Combat 19 Mars 2001

15
Monsieur le Maire voici votre hôtel 3 pages pour découvrir le siège du pouvoir parisien. p. 8, 9 et 10 A la brocante des municipales Plusieurs objets ont marqué la campagne. Souvenez-vous… p. 2 et 3 12 e Le jour où chacun s’est rongé les ongles p. 5 13 e La longue marche de Blisko. p. 6 14 e Assouad heureux de cultiver son jardin. p. 6 Le succès de Bertrand Delanoë met fin à une longue domination de la droite à Paris. En province, la gauche gagne Lyon mais perd de nombreuses villes. L’opposition conserve Toulouse. Des ministres battus : Lang, Gui- guou, Moscovici. p. 12, 13, 14 et 15 AFP Le quotidien des élections municipales à Paris Journal réalisé par les élèves du Centre de formation des journalistes N° 13 nouvelle série Lundi 19 mars 2001 4 F (0,61 euro) Les résultats par arrondissements sur notre site www.cfpj.com L’ALTERNANCE CAPITALE

Transcript of Combat 19 Mars 2001

Page 1: Combat 19 Mars 2001

Monsieurle Maire

voici votre hôtel3 pages pourdécouvrir le siègedu pouvoirparisien.p. 8, 9 et 10

A labrocante

desmunicipalesPlusieurs objetsont marqué lacampagne.Souvenez-vous…p. 2 et 3

12e Le jour oùchacun s’est rongéles ongles p. 5

13e La longuemarche de Blisko.p.6

14e Assouadheureux decultiver sonjardin. p. 6

Le succès de Bertrand Delanoë met fin à unelongue domination de la droite à Paris.En province, la gauche gagne Lyon mais perdde nombreuses villes. L’opposition conserveToulouse. Des ministres battus : Lang, Gui-guou, Moscovici. p. 12, 13, 14 et 15

AFP

Le quotidien des élections municipales à Paris

Journal réalisé par les élèves du Centre de formation des journalistes

N° 13 nouvelle série Lundi 19 mars 2001 4 F (0,61 euro)

Les résultats par arrondissements sur notre site

www.cfpj.com

L’ALTERNANCECAPITALE

Page 2: Combat 19 Mars 2001

Po

123456789101112 Paris 1314151617181920

Objetsde campagneIls ont marqué les municipales :

ces quinze objets et attributsresteront dans nos souvenirsen marge de l’affrontementDelanoë-Séguin.

VéloSymboles de la lutte contre la pollution, vélos,trottinettes et rollers sont à l’ordre du jour. Lesroulettes ont envahi la capitale. Même chez lesténors politiques. Françoise de Panafieu a mon-tré l’exemple en bravant les pavés parisiens, rol-lerblades aux pieds, le temps d’un après-midid’automne. Mais Paris reste loin d’Amsterdam,reine européenne de la bicyclette. A quand lesquais de la Seine ou la Concorde rendus aux pié-

Textes : Flora Sauvage et Renaud Villain, photos D.R.

LUNDI 19 MARS 2001 2 COMBAT

Rougeà

lèvres

Ç’aurait pu être le tube de la campagne. Malgré la nouveauté, laparité n’a pas provoqué l’effet de mobilisation espéré auprès desélecteurs. Peut-être parce que les hommes politiques, de droitecomme de gauche, ont été peu loquaces en la matière. Et les can-didates, elles-mêmes, assez discrètes, alors que seuls 8% des mairessont des femmes. Une petite révolution néanmoins, qui amènera en

ChapeauVissé à la Indiana Jones sur la tête de JacquesBoutault, ce chapeau restera comme l’un dessymboles de la percée des Verts dans la capi-tale. Selon les accords qui lient la gauche plu-rielle aux Verts, ce quadra journaliste pourrait, encas de victoire de la gauche dans le 2e, devenirle premier écolo maire d’un arrondissement dela capitale.

DentsUn demi-centimètre de vide qui rendce sourire absolument unique dans laclasse politique. Jean Tiberi n’a pasperdu de dents dans la bataille, aucontraire, sa pugnacité a payé : en réa-lisant un score de 13 % en moyenne surtoute la ville et de 40 % dans son fiefdu 5e au premier tour, il a fait mentirdes sondages catastrophistes et réussile tour de force d’être l’interlocuteurincontournable au sein de la droite pari-sienne avant la phase finale. Ses dentsdu bonheur peut-être ?

InternetSites partisans, sites persos, pages anonymes diffamantesou dithyrambiques, sondages en direct, annuaires en lignedes électeurs fictifs et vrai-faux scrutin pour la playmatede la quinzaine… Bref, (in)égal à lui-même, le net est défi-

Page 3: Combat 19 Mars 2001

123456789101112 Paris1314151617181920

COMBAT 3 LUNDI 19 MARS 2001

CasserolesDes casseroles à l’hôtel de

ville, mais pas pour de jeunes mariés. Cassette amateur et mises en examen, les pou-voirs en place ont souvent dû plaider l’innocence et dénoncer la calomnie. Car ces usten-siles de cuisine peuvent faire mal : « On en arrive à se demander s’il n’y a pas une primeà la casserole », a lancé Philippe Séguin au dissident Jean Tiberi, surpris par le bon scoredu maire de Paris dans son fief du 5e arrondissement.

PizzasRégime de base de PhilippeSéguin depuis le début de la cam-

pagne, moins par manque detemps que par goût selon

ses proches. C’est aussi leplat des célibataires

endurcis par des par-ties endiablées desolitaires sur ordina-teur. Quoi qu’il ensoit, le colosse desVosges a retrouvé en

huit mois les 20 kilosqu’il avait perdus avant

la folle course parisienne.

AffichesCe sont les grandes absentes de laquinzaine. Affiches sauvages quasi-inexistantes et panneaux officiels par-fois oubliés, seuls les tracts étaienttimidement au rendez-vous sur lesmarchés. Les écolos auraient-ils réussià sensibiliser la classe politique augaspillage et à la déforestation ?

Cernes« Ca fait deux mois qu’on a tous deshoraires à la con», lance, des valises sousles yeux, un membre de l’équipe de Ber-trand Delanoë. La parité et l’arrivée desmères de famille sur les listes électoralesn’a pas empêché, comme ils l’espéraienttous, les brainstormings aux aurores etautres coups de fil angoissés (« T’es sûrqu’on a pas exagéré sur les tracts?») aubeau milieu de la nuit.

FichesTournées, retournées,lues avec une concentra-tion toute scolaire, lesfiches de Philippe Séguinont symbolisé la fébrilitéde la tête de liste de ladroite lors du débat surCanal+, donnant l’im-pression qu’il ne maîtri-sait pas son sujet.Consultées avec unmanque certain deconviction, elles ontdonné aux médias un pré-texte supplémentairepour accentuer son imagede présumé vaincu.

MoustacheAttribut pileux des contestataires soixante-huitards,elle a regagné ses galons de respectabilité pendant lacampagne : les intégristes du rasoir double lame sau-ront dorénavant que la moustache d’Yves Contassotpèse près de 13 % dans la capitale. Un score inférieurà celui réalisé par les Verts à Paris aux européennesde 1999, mais au-delà de leurs espérances avant cesélections. Un an avant les échéances législatives etprésidentielle, les écolos confirment qu’ils sont deve-nus la deuxième force de la gauche plurielle.

CombatC’est LE journal des muni-cipales qui a marqué lacampagne. Ressuscitépendant 14 jours, grâceaux étudiants du Centrede formation des journa-listes, la nouvelle éditionde Combat, le journal dePhilippe Tesson et d’Al-bert Camus, était dirigéepar Michel Schifres.Soixante-huit étudiantsencadrés d’une équipepédagogique ont participéà l’aventure.

LunettesIl les pose sur la table, les reprend, ou les met sur le bout du nezcomme un prof. Pendant le duel sur Canal +, Bertrand Delanoësemble avoir appliqué consciencieusement les directives de sesconseillers en communication : afficher assurance et connaissancedes dossiers. Contrastant avec le malaise de PhilippeSéguin face à ses fiches, il aurait, selon les com-mentateurs, marqué un point important lors decet unique débat avec son adversaire.

Page 4: Combat 19 Mars 2001

Paris 1234567891011121314151617181920

2ePolitique-spectacleDémagogie, coups bas... Après les élections, lesélections continuent... sur scène. Le second tourpassé, le théâtre Mélo d’Amélie vous invite à suivrele déroulement d’« Un conseil très municipal ».Dans cette pièce corrosive, Monsieur le maire nerecule devant rien pour imposer ses projets. Unconseil : invitez vos élus. 4 rue Marie-Stuart, métro Etienne-Marcel ; du mardi ausamedi à 21 h 30 ; 100 F, TR : 70 F

3eVos papiers SVPPour voter hier, il fallait sa carte d’identité ou sonpasseport : tout le monde le sait. Mais on saitmoins que même expirés, ils étaient acceptés.Nombre de titres étaient d’ailleurs admis : cartesde réduction SNCF ou d’anciens combattants, tic-kets de pension, permis de chasse…Au bureau devote de la rue Chapon, une électrice s’est pré-sentée avec une carte d’identité expirée en…1983. Cela a suffit.

4eCambriolage à la permance tibéristeLa permanence de député du candidat tibéristeLaurent Dominati a été cambriolée dans la nuit desamedi et dimanche. La porte du local situé aurez-de-chaussée d’un immeuble rue Chapon a étéfracturée, un appareil photo numérique emportéet des ordinateurs visités. Laurent Dominati aporté plainte.

5eChassé-croiséLe 5e est un petit arrondissement. Trop petit pourles deux candidats. Hier matin, alors que JeanTiberi faisait sa tournée des bureaux de vote, il afailli croiser son adversaire socialiste Lyne Cohen-Solal. Failli, car il a choisi de l’éviter. La voyantentrer dans un bureau pour voter, Jean Tiberi quise trouvait là au mauvais moment, a préféré quit-ter la salle par derrière.

6ePétition pour sauver le Petit OdéonLe personnel du Petit Odéon est en colère : leursalle devrait être condamnée par le projet derénovation et de remise aux normes de sécuritédu théâtre. L’Association des écrivains associésde l’Odéon et tous les employés ont fait circulerune pétition. Le directeur technique ne voit pour-tant aucune alternative à ce projet de rénova-tion, aucune rénovation n’ayant été effectuéedepuis 1930. Les salariés ne renoncent cepen-dant pas : un rendez-vous est prévu prochaine-ment.

