anse est ornée d'aui-

maux en relief (fig. 28) 4; celui de Cortil-Noir-mont, une œnochoé plus trapue, à bec tri-lobé, dont l'anse recourbée, qui se termine parune griffe, porte à l'autre extrémité un masque(le lion (fig. 28) 5; celui de Fresin, une troisièmebuire, quise distingue par sa fine décoration: surl'anse ciselée un dauphin enroule la queue au-

s. tour d'un trident, et au bas un vieillard chauve- tient en main un masque de théâtre. (fig. 30) Œ

On pourrait continuer indéfiniment 1 'énumé-ration. Parfois une habile argenture donnait au

Fig . .tS - AI(;LIÈRE DE BRONZE bronze l'apparence d'une précieuse pièce d'or-1RuUV1h A \V.LuErz. fèvrcrie : c'est le cas d'un vase élancé décou-

(Mtrée du Cinquantenaire.) . Vvert a Neerhaeren dans le Limbourg fig. 31)

d'un galbe simple et élégant, il porte sur le coi un décor gravé, godrons etfeuilles d'eau, qui se répète sur le pied 7. Il nous montre que les propriétaires

I. Il est intéressant de constater quels sont les fouis latins, qu les Francs adoptèrent dèsavant Ic iii siècle, lorsqu'ils commencèrent à posséder eux aussi une batterie de cuisine etde la vaisselle de taLle I catinus ketel, scotcha = schotel, dlscl.1.s disch, hwariunu = bckcr,catir = kelk, orna = aiim, amphore = enunier, cupa — kuip, nippa = kop, vasculuan = flesch,etc. « Tafel » mnie dérive de tabula et « kokea o de coquere - Cf. VERCOeLLIE, 0f). Cil., p. 287 55.

2. WILLERS, ,Venr Untersuchungen O ber die rôniische Bronzciud ust rue roui Capua und von Nie-dergermanien, Hanavre, ItÙ7. Li mportation de Capoue dans le Nord cesse vers la fin du 10r siècle.Cf. intro. P. 76 ss.

. Supra, p. :.ScHi'ERaANs, Rail. Comm. roy. d'Art et d'Arc/uéol.. III. 1864, p. 283 S5.

. V.sn E)ESSEL, Rufi. Comm. rov. Art et Archéol., Xiii, 1874. P. 448 SS.u,. 5ouutu:ituN',, full Soc .40e! -Joli o?Il, iSb, P- 12').

,l,- li-il,- : bixaju'. loo «itoutu.:, ur,uu,tlu,' .0 u ,\,,'buie te ut. l:,nL.? t.

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-0

[129] 57

des villas ne dédaignaient pas l'argenterie fausse quand ils n'avaient pas lesmoyens de s'en procurer de vraie 1.

Parfois, au contraire, les figures soigneusement reprises au burin qui décorentces vases, en font de véritables oeuvres d'art, Le Musée clii Cinquantenaire vient

(ENOCHOé DL CORTIL. Fig. o.(ENocIlo DE FRESIN.\ I ii Mil ii C.inqu ant n.ti i..

d'acquérir une fine cassolette argentée ou étamée, ornée de petits personnagesen haut-relief, dans le style spirituel et léger des orfèvres alexandrins (fig. 32) 2

Des ceps de vigne tordus en forment les anses et, sous une treille de pamprequi entoure la l)itflsè comme d'une couronne, des amours Joufflus et potelésfont prestement la vendange : deux d'entre eux cueillent les grappes juteuses

cseei'ays de Loo-- » XI, 1907, P. 37 SS. Sous le pied se trouve tracée l'indication du poids en latinP(ondo) III s(emunciam) R(omanam( ', puis des lettres grecques (cf. CIL, XIII, 10026,52). Il

est donc certain que le vase vient d'un pays hellénisé, comme litalie méridionale.s. Sur l'argenture en Gaule, cf. mirs, p. 'j.2. Vase de Bois-et-Borsu ; cf. J RAN DE Mur, Bulletin des Musées royaux, 1914, P. I SS. (h. 0m09,

L o'si5). - U» vase d'argent découvert à Arras et ayant appartenu à Granvelle est conservéau Musée de Vienne. La panse est divisée en deux registres au-dessus, sont figurés des attributsbachiques (thyrses, masques de théâtre). des boucs et des panthères, au-dessous, des monstres1flaflDsCf. MICHON, .1lénùires Soc. unI. France, LXX. 1 9 10 - p. 144 s. ; S. REINACIT, Répertoiredes relie/s, t. Il, p. 143. Sur l'influenoc alexandrine en Gaule, cf. S. REIN.cI1, Descr. MuséeSaint-Germain, Bronzes figurés, 5892, P. 13 55., 307 5S.

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58[130]

dont ils emplissent des corbeilles; deux autres, pliant sousle faix, emportent au bout d'un long bâton des linges débor-dant de raisins. L'étamage, la pseudo-argenture, dont la sur-face du métal semble garder les traces, est un procédé o)excellaient les bronziers de Bourges', et il se peut que ce vaseait été exécuté au centre de la Gaule, d'après un modèle étran-ger. L'élégance de la toreutique alexandrine v apparaît unpeu alourdie comme dans le Louis XV des pays du Nord 2,

Ce n'est pas un vain dilettantisme de collectionneur ouune manie ostentafrice de parvenus (liii poussait les Belgesd'autrefois à s'entourer de choses précieuses; c'est le souciplus noble d'embellir tous les objets dont ils se servaient.Cette pénétration de l'art dans la vie domestique et quoti-dienne est un héritage des Grecs. Chez les Hellènes, artisteset artisans s'abreuvaient aux mêmes souîces; ils puisaientà un trésor commun de formes et (le couleurs et s'efforçaient

Fig. 31 - VASE DBRONZE ARGENTÉTROUVÉA

I-IAEREN (Limbourg(Musée (lc Leyde.)

J'A'... -

lep

Fig. 32. - VASE DE IIQIS-ET-IIORSU.(Mi si'e (lu Cinquantenaire.)

de réaliser un mêmeidéal. Ils s'ingéniaientà prêter au plus hum-ble ustensile un charmeesthétique Avec lacivilisation romaine,cette sollicitude debeauté pénètre jus-que chez les descen-dants tics rudes Ner-\j(fl5 du bout d'une

t. Cf. luira , p . 7Q.2. Plusieurs autres vases en bronze, ornés de rel itfs, ont été trouvés en Belgique, mais ils sont

d'une exécution inférieure; cc sont in vase analogue au nôtre, trouvé à Tongres (cf. }-IUYBRJGTS,Bull. Société scientifique du Limbourg, XXX. 1012, Pl. 6); le vase de Herstal, cf. luira, P. 92;un brûle-parfum de Tongres (Musée de Leyde) cf. RF.N.RD, Bull. Suc. scienti/. du Limbourg,XXIII, 1905, P. 6.

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{1 31] 59

clef de coffret paraît s'élancer un lion, dont la gueule cntr'ouverte saisissaitautrefois un anneau de suspension (fig. 33)!; un autre lion, tenant sous sesgriffes une tête de bélier, formait aussi le manche de q uelque ustensile (fig. 34);un peson de balance devient une admirable téte de Jupiter barbu (fig. 35) 2;

Fig. 33 . - CLEF TROUVE A BAVAI. (Collection Raoul \Vtrocqiié.)

le cuir d'un harnachement se couvre d'appliques de bronze du dessin le plusvarié et un mors se transforme en UflC oeuvre d'art (fig. 36) 1.

A l'élégance de l'ameublement s conformait la dépense du train demaison. Dans l'abondance qui est née de la sécurité, les habitants n'ont plus,comme avant la conquête, la préoccupation constante d'éviter la famine,la crainte de ne pouvoir satisfaire les besoins élémentaires de la vie. Les gros

Fig. 34. MANCHE TROUVA A HAVAI. (Collection Raoul Warocqué.)

i. Clef de Bavai. Collection Raoul Warocqué (inédite).2. Poids curseur trouvé à Eugis. Musée du Cinquantenaire. (Inédit.)3. Tumulus de Celles en Hesbavo: A. DE Laïc, Annales Soc. Archéol. Bruxelles, XVII, 1903,

Pl- \TJ•Cf. infra, p. 7 6 et fig. 17 le bronze de Denderwindeke.

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LFig. 35 .— Pois CURSEUR F>I I.\. \N(E

TROUVÉ A ENGIS (I.'!'j( '1uée du C.inquaut eratir'

6o [132]

propriétaires ne se contentent même plusdu produit de leurs champs, de leurs ver-gers et de leurs troupeaux. La vie romainea introduit partout, avec le port de la toge,avec l'usage des bains chauds, avec le goûtdes spectacles 1, le luxe de la table. Les pro-vinciaux naïfs, remarque l'austère Tacite,appellent cette mollesse civilisation, alorsque c'est une partie de leur servitude 2

Dans sa vaisselle de prix, le maître de mai-son se fait servir des mets recherchés etdes boissons capiteuses. Avec les fards et les1)arfums 3 , on fait venir les épices de l'Orient,les fruits du Midi, les huîtres de l'Océan 4.

Si l'on appréciait certains poissons de rivière,particulièrement la perche, le poisson riemer était plus estimé des gourmets 5 . LaBelgique était déjà sans doute le pays dela vie plantureuse et des grandes beuveries.On continuait à fabriquer largement la bière

1. Gladiateurs combattant sur un bas relief de Maestricht : Es pâRANDIEU, t. V, 11 0 3999 cf.WALTZING. Musée belge, IV, 1902, P. 451. Cestiair,' G. (:uoNT. A un. soc. Arch. F$ruxellc's, XXV,1911. p. 275. Des amphithéâtres ont été fouillas à Trèves (CRAMER, Des flôrnische Trier, 1911,

P. 14) et à Metz.2. Cf. TACITE, Agricole, 21 :« Irirlectiam habitus nostri honor et frequens toga, pau)atimque

descensum ad delenimenta vitiorum, porticus et halnea et conviviorliin elegantiam,idquc apudimperitos humanitas voc,Lbntur, Cutis pars servitutiS esset.

3. Tablettes à broyer les fards (tahelli un"uenlaria) trouvées dans les substructions d'unevilla à Meeffe (Musée du Cinquantenaire) et autres; cf. RENARD, JJnll. Insi. Archéol. liégeois,XXIX. 1900, p. 216. Brûle-parfum et cassolette, supra, p. .8. - Une fiole de Fresin (supra,P-501%. 6) contient une matière grasse, qui paraît avoir été un parfum.

4. Écailles dhuitre (60 5 70) recueillies près de la cuisine à Anthée (DEL MARMOL, Ana. Soc..4rcji, Namur, XIV 1877; p. 177, XV, i8Si, P. 32). De même S Aqueruses (C1.OQUET,ROJ'ports Soc.Astis. Gharlcroi. V1,s873, p. ' OS ) . à Basse-Vs'avre (DENS et PoiLs,Ann. Soc, Arcli. Bruxelles, XIX,1905. p.310),àLiégc (Lonl<sT, Fs'dr.Archéol. Congrès dcLiégc, 1909, t. li, P. 4z5). Ouen a décou-vert aussi dans l'est de ta Gaule, par exemple à la villa Saint- Ulrich près de Sarrebourg (MuséedeMetz).— Les hujtrcs de l'Océan britannique étaient r,nomrnées môme Rome dès l'époque dePline (IX, 54 . § 169), et l'on v(:it par un poème d'Ausone (éd. Peiper, p. 22, n0 V) qu'au y0 siècleles gourmets disputaient encore sur les mérites des diverses espèces dc la Nié (Li terra née, dol' Atlan-tique et de la Mer du Nord (y. 35 s.).—Cf. DRAGE,NDORFF. of. cil., p. 54: s Da stehen spanische\Veinamphoren in den Reinischeii Museen, neben Tôpfcn in denen die Feige.n des Sûdens unitI )clikatessen Italiens an die Grenze kamen. Da finden wir die Schalen. der Nordsee Austern hismn.lie Villen der Schwciz hinein, finden neben don einheimischen Frûchten. die Kerne von Puirsicheund andereni frcmden Obst. « Deux amphores de Mayence portent u Oliva( ) nigr(ae) ex defr(uto)

f. CATON, De Ressesf., 7 penuar(iao) excell(entes) C. Rutili Simplicis (RIESE,554, cl, 4555)..5 . AusOe, Mosella, 115 ss. avec les notes <les eomni,nta<'iirs. « Le poète oppose la u perca,

, 1 11 ciu , wensamm» au brochet. qui 'tait une nourriture dupeuple, :oturrte la tanche et l'alose.

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--'

[133] ôr

nationale les propriétaires installaient volontiers une brasserie à côté de leurvilla 1 , et un bas-relief d'Arlon nous montre, ce semble, les « cervoisiers s tour-nant le brassin à l'aide de bâtons dans de grandes cuves 2. Mais le vin étaitpréféré, Les Celtes en avaient toujours été grands amateurs, et, suivant Stra-bon, ils troquaient volontiers un esclave contre une bonne barrique 3. Césarnote avec surprise queles Nerviens en interdi-saient la vente chez eux,de crainte que cette li-queurperfidc 4leur vigueur 4 . Ces liab i -tudes de tempérance se ?, liesont malheureusement ..perdues dans le Hainautdepuis l'arrivée des Ro-mains. Ce sont même

-Fi. 6. - MORS 0E CHEVAL TROUVÉ A CELLES-les Gaulois qui ont in-LEZ-\VAREMME. (Miisec du Cinqiianlrrvtirc.)venté l'art de conserver

le vin dans les fûts 5 , et chaque maison, nous l'avons vu, avait une cave fraîcheet profonde, solidement maçonnée. On faisait venir par la voie de Lyon 6 lescrus fameux d'Italie et d'Andalousie 1 , avant qu'on eût appris à faire la ven-dange sur la Moselle 8 Un bas-relief perdu d'Arlon figurait une barque char-gée de tonneaux, que les mariniers poussaient à la gaffe, et des amphores soi-

z. Anthée : DEL MARMOL, Annales Soc. Archol. Namur, XV, iSsi, P. s,. - Ronchinnes:BEQUET, ibid.. XXI, xSq, p. 198, SS. Cf. surla bière en Gaule: J ULLJAN, t. II, p. 294.

2. WILTUEIM y vo yait des foulons (VALTZiNC;, Orolaunu,n vicus, p. 154 ss); ESPÉRANDIEU,des teinturiers (t. V, 1905. ii0 41125 cf. .1T3(j) ; nais ce sont beaucoup plus probablement desbrasseurs. Sur la fabrication de la bière, cf. SAGLJO-POTTIER. S. V. Cervisia Cervcsarii » àTrêves et à Metz : RIF,5E, 2558, 2467 S.

3. JFLLIAN, t. 11, 294 SS., III, 112,4. CÉSAR, 11, 15, 3 . Cf. 1, 2,5. JUT.LTAN, t. II, p. 295.6. Trévires negotiatores vinarii o et mariniers de la Saône, à Lyon : CIL, XI 11, 2033 = RIESE,

2480; 1911R1ESE, 2450, cf. 2451.7. Commerce dit vin entre i'ItaIieetla Gaule, cf. FUSIELDECOULANGES, Gaule romains, p. 32 sS.

Amphores de vin d'Uispalis (Sénile) et d'Italica (Santiponce), fréquentes sur le Rhin : RIESE,4535, 4539 —d ' Ital i e , ibid , 4549 ss. Le soldat romain devait avoir son vin, même dans le nordde la Gaule, comme l'ouvrier italien aux États-Unis, et c'est cc qui a amené le développementimmédiat du Commerce du vin vers ces régions.Les Germauiis cri coris ' inimaiemtt aussi de grandesquantités; cri 70, les Coloriais s largis epulis ninoque sopitos Gernnanos cremavere (TACITE,Hist., IV, alors CJiIe les vignobles de la Moselle et du Rhin n'existaient pas encore. Cf.TACITE, Germ., 23 : « Proximi ripae (Rheni) vinum mercantur. o

8. Infra, p. d' . n. s.

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62 ['341

gneusement protégées contre les chocs, comme un fiasco italien, par une gar-niture de paille '.

S'ils aimaient le vin, les Gaulois partageaient la répugnance traditionnelledes gens du Nord pour la cuisine à l'huile 2 . Mais chez les anciens, celle-ci netenait pas lieu seulement de notre beurre pour les sauces et les fritures; elleremplaçait aussi notre savon, nos pommades et notre pétrole. Les Belgesd'autrefois ne la consommaient peut-être guère comme aliment, mais ils l'uti-lisaient certainement pour remplir leurs lampes à bec et pour s'en oindre aubain le corps et les cheveux 4, et clic fut, comme le vin, un des principaux articlesd'importation dans les régions où ne mûrissaient ni le raisin juteux, ni l'oliveonctueuse .

En 37 av. J-C., Varron, au début de ses Res rusicae, parle de ces régionsdéshéritées à peu prèscomme nous le ferions de laLaponie.uAu fond de laGaulcTransalpine, dit-il, quand je conduisais une armée vers le Rhin, j'ai visitécertaines contrées où ne poussaient ni la vigne, ni l'olivier, ni les arbres fruitiers,où l'on se servait de la marne en guise de fumier et de charbons de bois acidesau lieu de sel",.»» Tel était l'état de l'agriculture au moment de la conquête.Mais bientôt les colons avisés cherchèrent à produire chez eux les fruitssavoureux que les marchands étrangers faisaient payer fort cher et (ll1'01 n'ob-tenait qu'avec peine. Le cerisier, l'arbre de Cérasonte, fut rapporté par Lucul-lus en Italie après ses campagnes du Pont ; cent vingt ans après, remarquePline, il avait franchi l'Océan et pénétré jusqu 'en Bretagne, et les Belgespréféraient entre toutes une espèce qu ' on appelait Portugaise '. Le platane,c'est encore Pline qui nous l'apprend, avait été introduit du Midi jusquechez les Morins 8, Les pommes se vendaient sur les marchés tics bourgs

I. EP'RANDIF.U, t. V, 0 4 0 72. - Des scènes semblables sont fréquemment figurées à Trèves(HF.TTNER, Illusirierler Fi, hrcr, p. 54, flba 12h, 12C, p. 20, ri' I')). Cf. l)RAGENDOP.i'F. p. 92.

2. Posiuo»ius, ap. ATHEN., 1V. 30. P. 352 e.3. Les lampes Ont été retrouvées en grande quantité. Candélabre, cf. supra. p. 48.4. Strigiles, cf. supra, P. 49, U I.5. Importation d'huile d'Italie : 13EsNIER, dans SAGLI0-POTrIElt, Dici .AnhiquiUs, s. y.

Oleum , p. 168. - Importations d'olives, supra. p. 60, n. 4.6. Vut»o, Res rusi., I, ' In Gallia Transalpina intus, ad Rhenum cum exercitum ducereni,

aliquot regiones accessi, ubi nec vitis, nec olca, nec poma nascerentur, ubi agros stercorarentcandida fossicia creta, ubi salem nec fossicium flac maritimum haberent, sed ex quibusdaniliguiscombustis carbonihus saisis pro eo uterentur. Cf. TACITE, Germa»., 5 : Teria trugiferaruni ar-borum impaliens. > - Sur le marnage, cf. ['LIN», H. N., XVII, S, § 45.

7. PLINE, XV. 25, § soz « Cerasi ante victoriam Mithridaticam L. Luculli non fuere in Italia,is primum invexit e Ponto... annisque CXX trans Oceanutu in Britanriiam risque pervenere...Principatus... in 13elgica vero Lusitanis, in ripis etiam Rheni. Sur la diffusion rapide des plantesdans les 'arovinces d'Occident, cf., en général. FRIEDL.NDER, Sittengese.hichle, 1116 . P. 65 SS.

8. PLINE, XII, I, § 6.

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(fig. et, depuis le 11e siècle, les coteaux de la Moselle produisaient leursvins parfumés 2. On vendangeait peut-être aussi en Belgique 3 et certainement àParis, oùl'empereurjulien fut surpris de trouver même des figuiers qu'on recou-vrait l'hiver d'un manteau de paille pourles préserver du gel 1 . Nous avons peine ànous figurer la rapidité avec laquelle les -agronomes entreprenants de nos pays surent4'-s'approprier tous les progrès. Le pêcher,venu tic Perse (malus Pers ica) ,fut introduiten Italie au 1er siècle de notre ère, et peud'années après les Gaulois en avaient tiéji.obtenu une variété renommée 5 . Tous les f 'Jfruits des vergers du Midi qui supportaient•'les intempéries du Nord, la poire, la prune, "S

la noix, la mûre, le coing, la nèfle, furentainsi acclimatés chez nous sous l'Empire.L'art de les propager fut enseigné aux \

$Francs pal' leurs sujets gaulois 11 , en sorte .que, depuis le moment où les Romains lesy apportèrent, ils n'ont plus cessé (l'être Cul-

tivés sur notre sol- Nous n'avons malheu-reusement (lue des données très insullisan-I 1g.-I 11 LIe\II

tes sur la transformation de l'agriculture,TERRE BÊ C HÉE ET HoU L

qui est en rapports étroits avec le pro rf's (Mci-èe d'Arlon.)

i. Récolte et vente des pommes, sur un bas-relief d 'Arion t SinENAJ.ER , ,1l4s,5' d'Avion, ° 37ESPRAND1EU, t. V, n° 4044.

2. AUSONE. Muselle., 21, 2, 150-165. Cl. HETTNER. 0/'. Cil. [supra, i i . à, p. ss sa. Barqueschargées de futailles, cf supra, p. 62, ri. 1.

3. VAN DER MARLEN, Bulletin de la .S1Icjcil Ltnenm de I3rux1f,'s, 1875, p. 282 55., ('Oitelttt dela découverte (l'un « oscil mm cc à l'existence d'un vigw bic à Scliaerbeçk. I ,a ïléCsilô d'obtenirdu vin pur pour célébrer la Tierse développa cette culture à l'époque chréi ienne.Au mo yen âge,elle était pratiquée dans une foule (le loHLl fiés ; de nombreux témoignages le prouvent dupui, luix° siècle; cf. J . H.SLKIN. Bull. Soc, art. et hist. diocèse de Lùc ge , IX, 1895; pp. ' - '-14-

4. JUlIEN, Misopog.. p.i A.. Pi,irse, Ii. '. XV, ii ss., cf. HEHN, Ruliurpflanzen und Haustiere, 6" éd., 1894 , p. 417.

6. Les noms de la plupart des fruits et de beaucoup de plantes potagères ont été empruntéspar les Francs aux Romains avec ces végétaux eux-mômes entre le iii" et le Ve siècle, commele prouve la philologie. Leflamand peer = pirus, appel = (malum) ,41celllan2im, kers cerasea,kriek = graeea, pruin = prune, kwee = cydon'za. perzik = (,nalum) pcvsicun, ol<ker(unot)nucarius, mis cl = snespilurn, n.oer(beezie),novurn, kastanie = castanea, etc. Parmi les Plan-tes kool = caulis, beet bela, raap = rapa, keker = dccv, mont - meula, etc. Les nomsmême dec vruclit (fruclus) et dec plante (planta) sont d'origine latine et plukken=cueillir, estpelucare.Parcillement plusieurs animaux domestiques introduits par les Romains enitelgique ont

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des défrichements. De même nous ne connaissons guère les modes de tenuredes terres et l'étendue des domaines 1

Cet esprit industrieux, qui les poussait à s'approprier tous les procédésqui réussissent chez autrui, est un des traits caractéristiques qui distinguentnos ancêtres gaulois. Dès avant la conquête, les Nerviens et ]es Trévires, nousl'avons vu 2, s'essayaient à imiter les monnaies grecques. Habiles métallur-gistes et potiers, les Belges ne se trouvèrent pas devant des objets importés parles Romains comme un nègre d'Afrique en face d'un fusil ou dune montre,dont le mécanisme dépasse tellement son entendement qu'il ne peut songerà le reproduire.. Ail écoliers avides d'instruction, ils cherchèrentimmédiatement à fabriquer chez eux tout ce que les besoins (l'une cultureplus raffinée avaient rendu nécessaire et à s'affranchir de la dépendance éco-nomique de l'Italie. L'introduction de la civilisation romaine provoquaainsi l'éclosion d'industries nouvelles, qui se superposèrent aux anciennes tech-niques indigènes ou se combinèrent avec elles.

