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Division de l’information, de la documentation et des recherches – DIDR 2 juin 2021 Colombie : Situation sécuritaire Avertissement Ce document, rédigé conformément aux lignes directrices communes à l’Union européenne pour le traitement de l’information sur le pays d’origine, a été élaboré par la DIDR en vue de fournir des informations utiles à l’examen des demandes de protection internationale. Il ne prétend pas faire le traitement exhaustif de la problématique, ni apporter de preuves concluantes quant au fondement d’une demande de protection internationale particulière et ne doit pas être considéré comme une position officielle de l’Ofpra. La reproduction ou diffusion du document n’est pas autorisée, à l’exception d’un usage personnel, sauf accord de l’Ofpra en vertu de l’article L. 335-3 du code de la propriété intellectuelle.

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Division de l’information, de la documentation et des recherches – DIDR

2 juin 2021

Colombie : Situation sécuritaire

Avertissement Ce document, rédigé conformément aux lignes directrices communes à l’Union européenne pour le traitement de l’information sur le pays d’origine, a été élaboré par la DIDR en vue de fournir des informations utiles à l’examen des demandes de protection internationale. Il ne prétend pas faire le traitement exhaustif de la problématique, ni apporter de preuves concluantes quant au fondement d’une demande de protection internationale particulière et ne doit pas être considéré comme une position officielle de l’Ofpra.

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Table des matières

1. Les groupes armés illégaux ou « Groupes Armés Organisés » (GAO) .......................................... 4 1.1. L’Armée de Libération Populaire (ELN). .................................................................................. 4

1.1.1. Histoire et actions récentes de l’ELN ............................................................................... 4

1.1.2. Organisation et effectif de l’ELN ...................................................................................... 5

1.2. Les groupes armés dissidents ou Post - Forces Armées Révolutionnaires de Colombie – Armée Populaire (FARC-EP) ............................................................................................................... 7

1.2.1. Formation des groupes armés dissidents ou Post-FARC-EP (GAPF) ................................ 7

1.2.2. Effectif et organisation des groupes armés dissidents ou post-Farc (GAPF) .................. 8

1.2.3. Présence territoriale et perspectives .............................................................................. 9

1.3 Les groupes « narco-paramilitaires » .................................................................................... 11

1.3.1 Les Autodefensas Gaitanistas de Colombia (AGC) ou Clan del Golfo ............................ 11

1.3.2 De nombreux autres groupes « narco-paramilitaires » ................................................ 13

1.3.3 Les Águilas Negras (Aigles Noirs), une entité invisible .................................................. 15

2. Les conflits et affrontements armés .............................................................................................. 16 2.1 Les facteurs persistants de conflictualité ............................................................................... 16

2.1.1 La rente financière majeure : le narcotrafic .................................................................. 16

2.1.2 L’exploitation illégale des ressources naturelles ........................................................... 17

2.1.3 Un Etat absent des régions dites « périphériques » ..................................................... 17

2.2 Les conflits et affrontements armés régionaux entre les différents GAO .............................. 19

2.2.1 La région nord-orientale (Norte de Santander, Cesar, Magdalena et La Guajira) ........ 19

2.2.2 La région nord-occidentale (Cordoba, Antioquia et Choco) .......................................... 21

2.2.3 La région sud-occidentale (Valle del Cauca, Cauca, Nariño et Putumayo) ................... 24

2.2.4 La région sud-orientale .................................................................................................. 26

2.2.5 Des départements plus centraux (Risaralda, Caldas et Bolivar) .................................... 26

2.3 Conflits et affrontements armés entre forces publiques et GAO ........................................... 27

2.3.1 Le conflit armé des forces publiques contre l’ELN ........................................................ 27

2.3.2 Le conflit armé des forces publiques contre les AGC .................................................... 29

2.3.3 Les conflits ou affrontements armés des forces publiques contre les GAPF ................ 30

2.3.4 Les conflits ou combats armés des forces publiques contre l’EPL et Los Caparrapos .. 31

2.4 Des forces publiques et une politique sécuritaire sous le feu des critiques .......................... 32 3 Exactions et conséquences humanitaires des affrontements armés ............................................ 33

3.1 La violence à l’échelle nationale ............................................................................................ 33

3.1.1 Exactions à l’échelle nationale ...................................................................................... 33

3.1.2 Une pression des acteurs armés illégaux qui s’amplifie avec la crise sanitaire ............ 36

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3.2 Les différentes populations victimes des exactions .............................................................. 37

3.2.1 Les paysans et défenseurs de l’environnement ........................................................... 37

3.2.2 Les communautés ethniques indigènes et afro-colombiennes .................................... 38

3.2.3 Les anciens guérilleros FARC engagés dans le processus de paix ................................. 38

3.2.4 Les mineurs et jeunes adultes ....................................................................................... 38

3.2.5 Les femmes et la communauté LGBTI ........................................................................... 39

3.2.6 Les meneurs politiques et syndicalistes ........................................................................ 40

3.3 Les ressortissants vénézuéliens en Colombie ...................................................................... 40 3.4 Une multiplicité des GAO persécuteurs qui génère une certaine impunité ........................... 41 3.5 Des forces publiques accusées et coupables de nombreuses exactions ............................. 43

3.5.1 Exactions des forces publiques à l’encontre de différentes populations civiles ........... 43

3.5.2 La violente répression des manifestations par les forces publiques ............................. 43

3.5.3 Une impunité des forces publiques régulièrement décriée ......................................... 45

Bibliographie .......................................................................................................................................... 47 Résumé : Quatre ans après la démobilisation de la guérilla Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC), la guérilla Armée de Libération Nationale (ELN) a profité de cette absence pour se renforcer. Le nombre de Groupes Armés Organisés (GAO) a augmenté de manière conséquente avec l’apparition des groupes dissidents ou post-FARC et de nouveaux groupes narco-paramilitaires, créant un panorama global avec une multitude de structures armées à taille variable au sein desquels l’idéologie politique a pratiquement disparu, le contrôle des rentes illégales est devenu l’objectif majeur. La situation conflictuelle est passée d’une situation de crise nationale à de multiples crises régionales ou locales sur des territoires où l’Etat semble absent, la politique sécuritaire du président Ivan Duque fait l’objet de vives critiques. Les exactions inhérentes aux conflits ont évolué mais demeurent importantes et récurrentes, elles ont augmenté en 2020 malgré un confinement national. Abstract : Four years after the disarmament of the Revolutionary Armed Forces of Colombia (FARC) guerilla, the National Liberation Army (ELN) guerilla took advantage of this absence to strengthen and the Organized Armed Groups (GAO) number have increased consequently with the émergence of splinters or post-FARC groups and new narco-paramilitary groups, giving an overview with a multitude of armed varying size structures in which ideology had almost disappeared, the illegal incomes control has become the major target. The conflictuality has evolved from a national crisis situation to various regional or local crises on territories where the State appears to be absent, the security policy of the president Ivan Duque is subject to many criticisms. The exactions linked to conflicts have changed but continue to be recurring and important with an increase in 2020 in spite of a national breakdown. Nota : La traduction des sources en langues étrangères est assurée par la DIDR.

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1. Les groupes armés illégaux ou « Groupes Armés Organisés » (GAO) Au dernier trimestre de l’année 2016, un accord de paix historique est signé entre le gouvernement de Juan Manuel Santos (président de 2010 à 2018) et les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie-Armée Populaire (Fuerzas Armadas Revolucionarias de Colombia – Ejército Popular, FARC-EP). Le premier accord est signé le 26 septembre, il est rejeté le 2 octobre lors d’un référendum national puis l’accord final (révisé) est signé le 24 novembre1, avant d’être adopté par le Congrès. Plus d’une décennie auparavant, la loi Justicia y Paz promulguée en 2005 par le gouvernement d’Alvaro Uribe (président de 2002 à 2010) marque l’officialisation du processus de démobilisation et de dissolution des Autodéfenses Unies de Colombie (Autodefensas Unidas de Colombia, AUC), une grande coalition armée fondée en 1997 qui réunissait les groupes paramilitaires2. Bien que des dizaines de milliers de guérilleros FARC et paramilitaires déposent les armes, des centaines voire des milliers d’autres créent de nouveaux et nombreux groupes armés en dissidence des processus de démobilisation. Depuis la directive n°15 du 22 avril 2016, tous les groupes armés actifs sont catégorisés par les autorités comme : « Grupos Armados Organizados » (GAO, Groupes Armés Organisés) pour les groupes armés les plus puissants et « Grupos Armados Organizados residuales » (GAOr, GAO résiduels) ou « Grupos Delincuenciales Organizados » (Groupes Délinquants Organisés, GDO) pour ceux ayant une emprise territoriale moins importante3. Ces catégorisations sont souvent remises en question, la majorité des sources publiques, dont les sources colombiennes telles que la Fondation Idées pour la Paix4 (FIP), l’ONG Indepaz5 et la Fondation Paix et la Réconciliation6 catégorisent les groupes armés illégaux actifs comme GAO7. Les idéologies politiques des groupes armés ont plus ou moins disparu, sauf à quelques exceptions, ils ne visent plus la conquête du pouvoir comme ce fut le cas autrefois8. Le contrôle des activités et rentes illégales telles que le narcotrafic est devenu l’objectif principal, d’où l’apparition des termes de groupes armés « narco-paramilitaires » et « narco-guérillas »9.

1.1. L’Armée de Libération Populaire (ELN). 1.1.1. Histoire et actions récentes de l’ELN

L’Ejército de Liberacion Nacional (ELN) est une guérilla d’obédience marxiste-léniniste créée en juillet 1964 dans le département oriental de Santander par un groupe restreint de militants revenus de Cuba et inspirés du mouvement guévariste10. En 1973, à la suite d’une offensive des forces gouvernementales, la guérilla est repoussée vers les territoires orientaux du pays et le département d’Arauca, limitrophe du Venezuela où le groupe commence à établir une présence très relative. Nicolas Rodriguez Bautista alias Gabino devient le leader de l’ELN qu’il dirige encore aujourd’hui11. Avec

1 DELCAS Marie, Le Monde, 23/11/2016, url 2 International Crisis Group, 10/05/2007, url 3 Indepaz, p.10-15, 08/2020, url 4 NDLR : Fundación Ideas para la Paz ; La FIP est un think-thank colombien indépendant fondé en 1999 par Rodrigo Gutierrez Duque, sa mission est d’accompagner et développer des processus pour contribuer à une paix stable et durable en Colombie ainsi qu’apporter des connaissances sur les conflictualités. Elle est considérée comme le deuxième think thank le plus influent de Colombie et travaille avec une centaine de municipalités du pays. 5 NDLR : L’Institut d’études pour le Développement et la Paix (Instituto de estudios para el Desarollo y la Paz, Indepaz) est une ONG colombienne fondée en 1984 qui travaille à la formation, la recherche et la création d’espaces de dialogues sur les thèmes du développement et de la paix, elle contribue également à représenter les organisations sociales et ethniques. Son directeur est Camilo Gonzalez Posso, ancien ministre colombien de la santé de 1990 à 1992. 6 NDLR : La Fondation Paix et Réconciliation (Fundación Paz y Reconciliacion) ou Fondation Pares est une ONG colombienne qui mène et publie des enquêtes sur les sujets de sécurité à diverses échelles, plus précisément à propos des conflits armés et des dynamiques post-conflictuelles liées aux accords de paix des FARC de 2016. Elle est appuyée et reçoit des financements des Nations Unies (PNUD et UNFPA), des ambassades d’Espagne, de Suède, de Norvège et du Royaume-Uni ou encore de la Chambre de commerce de Bogota et du média national El Espectador (entre autres). 7 Fundacion Ideas para la Paz, 24/05/2020, url ; Indepaz, 08/2020, url ; Fundacion Paz y Reconciliacion (Pares), 09/2020, url 8 Indepaz, p.6-7,12/2018, url ; Fundacion Ideas para la Paz, 29/08/2020, url 9 Indepaz, 08/2020, url 10 InSight Crime, 27/10/2020, url 11 InSight Crime, 28/01/2020, url ; Stanford University – Mapping Militants Organizations, 07/2019, url

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l’exploitation pétrolière illégale dans les régions orientales, les enlèvements et l’extorsion comme rentes financières, la guérilla atteint son apogée au milieu des années 1990 avec un effectif estimé à 5 000 combattants12, d’après la fondation InSight Crime13. Lors de l’arrivée au pouvoir d’Hugo Chavez en 1999, la présence de l’ELN et des FARC s’amplifie au Venezuela, où l’ELN étend progressivement son emprise territoriale14. Si la guérilla s’est détournée du narcotrafic jusqu’alors, elle diversifie progressivement sa stratégie de financement avec cette activité criminelle15.

Des négociations de paix avec le gouvernement débutent en septembre 2017. Décrété au 1er octobre 2017, un cessez-le feu prend fin le 10 janvier 2018 à la suite d’attaques perpétrées par des combattants de la guérilla16. Après un attentat de la guérilla dans une école de police de Bogota qui provoque le décès de 21 personnes en janvier 2019, les négociations sont définitivement interrompues17. Par ailleurs, Gabino est à Cuba depuis l’été 2018 où il a profité de la passation de pouvoir présidentiel pour s’échapper et se faire hospitaliser18. Le gouvernement d’Ivan Duque réclame l’extradition de Gabino et d’alias Pablo Beltran (un membre éminent de la guérilla) mais le gouvernement cubain indique ne pouvoir y donner suite par respect des protocoles internationaux et du pacte pour la tenue de négociations de paix avec l’administration de l’ancien président Juan Manuel Santos19.

Du 14 au 17 février 2020, le groupe armé mène simultanément pas moins de 27 actions armées répartis géographiquement sur l’ensemble de ses zones d’actions qui visent à menacer le gouvernement d’Ivan Duque sur la rupture des négociations de paix20. Annoncé publiquement quatre jours plus tôt sous le nom de « grève armée » (« paro armado »), ils effectuent des attaques contre civils et militaires, des blocages de transports routiers et maritimes ainsi que l’installation d’engins explosifs21.

1.1.2. Organisation et effectif de l’ELN L’ELN dispose d’un commandement horizontal réparti premièrement dans un Commandement central (« COCE ») et une Direction nationale (« DINAL ») puis au sein de sept différents Fronts de guerre géographiques : Front Oriental, Nord, Nord-oriental, Dario Ramirez (centre-nord), Central, Occidental et Sud-occidental. Chaque Front a un commandant qui peut opérer indépendamment des autres fronts22. InSight Crime évoque également la constitution en 2020 d’un huitième Front nommé Guerre Urbaine Nationale Camilo Torres Restrepo23. L’unité de l’ELN est de plus en plus bousculée par une autonomie accrue de jeunes commandants de rang moyen, plus intéressés par les activités illégales que par la lutte sociale, qui ont peu de liens avec le COCE, la DINAL et les leaders vieillissants tel que Gabino24, commandant en chef de la guérilla depuis près de 50 ans. Des signes de tensions internes sont apparus en 2020 mais il n’y a pas de rupture claire au sein du GAO à ce jour25. Concernant le nombre de combattants de l’ELN, le département d’Etat américain ainsi que la Fondation Paix et Réconciliation évoquent environ 3 000 combattants fin 2019 et en août 202026 tandis qu’InSight Crime estime ce nombre autour de 4 000 combattants en octobre 202027, un effectif qui augmente et auquel s’ajoute un nombre inconnu de miliciens ruraux et urbains alliés au GAO28.