7eLes électeurs s’enfuient Il y a de moins en moins d’électeurs et l’absten-tion n’est pas la seule cause. En dix ans, la popu-lation a diminué de près de 10%. Un record à Paris.Martine Aurillac, maire RPR, relativise ce recul.Les habitants, par excès de prudence, auraient« simplement » refusé d’ouvrir leurs portes auxinspecteurs du recensement. Ceci fausserait consi-dérablement les résultats. Anne Kalck et MaggieCazal, candidates de la « majorité plurielle », trou-vent l’argument fallacieux. Le sentiment d’insécu-rité est nettement plus développé dans d’autresarrondissements. La spéculation immobilière enseraient l’origine.

IL EST PRESQUE MIDI en cedimanche électoral. Au cafédes « Templiers », le patronn’est pas là. « Il est parti

voter », justifie un serveur.« Non, il est à la messe ! », sou-tient un autre. Un royaliste quivote... Une immense statue deJeanne d’Arc, un portrait deLouis XVI, des statues de laVierge, des cœurs vendéens et…un jeu d’arcade « Royal Vidéo ».La décoration de ce bistro de larue de Rivoli, à deux pas de l’Hô-tel de Ville, est à l’image de sontenancier, Jacques Serre, roya-liste légitimiste. Énorme chapelet entre les mains,écharpe blanche autour du couet missel en latin sous le bras, lepatron arrive. Rayonnant, ilrevient de Saint-Nicolas du Char-donnet, l’église catholique inté-griste du 5e. « Bien sûr que j’ai voté. Commetoujours ». En souriant, JacquesSerre, fleurdelysé de la cravate

au pin’s, de la pochette à la che-valière, sort de la poche de soncostume du dimanche une liassede bulletins de vote maison. « Autribunal de Dieu, les voyoucratesde la Raie-Publique » : « Voilà ceque j’ai mis dans l’urne », se féli-cite-t-il, devant ses clients, visi-blement blasés par un discoursqu’ils entendent depuis l’ouver-ture du bistro, en 1989 . « Je votetoujours avec mes propres bulle-

tins et je crie “A bas la gueuse“,ils sont habitués au bureau ». Plus royaliste que le roi, le patronne sert pas seulement des demiset des billets de Loto. « N’estFrançais que celui qui s’identifieà la prophétie de Saint Denis »,proclame-t-il sans aucune gênedevant sa clientèle, populaire etbigarrée. Le tavernier au discours provo-cateur a pourtant embauché

l’homme qui dormait dans uncarton devant son bar, mais il nes’en vante pas. Sa verve , il laréserve pour ses idées. « Les poli-tiques sont tous des voyous. Lesmilitants, eux, sont les dindons dela farce. Dans les partis, il n’y apas plus de 4 % de gens intelli-gents, sinon ils ne seraient paslà ! ». Pendant la campagne, aucun nes’est aventuré dans ce repaire duroyalisme. « Ils me connaissent.Ils savent comment je les auraisreçus », prévient-il. Hier soir,Jacques Serre n’a pas regardé lerésultat des élections. Le nom deson futur maire et voisin estmoins important que son idéalmonarchiste. En attendant le« Roy », il donne sa carte devisite. Un chevalier y est repré-senté, entouré de croix. Celle desCroisés, des catholiques, unefleur de lys et… une croix de lor-raine.

Matthieu MERCIER

L’ambiance aux abordsde la gare de l’Est rap-pelle Quai des brumes.Les odeurs nauséa-

bondes et les gênes respiratoiresen plus. Les locos diesel et leursnuages de pollution ne sont pour-tant pas prêtes de disparaître dupaysage. Au grand désarroi desassociations qui se battent depuisplusieurs années contre ces « cra-cheurs de fumée ». En janvier, la SNCF a proposé deremplacer les moteurs des loco-motives par des moteursmodernes qui permettraient deréduire de moitié les émissionspolluantes. Les associations ontaussitôt manifesté leur hostilité.Pour elles, l’électrification est laseule réponse valable. « La remo-torisation coûte 80 millions defrancs pour baisser de moitié la pol-lution. Cette somme devrait servirà accélérer l’électrification »,explique Jean-Claude Duflo, pré-sident de l’association Gare auxpollutions .Aujourd’hui la réalité de la pol-lution n’est plus discutée. En1998, Pierre Chemillier, expertdu ministère des Transports décri-

vait des « pics de pollution decourte durée mais atteignant par-fois des niveaux élevés de concen-tration en polluants ». Lesconséquences sur la santé, si ellesn’ont jamais été mesurées scien-tifiquement, sont égalementreconnues.La ligne Paris-Est-Troyes-Bâle estla dernière artère internationalefonctionnant au diesel. Vers lagrande banlieue – perturbée

actuellement par un mouvementde grève - Provins et Longuevillesont également desservis par ceslocos d’un autre âge. Le trafic« diesel » représente environ 23allers-retours par jours. D’un point de vue commercial,l’électrification de ces lignes n’estpas une priorité pour la SNCF etle Réseau ferré de France (RFF).L’argument financier est avancé.« Le financement de l’électrifica-

tion dépend du budget des régions.Il faut une volonté politique »,explique Gérard Levrey, directeurde la communication de la garede l’Est. Mais l’explication neconvainc pas les associations. Lecontrat de plan Etat-Région 2000-2006 prévoit en effet des étudesd’avant-projet mais renvoie unehypothétique électrification à2008. Pour l’heure, la SNCF consentquelques efforts. En mars 2000,la station-service de la Villette aété déplacée vers le site de l’Ourcqentre Pantin et Bobigny, une zonemoins dense en habitat. Les asso-ciations soulignent quant à ellesl’urgence de la situation. « 45 000personnes et une vingtaine d’éta-blissements scolaires subissent cesnuisances », souligne Jean-ClaudeDuflo. Le Maire PS du 10e, Tony Dreyfus,se félicite de son côté du rempla-cement des moteurs : « C’est dif-ficile de ne pas être poujadiste dansce genre de problème. Il faut desprojets réalisables » . Une satis-faction qui a le don d’irriter lesmilitants associatifs.

Isabelle POITTE

1er « À bas la gueuse ! »À deux pas de l’Hôtel de Ville, au café « Les Templiers », le patron,royaliste inébranlable, vote contre la « Raie-publique ».

10e Locos pollueuses en sursisLa modernisation des moteurs diesel ne satisfait pas les associations

«Au tribunal de Dieu, lesvoyoucrates de la Raie-Publique», voilà ce que j’aimis dans l’urne. J. Serre.Photo : S. Viard/Lieu-dit.

LUNDI 19 MARS 2001 4 COMBAT

Une gare de l’Est aux allures de Quai des brumesPhoto Association Gare aux pollutions

Page 5: Combat 19 Mars 2001

Paris 1234567891011121314151617181920

Le bus 62 accidenté :12 blessésDouze personnes ont été blessées, dont quatregrièvement, dans un accident qui s’est produithier matin vers 10 heures avenue du Docteur-Arnold-Netter, non loin de la place de la Nation.Un bus 62 a été percuté puis dévié de sa coursepar une voiture qui avait grillé un feu rouge.Les quatre blessés les plus graves, le conduc-teur du bus, celui de la voiture, un passager dubus et un piéton, sont « polytraumatisés », a-t-on déclaré à l’état-major des pompiers :« L’autobus a percuté un arbre, puis un feu decirculation avant d’achever son parcours dansla devanture d’une boulangerie pâtisserie ».« Cela fait des années que l’on dénonce la dan-gerosité de ce carrefour », a pour sa partaffirmé Michèle Blumenthal, tête de liste de lagauche plurielle. Les Verts, quant à eux, sou-haitent isoler le couloir de circulation du bus62 par des murets infranchissables par lesautres véhicules.

Le Parti des quartiers se heurte à la policeAvertie que des tracts politiques circulaientmalgré l’interdiction officielle, la police a tentéhier de déloger les organisateurs d’un fauxbureau de vote installé place Faidherbe (11e).Ce bureau accueillait depuis 11 h des immigrésnon européens et des électeurs radiés. « Nous avons appelé Patrick Bloche et MichèleBlumenthal, ils ne sont pas venus. Seul Chris-tophe Najdovski est venu nous soutenir et a même parlementé avec les autorités pour que nous puissions rester », a expliquéDidier Touchard, membre du parti des quartiers. Cette association, composée de membres du collectif de la Maison des Ensembles (12e), se bat pour faire recon-naître le droit de vote des étrangers et régulariser la situation des quelques 100 000radiés de la capitale.

Le Viaduc fête le printempsLes cinquante arches de l’Avenue Daumesnilaccueillent jusqu’au 25 mars peintres, sculpteurs, comédiens, conteurs, danseurs et musiciens qui proposent animations, spectacles et performances artistiques inédites.Invités par l’association Paris Viaduc des Arts, trente artistes participent à ce festivalde la jeune création, « Le printemps du Via-duc ».

— Le printemps du Viaduc, jusqu’au 25 mars,

avenue Daumesnil. Entrée libre ou payante.

01 44 75 80 66.

LA DERNIÈRE JOURNÉE decampagne de la tête deliste socialiste aurait pumieux commencer. Ce

matin, elle était en retard pourmettre son bulletin dans l’urne dubureau de vote du n°11, rue deReuilly. « Michèle Blumenthal estallée accomplir son devoir de maire :elle s’est rendue sur les lieux de l’ac-cident », explique son entourage,anticipant sur les résultats. Ruedu Docteur-Arnold-Netter, un busa percuté une boulangerie (voircicontre). La candidate socialiste finit pararriver, l’air fatigué. « Je n’ai paspu apporter mon soutien aux vic-times, puisque je ne suis pas secou-riste. Mais je suis allée voircomment se déroulent les secours »,a-t-elle commenté. Avant d’aller voter, Mme Blu-menthal et son staff faisaient partde leurs états d’âme. « J’ai la rateau court-bouillon. Je n’ai pas dormide la nuit. J’angoisse », confiait-elle. Pénélope Komites (Verts), 6e

sur la liste, en rajoutait dansl’épanchement : « Je n’en peux plus.J’ai la nausée. C’est le dernier jour,j’ai l’impression que toute la pres-sion est en train de retomber ». Letriomphalisme n’était pas de misedans le camp de la gauche plu-rielle. Un électeur leur prédit-il55 % des voix ? « 55 %, vous êtesoptimiste. Avec 50,5 %, on seraitcontent », soupire Mme Komites.Avant de conclure : « Le 12e, c’estle point d’interrogation ».« A voté ! ». Cela fait, commencela tournée-marathon des soixantebureaux de vote de l’arrondisse-ment. Mme Blumenthal et ses

colistiers serrent des mains,saluent les assesseurs, répondentaux électeurs. « Ça me détend defaire la tournée des bureaux devote », avoue-t-elle. Christian Saut-ter, 4e sur la liste et ancien ministrede Jospin, se fait plus pédagogue :« Il s’agit de remercier les asses-seurs, et de prendre la températuredes bureaux de vote ». Les prochesjouent volontiers les augures, à larecherche du moindre signe posi-tif : « Un assesseur m’a dit qu’il yavait beaucoup plus de jeunesaujourd’hui que la semaine der-nière ». L’horoscope du Parisien,consulté, reste sybillin pour leslions (signe de Mme Blumenthal) :« Journée assez propice aux événe-

ments de toute sorte, mais ne vouslaissez pas démonter par si peu dechoses ».Malgré la tension, Michèle Blu-menthal garde son sens de l’hu-mour, échange quelquesplaisanteries avec son mari, Serge,qui conduit la Safrane familiale.« Tu penseras à faire voter ta mère.Il ne faudrait quand même pasqu’elle oublie sa belle-fille ». Entredeux bureaux de vote, elle se sur-prend à fredonner (prémoni-toire ?): « Et maintenant que vais-jefaire ? Que sera ma vie ? Et tous cesgens qui m’indiffèrent… ». Vérifi-cation faite, la chanson est de Gil-bert Bécaud, sur des paroles de… Pierre Delanoë.