C'est un phénomène remarquable que cette marche progressive vers le Norddes méthodes de fabrication du Midi. La productivité du vieux monde méditerra-néen se propage jusqu'à l'Océan, et les effets s'en répercutent même ail cœurdessociétés germaniques. C'est ainsi que les arts et métiers de l'Europe, transplan-tés en Amérique, s'y exercent aujourd'hui jusque sur les rivages du Pacifique.

gardé enflunaii.1 l eur ap.d lotion latine (ezel -= asinus, muil(dier) = mules, fazantJasianus.pauw = pazo, katcattul). il en et de ménc de bon nombre d'instruments agricoles (sichel= secula; vlegel = flagellum, (,tc.) A plus forte raison les produits du Midi : wij rivieus, mostmuslum, edik acidum, ode = olcum. peper = piper, amande] = am ygdale, vijg = figes, koper

cuprum. etc. Cf. VERCOULLIC, De T(Wl dey Vlarningeu dans Vlaandereu door de eeuzeen heen,Amsterdam, 1913, P. 207 sqq. Il est curieux de noter que les arbres fruitiers que nous avonscités sont presque exactement ceux que Charlemagne recommandait de planter dans sesdomaines. Dans leCapitulare de villis" (Capitul. regum Francorum, éd.Borc'tius iSSi, p. 90), aprèsavoir énuniéré 111W série de plantes qui doivent figurer dans ses potagers, l'empereur ajoute

De arboribus volumes quol (vil lac) habeant pomarioS cliversi generis, Jir')s diversi generis,pruilam iosdiversi generis. sorbarios, mesuilarios, castanearios, persica rios diversi generis, cotoniarios(= cydortiarios), rivellariarios, ainaîlolarios, ruorarios, lauros, pinos, ficus, riucarios, ceresiariosdiversi gemieris. ' Charlemagne miefaiesit que suivre l'exemple que lui avaient donnéles propriétairesrouiiuls et ueie-êtrc sinsoirait-il clans son capitulaire de quelque manuel de pomologie antique.

1. Un coup d'oeil sur une carte, comme celles de Van Dessel ou de l-luvbrigts, montre que lesdomaines sont nombreux et serrés dans tout le centre du pays, des deux côtés de la chausséeromaine. Ils s'espacent dans le Namnurois comme en Flandre, La Campine, le centre de l'ancienneMéuapie, couverte z' lors de forêts rp, 14, Il. ml, la haute Ardenne et la région de la Semois sontrestés incultes. Mais on arriverait à une précision beaucoup plus grande par la toponymie : chaquedomaine portait un nom en acum,dérivé de celui du possesseur. et il s'est perpétué dans celui debeaucou1 ' de itis villages.

2. Supra, P. 25, R. .

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L'industrie ne se développa pa- , -exclusivement dans les villes popu-leuses comme Trèves 1; jusque dansles bourgades grandit une activitéféconde: une visite au musée d'Ar-lon est, à cet égard, singulièrement - -instructive 2 Bien Plus, les grande,,' e

villas devinrent des centres de pro-duction où une série d'ateliers occu-paient une quantité d'esclaves et du. -,journaliers et pourvoyaient une dieu-.tèle étendue. A ses profits d'agricul-,..teur, le maître ajouta désorm7 t-

ceux du fabricant. .\•On manufactura d'abord, évidi - 4 • -

ment, les produits les plus nù saires ceux qui étaient indispensa-bles à la moindre bâtisse : les bri-ques et les tuiles. Peut-être, à - FOI R DE POIILR uÉcoi. VLRTl'origine, étaient-elles importées du .1 LA LOUVIÈRE.dehors en Belgique, comme elles lefurent en Dalmatie 4 , mais l'excellente argile répandue 'i profuioii dans lepays invitait à les cuire sur place 5 . Comme les carriers qui commencèrentà extraire la pierre de notre sol et à la tailler en blocs °, les entrepreneursqui fondèrent les premières briqueteries et tuileries dans un pars qui se cou-vrait de constructions, durent faire de fruct..cuses affaires, et encouragés parlesuccès, les pétrisseurs et mouleurs de la terre _- lais se haussèrent bientôt àdes-tâches plus ardues.

j . Métiers à Trèves : Rins, 2467-2 4 84 . Cf. CIL, XIII. p. 58 , et les has-reliels.2. Infra, I- 84 s -3. Supra, 39 n, i; P . 43. — Infra, p. 75, P. 80.4. }'aTSCH. Unlcrsuchl4ngen zur Geschzchte de y l'rov,nz Dainiazien. VIII, ioiz. P . 154 : Fast

ausschliesslich cliente der Ziegei... ans italien eingcfiihrt ais ftecliniaterials- Tuileries à Iluysiagen (GEos CustoaT. Anna1e Soc. Arch. Bruxelles, Xl\', 18 P. in),

à Feluy (CLOQUET, Rapport Soc. A rchéol. Charleroi. VI, 18 7.3, P. (19), à Namur, (REÇCET, .'lnualesSoc. .4rchéol. Namur, XIV, 1877, P. io, etc.). à Tentplcux (GAUCHEZ, A 50j .'Icad. .4rchéof.Belgique, XXXVIII 1882, p. 105). - A Vcllercille-le-Bravcux. on u découvert récemmentl'atelier d'un fabricant de tuiles qui occupait une élégante petite villa voisine. Le résultat desfouilles sera publié dans ces .4 anales par le B on de Loè. - De nombreuses tuiles trouvéos et'Hesba ye portent la marque IIAMSIT et ont dû être fabriquées dans le pays. — A F-lolledoorn,près de Nimègue, un magister figulorunis fait une dédicace à Vesta, déesse du feu : CIL,X1Il,8729 = RIESE, 2421.

6. Supra, p. 46.

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L'art de cuire les pots était, chez nous, bien antérieur aux Romains : il re-monte jusqu'à l'âge de la pierre, et les fonds de cabane de l'époque néolithiqueont fourni une riche collection de vases incisés. Cette antique industrie, dontla préhistoire suit l'évolution jusqu'à l'époque celtique, ne fut pas anéantiepar la conquête romaine. Un peu partout dans les campagnes, on continua àconfectionner en quantité une vaisselle grossière et des urnes cinéraires servantaux gens du commun, pétries d'une glaise grisâtre, sans moulure ni décor;mais au lieu d'être, comme auparavant, façonnées à la main, elles sont exécu-tées au tour, dont nos artisansrustiques avaient bientôt appris à se servir. On adécouvert dans le bois de La Louvière, près d'un établissement agricole, ungrand four à potier ingénieusement construit (fig. 38) 1,

Peut-être y cuisait-on aussi ces récipients décorés à la barbotine de zonesd'animaux, auxquels on donne le nom de vases de Castors, du nom du villageanglais, l'ancien Durobrivae, ou des ateliers considérables se consacraient à

Fig. jo, - V.'isE DF CASTOR, TROUVÉ EN FLANDRE.

(Musée du Cinquantentire.)

i. A. DE LoS. Bail, des Musées royaux, VI, 190(), P . 45. Des fours à potier ont été reconnusaussi, avec plus ou moins de certitude, à Tourirjue (DF:NS et POILS. A en. soc. Arch. Bruxelles,XXV, 191 1, P. 292,) ; à \Vaudrez (SCIIUERMANS, Sigles figulins, 1867, P. 11. 2), auxI-layettes, etc. (Cf. BLANCHET, Mélanges d'archéolo gie gallo-romainx, Paris, 1902, t. II, P. 93, SS.).- Les moules de vases prétendûment trouvés à jupille et à Tongres et conservés au Musée deLiège, avec les marques a Balsus f(ecit) «. s Verecundus f(ecit) , paraissent faux; cf. RE-NARD, Bal!. Soc. scient. LimJoueg. XXII, 1904, p. 211 Voir cependant CIL, XII I, pars Ill , P . 436.fl° 10015, 44a, et p. 41. n0 10111. 131b. - Sur les poteries de Trêves. cf. CRAMER, Des rômi-sche Trier, 1911,P. 53 SS.

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leur fabrication. Leur technique n'est pas italique, mais purement celtique,et les éléments romains introduits dans leur décor ont été refondus et trans-formés avec une curieuse originalité'. Les scènes de chasse qu'ils aiment àreprésenter, ces cerfs étranges aux jambes fluettes, ces lièvres apeurés, auxgros yeux saillants, fuyant devant les chiens (fig. 39) 2, rappellent non sans viva-cité le passe-temps favori de la noblesse terrienne qui les achetait 3 . Ils se rencon-trent fréquemment en Belgique, notamment sur le bord de la mer, et en Hol-lande, dans l'île de Walcheren, sporadiquement dans le nord-est de la France,mais ils font défaut dans le reste de ce pays 1 . En Allemagne, ils sont relative-ment abondants le long du Rhin inférieur, plus rares dans le bassin supérieurdu fleuve et sur la Moselle . Cette répartition géographique tendrait à fairecroire que ces vases de Castor ont été importés sur le continent de l'île de Bre-tagne 6 . Il est certain qu'il se faisait un commerce de poterie fine entre noscontrées et la grande île voisine.

Les doutes qui subsistent concernant cette industrie, peut-être britannique,n'existent pas au sujet des vases auxquels les archéologues donnent le nomspécifique de ((céramique belge)) 7. Les artisans du nord de la Gaule emprun-tèrent très vite aux Romains, avec l'usage du tour, l'emploi de leurs procédéstechniques. Cette vaisselle, que la finesse de son argile et la minceur de ses paroisrendent d'une remarquable légèreté, imite les formes des bols et des coupesitaliques ou transforme d'après des modèles étrangers celle des urnes et desflacons gaulois, dont le galbe acquiert une élégance nouvelle. Certains de cesvases sont revêtus d'un vernis rouge qui s'efforce de reproduire l'éclat de celuid'Arezzo 8; d'autres, fidèles à la vieille tradition de la poterie fumigée, ont

x. Cf. les excellentes observations d'HAVERFIELD, Romanizalion, p. 40.2. Nous reproduisons un vase du Musée du cinquantenaire (Trw. B. 32) trouvé dans une tour-

bière de Ta Flandre occidentale. Un vase de Bavai avec des lièvres poursuivis par des chiens estpublié bu, des Musées royaux, XII, 1913. p. 48. Le Cinquantenaire en possède beaucoup d'autres.

3. Le Testament du Lingon (CIL, XIII, 5709) ordonne d'enterrer avec lui omise instru-mentum meum quod ad venandum etaucupandum paravi». Cf. JULLIAN, t, II. P 284 SS.

4. DÉCUELETTE, Vases ornés de la Gaule, t. II, 1904, P . 315.. Les « vases de Castor » du Musée de Trèves proviennent de Cologne, qui était en relations

constantes avec la Bretagne (supra, P. 29, n. 3). On en a retrouvé dans plusieurs villas des envi-rons de Mets (Musée de Mets).

6. A Domburg, on n trouvé une dédicace d'un « negotiator crotarius l3ritannicianus » (supra,p. 29, n. i). Les «negotratores artis cretariae» sont fréquemment nommés dans les inscriptions(RIESE, index, P. 470). -. Sur la question du commerce des «vases de Castor», qui n'est pasélucidée, cf. SAGOT, La Bretagne romaine, 1911, P . 322. - Les vases décorés à la barbotine sontd'un type différent en Germanie; cf. DRAGENDORFF, Bonner Jahrbiicher, XCVI, 1895, p. 119.On ne s'est servi de ce procédé en Gaule que pour figurer des rinceaux ou (les bordures de feuil-lage; cf. DÉCHELETTE, op. cit., P. 309.

7. DRAGENDORFF, Bonner Jahrbiécher, XCVI, 189, p. 87 SS.8. mira, p. 68. On donnait autrefois à ces vases le nom de faux samiens.

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reçu sur leur glaise gris-bleuâtre, soigneusement égalisée, un beau luisantnoir. Cette industrie provinciale, qui ilorissait déjà au jer siècle, combine,on le voit, des éléments indigènes et exotiques, et ses produits sont d'unequalité si exceptionnelle qu'un connaisseur autorisé a pu les proclamer lesplus parfaits qu'on ait exécutés dans aucune province romaine 1 . Aussi lesartisans locaux qui les façonnaient signaient-ils parfois fièrement leurs oeuvresde leur nom celtique, tel cet e Agisillus » grand fournisseur du pays des Ton-gres, où il dut avoir son atelier 2

Nulle part, on ne peut mieux suivre la substitution de l'industrie nationaleà l'importation étrangère que dans l'étude de ces vases à vernis rouge, décorésde reliefs obtenus au moule, auxquels on a donné longtemps le nom de « poteriesamienne » et qu'on appelle moins improprement aujourd'hui « poterie sigil-lée». Les marques des fabricants qui les ont signés , et la diversité des typesqu'ils reproduisent, ont permis de distinguer avec certitude et de classer chro-nologiquement les produits des divers ateliers 4 . Au moment de la conquête, onles exécutait à Arrétium (Arezzo) en ltrurie (vasa Arrcina) , et leur décor, (luis'inspira de modèles grecs, est d'une beauté artistique qui resta toujours inéga-lée. Jusqu'au fond de la Westphalie, dans les camps occupés pendant les cam-pagnes de Drusus, on trouve cette vaisselle toscane (lui, à plus forte raison,s'introduit dans notre Belgique 5 . Mais bientôt des fabriques s'établissent dansle midi de la Gaule, notamment à Graufesenque, dans l'Aveyron; dès lemilieu du 1er siècle, sous Caligula et Néron, elles font une concurrence victo-rieuse, même en Italie, à celles d'Arezzo et, de notre côté des Alpes, les élimi-nent du marché, car le transport d'une marchandise aussi fragile par les routesde montagne ou par les mers orageuses était pléin de risques et par suite fortonéreux. Déjà, vers la fin du même siècle, des ateliers se fondent dans le centre

i, DRAGL'NDORFF, 14'estdeWschland, p. 62 : g Wir diirfen getrost sagou dass ... unsere... belgischeKeramik die beste in der Kaiserzejt ist, an Gfste der Techuik und Schânheit der Formen allergleichzcitigen provinzialen und sogar italiscben iiberlegen. »

2. Les pots marqués « Agisillus» ont été trouvés exclusivement dans cette région: àVervoz,Jupille, Theux, Narnur, Flavion (CIL, XiII, pars III, bob, 62) et Tongres (RENARD, AnnalesSoc. scient. Limbourg, XXII, 1904, p. 195). De même, »Anisatus» a vendu des vases à Remis,Bavai, Assche, Tongres et dans tout le pays du Rhin (Ibid., bob, 130), etc. Les centres de fabri-cation de la s céramique belge D n'ont pas encore été déterminés. Trêves paraît n'en avoir guèreproduit, Reims probablement davantage. Sur les vases décorés (le bustes, cf. infra, p. 102, fl. 2.

3. SCIICERMANS a été un des premiers à les étudier (Sigles j5gulins, Bruxelles , 5867, extrait desAnnales Acad. Archlol. de Belgique, XXIII). Elles sont aujourd'hui réunies au complet, CIL,XIII, pars III. U »' 1009.

4. DRAGENDORFF, Boneier Jnhr&ilcher, XCVI, 5895, p. iS ss., et surtout DCHELETÎE, Lesvases céramiques ornés de la Gaule romaine, 's vol., Paris, 1904 (ouvrage fondamental).

5. Cf. CIL, XIII, R" 1009. Signatures : « Atci» à Bavai et à Tongreskk, II); Atci Salvi , àTongres (5 ni), etc.

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de la Gaule, en particulier à Lezoux dans l'Allier et à Luxeuil dans la HauteSaône, et ils enlèvent à ceux d'Aquitaine la vente en Belgique, en Germanie eten Bretagne. A l'époque de Trajan, les maîtres potiers allument leurs fours à LaMadeleine près de Nancy, sous Hadrien à Lavoye et Lavocourt dans la Meuse,et ils se transportent enfin à Trêves, où leurs officines devaient rester en acti-vité jusqu'au milieu (lu 111e siècle 1 Trèves fut la grande pourvoyeuse de l'est

Fig. 40. - BOT. EN TER1E SIGILLÉE T SOUPÉ A(M usée du C. inquanli . n,:i j re.)

du Belgium et de toute la Germanie au nord du Mcm, et sa vaisselle, descen-dant la Moselle et le Rhin, était transportée jusqu'à Londres 2, tandis que lesfabriques d'Alsace (Heiligenberg, Tttenweiler) et du Palatinat (Rheinzabcrn)fournissaient au reste de la Germanie. On finit par en fonder même au nordde Coblence, à Remagen, à Sinzig. Toutefois notre Belgique s'alimentait àd'autres sources, qui n'ont pas encore été exactement localisées, et il estprobable que nos artisans avaient eux-mêmes appris à vernir et à décorer, àl'exemple de leurs voisins, la poterie rouge sigillée.

Des tessons de cette céramique, datant de ses diverses époques, se trouventen abondance dans les ruines de Tongres, comme dans celles de Bavai (fig. 40),et il n'est guère d'établissement romain qui n'ait fourni les restes de quelque

X. FLiizi'.u, Die Bildersch-iisseln der Osgal1ischen 5211ztamanu/akIuren (Rôm. Kc,arnih inTrler, t. I), Bonn, 1953.

z. Ainsi, les vases de Trêves signés o liexter, ont été trouvés à Vechten. Xantcn, Arents-burg o Ceusor o, à Vechtcn, Arentsburg, Londres. etc. Cf. FÔT.ZER, p. 701.

3 . Nombreuse série au Musée de Liége; cf. IfENARO, JJElIetzn Soci(É scientifique du Limbourg,XXII, 1904, P . 197-205.

6

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bol ou assiette (fig. 41)1. A Vechten (Fectio), en Hollande, où les découvertesont été particulièrement abondantes, on a déchiffré, parmi quatre à cinqcents signatures, les noms de toute la série des producteurs italiens et gaulois,depuis ceux d'Arezzo jusqu'à ceux de Rheinzabern 2 Cette vaisselle étaitvraiment, pour les bourgeois et châtelains, la porcelaine fine, le «service, deTournai s, de leur temps. A la vérité, les contrefaçons gauloises n'ont pasgardé la grâce délicate des vsa A rretina : leur décor s'est alourdi, ils copient

r

Fig. 41. - BOL EN TERRE SIGILLÉE TROUVÉ A MANNEKENSVERE

PRÈS DE NIEUPORT. (Musée du Cinquantenaire.)

souvent gauchement ou associent sans goût des motifs traditionnels et con-ventionnels, mais c'était néanmoins une marchandise de bon aloi, solide,résistante, couverte d'un vernis inaltérable, et les matrones d'autrefoisdevaient éprouver le même plaisir à manier cette poterie sonore et à contem-pler son lustre de corail, qu'une ménagère hollandaise à ranger sur son dressoirses cuivres bien récurés.

Nous ne pouvons suivre d'aussi près, pas à pas, la propagation de l'industrieverrière jusque dans le nord de la Gaule, mais nous voyons qu'elle s'est frayédes voies parallèles 3 . A l'époque d'Auguste, c'est de Campanie, de brie ou

i. Nous reproduisons un bol de Bavai acquis r,ceiuineiit par le musée du Cinquantcnsiro(A. DE L0È. Bulletin des Musées royaux, XII, 1913, P. 47. fig. 7) et un second, inédit., trouvédans une tourbière 5. Maiinekensvere près de Nieuport (Flandre occidentale).

2. Supra, p. 3o.3. KISA, Bas Glas im Altertum, Leipzig. 1908, surtout t. I, p. 195 55. - JEAN MORTE, La Ver-

rene en Gaule sous l'Empire romain, Paris, 1913. - SIEGFRIED LôsduxE, dans Beschreibung

rômisc.hev Alteriumer gesammeil von Cari-A nton Niessen, 38 éd., Cologne, 1911, P. XI SS.

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['43] 7'

d'Alexandrie que viennent ces amphorisques et ces alabastra de verre opaquecoloré, ces patères en ni.iliefiori, ces coupes diaphanes et polychromes querecherche la noblesse gauloise 1. Puis au jer siècle des artisans étrangers, pourla plupart syriens, se transportent dans la vallée du Rhône et y ouvrent leursofficines. Une inscription nous apprend ainsi qu'un « homme excellent, ouvrierde l'art de la verrerie e, originaire de Carthage, vint exercer son talent àLyon où il mourut 2 L'enseignement de ces immigrés suscita bientôt uneconcurrence ruineuse à leur pays d'origine. Au 11e siècle, 'es ateliers de laGaule Belgique se fondent et grandissent, pour atteindre, au 111e, un développe-ment qui dépassa peut-être celui des centres de production italiques et rivalisaavec ceux de l'Orient. Ils devaient rester encore, à l'époque franque, les plusimportants qui fussent au nord des Alpes 3.

On paraît avoir soufflé la pâte vitreuse en de multiples localités , et peut-être les gens de Namur surent-ils mettre à profit, pour fondre la fritte, l'excel-lent sable qu'ils trouvaient dans leur voisinage 5. La vieille industrie celtiquede l'émaillerie 8 était très proche de celle des verriers, et elle explique queles Belges se soient initiés aussi rapidement à une technique étrangère. Maisune invention récente donna à leur fabrication un essor imprévu. On avait trouvéau commencement de l'Empire 7, en Campanie, le moyen d'obtenir à bonmarché, par l'adjonction (le manganèse, le verre blanc diaphane, auparavantpresque aussi précieux (lue le cristal de roche Il . Les Gaulois s'emparèrentimmédiatement (le ce procédé nouveau . Au 1er siècle, c'est le midi de laprovince qui fournit le nord de ces beaux récipients d'une teinte bleuâtre,qui se trouvent jusqu'en Germanie 10 , comme il approvisionnait alors les mêmescontrées de fine vaisselle sigillée; mais, au 11e, les officines belges, travaillant surplace, s'emparent aisément du marché. La nécessité (le garnir les fenêtres decarreaux sous un climat rigoureux Il assurait aux vitriers un débit important;ceux-ci manufacturaient aussi dans une matière commune, dont la transpa-

1. Supra, p. 51 et suiv.2. CIL, XI Il, 2000 : D(ls) in (anibus) Juin Alexantiri natiune Afri, civi Carthaginesi, (h)oinirji

optimo opfici artis vitrariac3. i(ISA, I, p. 199.4. kisa nomme iS3aIugrie-sur-Mer, Aunciis, Remis, Verinmd (Siint-Quentin), Trèves, les val-

lées de l'Aisne et de la Moselle.5. KISA, I. p. 190. Mais cette assertion ne parait être appuyée d'aucune constatation positive.6. luira, p. 80.7. Piicr., H. N., XXXVI, 26, § 194.8. PLINE, H... . XXXVII, 2, § 29.9. PLINE, H. N., XXXVI, 26, § 194 : « Iaui vero et per Gaulas Jlispaniasque simili modo

harena tcniperatur.10. LÔSCHKE, ive. Cii.,ir. Supra, J.). 44.

l•'

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72 ['44]

rence verdâtre est souvent altérée par les bulles d'air, une foule de récipients,assiettes, plats, carafons propres à l'usage quotidien et même des jarrescinéraires qu'on retrouve remplies d'ossements calcinés. Le verre, dont leprix de revient était moindre, tendit de plus en plus à se substituer à lapoterie sigillée pour le service de la table. Il est d'une abondance étonnantedans les tombeaux de Belgique, à une époque où ceux de Germanie sont encore

à cet égard relativement pauvres 1

Mais à la fin du ii e siècle, des indus-triels probablement syriens 2 viennentétablir à Cologne leurs officines, et la

- grande ville alimentera bientôt de sesproduits d'usage et de luxe toute laGermanie et les exportera jusque chezles Cimbres de Scandinavie.

Ni-. i en Germanie, ni en Belgique, onne se borna, en effet, à confectionner

en masse la marchandise commune. LesS S Smaitres verriers y atteignirent une yen-

table virtuosité dans l'emploi (les pro-('Y(leS les plus délicats. Ils excellèrentn.tamment dans l'étirage et l'applica-

- rt P,ii à chaud de filets de verre coloré sursurface du vase. Souvent, un simple

il, enroulé en spirale autour du réci-i cciit, lui sert d'ornement tout en I'em-

I'iL. .12. - FLACON TROUVÉ DANSpêchant de glisser dans la main. Un

UN TOMBEAU A SCHAERBEEK. flacon piriforme, joliment irisé., qui(Musée du Cinquantenaire.) a été trouve a Schaerbeek, nous en

fournit un exemple (fig. 42). On obtient aussi par ce moyen des effets plusartistiques. Le tumulus de Cortil-Noirmont, qui date du règne de Marc-Aurèle,nous a conservé, sous un monticule (le io mètres de terre, une admirablepièce de ce genre (fig. 43) . C'est une œnochoé, d'une noblesse de forme quipourrait être grecque, mais d'une décoration originale; la pâte diaphane en

i. LdSCHKE, loc. CIL Cf. TERNINcX, L'industrie romaine en Aln'batic, Arias, 1874, P. 62 SS. Voirpour notre pays, par exemple, VAN BASTELAER, Le Cmclière de Strée. Mons, 1887, p. 153 55., et lesnombreux objets ' numérés par RENARD, Tumulus de Herstal, dans Bull. mai, archéol. liégeois,XXIX, 1900, P- 198 SS.