12 InSight Crime, 27/10/2020, url 13 NDLR : InSight Crime est une fondation qui publie des enquêtes et des analyses sur le crime organisé en Amérique latine et dans les Caraïbes. Cette organisation reçoit des financements de plusieurs Etats (Royaume-Uni, Allemagne, Suisse) et de l’Open Society Foundation, et dispose de bureaux à Washington D.C., ainsi qu’à Medellín, en Colombie. 14 InSight Crime, 28/01/2020, url 15 InSight Crime, 28/01/2020, url 16 InSight Crime, 27/10/2020, url 17 Canada - Commission de l’immigration et du statut de réfugié (CISR), 23/04/2018, url 18 El Tiempo, 20/02/2021, url 19 El Tiempo, 20/02/2021, url ; Stanford University – Mapping Militants Organizations, 07/2019, url 20 VILLALBA Javier, InSight Crime, 06/03/2020, url 21 VILLALBA Javier, InSight Crime, 06/03/2020, url 22 InSight Crime, 28/01/2020, url 23 InSight Crime, 28/01/2020, url 24 TREJOS ROSERO Luis Fernando – APONTE GONZALEZ Andrés, La Sillavacia, 20/02/2021, url 25 TREJOS ROSERO Luis Fernando – APONTE GONZALEZ Andrés, La Sillavacia, 20/02/2021, url 26 US DOS, 02/2020, url ; Fundacion Paz y Reconciliacion, p.21-30, 09/2020, url 27 InSight Crime, 27/10/2020, url 28 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.21-30, 09/2020, url ; InSight Crime, 27/10/2020, url

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1.1.3. Présence territoriale et perspectives

En août 2020, d’après la Fondation Paix et Réconciliation, l’ELN disposait de zones d’actions sur 167 municipalités localisées dans 17 départements différents, soit dans près de 15% des municipalités29 du pays, alors qu’elle était recensée dans 99 municipalités en 201830.

Les Zones d’actions de l’Ejercito de Liberacion Nacional en août 2020 (DIDR, 02/2021)

29 NDLR : Les différentes sources effectuent le recensement de la présence des groupes armés au sein des 1 123 différentes municipalités du pays. Si un groupe armé est recensé présent dans une municipalité, il est indirectement considéré que ce groupe est présent dans toute la municipalité. Or, les municipalités colombiennes sont de tailles très variables, les municipalités sud-orientales du pays sont immenses par comparaison à d’autres car elles ont une très faible densité de population. Ainsi, il ne peut être évoqué de proportion de présence d’un groupe armé sur la surface du pays, d’où le terme de « zones d’actions », la présence des groupes armés ne pouvant être strictement identifiée au sein-même de municipalités à la surface parfois très grande. 30 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.21-30, 09/2020, url

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Après la démobilisation des FARC fin 2016, l’ELN étend son emprise territoriale en particulier sur la côte pacifique et le département de Norte de Santander frontalier du Venezuela31. Le groupe armé est présent dans la moitié des états du Venezuela et enrôle de jeunes Vénézuéliens, il a consolidé son contrôle des régions transfrontalières et de leurs ressources32. Environ la moitié des combattants seraient à ce jour mobilisés sur le territoire vénézuélien, spécialement dans les zones frontalières33. L’ELN a donc profité de la démobilisation des FARC en 2016 et 2017 pour s’étendre à la fois sur les territoires d’influence et de contrôle de ces derniers en Colombie comme au Venezuela.

Les perspectives actuelles du GAO sont de se consolider comme le groupe armé principal de Colombie et de continuer d’accroître son emprise au Venezuela, à travers son contrôle transfrontalier de multiples trafics illégaux (drogues, minerais, pétrole, entre autres), L’ELN est à ce jour la principale menace sécuritaire nationale en Colombie selon InSight Crime34.

1.2. Les groupes armés dissidents ou Post - Forces Armées Révolutionnaires de Colombie – Armée Populaire (FARC-EP)

1.2.1. Formation des groupes armés dissidents ou Post-FARC-EP (GAPF) La grande majorité des guérilleros FARC(-EP) ont accepté le processus de paix et se sont démobilisés. En avril 2020, 13 510 anciens combattants sont engagés dans le processus de réinsertion dans la vie sociale35 d’après l’Agence pour la Réincorporation et la Normalisation (ARN)36 mais des centaines d’autres ont refusé de déposer les armes. D’après le département d’état américain, entre 800 et 1 500 guérilleros FARC se sont désolidarisés du processus de paix en 201637.

La guérilla des FARC-EP était constituée de multiples Fronts de guerre historiques, dont le 1er Front opérant dans le sud-est du pays, dirigé par Nestor Gregorio Vera Fernandez alias Ivan Mordisco38. Des centaines de combattants de ce Front sont les premiers à se désister des accords de paix avec un communiqué en date du 6 juillet 201639. La direction des FARC-EP ordonne alors à Miguel Santillana Botache alias Gentil Duarte, commandant influent du 7ème Front (proche du 1er Front) qui participait aux négociations de paix à Cuba, de rentrer en Colombie pour rétablir l’ordre mais il conclut un accord avec Ivan Mordisco, enrôle avec lui des guérilleros dissidents du 7ème front et devient le leader emblématique des deux groupes dissidents qui forment maintenant le Bloc sud-oriental40.

Un nombre important de nouveaux groupes armés dissidents ou post-FARC apparaissent entre la fin d’année 2016 et 2018 dont des dissidences des Fronts ou Colonnes mobiles des FARC et d’autres groupes crées sans être issus exclusivement des FARC comme le Front Oliver Sinisterra (FOS) ou les Guérillas Unies du Pacifique (GUP), composés notamment d’anciens miliciens alliés à la guérilla mais qui n’en faisaient pas partie, dans le département de Nariño frontalier de l’Equateur41. L’ONG Indepaz résume que les phénomènes de structuration des groupes dissidents ou post-FARC « ne se sont pas réalisés de manière simultanée ni homogène »42.

Concernant la terminologie adoptée, la Fondation Idées pour la Paix préconise d’adopter « une précaution analytique » sur le terme de dissidence43. Indepaz différencie les groupes « dissidents », composés initialement de guérilleros des Fronts de guerre historiques qui ont refusé le processus de paix comme les 1er et 7ème Fronts, et les groupes « résiduels », qui ne sont pas

31 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.21-30, 09/2020, url 32 InSight Crime, 28/01/2020, url 33 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.21-22, 09/2020, url 34 InSight Crime, 28/01/2020, url 35 NDLR : voir : DIDR, « Colombie : L’application de l’accord de paix, les persécutions à l’encontre de guérilleros démobilisés des FARC-EP ou de l’ELN, et la persistance des conflits armés intérieurs », Ofpra, 22/08/2019 36 République de Colombie - Agencia para la Reincorporación y la Normalización (ARN), 30/04/2020, url 37 US DOS, 15/03/2019, url 38 Indepaz, p.105-109, 08/2020, url 39 Semana, 06/07/2016, url 40 InSight Crime, 27/10/2019, url ; Indepaz, p.105-109, 08/2020, url 41 Fundacion Ideas para la Paz, 04/2018, url ; Indepaz, p.129-134, 08/2020, url ; Fundacion Paz y Reconciliacion (Pares), p.31-42, 09/2020, url 42 Indepaz, p.105-109,08/2020, url 43 Fundacion Ideas para la Paz, 04/2018, url

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exclusivement issus d’entités et composés de combattants de la guérilla comme le FOS et les GUP, parmi l’ensemble des Groupes Post-Farc-EP (GAPF)44. Par ailleurs, l’ONG opérait une distinction différente entre 3 types de groupes en 201845. La Fondation Paix et Réconciliation catégorise l’ensemble de ces groupes comme « Groupes Armés Post-FARC » (GAPF) mais elle différencie également des « groupes disperses » relativement similaires aux « groupes résiduels » d’Indepaz46.

Par l’intermédiaire d’une vidéo relayée sur la plateforme YouTube le 29 août 2019, Luciano Marin alias Ivan Marquez, ancien n°2 de la guérilla qui a participé activement aux négociations de paix, annonce la création de la « Seconde Marquetalia » (« Segunda Marquetalia »)47. Ce nouveau groupe armé se définit comme « la continuation de la lutte guérilléra en réponse à la trahison de l’Etat aux accords de paix de La Havane »48. Le nom du groupe fait référence au village de Marquetalia situé dans le département de Tolima où la guérilla des FARC fut créée en 1964. Dans cette vidéo, trois hauts-gradés militaires des FARC ayant participé aux accords de paix sont également présents, à savoir Seuxis Pausías Hernández alias Jesus Santrich (menacé d’extradition aux Etats-Unis49), Hernan Dario Velasquez alias El Paisa et Henry Castellanos Garzón alias Romaña50. Cette annonce de reprise des armes au nom de la guérilla FARC n’est pas soutenue par le parti politique héritier Force Alternative Révolutionnaire Commune, qui maintient et réaffirme son adhésion aux accords de paix de 201651.

1.2.2. Effectif et organisation des groupes armés dissidents ou post-Farc (GAPF)

Tout comme l’ELN, il y a une tendance commune à la hausse des effectifs de l’ensemble des GAPF bien que les sources divergent également sur l’effectif total de l’ensemble des groupes :

-La Fondation Paix et Réconciliation, qui indique se baser sur les chiffres de la Direction Nationale de l’Intelligence, évoque un effectif global de 2 600 combattants Post-FARC répartis dans 30 groupes différents au mois de mai 202052.

-InSight Crime estime en 2019 un effectif total des GAPF qui se porte aux alentours de 3 000 membres répartis dans 37 groupes différents53.

-Indepaz estime un total moyen de 3 400 combattants à la fin de l’année 201954.

Indepaz indique que sur 3 400 combattants à la fin de l’année 2019, 800 seraient des guérilleros n’ayant jamais déposé les armes et 2 600 seraient des « nouvelles recrues post-accord »55, c’est à dire des nouvelles recrues ou des anciens combattants d’abord engagés dans le processus de réinsertion et qui ont maintenant repris les armes56. D’après l’agence pour la Réincorporation et la Normalisation57, 743 des 13 510 anciens combattants (soit 5,5 %) engagés dans le processus de réinsertion s’en sont retirés, il ne peut cependant être affirmé que tous ont suivi la même trajectoire et ont effectivement repris les armes dans les GAPF voire ont rejoint d’autres GAO comme l’ELN58.

Les sources publiques différencient actuellement deux groupes et alliances majeures de GAPF : le Bloc sud-oriental dirigé par Gentil Duarte et la Seconde Marquetalia dirigée par Ivan Marquez. Ces deux leaders historiques de l’ancienne guérilla fédèrent d’autres GAPF autour d’eux par l’intermédiaire de pactes et alliances avec une intention commune, reformer la guérilla historique des FARC mais il

44 Indepaz, p.98-101,08/2020, url 45 NDLR : Dans ce rapport précédent, Indepaz catégorisait et différenciait les groupes « dissidents » et deux types de groupes « résiduels » : les « groupes réarmés pour des activités illégales » (RNI) et les « groupes de sécurité qui soutiennent le trafic de drogue et les syndicats du crime organisé » (GNSM). Les deux derniers groupes ont donc été réunis en une seule catégorie dans le rapport d’août 2020 : les groupes « résiduels » (residuales). (Indepaz, 12/2018, url) 46 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.31-42, 09/2020, url 47 YouTube, chaine au nom de « Valle Informa2 », 29/08/2019, url 48 YouTube, chaine au nom de « Valle Informa2 », 29/08/2019, url 49 GOUEZ Riwanon, Le Grand Continent, 07/10/2019, url 50 InSight Crime, 18/08/2020, url ; Indepaz, p.95-122,08/2020, url 51 GOUEZ Riwanon, Le Grand Continent, 07/10/2019, url 52 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.31-42, 09/2020, url 53 InSight Crime, 27/10/2019, url ; NAVARRETE FORERO Maria Alejandra - OLAYA Angela, InSight Crime, 03/04/2019, url 54 Indepaz, p.105-106,08/2020, url 55 Indepaz, p.103-104,08/2020, url 56 Indepaz,12/2018, url 57 République de Colombie - Agencia para la Reincorporación y la Normalización (ARN), 30/04/2020, url 58 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.31-42, 09/2020, url ; Indepaz, p.95-98,08/2020, url

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n’y a aucun signe d’alliance entre les leaders Gentil Duarte et Ivan Marquez à ce jour. Les sources publiques différencient ensuite un troisième ensemble : des GAPF disperses ou résiduels qui se veulent indépendants et n’adhèrent pas aux deux alliances majeures, désirant garder leur autonomie.

Gentil Duarte est à ce jour l’homme le plus influent des GAPF. Il aurait à ses ordres 1 700 combattants selon la fondation Paix et Réconciliation59 et jusqu’à 2 300 d’après Indepaz60, dans le Bloc sud-oriental, l’entité la plus puissante des GAPF. Grâce à son influence, Gentil Duarte a conclu plusieurs alliances avec, entre autres, les Fronts 10, 33, Acacio Medina et Jaime Martinez. Le Front 10 est un GAPF à l’effectif inconnu et le front 33 est composé d’un effectif d’environ 200 combattants61. Le Front Acacio Medina est composé d’environ 300 combattants62 tandis que le Front Jaime Martinez (issu indirectement du 6ème Front historique, il est également dénommé « Nuevo Sexto Frente », Nouveau Sixième Front) est composé d’un effectif maximum de 200 personnes armées selon Indepaz63. Actuellement, 16 GAPF différents sont ralliés à Gentil Duarte et au Bloc sud-oriental64.

La Seconde Marquetalia n’est pas identifiée clairement en termes d’effectifs et de présence territoriale du fait de sa formation relativement récente. Selon le général des forces publiques militaires Luis Fernando Navarro, la vidéo de la création de la Seconde Marquetalia aurait été enregistrée au Venezuela en août 201965. Le gouvernement d’Ivan Duque accuse son voisin vénézuélien d’abriter Ivan Marquez et Jesus Santrich sur son territoire depuis lequel ils coordonneraient les activités illégales du groupe et enverraient El Paisa et Romaña en Colombie66. D’après la Fondation Paix et Réconciliation, rapportant des informations de la direction nationale de l’intelligence, la Seconde Marquetalia serait composée d’environ 200 combattants à la mi-202067. Une dizaine de GAPF prête allégeance à la déclaration d’Ivan Marquez et sont ralliés à la Seconde Marquetalia dont, entre autres, les Fronts 18, 28 et 4868. Le front 18 Román Ruíz était composé fin 2019 d’un effectif maximum de 200 combattants tandis que le front 28 serait composé d’une trentaine de personnes armées69. Selon le média El Espectador, le protagoniste de l’expansion de la Seconde Marquetalia est El Paisa, il est notamment parvenu à créer une alliance avec le front 48 à la fin de l’année 202070, un GAPF composé d’environ 175 combattants71.

Les groupes disperses (ou résiduels) seraient composés dans leur ensemble d’au minimum 700 personnes armées selon la Fondation Paix et Réconciliation72. Ces groupes se caractérisent par une désarticulation et une autonomie vis-à-vis des deux grandes alliances dissidentes de Gentil Duarte et Ivan Marquez73. Les deux groupes les plus puissants sont le Front Oliver Sinisterra (FOS) et les Guérillas Unies du Pacifique (GUP), ils étaient chacun composés d’au maximum 200 combattants en fin d’année 201974.

1.2.3. Présence territoriale et perspectives

Les zones d’actions des GAPF étaient localisées dans 113 municipalités de 19 départements en août 2020, soit 10% des municipalités du pays, alors qu’elles s’étendaient sur 56 municipalités en 201875.La répartition entre les différents ensembles de GAPF ne peut être précisément établie à cause d’une évolution constante, bien que des territoires d’influence majeure puissent être identifiés. Le Bloc sud-oriental et les GAPF alliés à Gentil Duarte sont présents dans les départements orientaux

59 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.31-42, 09/2020, url 60 Indepaz, p. 103-116,08/2020, url 61 El Espectador, 13/01/2021, url ; Fundacion Paz y Reconciliacion, p.31-42, 09/2020, url ; Indepaz, p.118-120, url 62 Indepaz, p. 103-105, 08/2020, url 63 International Crisis Group, p.9-12, 08/08/2019, url ; Indepaz, p.103-105, url 64 AVILA Ariel, El Espectador, 09/04/2021, url 65 Blu Radio, 07/09/2019, url 66 Indepaz, p. 112-114, 08/2020, url 67 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.31-42, 09/2020, url 68 Indepaz, p.112-144, 08/2020, url ; Fundacion Paz y Reconciliacion, p.31-42, 09/2020, url ; El Espectador, 13/01/2021, url 69 Indepaz, p.105-144, url 70 El Espectador, 13/01/2021, url 71 Indepaz, p. 103-105, 08/2020, url 72 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.31-42, 09/2020, url , Indepaz, p. 103-105, 08/2020, url 73 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.31-42, 09/2020, url 74 Indepaz, p.103-105,08/2020, url 75 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.31-42, 09/2020, url

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de Meta, Guaviare, Vaupés et Vichada ainsi qu’au sein de ceux d’Arauca et Norte de Santander76. L’alliance de la Seconde Marquetalia dirigée par Ivan Marquez est principalement présente dans les départements d’Antioquia et de Cordoba77.