A une heure, déjeuner au Saint-Frusquin, rue de Cotte, prèsd’Aligre. Coteaux du Vendômoiset assiettes froides au menu.Michèle Blumenthal est la seule àcommander le “ Brunch de lamer ”. On rit, on porte un toast,avant de repartir à l’assaut desbureaux de vote.

Stéphanie LEROUGE

Filet de thon grillé sanssauce, entrecôte sansfrites, huîtres… Le dernier déjeuner de

Jean-François Pernin et sa garderapprochée avant la sanctionfinale du 2e tour aura su resterléger. L’ambiance, elle, demeureétrangement sourde dans cettepetite brasserie de la place de laNation. Comme si les dés étaientjetés et que les mots, abondam-ment répandus durant la cam-pagne ne servaient plus à rien.448. C’est le chiffre auquel se rac-croche Benoît Pernin, le fils dumaire sortant. 448 voix d’avance,voilà ce que pronostique un« report mathématique » de l’élec-

torat de droite. Craint-on unedémobilisation du vivier tibé-riste ? « Non, non, Alain Robert adonné des consignes », assure Per-nin fils « Mais nous ne sommespas propriétaires des électeurs »,soupire Corinne Atlan-Tapiero,6e sur la liste, un étranglementdans la voix. 448 électeurs, l’écartdonnerait des ulcères à plus d’uncandidat à la Maison blanche.Mais Jean-François Pernin, lamine éteinte et visiblement presséd’en finir, préfère deviser sur sesdeux années passées au journalCombat dans les années soixante.Est-ce l’accident de la route dra-matique (douze blessés dontquatre graves) de la matinée

qui confère à ce maire en sursisce détachement quasi surréalisteà quelques heures du verdict des urnes ? Il est en pleine tour-née des bureaux de vote quand le commissaire du 12e l’appellesur les lieux : un bus s’est encas-tré dans une boulangerie, ave-nue du Docteur-Arnold-Netter.Une fois le repas fini, Jean-Fran-çois Pernin reprendra sa tour-née, avant de rentrer chez lui « sedétendre ». « Vers 18 h, j’irai à lamairie, jusqu’aux résultats ». Eten route vers la fête de PhilippeSéguin ? « On verra, on verra... »A l’heure du café, Vincent Casa,5e sur la liste et adjoint à la voirie, se laisse soudain gagner

par une excitation toute légitime :« C’est eux qui auront des pro-blèmes s’ils gagnent. Car il leurfaudra diriger la mairie ».La pique, pour gratuite qu’ellesoit, sonne comme une prémo-nition. « Vous dire que la défaite nenous ferait rien serait de la languede bois, mais quand on a mené untel combat, on a le sentiment dudevoir accompli ». La douloureuse arrive, et avecelle la question qui tue. Préfère-t-il perdre le 12e avec Séguin pourmaire ou gagner le 12e en aban-donnant l’Hôtel de Ville ?« Gagner le 12e, c’est mon com-bat ! »

Soren SEELOW

Les angoisses de Michèle « Je n’ai pas dormi de la nuit », confiait la candidate socialiste avant les résultats.

Le dernier déjeuner de PerninA quelques heures du verdict des urnes, le candidat séguiniste affichait sa sérénité et déjeunait léger.

COMBAT 5 LUNDI 19 MARS 2001

Avant de déposer son bulletin dans l’urne,Michèle Blumenthalfredonnait un air de Gilbert Bécaud.(Photo Thomas Caplain / Lieu-dit)

« Nous avons une vraiedémarche de rencontre avec les habitants, nous créons l’échange, c’est peut-être ça la différence entre la droite et la gauche. »Michèle Blumenthal,

tête de liste de la gauche

plurielle dans le 12e.

Page 6: Combat 19 Mars 2001

Paris 1234567891011121314151617181920

13eRassat ne sait pasMichèle-Laure Rassat, qui a retiré sa liste dansle 13e suivant les instructions de Jean Tiberi, sem-blait perplexe au matin du second tour. Elle a eneffet déclaré d’un air goguenard, sur le perron dela mairie du 5e : « Je ne vote pas ici, d’ailleurs jene l’ai pas encore fait. Mais je ne sais toujourspas quel bulletin je vais choisir. » Le maire deParis, qu’elle était venue soutenir alors qu’il glis-sait son enveloppe dans l’urne, lui lança alorsamusé : « Réfléchis bien d’ici-là. »

Hommage aux combattantsde la guerre d’AlgérieUn rassemblement se tiendra aujourd’hui à 11h45,devant le monument aux morts de la place d’Ita-lie, afin de célébrer le 39e anniversaire du ces-sez-le-feu ayant mis officiellement fin à la guerred’Algérie. Le représentant de la FNACA, Fédéra-tion nationale des anciens combattants en Algé-rie-Maroc-Tunisie, qui organise la cérémonie,rendra hommage aux victimes de cette guerreen prononçant un discours devant le monument.

14eLes communistesdindons de la fusionMaurice Lassalle, le secrétaire de la section localedu Parti communiste est en colère. Fidèle à la dis-cipline du Parti, il s’est tu jusqu’aux élections,mais aujourd’hui il parle. « Les négociations pourla fusion ont été plus violentes qu’à l’UNEF pen-dant la guerre d’Algérie. Les Verts ont eu uneconduite intolérable. » En 1995, Maurice Lassalleétait quatrième sur la liste de Pierre Castagnou.Ses prises de position contre les réformes deRobert Hue lui avaient déjà coûté une place enjanvier dernier : sa fédération ne l’avait pas sou-tenu au moment de la constitution des listes dupremier tour. La fusion avec les Verts lui a portéun nouveau coup. Rétrogradé en huitième posi-tion, le chef de file des communistes du 14e, estimeque la distribution des places n’a pas été pas équi-table.

Les Verts assurent le spectacleA 29 ans René Dutrey devient le premier Premier-adjoint Vert de Paris. Celui qui anima des concertsde percussions et des soirées dans les catacombesa démontré dès hier son savoir-faire en matièrefestive. Pour célébrer son arrivée à la mairie du14e et celle de six autres écologistes au conseild’arrondissement, les Verts ont mis leur couleur àla fête de la gauche. Fumigènes, drapeaux et fou-lards, tous de couleur verte, ont envahi la place dela mairie après l’ annonce de la victoire de la listemenée par Pierre Castagnou. Leurs amis de lagauche plurielle ne s’attendaient pas à telle sur-prise. Pourtant la soirée avait été préparée en com-mun. En février, René Dutrey avait expliqué queces fêtes servent à « créer du rapport de forcemédiatique ». Les partenaires apprécieront.

L’AMBIANCE était mitigée,hier soir, au quartiergénéral des socialistes du13e, avenue de Choisy.

On a célébré le héros, SergeBlisko, l’homme qui a fait tom-ber Toubon. Mais les militantsaffichaient une mine dépitéeaprès avoir pris connaissance despremiers résultats nationaux. Le matin même, rien n’étaitencore jouépour Serge Blisko. Ledéputé et futur maire, trotte debureau de vote en bureau de votesous la bruine, accompagné deJean-Marie Le Guen, le chef his-torique des socialistes du 13e.«Bonjour Madame, vous avez vuce temps? Un véritable crachin bre-ton!» Serge Blisko a le mot sym-pathique pour ceux qu’ilrencontre. Pas facile, quand on aplus de 70 bureaux de votes àvisiter dans la journée. Un par-cours initiatique vers le fauteuilde maire ? Tout au moins unecourse de fond.Depuis juin 2000, quand, misen examen dans l’affaire de laMnef, Jean-Marie Le Guenrenonce à conduire comme les

autres années la liste socialistedans le 13e, Serge Blisko a dûfaire des pieds et des mains pourarriver en tête des sondages surl’arrondissement. Tant et si bienqu’en février les sondages cré-ditaient la liste socialiste de plusde 40 % des voix au premiertour. Il a été aidé dans sa tâche

par la scission de la droite, et parla mise en examen du maire sor-tant.Pourtant les résultats dedimanche dernier ont été unchoc: 34% seulement. En cumu-lant les scores des verts, on pou-vait atteindre les 45 %, et 49 %avec ceux de la liste Ecologie

pour Paris. Restaient les 5% réa-lisés par l’extrême gauche... Troisheures avant la fermeture desbureaux, toutes les voix étaientencore bonne à gagner. Alors debureau de vote en bureau devote, Serge Blisko continuait àcourir.

Stanislas de SAINT-HIPPOLYTE

IL S’EST CHOISI «très volon-tairement» une retraite à 70ans. Non pas qu’il se sentetrop âgé. Au contraire, c’est

pendant ses trois mandats à latête de la mairie du 14e qu’il ditavoir été au mieux de sa forme.«Churchill et De Gaulle ont biensauvé leur pays au delà de 72ans.» Mais voilà, Lionel Assouadveut en finir avec la vie «kaléi-doscopique » qu’est celle d’unmaire.«Le seul ennui de ce métier, c’estla perte totale de liberté. » Pluspossible d’aller au restaurant car«ce sont à chaque fois deux ou troispersonnes qui viennent me déran-ger pour me saluer.» Pas le droitde fumer en public ou de sortirmal rasé. «C’est fou ce que les genspeuvent mythologiser sur les per-sonnes importantes», s’étonne-t-il, fier de son néologisme. Et lefossé s’agrandit, quand on «adorepratiquer la litote» : «Va, je ne tehais point ! Les gens ne compren-nent pas, ils sont terribles...»L’homme est calme, pèse sesmots. Les choses futiles, il lesmarmonne. Ses interlocuteurs, il

les imite: petite voix pour NicoleCatala, vitesse grand V pourJacques Toubon, l’homme au «10000 idées à la minute». CommeGaston Lagaffe éternuait enentendant le mot « effort », luis’emporte dès qu’il parle desVerts, rangés parmi les «associa-tions gauchistes, anarchisantes».