2. Cf. LSC11KE, P. XVII.

3. PETRUCCI, Bulletin des Musées royaux. III, 1904, P. 29. KISA, op. cil., t. I. P. 227, 11, P. 451.

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['45] 73

est d'une remarquable pureté, et l'ouvrier, avec une merveilleuse sûreté demain, a dessiné sans repentir possible, sur la panse incandescente, des palmesdont le bord est de verre transparent et la nervure d'un blanc opaque. Elless'insèrent sur une tige d'émail bleu, qui traverse la pièce en zigzag et couronnele col. L'auteur, chose rare, a signé (l'une mal- 1 1 1 e sou chef-d'teuvrc l Sonhabilité est comparable fi celle du Maitre de la licli ' - » rp(mtint' , quiflorissait à Cologne vers l'an 200

et dont les arabesques capricieu - --- --rappellent par leurs sinuosités i , I

prévuesI

style»Les v.-

varier à l'infini leurs modèle» t

leurs procédés pour tenter dav:i iitage le client. Parfois des fils verre croisés, presque détachés la panse, entourent ic vase con-ud'une résille. Ou bien, à l'irnii tion de la céramique, sa surL,se creuse de côtes ou se coud'excroissances. On multipliecouleurs en insérant des filetsdes mouches polychromes dans la k _____

pâte chaude des parois . On sait, .:4au iii e siècle, le graver, le polir, lu

Ipeindre. Mais surtout l'emploidcmoules creux, où l'on souffle ktfritte, permet d'obtenir tous les L'

dureliefs, de reproduire même tous

1. i. La marque est une spirale ronde munie de lignes dis iséru en ra yons et imitant une imagesolaire. M. Petrucci la croyait orientale, mais cf. Kiss, t. 11. p. 453. La technique do notre vaserappelle absolument celle d'un carafon plat du 'vI»»ée W,tl lraf-Ricla.irts à Cologne (t. Il, pl. 5)et il n' y a aucun doute, à taon avis, qu'elle soit, comma ledit Kis». dc tab:ic.ition indigène (belgeou colonaise).

2. LÔSCHKE, lac. cil., p. XLV r Meister der Sclilangerifelen3. Voir, par exemple, les vases do ce genre trouvés dans Ic tuniulu» de 1-lanret. DET, MAReOL,

AnnalesSoc. Archéol. Na,nur, III, 18, P . 393.4. Cf. supra, P. 52. La Collection Warocqué possède un beau bol troavé S La Louvière, de

verre bleu décoré do mouchetures d'émail blanc. La nième cotri!,ivaison est emplo yée pour unpetit bel découvert en 2924 5 Hettango (ittiisée do Metz) et I niur titi flacon S deux anses duMusée de Luxembourg.

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[146]

les objets. Le patron de l'offtcin.a Frono--.nia na I, probablement belge , imite des

barillets de vin et cette forme suggestivetente les acheteurs jusqu'en Bretagne eten Italie; d'autres fioles prennent l'as-

' pcct de grappes de raisin 2 ou de têtesplus ou moins expressives. Les plus coin-

I

pliquées offrent l'image en relief de per-sonnages complets, comme les vases àreprésentationsde gladiateurs dontTrèvespeut montrer d'excellents exemplaires.C'est probablement aussi de ce centre deproduction qu'est sorti le beau bol de

Iii, ,. - foL ie Couvis.(MuséeN,L'flhl.)

couleur ambrée trouvé a (.ouvin. Il noustransporte au cirque durant une course

de quadriges; autour de la s/ina les auriges se préparent au départ ou, lancésau galop, semblent encouragés par les acclamations des spectateurs, inscritesau-dessus d'eux (fig. 44) .

Mais le bronze, brillant et solide, gardait toujours l'avantage sur le verreou la terre cuite. On savait le travailler en Belgique bien des siècles avant laconquête et obtenir des haches d'un type déjà très perfectionné 4 . Quand lesCeltes adoptèrent le fer pour leur armement, ils ne renoncèrent pas à l'airainpour les oeuvres dc la paix; au contraire, leur technique acquit une étonnanteperfection: ils connaissaient les meilleurs alliages, ils savaient fondre le métal,le mouler, le marteler, l'estamper, le ciseler, l'étamer, l'argenter 5 .A cet égard,les Romains ne purent rien leur enseigner au delà de ce qu'ils avaient déjàappris des Grecs de Marseille ou trouvé par eux-mêmes. Mais ce qui étaitauparavant le monopole des peuples les lu-s avancés du centre de la Gaule 6

devint alors le bien commun de toute la province. De plus, l'importation desbronzes précieux du Midi, que nous avons signalée', agit comme un stimulantsur les fonderies locales, qui s'essayèrent bientôt à les imiter.

i. Picarde? Cf. Revue arcJu1 olog?que, 3 P série, LI, i886,

2. cf, supra. p. 52, n. 5,3 .«Olympe valo , , Hicrax vale , etc. Cf. SCHUERMANS, Annales Soc.. Archol. Nanrur, XX

1803, P. 143 is. —Bol analogue au 'M usée Trêves (1n'. 21008).

. Cf. supra. p. 25.5. JULL1AN, t. Il, P, 308 ss.6. Notamment des gens de Bourges et d'Alésia (PLINn. XXXIV, 17. § 162). On a retrouvé à

Alésia de nombreux creusets en terre réfractaire dont les parois avaient gardé les traces dumétal en fusion; cf. TOUTAIN, Monunents Pioi, XXI, 1913. P. 10.

7. Sujrcs, P 55 SS.

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['47] 75

Que la fabrication du bronze fût très active dans nos cités, ce fait estmis hors de doute par une série de découvertes À Nimy, près de Mons, dansle même champ qu'un gracieux« Mercure au repos, on a -trouvé une épaisse matrice àestamper : elle devait imprimer

sur une feuille malléable une tête

grimaçante de 1^léduse, entou-

rée de serpents, formant médail-

lOn ( fig. 45) 1 . Une série de poi-

gnées de commode ou de coffret,

décorées de bustcs de Cybèle,

accostée de ses lions, et d'Attis

avec la pomme de pin qui lui :V

est consacrée, ont etc mises au ..s..

jour à Bavai et aux environs .'lI(fig. 46) 3 , et l'aire des trouvailles

- _Jcomme le style de cet objetd'ameublement ne permettentFig. 45. - TETE DE MÉDLE OBTENUE A L'AIDE

pas de douter que le chef-lieu deD'UNE MATRICE TROUV ÉE A NIMY.

la Nervie ait fourni celui-ci en(Musée du Cinquantenaire.)

quantité considérable aux châtelains d'alentour. L'exploration de la villad'Anthée amena même la découverte d'un fourneau à fondre le bronze et de

r-

Figl, - POIGNÉE DE BRONZF. EXÉCUTÉE A BAVAI.(Col l ection Raout Warùcc1uc.)

1. Collection Raoul \Vriicqué. fl° 71; S. REINACII, Répert. statuaire, III, p. 52. n° 4.2. Musée du Cinquantenaire. Inédit. Diam. 0m10,

3 , Cusionr, Annales Société Archol. Bruxelles, XXII, 1908, p. 219.

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76 [148]

nombreuses pièces d'appliques et menus objets, qui montrent combien étaitgrande l'habileté de ces artisans perdus dans la forêt d'Ardenne 1 L'adressede nos fondeurs s'exerçait parfois à des besognes aussi ardues, mais moinsavouables. On a mis au jour près de Virton les restes d'un atelier de faux

monnayeurs et les moules de terrequi leur servirent à mettre en cir-culation une quantité de billon auxIeffigies des Antonins 2

Bien plus, les bronziers celtiquesavaient appris de bonne heure àdonner au bronze l'aspect de l'ar-gent en enduisant sa surface d'unemince couche d'étain brillant. Plineattribue expressément l'inventionde l'étamage aux Gaulois de Bour-ges I Ce procédé était connu et

-'largement pratiqué aussi par les- du Namurois qui fournis-

saient ainsi aux paysans et pay-sannes des fibules ou broches ayant

.. "l'apparence de bijouterie fine 4.

Les fondeurs, marteleurs et cise-leurs belges ne réussissaient passeulement à exécuter des fibules,

Fig. 47. - PIÈCE DE I3EONZE DÉCORÉE D'UNdes médaillons, des poignées et au-

DE MINERVE. (Musée du Ciitquiîiter;tire.)tres pièces d'ameublement et d'a-justement. Leurs oeuvres firent une

concurrence heureuse à cette vaisselle dispendieuse qu'on se procurait aupa-ravant en Italie 1, . L'exportation de Campanie dans le nord de la Gaule cessevers le commencement du 11e siècle, et dès lors les ateliers, qui s'ouvrent

x. A. DEL MARMOL, Annales Société Archéol.Narnur, XV, 1881. P. 18 SS.; BaQUET, ibid., XXiV,1900 p. 255 SS.

2. Musée du Cinquantenaire. Inédit. - Le musée de Trêves possède des moules semblables,trouvés dans cette ville, qui servirent à couler des pièces des années 192-235.3.PL.INE, H. N. XXXIV, i, § 16, cf. supra, p. 60.4. BEQUET, Ann. Soc. Archéol. Na,nur, XXIV, 5900, P. 239 SS., 257 23. Les fibules étamées sont

fréquentes; cf. infra, p. 153, n. s 154,11- 2. - Buire en bronze étamé ou argenté dans le tu-mulus de Herstal. - RENARD, Buil. Insi. arch. liégeois. XXIX, 5900. P. 172. Miroir ronden bronze étamé trouvé aux environs de Tongres (Musée du Cinquantenaire).

5. Su/ira. p. SÙ.

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['49] 77

jusque dans ces régions septentrionales, écoulent à leur tour leurs produitsdans la Germanie barbare et même en Scandinavie 1. C'est alors que se déve-loppa aussi chez les Tongrcs 2 le travail du laiton, cette dinanderie qui devaitrester au moyen âge l'industrie la plus renommée de la vallée (le la w1euse 3.

Les ambitions de nos bronziers tendirent plus haut, et ce que n'avaient pas

0E l ' IiLeMoN -r. Fig. .p.MERCI'RE DE GIVRV(Zdu.si,e du Cinqiiariteiia ii.)

i. Cf. supre, i. 27, n. 5.. Notamment à Gessomch près de Stolberg, où se trouvaiunt des miilea de calamine; cf. WIL-LERS, Neue Unèsrsuchungen uher die rômisclie Bronzeindustrie, Hanovre, 5907, P . 30 SS. Le

cuivre était extrait on divers endroits du la Gaule et, en Germanie, sur la Sarre et le Rhin; cf.&tYMEER, Technologie der Gewerbe, t. IV, Leipzig, 1886, p. 57.3 . WILLERS, P . 45 SS.

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78[15o]

tenté les Celtes, le modelage de la figure humaine, les Bclgo-Romains l'entre-prirent. Parfois de modestes bustes, d'une exécution assez sommaire, décorent

des appliques 1 ou des pièces (le harnachement une Minerve casquée sur-monte une douille qu'on plaçait sur la sellette du cheval, tandis que deux dau-phins tordus servaient à passer les rênes (le chaque côté (fig. 46) 2, Les

bronziers s'efforcèrent aussi de reproduire en pied ces figurines de dieux romainsque la Gaule avait appris à adorer, et dont la dévotion populaire réclamait unefoule d'images pour les offrir comme ex-voto dans les temples ou les placerdans les laraires domestiques. Souvent l'imitation n'est pas méprisable. Com-parons deux statuettes de Mercure (fig. 48-49) 3 , dont l'une, sans doute uneœuvrettt' grecque, provient des substructions d'une villa de Tirlemont, et

l'autre, manifestement gauloise, a été exhuméed'une sablonnière à Givry (Hainaut). La seconden'a ni la délicatesse de modelé, ni la sobre élégance(le la première; les traits du visage sont plus rudes,la musculature est accusée avec exagération, lesmains et les pieds sont épais et les plis de la tuni-que sans souplesse. Mais il y a ('n elle quelque chose(le robuste et de franc qui ne déplaît pas à côté dela grâce un peu mièvre de sa compagne. Les sculp-teurs locaux s'approprièrent bientôt l'art de mode-lerime maquette et de reprendre au burin l'épreuvesortie du moule, et il est souvent difficile de déci-der si une divinité que les archéologues rendent àla lumière est une immigrée venue autrefois duMidi, ou une indigène née chez les Ménapiens, les

Fig. o -- 1ème DE CENr.URFNerviens ou les Tongres. Le doute est permis, parTROUVÉE A METTET. exemple, pour la curieuse tête de Centaure, à oreil-(MuséC de Emur-),trouvée.les de cheval, trouve dans une villa a Mettet

(Namur), et qui a dû s'inspirer étroitement d'un modèle classique (fig. 50) 4.

La même question se pose au sujet d'un hermès très original provenant de

i. cf. supra. P. 75.2. Bronze trouvé à 1)eflderWifldeke CUM0N T. Annales Soc. A rchéol. Bruxelles, XXI, 1907, P. 293.

A. oc Lot. Ann Soc, Archéol. Bruxelles, Xli, 1898, p. 215, et Xlii, 1899, p- 373 .-

4 Bnçuicr, Annales Soc. Achéol. Nasnur, XXVi, 1905, p. 182. - Parmi les pièces qui sont

certainement de fabrication locale, on peut citer les suivantes : le beau Mercure de Nimy, décou-vert dans les ruines c:l'un atelier de bronzier (supra, P. 75). la Fortune trouvée à Naniur (BEQuET.

Annales Soc. Archéol. Na,nur, XIV, 1877, P. I ss.). le Mercure de Namur (zn/ra, p. 97). la Vic-toire ci'Acltrc (collection Warocqué. u0 73),lc Mars d'Amiderleclit (A. DE LoÉ, Ann. Soc. Asvhéol.

Bruxelles, XI 1, 188. P. 215). 11 en existe une quantité d'autres de moindre valeur.

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-s -

'5'] 79

Willemeau près de Tournai: un jeune Pan aux jambes velues, la main gauchesur la hanche, le buste rejeté en arrière, relève d'un geste provoquant le vête-ment qui voilait son obscénité (fig. 51) 1,

Les Celtes, nous l'avons dit, étaient ex-perts à prêter au bronze commun l'appa-rence d'un métal précieux en le recouvrant ' sd'une fine argenture. Cette technique passaitpour avoir été découverte dans les ateliersd'Alésia 2 , mais le secret en avait sans douteété transmis aux fondeurs du Belgium. Une\ A ,,

statuette de Mars retirée de la Lys à Mer- Z'>N Tejville 3 , une jolie figurine d'Apollon du Musée f'de Trèves 4 témoignent du goût de nos an-cêtres pour ces imitations d'orfèvrerie r,

On voit même des rnêtallui'gistcs ingénieuxs'enhardir jusqu'à tenter des essais inusités.Dans un amas de scories à Dion, près deBeauraing, on découvrit une tête de soldatromain, (lui n'était pas de bronze, niais de

fonte creuse 6. Ce légionnaire casqué avaitété exécuté avec le métal qui lui fournissaitses armes, mais d'habiles techniciens avaienttransformé le fer rebelle en ont' matière itt-sibk', capable d'épouser la forme du moult'Nos ancêtres gaulois n'ont jamais été pui' -ment réceptifs et leur originalité a incessant-ment cherché à s'ouvrir des voies nouvelle,.

.6 'g 51 - 1)iEt' I'Aa ou \ ILLEMEAU.Elle a aussi maintenu fortement ses an-(Musée du Cinquantenaire.)

s. Haut., o'25,— Musée du Cinquantenaire (ln V. 2899 =B is.i) ; in édit. - ('e dieu Pan a la tètecouverte d'un linge, comme l'a fréquemment Poupe, et les cheveux relevés en chignon. COIT1ISICles cm èdes du vase de Herstal (infra, p. 92). On en rapprochera Les l'riapes en forme rl'hei inês(S. REINACH, Répertoire, Iii. P. 22, S. etc.); La collection \Varouqiié en possède un exemplaireintéressant provenant de Bourgogne..

2. PLINE. H. N., XXXIV, i, § 162. Cf. supra. p. 56.3 , J!. DE MêLY, Moniønenls Piot, XX, 19I3, P . 155 SI.4. HETTNER, Illuslrierfer Führer, p. 86..5 . Cf. plus haut p. 58 CC qui est dit du vase de Bois-et-Bursii.6. BaQUET, Annales Soc. Archéol. Namur, XXIV, 5900, p. i8'j.7. Les fourneaux des anciens ne leur permettaient pas de réduire directement le minerai en

fonte, mais ils savaient obtenir celle-ci en quantité restreinte par carburation suPséqucrste dufer, et ils ont coulé en cette matière, alors rare, quelques statuettes et menus objets: cf. BLiLM-

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80 [152]

CiCflflflCS acquisitions et _ 8_1 A é sesvieux procédés indigènes, à certainségards supérieurs à ceux de l'Italie.L'émaillerie est une industrie origi-naire de l'Orient ; les anciens Persesy excellèrent, mais les Grecs et lesRomains l'ignorèrent ou à peu près.Les Celtes y étaient experts avant laconquête', et_le restèrent sous l'Em-pire. On a découvert dans la villad'Anthée, à côté d'une fonderie debronze, un atelier pour la fabricationdes émaux, avec ses creusets conte-nant des restes de fritte opaque, colo-rée en rouge et en vert,ct de nombreuxbijoux émaillés 2. Si les femmes élé-gantes de l'aristocratie faisaient venirde Rome des joyaux d'or et des pier-

Fig. 52 - BRACELET EN JAIS CERCLÉ 1)0Ereries, celles des colons et (les fer-(M usée de Ch t ri 'roi.) miers se paraient toujours de fibules et

de broches de bronze qu'un metteur en oeuvre rustique avait revêtues de l'éclatdes émaux champlevés . De même, elles continuaient à porter des braceletsen jais à la mode gauloise, mais en rehaussaient parfois le lustre sombre d'uncercle d'or ou d'un médaillon (fig. 52) 4 . C'est ainsi que les paysannes flamandesou zélandaises restent fidèles, pour leur ajustement, à la bijouterie d'autrefois.Les larges épingles de sûreté et les broches rondes auxquelles tantôt l'étamagea prêté le brillant de l'argent et tantôt les pâtes vitreuses ont donné le coloris

NitIt, Technologie '1er Gwerbe, t. IV, P. ss. De ces essais le résultat le plus remarquable estprobablement notre tête de légionnaire. —La fonte de fer ne commença à être produite indus-triellement dans notre paysqu'au XlIIe siècle.,à ce que m'apprend M. Tahon, lorsqu'on se mit àutiliser le courant des rivières pour activer les soufflets.

i. DÉCHELETTF., Fouilles du Mont-Beuvray, Paris, 1904. p. 145 SS.2. BaQUET, Annales Soc. Archéol. Narnur, t. XXIV, 1900, p. 252.

3. important article de BEQCET, La Bijomaevie chez les Belges dans Annales Soc. Archéol.Nansur, XXIV, 1900, P. 238-276.

4. Bracelet en jais (lignite) cerclé d'or et décoré d'une tête d'empereur, trouvé à Presles (Hai-naut), au Musée de Charleroi. L'usage des bracelets en jais remonte jusqu'à l'époque deHallstatt (premier âge du Fer); cf. A. DE Loâ, Catalogue des documents exposés à Rome,Bruxelles,1911, P . 33.— Au cimetière de Saint-Théobald près do Metz, on a trouvé cc 1903, dans une tombede femme datant do la lin de l'antiquité, de n:nbreux objets en jais (bracelet, épingles à cheveux,fuseau, macho de miroir): cf. KRUNE,Jarhb. der Ges. fiivLothring.Geschichle, XV, 1903. P . 341 Ss.

et pi. XXVIII-XXIX

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['53] 81

des pierres fines, se trouvent en abondance clans le Namurois, grand centrede leur fabrication 1 mais ils se rencontrent aussi dans le reste du pays 2C'était là une industrie propre à nos contrées Philostrate 3 avait entenduparler à Rome tic ces barbares voisins de ]'Océan « qui étendent des couleurssur l'airain ardent, où elles adhèrent et se pétrifient en conservant leurs dessins s.Les bijoux émaillés devaient y garder leur clientèle rustique jusqu'au mo-ment où les Francs apportèrent leur verroterie cloisonnée.

Fig. 53.I30j. EN BRONZE ÉMAILlÉ, TRouvÉ A LA I'J.ANTE.(Musée. (le Nanuir.)

Le rnéme procédé d'ornementation pol ychrome fut appliqué à des oeuvresplus importantes. Dans une tombe (lu jje siècle, à La Plante lez-Narnur, 011 arecueilli un bol de bronze, dont la panse est divisée en pentagones inscrits les unsdans les autres; entre eux, sur un fond d'émail bleu, se déroulent de finsrinceaux de bronze; sur le reste de la surface est appliqué un émail vert, etsur ce champ s'enlève un feuillage st ylisé de métal (fig. 53) . Les vases de ce

s. Ainsi à ViIl6cs, on n recueilli dans un ciincti&c 7,37 fibules, dont 451 en bronze ordinaire,164 en bronze étamé, 122 en bronze émaillé; cf. BEQt'ET. Annales Soc. Arcizéol. Namur, t. XX,1893, p. 21 18,, XXIV, 1900, p. 244.

2. Cf. LUCI EN RF.NARD, Bulletin Soc. scieni.if. du Linih.vrç, t. XXII, 1904, 1, 194. Le Musée duCinquantenaire en possède une riche série. On constate ausi leur usage dans d'autres parties(lu .Belgium; BQUET, toc. cit. ; cf. infra, i' 82. n. 2.

3. Puii.os'rittrz, Icon.. T. 28 p. 403 : t TNpc'& yp(L . T''V 'XV&/V T 7 OE) '/.ïJxr. ) Ooi(yOc(t cx?. aei &

&Tp/. »4. BEQUET, Annales Soc. Archée?. Nasnur, t. XXVI, 1906, p. 173. C o

e,y,4 R''

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82 ['54]

genre sont d'une insigne rareté I. On a noté l'analogie de leur sty le, comme decelui des objets de toilette, avec les types décoratifs du Caucase, et supposéque des ouvriers nomades, originaires de l'Anatolie ou même (le l'Inde, seraientvenus travailler dans les provinces d'Occident. Cette hypothèse aventureusene supporte pas l'examen 2, et les ressemblances constatées doivent s'expliquerpar d'antiques rapports des Celtes durant leurs migrations avec les peuples (lel'Orient, source première de toute émaillerie.

XA

Chez les Gaulois, qui n'élevaient pas (le constructions maÇOfll1éCS 3 , la sculp-ture, même décorative, était loin d'avoir acquis la perfection de l'art (les bron-ziers, et il semble que leur religion,comme le judaïsme, répugnât à la représen-tation de la figure humaine 4.On n'a pas découvert sur notre sol un seul morceaude pierre travaillée antérieur à la conquête. II n'y avait donc point d'écoleslocales ayant leurs traditions propres, et la dépendance des statuaires OU (lesarchitectes à l'égard de la plastique gréco-romaine resta toujours beaucoupplus étroite que celle des fondeurs de métaux. Considérons, par exemple, cettepierre tombale du Musée d'Ânon dont les deux côtés sont décorés, l'un d'unebacchante, qui danse en jouant (les cymbales, l'autre d'un satyre levant latête pour happer les raisins d'une grappe qu'il tient suspendue (fig. 5455)5.

Ces figures symétriques, qui font allusion aux mystères de Bacchus et auxespérances d'immortalité de leurs adeptes, doivent leur élégance empruntée àce qu'elles sont des copies presque mécaniques d'originaux grecs de l'époquehellénistique.

Cependant on ferait tort aux Belges si l'on voulait ne voir en eux que duspasticheurs plus ou moins adroits. L'originalité de leur tempérament, lcimrfaculté d'observation se manifestent même dans les misérables débris qui nous

i. Cf. BF.QLJET, 1er.. cil, Un exemplaire remarquable fut trouvé non loin do la Bulgiqiie dans undes tumulus (te Bartlow huis dans le comté d'Essex ( ii e siècle); (Archaeoiogza, XXVI, 183'i,pp. 303, 307, 355 ss. ; XXXIII, 1849, P. 33; cf. mira, P. SS, n. e.

2. BEQUI- T, foc. Cil., pp. 246, 262. Les bijoux émaillés ont été découverts dans les mêmescimetières quo les bijoux étamés et sont certainement, comme ceux-ci, un produit de l'industrieindigène. De même dans d'autres parties de la Gillia Bclgicrs, on voit l'etaniage et l'émaillerieemplo y és simultanément pour l'exécution des broches et des fibules (Musées de Trêves. de Met,etc.). Toutofois il est probable que les procédés connus des Gaulois se sont perfectionnés aucontact des verriers étrangers. qui apprirent aux émailleurs à obtenir une variété plus grandede pâtes colorées. - L'ornementation du vase de La Plante (riaceau, feuillage stylisé) ofireune analogie frappante avec celle de certaines oeuvres celtiques, comme, par exemple, un unmbode bouclier trouvé dans la Tamise. (IIAvEISFILLD, )/). cil., P. :38.)