Les zones d’actions des groupes armés Post-FARC en août 2020 (DIDR, 02/2021)

Les groupes disperses qui demeurent indépendants sont principalement situés dans la région sud-occidentale, précisément dans les départements de Nariño, Cauca et Valle del Cauca78. Cependant, les deux alliances majeures s’implantent également dans la région sud-occidentale via les ralliements

76 Indepaz, p.114-116, 08/2020, url ; Fundacion Paz y Reconciliacion, p.31-42, 09/2020, url 77 Indepaz, p112-114, 08/2020, url 78 Indepaz, p.123-147, 08/2020, url ; Fundacion Paz y Reconciliacion, p.31-42, 09/2020, url

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du Front Jaime Martinez avec Gentil Duarte et du Front 48 avec Ivan Marquez, deux GAPF qui opèrent respectivement dans les départements de Cauca et Putumayo79.

Les deux grands GAPF ont également des ramifications narcotrafiquantes et une présence avérée au Venezuela (moindre que celle de l’ELN) où ils profitent de la crise et de la complicité des autorités pour s’enrichir grâce à des exploitations illégales80. La tendance est à la diminution de la puissance des différents groupes disperses ou résiduels indépendants et à leur ralliement dans les alliances du Bloc sud-oriental de Gentil Duarte ou de la Nouvelle Marquetalia d’Ivan Marquez, qui se renforcent81. Néanmoins, certains groupes armés disperses ou résiduels semblent toujours s’opposer à ces projets d’alliances et veulent garder leur autonomie comme le FOS et les GUP particulièrement implantés dans le département de Nariño82. Dans cette dynamique d’absorption des GAPF disperses ou résiduels, la stratégie adoptée par la Nouvelle Marquetalia serait plus fructueuse que celle du Bloc sud-oriental83.

Le principal enjeu d’avenir est la possibilité ou non d’une alliance entre les leaders Gentil Duarte et Ivan Marquez. Cela semble peu probable actuellement au vu de multiples affrontements de GAPF entre eux84 et Gentil Duarte, se considérant comme « dissident pur » et profitant de sa force actuelle, refuse catégoriquement d’accepter un accord « à moins que sa hiérarchie ne soit respectée » d’après Indepaz85. L’autre enjeu majeur est l’éventualité, évoquée par Ivan Marquez dans la vidéo du 29 août 2019, d’une alliance entre des GAPF et l’ELN. Une alliance de ce type opérée au début des années 2000 s’était transformée en conflit armé86.

1.3 Les groupes « narco-paramilitaires » 1.3.1 Les Autodefensas Gaitanistas de Colombia (AGC) ou Clan del Golfo

Le nom initial du GAO est Los Urabeños. Il est créé en 2006 en dissidence à la dissolution et démobilisation de la coalition paramilitaire des Autodefensas Unidas de Colombia87 (AUC ; Autodéfenses Unies de Colombie). Le groupe se dénomme également Autodefensas Gaitanistas de Colombia (AGC ; Autodéfenses Gaïtanistes de Colombie) en référence aux AUC88, il s’agit du nom le plus communément utilisé pour désigner le GAO. Le terme Urabeños est lié à la région nord-occidentale d’Uraba, région limitrophe de la frontière panaméenne et à cheval sur les départements de Choco et d’Antioquia, avec un accès sur la côte caraïbe ; une région éminemment stratégique du narcotrafic colombien89. Les autorités colombiennes désignent le groupe armé comme le Clan del Golfo90, faisant référence à un cartel de narcotrafiquants plus qu’à un groupe paramilitaire, dans une logique de criminalisation du groupe armé91.

En 2009, les frères Usuga prennent le leadership du groupe et recrutent de nombreux combattants. En référence à ces deux frères, le nom de Clan Usuga apparaît à son tour pour désigner le groupe armé. Daniel Antonio Usuga, alias Otoniel, demeure à ce jour le leader du groupe armé tandis que son frère Juan de Dios Usuga, alias Giovanni, est abattu lors d’un raid policier dans le département de Choco en 201292. Le groupe armé, jusqu’alors concentré dans les départements nord-occidentaux d’Antioquia, de Choco et de Cordoba, s’étend successivement sur plusieurs régions du pays et à partir de 2012, les AGC deviennent la structure narco-paramilitaire et l’organisation criminelle avec la

79 International Crisis Group, p.9-12, 08/08/2019, url ; El Espectador, 13/01/2021, url 80 Indepaz, p. 95-120, 08/2020, url ; InSight Crime, 28/01/2020, url 81 El Espectador, 13/01/2021, url 82 Indepaz, p. 129-134, 08/2020, url 83 El Espectador, 13/01/2021, url ; Indepaz, p.95-147, 08/2020, url ; Fundacion Paz y Reconciliacion, p.31-42, 09/2020, url 84 AVILA Ariel, El Espectador, 09/04/2021, url 85 Indepaz, p.113, 08/2020, url 86 InSight Crime, 27/10/2020, url 87 InSight Crime, 14/03/2018, url 88 Indepaz, p.39-57, 08/2020, url ; InSight Crime, 14/03/2018, url 89 InSight Crime, 14/03/2018, url 90 ÁVILA Ariel, El Espectador, 15/09/2017, url 91 NDLR : Au niveau des autorités colombiennes, le scandale « parapolitica » de 2006 démontrant des liens étroits entre politiciens haut-placés et groupes paramilitaires a eu un fort retentissement. Ainsi, le terme paramilitaire est esquivé depuis par les autorités. 92 InSight Crime, 14/03/2018, url

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présence territoriale la plus étendue du pays, ce qui est toujours d’actualité93. Pour ce faire, le GAO a passé de nombreuses alliances avec des bandes et des groupes armés locaux, en zone rurale comme en zone urbaine, les intégrant ainsi à ce qu’InSight Crime dénomme la « franchise Urabeño »94. En août 2020, les zones d’actions des AGC s’étendaient sur 211 municipalités dans 20 départements différents, soit dans près de 19% des municipalités du pays95. Des trois GAO majeurs du pays, il s’agit du seul dont la présence territoriale s’est réduite en 2019 quand les zones d’actions des AGC étaient localisées dans 180 municipalités96, ce qui démontre donc une nouvelle expansion territoriale conséquente lors de l’année 2020.

Les zones d’actions des Autodefensas Gaitanistas de Colombia (ou Clan del Golfo) en août 2020 (DIDR, 02/2021)

93 Indepaz, p.39-57, 08/2020, url 94 InSight Crime, 14/03/2018, url 95 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.43-46, 09/2020, url 96 Indepaz, p.39-57, 08/2020, url

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Le groupe armé fonctionne selon un modèle de commandement en réseau qui est partagé entre un commandement général et de très nombreuses cellules locales réparties à travers le pays97. D’après InSight Crime, environ un tiers des cellules locales répondraient directement aux ordres du commandement général tandis que deux tiers sont des cellules locales semi-autonomes98.

Si les AUC étaient traditionnellement pro-gouvernementaux et peu inquiétés par les forces gouvernementales, les AGC (ou le Clan del Golfo) sont maintenant traqués par les militaires et policiers. En 2015, le gouvernement lance l’opération « Agamenon », une grande offensive armée contre les AGC qui ne permet pas d’atteindre le commandement central puis l’opération « Agamenon 2 » en 2017 qui se révèle plus fructueuse99. En effet, la seconde opération permet de capturer et d’abattre plusieurs leaders importants dont alias Gavilan100. Sa mort provoque en partie la sécession d’une cellule locale des AGC et d’un groupe armé dénommé « Los Caparrapos » (ou Caparros) dans le nord-est du département d’Antioquia101. Le Clan del Golfo (ou AGC) et son réseau criminel commencent donc à se fractionner mais il demeure un des GAO les plus puissants notamment grâce à des revenus conséquents du narcotrafic qu’il contrôlait à hauteur de 45% fin 2017102.

La structure hiérarchique très mixte rend assez complexe l’estimation des effectifs des AGC, avec par exemple la prise en compte ou non des multiples réseaux urbains du groupe armé. Dans une interview accordée au quotidien El Nuevo Siglo, le général de l’armée colombienne Luis Fernando Navarro estimait que les AGC avaient 1 500 personnes armées à leurs ordres en mai 2019103 tandis que le média El Espectador les estime à près de 2 000 en juillet 2020104, des effectifs où ne sont pas comptabilisés des personnes qui appartiennent à d’autres groupes narco-paramilitaires alliés des AGC.

1.3.2 De nombreux autres groupes « narco-paramilitaires »

De nombreux autres groupes armés, catégorisés comme « narco-paramilitaires » (par Indepaz105 notamment), opèrent en Colombie, dont ceux listés (liste non-exhaustive) ci-dessous :

1- Des groupes indépendants :

- L’Ejercito Popular de Liberacion (EPL ; Armée Populaire de Libération) ou Los Pelusos : l’EPL est la troisième guérilla marxiste de Colombie. Fondée en 1967, elle est historiquement présente dans le nord du pays et signe des accords de paix avec le gouvernement en 1991106. Environ 2 200 guérilleros se démobilisent mais 160 combattants ne déposent pas les armes et constituent une dissidence armée107. En 2016, le gouvernement réfute la catégorisation de guérilla de l’EPL et lui attribue le nom de Los Pelusos dans une logique de criminalisation (comme pour le Clan du Golfe)108. Cependant, d’après la Fondation Idées pour la Paix, l’EPL conserverait des tactiques de guerre propres aux guérillas dont un commandement horizontal réparti en plusieurs Fronts109. Ce GAO est composé d’un effectif de 200 à 240 combattants110. L’EPL est principalement présente dans le département de Norte de Santander, puis également dans les départements de Cesar, Cauca et Valle del Cauca ainsi que sporadiquement dans ceux de Cordoba, Putumayo, Tolima, Cundinamarca et Risaralda111.

- Los Rastrojos : ce groupe apparaît en 2002 comme bras droit armé du Cartel de Norte del Valle (département de Valle del Cauca)112, il est dirigé à partir de 2008 par alias Diego Rastrojo et les frères

97 VALENCIA León et ÁVILA Ariel, El Tiempo, 14/07/2018, url ; InSight Crime, 14/03/2018, url 98 InSight Crime, 14/03/2018, url 99 Indepaz, p.39-57, 08/2020, url ; InSight Crime, 14/03/2018, url 100 Indepaz, p.39-57, 08/2020, url 101 Indepaz, p.39, 08/2020, url 102 ÁVILA Ariel, El Espectador, 15/09/2017, url 103 CARILLO Eduardo, El Nuevo Siglo, 19/05/2019, url 104 ESCOBAR MORENO José David, El Espectador, 10/07/2020, url 105 Indepaz, 08/2020, url 106 Indepaz, p.77-80,08/2020, url , InSight Crime, 09/03/2018, url 107 Indepaz, p.77-80,08/2020, url , InSight Crime, 09/03/2018, url ; NDLR : Les noms Pelusos et Rastrojos ne sont pas traduisibles. 108 Indepaz, p.77-80, 08/2020, url ; InSight Crime, 09/03/2018, url ; Fundacion Ideas para la Paz, p.33-35, 07/2017, url 109 Fundacion Ideas para la Paz, p.33-35, 07/2017, url 110 CARILLO Eduardo, El Nuevo Siglo, 19/05/2019, url ; CARDENAS Juan Diego, InSight Crime, 19/04/2021, url 111 Indepaz, p.77-80,08/2020, url 112 InSight Crime, 16/02/2017, url ; Indepaz, p.74-77, 08/2020, url

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Calle Cerna alias Los Comba113. Los Rastrojos deviennent la structure narco-paramilitaire majeure du pays jusqu’en 2012 lorsqu’ils subissent une déroute militaire face à leur principal rival les AGC, les trois leaders sont extradés aux Etats-Unis cette même année114. Le GAO perd alors très rapidement de sa puissance, notamment à cause de problèmes de leadership115. Los Rastrojos sont à ce jour composés d’une centaine de combattants qui sont principalement présents dans le département de Norte de Santander ainsi qu’au sein de la capitale Bogota116.

- Los Contadores : dirigé et crée par alias Contador en 2017 jusqu’à sa capture en février 2020, le groupe est composé d’environ 150 combattants et opère dans le département de Nariño, particulièrement à Tumaco, une municipalité située sur la côte pacifique et frontalière de l’Equateur117.

2- Des groupes alliés aux AGC118:

-La Oficina del Valle de Aburra (OVA) ou Oficina de Envigado : ce GAO urbain naît en tant que bras droit armé et désarticulé du cartel de Medellin mais il se constitue principalement sous les ordres d’alias Don Berna après la mort de Pablo Escobar en 1993, le groupe narco-paramilitaire contrôle exclusivement les activités illégales de l’aire métropolitaine de Medellin et rejoint la coalition AUC119. Après quatre années de violents affrontements pour la reprise du commandement de La Oficina auxquels se mêlent également les AGC, un accord de paix est conclu en juillet 2013120. Une « confédération » est créée entre les huit factions les plus importantes ainsi qu’une alliance entre l’OVA et les AGC121. La confédération contrôle les activités illégales réparties sur 90% de l’agglomération de Medellin (les AGC contrôlent exclusivement 10%) et elle possèderait des ramifications dans les métropoles de Bogota et Cali122. La composition hétérogène de la confédération, composée d’environ 200 « structures locales », rend difficile l’estimation précise des effectifs, des sources évoquent plus de 6 000 personnes (armées ou non) reliées à la confédération123.

-Los Puntilleros : issu du Bloc « Centauros » des AUC et anciennement dénommé Armée Révolutionnaire Populaire Antisubversive de Colombie (ERPAC), ce groupe armé est composé de 114 combattants fin 2019 qui sont présents principalement dans le département de Meta124.

-La Local (ou Banda Local) : composé d’environ 90 combattants, ce groupe opère exclusivement dans la municipalité portuaire de Buenaventura au sein du département de Valle del Cauca125.

-La Cordillera : issu du Bloc central des AUC, il est composé d’une cinquantaine de personnes armées en 2019 qui opèrent principalement dans l’ouest du département de Caldas et au sein de la métropole Pereira dans le département voisin de Risaralda126.

-Los Costeños ou El Nuevo Bloque Costeño : l’effectif du groupe est à ce jour inconnu, il opère principalement à Barranquilla dans le département d’Atlantico et au sein de celui de Magdalena127.

3 - Des groupes dissidents des AGC :

-Los Caparrapos ou Caparros : ce groupe armé fait sécession des AGC en 2017128. Los Caparrapos connaissent un « accroissement impressionnant » entre 2017 et 2018, parvenant à rivaliser avec les AGC129. D’après les calculs d’Indepaz et les estimations d’InSight Crime, le GAO serait composé de

113 InSight Crime, 16/02/2017, url 114 Indepaz, p.74-77, 08/2020, url 115 InSight Crime, 16/02/2017, url 116 Indepaz, p.74-77,08/2020, url ; POSADA Juan Diego, InSight Crime, 19/01/2021, url 117 Indepaz, p.71-72,08/2020, url ; La Sillavacia, 05/03/2019, url 118 Indepaz, 08/2020, url ; VALENCIA León et ÁVILA Ariel, El Tiempo, 14/07/2018, url ; 119 MC DERMOTT Jeremy, InSight Crime, 09/08/2016, url ; DEN HELD Douwe – ROBBINS Seth, InSight Crime, 24/05/2019, url 120 MC DERMOTT Jeremy, InSight Crime, 09/08/2016, url ; DEN HELD Douwe – ROBBINS Seth, InSight Crime, 24/05/2019, url 121 DEN HELD Douwe – ROBBINS Seth, InSight Crime, 24/05/2019, url ; Analisis Urbano, 04/01/2020, url 122 Indepaz, p.72-74,08/2020, url 123 CRODA Rafael, El Tiempo, 28/08/2018, url ; Analisis Urbano, 04/01/2020, url 124 Indepaz, p.66-68,08/2020, url 125 Indepaz, p.83-84, 08/2020, url 126 Indepaz, p.81-82, 08/2020, url 127 Indepaz, p.85, 08/2020, url 128 InSight Crime, 04/09/2020, url 129 Verdad Abierta, 12/09/2018, url ; InSight Crime, 04/09/2020, url ; Indepaz, p.61-63, 08/2020, url

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230 à 250 combattants130. D’après la fondation Paix et Réconciliation, ce groupe armé disputait le contrôle de 18 municipalités aux AGC dans les départements d’Antioquia et Cordoba en août 2020131.