Elu trois fois maisjamais tête de listeDans son bureau, tout est sobre.Au mur, deux portraits : celui,officiel, du président actuel et unde De Gaulle dédicacé, période« Paris pas encore libéré ». Trô-nant dans le coin salon, unephoto en noir et blanc de sonmentor, Joseph Fontanet,ancienne figure de proue de ladémocratie chrétienne. C’est cet« homme merveilleux » qui l’alancé en politique dans lesannées 60. Alors secrétaired’Etat, il s’attache les services dujeune Lionel puis le recom-mande, notamment à Valéry Gis-card d’Estaing.En 1970, Fontanet encore, luiexplique que «l’onction populaire

est indispensable », que « quandon n’est pas élu, on n’est rien». Ille présente à Christian de laMalène, alors «patron» du 14e.Assouad devient conseiller deParis l’année suivante. Facile.Depuis, il a été trois fois élu sansjamais être tête de liste. En 1983,il profite du conflit entre les deuxchefs de la liste RPR pour s’im-poser. « Chirac a dit : “ ce seraAssouad”. » En 1989 et 1995, ilse fait doubler par Nicole Catala.Une nouvelle fois, arbitrage :«Chirac m’a dit : “non, non Lio-nel, ce sera toi ”. »Finie la politique, finies lesintrigues, aujourd’hui, LionelAssouad veut prendre le tempsde vivre. Il s’imagine déjà écrireune réflexion sur les citoyens etl’Etat. Et peut-être de la littéra-ture. Un retour aux sources. «Mafamille fréquentait Barrès et Ana-tole France. » Il confesse aussitimidement un intérêt pour lathéologie : «Le problème des finsdernières, du sens de la vie », il sereprend: «la question des originesm’intéresse».Au terme de quarante ans en

politique, le bleu de son gaul-lisme a un peu passé. Absent dela campagne, ses arguments sontmoins percutants. « De toutesfaçons, si la gauche l’emporte, ilsne feront pas mieux que nous ».Les derniers feux d’un discoursmanichéen prêt à rentrer dansson passé, la fin de son épopéeà lui.

Jacques CLEMENT

13e Pour Blisko,c’est tout bon

La mairie était à droite depuis 1977. Elle a basculé.Aperçu de la journée où tout est arrivé.

14e Assouad passe l’écharpeAprès trois mandats, il souhaite rompre avec la politique.

« Toubon, c’est le seul mecà Paris qui bossait jusqu’àune heure du matin samedi,dimanche et fêtes. Il aurait dûla garder, sa mairie. »Le chauffeur de Jacques Toubon,

hier après-midi.

LUNDI 19 MARS 2001 6 COMBAT

Lancé en politique en 1960, LionelAssouad est devenu maire en 1983.Photo Vincent Baillais/Lieu-Dit.

Candidatsurprise,Serge Blisko aremporté unbastion de ladroite.Photo AFP

Page 7: Combat 19 Mars 2001

Paris 1234567891011121314151617181920

16eBureau de vote chez PeugeotLa succursale Peugeot, avenue de la Grande-Armée, a été transformée, le temps d’une élec-tion, en bureau de vote, faute d’espace dans le 16e. Le lion de Montbéliard remplace pour l’occasionMarianne. Les citoyens passent entre deux rangées de voitures rutilantes pour rejoindre l’ar-rière-salle et s’acquitter de leur devoir électo-ral. Rares sont ceux qui s’arrêtent pour admirer les voitures exposées, de la vieille Torpédo de1919 au coupé 406. Deux touristes sud-africains,plutôt surpris, filment les bolides. Une ancienne électrice du 6e trouve, elle, le choix du lieu « plutôt bizarroïde » : « Ça doit leur faire de la pub, non ? », se demande-t-elle. Les autresélecteurs du 16e, habitués depuis des années àce bureau de vote insolite, ne s’offusquent pas dece choix. A l’instar d’Aude-Claire qui en profite pour regarder les modèles, même « si cen’est pas pour ça que je vais acheter ». Et lescandidats, que pensent-ils de cette entorse à la liturgie républicaine ? Marie-Thérèse Junot,seconde de liste tibériste, trouve le lieu « amusant » et « spacieux ». Comme une ber-line.

18eAchevons-leEncore et toujours Philippe Séguin. Les partisansde Jean-Pierre Pierre-Bloch ne changent pas decible. Ils jetaient encore des sorts hier après-midisur le « le député des Vosges ». « S’il prend uneclaque, il fera comme tout le monde, il partira » , raillent les oiseaux de mauvaise augureà la permanence du candidat tibériste. Car, pas de doute pour eux, l’homme de la situation,le seul, l’unique, quel que soit le résultat, « c’estJean-Pierre, le seul qui soit du coin, du 18e ».

19eCentre commercial polluant« Un aspirateur à voitures et camions ». C’estainsi que Witold Markiewicz, ancien urbaniste,désigne le projet de centre commercial à Auber-villiers. Son association, Paris-Banlieue-Envi-ronnement, située dans le 19e, se bat contrel’implantation de ce site de 96 000 m2 (com-prenant un hypermarché Carrefour de 12 000m2) à la frontière de l’est parisien. Son principal cheval de bataille : l’accroissement de la pollutionatmosphérique engendré par le surplus de voi-tures. Une étude publiée dans le dossier de pré-sentation du projet prévoit à long terme uneaugmentation de 40% du trafic. L’associationpropose une solution alternative : déplacer leprojet vers la Gare des Mines, à proximité de l’autoroute A1. « Ce pourrait être une plateformemultimodale pour desservir le centre commer-cial par les transports en commun non polluants »,explique le président de l’association.

20eLes étrangers ont voté oui« 15% des gens du 20e ne votent pas. » CatherineGégoud, n° 2 sur la liste de la gauche plurielledirigée par Michel Charzat, a estimé, vendredisoir, que l’expression de la citoyenneté des rési-dents étrangers était un objectif prioritaire del’action de la gauche dans l’arrondissement. «Nous avons mis en place au premier tour un bureau de vote parallèle, ouvert aux résidents non-com-munautaires, afin de leur permettre de se pro-noncer pour ou contre le droit de vote des étrangers. » Les 289 étrangers qui ont déposé leur bulletin dans l’urne symbolique ont tous voté oui. « Reconnaissons que les gens qui sont ici sont d’ici », a insisté Cathe-rine Gégoud.

LA CAMÉRA survole le stu-dio C de France Télévi-sion. Panoramique puisgros plan sur Claude

Sérillon. On n’entend plus que lebruit de l’imprimante, qui crachedes dizaines d’estimations, son-dages sortis des urnes et autresstatistiques indispensables à toutesoirée électorale. La musique dugénérique retentit. Claude Sérillonlance un « bonsoir » et se marre.Il donne un chiffre d’abstentionbidon, annonce une hypothétiquedéfaite de Jack Lang à Blois. Il est16 heures, hier. La répétition géné-rale de la soirée dédiée aux muni-cipales commence à France 2. Sur les gradins qui entourent leprésentateur vedette, les analysteschargés de livrer les résultats véri-fient le fonctionnement de leurstéléphones, faxs et ordinateursdissimulés sous le décor. A la tablede Claude Sérillon : six employésde la chaîne recrutés sur le pouce.Ils portent une petite pancarte affi-chant leur nom de scène : Fran-çois Fillon (UDF), Alain Madelin(DL) ou Jean Glavany (PS). Letemps d’un après-midi, les jour-nalistes de France 2 jouent à fairesemblant.Vers 16h30, Gérard Leclerc, chefdu service politique, fait sonentrée sur le plateau. « Et alors,Gérard, t’as oublié ton costard ! »,lâche Claude Sérillon. Gérard aprofité de sa matinée pour allervoter. Il s’installe, la répétition peut

reprendre. C’est à Laurence Osto-laza de se chauffer la voix : « Etun premier résultat nous arrive deParis, où l’on me dit que ClaudeSérillon est réélu au journal de 20heures. Par contre, pour Pierre-Henri Arnstam [ndlr : le directeurde l’information de France 2], ças’annonce plus serré ». Rire géné-ral sur le plateau : tout le mondesait depuis quelques jours que legrand chef risque d’être remplacépar Olivier Mazerolle sitôt les élec-tions terminées. Mais les tests continuent. Unecarte des 20 arrondissements deParis s’affiche soudain sur grandécran : le 16e est en rouge, cou-leur socialiste. Claude Sérillon iro-

nise : « Ah ça, c’est une fine ana-lyse politique ! C’est la « gauchedu fric » [ndlr : dénoncée par Phi-lippe Séguin] qui emporterait le16e ? Je veux bien parier que ça n’ar-rivera pas ». Il se tourne alors versle directeur d’Ipsos et discute desdifférents scénarios envisageablesà Paris. Pierre Giacometti lui pro-met un coude à coude gauche-droite. Claude Sérillon harangueses collègues, assis dans les gra-dins : « Je pourrais dire que c’estkif-kif et ric-rac. Mais quelles autresexpressions avons-nous à disposi-tion ? »La répétition se terminera dans lamême ambiance. A la sortie duplateau, Gérard Leclerc confie que

le plus dur n’est pas d’assurer undirect mais « de se souvenir detoutes les données politiques indis-pensables à une analyse rapide ».Pour France 2, le plus dur c’estsurtout d’attirer les chefs de filedes principaux partis, qui privi-légient TF1 et ses fortes audiences.En face, le service public doit par-fois se contenter des seconds cou-teaux.

Mathilde MATHIEU

JE NE VAIS JAMAIS auxtoilettes ici, raconteSonia, animatrice de25 ans. Je cours plutôt

au McDo ou chez ma cousine. »En guise de WC, pour les 55habitants du 88, rue de la Mare,un ancien hôtel au coeur du20e : juste deux trous dans lesol, sans siège ni chasse d’eau.« Comme les portes ne fermentpas, précise Ouashem, géomètreau chômage, il faut toujoursvenir avec une sentinelle. Mais lepire, c’est pour les gens qui n’ontpas d’eau ou pas d’évier chez eux,qui font leur vaisselle là-dedans.Bonjour les maladies… »

« C’est l’âge de pierre en pleinParis », commente un locataire.Escaliers instables, plancher quis’affaisse, plafond qui tombe enmiettes, carreaux cassés à tousles étages, peinture inexis-tante… « Le seul point positif, s’amuseSonia, c’est qu’on n’a pas decafards. Ils doivent être tués parle froid ou l’humidité. » Contrele froid, en plus des réchauds àgaz, chacun se calfeutre avec desplanches de bois devant lesfenêtres et des sacs poubelledans les interstices. Contre l’hu-midité, mieux vaut avoir desamis chez qui déposer ses

affaires, pour éviter les panta-lons moisis.