3. Su/ira, p. 40... SacoMox RETNACH. Cultes, Mythes cl Religioss, t. I, iqo8, P. i..5. SiBENALER, Guide Musée d'Arien, n o ii = ESPÉRANDiEU, t. V, n" 4040, cl. .1094.

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['55] 83

restent de leur savoir-faire : les fragments qui, enfouis à la fin du jjje siècledans les remparts d'Arlon, se sont ainsi conservés jusqu'à nous. Ce groupede sculptures se distingue nettement de celles du Rhin, où les armées trans-portèrent dans leurs bagages l'art classique de l'époque d'Auguste, qui nefit, dans le cours du temps, que s'y épaissir et s'y déformer I• Elles ne rap-

Fig. 54-55.SATYRE ET BACCHANTE. (Musée (lArlon.)

pellent pas non plus les oeuvres du midi de la Gaule, où des artistes - peut-être étrangers 2 - ont taillé dans le marbre des statues égales aux meilleuresde leur époque et continuaient à s'inspirer des plus pures traditions helléniques.Les oeuvres en marbre sont extrêmement rares en Belgique et paraissent yavoir été importées : la mieux conservée est un buste découvert à Messancy 3,celui d'une impératrice, ce semble, du temps des Flaviens, peut-être Julie, fillede Titus. L'emploi de la pierre du pays permet de distinguer à coup sûr

i. Sur cette (listinction, cf. FIETTNER, o. cri. (supra, p. 8). p. 9 ss.L)RAGENDORFF, P. 79 SS.2. Comme Zénodore, l'auteur du Mercure colossal des Arvernes; cf. S. REINACH, Description

du Musée de Saint-Germain, Bronzes figurés, 5893, P. 523.

3. SIBENALEB, Guide illustré du Musée d'Arlon, 1905, 11° i. = ESPfRANDIEU, t. V, 110 4112,qui le dit découvert entre Bevingen et Attert, - On u trouvé en 5887, au hameau rie Mortel-hoek, près deBelcele (Waes), une tête laurée d'empereur, peut-être Jules César (Musée du Cercle

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84 [156]

le travail indigène. Comme en céramique j, y a en sculpture une école belge 2,

qui fleurit surtout dans la grande ville de Trèves et à laquelle se rattachent lesmonuments d'Arlon. L'art n'y est pas, comme aux abords des camps, impérial,mais provincial. Ce sont les goûts et les sentiments des riches bourgeois onpropriétaires du pays, (lui s'expriment dans ces tombeaux luxueux que leur

-- orgueil s'est bâti. Toute la sur-face en était couverte d'une orne-mentation luxuriantedontiesélé-

I iiients, entrelacs, rangées d'oves,génies tenant des guirlandes, ani-

- maux marins, sont empruntés au

'

trésor de formes décoratives tra-I ditionnel dans les ateliers; mais

cet art trahit aussi la tendance àlaii stylisation et à la symétrie qui

caractérise déjà les productions(le l'époque de la Tène. Une écla-tante polychromie, dont les restes

- - -sont souvent conservés, rehaus-I kO fl jja 1e11l,'.1h\i\',hsait le travail du ciseau; on y

(Musée dArluri retrouve ce penchant pour l'em-ploi des couleurs vives dont l'émaillerie est une autre manifestation et quiest un des traits distinctifs de l'art celtique 1.

Si les monuments sépulcraux ne se -ignalaient que par leurs frises et leurspilastres surchargés et enluminés, ils témoigneraient seulement d'un certainmanque de mesure dans le goût de leurs auteurs; mais ils se recommandentdavantage par les tableaux OÙ apparaissent des personnages. Ici ce sont desmodèles vivants que le sculpteur a reproduits, des scènes de la vie journalièrequ'il s'est attaché à rendre avec fidélité. Un marchand de draps derrière soneu rnptoir fait npprécki' à un client la bonne qualité de samarchandise, pendant

arcliéolgijiic de Saint-Nieulasi.— Grande uinede marbre à deux anses et à larges cotes, cx lui niéeà Fontaijir -Valmont VAN IIASTELAF.R, Le Cn:etière de 5tr'e. I 877, p. 4'> et Pl. 1V, n" 3).Le marbreserait italienLe .. testar,ieflt (Ili T.inron (CIL, X1Il,5709) spécifie aujsl que I'autcl où sesos serontdéposés, doit être exécuté « ex lapide T.i,ncnsi « (Carrare), comme la porte du sépulcre. Parcontre, une t8ti' trouvée à M 'iusl.v piés dOttinies, semble bien traviill(e dons le pava, car lesculpteur, ne peuvant obtenir un bh e de giondeur suffisante, l'a tai Me cri quatre morceauxrajustés; cf. Musée du Cinquanieeaire, total, m,-n. lapid., n" i: ESPÉRANDIEIJ, V, n" 3990.

s. Supra. P. 67.2. I1ETTNER, 16c.. cil. (supr(i, p. 8) DRAGENDOREF. P. 86 sa. Cf. aussi nies Monument.ç ccl.

aux mystères de 111 itéra, 1,25 S.. S. 1(EINACH, De.uc.ript. du JlIsitc Saint-Germain. Bronzes figurés, 1893, P. 2.

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---. _v--- -

['57 85

qu'un commis fait un compte sur ses tablettes 1 Un propriétaire assis devantune petite table y vide le contenu d'un sac de numéraire, et, debout en facede lui, un paysan armé d'un gourdin paraît protester contre le taux de sonfermage (fig. 5) 2 Un charretier amène,ce semble, le sable pour fabriquer le inor-tier, qu'un gâcheur corroie ensuite à l'aidede sa houe 3 . Le laboureur conduit sacharrue que traînent deux boeufs pesants4;le moissonneur tranche de sa faucille lesblés mûrs 5; le fermier vient vendre au.Jk

marché ses paniers de pommes 6, tandisque dans une brasserie les ouvriers agitent i,ii' JIai'

le brassin 7; que les chargeurs serrent lescordes d'un lourd ballot de marchan-dises 8, et que les jeunes seigneurs con-duisent leurs fringants attelages 9 . Mais, .surtout, nous voyons la famille réunie .autour d'une table chargée de mets: ses tmembres sont assis à la mode gauloise,.et non couchés comme à Rome, et, der-rière eux, les esclaves apportent les platsou les brocs, (lui étaient posés sur un lig b - BAS-RELLLF 11,0 U Vf. A

dressoir (fig. 56) 1. Le repas familial heure

FAMILLE X TABLE; ENFANTS MANGEANTDANS IINE .C1'ELLL. (Musec le MctZ.)

de délassement et de jouissance, était unplaisir journalier dont on aimait à se remémorer la douceur, quand les destinscruels en avaient séparé à jamais les convives.

Ces monuments font revivre à nos yeux, avec une curieus2 puissance d'évo-cation la société de nobles, de marchands, d'artisans, de paysans qui se ren-

. SIBENALER, 0° 52.ESP.RAND1ETJ, t. V, n° 4043.2. SII1ENALER, 0° 68. = ESI'ÉRANDIEU. fl° 4037, cf. 4148.3. SIBENALER, n" 4 . = ESPÊRAMDLEU, 00 4031. - Peut-être aussi la fabrication des briques

est elle ici représen('e (WILTHEIM et \VALTZJN;).4. ESPÉRANDIRU, B 0 4092.5. SIBENALER, 0 0 50. = ESPÉRANDILU, no 4036.6. SILIENALER, 0° 37 . = ESPf;RANDIEU, u° 40 1 .1; cf. supru, p. 6. fig. 7.7. \VALTZING, Orolaunum ViCUS, p. 175. = ESPdRANOIEU, fl,° 1125; cf ..oi»ra, P. 61.S. ESPÉRANDIEU, 0° 4131.9. Supra, p. 31.10. ESPÉRANDIEU, n°4041 (= SIEF.NALER, ne 8), n° 4062, .1o63. 4 080 , .1 104 et surtout 4097,

d'une facture excellente. Nous reproduisons cc dernier d'apiè . pliotograplue qu'a hierivoulu nous ufirirle D Kc'urte, conservateur du MIIsêedeMe(z,—Sc6nesd'écule, cf. intro, p. 90s.

7

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[86]158

contraient dans nos bourgades. Ils ne sont ni héroïsés, ni embellis. L'artisteles a peints tels qu'ils étaient, avec un surprenant réalisme. Il nous les montre

vaquant à leurs occupations quot i diennes ou dans l'intimité de leur existencedomestique. Il a su ennoblir ces sujets

rvulgaires par la probité scrupuleuse deun travailet l'on devine son plaisir àren-

I die hi variétéde laie sous ses multiples

-'aspects. 11 a reproduit con aniore les dé-

lis des costumes gaulois des meublesj \ ï des harnachements; il s'est efforcé, 10 . saisir même les types des visages.

vez ce mendiant ou voyageur , vêtumanteau gaulois à capuchon, qui

J

.i venu boire àun puits, don ton aper-S çoit la nmrgelle lassé du long chemin,

• 'il s'appuie sur son bâton et, altéré parla chaleur, il penche le COU et tend

t...avidement les lèvres vers le gobelet

_______________ • '. qu'il porte à sa bouche (fig. 57). Cc soucid'exactitude n'est pas particulier à Ar-

- Ion : on le retrouve, par exemple, à

i A IN PUI IMaestricht, dans un bas-relief figurant

(Musée d' Arlon.) une lutte de deux gladiateurs 3. Ilapparait même dans les pauvres figu-

rines de terre cuite qUC (le modestes modeleurs vendaient pour quelquemenue monnaie au petit peuple (le nos campagnes. Malgré la médiocritéde sa facture, on distingue sur un légionnaire, déterré à Martelange ([ig. 58) 1,

toutes les pièces de son costume et dc son armement, scrupuleusement copiées.

i. Cf. FIETTNER, toc Cit., (surra i-,. S), p. î i.

2. EPÉRAN1)1EU. n° 4049.SIEIENALEu. ri° 42:

. \VALTZING, Mnsée belge. VI. 1902. p. 451.ESPÉRAND1EIJ, nu 3099

4. Les terres cuite-s de terre blanche, bien connues on Gaule, sont relativement rares en Belgiquedans les ruines romaines. La plupart de celles qu'on découvre sont gros.sièreuieI)t et sommaire-ment exécutées; cf. L. RENARD, huit. de la Soc. scient. du Limbourg. XXIII, 1905, P 285 SS,

oùI'on trouvera la liste des publications antérieureS. —M. BLANCHET (Les pgurznes de lerre culte

en Gaule dans Mini. Soc. Anhrq. Franc-e, Li, 1891, P . 65-224 et LX, 1901, P. 189-272) rend très,

vraisemblable (p. 212) que le pays des Tongres possédait des ateliers de figurines aussi bien quedes tuileries (supra, P. 65,11-5). Deux statuettes, l'une de Juslonvilic. l'autre de Tongres. montrentVénus SOUS une sorte de conque, analogue it celle qui surmonte sa tête sur un lets-relief de LesFontaines (Musée du Cinquantenaire. Catalogue ,noi. lapid.. fl° 173). Il ne faut pas y voir la

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I)

1, 591 87

Le même soin se retrouve en dehors de la Gaule chez les coroplastes grecs,mais au delà des Alpes, on ne rencontre dans la grande sculpture rien dccomparable aux scènes de genre dont l'école de Trèves a décoré les tombeaux'.En Italie, ces scènes sont, sauf de rares exceptions, acces-soires et peu significatives : la mythologie convenait seuleà la majesté du sépulcre. Aux froides allégories de légendesétrangères qui ne parlaient pas à son âme, le Belge préfé-rait la représentation d'une vie qui lui était chère. Il voulaitperpétuer à jamais le souvenir de ces tâches et de cesplaisirs dont la répétition quotidienne faisait l'intérêt ettla valeur de son existence limitée, idéal un peu terre à-terre, surtout en présence de la mort, mais qui est peut-être.la meilleure preuve de la joie de vivre qui régnait dans la fsécurité profonde du siècle des Antonins.

Est-ce la persistance des dispositions innées de la popu-lation malgré tous les mélanges ethniques, est-ce l'in- -ùfluence du climat du Nord qui fait mieux goûter les du-ceurs du foyer, on ne sait, mais la même applicai_10111consciencieuse, le même plaisir patient à rendre minuta ii-sernent un intérieur ou un personnage opposeront, bi1 ii.des siècles plus tard, dans la peinture le réalisme (les Pa Bas à l'idéalisme de l'Italie.

Pans les tombeaux dont nous venons de parler, l'tprit particulierparticulier du pleuple belge se manifeste uniquem ut -par le choix et la composition des bas-reliefs décoratifs : le ---

monument lui-memc est romain, Comme l ' inscription titi'oii Fig. 58. - LÉGiONNAIRE

y lit est latine. Simples autels creusés (l'une cavité pourDL TERRE CUITE1 ROUV ( A M A Ii T E1.A N(; E.recevoir l'urne cinéraire, ou niches flanquées de pilastres et

contenant les bustes des défunts placés au dessus (le leur épitaphe, on bienconstructions fastueuses, dans lesquelles, posés sur un socle élevé, quatrepiliers d'angle soutiennent une architrave compliquée, qtiati'c frontons et uncouronnement altier 2, ces trois t ypes et d'autres encore sont toujours des

coquille dont est sortie Aphralitc. . Notre légionnaire fait, partie de la collection du nr Mer-get. qui possède une quantité de statuettes et rIe fragments recueillis à Martelange. Ces terrescuites ne proviennent pas d'un temple, comme celles de 1)hioueckerz au Musée de Trèves, etpeut-être celles d'Altricr ail Musée de Luxembourg. Elles ont été exécutées dans une officine dmodeleur, où l'on a retrouvé, en même temps que des figurines, des poids munis d'un trou desuspension etc.

i. Cf. DRAGENDORFP, P . 94.2. Le seul qui soit resté debout des édifices de ce genre est le célèbre monument d'[gel. Mais

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88 [I6o]

reproductions plus ou moins fidèles de ceux qu'avait créés l'architecture funé-raire du Midi. Mais la Belgique et la région voisine de la Bretagne 1, seulesentre toutes les provinces, conservèrent au moins jusqu'au second tiers du

11e siècle un genre de sépul-ture antérieur aux Romains:les tumulus, quise rencontrentfréquemment chez les Ner-viens et chez les Tongres etdont une longue série jalon-nait la grande chaussée deBavai à Maestricht, véritable« voie Appienne du nord dela Gaule » (fig. 2. Parfoisisolés, parfois groupés, commeles trois « tombes de Grimde »,

Fg. o. - 'Fviui.t Dc CONI \XIlI.l\I PRL: 1)1: IONORL'près de Tirlemont , ils cou-A1 00111) DE L.\NCIENNE V1E ROMAINE. ronnent d'ordinaire de leur

cône tronqué des hauteurs qui commandent une vaste étendue de campa-gne; un tertre puissant, qui atteint quelquefois encore jusqu'à dix mètresde hauteur, devait protéger contre toute violation la chambre funéraire.Celle-ci était tantôt un coffrage de bois en dessous du niveau du sol, tantôtune sorte de puits circulaire de pierres maçonnées 4 . La richesse du mobi-lier qu'on recueille dans ces tumulus - quand des pillards n'y ont pas précédéles archéologues - indique de quelle haute qualité étaient les seigneurs qui yfurent inhumés, conformément à une antique coutume, avec les objets restéschers à leurs mânes 5 . Les familles nobles continuaient à suivre, pour leur

le Musée d'Arlon possède les débris de plusieurs autres. On corinait dans le pays les restes d'uncertain nombre de tombeaux monumentaux comme celui do Vervoz (cUMoNT, Bulletin insi.archéol. liégeois, XXIX, 1900, p. 65 SS. cf. RENARD, Ibid., XXXIII, 1903, P . 97), OU de Bavai(Musée du Cinquantenaire, Catalogue. fl° 182) cf. POILS et DF.NS, Pyrairnde de Ladeuzi dansAnnales Soc. Archéol. Bruxelles, XXVII, iqis, p. 30 .5 S5.

t. Voir, par exemple, les tumulus de Bartlow Huis (Essex), décrits dans Archacologia, XXIII,1834, P. i ss., XXVI, 1836, P. 300 SS. Leur mobilier (verrerie, bronzes, poterie avec marque.s, etc.)est semblable à celui de fus sépultures con temp0mmcs. Dans l'un d'eux. on a trouvé une monnaied'Hadrien. - tJu autre tumulus fut ouvert en i 770 b Chatham.

s. L'expression est de Vidal Lablaclic, cité par jtLI.IAN, t. Il, P. 472. n 3. - Cf. la carte destumulus bclgo-romains 1011)11' 1lar1 A un. Soc. .1 rchéol. Na;nur, XXI\', 1(100, P . 45.

. A. oE Lob, A nnales Soc. .'lrchéol Jiruxclles, IX, 15)3, o 419. Les tumulus de, l3artlow-Huis étaient ait de sept, quatre grands et trois petits.

. Ainsi au Bois de Gives, au-dessus de la Vallée de la Mouse cf. Rics.nn, Bull. Insi. archéol.liégeois, XXIX, ioo, P. S.

5 . Supra. P . 9 . Sur la disposition de ces objets daas les tumulus, cf. H éNxux, Congrès Fédér.archéol., de Liége. 1909, t. II, P. 705 ss.

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sépulture, un usage qui remontait à l'époque de la pierre polie. Rien n'est aussipersistant que les rites funéraires parce qu'ils se rattachent à ce qu'il y a deplus primitif et de plus intime dans les croyances religieuses, et c'est pour-quoi, tandis que la vie de l'aristocratie belge était devenue toute romaine, lamort s'y entourait encore d'un appareil barbare.

En même temps qu'elles subissaient l'ascendant de l'art gréco-romain, lespopulations de la Belgique s'éprenaient de la beauté sévère du latin et délais-saient pour elle leurs grossiers dialectes celtiques ou germaniques.

Les Romains méritent le grave reproche de n'avoir jamais cultivé sérieuse-ment la science pure. Ils avaient pour elle un mépris d'hommes de guerre etd'hommes d'affaires, et ils n'en ont ni encouragé, ni propagé l'étude. Leurutilitarisme répugnait à l'érudition. S'ils avaient éprouvé la même aversionpour la grammaire et la rhétorique, le grec fut sans doute devenu la languelittéraire de la Gaule comme de l'Orient 1; mais ils ont au contraire, on le sait,attaché une valeur extrême à un enseignement qui les aidait à triompherdans les procès privés et les débats publics. Le latin, grâce aux orateurs etaux écrivains qui le cultivèrent, devint un idiome singulièrement raffiné etun admirable instrument pour exprimer les sentiments et la pensée avec uneampleur majestueuse ou une forte concision. Grâce à cette perfection, len-tement acquise, la langue des conquérants, qui étaient aussi des civilisateurs,se fit accepter avec une merveilleuse rapidité dans tout l'Occident. Les peuplessoumis la préférèrent bientôt à leurs rudes et gauches patois, et ils cherchèrentà se l'appropier comme ils reproduisaient les modèles plastiques qui avaientséduit leurs yeux. « Aucun n'a résisté au charme (le ces études, qui étaientnouvelles pour eux. Désormais, dans les plaines brûlées de l'Afrique, en Espagne,en Gaule, dans les pays à moitié sauvages de la Dacie et (le la Pannonie, surles bords toujours frémissants du Rhin et jusque sous les brouillards de laBretagne, tous les gens qui ont reçu quelque instruction se reconnaissent augoût qu'ils témoignent pour le beau langage. On est lettré, on est Romain,quand on sait comprendre et sentir ces recherches d'élégance, ces finessesd'expression, ces tours ingénieux qui remplissent les harangues des rhéteurs,Le plaisir très vif qu'on éprouve à les entendre s'augmente de ce sentiment

i. Au tornpsde STRABON (IV s. § 5, P . 18 C), les cités gauloises, aussi bien que.] es particuliers,recherchaient à l'envi les sophistes et los médecins grecs, que leur fournissaient les célèbres écolede Marseille.

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['62:190

secret qu'on montre, en les admirant, qu'on appartient au monde civi-lisé. s

Les Celtes surtout,qui avaient une disposition innée pour la loquacité, quidès avant la conquête aimaient les harangues pompeuses comme les récitspiquants, qui, suivant un mot célèbre, recherchaient avec passion u le parler

ingénieux `», s'éprirent bientôt de cette rhétorique savante et (le cette prosed'art que la Grèce avait enseignées à l'Italie. L'école cl'Aulun, fondée parAuguste, était fréquentée sous son successeur par les fils du la noblesse gau-loise 1 , Pareillement en Bretagne, Agricola, en méme temps qu ' il encourageaitles nouveaux sujets de Rome à se construire maisons et monuments', «faisaitinstruire les enfants des chefs dans les arts libéraux et il affectait, nous ditTacite, de placer l'esprit naturel des Bretons au-dessus des talents acquisdes Gaulois, en sorte que ces peuples, qui se refusaient naguère à user de lalangue des Romains, se passionnèrent bientôt pour leur éloquence. » De fait,quelques années plus tard, s'il faut en croire Juvénal, s la Gaule diserte avaitformé les avocats bretons et l'île lointaine de Th ylé parlait déjà d'enga-

ger un rhéteur » . Le grammalirus acheva partout l'oeuvre de la conquêtecommencée par les légionnaires,et son enseignement assura l'unité morale del'Occident. Une raison particulière commandait de ne point négliger ce procédéd'assimilation parmi les populations celtiques : le meilleur moyen d' y ruinerl'influence de la caste des druides, dépositaires jaloux d'une érudition confuse,était de vulgariser les éléments de la science grecque, telle que Rome l'avaitcomprise.

Les écoles n'ont certainement pas été moins florissantes en Belgique quechez les Celtes insulaires, et l'éducation romaine ne resta pas un privilège dela noblesse, qui fut d'abord latinisée, ni de la bourgeoisie des villes fondéesaprès la conquête 6, elle s'introduisit jusque dans les bout gs et les campagnes.Un curieux fragment découvert à Arlon nous montre un instituteur d'il y adix-sept cents ans (fig. 60): vêtu du vêtement gaulois à capuchon et armé de sa

T. B()ISSIER, La ltfl du paganisme, t. 1. p. 220.2. cAT0N «p. Chahsiuxn. P. 202 Kel : ' Plerajue Gallio dtias res lndustrloslssImc persequitur

rem militarem et argote loqui . cf. U1.1.IAN, t. II, P . 351).3. TACITE., AnsI., III. 43 (21 «p. J-C.). Cf. CIL, XIII, pars I. p. 403.4. Sie p. 40, n. 2. Tacite continue : mm ve.ro prinipum fluas iiberaiibus artihus erudire

et ingenia Ifritannorum studiis Gai lorum anteterre.. ut qui modo iinguam I'oniaflain aiatuebanteIoquetiani coricupiscercflt.

s- jCv]NAL, XV, 114 : Galba causidicos docuit facunda Britaitnos, De cojiducerdo loquituriarn rhetore Thyle. Cf. MARTIAL, Xi,: Dicitiir et nostros cantrire Britanflica versus o.

Cf. HAVERFIELD, O. Cil., P. 28.6. AUSONE, Mosella, 383, dit de Trèvcs r Acmula te Latiae decorat facuridia linguae.

cf . y . 383, V. 403 xs.— Sur la culture urhainc. cf. CRAMER, Des riS nsche Trier, IgIT, p. 182 SS.

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-

[163] 9'

férule, il observe sa classe d'une mine sévère, tandis qu'un de ses élèves écrit autableau '. Un autre débris parait représenter un écolier qu'un de ses camaradesfustige sur l'ordre du maître 2. Ces scènes rappellent un bas-relief plus complet,découvert à Neumagen, dans le pa ys des Trévires, où l'on voit les enfants de

Ou. - PIERRE 10\lii.b1.E D ' iN bL\ITRE D'ÉCOLE.(Musée d'Arien.)

quelque propriétaire instruits par leur précepteur. Celui-ci est assis entre deuxd'entre eux sur les sièges du pays, en osier tressé avec dossier arrondi, etil les écoute lire un volume de quelque auteur classique, tandis que, deboutauprès d'eux, un troisième tient le paquet du tablettes qui vont lui servir àprendre sa leçon d'écriture (fig. 61) 3.