-Los Pachelly : composé d’une centaine de personnes armées, ce groupe est présent principalement dans le département d’Antioquia ainsi que dans le district capital de Bogota et la municipalité limitrophe Soacha du département de Cundinamarca, ils sont alliés aux Caparrapos132.

-Los Pachenca : ce groupe est composé d’une centaine de combattants qui sont présents dans les départements caribéens de La Guajira et Magdalena ou encore dans celui de Cesar. Alliés des AGC jusqu’en 2017, ils sont désormais alliés aux Caparrapos133.

4 - Des groupes alliés à des GAPF :

-La Constru : présent dans le département sud-occidental de Putumayo avec une soixantaine de personnes armées134 disposant d’une emprise importante sur le narcotrafic local, ce groupe armé est allié au Front 48 (allié de la Seconde Marquetalia) depuis 2017135.

-La Empresa : crée comme faction locale de Los Rastrojos en 2006 dans la municipalité de Buenaventura, le groupe était également recensé en 2019 dans trois municipalités supplémentaires, à savoir Quibdo (Choco), La Dorada (Caldas) et la métropole de Cali avec un effectif inconnu, il est allié aux Guérillas Unies du Pacifique (GUP), un GAPF disperse ou résiduel indépendant136.

1.3.3 Les Águilas Negras (Aigles Noirs), une entité invisible

L’entité ou du moins l’appellation Águilas Negras apparaît en 2006 dans la région du Catatumbo au sein du département de Norte de Santander après la dissolution des AUC (Autodéfenses Unies de Colombie)137. D’après la Fondation Idées pour la Paix, il existerait 11 appellations différentes se référant à des « Blocs » ou des « Commandements » géographiques comme le « Águilas Negras Bloque Capital D.C » dans la capitale Bogota où pas moins de 3 appellations différentes apparaissent138. Indepaz identifie 8 appellations différentes (communes à celles de la FIP) se référant aux Águilas Negras139.

Les autorités, experts et journalistes s’accordent sur le fait que les Águilas Negras ne peuvent être qualifié de « groupe ». Selon InSight Crime, c’est parce que cette « entité » est « insaisissable » et « dépourvue de commandement central »140. D’après Indepaz, « ils n’apparaissent pas dans la géographie du pays comme un groupe armé ayant des structures permanentes et des chefs connus ; c’est un nom ou une raison sociale utilisée par différentes structures armées afin d’intimider des communautés ou des personnes » à travers l’utilisation de tracts, courriers privés et affiches (entre autres)141. L’ONG ajoute que l’appellation des Aigles Noirs est utilisée afin que les structures armées commettant des exactions au nom de cette entité ne soient pas identifiées142. D’après Ariel Avila, analyste et directeur adjoint de la Fondation Paix et Réconciliation, il s’agit d’un « nom d’emprunt qu’utilisent les criminels pour assassiner »143. Cette « signature » est utilisée par des individus d’extrême-droite144, dont les groupes narco-paramilitaires. De son côté, l’Etat colombien déclare que les Águilas Negras n’existent pas145.

130 Indepaz, p.61-63, 08/2020, url ; InSight Crime, 04/09/2020, url 131 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.43-46, 09/2020, url 132 Indepaz, p.64-66,08/2020, url ; La Sillavacia, 09/01/2019, url 133 Indepaz, p.49-60,08/2020, url 134 Indepaz, p.17, 08/2020, url 135 Indepaz, p.69-71, 08/2020, url ; La Sillavacia, 09/01/2019, url 136 Indepaz, p. 82-83, 08/2020, url 137 InSight Crime, 09/03/2017, url 138 ALVAREZ VANEGAS Eduardo, Fundacion Ideas para la Paz, 27/02/2017, url 139 Indepaz, p.87-88, 08/2020, url 140 InSight Crime, 09/03/2017, url 141 Indepaz, p.87-88, 08/2020, url 142 Indepaz, p.87-88, 08/2020, url 143 DELCAS Marie, Le Monde, 08/02/2021, url 144 DIDR, « Colombie : Les Águilas Negras et notamment à Soacha dans le département de Cundinamarca », Ofpra, 10.01.2020 145 Indepaz, p.87-88,08/2020, url ; Colombia Reports, 28/06/2019, url

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2. Les conflits et affrontements armés La multiplicité importante des acteurs illégaux, répartis à travers de nombreux groupes armés rivaux ou aux alliances plus ou moins stables, a généré de nouvelles dynamiques conflictuelles depuis les accords de paix des FARC en 2016. Selon Indepaz et le média national La Sillavacia, le pays est passé d’une situation de crise de niveau national, marquée par le conflit armé entre les forces publiques (composées des armées de terre et de l’air, de la Marine et de la police nationale), et les FARC, à plusieurs affrontements régionaux ou localisés146. La Fondation Idées pour la Paix estime qu’avant 2016, la situation conflictuelle était relativement stable du fait de contrôles territoriaux définis tandis qu’actuellement, la situation est instable et constamment redéfinie147. Selon Human Rights Watch (HRW), « l’échec des autorités à exercer un contrôle effectif sur de nombreuses zones récupérées des FARC a en grande partie favorisé » les dynamiques actuelles148. Fin 2018, le CICR recensait cinq conflits armés non-internationaux (CANI), dont quatre impliquant les forces armées du gouvernement contre différents GAO : les AGC, l’ELN, l’EPL et le Bloc sud-oriental des GAPF, et un cinquième entre l’ELN et l’EPL149.

2.1 Les facteurs persistants de conflictualité 2.1.1 La rente financière majeure : le narcotrafic

La manne financière principale des GAO est le narcotrafic. La Colombie est le premier pays producteur et exportateur de cocaïne au monde avec 70% des zones de production mondiale de feuilles de coca150 en 2019151. L’aire nationale de cultivation de la coca a (au minimum) triplé depuis 2013152. Un autre facteur d’augmentation de cette rente financière des GAO est l’amélioration du rendement des « laboratoires » de production de la cocaïne153. Par conséquent, si l’aire totale de cultivation des feuilles de coca a diminué de 9% en 2019 par rapport à 2018154, la production totale de cocaïne demeure stable, une production totale inégalée historiquement155. En 2019, 78% de la production se concentre dans quatre départements : Norte de Santander, Nariño, Cauca et Putumayo ; avec plus de 50% pour les deux premiers départements156. Plus localement, sept « enclaves productives » concentrent à elles-seules 36% des aires de culture, dont trois en particulier qui sont : la région du Catatumbo, frontalière du Venezuela dans le département de Norte de Santander ; Tumaco, municipalité côtière et frontalière de l’Equateur dans le département de Nariño ; et les municipalités voisines El Tambo et Argelia dans le département de Cauca (centre-sud)157. Une autre source financière, dont la proportion est certes nettement moindre, est la culture du cannabis, notamment dans le nord du département de Cauca dans une zone répartie sur trois municipalités (Corinto, Miranda et Toribío), une zone dénommée « le triangle d’or du cannabis »158. Des acteurs criminels extérieurs ont une forte influence et incidence sur le territoire colombien, les deux cartels mexicains les plus puissants : le Cartel de Sinaloa et le Cartel de Jalisco Nouvelle

146 Indepaz, p.6-7,12/2018, url ; La Sillavacia, 24/08/2020, url 147 Fundacion Ideas para la Paz, 29/08/2020, url 148 Human Rights Watch, p.22, url 149 CICR, 06/12/2018, url 150 NDLR : la cocaïne est produite par transformation chimique, dans des « laboratoires », à partir des feuilles fraiches de coca. La plante et les feuilles de coca ne sont pas exclusivement cultivées à des fins de narcotrafic, en particulier dans certaines régions et pays comme la Bolivie où la mastication de la feuille de coca est une consommation locale traditionnelle. 151 UNODC, p.21-25, 06/2020, url 152 UNODC, p.21-25, 06/2020, url ; ARISTIZABAL Lina, France 24, 06/03/2020, url ; POSADA Juan Diego, InSight Crime, 26/06/2020, url 153 UNODC – République de Colombie, s.d., url ; UNODC, p.21-25, 06/2020, url 154 UNODC – République de Colombie, s.d., url . NDLR : Une réduction de près de 15 000 hectares sur 170 000 hectares. 155 UNODC – République de Colombie, 28/07/2020, url ; ARISTIZABAL Lina, France 24, 06/03/2020, url 156 UNODC – République de Colombie, 28/07/2020, url 157 UNODC – République de Colombie, 28/07/2020, url 158 Semana, 20/10/2018, url

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Génération, deux organisations criminelles parmi les plus puissantes du monde159. Ces deux cartels sont les intermédiaires principaux des GAO pour l’exportation des drogues produites en Colombie, principalement depuis les côtes pacifique et caribéenne160. Rivaux majeurs au Mexique, ils ont accru considérablement leur emprise indirecte en Colombie après la démobilisation des FARC161. Les AGC et l’alliance de GAPF dirigée par Gentil Duarte sont alliés au cartel de Sinaloa162. Le cartel de Sinaloa a directement contribué, via des financements, à l’expansion du GAPF Front Oliver Sinisterra ainsi qu’à l’expansion du groupe narco-paramilitaire Los Contadores163. L’alliance de GAPF dirigée par Ivan Marquez est alliée au cartel de Jalisco Nouvelle Génération164. Ce second cartel mexicain a directement contribué, via des financements, à l’expansion du GAPF Guérillas Unies du Pacifique (GUP) ainsi qu’à l’expansion de Los Caparrapos165, dissident des AGC.

2.1.2 L’exploitation illégale des ressources naturelles Une autre rente majeure des GAO est l’exploitation de ressources naturelles et particulièrement de minerais. Dans son rapport sur la Colombie de 2019, le département d’Etat américain mentionne que par l’intermédiaire de mines illégales sous leur contrôle, les GAO extraient de l’or, du charbon, du nickel, du coltan, du cuivre ou encore d’autres minerais166. Ces mines illégales sont particulièrement localisées dans les départements occidentaux de Valle del Cauca et de Choco, dans les départements plus centraux d’Antioquia et de Cundinamarca ainsi que dans le département oriental de Boyaca167. En 2019, l’exploitation illégale de l’or s’étendait sur près de 100 000 hectares avec des mines situées principalement dans les départements nord-occidentaux et particulièrement au sein de la région du Bajo Cauca Antioqueño (nord-est du département d’Antioquia) mais aussi des extractions alluvionnaires sur cinq fleuves de l’Amazonie colombienne, soit dans les départements sud-orientaux du pays168. En 2016, il était estimé que 82% de l’or du pays était exploité illégalement169. Des groupes armés mènent également des attentats sur des oléoducs afin d’en extraire des quantités importantes de pétrole. Ecopetrol, la compagnie nationale pétrolière rapporte à la Fondation Idées pour la Paix que sur le premier trimestre 2020, 25 attentats ont été menés sur des oléoducs principalement dans les départements orientaux d’Arauca, Boyaca et Norte de Santander170.

2.1.3 Un Etat absent des régions dites « périphériques »

Lors des accords de paix, un plan de « paix territoriale » est inclus avec des objectifs de développement dans les régions dites « périphériques » marquées par de fortes inégalités socio-économiques171. Dans ces régions, les populations se sentent encore à ce jour abandonnées par l’Etat. Le président Ivan Duque et son parti politique, le Centre Démocratique, ainsi que l’ancien président Alvaro Uribe (2002-2010) considéré comme son mentor, s’étaient opposés aux accords de paix172. Dès son premier discours officiel, le président déclare qu’une « restructuration et des modifications des accords devraient être effectuées par le pouvoir exécutif », la Cour constitutionnelle réplique que les accords de paix doivent être obligatoirement respectés173. Parmi les objectifs et programmes majeurs des accords de paix : le Programme National Intégré de Substitution des Cultures Illicites (Programa Nacional Integrado de Sustitucion de Cultivos Ilicitos, PNIS) qui vise à appuyer et aider financièrement les

159 La Verdad, 03/12/2019, url 160 La Sillavacia, 09/01/2019, url 161 La Sillavacia, 09/01/2019, url 162 Indepaz, 08/2020, url ; La Sillavacia, 09/01/2019, url ; Verdad Abierta, 12/09/2018, url 163 Indepaz, 08/2020, url ; La Sillavacia, 09/01/2019, url ; DUQUE Tatiana, La Sillavacia, 05/03/2019, url 164 Indepaz, p.112-116, 08/2020, url ; El Espectador, 13/01/2021, url 165 Indepaz, 08/2020, url ; La Sillavacia, 09/01/2019, url ; DUQUE Tatiana, La Sillavacia, 05/03/2019, url 166 US DOS, p.41, 02/2020, url 167 US DOS, p.41, 02/2020, url 168 El Tiempo, 07/12/2019, url 169 Indepaz, 13/02/2021, p.40, url 170 Fundacion Ideas para la Paz, 24/05/2020, url 171 GOUEZ Riwanon, Le Grand Continent, 07/10/2019, url 172 GOUEZ Riwanon, Le Grand Continent, 07/10/2019, url 173 GOUEZ Riwanon, Le Grand Continent, 07/10/2019, url ; Fundacion Paz y Reconciliacion, p.172-173, 28/08/2019, url

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paysans cultivateurs de feuilles de coca à stopper ces cultures et planter de nouvelles cultures à la place. Le programme est complexe car d’après ICG, la coca est le seul produit agricole en Colombie avec une garantie financière certaine bien que sa vente soit illégale, c’est pourquoi « l’économie de la coca est remarquablement stable pour les petits paysans »174. Il s’y ajoute une difficulté majeure et variable géographiquement qui est la pression des GAO sur les paysans pour ne pas stopper les cultures175. Le PNIS rencontre du succès dans un premier temps mais le nouveau gouvernement d’Ivan Duque déclare en 2018 qu’en raison de contraintes financières, le nombre de familles paysannes bénéficiaires du programme doit être limité176. De plus, au 31 décembre 2020, plus de 7 200 familles paysannes intégrées au PNIS n’avaient toujours pas perçu la première indemnisation prévue du programme, dont en particulier dans les départements de Norte de Santander et de Putumayo177. Pourtant, le programme porte ses fruits, seuls 0,6% des paysans ayant éradiqué volontairement leurs cultures avaient replanté de la coca à la mi-2019178. Mais la dynamique de renforcement du PNIS et de ses résultats ralentit nettement depuis l’investiture du président actuel179. La politique du gouvernement actuel est l’éradication forcée des cultures de coca. L’effectif des forces militaires et policières mobilisées pour l’éradication manuelle forcée des plantations de coca est sept fois plus important qu’il ne l’était avant 2018180. D’après une déclaration d’Ivan Duque, le nombre d’hectares de coca éradiqués en 2020 était un record historique en Colombie181. Selon de nombreux observateurs, l’éradication forcée est efficace à court terme mais pas sur le long terme182. Plus généralement, seuls 4% des réformes rurales planifiées dans les accords ont été complétées, quatre ans après les accords de paix183. Sur un total de 36 réformes légales des Plans de Développement avec une Approche Territoriale (PDET, Planos de Desarollo con Enfoque Territorial, inclut dans les accords de 2016), 21 sont toujours en suspens184. Par exemple, selon le gouverneur du département de Nariño, « l’implémentation des Plans de Développement avec une Approche Territoriale n’ont avancé en rien » dans son département, « les ressources ne sont pas arrivées, la pauvreté augmente » et les infrastructures se dégradent, le port de Tumaco est « abandonné »185. Le gouvernement actuel est vivement critiqué par de multiples acteurs sur sa volonté de concrétisation des accords de paix. Les représentations des populations locales et de la classe politique au pouvoir semblent se heurter comme le rapporte ICG avec deux interviews186. « Au lieu de déplacer l’Etat sur le(s) territoire(s), nous devrions rapatrier les populations là où l’Etat est présent » estime un sénateur tandis qu’un paysan déclare que le seul investissement de l’Etat qu’ils ont vu « est l’investissement des forces armées, qui ont seulement amené de la douleur et de la tristesse »187.