Trente ansà l’abandon« Je suis arrivé en 1969, se sou-vient Hadim, routier en pré-retraite. Et depuis, je n’ai presquepas vu de travaux. » Contre1 200 F par mois, « l’hôtel »fournissait à l’époque unepaillasse dans une chambre de9m2. Jusqu’en 1994.Cette année-là, le couple degérants portugais quitte le bâti-ment et s’ensuit un imbrogliojuridique. « A qui appartientaujourd’hui cet immeuble ? »,

s’interroge Bernard Libine,adjoint à la mairie du 20e encharge de l’habitat. « Jel’ignore. »Faute de propriétaire, les loca-taires ont donc cessé de payerleur loyer. Et ne savent plusauprès de qui protester pourobtenir quelques travaux.Paris compterait ainsi, d’aprèsla Ville, 112 immeubles insa-lubres. 1200, d’après la Préfec-ture. Et à en croire l’Insee, 10%des logements parisiens sontdépourvus de douche, de bai-gnoire ou de WC. Bien plusqu’en province ou en banlieue.

François RUFFIN

15e Dans les coulissesdu Sérillon show

La répétition de la soirée électorale sur France 2 s’est dérouléedans une ambiance détendue.

20e L’hôtel naufragéRécit d’une vie ordinaire de taudis dans un immeuble du 20e.

Tour de chauffe hier après-midi pour Claude Sérillon,avant la grande soiréeélectorale de France 2.(Photo Thomas Caplain /Lieu-dit)

COMBAT 7 LUNDI 19 MARS 2001

Page 8: Combat 19 Mars 2001

COMBAT 9 LUNDI 19 MARS 2001LUNDI 19 MARS 2001 8 COMBAT

Yann

Art

hus-

Bert

rand

/Val

eurs

Act

uelle

s

MMoonnssiieeuurr llee MMaaiirree,, vvooiiccii vvoottrree HHôôtteell

Salle d’exposition Saint-Jean(rez de chaussée, rue Lobau)

Salle des fêtes (2e étage) pour les grandes réceptions

et visites protocolaires ; peut accueillir 1000 personnes

Bibliothèque administrative (5e étage) Ouvert aux étudiants

Services du sécrétariat général de la mairie de Paris

Salon de réception des Arcades (2e étage)

Salle de réunion des sept grandes commissions

(2e étage)

Salon d’accueil et d’expositions de l’Hôtel de Ville

(29 rue de Rivoli, rez-de-chaussée)

Auditorium de 200places (sous-sol)

Bureau de l’adjoint chargé des finances(4e étage). Gère un budget de 33 milliards de francs

Bureau du 1er adjoint (2e étage) Il y a 42 autres adjoints.

Appartements privés du maire(avec terrasse-jardin

sur la Seine)

Bureau du secrétaire général , patron de l’administration (4e étage)40 000 personnes sont employées

à temps plein

Bureau du maire (2e étage, 180 m2)Occupé par le préfet de Paris

avant la réforme.Bureau du directeur du cabinet du maire

Salle du Conseil de Paris(2e étage,

siège des 163 conseillers)Bureau du questeur(2e étage, 180 m2)

Bureau occupé autrefois par Clémenceau

Bureaux des adjoints et des groupes politiques

Page 9: Combat 19 Mars 2001

Paris 1234567891011121314151617181920 Hôtel de Ville

ENTRE FASTES et excès,la Mairie gère uneville de 2,1 millionsd’habitants.

Son budget : 33 milliards defrancs, soit dix fois plus quecelui de Lyon, et deux fois celuide l’Ile-de-France. Une grandepartie des dépenses est consa-crée au personnel. Et pourcause, l’hôtel de ville compte40 000 fonctionnaires munici-paux. Ce qui fait de lui le plusgrand d’Europe et certainementl’un des plus luxueux.Boiseries, dorures, lustres deBaccarat, moulures raffinées,salons immenses ornés defresques et de tapisseries plu-sieurs fois centenaires... Mêmeraffinement à l’extérieur, avec108 statues de célébrités néesdans la capitale, et une tren-taine d’autres à l’effigie detrente villes de France. L’his-toire a donné au bâtiment unemajesté à la hauteur de son sta-tut. Hors norme.

Le sceau républicainRetour à la IIIe République. Le13 juillet 1882, l’hôtel de villede Paris renaît de ses cendres.L’immense bâtiment municipala été la cible des Communardsen 1871. L’incendie a duré huitjours, détruisant « la citadelle »inaugurée en 1628 et lesarchives de la Cité accumuléesdepuis. Onze ans de travaux etune souscription nationale plusloin, la IIIe République rend

aux Parisiens un hôtel de villeidentique à celui d’avant. Lesarchitectes français Ballu etDeperthes redonnent vie auPalais pensé par François 1er

dès 1533. Il conserve aussi sesfonctions de siège de l’admi-nistration municipale et de lieude réception.Dans le respect de la traditionrépublicaine, c’est en effet dansles salons de l’hôtel de ville quesont reçus tous les grands chefsd’Etat et les invités officiels dela France. Selon l’importancede la réception, l’hôte accueilleses visiteurs dans des salonsplus ou moins grands. Entreautres : le salon Jean-Paul Lau-rens, du nom du peintre qui adécoré la pièce de huit de sesoeuvres à l’effigie de la capi-tale ; le salon des Arcades, ornédes peintures de quaranteartistes célébrant le rayonne-ment de Paris.Mais la Mairie n’est pas seule-ment ce Palais tourné vers laSeine. L’hôtel de ville possèdeaussi dix châteaux légués pardes propriétaires sans descen-dance et d’illustres propriétéstelles « Hauteville House », lamaison de Victor Hugo à Guer-nesey.Le nouveau locataire de cepalais de la République aurabien besoin de ses quelque 180collaborateurs directs pourgérer un tel « empire ».

Gaëlle GEOFFROY et Laura KWIATOWSKI

140 000 invités par an

Entre réceptions, cave et décoration, l’Hôtel de Villedépense chaque année 15 millions de francs.

En 2000, les salons de l’hôtel de ville ont reçu 140 000invités, dont de nombreux chefs d’Etat étrangers, lors de480 réceptions. Budget officiel des festivités : 15 millionsde francs. Les 600 m2 de la salle des Fêtes peuventaccueillir un millier de personnes en une soirée : c’est lesalon des Tapisseries (de nombreuses tapisseries du XVIe

siècle ornent ses murs). Avec ses 50 mètres de long, ses24 lustres de cristal et son style néo-Renaissance, cettesalle s’inspire de la galerie des Glaces de Versailles.

L’hôtel de ville dispose aussi de sa propre cave. Ses10 000 bouteilles sont l’objet de toutes las attentions dusecrétaire général de la Mairie, Bernard Bled. Pour lesréceptions, trois traiteurs sont sélectionnés chaque annéesur appel d’offre. Ils se relaient chaque semaine pour assu-rer les réceptions.

Monsieur le Mairevoici votre hôtel Après son élection le 25 mars, le Maire de Paris prendra ses quartiers dans un bâtiment unique,le plus grand hôtel de ville d’Europe.

COMBAT 10 LUNDI 19 MARS 2001

Immense.Avec ses 180 m2, le bureau dulocataire de l’hôtel de ville est leplus grand de France. Il dépasse ensuperficie ceux du président de laRépublique et du premier Ministre(environ 80 m2). Aux murs, cinqtapisseries des Gobelins, vieilles detrois siècles. C’est devant unefenêtre de ce bureau que l’on trouveaussi la statue du jeune vicomte deTurenne, maréchal de France sousLouis XIV..Le Maire est aidé de 188 colla-borateurs. Son salaire est calculésur la base du traitement du plushaut fonctionnaire, soit 49 710francs..1 000 m2. C’est la taille desappartements du Maire. Ils necomptent pas moins de trois vastessalons de réception et une grandeterrasse-jardin avec vue sur la Seineet Notre-Dame. Si Jacques Chiraca habité ces appartements lorsqu’ilétait Maire de la capitale, Jean Tiberia préféré rester fidèle à son appar-tement de la place du Panthéon,dans son fief du 5e arrondissement.

La Mairie de Paris est plutôtgénéreuse avec ses agents,qu’ils soient élus ouemployés. En plus dusalaire, les services munici-paux offrent de nombreuxavantages en nature. La plu-part sont dispensés par laquesture, un organe héritéde l’Empire romain, qui secharge, notamment, de lagestion financière et de l’ad-ministration intérieure del’hôtel de ville. Petite revuenon exhaustive :

SE DÉPLACER…

Une voiture de fonctionavec chauffeur est laissée àdisposition de nombreuxprivilégiés : les directeursde département, les prési-dents des groupes poli-tiques du Conseil de Paris,

les adjoints au Maire et lesmaires d’arrondissement.Au total, la Mairie disposed’un parc automobile de 80voitures avec, au choix:Laguna, Safrane, Xantia ou406. En cas d’urgence, unequinzaine de voitures sup-plémentaires (avec chauf-feur) restent disponiblespour les déplacementsimpromptus.

Pour les autres: rembour-sement de la Carte orange(pour le personnel) et laCarte Intégrale offerte (pourles élus).

Les élus et les agents lesplus haut placés bénéficientd’une carte de circulationprioritaire signée du préfetqui assure un déplacementplus aisé dans les rues deParis.

SE DIVERTIR…

De nombreuses offres cul-turelles et sportives sontproposées aux élus : quatreplaces par mois pour le Parcdes Princes, autant pour lesthéâtres financés par la ville,et deux places par an auChâtelet.

ET AUSSI…

16 coursiers à motosarpentant les rues de lacapitale pour apporter lesplis les plus urgents

La possibilité de décorerles bureaux avec les œuvresd’art que la ville de Paris n’apas placées dans les musées.Bien sûr, ce n’est qu’un prêt.

Laura KWIATOWSKI

Les « petits plus » des fonctionnaires municipauxUn héritage de l’Empire romain.