Êvidemment, le gros propriétaire dont cette plaque sculptée décorait letombeau était fier de l'éducation relevée qu'il faisait donner à ses fils. La no-blesse, dans ses villas, possédait de riches bibliothèques, dont elle tirait vanité,et les libraires de Lyon se chargeaient de lui procurer les dernières nouveautés

1. E'RANDIEe. t. V, ij ° 4103. Cf. SIHENALItE. A enles Jus!. arckéol. du LuxeinOuvr, XLII,1907, P. 257; WALTZING. Fédération avc.h.o1. Congrès de Liège, ioo. pi. XXV. P. 715 SS.

2. ESPÉRANI)IHU, n' 4°34; cl. \'SALTZING, Musée Beige, VU!, 1904, p. 60.3. HETTNER, Illustrierte-r Führer dut-ch dus Provinzial Museum in Trier, 1903, p. 21 UsA-

GEND0RFJ'.0p. cil., pi. xii, n° z. -. On a souvent cité aussi, d'après lIIeowERus. .4niquitates Trevi-renses, 1670, t I, p. 105, un autre bas-relief, où l'on verrait tub hlbllOthè(1UC richement garniede volumes disposés dans des casiers, mais ces prétendus volumes sont en réalité des rouleauxde drap et la bibliothèque est une I y utique cf. liuiuNxIANN, Honnir /aJ:rh.. CXIV, 190b, p, 41s.s. --. A Trêves même, CIL, XI!!, .1702 = RIESE, 2405 : épitaphe d'un s grauiuinatucus graucus '6et XIII, 3911 RuEse, 2.166 : s Latinis studiis", etc. Les écoles do Trèves devaient encorese développer au i ve siècle et du temps d'Ausorto on parlait latin sur toute la Muselle.

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parues à Rome 1, comme larseiIle l'approvisionnait du papier d'gypte 2.

Ces châtelains cultivés étaient capables de saisir la portée d'une satire-Un vase,trouvé récemment à Herstal (fig. 62) et devenupromptement célèbre, nous montre, à sa partieinférieure, d'austères philosophes plongés dansleurs méditations ou leurs recherches. Sphèrecéleste, table à calcul, paquet de tablettes, vo-lumes rangés dans un casier, tout caractérise lagravité de leurs occupations. Mais si, du rez-de-chaussée, nous passons à l'entresol - j'entendsde la panse au col, - nous sommes brusque-ment transportés de salles d'études dans desalcôves équivoques. Ces mêmes philosophes,

--•.étendus sur des couches, y ont pour compa-gnons de jeunes garçons aux cheveux noués en

- ..- -chignons, qui ont abandonné toute retenue. Les

groupes érotiques qu'a imaginés la verve polis--. . sonne de l'artiste sont l'c pression plastique

des accusations, indignées ou railleuses, dontlus littérateurs se plaisent à accabler l'hypocri-

- sic des prédicateurs du renoncement 4 . Le sei-

Fig 62. - VASE DC ERONLI.gncur belge qui faisait ses délices de cette oeuvréTROUVÉ , 1IcRT .sL. sans vergogne, avait dû goûter la deuxième

(ColIi'el ion Raiul \V,trci qtit.)satire de son contemporain Juvénal.

i. Du vivant de l'une le Jeune, on vendait ser oeuvres à Lvon (EpisL, ix, ii)2. FI4IEDLAENJWR. Sittengeschic/zle. t. 11 6 , p. Sa.3. RENARD, Ijuil. Insi. (U(J,éOl. liégeois, XXIX, 1900, p. 174 SS.4. CUMONT, A propos du vase d'Herstal dans Annales Soc. Archéal. Bruxelles, XIV, IyOo, P. 401.

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L'ascétisme des philosophes n'a certes pas conquis beaucoup d'adeptes dansles campagnes plantureuses de la Ncrvie 01] parmi les métallurgistes de l'Ar-denne.Ni l'aristocratie terrienne, ni les industriels ne s'adonnaient à des étudesprolongées. On ne peut citer, en aucun genre, un seul nom d'écrivain qui soitoriginaire de notre pays. De la science, on s'inquiétait seulement en tantqu'elle eut une utilité pratique. La médecine était appréciée, et des oculistesont laissé dans nos campagnes plusieurs de ces cachets OÙ, à côté de leur nom,était ar,p. é(' l'indication d'un collyre et de son emploi 1.

Il ne faudrait pas supposer que les classes supérieures par-ticipassent seules à la culture latine. Le ganiinaticus avaitrépandu, à un degré qui nous surprend, les connaissances élé-mentaires. Savoir lire et écrire n'était pas, comme au moyenâge, le privilège d'une élite, mais un bienfait auquel le peupleparticipait dans une large mesure, et l'on a pu dire que,

-« dans les pays gouvernés par Rome, l'instruction fut meil-. leure sous l'Empire qu'à aucune autre époque depuis la

chiite de celui-ci jusqu'au XIxe siècle o 2. Ce sont de petitesgens qui ont tracé rapidement, àla pointe, quelques mots sur des

Figtessons (le poterie, d'humbles arti-

oi - EacRER sr PLUME 0F: RR0NSETROUVÉS A TONGE ES.

sans qui ont marqué de leurs nomsles tuiles ou les tuyaux qu'ils fabri-

quaient , ou peint à la barbotine sur des brocs quelque souhait au buveur 1.

Plusieurs encriers trouvés çà et là sont un curieux indice de la diffusion del'écriture (fig. 63) 5.

Toutefois l'école n'a pas propagé seule la connaissance du latin. Si celui-ciétait la langue de la science et des lettres, il était aussi celle de l'armée, de

i. Cachets d'oculistes; cf. DESJARDINS, Notice sur les monuments épigraphiques de Bavai, 1873,p. 59 «S. Ils ont été réunis par ESPÉRANDIRU clans le Corpus jaser. lai., t. XIII, pars III.

10021 ss.; cf. IÙESE, U°" 4507-4530. - Unu trouase d'oculiste trouvée à Reims a été étudiéepar DENEFFE, Les oculistes gallo-romains au ni" siècle, Anvers, 1896.

2 HAVERFIELD, 0/5. Cil., p. 26.3. Sur ces «tituli scariphati>, cf. CIL, XIII, la rs III, 10017 : par exemple n°2, à Juslcnville

'Apohlinis «, n°5 ,î, à Tongres, «Animula «, etc. Cf. CIL, XIII, 3085 Deo Mercurio » tracé austyle en caractères cursifs sur un vase à vernis noir. - Inscription d'un «plumbarius «, supra,P . -17 . n. 7 . - Particulièrement curieuse est la séne des alphabets qu'on a trouvés, en Gaule eten Gernianie (cf. Rits, 4506), inscrits peut-étre dans un but magique (BOLL, Sphaera, P. 460;REITZENSTEIN, Poirnasdres, p. 256 ss.), peut-être plus simplement comme modèles de calligraphieou exercice d'écolier,

4. 'Imple «, «Mixe», « Frui me ', Ebibe ', Vivac «, etc. Cf. RENARD, Pull, Soc. scient. Limbourg,XXII, 1904, p. 206 ss.; CIL, XIII, pals Iii, P. 532 «S.

5. RENARD, Bull. Soc. Arcizéol. Limbourg, XXII, ' g°. , p. II et pi. J.

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[166] 94

l'administration et des affaires. 11 était indispensable à tous ceux qui passaientpar le service militaire, qui aspiraient à quelque fonction publique ou avaientà plaider quelque procès, à tous ceux enfin qui étendaient leurs relations audelà du cercle étroit de leur entourage et qui élevaient leurs aspirations au-dessus de la satisfaction quotidienne des nécessités matérielles. Partout Où

les Belges entraient en contact, chez eux ou au dehors, avec (les étrangers,compagnons d'armes, marchands, fonctionnaires, esclaves,c'était du latin qu'ilsdevaient se servir. Les patois locaux, pauvres et restreints, ne pouvaient sou-tenir la lutte contre une langue puissante permettant à celui qui la possédaitde communiquer avec l'univers.

Si l'on y songe, les conditions apparaitront même plus favorables dansnotre pays qu'en France à la romanisation linguistique. La population celtiquene formait pas en Belgique une masse compacte et homogène comme au coeurde la Gaule 1 des groupes germaniques brisaient sa continuité; les Tongresd'outre-Rhin s'étaient établis à la place des Aduatiques et bien d'autres, avanteux, étaient venus chez nous d'an delà du grand fleuve. Ainsi des tribus voisinesne se C, mprenaient point, et leurs dialectes hétérogènes les isolaient les unesdes autres. En outre, le commerce et l'esclavage amenèrent au milieu d'ellesdes Méridionaux, peut-être même des Orientaux, flans cette confusion eth-nique, le latin permettait seul à (les hommes de races diverses de se faireentendre les uns des autres. La masse de la population l'apprit d'autant plusfacilement (lue les parlers celtiques offraient d'étroites affinités avec ceux del'Italie 2

Puis, la culture du nord de la Gaule étant plus arriérée que celle du Midi aumoment de la conquête 3 , on y fut contraint (Fautant plis sûrement (l'adopterla langue des vainqueurs. Lorsqu'une civilisation plus avancée s'imposa,'e vieux vocabulaire ne suffit plus pour tout ce qu'elle apportait de nouveau.Le celtique restait court s'il voulait parler art ou science, droit ou philosophie;il ne possédait pas davantage les termes techniques des métiers, les dénomi-nations d'une foule d'ustensiles inconnus, de plantes exotiques, de denréesétrangères, ceux même des diverses parties de la maison domestique : ces nomss'étaient introduits avec ces ustensiles, ces plantes, ces denrées et la villa

i. Cf. su pra, P.2M. Mansicn parait avoir établi (Revue de li ,zsiriu(ion /utiu,ue eu lielgique. 1913. p. 194 ss.)

que le celtique se rapproche beaucoup <lu lutin, notamment Oans sa morph bigie., et qu'il doitêtre considr'. comme un parera plus proche de I it-m1i ' 1uc (lue (lu germanique. La ressemblancedes vocal,ulaire, celtique et germanique s'explique par des emprunts faits par le second au pre-mier.

Supra. p. (V,.

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romaine, et ils devaient pénétrer en partie jusque dans l'idiome des Francs 1

Aussi l'on constate qu'en Belgique comme en Bretagne, le latin est exclu-sivement employé dans les inscriptions, et, même dans les endroits les plusreculés,ce latin est correct. Les gvati,griffonnés sur des matériaux de rencontre,prouvent, nous le répétons, que son usage avait pénétré, avec la connaissancede l'alphabet, jusque dans les classes populaires 2. On n'a pas retrouvé surnotre sol, que je sache, le plus petit bout (le texte celtique ou germanique,aucune de ces bilingues s qui sont si fréquentes dans l'Orient hellénique OU

sémitique. Les noms de personnes sont souvent gaulois, la filiation s'indiqueparfois par un patron ymique à la mode gauloise 3 , mais ces noms sont toujourslatinisés, en attendant qu'ils deviennent purement romains. D'ailleurs le faitseul que des dialectes romans sont encore le langage vulgaire de notre pays,partout où le vieux fonds ethnique n'a pas été noyé sous les flots de l'invasionfranque, suffirait à prouver combien fut complète, SOUS l'Empire, la victoire, dulatin.

Est-ce à dire que le celtique fût tombé complètement en désuétude aumoment des invasions? Les parlers populaires ont la vie trop tenace pour qu'onpuisse croire à sa disparition absolue.. Àu Ive siècle, saint Jérôme 4 , qui étaitun philologue, rapproche encore le dialecte des Galates d'Asie-Mineure de celuides Trévires, qu'il connaissait bien pour avoir séjourné parmi eux On a douté,à tort, tIc ce témoignage capital . Ce qui est surprenant, ce n'est pas qu'onsût encore le gaulois en Gaule, c'est qu'on le sût aussi peu. En Afrique, lepunique avait infiniment mieux résisté. Le celtique, chasse des villes et desvillas", s'était réfugié dans les cantons perdus au milieu des bois ou des maraiset que la culture romaine n'avait pas atteints, commue le gaélique s'est retiréde nos jours dans les highlands de l'Écosse. Il était une langue parlée par uneminorité rustique, il n'était pas une langue écrite.

1. .',ut'rs, PI'j''. n. 5 ; 56, R. I6, n. t.2. Voez, sur ce point. les reinaiques judicieuses ch' 1IAVERFÎELO, ion. Cit., j). 26 SS.. En transformant le cognomen du père en nomen par l'adjonction de la terminaison iu.S

L. Saccius Modestus a pour fils Modrst jus Maccdo. Des exemples noiiibretix SOit' réunis parCRAOER dans Congrès Fédér, arch. de Liège, 1909, t. Il, P. 787 us. cf. HETTNF.R. op.c.)t. 'j). S. p 7En Gerniaic, où la colonisation italique se fit en n,asss (supra, p. le), les non,s roll)aiils prédo-minent dès le début; en Belgique, ils s'intioduisenl peu à peu ; H. \VALTZ1NG, à pIOjX'S desinscriptions de Namur, Comptes rendus Congrès 1"dér. csrcl,Éol. de Dinant, 1904. t. li , P 560.

4. S.sixi- JfoenME. Comm. epist. ad Galalas. ,e Galata.s... propriarli liuguam eandem paenehabere quam Trcviros.C'est ainsi que les colonies u saxonnes' dc Transylvanie parlent encoreun dialecte apparenté à ceux du Rhin.

5. FLÎSTF.L DF. COULANGES, La Gaule romaine, p. 12'). Des deux assertions dont Fustel étaieson scepticisme, à savoir quo ls Galates au ive siècle parlaient le grec et leF Trévires le germain,la première est indémontrable, La seconde fausse, - Sur la faveur nouvelle dont a joui le celtiqueau lue siècle dans certaines parties de la Gaule. cf. JULLIAN, t. III. P. 521.

b. La latinisation des campagnes ne fut pas postérieure à l'invasion, cf. infra, p. ioS. n. j.

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L'influence de la civilisation romaine transforma les prières adressées auxdieux comme les discours qu'échangeaient les hommes. L'État imposait àtous les citoyens, quelle que ffit leur origine, les règles de son droit sacerdotalaussi bien que les principes de son droit public et civil : les lois municipalesordonnaient d'élire des pontifes et des augures en même temps que les ma-gistrats, et toute colonie avait son Capitole où l'on honorait la vieille triadeitalique, Jupiter très bon, très grand, Junon reine, et Minerve, qu'adoraientaussi les soldats dans les camps. Ainsi, à mesure que les Gaulois obtenaientle droit de cité et participaient davantage aux fonctions publiques, ils étaientamenés à rendre hommage aux divinités de Rome selon les formes romaines 1.

Au moment où l'idolâtrie disparut, il est douteux que, sur toute l'étendue de lapréfecture des Gaules, il subsistât un seul temple où les cérémonies fussentcélébrées selon de vieux rites locaux et dans un patois indigène.

La politique des Césars favorisa ainsi l'adoption des cultes reconnus parl'tat, et les Belges les accueillirent avec autant d'empressement que l'art et lalangue de l'Italie. lis ne croyaient pas, en invoquant Jupiter ou Mars, s'adres-ser à des puissances nouvelles, mais seulement traduire, dans l'idiome qu'ilsavaient appris à parler, les noms rie leurs anciens dieux. César nous dit queles Gaulois vénéraient surtout Mercure 2, et les images de Mercure ont, en effet,été trouvées en grand nombre en Belgique comme dans le reste de la Gaule.Mais, bien que le type de cet éphèbe, le front couronné d'ailerons, portant labourse et le caducée (fig. 64) ', soit purement grec, en réalité c'est souvent

sus ou quelque autre déité celtique du négoce ou des voyages qui se cachesous cette apparence étrangère. Un syncrétisme complaisant avait combinéles natures des divinités gréco-latines et indigènes, additionné leurs attributs,totalisé leurs fonctions et, créant ainsi des êtres Plus puissants et plus secou-rables, augmenté le nombre de leurs fidèles.

Dans ces divinités, c'est le caractère romain qui paraît dominer: le génie

i. La découverte récente du texte de la fameuse Constitution Antonine nous s appris qu'undes motifs invoqués par Caracalla pour accorder le droit de cité à presque tous ses sujets étaitd'ordre religieux. La naturalisation des pért'grins est une oeuvre pie, parce qu'elle aura pour effetde donner de nouveaux fidèles aux dieux de l'État; cf. Bav clans Eludes d'hist. jur. o/fertes à PaulFrédiric G-irard, Paris, '913. 1, p. 12.

2. CÉSAR, B. G., VI, iDeum maxime Mercurium colunt huius plurima .simulacra. »3. Mercure tenant la lY)tlrse et le calucéc (disparu) découvert h Namur (cil lection itrixhe-

Steinhach), publié par LIJCTEN RENARD, Bulletin de !'Insl. archiol. I geoi', t. XXXIi, 1002,pi. IV, qui énumère (p. 52) une série nombreuse de monuments 5e rapportant à Mercure, (luiont été luis au jour en Belgique. Les plus beaux sont le Mercure de Tirlemont et celui doGivry (supr(z, p.) et le Mercure assis &Nius y, (.cnpra, P. 75).-- On trouvera clans HoscHErc.Lexikon dey .tlyIholos'ic, F. V. Mar c, col. 2398, la liste des rscu,bre,ix surnoms celtiques queporte ce dieu em Gaule. On pourrait faire des énumérations analogues pour les autres divinités.

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protecteur des combats est devenu un Mars Ultor, tout semblable à la statueque lui avait consacré Auguste dans le temple du forum construit par lui aprèssa victoire sur Brutus et Cassius'. Le Soleil est figuré sous l'aspect d'un aurigenimbé et radié, conduisant son quadrige, comme sur les monnaies impériales 2

.:. -

(

Fig. 6.1. - STATUETTE EN BRONZE JE \IBRCtRE TROOVÉE A NAMUR

Hercule portera la massue et la dépouille du lion de Némée ou les pommes desHespérides, et ainsi de suite; mais parfois quelque attribut insolite, quelquescène que n'explique pas la mythologie classique 3 , nous rappellent que les

x. CUMONT, Annales Soc. Arc/u'ol. I3 yucclies, XVI, 1902, p. 4. Une autre statuette de« Mars Ultor », qui était adoré dans les camps, a été découverte à lougres; cf. RENARD, Bulle-tin Soc. sccnti/. Limbourg. XXV, 1907, P . 211 ss.

2. Musée du Cinquantenaire, GaIn!, mon. lapid., D" 171 -= ESPéRANDIE1J, V, fl0 4134.3. Comme celle qui décore le côté droit du piédestal de Les Fontaines, au Musée du Cin-

quantenaire, Calai, mon. lapid.n° 173 = E.SPÉRANDIEU, V, fl° 3984.

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[170]

Ol ympiens, sur la terre des Gaules, sont devenus les héros de légendesautochtones.

La religion est ce qu'il V a (le plus vivace dans le coeur des peuples croyants.Bien (les divinités du Nord avaient résisté à la force d'attraction du panthéonromain, et leur individualité s'était montrée rebelle à l'absorption étrangère.Elles avaient conserve et leur nom et leur t ype propres. Entarabus, dieu guer-rier des Trévires, avait un temple prè ,, tIc Bastogne 1 , (S un bronze précieuxle montre vêtu d'une peau de loup jetée sur sa tunique à manches, portant les

braies gauloises, et la main appuyée sur sa lance (fig 65'2. Lesdéesses Mères ou Matrones, triple personnification rie la For-

- r5 tune qui donne l'abondance et la prospérité sauvegarde desmaisons et (les tribus, continuaient d'être l'objet d'une fer-vente dévotion populaire dans une foule de cantons. En Ner-vie, elles portaient, comme souvent ailleurs, des surnoms

i celtiques, au vocalisme étrange, qui restent inexpliqués . Unestatuette d'Llougcs, dans le Hainaut, montre lpona cares-sant un poulain qui vient flairer des fruits placés sur ses ge-noux 4, car elle favorisait la fertilité de la terre comme lareproduction des animaux; cette grande déesse, tutélaire deschevaux et de la cavalerie, était populaire surtout chez lesI révires. Néhalennia, protectrice de la navigation, avait, clans

Fig. ( 5 . l'île (le \ULlCherefl, nous l'avons vu 5 , un temple que les ma-STATUETTErins sauvés du péril avaient rempli de leurs ex-voto. Le culte

DENTAR ARCS TROUVÉEPRÈS 0F BASTOnNE.

de \'iradectis avait été transporté par les soldats et par lesmarchands tongres jusqu'en Bretagne et sur le Rhin 6• Bien

d'autres déités indigènes avaient gardé des fidèles, Teutatès ou Cernunnos, ledieu cornu tricéphale ?, Vihansa, favorable aux guerriers, à laquelle on offre

1. CotaI. Musée dit Cinquantenaire, 0° 191; cf. WALTZING, Bull. Acwl. royale Belgique,XXIV, 1892, p. 375 SS. et XXXII, 1896, P . 747.

2. Statuette de bronze découverte à Foy-Noville lez Bastogne. appartenant i M. Mathieude Bastogne; cf. RENARD. Annales Soc. ArMol. Bruxelles, t. XVIII, 1904, P . 394. qui veut yreconnaître un . Disputer imberbe te'Iiant son maillet.

Matronis Cantrusteihiabus s, CIL, Xi Il . 3583; cf. Calai. Musée du Cinquantenaire, n0 149,et la note. - - « Matris Mopatibus suis M. Liberius Victor, cives Nervius , CIL, XII 1 , 8725 =R1£, 2425. cf. aussi, CIL, Xlii, bq [URsE. 3464 : « Nervinis (matronis?) «. Les dédicacesaux ' Maires, Matronae sont très fréquentes, notamment dans la région de Juliers, preclie denotre frontière; cf. RIESE, fl°° 3069 SS., et 1)RAGEND0RI°F, 107 SS.

. Calai. Musée du Cinquante-saure, n u 177. = ESPÉRAND,E1J, t. V, n° 3991. Autres imagesd'Ipona dans notre région, ibid., n°4124 (à Ai-Ion), 4188, 4207, 4219, 4240, 4255, 4259 SS.

. Supra, P. 28.6 Supra, p. 3°.7. 0E vILLENo,sy, Bull. Insf. au'cluéoi. liégeois. XXIIi, 1892, P. •13'

L

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11171] 99

une lance et un bouclier', Magusanus, que les Toxandres assimilaient à Her-cule 2 Camulus que les Trévires et les Rémois identifiaient avec Mars ,Ricagambéda qui protégeait au loin les recrues d'un canton des Tongres 4,

poussière grise de dieux dont il ne survit que le nom, mais qui opérèrent jadisautant de prodiges que tel saint de nos campagnes.

Rome avait détruit, pour des motifs politiques, la caste sacerdotale desdruides. On nous raconte bien qu'une druidesse prédit la pourpre à Dioclétiendans l'auberge de Tongres, où ce jeune officier dalmate payait sur sa solde unemodeste pension ; mais cette druidesse n'était, comme ses pareilles, qu'unediseuse de bonne aventure d'assez bas étage 6 ancêtre lointaine (les makrals»du pays wallon. Seulement, si le vieux clergé national n'existait plus, le peuplecontinuait à pratiquer ses antiques dévotions ancestrales qui, dégradées aurang de superstitions rustiques, devaient se perpétuer à travers le moyen âgejusqu'à l'époque moderne. Au solstice d'été, il allumait des feux champêtres etfaisait rouler sur la pente des collines des roues de paille enflammée, charmemagique qui devait entretenir l'ardeur du soleil menacé de dépérissement etassurer aux moissons et au bétail la chaleur fécondante de la grande rouecéleste . Il avait foi clans les sources sacrées Il où il venait jeter son offrande,dans les arbres où il fixait ou nouait la fièvre; il vénérait, non sans crainte, unemultitude de génies, de fées, de mitons, 9 , qui peuplaient les eaux, les bois etles cavernes. Surtout il regardait comme divine la grande forêt d'Ardenne,

s. CIL, XiII, 3592 = R1ESE 3557 ('Fongres.2. Dans Io Brabant hollandais et la Zélande, CIL, XIII. 8771, 873, 8777 = Riss, 2 416, 2817.

Son nom est gravé sur des bracelets trouvés à Torigres,à Cologne, etc. CIL, XIII, pals III, 10027,252 = RIESE, 2818. Il est à noter que parfois aussi en Gernianieon trouve simplement t Herculi»sur des bracelets (CIL, XIII, 10027, 208-2x1). Ces dédicaces doivent s'expliquer par quelquerite religieux, qui n'a pas, que je sache, été éclairci.