174 International Crisis Group, p.10, 26/02/2021, url 175 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.172-181, 28/08/2019, url ; International Crisis Group, 26/02/2021, url 176 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.172-173, 28/08/2019, url ; International Crisis Group, p.16-19, 26/02/2021, url 177 ONUDC – République de Colombie, p.6, 24/02/2021, url ; NDLR : 7 200 sur environ 87 500 familles. 178 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.173, 28/08/2019, url ; ONUDC – République de Colombie, p.2, 15/01/2020, url 179 ONUDC – République de Colombie, p.2, 24/02/2021, url ; ONUDC – République de Colombie, p.2, 15/01/2020, url ; Verdad Abierta, 28/06/2020, url . NDLR : seulement 2 341 hectares supplémentaires de cultures de coca ont été éradiqués volontairement en 2020 contre plus de 31 700 en 2018. 180 International Crisis Group, p.8, 26/02/2021, url 181 20 Minutos, 30/12/2020, url ; NDLR : 130 000 hectares, plus du double qu’en 2018. 182 International Crisis Group, p.8, 26/02/2021, url ; Fundacion Paz y Reconciliacion, p.172-181, 28/08/2019, url ; Verdad Abierta, 28/06/2020, url ; NDLR : Par exemple en 2019, les forces publiques ont éradiqués par la force plus de 94 000 hectares de coca mais 79 000 nouveaux hectares ont été mis ou remis en culture la même année. 183 International Crisis Group, p.20-28, 26/02/2021, url 184 International Crisis Group, p.20, 26/02/2021, url 185 DULCE ROMERO Laura, El Espectador, 17/08/2020, url 186 International Crisis Group, p.19-20 et 22, 26/02/2021, url 187 International Crisis Group, p.19-20 et 22, 26/02/2021, url

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2.2 Les conflits et affrontements armés régionaux entre les différents GAO

Superposition des zones d’actions des groupes armés majeurs en août 2020 (DIDR, 02/2021)

2.2.1 La région nord-orientale (Norte de Santander, Cesar, Magdalena et La Guajira) Un département frontalier du Venezuela est particulièrement marqué par une situation conflictuelle : Norte de Santander. Plus précisément, la région du Catatumbo au nord du département fait l’objet d’affrontements majeurs depuis la démobilisation du Front 33 des FARC qui était le groupe armé

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dominant de cette région188. Cette région est très stratégique pour les échanges illégaux transfrontaliers dont la contrebande (de pétrole entre autres) et il s’agit de « l’enclave » principale de production de coca du pays189. Après la démobilisation des FARC, l’ELN et l’EPL (ou Los Pelusos) entrent dans un conflit armé en fin d’année 2017190. Deux groupes narco-paramilitaires sont également présents dans la région : Los Rastrojos et les AGC191. Les AGC étaient et sont principalement présents au sein de la métropole urbaine de Cucuta et de ses municipalités limitrophes192. Quant à Los Rastrojos, ils étaient et sont également actifs à Cucuta mais surtout le long et des deux côtés de la frontière193. Enfin, le dernier acteur illégal majeur est le GAPF dissident du Front 33, allié à Gentil Duarte, qui se consolide en avril 2018 et dont l’avènement est annoncé publiquement le 25 juin 2018194. Le conflit débute lorsque l’EPL (ou Los Pelusos), voulant accroître le contrôle des rentes illégales, rompt le pacte de non-agression maintenu avec l’ELN depuis 2015. Los Pelusos gagnent du terrain sur des zones contrôlées par l’ELN dans les municipalités de Convencion et Teorama, ce à quoi l’ELN ne tarde pas à réagir violemment195. Los Pelusos déclarent publiquement la guerre à l’ELN en mars 2018 et à la même période s’allient à Los Rastrojos196. L’année 2018 est une des années les plus violentes connues dans la région du Catatumbo avec un épicentre du conflit dans quatre municipalités : Convencion, Teorama, El Tarra et San Calitxo197. Déstabilisé dans un premier temps, l’ELN prend ensuite le dessus et accroît son contrôle régional grâce au rapatriement de combattants de deux autres Fronts depuis les départements de Bolivar et César ainsi que depuis le département d’Arauca198. Ainsi, l’ELN repousse l’alliance Pelusos-Rastrojos plus au sud dans les municipalités d’Hacari et Sardinata en 2019 puis jusqu’aux abords de la frontière internationale et de l’aire métropolitaine de Cucuta en 2020199. Le GAO majeur a par ailleurs profité de l’action des forces vénézuéliennes acculant Los Rastrojos sur leurs territoires200. Le conflit demeure d’actualité et les contrôles territoriaux fortement instables, notamment du fait de l’implication croissante d’autres GAO. La présence territoriale des AGC dans le département de Norte de Santander est cantonnée autour et au sein de la capitale Cucuta depuis 2017 à l’exception de la municipalité d’Ocaña qui est frontalière du département de Cesar201. Ils ne semblaient pas en mesure de déstabiliser l’ELN mais depuis décembre 2020, ils s’introduisent dans la municipalité de Tibu et auraient conclu une alliance avec Los Rastrojos202. Ces deux groupes narco-paramilitaires étaient des rivaux majeurs après la dissolution des AUC, ils se sont affrontés régulièrement et violemment depuis, mais cette alliance semble propice au contexte actuel local pour les deux GAO afin de combattre mutuellement la domination de l’ELN203. L’intrusion récente des AGC à Tibu est également source de tensions car le bastion du GAPF dissident du Front 33 y est localisé. Ce GAPF joue un double jeu depuis 2018, il conclut des accords à la fois avec l’ELN et avec l’alliance Pelusos-Rastrojos sur les contrôles territoriaux et le transit frontalier des rentes illégales204 en s’appuyant sur des accords officieux passés lors de la démobilisation en 2016205. Ainsi, le GAPF Front 33 s’est peu impliqué et en a profité pour accroître son emprise sur le narcotrafic. Dès l’été 2020, le GAPF allié à Gentil Duarte contrôle 20% du narcotrafic de la région et possède

188 Indepaz, p.43-46, 13/02/2021, url 189 UNODC – République de Colombie, 28/07/2020, url ; Indepaz, p.43-46, 13/02/2021, url 190 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.108-111, 28/08/2019, url ; Indepaz, p.77-80, 08/2020, url 191 Indepaz, p.20-21, 13/02/2021, url 192 Indepaz, p.54, 08/2020, url ; Fundacion Paz y Reconciliacion, p.108-113, 28/08/2019, url 193 Indepaz, p.74-76, 08/2020, url 194 LEON Ana – PRIETO Jineth, La Sillavacia, 22/08/2018, url ; La Opinión, 01/09/2018, url ; Fundacion Paz y Reconciliacion, p.108-113, 28/08/2019, url 195 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.108-113, 28/08/2019, url 196 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.108-113, 28/08/2019, url ; Indepaz, p.43-46, 13/02/2021, url 197 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.108-113, 28/08/2019, url 198 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.108-113, 28/08/2019, url ; Indepaz, p.20-21 et 43-46, 13/02/2021, url 199 POSADA Juan Diego, InSight Crime, 19/01/2021, url ; Fundacion Paz y Reconciliacion, p.26-27, 09/2020, url 200 POSADA Juan Diego, InSight Crime, 19/01/2021, url ; Fundacion Paz y Reconciliacion, p.26-27, 09/2020, url 201 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.109, 28/08/2019, url ; Fundacion Paz y Reconciliacion, p.42-46, 09/2020, url 202 POSADA Juan Diego, InSight Crime, 19/01/2021, url 203 POSADA Juan Diego, InSight Crime, 19/01/2021, url 204 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.108-119, 28/08/2019, url ; Indepaz, p.20-21 et 43-46, 13/02/2021, url 205 LEON Ana – PRIETO Jineth, La Sillavacia, 22/08/2018, url

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à Tibu le plus grand laboratoire de production de cocaïne du pays d’après le média régional La Opinión206. Le GAPF de la Nouvelle Marquetalia, soit le noyau central dirigé par Ivan Marquez, s’implante également de manière progressive dans la région du Catatumbo par l’intermédiaire d’un groupe commandé par alias Danilo Garcia207. Cette arrivée a d’abord généré une montée des tensions mais depuis quelques mois cela serait retombé car certains meneurs de l’ancien Front 33 des FARC se sont ralliés à Ivan Marquez208. La Fondation Paix et Réconciliation dénomme par ailleurs le groupe présent sur place de la Nouvelle Marquetalia comme le « Front 33 Danilo Garcia » par opposition au « Front 33 Mariscal Sucre » dirigé par alias Jhon Milicias (ou Jhon Velazco) et allié à Gentil Duarte209. La forte conflictualité liée aux enjeux de contrôle des rentes illégales dans la région du Catatumbo s’étend sur certains territoires situés plus au nord dans le département limitrophe de Cesar, précisément dans la Serranía del Perijá, une sous-région andine qui est un corridor entre le Venezuela, le Catatumbo et la côte caribéenne, principalement pour le transport de drogues210. Des affrontements y sont recensés irrégulièrement depuis 2018 entre l’ELN, les AGC et l’EPL-Los Pelusos211. Avec des enjeux relativement similaires de corridor à destination de la côte caribéenne, le contrôle de de la Sierra Nevada de Santa Marta est également disputé par plusieurs GAO. Située à cheval sur les trois départements de Cesar, Magdalena et La Guajira, elle est marquée par une géographie physique particulière du fait de son isolement de la cordillère des Andes et des ruptures de dénivelés très importantes jusqu’au point culminant national, le Pic Cristobal Colon qui atteint près de 5 800m d’altitude alors qu’il est situé à seulement 42 km du littoral. Les divers groupes narco-paramilitaires présents profitent de ces reliefs spécifiques difficiles d’accès, parmi lesquels les AGC qui disposent d’une alliance avec un groupe narco-paramilitaire local de la région et de la côte caribéenne, le Clan de los Rojas212. Les rivaux des AGC sont Los Caparrapos qui sont alliés à un autre groupe narco-paramilitaire dissident des AGC, Los Pachenca qui constituent les acteurs illégaux dominants213. Sur le littoral, la métropole de Barranquilla, qui dispose du second port le plus important du pays dans le département d’Atlantico, et la ville portuaire de Santa Marta, dans le département de Magdalena, suscitent des convoitises mais les AGC ont aujourd’hui un contrôle majoritaire des activités illégales avec l’appui du groupe narco-paramilitaire allié, Los Costeños214. Les deux ports (en particulier celui de Santa Marta) faisaient l’objet de disputes, en 2019 et début 2020, avec Los Pachenca mais ce groupe a été affaibli par des opérations des forces publiques215. Le GAO s’est alors restructuré à l’est sur la pointe aride du département de La Guajira, une sous-région côtière relativement peu peuplée et proche des iles Curaçao et Aruba, Los Pachenca sont les intermédiaires du narcotrafic de l’ELN dans les corridors depuis le Catatumbo216.

2.2.2 La région nord-occidentale (Cordoba, Antioquia et Choco)

Le littoral caribéen occidental est nettement dominé par les AGC bien que Los Pachenca tentent de déstabiliser cette domination sur le port de la métropole de Cartagena (département de Bolivar) et au sein de quatre municipalités côtières du département de Cordoba d’après Indepaz217. Les AGC exercent une domination quasi-totale dans la région d’Uraba aux pointes des départements d’Antioquia et Choco, région d’origine et véritable « forteresse »218 du groupe narco-paramilitaire également dénommé Los Urabeños ou Clan del Golfo en référence.

206 La Opinión, 20/06/2020, url 207 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.33-34, 09/2020, url 208 El Espectador, 13/01/2021, url 209 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.33-40, 09/2020, url ; La Opinión, 01/09/2018, url 210 Indepaz, p.44-45, 13/02/2021, url 211 Indepaz, p.49-51, 08/2020, url ; Indepaz, p.44-45, 13/02/2021, url 212 Indepaz, p.49-51, 08/2020, url 213 Indepaz, p.49-61, 08/2020, url 214 Indepaz, p.49-51, 08/2020, url ; CALDERON Laura, InSight Crime, 30/10/2020, url 215 Indepaz, p.49-61, 08/2020, url ; CALDERON Laura, InSight Crime, 30/10/2020, url 216 CALDERON Laura, InSight Crime, 30/10/2020, url 217 Indepaz, p.49-61, 08/2020, url 218 Indepaz, p.49-61, 08/2020, url ; Fundacion Paz y Reconciliacion, p.43-46, 09/2020, url

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Dans le département d’Antioquia, la violence armée se concentre dans les territoires du nord et nord-est tandis qu’elle se concentre au sud dans le département de Cordoba. Ces territoires forment la région du Nudo de Paramillo. Au sein de cette région, les territoires du département d’Antioquia sont disputés principalement pour le contrôle de deux rentes illégales, la coca et l’or219. Les départements voisins d’Antioquia et Choco concentraient à eux-seuls 40% de la production nationale d’or sur la dernière décennie et 78% des exploitations illégales du pays en 2019220. Les territoires du sud du département de Cordoba sont également disputés pour des cultures illicites, à la densité moindre qu’en Antioquia221. La région du Nudo de Paramillo représente un corridor stratégique reliant les territoires orientaux et centraux avec la côte pacifique et la côte caribéenne, « un corridor de dispute qui facilite les économies illégales » avec des « difficultés d’accès » pour les forces publiques selon Indepaz222.

Le Nudo de Paramillo, proche de la région d’Uraba, est une des régions majeures d’influence et de présence des AGC depuis une décennie mais en 2017, Los Caparrapos font sécession et entrent dans un conflit intense contre leurs anciens alliés223. Financé par le cartel de Jalisco Nouvelle Génération, Los Caparrapos se développent très rapidement et le conflit entre les deux GAO s’étend rapidement à l’ensemble du Nudo de Paramillo224. Les objectifs de Los Caparrapos sont d’étendre leur contrôle sur les rentes illégales de la région (d’où le financement du cartel mexicain) mais aussi de se frayer une route vers le littoral caribéen avec leurs alliés Los Pachenca225. Los Caparrapos s’appuient également sur l’autre groupe narco-paramilitaire dissident des AGC, Los Pachelly, qui opèrent plus au sud226.

D’autres GAO sont présents, dont le Front 36 et Front 18 Roman Ruiz, respectivement constitués en 2017 par alias Cabuyo et en 2018 par alias Ramiro227 ayant prêté allégeance à Ivan Marquez et la Seconde Marquetalia dès septembre 2019228. Ces deux GAPF s’allient rapidement avec Los Caparrapos afin de gagner en puissance et déstabiliser la domination régionale des AGC, puis s’allient également avec l’ELN à partir de l’été 2018229. La guérilla « elena » se serait également alliée avec Los Caparrapos mais cette deuxième alliance est qualifiée de « très volatile » par InSight Crime230 et la Fondation Paix et Réconciliation considère qu’il s’agit plus d’un pacte de non-agression que d’une alliance231.

La double ou triple alliance Caparrapos-GAPF-ELN mène des affrontements armés généralisés au Nudo de Paramillo qui déstabilisent les AGC depuis 2018 et en particulier en 2020 au sein de certaines municipalités où ils étaient très fortement implantés telles que Caceres, Caucasia, Taraza et Ituango dans le département d’Antioquia ainsi que Puerto Libertador et Montelibano dans celui de Cordoba232. Ces municipalités sont le théâtre d’affrontements réguliers et persistants, la situation y est très instable233. Los Caparrapos sont ceux qui parviennent le plus à affaiblir les AGC et ont consolidé leur présence sur l’ensemble de la région. Toutefois, les AGC demeurent les acteurs illégaux majeurs de la région avec une présence certes plus discrète qu’auparavant mais généralisée234.

Le GAPF le plus puissant est le Front 18 Roman Ruiz dont la base forte se trouve au sein de la municipalité d’Ituango. Il opère de manière généralisée dans l’ouest et le centre du Nudo de Paramillo tandis que le Front 36 opère uniquement dans le nord-est du département d’Antioquia, soit le Bajo Cauca Antioqueño, alors qu’il opérait également à l’ouest de la région jusqu’en 2019235.