(Photo AFP)

Yan

Arth

us-B

ertr

and/

Altit

ude

Page 10: Combat 19 Mars 2001

COMBATRédaction

CFJ. PROMOTION 2002David ALLAIS, Rym AYADAT, SamuelBARTHOLIN, Caroline BOISSON, Bertrand BOUCEY, Sébastien CABANES,Isabelle CASIER, Christophe CHOHIN,Jacques CLEMENT, Julia DELAGE,Carine ELKOUBY, BenoîtFRANCES,Jérôme GAUTHERET, Gaëlle GEOFFROY,Olivia GESBERT, Myriam GREUTER,Alexandra GUYARD, Sébastien JEDOR,Laura KWIATOWSKI, GurvanLE GUELLEC, Stéphanie LEROUGE, JulieMARIE-LECONTE, Matthieu MERCIER,Clément MERIC, Laurent MIMOUNI,Marie-Pauline MOLLARET, Martin de MONTVALON, Géraldine PASQUIER,Raphaëlle PICARD, Charlotte PLANTIVE,Adrien POUTHIER, Louise PROTHERY,Mathieu RABECHAULT, FrançoisRENAUT, Pauline REVENAZ, NicolasREYNAUD, François RUFFIN, Stanislasde SAINT-HIPPOLYTE,Delphine SAUBABER, Flora SAUVAGE,Soren SEELOW, Aude SOULAINE, Caroline VEUNAC, Renaud VILLAIN, Sylvain ZORZIN

CFJ PROMOTION 2001 (Spécialisationspresse écrite et Agence)Anne-Laure BARRET, Daphné BENOIT,Deborah CLAUDE, Damien DEGORRE,Léa DELPONT, Francesco FONTEMAGGI,Mathieu FOULKES, Hadrien GOSSET,Charlotte HILL, Marjolaine JARRY, AnnaKADAVA, Elvira KARIMOVA, Béatrice LE BOHEC, Anthony LUCAS,Sophie MAKRIS, Mathilde MATHIEU,Benjamin NEUMANN, Benoit PETIT, Isabelle POITTE, Pierre PRATABUY,Aurélie RAYA, Hubert VIALATTE,Catherine WEIBEL

Directeur de la rédaction :Michel SCHIFRES

Rédacteurs en chef : Alain MINGAM,Jean-Claude NARDONNET, FrancisSCHULL

Rédacteur en chef technique : JacquesLAURENT

Rédacteurs en chef adjoints : ElisabethAUVILLAIN, Jeanne VILLENEUVE,Pascale WATTIER

Edition : Jean-Charles DUMESNIL, Sylvie HAMEL

Fabrication : Luc BORGEL

Service photo : Nicole BERGMANN, Grégory DUCROS, Bruno ESTRADE, Lucas SCHIFRES, Stéphane VIARD

Secrétaire générale de la rédaction :Aline REALE

Chargés de projet : HedwigeFIESSINGER, Julien LANDFRIED

Le titre Combat est utilisé avec l’ai-mable autorisation de Philippe Tesson, titulaire des droitssur les marques déposées à l’INPIN°98.761.012 et 99.767.997,et ancien rédacteur en chef deCombat de 1960 à 1974 et de l’Association des anciens journa-listes de Combat, titulaires d’un droitmoral sur l’exploitation du titre.Supplément à CFJ Info, Journal écoleN°274 du Centre de formation desjournalistes.35, rue du Louvre. 75002 PARISRédaction, ventes : 01 44 82 20 00 Télécopie : 01 44 82 20 09email : [email protected] paritaire n°61265 –ISSN 0180-5495Impression : OffprintDirecteur de la publication :Christophe POUTHIER

COMBAT 11 LUNDI 19 MARS 2001

travaux exécutéspar des ouvriers syndiqués

Distribué par les NMPP

Page 11: Combat 19 Mars 2001

Bertrand Delanoë : un secret

trahi

Bertrand Delanoë se lâche. Après avoir votéà 10h30 dans le 6e , il a déclaré, rigolard,à la nuée de journalistes qui l’entouraient :« Allez, fi du off ! Vous voulez savoir pour

qui j’ai voté ? Pour Alain Morell [le candidat socia-liste du 6e] ! » Au moment de glisser son bulletindans l’urne, il avait pourtant émis le souhait que lesjournalistes « [lui] lâchent les baskets » avant de ras-surer le personnel du bureau de vote : « L’année pro-chaine, quand je viendrai voter, je déchaînerai moinsles foules. » Le candidat socialiste est parti, « détendu», après avoir remercié Alain Morell et s’être un peuinquiété de l’ab-sence de Lau-rent Boyer, têtede liste desVerts dans l’ar-rondissementau premier touret désormaistroisième sur laliste de lagauche plu-rielle. « Il a dumal à se lever »,explique unemilitante.

Philippe Séguin : un vote expéditif

Cette fois-ci il est venu en voiture, dans saRenault Scénic. Une parka grise, un cos-tume sombre et la mine des mauvaisjours, Philippe Séguin traverse une forêt

de caméras avant de pénétrer sur les coups de11h30 dans le bureau de vote du lycée La Fon-taine (16e). Rapidement, il prend les bulletins ducandidat RPR-UDF-DL Pierre-Christian Taittingeret du socialiste Jean-Yves Mano. Il méprise celuidu tibériste Christian Cabrol. Un bref passage parl’isoloir et le rituel « a voté » retentit dans le brou-haha. Sous les flashs, le député des Vosges salueles assesseursavant des’échapper verssa permanencedu 18e, sourireaux lèvres.

Paris 1234567891011121314151617181920 Hôtel de Ville

Rien ne va plus, les jeuxsont faits. Et Paris bas-cule à gauche. LesParisiens ont choisi

l’alternance en votant pour Ber-trand Delanoë. Le RPR y subitun échec. Le mouvement gaul-liste n’a pas su conserver l’an-cien fief du président de laRépublique. Jacques Chiracconnaît donc un revers, mêmesi les élections donnent à ladroite un avantage en province.

En effet, la gauche ne sort pasnon plus indemne de la batailledes municipales. Son recul estbien réel, notamment avec laperte de Nîmes, de Lisieux et deRouen, trois villes de gauche, etla défaite du ministre de l’Edu-cation, Jack Lang dans son fiefde Blois.Mais la victoire de Bertrand Dela-noë à Paris, par sa force et sa por-tée symbolique, sera brandie enétendard par le camp du Premier

ministre pour faire oublier cesrésultats décevants.

Fin de 130 ans de règne de la droiteLes socialistes n’auront pas demal à trouver des argumentspour porter aux nues cette vic-toire, hautement emblématique.Après 130 ans de règne de ladroite, Paris s’offre enfin à lagauche. On n’avait pas connucela depuis l’instauration de la

Commune, le 18 mars 1871. Le règne de Jacques Chirac surl’Hôtel de Ville pendant 24 ansprend réellement fin aujour-d’hui. Il y a six ans, l’accessionau trône de Jean Tiberi n’étaitqu’une passation de pouvoirentre un ancien maire et sonadjoint. L’enjeu du scrutin n’a donc paséchappé aux électeurs. Les Pari-siens se sont mobilisés pour cesecond tour du scrutin. Le

nombre de votants a progressédans les arrondissements les plusdisputés : le 2e (+ 3,3 %), le 4e

(+4 %), le 12e (+3,4 %), le 13e

(+ 4,9 %) et le 14e (+ 3 %).Surl’ensemble de Paris, la hausse dutaux de participation a augmentéde trois points par rapport aupremier tour, avec 48,1 %. MaisPhilippe Séguin n’en a pas béné-ficié. Le “ sursaut de camp ” del’électorat de droite n’a pas étésuffisant ou n’a pas eu lieu.

La petite poussée de la gaucheplurielle, avec 43,75 % des suf-frages exprimés dimanche der-nier, s’est donc transformée àParis en vague rose. Les 9e, 12e,13e et 14e, considérés comme lesarrondissements-clés de ces élec-tions municipales, devaient bas-culer à gauche. Les sondagesl’avaient annoncé. Elle a finale-ment eu lieu, avec un tour deretard.

Benjamin NEUMANN

Paris s’offre à la gaucheBertrand Delanoë a réussi à prendre possession du fief emblématique de la droite.

Quatre électeurs pas comme les autresDans leurs arrondissements respectifs, les principaux candidats ont voté sous le crépitement des flashes.

Yves Contassot :un « vainqueur »

fatigué

Après une nuit blanche, Yves Contassotarrive à la mairie du 3e arrondissement, envainqueur mais visiblement fatigué. « J’aitrop mangé, trop bu » explique-t-il. La fête

de la victoire avant le vote même ? « Non, non, on afêté la fin de la campagne, se défend le leader écolo-giste. Le champagne, c’est ce soir, à l’Hôtel de Ville. »Car pour Yves Contassot, la victoire de la gaucheplurielle est certaine: « On a gagné, c’est sûr ! »Lescénario est le même, juste les décors qui changent.Une journaliste, trois appareils photos, mais beau-coup plus d’électeurs que pour le premier tour. Leleader écolo-giste passe dansl’isoloir, jettel’autre liste à lapoubelle,attend dans lafile, discipliné.Pas de com-mentaire. Aprèsle vote, il sedépêche, lafamille appelle.« Je vais faire lescourses, je fais àmanger. »

Jean Tiberi : une soirée

« intéressante »

À12h30, la voiture de Jean Tiberi est arri-vée à la mairie de 5e. Son épouse Xavièreet Michèle-Laure Rassat, ex-tête de listetibériste dans le 13e, l’attendent déjà, en

compagnie d’une horde de journalistes, venus voirle maire choisir un seul bulletin de vote - le sien biensûr - sous les flashes. « Je regrette que certains aientpris une lourde responsabilité en refusant la fusion deslistes. La victoire est encore possible, mais plus diffi-cile. » Il repart faire la tournée des bureaux de voteet voir des amis, avant de préparer une soirée à l’Hô-tel de Ville, « intéressante à tous égards ». Prudente,Xavière est ren-trée de soncôté. Elle n’avaitpas oubliéqu’au premiertour, la bouscu-lade autour dela voiture dumaire l’avaitlaissée sur letrottoir. Elle luia adressé unsigne de lamain. Photo Vincent Baillais/

Lieu-DitPhoto AFP (Archives) Photo AFPPhoto AFP

DU C TRE UESTEN O-

C e

COMBAT 12 LUNDI 19 MARS 2001

Page 12: Combat 19 Mars 2001

123456789101112 Hôtel de Ville 1314151617181920

COMBAT 13 LUNDI 19 MARS 2001

BÉBERT », comme l’ap-pelle affectueuse-ment son équipe decampagne, ne s’arrête

jamais. Et pour cause. BertrandDelanoë a dû combler, sur leterrain, un déficit de notoriétéqui le poursuivait. Celui quis’est longtemps fait héler d’unretentissant « Bernard ! », s’estbattu pour ne plus passer inco-gnito. Quand Philippe Séguin,sûr de son bon indice de recon-naissance chez les électeursparisiens, « se reposait », auxdires de sa propre attachée depresse, le candidat socialistecourait le bitume.