3. CIL, XIII, 3980 (Arlon) ;cf. WALTZING, Orolaunum vzcus, p. 1').. CI L . VII, 1072.. Vo p iscus, Carus Cartnus, 14, 2.

6. Cf. TOvTAIN dans Mélanges Boissier, 1903, p. 438 SS.7. GAIDOZ. Le dieu gaulois du soleil cl le symbolisme de la roue dans Revue archéol. ,3e série,

t. IV, 188 4 , P . 79S., 136 as. La roue, imago du soleil, est sculptée avec le foudre, attribut du dieusuprême, sur des autels consacrés par des'rongres (CIL, VII, 879, 882, cf. 825).— Sur l'usagepopulaire des feux de la Saint-Jean en pays wallon, cf. MONSEOR, Le folklore wallon, p. 130 SS.Une foule de données sur cette coutume répandue en bien des pa ys ont été réunies par FRAZER,Golden Bough, t. III, p. sbb, ss.

8. La statue du Musée du Cinquantenaire reproduite Calai, non. la».. n° 185, figure peut-êtreun dieu do source; cf. ESPéRANDIEU, t. V, no 399 .— Culte des sources en Gaule, JULI.JAN, t. II,P- 470. n. 5. On sait la dévotion superstitieuse dont continuent à être l'objet certaines sourcescomme La Sauvenière de Spa, qui porte remède Ii la stérilité, si la femme pose ic pied sur latrace du o pied de Saint Remacie s. - Sur l'esprit des eaux, cf. MON5EUR, Le folklore wallon, p. i.

9. Sur les nutons, cf. VAN Ei.vsu, Annales Soc. Archéol. Namur, XVIII, 1889, p. 343 .',s.

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domaine immense d'une chasseresse mystérieuse dont on devait entendre, lesjours de vent, aboyer les chiens à travers les halliers 1

A ce fonds traditionnel de croyances naïves, Rome avait superposé de nouvellesconceptions théologiques. Le paganisme qu'elle propagea n'était pas le vieuxpolythéisme italique; il s'était transformé sous l'influence des mystères orien-taux. Ces mystères enseignaient l'adoration des grandes forces cosmiques dontl'action harmonieuse métamorphosait perpétuellement les cieux et la terre, etleur doctrine était ainsi, par un certain côté, très proche des cultes naturistesqui persistaient dans nos cantons. Par suite, les divinités de l'Asie y furentaccueillies plus aisément peut-être que celles de Rome; les dieux phrygiens,Cybèle et Attis, que celle-ci avait officiellement reconnus 1 , furent les premiers,sans doute, à s'établir dans nos cités, et ils y restèrent les plus populaires 3 . LaGrande Mère, personnification de la Terre productrice, avait été tout naturelle-ment assimilée à Êpona, déesse de la fécondité. On fabriquait, à l'usage de leursdévôts, des terres cuites figurant une femme opulente assise sur un trône, et por-tant sur ses genoux tantôt le lionceau de Cybèle, tantôt les fruits d'Épona oumême le chien de Néhalennia, car toutes ces i Mères» locales étaient regardéescomme identiques en réalité 1 . On décorait aussi les tombeaux d'images d'Attis,dont la résurrection mythique était interprétée comme une promesse d'immor-talité 5 . Le mobilier lui-même témoigne de la faveur dont jouissaient ces dieux

j . Dédicaces (Arduennae» )Arduinne, Ardbinao) CIL, VI, RIESE, 2661 XIII. 7848 =<InsE, add. zôôia (Gey). - Cf. JULLIAN, II, 533, n. 5. - On n'a pas, quo je sache, retrouvé

oit, du moins, décrit en Belgique de temple celtique , niais ces modestes chipelles auront cer-t.tinement ressemblé à colles do la région de Trèves et de Gormanie, dune part (HETTNER, Drei

Jeipeibezirlie j us Trevirerlande, Trèves, ioi; cf. DRAGENOORFF, P. 78s.), de Bretagne del 'autre(IIs\'ERFIELD, 0/1. cit., P . 31). Elles cotsistaieiit eu une simple cella carrée, parfois entourée d'unecolonnade, et occupant toujours le centre d'un enclos sacré, souvent circulaire, ceint de murs.Lc temple do Néhalennia à Domburg (supra, p. 28) semble avoir été un petit édifice, peut-êtrerond, environné d'un bois sacré, mais les indications qu'on possède sur cette découverte capitalesont très insuffisantes; cf. CIL, XII 1, pars II, p. 630.

2. Cf. nies Religions orientales, s » éd., P. 71, 87 55.

. Voir les listes de monuments réunies par GRAILLOT, Le culte de Cybèle, mère des dieux, Paris,1012, I 450, 4 68.— Cf. note 4.

I . ATongres. cf . RENARD, Buli. de le Soc, scientifique die Limbourg, XXIII, 1905, P. 295. -Los mêmes types se retrouvent dans la série des terres cuites découvertes à Altrier (Musée dol.oxombourg) et parmi celles du temple de Dhronecken (Musée deTrèves;les n' )9, I8.1 portentii,tnifestement un lion). Ailleurs aussi ils sont fréquents.

5 . CUMONT, Noie sur un .Jt1is /unérau'e trouvé à Ve yr'oz dans Bull. insI arc/i ,iol. liégeois. XXIX,1000, p. 65; cl. ESPIFRANDIEV, t. V, n» . 00S. - tjne statuette (I'Atti» en bronze incruste d'argenta,téilécouvertc àI'ourni(DE BA»T, 1?ecu'iild'antiqutlés.Gafld. i8od. 1, p: 162 et pl.\'. is; cf. GRAIL-

)F, 10G. Cit., P 150). nids l'inscription. savent citée, dois zrch çelius est ialsiliée(CIL, XIII,- Les idées d'itiirnortalité céleste qui se répandirent sous l'Empire et qui durent se combiner avec

les vieilles doctrines des druides sur la vie biture (Punsporuus Méla, III, 2, 1), etc.) sont expriméessol Ie tOU'ti1X dArlon par d'autic< iitvtlu'viii1'iliqucs cflbvCIli('flt dii Gaovinésle )Ls p é-('ClrEiiV,t1i»,!l,:,.i[.' 't1.tii''.,'.'l'.ljl,i,iIo(,.îoI1 '11111-

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['73] lOI

exotiques nous avons vu qu'on fabriquait à Bavai, pour les propriétairesdes villas de Nervie, des poignées de bronze ornées de bustes de Cvbèle etd'Attis'. Mais ceux-ci n'étaient pas venus seuls de Phrvgie jiiqu'en Belgique.On a exhumé (le notre sol deux de ces mains votives de bronïe 2 souvent sur-chargées d'emblèmes, et qui, repliant l'annulaire et le petit clijjt. étendent Jepouce, l 'index et le médius, fai-sant ainsi le geste rituel de la .1benedictio lalina, qui persistadans la liturgie chrétienne; on adémontréque ces mains étaient

= di:= I ' 2Igeant ses fidèles (fig. 66) 3. Mi-

la =de divinité

t I: .

probablement aussi des autels - -sur les bords de la Mense commesur ceux du Rhin . Les corpsde troupes asiatiques avaient

transporté à la frontière les W-----cultes de leur patrie, et il n'est

- Mu VOTIVE Dl DIEU: ',BLpas surprenant que des soldats(Mu. 1. Inqialil c ii_I

OU (les marchands les aient pro-du

pagés dans nos cités. Avec eux, les Belges avaient appris à pratiquer certainessuperstitions qui paraissent bien provenir aussi du lointain Orient, mais quiétaient si répandues qu'on rie saurait dire quels émissaires les avaient appor-tées dans le Nord un clou de bronze (fig. 67), décoré de fines incrustationsd'or 6 fut sans doute déposé dans un tombeau avec des formules conjuratoires

nument d'lgel). - Le lion tenant sous ses griffes un bélier est aussi un motif d'ornementationfunéraire qui est d'origine orientale; cf. Calai. moi. lapid. .lÏu.se du Cinqisanfrnaire, n. 182.

s. Supra. p . 75.2. Bulletin des Musées YOVciuX, IV , 1904-1905, P. .. 1.'une d'elles a été trouvéeà Rumpstsurlc

Rupel. Elle y u eertineruent été apportée par quelque matelot de la elassis Germanic.a h, quiavait ici une station (supra, P. 30) et dent les équipages comprenaient beaucoup d'Orientaux.3. I3L1NNF.NFIER5 Archtïl. Studien, 1004, pp. 66 se.. Cf. nies Monsni. relatifs aux nvsI.,rcs de Mithra, t. I, P. 257.. Supra, n. 2.

ô. Clou trouvé à Tongres. Musée du Cinquantenaire, inc. n° B. 866 (inédit.) - Sur les clousmagiques, dont on perçait parfois en Gaule les pieds et les mains du cadavre cf. Revue des Étudesane jenss 1002, ). 01 ; S. RiciNAcfl, Bronzes gurés de la Gaule, 5892, p. io;Golden Bouçh. Il 12, p. 31 sa.

7

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Fig. 07. - CLOU MAGIQUE TROUVÉA TONGRES. (Musée du Cinquanl.enaire.)

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'74

pour y fixer à jamais le mort et l'empêcher de venir tourmenter lesvivants.

1.15 religions orientales, tout imprégnéesd'astrologie, ont imposé à l'Empire unenouvelle conception du monde : celle d'ununivers irrésistiblement régi par les influen-ces célestes et gouverné par les révolutionsdes étoiles, qui fixaient la destinée (le cha-cun irrévocablement au moment (le lanaissance. Cette théologie, qui triomphadans 1e paganisme à son déclin, et qui s'as-socia au culte du Soleil, (les Constellationset des Éléments, se répandit aussi dans noscontrées de là ces images des Vents, duCiel, du Soleil, des signes du Zodiaque, quiy ont été découvertes, et ce culte parti-culier de la Fortune, dont témoignent lesinscriptions et sculptures 1.

Ces doctrines astrologiques, devenuespromptement populaires, se combinèrentétrangement avec les croyances celtiques,restées vivaces chez les Belges. Au 11e siècle,semble-t-il, ceux-ci fabriquaient des vasescurieux dont la panse est décorée d'unesérie de sept bustes en relief d'une exécu-tion barbare 2 figurant des divinités gau-loises dont la plus caractéristique est ledieu cornu tricéphale. Ces divinités sontcelles des planètes, se succédant dans l'ordre

i. Signes du zodiaque et Vents', bronzes d'Angleur, C171ioNT, Moum. in rsti9'es de Mithra, IIP. 427, o 316, et monument d'lgel.Ciel : Calai. Musée du (1-niquanlenalre. flbi 176 et 174(p. 215)ESPRAN01EU. V, n° 4138. - Soleil : ibid., n t, 171 = ESPÉRANuJEC, V, "0 4134. -Fortune: ibid. 11° 171, 192: RENARD, 131411. InsI. arc1uoi. liégeois, XXXII, 1902, p. t T3u11. Soc,scienhi/. du Li-ni bouri,', XXI 11, 1905, isp. 29 Fi. - (in il à Macon une statuette en argentde la Fortune surmontée des bustes des sept divinités (le la semaine (J . DE \VIT'r e, Gazt'Uearchéologique, 1879, P . 3, pi. 11 = RF.1NACII. Ii'éJ'ert., Il, P. 263, m(°4).

z. Un de ces vases a été découvert à Jupilic (Musée de Liège), un autre probablement à Bavai(Cabinet des Médailles de Paris); des fragments (l'un troisième ont été recueillis à Élouges prèsde Mons (Musée du Cinquantenaire) et d'un quatrième aussi à Bavai (Muséc du Cinquantenaire);d'un cinquième, quelques débris sont au Musée de Charleroi: cf. ne VIi.1.EN0ISY, Rull. de l'Jnst.

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où elles présidaient aux jours de la semaine, telles qu'on les voit fréquemmentreprésentées dans nos contrées sur la base des « colonnes au géant Seulementà Sol, Luna, Mars, Mercure, Jupiter, Vénus et Saturne le potier nervien outongre a substitué cet de ses dieux nationaux qu'on identifiait avec eux. LesFrancs firent de même plus tard en Gaule, comme le prouvent encore les nomsflamands de six jours sur sept : tandis qu'ils adoptèrent telles quelles les appel-lations latines des mois, qui n'avaient plus pour eux aucun sens, ils tradui -sirent dans leur langue celles des jours, dont nul n'ignorait la signification reli-gieuse, c'est-à-dire qu'ils les attribuèrent à leurs dieux germaniques, équivalentsréels ou supposés de ceux (les Romains Zonne, Maand, Things, I)onar, \Vodan,Freya 2 Saturne, seul, garda ic samedi (Zaterdag, anglais: Saturdiv), sansdoute parce qu'on ne lui trouva pas de substitut convenable. Pareillement,sous l'Empire, le petit peuple, resté celtique, de la Belgiquela poterie com-mune dont nous parlions le prouve eut son jour de Teutatès ou de Cer-nunnos, d'sus ou d'1pona, mais nous ne Connaissons point exactement lesnoms de cette hebdornade.

Lorsqu'ils créèrent celle-ci, en plaçant chaque jour sous le patronage d'uneplanète, les astrologues (le la péiiode alexandrine firent une invention dontle succès devait être prodigieux. L'usage de la semaine commença à se répandreen Occident vers l'époque d'Auguste avec les religions orientales, et nous levoyons, au n° siècle, adopté jusqu'aux extrémités de la Gaule 3 . Il devait s'im-planter si fortement en Europe que l'Église ne réussit pas à l'extirper etnous continuons à nous servir, sans y prendre garde, de vieilles appellationspaïennes, faisant ainsi de l'astrologie sans le savoir, quand nous disons: lundimardi, mercredi .,.

archéol. liégeois, XXIII. i8cs, p. 42 3 -430 et Ibid XI, P- 481, pi. VIII. - cf. Jl'i.LIAN, Revue desÉtudes anciennes X, i9o8, p. 173, pI. XIl-XIll.—Surcl'autres fragnients de vases d'une techniquesemblable, avec seulement quatre bustes, cf. L. RENARD, Bulletin de la. Soc. scient.. du Lirnbourg.t. XXII, «004, p. iqS. - M. E. Eriiger. qui a étudié en détail la technique du vase de Bavai, lecroit sorti d'un atelier qui fabriquait de la céramique belge.,, et il est d'avis qu'il ne doit pasêtre postérieur àl'époque de Tibère (Congrès Fédér. avcliéol. de Liège, Iqo,), II, p. 123 ss.). Mais ilParaît iinposi'ible qu'à cette date la semaine planétaire eût déjà été introduite dans le nord do laGaule, et la colnposnion de ces vases semble devoir êlre nijsè en relation avec ce réveil de l'été-ment indigène dans la religion gallo-romaine qu'on constate au n' siécle. La monnaie la plusrécente trouvée avec le vase de J upil le est de commode.

I. cf. nitra, P. I04. - Bustes des planètes cf supra, Il. 102, n. s, et mes Ma-nom. inystéresde Mithra, J, P. ii., n. 1.

2. Zondag, Maandag, Dinsdag, \Voensdag, Donderdag, Vrijdag.3. Il est impossible de supposer, comme le fait M. JULLIAN (toc. Cit.), que la semaine ne soit

pas d'importation romaine, mais indigène en Germanic . On peut établir qu'elle fût créée enOrient à une date récente, probablement au iI' siècle av. J.-C., par les astrologues, conformémentà leur système général de chronocratories; cf. J3OUCIIÉ- . LECLERC,,J, Astrologie crecque, i800,Il . 474 ss., et FRANZ BOLL dans PAULY-WISSOWA, I,'eal,iic., s. y . HeliIomc '., ol.

4. Cf. mon .lstrotogy and Religion, 1012, P. 165.

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Des conceptions orientales ont aussi inspiré, dans son esprit et dans ses for-mes, l'adoration des empereurs, qui, après s'être développée dans les monarchieshellénistiques, devint véritablement la religion officielle (le l'État romain.L'action de Rome et de l'Orient consista partout à établir, au-dessus des cultestolérés des cantons et des tribus, celui (les dieux universels ou, comme ondisait déjà, u catholiques » , à qui tous les hommes, quelle que fût leur race etleur patrie, pussent rendre hommage Aucun ne semblait plus propre à les réunirdans une même communion que celui du souverain divinisé, à qui ses sujetsde toute nation pouvaient marquer un égal dévouement 1. Mais aux frontièresexposées aux incursions, le patriotisme était, pour ainsi dire, tenu constammenten alerte, et les manifestations de reconnaissance envers les princes victorieuxse multiplient en Gaule dans les régions les plus menacées par les Germains.Tel est, en effet, le caractère de ces colonnes au géant ' qui se dressaient aussinombreuses dans notre pays que sur la Moselle et le Rhin. Nous en connais-sons dès maintenant une vingtaine dont les débris ont été découverts dans laBelgique actuelle 2, où aucun monument du paganisme n'a été reproduit avecune pareille fréquence. Sur un fondement assez large reposait une hase cubiquedont les quatre faces portaient chacune l'image d'une divinité à cette base,était généralement superposé un socle plws petit, octogonal, et sept de ses côtésétaient décorés (les figures des dieux de la semaine, le huitième étant parfoisréservé à une dédicace; au-dessus s'élevait une colonne ronde, à chapiteaucorinthien, surmontée d'un groupe étrange : un cavalier, en grand costumemilitaire, foule aux pieds (le sa monture un géant anguipède. Ce monstre, écrasépar un héros romain, représente symboliquement la barbarie germaniquevaincue par l'empereur .

I. Cip. 2 . ;, il. 32. CUMONT, Fragments de colonnes au géant dans. l"édér. archéol. de Bel giqice , XXV session.

Liège, bec, t. il, p. 542 ss., et .4 ena.les de la Soc. Archée!. de Bruxelles, XXIV. 191 1 , P . 4 85 SS.

Catalogue du .'l!usi'e du Cinquantenaire. 2e éd.. n° 16q ss. - Nouvelles publications : H.SLKTX,

La pierre à quatre dieux de Berg les- Ton gres. dans Bu!!, lest. archée!. liégeois. XI-1. 1911, p. 223

SS.; L. Risieo, Chronique archée!, du Pa ys de Liège, Vil, 191 2, P. 8ô SS. Base dc' Macstrichtt

On trouvera maintenant ces sculptures bien reproduites clans Es p é g aNi,IEU. t. V, ii° 3(384

4003, 4004 . 4024. uS. 4E4130 's -3. Cette interprétation, que j'ai toujours considérée cc.runte la vraie. me parait définitivement

établie par la découverte du iiionuiiient d'Yzeures (E5PÈRANr)1EII . Resue orch»ologiqiee. 1() 12.

il, p. 2 1i ss) . Ces cnlnnncs. quoi (Ill 'o il eil ait dit., ne sont pas plus gerinaulilue s que les dieux

planétaires quel les pci (ciii; ut. supra, p. 103, n. 3. T.a grande colonne sculptée élevée 'tJupiter par le " canabarju de Mayence, en iO. est plus ancieflnC jtie les s colonnes au géant «etleur sert, on quelque sorte. de protot ype elle aussi est purement inLpériaIv et romaine, connue l'a

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Le nombre de ces monuments votifs, expression de la reconnaissance despopulations pour la sécurité que leur assuraient les empereurs, est une mani-festation éclatante de leur esprit de loyalisme et de leurs sentiments de dévo-tion envers les souverains qui incarnaient, pour elles, l'idée de patrie. Rome leuravait donné la paix et la sécurité, le premier des biens. Elle avait mis fin àleurs luttes intestines et aux ravages des hordes germaniques 1 Sous la protec-tion des légions, dont les camps, comme les bastions d'un rempart circulaire,gardaient le fossé du Rhin, ces nations avaient pu exploiter les richesses d'unsol fécond, étendre leurs champs en défrichant les forêts, développer leurs indus-tries minières et textiles, s'élever à un degré enviable de prospérité écono-mique. Les barrières que dressait entre des tribus guerrières leur hostilitéréciproque étaient tombées, et elles profitaient des apports de peuples loin-tains, auxquels elles fournissaient des produits recherchés. Elles étaient deve-nues les cellules vivantes d'un grand organisme, qui se renouvelait par deséchanges perpétuels. En même temps, elles avaient connu des lois plusparfaites, obtenu une justice plus sûre, acquis des moeurs plus policées, etparticipé à une haute culture littéraire et artistique. Il n'est pas surprenantque, grâce à tant de bienfaits reçus, nos ancêtres se soient attachés à l'Empireet aux princes, et qu'ils aient multiplié les preuves de leur dévouement enverseux. Aucune violence ne les avait contraints d'abandonner leurs coutumes,leurs croyances ou leur langue. Rome avait compté uniquement, pour lestransformer, sur le rayonnement de sa civilisation - la conscience de sasupériorité lui permettait cet orgueil - et le consentement des peuples luiaccorda cette conquête morale, cette soumission des volontés et cette concilia-tion des coeurs, que n'aurait obtenues aucun asservissement.

LI'

.1 cet âge d'or devait succéder brusquement un âge de fer. Las paix romaine »fut un bienfait transitoire, bien que notre tragique histoire ne connaisse aucuneautre période aussi longue où notre sol n'ait été ensanglanté ni par la guerrecivile, ni par l'invasion étrangère. La révolte de Civilis, la dernière tentativepour détacher la Belgique de Rome, date de 70. Au siècle suivant, cette régionexcentrique paraît n'avoir jamais souffert des luttes des prétendants à

montré d'abord OxÉ (Main.zer Ze.itschri/t, VII, I92, P . 34ss.), qui rappelle notamment que descolonnes semblables se dressaient surie C.api toi e (Di œ; XXXVII, ; Cm., Cahi., III, 18 ss.;De dïv. I, 57), et comme Ont achevé de le prouver S. REIxACI-! et Me STRONG (Revue arcijéol.,2913, II. P. 3 .21 ss.).

i, TAC., Hist., IV, 74 SS.

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io6 78]

l'Empire. En 178, lus Chauques, profitant d'un moment où la frontière étaitmomentanément dégarnie, firent irruption sur la Meuse, mais les milices localessuffi-eut à les refouler [ . Ap cette chaude alerte, on se sentit (le nouveau ensécurité de l'Escaut aux Pyrénées, dans des provinces sans armées, des villesouvertes et des campagnes pacifiques se fiaient à la supériorité séculaire deslégions tin Rhin pour contenir l'ennemi (lu dehors. La (léhacic se produisitsoudain à la première grande invasion des Francs, sous Gallien, en l'an 23.La digue de Gcrmanie était rompue, et l'océan barbare se répandit dès lors parvagues successives à travers les provinces d'Occident. Après Aurélien, en 276,

ce fut la grande curée de la Gaule romaine,>' les demeures opulentes furentpillées ou incendiées, les habitants massacrés ou emmenés en esclavage,les champs ravagés, les cités mises à sac avec une joie sauvage. L'épaissecouche de cendres qui recouvre les ruines de Bavai témoigne encore élo-quemment de cette fureur dévastatrice, et les souterrains des villas sacca-gées et brûlées ne contiennent plus guère que les débris dédaignés par l'envahis-seur. 1)e crainte d'être dépouillés, les fu yards enfouirent à la hâte leur or etleur argent au fond de cachettes sûres, dans l'espoir, souvent. (lécu, de venirretrouver ces trésors, la sécurité rétablie 1.

Après la tourmente, on chercha à protéger les villes réduites et les bourgsdiminués, en les fortifiant à la hâte. C'est alors qu'on entoura de muraillesArlon, Tongres et probablement Namur, en jetant dans les fondations lesdébris tics monuments et des tombeaux détruits par les barbares 1 . Bavai etCassel rasés, on transporte à ('ambrai la capitale des Nerviens, à Tournaicelle des Ménapiens 5 et, par suite, ces villes deviendront le siège des évêchés.Inaugurant une tactique nouvelle, on défend les voies de communication parun système de camps et de redoutes 1 , et l'on protège, en particulier, la grande

. cf. supra, b, n. i.2. JULLIAN. t. IV, p.3. Cf. BLANCHET, Les Trèsors de monnaies et les invasions germaniques. Paris, igoo. Un grand

nombre de ces trésors ont été enterrés sous Gallien dans le nord de la Gaule par suite de linva-SiOti de 259.

. Arlon : SCHUER1IAN5, Rail. COMM. Art et A rchéol., XXVII, s883, p. 52 55. - Namur Ibzd,XXiX, 1890, P . 2 41, et Annales Soc. .4 rché al. Na,nur, XVI, 1886, p. 50. -- 1ungrcs:Age de lacolonne de Lougres dans Congrès de la Fèd. '*rchéol., 1 ongres, ï €'oi, p. 29 SS. IL cri fut de mêmeen France cf. A. BLANCHET, Les enceintes romaines de la Gaule. paris, 1907.