219 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.48-50, 28/08/2019, url ; Indepaz, p.39-40, 13/02/2021, url 220 MORALES Juan David – PEREA VILLAGAS Maria, El Espectador, 10/09/2020, url ; USTYANOWSKI Tristan, France 24, 05/12/2019, url 221 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.48-50, 28/08/2019, url ; UNODC – République de Colombie, 28/07/2020, url 222 Indepaz, p.38, 13/02/2021, url ; Indepaz, p.47, 08/2020, url 223 Indepaz, p.39-40, 08/2020, url ; Fundacion Paz y Reconciliacion, p.48-50, 28/08/2019, url 224 La Sillavacia, 09/01/2019, url ; Verdad Abierta, 12/09/2018, url ; Fundacion Paz y Reconciliacion, p.48-50, 28/08/2019, url 225 Indepaz, p.58-65, 08/2020, url 226 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.48-50, 28/08/2019, url 227 InSight Crime, 28/06/2020, url 228 Indepaz, p.116-118, 08/2020, url ; Semana, 26/09/2019, url 229 Indepaz, p.116-141, 08/2020, url ; Indepaz, p.38-39, 13/02/2021, url 230 DALBY Chris, InSight Crime, 30/01/2019, url 231 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.50-53, 28/08/2019, url ; Indepaz, p.38-39, 13/02/2021, url 232 Indepaz, p.41-47, 08/2020, url ; Fundacion Paz y Reconciliacion, 09/2020, url 233 Indepaz, p.41-47, 08/2020, url ; Fundacion Paz y Reconciliacion, 09/2020, url 234 Indepaz, p.41-47, 08/2020, url ; Fundacion Paz y Reconciliacion, p.43-46, 09/2020, url 235 Indepaz, p.116-141, 08/2020, url ; InSight Crime, 28/06/2020, url

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La région du Nudo de Paramillo (DIDR, 05/2021)

L’ELN ne semble pas en mesure de s’introduire dans le département de Cordoba bien qu’elle ait consolidée sa présence depuis 2018 à l’est et au sud de la région du Nudo de Paramillo236. Grâce à leur alliance pour combattre les AGC avec le Front 18 Roman Ruiz, l’ELN est également présente à Ituango afin d’établir un corridor à destination du département occidental de Choco, une stratégie freinée notamment par des affrontements avec les AGC aux abords de la municipalité de Murindo, limitrophe du département de Choco, depuis 2018237.

Dans le département de Choco, à l’exception du sud, seuls les AGC et l’ELN possèdent un certain contrôle et des zones d’actions étendues, ils s’y affrontent depuis 2015238. Les affrontements armés entre les deux GAO se concentrent principalement dans les bassins des rivières du centre et du nord, des affrontements plus irréguliers mais persistants sur les trois dernières années239. Les bassins des rivières représentent une route d’export des rentes illégales vers le Panama et l’Amérique Centrale, dont celui de la rivière Atrato qui remonte depuis le centre en passant par la capitale du département Quibdo jusqu’au golfe d’Uraba240. Les territoires du nord relativement proches de la frontière panaméenne sont marqués par un pic de violence en 2019 du fait de l’intrusion progressive de l’ELN dans une zone de présence majeure des AGC241. Au sud de Quibdo, la municipalité de Certegui et le bassin de la rivière Quito (qui débouche sur la rivière Atrato) font également face à une augmentation des confrontations armées entre les deux groupes en 2019 et 2020242.

Les territoires du sud du département de Choco à proximité de la rivière San Juan étaient marqués par des affrontements entre les AGC et l’ELN. En 2018, ils concluent un pacte sur la répartition des zones de contrôle en 2018 qui met globalement fin à ces affrontements243. Mais l’arrivée en mai 2019 d’un GAPF disperse (ou résiduel) indépendant, les Forces Unies du Pacifique (FUP, Fuerzas Unidas del Pacifico ou Front 30 Rafael Aguilera) provoque de nouveaux affrontements armés244. Ces

236 Indepaz, p.38-41, 13/02/2021, url 237 Indepaz, p.39, 13/02/2021, url 238 International Crisis Group, p.10-12, 08/08/2019, url 239 Indepaz, p.46-48, 13/02/2021, url 240 Indepaz, p.45-47, 08/2020, url ; Indepaz, p.46-48, 13/02/2021, url 241 Semana, 12/03/2019, url ; Vanguardia, 02/12/2019, url 242 Indepaz, p.46-48, 13/02/2021, url 243 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.102-106, 28/08/2019, url ; Indepaz, p.46-48, 13/02/2021, url 244 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.102-106, 28/08/2019, url ; International Crisis Group, p.9-10, 08/08/2019, url

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affrontements, principalement entre le GAPF et l’ELN, s’étendent en 2020 depuis le delta de la rivière Baudo dans la municipalité Bahia Solano au nord jusqu’aux départements du sud245.

2.2.3 La région sud-occidentale (Valle del Cauca, Cauca, Nariño et Putumayo)

Buenaventura, ville côtière stratégique du département de Valle del Cauca qui dispose du port le plus important du pays et limitrophe au sud du département de Cauca avec la rivière Naya, est marquée par des violences armées continues dans la zone urbaine comme dans la zone rurale.

Au sein de la zone urbaine, les affrontements impliquent à la fois deux groupes narco-paramilitaires locaux qui se disputent le contrôle des activités illégales depuis plus d’une décennie : La Empresa et La Local, respectivement alliés aux AGC et aux Guérillas Unies du Pacifique (GUP, un GAPF indépendant qui est différent des FUP), mais aussi depuis 2017 à l’ELN, qui s’infiltre par petits groupes246.

Dans la zone rurale, les groupes armés sont les FUP et un autre GAPF résiduel, le Front Jaime Martinez (rallié à Gentil Duarte), ainsi que l’ELN et les AGC, qui se disputent en particulier le contrôle de la rivière Naya247. La conflictualité s’étend au sud dans le département de Cauca. Depuis l’été 2019, l’ELN et les FUP continuent de s’affronter le long du Pacifique, mais le Front Jaime Martinez a été contraint de reculer dans les territoires plus centraux et montagneux du département248.

Le nord du département de Cauca, ainsi que la municipalité limitrophe de Jamundi (Valle del Cauca), font l’objet d’affrontements entre GAO pour le contrôle du « triangle d’or du cannabis », de la production de coca, des extractions minières illégales, ainsi que des rivières Naya et Micay depuis 2017249. Les GAO majeurs actuels dans ces territoires sont deux GAPF alliés à Gentil Duarte, le Front Jaime Martinez et la Colonne Mobile Dagoberto Ramos. Ils auraient exclu et fait reculer les factions de l’EPL-Los Pelusos qui cherchaient à s’implanter ainsi que dans une moindre mesure celles de l’ELN après de violents affrontements250. Composés en partie d’anciens guérilleros du 6ème Front des FARC, ils disposeraient d’une connaissance accrue du territoire montagneux local leur permettant de prendre l’avantage sur leurs rivaux251. Les deux GAPF sont fortement implantés dans les municipalités du nord dont celles de Santander de Quilichao, Corinto, Suarez, Buenos Aires et Miranda252. Les objectifs de l’ELN dans le Cauca sont plus centrés sur le contrôle de l’accès au Pacifique et des territoires du sud253. Après la démobilisation des FARC, l’ELN se consolide comme l’acteur dominant du sud du département mais en 2019, le Front Carlos Patiño, un GAPF allié du Bloc sud-oriental de Gentil Duarte, fait irruption254. Bien que cette dernière structure armée soit moins puissante, les affrontements entre les deux groupes armés persistent pour le contrôle des zones de production de coca dans les municipalités El Tambo et Argelia, et des routes du narcotrafic à Patia et Balboa255. La municipalité de Balboa est par ailleurs importante pour l’ELN car limitrophe du département de Nariño, où la guérilla est implantée comme de nombreux autres GAO. Le département de Nariño attise les convoitises des narcotrafiquants et donc des GAO. La situation actuelle se caractérise par la présence affirmée de six GAO rivaux les uns des autres : l’ELN, les AGC, Los Contadores et trois GAPF disperses ou résiduels indépendants, le Front Oliver Sinisterra (FOS), les Guérillas Unies du Pacifique (GUP) et les Forces Unies du Pacifique (FUP)256. L’incidence des cartels mexicains est particulièrement importante dans ce département257. En effet, l’expansion des GAPF résiduels indépendants tels que le FOS et les GUP est directement liée

245 Indepaz, p.46-48, 13/02/2021, url ; El Pais (Colombia), 08/01/2021, url 246 NDLR : voir plus de détails dans la note suivante de la DIDR, 16/03/2021 247 International Crisis Group, p.9-10, 08/08/2019, url ; La Sillavacia, 09/01/2019, url 248 International Crisis Group, p.9-10, 08/08/2019, url ; Fundacion Ideas para la Paz, p.10-13, 24/05/2020, url 249 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.130-134, 28/08/2019, url ; Verdad Abierta, 12/04/2020, url 250 ESCOBAR MORENO José David, El Espectador, 03/11/2019, url ; Verdad Abierta, 12/04/2020, url 251 ESCOBAR MORENO José David, El Espectador, 03/11/2019, url 252 Verdad Abierta, 12/04/2020, url ; El Pais, 27/03/2021, url 253 Indepaz, p.48-49, 13/02/2021, url ; AVILA Ariel, El Espectador, 09/04/2021, url 254 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.130-134, 28/08/2019, url 255 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.135-137, 28/08/2019, url ; Indepaz, p.138-139, 08/2020, url ; Fundacion Ideas para la Paz, p.10-13, 24/05/2020, url 256 AVILA Ariel, El Espectador, 09/04/2021, url 257 La Sillavacia, 09/01/2019, url ; International Crisis Group, p.13-16, 08/08/2019, url

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aux financements reçus respectivement par le cartel de Sinaloa et le cartel de Jalisco Nouvelle Génération. Ces financements et alliances différentes se matérialisent rapidement par des affrontements armés entre ces deux GAPF, en particulier dans la municipalité Tumaco258. La violence entre les GAPF dans les zones rurales comme urbaines de cette municipalité atteint un tel seuil en 2018 que « sous la pression des populations locales », une trêve est négociée entre les GAPF en décembre, ce qui permet une accalmie259. Les narco-paramilitaires sont également très présents, les AGC cherchent à récupérer les anciens territoires dominés par les FARC et en 2018, le groupe Los Contadores est créé, il est dirigé par alias Contador, un narcotrafiquant très influent arrêté en février 2020260. L’expansion et la création de ce groupe est liée au cartel de Sinaloa qui finance directement Contador. Los Contadores accroîent rapidement leur puissance, notamment grâce à l’influence locale de Contador qui recrute des membres du FOS261. Dès février 2019, Los Contadores viennent interrompre la trêve et attaquent le FOS sur plusieurs municipalités puis les GUP262. La violence armée est étendue sur l’ensemble de la côte Pacifique du département en 2019 d’après Ariel Avila, qui dans un article publié par le média Semana en février 2020, évoque « la tragédie du Pacifique nariñense »263. Dans un article récent publié par le média El Espectador, Ariel Avila résume la conflictualité de cette sous-région par la phrase suivante : « Une guerre de tous contre tous »264. Aucun GAO ne semble vraiment prendre le dessus dans un contexte de conflictualité qui s’étend avec plus ou moins d’intensité sur tout le Pacifique nariñense, de Santa Barbara au nord à Tumaco au sud265. La sous-région du triangle de Telembi, composée des municipalités de Roberto Payan, Magüí Payán et Barbacoas, est également marquée par la violence d’affrontements armés entre les GAO. Des affrontements entre deux GAPF, les FUP et le FOS, ont lieu avec un pic de violence en mai et juin 2020 ainsi que des attaques particulièrement violentes des AGC contre les trois GAPF (FOS, GUP et FUP) à Magüí Payán lors de l’été 2020266. Le Clan del Golfo (ou AGC) est un des GAO qui a consolidé sa présence dans le département en 2020267. Le contrôle de ces territoires plus centraux demeure également très instable avec des affrontements moins réguliers pour contrôler le narcotrafic (cultures et laboratoires de la cocaïne), les routes et rivières stratégiques à destination du littoral et les mines illégales268. L’ELN est l’autre GAO qui a consolidé sa présence dans ce département, elle est très active dans les territoires du nord où elle contrôle actuellement un corridor avec le sud du département de Cauca269. D’après Indepaz, l’ELN aurait récemment fait « disparaître » un autre GAPF résiduel qui y était implanté, le Front Estiven Gonzalez, après de multiples affrontements en 2019 et 2020270. Actuellement, l’est du département de Nariño et sa capitale (Pasto) sont plutôt épargnés par la présence des GAO mais d’autres s’affrontent dans le département limitrophe de Putumayo. C’est notamment le cas de deux GAPF, le Bloc sud-oriental de Gentil Duarte et le Front 48, un GAPF qui s’est allié en fin d’année 2020 à la Seconde Marquetalia, ainsi qu’un groupe narco-paramilitaire local, La Constru271. Ce groupe narco-paramilitaire a une emprise importante sur le narcotrafic local grâce à ses bases fortes dans les municipalités de l’ouest du département de Putumayo qui sont frontalières de l’Equateur272. Le GAPF Front 48 s’allie rapidement avec le groupe narco-paramilitaire en fin d’année 2017 et conclut un accord sur la répartition des territoires de contrôle, ceux du GAPF dans les zones rurales, et ceux de La Constru dans les zones urbaines273. Le département de Putumayo étant l’un des plus importants concernant la production de coca, les combattants de Gentil Duarte cherchent rapidement à s’introduire,

258 La Sillavacia, 09/01/2019, url ; International Crisis Group, p.13-16, 08/08/2019, url 259 International Crisis Group, p.13-16, 08/08/2019, url ; MENDEZ Alicia, El Tiempo, 16/01/2019, url 260 Indepaz, p.71-72, 08/2020, url 261 International Crisis Group, p.13-16, 08/08/2019, url 262 International Crisis Group, p.13-16, 08/08/2019, url ; Indepaz, p.129-134, 08/2020, url 263 AVILA Ariel, Semana, 19/02/2020, url 264 AVILA Ariel, El Espectador, 09/04/2021, url 265 Fundacion Ideas para la Paz, p.10-13, 24/05/2020, url ; AVILA Ariel, Semana, 19/02/2020, url 266 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.34-35, 09/2020, url ; El Espectador, 15/08/2020, url 267 Indepaz, p.81-82, 08/2020, url ; El Espectador, 15/08/2020, url 268 DULCE ROMERO Laura, El Espectador, 17/08/2020, url 269 Indepaz, p.48-50, 13/02/2021, url 270 Indepaz, p.48-50, 13/02/2021, url 271 Indepaz, p.69-70, 08/2020, url ; El Espectador, 13/01/2021, url 272 VELEZ Juanita, La Sillavacia, 13/01/2019, url 273 VELEZ Juanita, La Sillavacia, 13/01/2019, url

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mais le bastion local des deux GAO est résistant grâce à leurs bases arrière en Equateur274. La pression du Bloc sud-oriental s’intensifie en 2020 sur le Front 48 avec des affrontements armés particulièrement localisés dans la municipalité de Puerto Asis275.

2.2.4 La région sud-orientale

En 2019 et 2020, la région sud-orientale est plus épargnée par les affrontements armés inter-GAO, ce qui est lié au fait que des GAO sont dominants sur la majorité des départements et territoires. Le Bloc sud-oriental est le GAO dominant dans le département de Guaviare, où se trouvent ses bases fortes, ainsi que dans ceux de Caqueta et Vaupés. Les personnes armées aux ordres de Gentil Duarte y exercent des activités d’extraction minière (et fluviale) de l’or illégale. Ils ont un contrôle total du narcotrafic et de l’ensemble de la chaîne de production avec un certain contrôle social sur les paysans cultivateurs de coca dans certains territoires, ce qui complexifie l’éradication des cultures de coca276. Le GAPF le plus puissant du pays est également l’acteur illégal majeur du département de Meta et aurait conclu un pacte avec les AGC qui y sont aussi présents277. La présence des AGC dans ce département est désarticulée et liée à leur alliance avec Los Puntilleros, ils ont consolidé leur présence en 2020 dans trois municipalités du nord de Meta : Cabuyaro, Puerto Lopez, Puerto Gaitan278, des municipalités stratégiques car situées sur des rivières en amont du Rio Meta, fleuve corridor majeur à destination du Venezuela. Au contraire, le Bloc sud-oriental concentre la plupart de ses activités dans le sud279. Dans le département de Vichada à la faible densité de population, le Front Acacio Medina qui est un GAPF co-dirigé par Jhon 40, un des bras droits de Gentil Duarte, est à ce jour le GAO majeur avec l’ELN, les activités des deux groupes sont tournées vers les transits frontaliers des rentes illégales au Venezuela et les extractions minières illégales280 et il n’y a pas de tensions notables recensées. Enfin, le département d’Arauca est marqué par une certaine « hégémonie » à la fois historique et actuelle de l’ELN281. Un GAPF allié à Gentil Duarte, le Front 10 Martin Villa est également présent dans le département mais les deux groupes ont conclu un pacte de non-agression et de répartition des rentes illégales282. Cependant, la Nouvelle Marquetalia, via le GAPF Front 28, est apparue au cours de l’année 2020 et se serait renforcée dans le département de Casanare, voisin des départements de Meta, Vichada et Arauca, ce qui risque d’être source de tensions d’après le média El Espectador283. Le média rapporte en décembre 2020 qu’alias Romaña serait chargé par Ivan Marquez de réactiver des anciennes routes narcotrafiquantes des FARC depuis les départements de Meta et Guaviare, des territoires d’influence et de contrôle majeurs du Bloc sud-oriental de Gentil Duarte284.