Idéal, avec sa petite auto,son petit manteauAu point de semer ses colis-tiers : « Je n’arrive pas à lesuivre », se plaint Yves Contas-sot, astreint au rythme effrénéde son chef de file. Sur les mar-chés, Bertrand Delanoë jouetoujours la même carte : la vraiecélébrité est dans la rue, pas àl’écran. Alors il réprimande lescameramen et photographesturbulents : « Attention à ladame ! Moi, je ne marche pasavec vous si vous bousculez lesgens ». Bertrand ne fait pas la star, ilclaque la bise, trouve « très sym-pathiques » deux admirateursqui le klaxonnent et tempèreavec un sourire satisfait lesardeurs des fidèles qui lui pro-mettent la victoire. Emporté parla foule qui l’entraîne, il estpourtant le passant idéal, avecsa petite auto, son petit man-teau... « Quand je l’ai vu à laGay Pride en 1995, personne nele reconnaissait », raconte RenéLalement, actuel organisateurde la manifestation. Aujourd’hui, le candidat socia-liste intime aux journa-listes « de lui lâcher lesbaskets ». « Pourquoi est-il de simauvaise humeur ? », râlent lesintéressés. Et quand il se cla-quemure dans sa permanenceau soir du premier tour, lagrogne monte : « Il a pris lagrosse tête, il va le payer »...Mais Bertrand Delanoë n’ajamais prétendu à l’humilité :« Depuis qu’on me traite demodeste, j’essaie de l’être mais jene le mérite pas ».

« Il ne prétend pas avoir des qua-lités qu’il n’a pas », confirmeGérard Miller, psychanalystemédiatique, inscrit sur la listede soutien du candidat socia-liste depuis qu’il a passé sixheures avec lui, coincé dans unevoiture, pour l’émission deCanal Plus « Sur la Route ». « Ilmarche depuis longtemps vers cetobjectif, on a envie de lui faireplaisir ».Pourtant, Bertrand Delanoë n’apas toujours marché droit et asouvent préféré les chemins detraverse. Voire l’école buisson-nière. Quand il rate son parachutagedans le Vaucluse, pour les légis-latives de 1986, il tourne le dosà la chose publique pour mon-ter sa petite entreprise de com-munication. « C’est pour ça qu’iln’a pas besoin de conseils dansce domaine, malgré ce qu’onentend », affirme Cyril Carton,son attaché de presse. C’est pour ça aussi qu’il s’enor-gueillit d’avoir « prouvé saliberté politique et personnelle ».Ou comment magnifier sept ansd’absence après avoir été porte-parole du PS à 31 ans etmembre de la « bande du18e » avec Lionel Jospin, ClaudeEstier et Daniel Vaillant. Maisaussi évoquer incidemment soncoming out, il y a deux ans. « Lemot peur ne me convient pas »,répète le candidat à la mairiede Paris qui s’octroie aussi laliberté de choisir les mots pourse définir.

Malheurà qui le contrediraLe chevalier sans peur se veutaussi sans reproche. Il revienten 1993 à la tête du groupesocialiste au Conseil de Paris etdevient « le plus farouche oppo-sant au système municipal »,selon le site web qui lui estconsacré. « Moi, je n’ai bénéfi-cié d’aucun avantage », lanceBertrand Delanoë à la tête dePhilippe Séguin, lors du débattélévisé de la campagne. D’ailleurs, « le gros », « il a enviede le claquer », rapporte Le Pari-sien. Car, en face, le chétif a sonorgueil. Blessé à vif, il ne peuts’empêcher d’introduire unedose d’affect dans le débat :« Vous m’avez méprisé, vousm’avez traité avec condescen-

dance ! », rappelle-t-il à sonadversaire. Un orgueil qui lui fait dire auvu des résultats du premiertour : « Je vous l’avais dit que cene serait qu’une poussée », maissurtout : « C’est moi qui avaisraison ». Et malheur à qui le contredira.Car Bertrand Delanoë estcapable de coups de sang spec-taculaires. Ses proches collabo-rateurs le confirment. « Parcequ’il est extrêmement perfection-niste et en attend autant desautres », justifie son attaché depresse. Comment l’amadouer ? Peut-être en évoquant ses idoles :Barbara, Dalida, et le paradis del’enfance, la Tunisie... Un uni-vers onirique qui a fait de lui« ce grand imaginatif », commele définit l’ancien ministre auBudget, Christian Sautter. Un peu visionnaire, caché der-rière les volutes de fumée de sesindispensables cigarillos, unpeu pécheur par orgueil, Ber-trand Delanoë serait-il un nou-veau Lawrence d’Arabie lancéà la conquête de Paris ?

Marjolaine JARRY

Bertrand Delanoëce Lawrence d’Arabiequi a conquis Paris

De Tunisà la mairie de Paris

30 mai 1950 :naissance à Tunis (Tunisie)1971 : adhère au Parti socialiste1977 : élu conseiller de Paris1981 : élu député PS de Paris1981 : porte-parole du PS1983 : secrétaire national du PS, chargé des fédérations1989 : crée sa sociétéde conseil en communication1995 : sénateur de Paris1996 : secrétaire de la commission desAffaires Étrangères etde la Défense au Sénat.

Bertrand Delanoë a fini par atteindre l’objectif vers lequel « il marche depuis longtemps ».La mairie de Paris est désormais à la portée du « chevalier sans peur ».(Lucas Schifres/Lieu-Dit)

Il ne joue pas la star et s’enorgueillit d’avoir prouvé sa liberté personnelle et politique.

Page 13: Combat 19 Mars 2001

(AFP

/pho

to d

’arc

hive

s)

Paris 1234567891011121314151617181920 Hôtel de Ville

Réactions

.Françoise de Panafieu, candidate RPR-UDF-DL dansle 17e, sur France 3 : « Lavague rose est loin ».

.Jean-François Probst, directeur de la communica-tion à l’Hôtel de Ville : « Ilfaudra que Philippe Séguin s’explique pour ne pas avoiraccepté les fusions de listes àParis ».

.François Fillon, conseillerpolitique du RPR : le mairesortant de paris, Jean Tiberi« ne pouvait pas gagner Paris,on le voit bien aujourd’hui (...).Depuis maintenant plusieursélections, le maire de Paris et la majorité municipale étaienten difficulté. La politique qu’il aconduite n’était pas celle que lesParisiens attendaient ».

.Bernard Bled, directeur decampagne de Jean Tiberi :« Que la gauche l’emporte alorsque le scrutin est très serré, je leregretterais d’autant plus quenous n’avons pas réussi à fairela fusion, ce qui à l’évidence estdommageable ». Le secrétaire général de laMairie de Paris s’est exprimédu bureau du maire. Dans la pièce, la télévisionétait allumée sur TF1, et lemaire, tout sourire, parlaitavec quelques amis. Il venaitd’apprendre que les sondagesle donnaient gagnant dans le5e arrondissement.

.Hervé de Charette, prési-dent délégué de l’UDF, sur France 2 : « Les sondagessont des attrape-couillons. Ilssont complètement et régulière-ment à côté de la plaque. Ils ne disent rien qui soit utile puisqu’ils nous trompent régulièrement ».

.Patrick Devedjian, porte-parole du RPR, sur France 2 :« Nous avons des problèmes de succession. C’est pourquoinous sommes en difficulté àParis et à Lyon, notamment ».

.Yves Cochet (Verts), vice-président de l’Assembléenationale, sur France 2 :« Avec le PS, nous avons une politique d’autonomiecontractuelle ».

DIMANCHE, 14 HEURES.À quelques pas l’une del’autre, deux des portesde la maison Séguin

renferment des ambiances biendifférentes. Au 28, rue Saint-Dominique, derrière le portail enfer de la Maison de la chimie, leschevilles ouvrières de la soirées’agitent pour mettre en place ledécor. Le tout entre sobriété etmorosité. Les premiers invités dela fête, ou de la défaite, sont atten-dus pour 19 h 30. Au premier, lasalle de réception est déserte, leschaises encore empilées, le buf-fet attend d’être dressé. À l’étagesupérieur, le grand salon est enpasse d’être achevé. Les camérasjonchent le sol, l’objectif tournévers l’estrade où Philippe Séguindoit s’exprimer.De l’autre côté de la rue, au 39,devant la porte en bois, un cer-bère garde l’entrée pour s’assurerque personne ne perturbera lerepos des guerriers séguinistesavant l’ultime passe d’armes. Pourtout contact avec l’intérieur, il fautuser du téléphone, auquel l’onnous répond avec une bonnehumeur un peu crispée. Normal,à quelques heures des résultats.« Je vous mentirais si je vous disaisqu’ici il n’y a pas de tension dansl’air », dit un membre de la garderapprochée.Dans le 4e, l’ambiance n’est pasla même. Un badaud : « C’est leQG de Delanoë ? ». Pas tout à fait.Plutôt celui de Bertrand. CarDelanoë n’existe ici que sur lesaffiches au soleil orange placar-dées aux murs. Et c’est pour Ber-trand que tous les permanents

s’affairent aux derniers prépara-tifs d’un « événement historique àne pas rater ». Ils se disent« confiants », noient le stress dansle ti’punch. « Ça fait six mois qu’onmarche aux nerfs », explique l’at-taché de presse.Tout sera en ordre dans les temps.Le QG, un ancien restaurant auxpoutres apparentes et le chapi-teau, dehors, où 300 journalisteset invités sont attendus pour l’an-nonce des résultats. Le tout dansune atmosphère faussementdétendue, rythmée par les tour-nées de cafetières,dans un tour-billon orchestré par lesprésentatrices de LCI. Mais déjàla nostalgie guette la quinzainede bénévoles. L’aventure prendfin. Pour marquer le coup, ils ontacheté un bouquet de jasmin.« Ce sont les fleurs préférées deBertrand ».Les deux maîtres de cérémonie,eux, se « détendent ». Des deuxcôtés, un même constat : « Il nenous reste plus qu’à attendre ». Aumieux quelques heures, au piresix ans encore.

Olivia GESBERT

Jacques CLÉMENT

Entre fête et défaiteHier, chez Séguin et Delanoë, on a attendu le verdict avec inquiétude.

COMBAT 14 LUNDI 19 MARS 2001

Ambiance détendue dans les QG où les militants

sentent déjà poindre la nostalgie.

La bataille est finie.(AFP/photo d’archives)

Tiberi, direction 5e

A l’Hôtel de Ville, l’ancien maire a été accueilli comme une star.