5 . La Notifia Gailiarum, VI, 7-8 (éd. Sceck, p. 26€') donne (vers 400) civitas Turnacensium(pour Menapiorum ') civitas C.amaracensium '. (pour e Nerviorum e). De même la Notsiia dig-ni-/atusn (0cc.. 25, 2) parle de « milites Turnace'nes pour désigner Les Ménapieus cf. CIL, Xlii,pars I. P 5 1 ) .7-5 t )q

6 Le camp le. mieux conservé est le Castelet e de Rou vero, qui parait avoir été occupé aui ve et au début du Ve siècle. il est situé 5 2 1/2 kilomètres de La voie de Bavai S Colo gne et à2 kilomètres dcl 'embraiichentent qui, partant de Givrv, reliait cette '.-oie Scelle de Bavai à Dinant.

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chaussée de Boulogne à Cologne, qui garde toujours une importance straté-gique de premier ordre. Des sommets escarpés, dont 1'accè est défendu parun rempart élevé à la hâte, servent de retraite, quand l'alarme est donnée,aux populations fuyant devant l'envahisseur 1 . La Belgique est dès lors unpays hérissé de forteresses et de retranchements, sans cesse parcouru et ran -çonné par les troupes, une marche frontière tour à tour perdue et reconquise.Tongres devient, comme Trèves, un des boulevards de l'Empire, car la lignedu Rhin forcée, c'est celle de la Meuse et de la Moselle qu'on s'efforçait dedéfendre 2 Mais les Francs Saliens, maîtres de l'île des Bataves, menaçaienten même temps la région de l'Escaut, tandis que les pirates saxons descen-daient sur les rivages de la mer du Nord .

D'autres parties de la Gaule, moins exposées, purent jouir encore, auive siècle, d'un renouveau de prospérité. Les lettres florissaient en Aquitaine autemps où Ausone enseignait l'éloquence à Paulin de Noie dans l'école de Bor-deaux. Trêves même, à l'abri de l'Ardenne, atteignit une grandeur plus écla-tante après qu'on l'eut élevée au rang de résidence impériale, et dans l'île deBretagne, protégée par sa ceinture marine, la civilisation put continuer à progres-ser en paix . L'époque de Constantin est ici un apogée; pour la Belgique, c'estdéjà la désolation. Aprement disputée entre Germains et Romains, celle-ci,depuis le milieu du ,le siècle, ne connut plus ni repos ni répit. Déjà en 291,

Maximien établissait les Francs dans les champs laissés en friche par les Ner-viens et les Trévires , et soixante ans plus tard ils occupaient toute la Toxan-drie 6

Toutefois ces guerres, qui accumulaient les ruines et tarissaient les sourcesde toute vie économique, ne furent pas entièrement défavorables à la romani-

Cf. Da PAUW et 11UI3LARD, Notice sur le Castelet de Rouveroy dans Annales du Cercle archéol. deMons, t. XXXVI, 1907, P . i ss. - Un toit d'arrêt, datant de la tin de l'Empire, vient d'êtreexploré à Buzenol, non loin la route (le Trêves à Reims. Le résultat des fouilles sera exposépar le Bon de Lob dans ces Annales.

i. Ces camps de refuge, datant de la fin de l'antiquité et qui, en partie, ont probablementservi aussi de postes de défense àl'armée, ont été signalés surtout dans le pays deXamur.Onen areconnu à Montaigle, près de la route de Bavai à Trèves par Dinant (Annales Soc. Archéol.Namur,XVIi, 1886, P. 470 ss.). à Pry (ibid., P . 477), à Éprave et à Dourbus (BEQUET, ibid., XIV, 1877,p. 213 ss. et XV, 1881 , p. 310 ss.), à Furfooz (BEQUET, ibid., XIV, 1877, p. 39 ss.), à Vogenée(BaQUET, ibid., XVI, 1883, p. 26 ss.). etc.

2. Aiin MARC, XVII. z, 2.— Pour Trêves, cf. CRAMER, Das rbmische Trier, 1911, P. 22.. G. KURTH. La Frontiére linguistique (Mém. Acad. Belgique, XLVIII), Bruxelles, 1896, L

P- 530.

4. HAVERFIELD, 0/,. dit., P . 57.5. Inc. paneg. Const. dictus, si : « Nerviorum et Trevirorum arva iaCertia... receptus in lege

Francus excoluit. »6. G. KURTJI, op. cil.; cf. PIRENNE, Histoire, I, p. ix ss.

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sation. Durant cette période, non seulement les villes et les bourgades, maisaussi les campagnes furent occupées par de fortes garnisons, et l'action queles troupes avaient eue à l'époque antérieure sur le Rhin î, elles l'exercèrent,en quelque mesure, d'Arras à Tongres, le long de leur nouvelle ligne de défense,bien qu'alors l'armée fût composée surtout de Gaulois et de Germains. Deplus, les habitants des plaines cultivées (lurent chercher un refuge dans lesbois, et achevèrent ainsi de latiniser ce qui, dans l'Ardenne, pouvait subsisterd'éléments celtiques. (I)ii a observé que la limite presque rectiligne qui sépareles dialectes flamands et wallons coïncide avec la lisière de l'ancienne ForêtCharbonnière. En s'emparant des labours féconds de la Nervie, les FrancsSaliens s'appropièrent sans efforts les fruits du travail séculaire de producteursindustrieux, mais leur colonisation s'arrêta là où cessait le défrichementromain, au bord de la forêt, profonde, perfide et stérile comme la mer. Lemassif boisé de ]'Ardenne opposa de même sa barrière in franchissable auxprogrès vers l'ouest des Ripuaires et des Alamans 1.

La romanisation, compromise et en partie détruite par les invasions bar-bares, devait être reprise par l'Église. Celle-ci se développa tardivement dansle nord de la Gaule : le premier évêque connu de notre pays, saint Servais,occupait le siège de Tongres au milieu du I ve siècle . Au moment où les com-munautés de fidèles se constituèrent dans nos cités, le latin, exclusivementemployé dans les temples, régnait sans partage dans la vie religieuse commedans la vie civile, et c'est pourquoi elles ne songèrent, ni dans le culte, ni dansla prédication, à ressusciter le gaulois 1 , comme elles le firent en Syrie polirl'araméen et en Égypte pour le copte. Dans tout l'Occident, le vieux parlerdu Latium fut la seule langue liturgique (le la foi nouvelle, comme il avaitété celle du paganisme. Roine, devenue chrétienne, maintint et imposa l'unitéexclusive qui existait avant sa conversion, et elle continua le travail d'assi-milation qu'elle avait accompli païenne dans les provinces barbares soumisesà son influence. Les derniers îlots celtiques disparurent, et des Germains eux-mêmes apprirent à se servir de l'idiome étranger qu'avant eux avaient adoptéles peuples qu'ils subjugaient . Ce ne fut pas uniquement la langue du passé

J. Se/oi. p. 10.2. G. KURTII, o/'. ci?., t. I, p. 546 55.I'itSENNE, loc rit.:t . IIAISNACK. .4 uslOeUIiflC d,ç Christe; unis 2, 9n6, p. 230.4. Lin passage niai compris le saint lr,néc 111, 4. 21 a fait croire que. de son temps. on

chait parfois en gaulois, itiaisit' texte ne lit rien dc semblable.5. Mo,iisr:s, Rômzsche Gi'sçhichfr. V, p. 92. - II est évidemment inipossible d'évaluer. même

le nombre (les habitant, parlant encore le ccltt':1ue au nionient des invasions;mais il était, je crois. restreint. II n'y eut point cil de' î ('ehic revival ., coiiiine en Bre-tagne, après le départ des Romains (FhsvuLsriELD, p. ti -s.), et il me paraitcontraire à toute

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[i8i] 109

que l'Église conserva et propagea ainsi, mais tout un ensemble d'idées antiquesqu'elle avait incorporées en elle et qu'elle anima désormais de sa vie. 'Tandisque l'orthodoxie byzantine faisait pénétrer l'hellénisme dans les régions occu-pées par les Slaves et les Albanais, l'apostolat catholique poursuivait dansl'Europe occidentale l'oeuvre de la romanisation.

vraisemblance de supposer (DRACENDORFF, p. 117) que les campagnards, les pagani ', auraientcontinué dans une large mesure à se servir du gaulois et auraient été lentement latinisés plus tardar les villes devenues les sièges des évêchés. Les dialectes romains se sont maintenus chez nous

précisément dans les cantons les mieux soustraits à toute infi Itence urbaine, au fond de la ForêtCharbonnière et des Ardennes, et l'évêché de Tongres-Maestricht n'a pas empêché le Limbourg dese germaniser complètement.

8

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TABLE ANALYTIQUE

Aduatiques, 8, 1 4-1 0 , 94; cf. Tongres.Acltre, 78 n.Afrique, 12, 95.Agisillus, 68.Agricola, 90; cf. 110 il. '2.Agriculture (développement), 62 55.Agrippa, Il, 17.Alamans, xo8; cf. Germains.Albanais, 109.Alésia, 45 n. 6; 74 n. 6; 79.Alexandrie, 52 - verriers, 71 - orfèvrerie,

57 ; cf. Égypte.Alphabets, 93 n, 3.Alsace (potiers), 69.Altrier, 86 n. ; ioo n.Ambre sculpté, 51.Amiens, 11,36; cf. Picardie.Amours vendangeurs, .57.Amphithéâtres, 6o n. 1.Amphores de vin, éi S.Andalousie (vins importés), 61.Anderlecht, 78 n.Anisatiis (potier), 68 n. 2A nwna mililarls, 90.Anthée (villa d), 39 n. I ; 43 n. 1; 14 ri. 3;

4511. 5; 46 n. r; 6o n. ; 75, So.Antonins, 7, 87; cf. Itinéraire.Antonine (constitution); cf. Caracalla.Apollon, 93 n. 3 - de Trêves, 79.Aquitaine, 39, 69, 107.Araméen, io8.Arbres fruitiers, 62 S5. - sacrés, 99.Archéologie (importance de 1'), 7 S.Archers nerviens, 18.Architecture, 40 ss., - funéraire, 87.Ardenne (Arduenna.), 14 S., 107 —domaine

impérial 8 fl. 3; 37 n. 6 - mines etfonderies, 25, 37 SS., 75 - population, 9fl. 4 39 Il. 2— divinisée, ioo n. j - ro-inanisée, 38, 108; - cf. Trévires.

Ardoise (usage de 1'), 46.Arentsburg, 69 Il. 2.Arezzo, poterie (vasa Arrel'ina), 67 ss., 70.

Argenture, 50, 79.Arlon (Orol(iun un?), 55 5. - murs, 106 -

thermes, -sculptures, 82 SS. cf. 48 n.i; 51 n. i; 100 n. 5 - vin, 61 - brasse-rie, 6E - industrie, 6 - écoles, 90 -cf. Trévires.

Armée, 18 ss. -,on action, so, 507—four-nitures à 1'., zo; cf. Camps. Légionnaires.

Arménie, 12, 19Armes (pierre, bronze, fer), 25, 36; -

cf. Hache.Arquennes (villa d'), 60 n.Armas (Nemetacum), 15, io8—draperie, 36

- vase d'argent, 57 n. 2 — cf. Atrébates.Art - oeuvres recherchées, 49 S5. - pénètre

l'industrie, 58 - caractères en Belgique,86—. cf. Sculpture.

Astrologie, 102.Ateus (potier), 68 n. 5.Atrébates (Artois), 15, 25, 72 n. I ; cf. Arras.Attis, 75, 100 S.Atuatuca, s'. Tongres.Auguste, u, 2, 27, 36, 70, 83, 90, 97 -

Prêtre cl'., 23.Aurélien, 106.Ausone, 107; cf, 33 n, 3; 46 n. 4 , 5; 6o Il. 4,

5, etc.Autun (école d'), go.Bacchante, 82.Bacchus, 48:— attributs, 57 ri. 2.Bains, 45, 48, 62.Ballots chargés, 85 - transportés, 30.Barbares. y . Germains.Barbotine (vases à la), 66, 67 n. 6.Bartlow-Hills (tumulus), 48 n. m; 49 fl. I

82 ii. m; 88 n. I, 3.Basse-Wavre (villa de), 44 n. 3; 45 n. ;

Il. 1, 2; 47 n. 6; 52 Il. 4; 60 n.Bassins des villas, 43 .Bastogne, 10 n. ; lb, 98.Bataves sont germains, 9 n. 4 - cavaliers,18; 33 n.7— et Francs, 107—révolte des,

V. Civilis.

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112

Bau vais, s i.Bavai (Bagacum), 8, 14 SS, 47 n. 3 s;

55, 59, 6, 69, 7011. I; 75, 102 n. ; 506,- Cf. Nerviens.

Belgica (Gauia) -limite orientale 9.Belgique avant la conquête, 6—population,

o - sans villes, 9 - sans armée, 10 -troupes levées n, iSfruits intro-duits, 62 S. - vignobles, 63 0. 3 - cf.Agriculture, Art, Bétail, Blé, Commerce,Enseignement, industrie, Religion, etc.

Belsus, 66 n. I.Btnediciw latina, soi.Bétail (élevage), 33.Bibliothèques, q!.Bière, 6° S.Bijoux, 50, 80.Birrus nervien, 36.Blé (culture (1u), 24, 32 - exportation, 32.Bol de Couvin, 7 - de la Plante, 81 -

en terre sigillée, 67 S.Bordeaux, 107.Borsu, 48, 55. 57.Boulogne (Geso'iacum), II, 15, 17, 25 s.;

29, n. 3.Bourges (Bituriges), étamage, 58, 74 n. 6,

76.Bracelets en jais, 8o - dédiés à Hercule,

99 n. 2.Brasserie, 61, 85.Bretagne, armée, 17 - commerce avec

la Gaule, z6 s. - avec le Rhin, 29 n. 3; 32- mines, 39 - étain, 25 - blé, 33 -architecture, 5 n. 7 - cerisier importé,62 - exporte poterie, 67, en importe, 69- verre, 74 - tumulus, 88 écoles, 90- cultes, 98,99 0. 7 - temples ioo n. I- au ive siècle, 107, soS n. 5, cf. Carau-sius, Londres,

Briqueteries, 65.Broches étamées, 76 - émaillées, 8o s.Bronze (âge du), 25 - bronzes fabriqués en

Belgique, 25 n. 1, 74 Ss. - italiques im-portés, 2511.3; 54S5.

Brunehaut (chemin (le), 16, 32.Bustes de marbre, 4.3 n. ; 83 1!, 4 - déco-

ratifs, 78 - ornent tombeaux, 87 - desplanètes, 102 - cf. Hermès.

Buveur (bas-relief), 86.Buvsingen, 6 .5 n. 5.Biizenol, 109 n. 6.Byzantins 509. ; cf. Grecs.Cachets d'oculistes, 93.Caligula, 68.Cambrai (Camara.cun), io6; cf. 9 Il. 2.

Camée de Tirlemont, 50.Ca.misia, 35.Campanie: exporte bronzes, 56,76.—verres,

70, 71 - cf. Italle.Campine, 14, 48; cf. Toxandres.Camps romains, 1o6, s. - de refuge, 107,

n. I. - cil Germanie, 14, 23, 68; cf. 19- cf. Armée.

(:arntihis, 99.Ca.nabae, 23.; Ca.nabari, 101 n. 3.Candélabre de T3orsu, 48.Canthares (le Vervoz, 51 S.Can/ruslei/ziae, q8 n. 3.Capitole, qÔ, 504 n. 3.Capoue (bronzes de), 56; cf. Campanie.Caracalla, 24, 96 Il. I.Carausius, 28.Car bona.ria. siIza, 37S., i o8. y . Charbonnière.Carrières, 46, 6.Carthage (verrier), 71.Cassel (Caslellum Mena.pzorum), 8, 55, 106;

cf. Ménapie.C.astelet de Rouveroy, ioh n. 6.Castor (vases de), 66.Caton cité, 90 Il. 2.Caucase, 82.Cavalerie, i8.Caves, 44 s.; 61.Celles en Hesbaye, 59.Celtes et Germains, q, 94 - demeures, 40

-. caves, 45 - poterie, 66 ss. - métal-lurgie, 74 ss. (cf. argenture, étamage)—sculpture, 78, 82, 84 - émaillerie, 8o -éloquence, 90 - religion, 98 55. - Cf.Druides, Gaulois.

Celtique (langue), 94 11. 2 95; cf. y n. 4; 98,108.

Censor (potier), 69 n. s.Centaure de Mettet, 78.Céramique commune, 66 - dite « de Castor »

66— ' belge», 67, 102 11. 2 - sigillée, dite« samienne », 68 s. - vases planétaires,102 S. - cf. Terres cuites.

Cerdagne, 34.Cerisier, 62.Cernuiinos 98, 103.César (Jules), 5, 6, '., 23, 36, 96, etc. -

Buste, 83.Cestiaire, 60 n. x.Char, charrette, 31, 8.Charbonnière (forêt), 37M.; 108.Charlemagne, 63 n. 6.Chasse, 67 0. 3.Chastres, 45 Il. 5.Chatham, 88, n. i.

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"3

Chauques, 34 - invasion, 20 n. I; ioô.Chaussée du diable, 12 fl. 1; I.Chevaux (élève des), 3 1 , 33.Ciel divinisé, 202.Cimbres, 27, 72; cf. Scandinavie.(.inêdes, 79 n. i; cf. qz.Cirque, 74.Cité (droit (le), aux soldats, 19 - aux Gau-

lois, 23 S. - aux pérégnns, 96 n. I.Ciue,ç romani, i; cf. Cité.Civilis (révolte (le), 17, 22, 205.(lassis, y . Flotte.Claude, 45.Clef de Bavai, 59.Clou magique, ioi.Cologne, 15 5., 21, 32, 33, 99 n. I. - com-

merce avec la Bretagne, 29 n. 3; 67 n. 3- verrerie 52 ri. 5; 72 s.

Colonisation romaine, 22.Colonnes au géant, 103, 104.Commerce (avant la conquête), 24 SS. -

maritime, 25 SS. - fluvial, 29 si. - ter-restre, 32 S.

Con.drusi (Condroz), 8, 32, 32; cf. Tongres.Coniuxheini (tumulus), 88.Constantin, 107.Copte, io8.Cordel, 44 n. 3.Cornélius Labéon, 27.Corroy-le-Grand, 52 0. 2.Cortil-Noirmont (tumulus, 51 n. r, n. 2;

56, 72.Courtrai (Cortoriacum) ;- (Vénus (le) 55.Couvin, 74,Crayats de Sarrasins, 38.Cristal de roche, 52 n. 2.Cuivre (min(.$), 77 n. 2.Cultes romains, 96 SS. - celtiques, y8ss. -

orientaux, TOC SS.Cybèle, 75; 200 s -Dames (jeux), 49.Danemark, 27; cf. Scandinavie.Décoration des villas, 45 s.Défrichements, 64, io8.I )enderwindeke, 78.Des, 49.Dexter (potier), 69 n. 2.l)hronecken, 86 n. 5; 100 n. 4.Dieux romains, 96 ss. - celtiques, 98 SS.

orientaux, Ioo ss.Dinanderie, 77.Dinant, 16.Dioclétien, gg.Dion (I. Beauraing), 79.Dispater, 98 0. 2.

Dïvei ticula, 16.Domaines (fundi) 64 n. i; cf. Villas.Domburg, 28, 67 n. 6; 1 o n. I.Dormnagen, 32.Dourbes, 107.Draperie, 35 SS., gi n. 3; cf. Foulons.Druides, 90, 100 n. 5 - druidesse, 99.Drusus, 27, 30 ri. 6; 68.Dyle (Thilia), 9.Éburons, 8, 32 n, ; 33 n. 6; 40.École (maîtres d'), 90 s.; y . Enseignement.Économiques (conditions), 24 - crise, 22,

40.Écosse, 95.Écriture (dillusion de 1'), 93.Église et romanisation, joS, s. - liturgie,

loi - semaine 103.Égypte, io8; cf. Alexandrie.Eifel, 1 4 111, 3.Elbe, 27, 30 il. 6.Éléments divinisés, 102.Élevage, 33.Élouges, 98, 102 n. 2.Émaillerie, 7E, 80 s.Empereurs propriétaires, 8 n. 3; 37- (culte

(les) 104.Encriers, 93.Engis, 5q.F.nseigneineut, 89 ss.; 93 5.Entarahus, 98.Efaticicum, 28 n. 7.Épices, 60.Épona, 33, 98, 100, 103.Éprave, 207 0. 1.Escaut, 8, 23, 14, 29, 30, 106 , 107.F.spagne (vins importés), 6o n. ; 61.Ésus, 9h, ioj.Étain, 25.Étalle, 15 n. I.Étamage, 58, 76.État, intervention, i I S5., 96, 205. - Cf.

Fin prcn ri.Évêchés, ioh, 108 n. ; cf. çj n. 2.Exportations, 32 55.Evgenbilsen (bronzes d'), 15 ri. 2.Fabius Priscus, 17.Fards, ho.Faustine, 52 fl. 2.Faux monna yeurs, 76.J'eclw, V. \'echten,Fées, oo.Fer (industrie du), 3 6 ss. - exportation,

cf. Fonte.Fermage (paiement du), 85.Ferrariac, 37 n. 5.

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I 14

Feux de la Saint Jean, 99.Fibules étamées, 76, 8211. 2—émaillées,8o,s,Figuier, 63.Finances (administration des), 20.Flamand mots empruntés ail latin, 400. 5

56 n. 1; 63 n. fi - semaine, 103 - li-mite, ioS.

Flandre, 13, 14 n. 1; cl. Ménapie.Fleuve (dieu), 55.Flotte de guerre (Classis l3ri1(Innica), 26

as. - Classis Ger,nanica, 30, ior n. 2.Fend-ries de fer, 37 S. -- de bronze, 75 -

de laiton, 77.Fontaine-Valmont, 84 n.Fonte de fer, 79 n. 7.Forts, y . Camps.Fortune (déesse), 47 n. 5; 78 n. ; 98, 102

Il. 1.Fouilles, 7.Foulons, 36, 131 fl. 2 cf. Draperie.Fours à potier, 66.Foy-Noville, 98 n. 2.Francs, 28 - draperie, 36 - verrerie, 71

- verroterie, 81 - bâtisses, 40 fl. 5 -- langue, 05 - vaisselle, 66 n. I -fruits, 73 n. 6 - semaine, 103inva-sions, 106 S.

Fresin (tumulus de), 52 0. 5; 56, 60 n. 3.Fresques, 47.j'ro,?tonlana officina, 74.Fruits (Culture des), 62 SS.Furfooz, 107 n. I.Gaule - mines de fer, 37 n. 4 - de cuivre,

7711.2—importe vin, 61—verrerie, 70ss.- cérarni(llle, 67 SS. - mosaïques, 46n. 1.—décoration, 4711. 3—Sculpture, 83- écoles 8g s.; cf. î Alésia, Aquitaine,Bourges, Lyon, Provence.

Gaulois, dans l'armée, ig, 107 - droit (lecité, 23— cf. Celtes,

Gaélique,Galates, 95.Gallien, job.Ganymède, ion n. 5.Géant angiiipède, 104.Germains et Celtes, 9, 9 - latinisés, io8

—Invasions, 106 S. —dans l'armée, ioS;cf. 18 - consomment vin, hi n. 7 - cf.Alamans, Bataves, Chauqucs, Francs.

Germanicus, 27.Germanie: a) Province: limite, g— armée,

10, 17, 20 - romanisation, 10 - mines,77 Il. 2; 37 n. i - importation du blé, 33- du fer, 39 - poterie, 69 - Verrerie,4 n. 3; 71 - toile, 35 n. 5 - Villas, 42

n. ; 43 n. l - temples, 100 -- bains, '15n. 5 - sculpture, 83 - onomastique,95 n. 3 - cultes, 98 n. 6; 99 n. i - cf.Cologne-Rhin, Xanten. - b) Barbareimportations de Gaule, 27 n. 5; 68, 69,71, 77—Invasions, io., ioô ss. ; cf. Ger-mains

Germanique (langue), 9 n. 4; 94 n. 2.(;esoruuzcu•», cf. Boulogne.Gessenich, 77 n. 2.Gives (bois (le) 88, Il.Givrv, 78.Gladiateurs, 6o n. I; 74, 86.Graffiti, 93.Gra,nmaticus, go s., 93.Graufesenque 68.Grec en Gaule, 8 - Grecs, 8; cf. Byzan-

tins, Marseille.Haches de bronze, 25 11. 1 74.Hadrien, 69.I-lamsit (potier), 65 n. 5.Hanret (tumulus), 73.Harnachement (les chevaux, 31 n. 7; 33,

59, 77.Hainaut, 14, 16, 61; cf. Nerviens.Ilavettes, 66 n. ï.Heiligenberg, 69.Hellange, 52 n. 4.Herculanum, 48; cf. Pompéi.Hercule, 97 - !aguaanuts, 9g— apothéose,

10011- 5.Hermès (sculpture), 43 n. 1 ; cf. Bustes.Flerstal (tumulus (le), 48, 49 0. ï; 92.Hesbare 14, 32, 6 ,5 n. ; cf. Tongres.Hettange, 7, n. 4.Iliérax (auiige), 74 n. 3.Hollogne-aux-]-'ierres, 52 11. 3.huile, 62.Fiuitres, 60 n.Ilypocaustes,Icare, 100 11. 5.igel (monument d'), 32 n. I ; 87 fl. 2; 100

Il. 5.Immortalité (croyance à 1'), 49, ino 11. 5.Importations, 40 55. etc.Impôts, 20, 22.Industrie (développement), 64 55.Inscriptions, 7 - peintes ou graffiti, 93 -

toutes en latin, g.5.Irénée (Saint), io8 n. 4.Italie action en Germanie, 10— villas, 43

n. 3 — décoration, 45— sculpture, 87 -exporte : bronzes, 25, 55 s. - poterie,68 - verrerie, 44, 52, 71 - fruits, 62 S.

vins, 61 - huile, 62 n. - tuiles? 65

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I 15

wr"

n. 4- importations de Belgique, 34, 36,68 - ci. Rome, Campanie.