2.2.5 Des départements plus centraux (Risaralda, Caldas et Bolivar) Le nord du département de Risaralda et l’ouest du département de Caldas font l’objet d’affrontements sporadiques liés aux conflits du département de Choco selon Indepaz285. Les AGC sont relativement présents dans cette région via leur alliance avec le groupe narco-paramilitaire La

274 Indepaz, p.69-70 et p.143-144, 08/2020, url ; VELEZ Juanita, La Sillavacia, 13/01/2019, url 275 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.37-38, 09/2020, url 276 Indepaz, p.104-115, 08/2020, url ; Fundacion Paz y Reconciliacion, p.141-143, 28/08/2019, url 277 InSight Crime, 13/07/2019, url ; Fundacion Paz y Reconciliacion, p.141-143, 28/08/2019, url 278 Indepaz, p.66-68, 08/2020, url 279 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.141-143, 28/08/2019, url 280 InSight Crime, 27/10/2019, url ; Fundacion Paz y Reconciliacion, p.43-46, 09/2020, url 281 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.23, 09/2020, url ; Indepaz, 13/02/2021, p.20-21 et p.41-43, url 282 Indepaz, 13/02/2021, p.41-43, url 283 El Espectador, 13/01/2021, url 284 ESCOBAR MORENO José David, El Espectador, 11/12/2020, url 285 Indepaz, p.49, 13/02/2021, url

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Cordillera286. Pour l’ELN, le département de Risaralda est un territoire de transit, ils y effectuent des activités illégales dont le blanchiment d’argent287.

Plus à l’est, le sud du département de Bolivar représente un corridor montagneux stratégique qui relie de nombreux territoires. Ce corridor est marqué par la présence importante de l’ELN ainsi que celle des AGC288. Il s’y trouve de plus des cultures et des laboratoires de la coca mais dans cette sous-région, les factions locales mutuelles des deux GAO majeurs du pays maintiennent un pacte de non-agression « pour éviter des attaques de l’Etat », « chacun a sa zone » d’après des membres des AGC interviewés par le média espagnol El Mundo en 2019289, un pacte qui serait toujours d’actualité.

2.3 Conflits et affrontements armés entre forces publiques et GAO

En accord avec le Comité International de la Croix Rouge (CICR)290, la Fondation Idées pour la Paix explique que les GAO cherchent maintenant à éviter la confrontation armée ouverte avec les forces publiques et qu’ils privilégient à l’encontre de celles-ci des actions armées de faible ou moyenne intensités291. La puissance des forces publiques est nettement supérieure à celle de chaque GAO qui sont loin de disposer de capacités comparables à celle des FARC, dont les effectifs ont atteint jusqu’à 17 000 combattants292. Les stratégies actuelles des forces gouvernementales consistent principalement à priver les GAO de leurs rentes financières telles que le narcotrafic ainsi qu’à neutraliser les commandants les plus importants de ces groupes, leur capture générant une vacance et des fractionnements internes source de déstabilisations293.

Le 8 juillet 2020, le gouvernement colombien fait voter le décret 965 dans lequel est établi « un plan de soumission individuel » pour chaque GAO suivant : l’ELN, le Clan del Golfo (ou AGC), les GAO résiduels des FARC (ou GAPF), Los Caparros (ou Caparrapos) et Los Pelusos (ou l’EPL)294. D’après la Fondation Idées pour la Paix, au premier trimestre 2020, 72% des combats des forces publiques se concentrent dans trois départements : Antioquia, Cauca et Norte de Santander295.

2.3.1 Le conflit armé des forces publiques contre l’ELN

Après l’attentat de janvier 2019 dans une école de police de Bogota ayant fait 21 morts et plus d’une soixantaine de blessés, l’ELN devient l’objectif militaire majeur du gouvernement. Toutefois, bien que ce dernier promette des résultats rapides, les forces publiques ne parviennent pas à porter de coups majeurs à la guérilla (ou « narco-guérilla ») durant le premier semestre 2019296.

Les actions des forces publiques contre l’ELN sont réparties sur plusieurs régions du fait de ses différents fronts, dont les départements d’Antioquia, Cauca et Norte de Santander. Si le GAO est assez peu déstabilisé en 2019 par les forces publiques, il est acculé dans le département d’Antioquia où des offensives militaires contraignent temporairement les fronts locaux du groupe à reculer vers les territoires occidentaux du département voire jusqu’au département voisin de Choco297. Au premier trimestre 2020, 31% des actions offensives des forces publiques sont dirigées exclusivement à l’encontre de l’ELN début 2020 d’après la Fondation Idées pour la Paix298. Cette mobilisation des forces publiques est efficace principalement dans les départements de Cauca et de Bolivar où les factions

286 Indepaz, p.81-82, 08/2020, url 287 Indepaz, p.49, 13/02/2021, url 288 Fundacion Paz y Reconciliacion, 09/2020, url ; Indepaz, p.49-51, 13/02/2021, url 289 HERNANDEZ-MORA Salud, El Mundo, 04/03/2019, url 290 CICR, 06/12/2018, url 291 Fundacion Ideas para la Paz, 29/08/2020, url 292 GOUESET Catherine, L’Express, 05/09/2019, url 293 Fundacion Ideas para la Paz, 24/05/2020, url ; Indepaz, 08/2020, url 294 Indepaz, p.11-12, 08/2020, url 295 Fundacion Ideas para la Paz, p.7, 24/05/2020, url 296 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.25, 28/08/2019, url 297 Indepaz p.43, 08/2020, url 298 Fundacion Ideas para la Paz, p.7, 24/05/2020, url

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locales du groupe sont affaiblies299. Un des coups principaux porté à la guérilla est l’exécution de 5 guérilleros le 14 mai 2020 dont allias Gallero dans le sud du département de Bolivar300. Impliqué dans l’attentat de 2019 et membre de l’ELN depuis plus de 33 ans, Gallero était le commandant du Front Dario Ramirez et un des 23 membres de la Direction nationale, qui plus est l’un des plus importants en contact étroit avec les 5 commandants du Commandement central du groupe armé301. L’absence prolongée de Gabino et la disparition de leaders principaux tel que Gallero génère des tensions internes entre différentes factions qui déstabilise la guérilla302.

Sur les deux dernières années, les forces publiques parviennent également à mettre à mal la guérilla sur l’un de ses territoires majeurs : la région du Catatumbo303. Les forces publiques ont particulièrement déstabilisé l’ELN lors d’affrontements importants dans la municipalité de Tibu304. Dans le rapport « Mémoires au Congrès 2019-2020 » (Memorias al Congreso 2019-2020) du Ministère de la Défense portant sur la période de mai 2019 à mai 2020, dont les chiffres sont relayés par Indepaz305 et la Fondation Paix et Réconciliation306, il est mentionné que les actions des forces publiques ont permis de capturer 176 combattants ainsi que la démobilisation de 116 autres combattants de l’ELN. Les captures ont eu lieu en majorité dans les départements de Bolivar, Norte de Santander et Arauca307.

Cependant, les avancées comme les captures des forces publiques sont à nuancer. Premièrement, les avancées des forces publiques dans le département de Norte de Santander ont été amplifiées indirectement par les actions armées d’autres GAO308. Deuxièmement et principalement, malgré les combats et leur puissance, les forces publiques ne freinent pas l’expansion territoriale de l’ELN puisque les zones d’actions du groupe se sont étendues sur plus d’une trentaine de municipalités du pays consécutivement en 2019 et en 2020309. L’expansion des zones d’actions du groupe est particulièrement visible sur les anciens territoires d’influence des FARC310.

L’identification des guérilleros (ou « narco-guérilleros ») s’est complexifiée. D’après la Fondation Paix et Réconciliation, ils se comportent comme des « combattants-militants », « militants le jour et combattants la nuit » qui cherchent à se confondre parmi les populations locales, les factions du GAO se sont diversifiées en de nombreuses cellules armées spécialisées plutôt que de grands groupes unifiés311. D’autre part, l’ELN est plus difficile à atteindre dans les territoires orientaux qu’elle ne l’est sur le reste du territoire colombien, ce qui est lié à la présence régulière et l’emprise importante de ses combattants dans certaines régions du Venezuela312. Sa présence et son emprise sont contestées dans le département de Norte de Santander mais le GAO exerce une certaine hégémonie dans le département d’Arauca ainsi que dans le nord du département de Boyaca, où la guérilla mène des actions armées contre les forces publiques313. La guérilla est aussi difficile à déstabiliser dans le département occidental de Choco bien que les forces publiques aient provoqué une désorganisation du GAO au centre du département314. Dans ses stratégies conflictuelles, le groupe armé utilise massivement des mines anti personnelles pour freiner les avancées des forces publiques315.

299 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.22-23, 09/2020, url 300 Semana, 16/05/2020, url ; Noticias Caracol, 16/05/2020, url 301 Semana, 16/05/2020, url ; Noticias Caracol, 16/05/2020, url 302 TREJOS ROSERO Luis Fernando – APONTE GONZALEZ Andrés, La Sillavacia, 20/02/2021, url 303 Indepaz, 13/02/2021, p.20-21, url 304 Indepaz, 13/02/2021, p.43-46, url 305 Indepaz, 13/02/2021, p.22, url 306 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.28, 09/2020, url 307 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.28, 09/2020, url 308 Indepaz, 13/02/2021, p.20-21, url ; Fundacion Paz y Reconciliacion, p.22-23, 09/2020, url 309 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.21-30, 09/2020, url 310 Indepaz, 13/02/2021, p.20, url 311 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.40, 28/08/2019, url 312 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.21-22, 09/2020, url ; Indepaz, 13/02/2021, p.41-43, url ; InSight Crime, 28/01/2020, url 313 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.23, 09/2020, url ; Indepaz, 13/02/2021, p.20-21 et p.41-43, url 314 Indepaz, p.46-48, 13/02/2021, url 315 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.26, 09/2020, url

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2.3.2 Le conflit armé des forces publiques contre les AGC

Les AGC sont mis à mal par les opérations « Agamenon » menées depuis 2015 par les forces publiques, le commandement central et le commandant en chef Otoniel ayant dû se replier dans la région nord-occidentale d’Uraba316. Ils sont de nouveau fragilisés quelques mois après l’arrivée au pouvoir d’Ivan Duque puisque, de la fin d’année 2018 à la fin du premier semestre 2019, cinq commandants majeurs dont les plus réputés alias El Indio et alias Palillo le frère d’Otoniel, sont capturés par les forces publiques317. Ces captures successives contraignent Otoniel à nommer des nouveaux commandants ne disposant pas de l’expérience des précédents, majoritairement d’anciens paramilitaires des AUC318.

Au-delà de la fragilisation du commandement central, les AGC ont vu leur présence territoriale se réduire assez nettement entre 2017 et 2019 grâce, entre autres, aux avancées des forces publiques sur plusieurs territoires d’influence majeure du groupe319. Les captures successives et l’avancée des forces publiques ont notamment été permises par l’envoi, en janvier 2019, d’un effectif d’environ 4 500 militaires et policiers de la Fuerza de Tarea Conjunta Aquiles (Force Spéciale Conjointe Achille) dans le Nudo de Paramillo320. En 2019, les offensives militaires font reculer les troupes des AGC, tout comme celles de l’ELN, des territoires orientaux vers les territoires occidentaux du département d’Antioquia321.

Néanmoins, les AGC résistent à la fois par des replis et déplacements territoriaux, symbolisés par leurs « facilités à se mouvoir d’une municipalité à l’autre » liées à l’hétérogénéité de leur réseau ou « franchise » criminelle322. Ils résistent également avec l’utilisation de mines anti personnelles, à la fois contre l’avancée des troupes et à proximité des mines et plantations illégales sous leur contrôle323. Le GAO fabriquerait des mines anti personnelles, notamment au sein de la municipalité d’Itanguo (Antioquia)324. Si la domination des AGC sur leurs territoires majeurs d’influence et de contrôle est fragilisée, ils parviennent tout de même à étendre leurs zones d’actions en 2020, en particulier dans les départements de Bolivar et Magdalena sur la côte caribéenne325 bien qu’ils soient freinés entre autres par les forces publiques et de nouveau grâce à leur stratégie d’extension par « franchise » qui permet souvent d’éviter les signalements directs à leur encontre326.

Par ailleurs, le Clan del Golfo (ou AGC) est le groupe armé qui a le plus d’incidence dans les grandes zones urbaines, ils disposeraient par exemple d’un « réseau tentaculaire invisible » au sein de la capitale Bogota qui complexifie leur identification et notamment via l’utilisation de l’entité « Aguilas Negras », les AGC étant suspectés d’être parmi les criminels derrière cette appellation327.

En 2020, d’après le compte-rendu rendu public par le ministère de la Défense en décembre, les AGC sont de loin le GAO qui a été le plus déstabilisé par les forces publiques avec la neutralisation (incluant des exécutions et principalement des captures et des démobilisations) de 1 769 de ses membres328. Ce total impressionnant doit tout de même être nuancé puisque l’appartenance directe des membres au noyau central du groupe narco-paramilitaire majeur ou plus largement au réseau criminel très hétérogène n’est pas précisée.

316 NDLR : Opérations « Agamenon 1 » et « Agamenon 2 » de 2015 à 2018 puis « Agamenon 2 + » à partir de la fin d’année 2018. (Indepaz, p.39-42, 08/2020, url) 317 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.36, 28/08/2019, url 318 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.36, 28/08/2019, url 319 Indepaz, p.18, 08/2020, url 320 La Sillavacia, 04/03/2019, url ; Indepaz, p.42-43, 08/2020, url 321 Indepaz p.43, url 322 La Sillavacia, 04/03/2019, url ; Fundacion Paz y Reconciliacion, p.43-46, 09/2020, url 323 Indepaz, p.43, 08/2020, url ; Fundacion Paz y Reconciliacion, p.43-46, 09/2020, url 324 ESCOBAR MORENO José David, 09/06/2019, url 325 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.44, 09/2020, url ; Indepaz, p.39-57, 08/2020, url 326 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.44, 09/2020, url ; Indepaz, p.49, 08/2020, url 327 ESCOBAR MORENO José David, El Espectador, 10/07/2020, url ; El Tiempo, 20/01/2020, url 328 Facebook, page certifiée au nom de « Ministerio De Defensa Nacional », 23/12/2020, url ; République de Colombie – Ministerio de Defensa Nacional, s.d., url

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2.3.3 Les conflits ou affrontements armés des forces publiques contre les GAPF

En décembre 2018, le CICR recensait un CANI (parmi les 5) impliquant les forces publiques contre le Bloc sud-oriental dirigé par Gentil Duarte329. Comme le mentionnait le CICR, la Colombie connait « d’autres situations de violence qui n’atteignent pas le seuil de conflit »330, ce qui semble être le cas d’une majorité des combats et affrontements armés des forces publiques contre les GAPF évoqués.

Le conflit armé des forces publiques avec le Bloc sud-oriental est toujours d’actualité. Il se déroule dans les départements de Guaviare, de Meta et de Caqueta331 ainsi qu’au sein du département de Putumayo332. D’après la Fondation Paix et Réconciliation, les actions offensives militaires des combattants aux ordres de Gentil Duarte se concentrent sur l’utilisation d’engins explosifs, « ce qui peut mettre en évidence une faible capacité de résistance aux affrontements directs » contre les forces publiques333. Des opérations récurrentes des forces publiques ont permis de découvrir, au premier semestre 2020, au moins 5 manufactures clandestines où des explosifs étaient fabriqués et des armes lourdes stockées334.