LES NUAGES déversaienthier soir à l’hôtel deVille de Paris leur pluiesur les policiers chargés

de bloquer les accès à la mairie.A l’intérieur, le bâtiment étaitvide, déserté par ses employéspartis guetter, le temps d’unweek-end, le nom du successeurde Jean Tiberi. Seuls les salonsde réception bruissaient desconversations de 550 journa-

listes, de 19 nationalités diffé-rentes. Une centaine d’entre euxs’étaient attroupés devant laporte que devait franchir JeanTiberi. Les invectives fusaiententre photographes et caméra-men, se bousculant pour lameilleure place. Enfin, le maire arrive. La bous-culade est un peu folle, commepour une superstar du rock. « Nevous blessez pas ! », s’inquiète

Jean Tiberi, avant d’entamer untour de piste à travers les salons.Le maire arbore un large sourire,attendant la confirmation de saréélection dans le 5e. L’heure n’est pas encore officiel-lement à la défaite. Aux journa-listes qui lui prédisent la victoirede la gauche, l’actuel occupantdes lieux répond : « Si vous avezdes tuyaux, donnez-les moi. J’at-tends les résultats avec impa-

tience ». Passant devant lestableaux où s’afficheront tout àl’heure les résultats par arron-dissement, il déclare : « C’est unebonne chose qu’il y ait eu plus devotants, les Parisiens se sont inté-ressés encore plus à l’élection ».Le maire sortant ne dira riend’autre, il doit partir, se replierdans son fief du 5e. Pour y fêterson élection.

Catherine WEIBEL

Ceux qui accompagnent Combat

Page 14: Combat 19 Mars 2001

Infos Express

COMBAT 15 LUNDI 19 MARS 2001

ETALa dynamite volée par l’ETA déjà utiliséeLes 20 kilos d’explosif qui ont servi à l’attentat deRosas, samedi soir dans le nord-est de l’Espagne,provenaient certainement des 1 600 kilos de dyna-mite volés près de Grenoble (Isère) le 8 mars der-nier par un commando de l’ETA, selon le ministèrede l’Intérieur de la Catalogne. La voiture piégée,quant à elle, avait été volée à Tarbes (Hautes-Pyrénées). Un policier catalan a trouvé la mortdans l’attentat. Hier matin, une charge de 50 kilosd’explosif a pu être désamorcée par les artificiersespagnols, à Gandia, toujours dans l’est de lapéninsule.

Coupe de FranceBon tirage pour les « petits »Le tirage au sort des quarts de finale de Coupede France, qui se joueront les 31 mars et 1er avril,a plutôt épargné les petits clubs. Le mythiqueStade de Reims se déplacera à Amiens, un rivalde National. Grenoble, autre club de division 3,accueillera Troyes pour réaliser l’exploit de cesquarts. La route vers les demi-finales sera parcontre encombrée pour Auxerre, qui fera escaleà Nantes, et Strasbourg, lanterne rouge de la pre-mière division, qui recevra Lyon et ses vedettes.

LE PROCÈS de GuyGeorges s’ouvre aujour-d’hui devant la cour d’as-sises de Paris. Le «tueur

de l’Est parisien» est accusé d’avoirviolé et tué sept jeunes femmesentre 1991 et 1997 dans la capi-tale. Il comparaît également pourquatre autres agressions sexuelles.L’ancien squatter, âgé de 38 ans,va plaider l’innocence. Au lende-main de son arrestation en mars1998, il avait pourtant avoué les

faits, avec des détails précis. Etselon les experts, les prélèvementsd’ADN effectués sur quatre desonze victimes sont accablantspour l’accusé.Agées de 19 à 33 ans, les septjeunes femmes décédées ont étéattaquées pour la plupart le soiret à leur domicile. Violées à une ouplusieurs reprises, souvent atta-chées et bâillonnées, elles étaientinvariablement tuées de coups decouteau à la gorge.

A l’audience, le témoignage deNathalie David devrait éclairer lasouffrance des victimes. Attaquéeen 1981 de la même façon, lais-sée pour morte par le tueur, elle areconnu Guy Georges comme sonagresseur lors de son arrestation.La personnalité du tueur présumédevrait aussi être au centre desdébats. Fils d’une entraîneuse et d’un cui-sinier américain, abandonné dèssa naissance, Guy Georges fut

élevé dans une famille d’accueild’enfants placés par la DDASS.Déjà accusé à plusieurs reprisesd’avoir agressé des femmes sousla menace d’un couteau, il avaitété condamné à des peines allantd’une semaine de prison à dix ansde réclusion. Pendant la série des assassinats,en 1995, il avait été placé en gardeà vue, mais n’avait pas étéinquiété.

P.P. (avec AFP)

Justice

Guy Georges plaide non coupableLe « tueur de l’Est parisien » risque la perpétuité.

Villes-clés : Les Toulousainsn’ont finalement pas dit“ ouste ! ” à Douste-Blazy. Mal-gré le bon score réalisédimanche dernier par les“ Motivé(e)s ”, l’ancien ministrel’emporte dans un fauteuil dansla “ ville rose ”. Avec 56,4% dessuffrages, il a surclassé FrançoisSimon (PS). A Lyon, la tête deliste RPR-Droite Chrétienne,Jean-Michel Dubernard, s’estimposé dans le 3e arrondisse-ment. Dans les 5e et 7e, les sec-teurs décisifs, les écarts étaientréduits et indiquaient plutôt, à21h30, une courte avance de la

gauche. Contrairement à JeanTiberi, la “ prime à la casserole ”n’a pas bénéficié à Jacques Mel-lick qui, malgré un score flat-teur au premier tour à Béthune,est battu par le candidat socia-liste. Toulon, une municipalitéanciennement gérée par le Frontnational, est remportée parHubert Falco (DL). A Vitrolles,la compétition entre CatherineMégret (MNR) et ses deuxadversaires “ républicains ” s’an-nonçait serrée.Le sort des ténors : Lesministres en lice ont connu desfortunes diverses. La Garde des

Sceaux Marilyse Lebranchu estréélue à Morlaix (Finistère). Parcontre, Jack Lang semble avoirpayé au prix fort sa tentative deparachutage à Paris. Le ministrede l’Education nationale estbattu de 40 voix dans sa “ bonneville de Blois ” par le jeune Nico-las Perruchot (UDF). ElisabethGuigou, qui avait déjà frôlé ladéfaite au premier tour, n’a pascréé l’exploit à Avignon : elle estsèchement battue par la mairesortante Marie-Josée Roig (RPR).Même déconvenue pour leministre délégué aux Affaireseuropéennes, Pierre Moscovici,

battu largement à Montbéliard.Martine Aubry, sans surprise, estparvenue à prendre, au coursd’une triangulaire, la successionde Pierre Mauroy à Lille avec49,69% des voix. A Belfort, Jean-Pierre Chevènement est facile-ment réélu.Les villes qui basculent : L’op-position parlementaire va pou-voir trouver dans ces électionsmunicipales un motif de soula-gement. Nombreuses sont eneffet les villes qui basculent degauche à droite. La principalesemble être Strasbourg : la mairesortante Catherine Trautmann

n’a pas survécu à la dissidencede Jean-Claude Petitdemange etaux problèmes d’insécurité. L’an-cienne ministre de la Culture,contre laquelle le FN appelait àvoter, s’est inclinée face à l’UDFFabienne Keller. A cause d’unmauvais report des voix vertes,Yvon Robert (PS), battu parl’UDF Pierre Albertini, n’est pasparvenu à conserver Rouen. Laliste des déceptions est longuepour la gauche : Orléans, Nîmes,Cahors, Aix-en-Provence, Châ-teauroux, Chartres, Lisieux,Evreux, Montauban et mêmeQuimper, pourtant situé en plein

fief socialiste, basculent à droite.Dans le sud est, la Seyne-sur-Mer comme la Ciotat, bastionscommunistes depuis la Libéra-tion, sont conquises par ladroite. Maigres consolationspour la majorité parlementaire :Ajaccio rejoint Bastia dans l’es-carcelle des villes corses déte-nues par la gauche. A Dijon, lesocialiste François Rebsamenremporte aisément ce bastiontraditionnel de la droite. Lagauche plurielle se rassure éga-lement dans les villes en “ A ” :Amboise, Agen et Auxerre.

MF et PP (avec AFP)

Elections La vague rose s’estchangée en marée bleue

InsoliteQuand le sous-commandantMarcos écrasaitles prix Et si les vocations de guérilleros naissaient dansles supermarchés ? Le sous-commandant Marcos,qui vient d’effectuer une entrée triomphale dansMexico, a raconté hier sur une radio espagnole qu’ila travaillé dans un supermarché de Madrid. Cais-sier au Corto Ingles, l’équivalent ibérique de Car-refour, il en a même été renvoyé pour avoir bradédes articles à des clients nécessiteux. Cette expé-rience l’a d’ailleurs poussé à retourner en Amé-rique latine « en fuyant le patron du supermarchéqui me réclamait ce que j’avais emporté sanspayer » L’homme à la cagoule n’a pas voulu préci-ser la date, sinon « ils vont faire des recherches etsavoir qui je suis réellement ».

La passe de sixpour SchumiIl peut lever le poing car ilrevient de loin. Michael Shu-macher (Ferrari) a remportéhier le Grand Prix de Malai-sie de Formule 1, devant soncoéquipier brésilien RubensBarrichello et le BritanniqueDavid Coulthard (McLaren-Mercedes). Seuls quatorzeconcurrents ont fini lacourse, la plupart des pilotesayant été surpris, dès le troi-sième tour, par un terribleorage qui a nécessité l’inter-vention de la voiture de sécu-rité et la neutralisation de lacourse pendant cinq tours.Parti en pôle position maisrapidement rétrogradé à laonzième place, « Schumi » aréalisé une formidableremontée en prenant cinqsecondes au tour à tous sesadversaires. Champion dumonde en titre et leader duclassement 2001, il a signé sasixième victoire consécutive.Jean Alesi (Prost-Acer) s’estclassé neuvième.

Page 15: Combat 19 Mars 2001

RED

ECO

UV

RO

NS

EDF

Développementdes énergies renouvelables ?Quand EDF s’engage,ce n’est pas du vent.

EDF est aujourd’hui le 1er producteur d’énergies renouvelables dans

l’Union Européenne.

EDF s’implique dans le développement des énergies renouvelables

partout dans le monde. Parce qu’elles présentent un intérêt à la fois

économique et environnemental mais aussi parce qu’elles sont une

formidable opportunité et un réel espoir pour les pays en voie de

développement. C’est pour cela que d’ici 2005, EDF multipliera par 10

ses investissements dans les énergies renouvelables, qu’elles soient

solaires, éoliennes, hydrauliques ou issues de la biomasse. Pour une

information complète, n’hésitez pas à consulter notre site www.edf.fr.