Itinéraire d'Antonin, 16.Itium, 25; cf. Boulogne.Ittenweiler. 69.jais (objets en), 80 n. 4.jambons ménapiens, 34.Jardins, 43.Jean (Saint), feux, 99.Jernelle (villa de), 39 fl. 1.Jérôme (Saint), 95.Jolie, fille de Titus, 83.Julien (empereur), 29 n. 3, 30 fl. 6, 33 [1. 5,

63.Juliers (luliacuni), 13, 98 n. 3; cf. 77 n. 2.J ulius Florus, 22.Junon, 96.J iipi]le, 66 n. r, 102 n. '2.Jupiter, 96 - d'Évreux, 54 n. 3 - tête

de, 50.Juslenville, 86 n. 5, 93 n, 3.Juvénal, 90, 92.Katwijk, 30.Laboureur (bas-relief), 85.Laiton, 77.La Louvière, 66, 73 n.Lampes, 62.Lanterne, 48 n. 3.Laodicée, 36.La Plante (Namur), 81.La Sauvenière (villa), 42 n. I.Latin, langue de l'armée, 18, cf. 93 s. - de

l'Église, xo8 - Diffusion, 8g ss.Latinne (villa), 39 fl. 1.Lavocourt et Lavoye, 69.Légionnaire (de fonte), 79 - de terre cuite,

87.Lcm.bus, 30 U. 4.Leodicus virus, 37 n. 6; cf. Liège.Les Fontaines (piédestal), 86 n. 5; 97 n. 3.Leyde (vieux), 30.Lezoux, 69.Libraires, gi.Liège (villa de), 46, 6o n. 4; cf. Leodicus.Limbourg, io8 n. ; cf. Campine, Tongres.Lin (culture), 35.Lion, motif d'ornementation, 59 - tenant

bélier, 100 U. 5.Londres, 23, 27, 32, 69; cf. 82 n. 2.Louvegnée (villa), 39 n. I.Lucullus, 62.Lugdunaise, 62; cf. Lyon.Luxembourg, 16, 47 n. i, n. 7; cf. Ardenne

- ville de(musée), 52 fl. 4; 73 fl. 4.Luxeuil, 6g.

Lyon, commerce, 61 - verrier, 71 - librai-res, 91cf. Irénée, Lugdunaise.

Mâcon, 102 fl. I.Maestricht, 15, 17, ho n. j;86, 108 n. 5.Magusanus, 99.Mains votives, lOI.Maisons, 40.Mannekensvere, 70.Marbres employés. 46 - sculpture, 83.Marchands italiens, 21 sS., 54 - syriens,

24.Marche, 16.Marques de potiers, ÛS ss. - de verrier, 73

n. i.Mars d'Anderlecht, 78 n. 4 - gaulois. 96

11. 3; 99 n. 3-de Merville, 9- Ultor, 97.Marseille, 74, 89 U, r; 92.Martelatige, 86.Matrice il, estamper, 75.3!alronae (déesses), 98; cf. 100.Maximien, 107.Mayence, 31, 33 1k. z; 6o n. 4 - colonne de,

104, n. 3.Médaillon de Bavai, 55 - de Nimy, 75.Médecins grecs, 89 n. r - gaulois, 93.Méduse, 75.Ménapie, 8, ioô - forêts et marais, 13

n. 3; 33 s.; - tourbières, 34 - sel, 34porcs, 34 -pêche, 34 n. 6 oies, 35.

- cf. Cassel, Courtrai, Tournai, Wervicq.Ménapiens marins, 26 - sur la flotte, 28 -

soldats, 18 - marchands, 31 n. 3 - de-meures, 40.

Mer du Nord 1-2,28, ho ri. 4; 107; cf. Océan.Mercure, 47 11. 5; g6 - de Givry, 78 - de

Tirlemont, 55, 78 - de Nimy, 75, 78n. ; gO ri, 3.-de Namur, 78 ri. 1 ; 96.

Mères (déesses), 98, 100.Messancy, 83.Métallurgie, 38 ss.; cf. Bronze, Fer, Laiton.Mettet, 78.Metz, bon.4; 6711. ; 73n.4; Son. ; 8

n. 10.Meules, 33 n. 3.Meuse, 13 s., 16, 29 s.; 77, loI, io6, 107 -

département, 6g - cf. Tongres.Milllefiori (coupes), 52.Milliaires, 73 n. 3.Mines de fer, 37, 39 ri. 4- cl. Cuivre, Étan,Minerve, 47 11. 5; 78, gO - de Chantilly,

54 n 3.Mithra, ior.Mobilier, .18.Modicus (mosaïste), 47 n. 3.Moissonneur, 8.

Page 114: Comment La Belgique Fut Romanisee _ Franz Cumont

116

Monnayage belge, 25—monnaies bretonnesen Belgique, 26, n. 3 cf. Faux mon-nayeurs. Trésors.

Monnus (mosaïste), 47 n. 3.Montaigle, 107 n. I.MontignicsSaimit-Christophe (Pont de), 16.Montignies-sur-Sambre (villa ( le), 44 n. 3.Mo/ates (maIres), 98 n. i.Morins, 25, 3!, 11.3; 3, 35, 62.Mors de Celles, .59 n. 3.Ilortethoe.k (Belcele), 83 fl. 3.Morville,Mosaïques, 46 ss.Muselle, 14, 29 S., 39 D. ; 42 n. ; 67, 69.

104, 107 - vins, ôr - cf. Trévires.Moules de vases, 66 n. x - de monnaies, 76.Mousty , 83 fl. 3:Moutons,M iirrina (vasa), 52.Mystères orientaux, 100.Narnur (slaiio), 9, io n. 2 - métallurgie,

38 SS., 76 - tuilerie, 65 n. - verrerie,71 - émaillerie, 81 - inscriptions, 95 n.3- murs, 106; cf. 107 n. 1.

Neerbaeren (vase de), 56.Negof'aÉres Br(annjcjanj 29 n. 3 - cf.

Marchands.Néhalennia, 28, 98, 100.Nernetac ion, y . Arras.Néolithiques, 2.3, 35, 66.Néron, 68.Nerviens (cité des), 8, 14, 17, 106 - trou-

05, iS - Commerce 31 SS. - blé, 32 -bétail, .33 - draperie, 36 - monnaies,25, 64 - vin interdit, 61 - tumulus, 88- dieux, 98, - Francs en Nervie, 107 S.

cf. Bavai.Neufchâteau, y . jemelle.Neurnagen, 91.Neuss, 32.Nimègue (Novionui'us), 's. 1 7. 30, 32, 33,

() ,5 n.Niniy, 75.Noms du personnes, q.Ni.itons, 99.Océan, ii, 26 s., Si ; cf. Mer du Nord.Oculistes.Ocquier villa d'), 47 n.Octave jeune, 5o; cf. Auguste.OEnochoés de bronze, 25, 56de verre,

72, S.Oies (élevage), 35.Olives importées, 6o n.Ornai tumulus d'), 50.Olympus (aurige), 74 n. 3.

Onomastique,Orient; cf. Alexandrie, Syrie.Orientaux en Belgique, 38, 94, lOI n. ; cf.

Syriens.Orolaunnm, v. Arlon.Oiidenbourg, 28.Paemani (Famenne), 8.Pagi, 9.Palatinat, bq; cf. Sarre.l'an de \Villemeau, 7g.Papier, 92.Parazonium «OrnaI, 50.Parfums, 6o.Paris, 63.Paulin de NoIe, 107.Pavements, 46.Pêche maritime, 34 r,. 6.Pécher, 6o n..., 6.Peel (marais) 13.Peinture, 47; cf. Polychromie.Peson de balance,cf. Poids.Peutinger (table de), 16.Philosophes (sat yre des), 92.Philostrate, Si.Phrygiens (dieux), ioo s.Picardie, 74 n. i; cf. Amiens.Pirates du Nord, 28; cf. Saxons.Piscines, 45.Planètes (divinités), 102 .5.5.Platane, 62.Plombiers, 17 n. 7.Plumes (commerce), 35.Plumes de bronze, 93.Poids, 56 n. ; cf. Peson.Poissons consommés, 60.I'olvchromie, 84; cf. Peinture.Pommes (vente des). 62, 85.Pompeï,18; cf. Herculanum.Pontifes, 96; cf. 23 n. j.Porcs ménapiens, 34.Poste publique, 13 ri. 2.Poterie, y . Céramique, Four, Vaisselle.Presles, io 11. 4.Prêtres de Rome, 23; cf. Pontifes.Priape, 149 fl. I.Procurateurs - finances, 31) - mines, 37

n. 5 - domaine impérial, 37 fl. 6.Provence (Narbonnaise), io, 22, 47, cf.

83.Prv, 1(17 11. 1.Punique, 95.Raisin (grappe (le). 82; verre 52; cf. Vigne.Reims, 14, 45, 68 n. 2 99.Religion, 96 S5.Remacle (Saint), 99 il. 8.

Page 115: Comment La Belgique Fut Romanisee _ Franz Cumont

I 17

Remagen, 69.Repas (scène du), 85.Rheinzabern, 6g s.Rhétorique, 89 s.Rhin : armée du, 10, i, 103 s.; cf. io8 -

routes vers le, ii, 14 SS. - commercedu, 27, 29 s.; 32 S., 69 —pays du, roi,104— cuivre, 77, n. 2 - sculptures, 83:cf. Germanie.

Rhône (vallée du), 71; cf. Lyon.Ricagambéda, 99.Ripuaires, io8; cf. Francs.Romanisation de l'Occident, 6 - (le la Ger-

manie, 10 - (le la Belgique, 10 - pasimposée par l'État, ii - au IV 1 siècle,107 S. - Cf. Art, Latin, Religion, etc.

Rome, 3, 35, 48,85— marmorar(l, 46, n. iimportations à, 104, 105; cf. Italie -

prêtres de, 23.Roue solaire, 99 n. 7.Routes, 8; ci. Voies.Rouveroy, io6.Rurnpst, 9 11. 2 30, 101 fl. 2.Rupel, 9, 39.Sabazius, TOI.Saint-Ulrich (villa), 66 n.Saliens, io; cf. Franc-s.Salznatore.ç, 34 n. 3.Saitus, 8 n. 3; 37 0. 6.Sainbre, 15, 2Q.Sarre, 77 n. ; cf. Palatinat.Satyre, 82.Sauvenière (source), 99 n. 8; cl. La Sauve-

nière.Saxons (pirates), 28, 107.Scandinavie, 72,cf. Cimbres.Schaerbeek, 63 n. 3; 72.Science pure négligée, 89 -- pratique, 93,

cf. go.Sculpture en pierre, 82 sa. - réalisme, 8g.Sel (le Ménapie. 104.Semaine, 102 n. r; 103.Septime Sévère, 15 IL I.Servais (Saint), ioS.Sièges pliants, 48 n. i - en osier, 48 n. r

qi - cf. iI 8, fig. 56.Silex, 24.Sinzig, 69.Slaves, iog.Soldat, y . Armée, Légionnaires.Soleil, 97, 99, 102 sS.Sources (culte (les), 99.Spa, gg n. 8.Stolherg, 77 n. 2.Strabon, 6, 26 n. i, etc.

Strigile, 49 11. 1.Stuc, 47.Superstitions, loi; cf. qq.Syncrétisme, qô.Syrie, 70, io8.S y riens en Gaule, 24 - verriers, 70 ss. n. 3

- cf. Orientaux.Tabella ungueniar:a, 60 0. 3.Tacite, 7, 6o, go, etc.Taunus, 37 fl. I; 39n. 4.Tavula, To1?Œ (= Dyle), j 11. 2.Temples celtiques, 100 rI. 1.Temploux, 65 n. 5.Térouanne (Taruenna), 15.Terres cuites (figurines), 86 n. 5; ioo n. 4;

cf. Céramique.Teutatès, 98, 103.Thermes, 45.Tliirimont (villa), 47 n. 4.Thyle, go.'filière, 27, 71; cf. 90.Tirlemont (tumulus de), 50, 78, 88.Toile, 35.Tombeaux (types), 87contenu, 49 -

décoration, 82 SS. 100— cf. Tumulus.Tongres (Aivatu.ca), 8, 15 S., 69, 99, io8 -

objets trouvés, 58 n. 2; 66 n. ï; 86 n. 5;93 n. 3; 97 fl. 1; 'j'j n. i; 1000. 4 TOI n.6—murs, ioô — évêché, io8

Tongres (Peuple), 8 sa.: 45, 47, 5' fl. 5; 94- celtisés, 9 n. 4 - troupes, 18 - éle-vage, 33 - exportation, 30 -- poterie, 58n. 2; 156 n. 1; 68 - laiton fabriqué, 77 -terres cuites, 86 n. 5 -- tumulus, 88 -cultes, 98, qqn. i, 2,7; iol; cf. Aduati-

ues, Condrusi, Hesbaye. Limbourg,iieuse.

Tonneaux, invention gauloise, 61.Tour de potier, 66.Tourbières, 31. 67 n. 2; 70 iI.Tournai ( Turnacum) , 15, 1>, loo ii. ; ITi:xaiidres, 18, yg, 107; cf. Cam p'Trajan, q, 69.Transylvanie, 05 n.Trépied de llorsu, 55.Trésors enfouis, I o6; cf. Faux-monnayeurs.

Monnayage.Trèves, 8, i, i6, 43 11. t; 4411. 3; 45, 107

- draperie, 36 - mosaïques, 17 - mé-tiers,6n. i—poterie, 6611. I; 6711.3; 69verrerie, 74 (cf. Corde.l) - faux mon-(laveurs, 76 0. 2 - sculptures, 84, 87 -instruction, go IL 6 91 11. 3.

Trévires, 8, 40, 48 n. i - langue, q— ce' -tisés,q n. - blé,32 II. 2—élevage, 33

Page 116: Comment La Belgique Fut Romanisee _ Franz Cumont

118

monnaies, 25, 64 - commerce du vin,ôi n. 6 - cavalerie, 18 - dieux, 98 s.,cf. 104 - temples, xoo n. i - Francsétablis, 107 - cf. Arlon, Ardenne, Mo-selle

Tricéphale (dieu), gS, joz.Tuileries, 65 fl. 5.Tumulus, 88; - cf. Coninxhei.rn, Cortil-

Noirmont, Fresin, Hanret, Herstal, Ornai,Tirlernont, Walbetz.

Urnes cinéraires : en verre, 72 - marbre,83 fl. 3.

'Utrecht, 27, 30, 32.Vaisselle de bronze, 55 Ss. - de terre cuite,

66 ss. —de verre, 72.Varron, 62.Vases (le bronze à reliefs, 58 fl, 2 - de Her-

stal, 92 - cf. Céramique.\Techten (Ferlio), 30, 69 n. 2, 70.Velereilie-le-Brayeux, 65 n. 5.Vénètes, 26 n. ; 23 n. 3; 36 n. II.Vents (dieux), 102.Vénus (le Courtrai, 55 - (le Tongres, 86

n. 5.Verecundus (potier), 66 n. I.Verrerie, 41 ' 51 8., 70 ss.Vervoz, 51,87 Il. 2 1000. 5.Veera, y . Xanten.Vétérans, 19, 2.

q.Victoire ml'Aeltre, 78 n.Viliansa, 98,Villas (construction), 40 - luxe, 40 SL -

villa rustica, 42 - urbana, 42 - origine,43 0. 3 - industries, 65 - cf. Anthée,Arquennes, Basse-Wavre, Jernelle, LaSau venièrc, Latinne, Liège, Louvegnée,

Montigriies, Ocquier, Ornal, Saint-Ulrich,Thirimont, Weschbillig.

Viléei, 81.Villes de Belgique, 9, io6 - du Rhin, 21,

23.Vigne (culture), 63 n. 3.Vin, 61 S.Viradectis, 30, 98.Vireux-Wallerand, 38 n. 4.Viroviacum (Wervicq), 15.Virton (Vieux), 30, 76.Vitre (carreaux de), 44, 71.Vodecée, 37 n. 3; 38 fl. 4.Vogenée, 107 n. r.Voies romaines, ii ss.; 31 SS. - de Bavai

à Cologne, 14, 16 s.: 32, 88, 106 n. 6, 107- de Bavai à Trèves, 15, 37, 38 11. 5;106 n. 6; 107 fl. i - de Reims à Trèves,i, ioô n. 6 - de Bavai à Boulogne 15- (le Reims à Cologne, 16 - d'Arlon àTongres, 12 11. I; 16; - fortifiées, 106.

Vorsselaer (bronze (le), 48 n. 2.Valhetz (tumulus), 56.

Walcheren, 28, 98 s.Wallon : limite linguistique, io8 ; cf. 95

folklore, qg.\\T auctrc ,, 66 n. I.\Vcrvicq (Viroviacum), 1.5.Wesclibillig (villa), 4-311-4.Weser, 27, 30 fl, 6.Westphalie, 68: cf. Germanie.Willemeau, 7Ç1.Xanten (Vet-era.), 55, 32, 69 n. 2.Yzeures (monument (1'), 104 n. 3.Zeebrugge (crarinoge? à), 28.Zélande, 99; cf. Walcheren.Zodiaque, 102.

Page 117: Comment La Belgique Fut Romanisee _ Franz Cumont

TABLE DES FIGURES

Fig. s. Colonne itinéraire de Tongres page»2. Fleuves et routes du nord (le la Gaule .............»13». Pont de Montignies-Saint Christophe (amont) .........'4s4. Pont de Montignies-Saint Christophe (aval) ..........»'5il . OEnochoé italique (Eygenbilscn) ................»25»6. Ciste à cordons italique (Eygenbilsen) 26»7. Bâti (crannoge?) décou vert à Zeebrugge .............u27»8. Ex-voto à Néhalennia (Dornburg) ...............»28

9. Barque chargée de ballots (Vieux- Virton) ............»29u zo. Ouvrier conduisant une charrette (Arlon) ............»3'MIii. Plan d'une villa u'ba.na (Basse-Wavre) .............4'»iz. Hypocauste (Basse-Wavre) ..................43»13. Cave de la villa clHaulchin ..................»44»'-î Candélabre de Borsu.....................»48»15. Trépied de Borsu ......................48»ib. Bacchus de Vorsselaer ....................49»57. Strigile muni d'une chaînette (La Louvière) ...........50

18. Camée, Octave jeune (Tirlemont) ................»50»19. Parazonium dOmal .....................u51» 20. Coupe d'ambre (Cortil-Noirmont) ...............5'» 21. Lézard en cristal de roche (Cortil-Noirmont) ...........52

22-23. Canthares de Vervoz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .53u24. Coupe en milie/io»i (Hollogne) .................»54XI25. Fiole de verre (Fresin) ....................»54»26. VénusdeCourtrai ......................55» 27. Pièce d'applique en bronze (Bavai) ...............»55

28. Aiguière en l)rOflze de Walbetz ................»5629. OEnochoéde Cortil-Noirmont....................57

»30. OEnochoé de Fresin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .57»31. Vase de bronze argenté (Neerhaeren) ................58532. Vase de Bois-et-Borsu .................... Il58»33. Clef de bronze (Bavai) ....................»59»3. Manche de bronze (Bavai) ...................59»35 . Poids curseur de balance (Engis) ................»6o

36. Mors de cheval (Celles -lez -Waremrne) ..............»ô'

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120

Fig. 37. Vente de pommes; terre houée (bas-relief d'Arlon) . page63»38. Four à potier (La Louvière) ................... »65»39 . Vase n (le Castor » (Flandre) .................. »66»40. Bol en terre sigillée (Bavai) ..................69» 41. Bol en terre sigillée (Mannekensvcre) ..............70»42. Flacon de verre (Schaerbeek) .................72»43 . Œnochoé (le Cortil-Noirmont ...................73»44 . Bol de verre trouvé à Couvin ...................74»5 Médaillon tiré d'une matrice de bronze (Nimy) ..........75»46. Poignée rie bronze (Bavai)................... »75» 47 . Pièce de harnachement (Denderwindeke) ............76N48. Mercure de Tirlemont ..................... n77

g. Mercure de Givry ......................77F ^ »5° . Tête de Centaure (Mettet) ................... n78

51. Dieu l'an de Wiliem eau .................... n79»52. Bracelet en jais cerclé d'or (Presles) ............... »80

53 . Bol en bronze émaillé (La Plante) ............... n81» 5-55 . Satyre et bacchante (bas-relief d'Arlon) ............ n83

6. Propriétaire touchant son fermage (bas-relief d'Arlon) ...... »84N 57 . Famille à table. Enfants mangeant (bas-relief d'Arlon) ...... »85» 58. Voyageur buvant à un puits (bas-relief d'Arlon) ......... N86N 59 . Légionnaire, de terre cuite (Martelange)............. n87n6e. Tumulus de Coninxheim. , .................. n

88»61. Maître d'école (bas-relief d'Arlon)..................9'» 62. Leçon de lecture (bas-relief (lc Neumagen)..............92N63. Vase des philosophes (Herstal) ...................92» 64. Encrier et plumes de bronze (Tongres) ............. n93N65. Mercure de Namur ......................97

67. Statuette d'Entarahu» (Bastogne)................ »9868. Mains votives de Sabazius (Runipst) ..............'o'6g. Clou magique (Tongres) .................... »102

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TABLE DES MATIÈRES

INTRODUCTION. La romanisation, p. 6 - Les sources, P . 7,LA BELGIQUE. Quatre cités ou districts, p. 8 - territoire sans villes, p. 9 - sans

armée, p. 10.L'ÉTAT ET LA ROMANISATION. Absence (le contrainte, P. ii - Les routes, p. ii -

L'armée, p. 17 - L'administration, P. 20,La COMMERCE. Les negotiatores, P. 21 - Formation d'une bourgeoisie romaine, P. 23

- Les Syriens, p. 24.Antiquité du commerce, p. 24 - Trafic maritime, p. 25 - fluvial, P. 29 - terres-

tre, P. 31.EXPORTATION : Blé, P. 32 - Bétail, P . 33 - Sel et salaisons, P . 34 - Oies, P . 35 -

Tissus de lin et de laine, p. 35 - Fer, P . 36.IMPORTATION. Introduction (le l'art de bâtir, P. 40 — T.es villas, p. 42— Hypocaustes,

P . 43 - Vitres, P . 44 - Caves, p. 44 - Thermes, P . 45 - Marbres étrangers, P. 46 -Mosaïques, P. 46 - Peintures, P . 47 - Mobilier, P. 48 - Objets d'art, P . 49 - Verres,P. 5! - Bronzes, p. 54 - Denrées importées, P. 60 - Vin, p. 61 - Huile, P. 62.

DÉVELOPPEMENT DE L'AGRICULTURE, P. 62.DÉVELOPPEMENT DE L'INDUSTRIE, P . 64 - Céramique, p. 65 -- Vases « (le Castor»,

p. 66 - Poterie belge, P . 67 - Poterie sigillée, p. 67 - Verrerie, p. 70 - Bronze, P . 74- Émaillerie, p. 8o

LES ARTS PLASTIQUES. Sculpture belge, P. 82 - Terres cuites, p. 86 - Architecturedes tombeaux, p. 87 - Les tumulus, p. 88.

ADOPTION DU LATIN, p. 89 - Les écoles et l'instruction, p. 90 - Diffusion de l'écri-ture, P . 93 - Disparition du celtique, p. 95.

RELIGION. Adoration des dieux romains, p. 96— Persistance des cultes celtiques, p. 98- Cultes orientaux, p. ioo - Superstitions, p. loi - Astrologie, p. 102 - La semaine,P. 103 - Culte des empereurs, p. 104.

CONCLUSION, i. 105 - invasions (les barbares, p. 86— L'Église, p. 107.Table analytique, p. iii —Table des figures, p. 119.