D’après Indepaz, le Bloc sud-oriental a opté pour une diminution du nombre d’attaques menées en 2019 et 2020 dans le but d’éviter une amplification de la présence des forces publiques sur leurs zones d’actions, ce qui leur permet de manœuvrer plus facilement les activités illégales et d’en accroître le rendement économique335. Au premier semestre 2020, les actions armées ou/et violentes ainsi que les violations des droits humains attribuées à des GAPF se sont majoritairement déroulées dans les départements de Cauca, Nariño et Antioquia336, des départements où le groupe n’est pas ou peu (via ses alliances donc indirectement) implanté. Le conflit armé a diminué en intensité depuis 2018 mais en fin d’année 2020, les forces publiques capture alias Alvaro Boyaco dans le département de Meta, chef du GAPF Jorge Briceño Suares et considéré comme l’un des bras droits de Gentil Duarte337. Cependant, le Bloc sud-oriental continue d’accroître ses rentes financières338.

En 2019 et 2020, les forces publiques mènent des opérations contre la Colonne Mobile Dagoberto Ramos et le Front Jaime Martinez, deux GAPF violents alliés à Gentil Duarte339. Malgré l’envoi de 2 500 membres de la Force de Déploiement Rapide (FUDRA) dans le département de Cauca, s’ajoutant aux 8 000 membres des forces publiques déjà présents sur place en 2019340, et la capture d’alias Indio Amansador en mai 2020341, leader de la Colonne Dagoberto Ramos, ces groupes poursuivent leurs actions armées encore en 2021 bien qu’ils deviennent des cibles militaires prioritaires en raison de leur violence342.

Selon la Fondation Paix et Réconciliation343 ainsi qu’Indepaz344, à l’été 2020 aucune action armée impliquant directement le groupe dissident de la Seconde Marquetalia contre les forces publiques n’avait été recensée. En fin d’année 2020, alias Ariel et alias Hermes sont capturés alors qu’ils étaient chargés par Ivan Marquez de manœuvrer le narcotrafic respectivement au nord du département d’Antioquia et au sud de celui de Huila, contrecarrant ainsi les plans d’expansion rapide du GAPF sur cette activité criminelle345. La stratégie militaire d’Ivan Marquez serait de former de nombreuses factions armées avec des campements mobiles et un réseau avec les anciens « collaborateurs » des FARC pour être constamment informé des déplacements des forces publiques346.

329 CICR, 06/12/2018, url 330 CICR, 06/12/2018, url 331 Indepaz, p.113-115, 08/2020, url ; Fundacion Paz y Reconciliacion, p.141-144, 28/08/2019, url 332 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.31-42, 09/2020, url 333 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.141-144, 28/08/2019, url 334 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.39, 09/2020, url 335 Indepaz, p.104-115, 08/2020, url 336 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.44-45, 09/2020, url 337 El Nuevo Siglo, 03/03/2021, url 338 Indepaz, p.113-115, 08/2020, url 339 LOAIZA Lara, InSight Crime, 26/11/2019, url ; Verdad Abierta, 12/04/2020, url 340 LOAIZA Lara, InSight Crime, 26/11/2019, url 341 Semana, 23/06/2020, url 342 Verdad Abierta, 12/04/2020, url ; El Pais, 27/03/2021, url 343 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.31-42, 09/2020, url 344 Indepaz, p.112-114, 08/2020, url 345 El Espectador, 13/01/2021, url 346 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.40-41, 09/2020, url

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Dans le nord-est du département d’Antioquia (Bajo Cauca Antioqueño), les offensives des forces publiques au cours des deux dernières années ont significativement affaibli un GAPF résiduel allié de la Seconde Marquetalia, le Front 36 dirigé par alias Cabuyo qui a perdu plusieurs de ses hommes de confiance et qui est toujours activement recherché347. Ce GAPF n’a pas pour autant disparu et pourrait se renforcer de nouveau avec l’appui du Front 18 Roman Ruiz qui est certes moins affaibli par les forces publiques mais dont le leader alias Ramiro et trois de ses lieutenants ont été exécuté par les forces publiques en novembre 2020348.

Dans le département de Nariño, le Front Oliver Sinisterra et les Guérillas Unies du Pacifique, GAPF disperses ou résiduels indépendants, sont affaiblis notamment par des opérations des forces publiques qui aboutissent à l’exécution des commandants respectifs alias Guacho et alias David au dernier trimestre 2018349. Cependant, l’affaiblissement global de ces deux GAPF serait avant tout causé par les disputes armées contre les multiples autres GAO et entre ces deux GAPF350.

D’après le ministère de la Défense, les actions armées des forces publiques ont provoqué la neutralisation de 1 044 membres des GAPF351. Pourtant, à l’instar des conflits avec les AGC et l’ELN, elles ne permettent pas de freiner l’expansion territoriale des GAPF, passant d’une présence plus ou moins visible au sein de 56 municipalités en 2018 à 113 en 2020352. Par ailleurs, sur ces 113 municipalités, 44 sont d’anciennes municipalités où étaient présents les FARC ou font partie des municipalités identifiées comme prioritaires lors des accords de paix, ce qui démontre que le gouvernement et les forces publiques « ont tardé à réagir » face à la constitution des GAPF, selon la Fondation Paix et Réconciliation353.

2.3.4 Les conflits ou combats armés des forces publiques contre l’EPL et Los Caparrapos

Fin 2018, le CICR considère que parmi les 5 CANI en cours en Colombie, un se déroulait entre les forces publiques et l’Ejército Popular de Liberacion (EPL ou Los Pelusos)354.

Les combats armés des forces publiques contre les dissidents de l’ancienne guérilla de l’EPL se déroulent très majoritairement dans la région du Catatumbo. La pression armée des forces publiques, la capture puis l’exécution d’alias Pepe et alias Pacora en 2019, deux leaders successifs de l’EPL, ont affaiblit fortement le GAO355. Dans cette région, Los Pelusos sont alliés depuis 2018 avec un autre groupe narco-paramilitaire, Los Rastrojos, que les autorités considèrent comme ayant été « absorbé » par l’EPL, les GAPF et l’ELN356. La pression armée des forces publiques cumulée à celle de l’ELN a poussé l’EPL à diversifier sa présence et son influence territoriale en particulier dans les départements sud-occidentaux de Cauca et Valle del Cauca où des affrontements contre les forces publiques ont été recensés en 2018 pour la dernière fois357. En 2020, le ministère de la Défense affirme que les forces publiques ont neutralisé 71 combattants de l’EPL358.

Il ne peut cependant être affirmé qu’il s’agisse exclusivement de combattants de l’EPL et qu’il n’y ait pas des combattants de Los Rastrojos inclus dans ces chiffes. Les deux groupes ont certes été affaiblis depuis 2017 et sont aujourd’hui considérés à juste titre comme des groupes armés « résiduels » mais ils ont toujours un certain contrôle du narcotrafic et de la contrebande dans la région du Catatumbo359.

Cumulés aux conflits contre l’ELN et les AGC ainsi qu’aux combats menés contre des GAPF dans la région du Nudo de Paramillo, les forces publiques luttent également contre Los Caparrapos. Au cours

347 InSight Crime, 28/06/2020, url ; Fundacion Paz y Reconciliacion, p.37, 09/2020, url 348 InSight Crime, 28/06/2020, url ; El Nuevo Siglo, 03/03/2021, url 349 International Crisis Group, p.31-34, 08/08/2019, url 350 International Crisis Group, p.31-34, 08/08/2019, url ; Indepaz, p.106-134, 08/2020, url 351 Facebook, page certifiée au nom de « Ministerio De Defensa Nacional », 23/12/2020, url ; République de Colombie – Ministerio de Defensa Nacional, s.d., url 352 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.31-42, 09/2020, url 353 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.31-42, 09/2020, url 354 CICR, 06/12/2018, url 355 Indepaz, p.77-80, 08/2020, url 356 Indepaz, p.75-76, 08/2020, url 357 Indepaz, p.77-80, 08/2020, url 358 Facebook, page certifiée au nom de « Ministerio De Defensa Nacional », 23/12/2020, url ; République de Colombie – Ministerio de Defensa Nacional, s.d., url 359 Indepaz, p.21 et 46, 13/02/2021, url

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des deux dernières années les forces publiques portent des coups majeurs avec les captures du second commandant alias Ratón en janvier 2019360 et du commandant principal alias Caín en novembre 2020361. D’après le compte-rendu du ministère de la Défense sur l’année 2020, 139 membres de Los Caparrapos (ou Caparros) ont été neutralisés362.

2.4 Des forces publiques et une politique sécuritaire sous le feu des critiques Depuis l’investiture d’Ivan Duque, les forces publiques ont fait l’objet de plusieurs scandales et sont marquées par « une paralysie institutionnelle »363. Le scandale des exécutions extrajudiciaires de « faux positifs » (falsos positivos), des civils innocents exécutés par les forces publiques entre 2002 et 2008 pour faire gonfler les chiffres de guérilleros FARC abattus durant le conflit, refait surface particulièrement après des nominations de gradés hauts-placés de l’armée qui sont suspectés d’être impliqués364. Un article du New York Times révèle en mai 2019 que le chef d’état-major ordonnait que les exécutions de membres de GAO soient doublées, « y compris si cela impliquait des pertes civiles »365. Le média Semana révèle en septembre 2019 un scandale impliquant le général Diego Villegas qui commandait la Fuerza de Tarea Vulcano dans le département de Norte de Santander, il déclara que si s’allier à l’EPL affaiblirait l’ELN, ils s’allieraient, qu’il y avait de l’argent pour et que s’il était demandé de tuer, ils tueraient ; en référence aux ordres du chef d’état-major366. Ce scandale démontre également le fait que des membres des forces publiques sont corrompus, ce qui altère la confiance des populations locales. Dans la région du Nudo de Paramillo, elles ont la perception que des membres de la police nationale appuient Los Caparrapos tandis que ceux de l’armée appuient eux les AGC, et ce bien que rien n’ait été prouvé367. Cette perception a pu être renforcée par le scandale impliquant le général Romero et des officiels des forces publiques dans le département d’Antioquia qui vendaient des documents assurant la sécurité et la liberté de mouvement à des narco-paramilitaires des AGC et de La Oficina de Valle de Aburra (OVA)368. Le département d’Etat américain rapporte que selon le Bureau du Procureur Général de Colombie, neuf membres des forces de sécurité du gouvernement ont été formellement accusés d’avoir des liens avec des groupes armés illégaux entre janvier et septembre 2020369. La politique sécuritaire menée par le gouvernement d’Ivan Duque est vivement critiquée. D’une part, la mobilisation des forces publiques n’a pas freinée l’expansion territoriale de la majorité des GAO sur les dernières années et d’autre part les membres de ces groupes armés cherchent à se confondre au maximum avec les populations locales, ce qui les rend plus vulnérables, des civils deviennent à tort des cibles des forces publiques. D’après ICG, l’éradication forcée de la coca criminalise les cultivateurs pauvres et les pousse à prendre le parti des groupes armés locaux370. La stratégie de cibler les leaders des GAO est considérée comme infructueuse par plusieurs observateurs qui estiment que les leaders sont facilement remplaçables et que de manière plus générale les actions de soumission des forces publiques n’affectent pas réellement les structures des groupes armés qui recrutent de nouvelles recrues en conséquence371. La population civile se retrouve ainsi au milieu des conflits armés entre les forces publiques et les GAO, parfois en grand péril372.

La critique majeure de la politique sécuritaire du gouvernement est que la mobilisation et le déploiement des forces publiques ne diminuent pas la violence générale des GAO à l’encontre des civils, au contraire

360 El Espectador, 13/01/2019, url 361 El Pais (Colombia), 17/11/2020, url 362 Facebook, page certifiée au nom de « Ministerio De Defensa Nacional », 23/12/2020, url ; République de Colombie – Ministerio de Defensa Nacional, s.d., url 363 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.141-144, 28/08/2019, url 364 NDLR : voir : DIDR, « Colombie : L’application de l’accord de paix, les persécutions à l’encontre de guérilleros démobilisés des FARC-EP ou de l’ELN, et la persistance des conflits armés intérieurs », Ofpra, 22/08/2019 365 The New York Times, 18/05/2019, url 366 CUELLA Alfonso, Semana, 06/09/2019, url 367 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.141-144, 28/08/2019, url 368 YouTube, chaîne au nom de « Revista Semana », 16/05/2020, url 369 US DOS, p.3-4, 03/2021, url 370 International Crisis Group, p.2, 26/02/2021, url 371 Indepaz, p.11-13, 08/2020, url ; International Crisis Group, 08/08/2019, url 372 International Crisis Group, p.2, 26/02/2021, url

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la sécurité s’est détériorée en 2020. Par exemple, d’après le Centre de Ressources pour l’Analyse de Conflits (CERAC)373, un think thank colombien, les actions violentes attribuées à l’ELN, de manière générale, ont diminué en 2020 par rapport à l’année 2019 mais les actions violentes de la guérilla à l’encontre de la population civile ont augmenté sur la même année, seules les actions contre les forces publiques ont diminuée374. En plein cœur du Nudo de Paramillo, le maire de Taraza, interrogé par la Fondation Paix et Réconciliation, estime que « en quatre ans rien n’a changé avec la Force Militaire, alors il faut changer d’action pour une qui diminue réellement les niveaux de violence dans la municipalité »375. Les niveaux de violence actuels sont d’autant plus préoccupants en 2021 d’après l’ONG car « les années préélectorales ont tendance à être très violentes en Colombie »376.

La recrudescence de la violence à l’encontre de la population civile cumulée aux difficultés économiques traversées par le peuple colombien ont fait surgir des mouvements importants de protestation sociale contre le gouvernement à partir de novembre 2019, la côte de popularité d’Ivan Duque a été divisée par deux seulement 100 jours après son investiture (de 54 à 27%) d’après une enquête du média Semana relayée par Le Parisien377..

3 Exactions et conséquences humanitaires des affrontements armés 3.1 La violence à l’échelle nationale 3.1.1 Exactions à l’échelle nationale

Dans son dernier rapport sur la situation des droits humains en Colombie, Amnesty International (AI) mentionne que la Colombie était en 2020 « considérée par de très nombreux observateurs comme étant le pays le plus dangereux au monde pour les personnes qui défendent les droits humains »378. HRW rapporte que selon l’office en Colombie du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Droits Humains (OHCHR), la Colombie est le pays latino-américain où le nombre de défenseurs des droits humains assassinés est le plus élevé sur les quatre dernières années avec plus de 400 défenseurs des droits humains assassinés depuis 2016379. Le 15 décembre 2020, Michelle Bachelet, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les Droits Humains et ancienne présidente du Chili, dénonce publiquement à Genève les centaines d’assassinats qui ont eu lieu en Colombie en 2020. La porte-parole d’OHCHR, Marta Hurtado, admet que les chiffres mentionnés sont les chiffres rapportés aux Nations Unies mais qu’elle craint qu’ils soient supérieurs380. En effet, d’autres instances et organisations rapportent des chiffres de personnes ayant perdu la vie qui sont nettement plus importants, dont la Defensoria del Pueblo381 (Défenseur du peuple ou Ombudsman). Relayée par HRW, la Defensoria del Pueblo recensait 710 assassinats de défenseurs des droits humains de 2016 à la fin du premier semestre 2020382. Bien que la Defensoria

373 NDLR : Le CERAC, Centro de Recursos para el Analisis de Conflictos, est un think thank colombien privé et indépendant politiquement. Il est spécialisé dans l’études des violences et conflts armés et leurs répercussions socio-économiques. Il dispose de partenariats avec des universités étasuniennes et britanniques renommées (Harvard, Berkeley, Stanford, Oxford) dont l’université de Londres (Royal Hallaway) qui lui a octroyé des fonds ainsi qu’avec le PNUD, l’ONUDC ou encore des institutions publiques et privées colombiennes dont certaines ont signé des contrats avec le think thank. 374 CERAC, 29/01/2021, url 375 CANO Laura, Fundacion Paz y Reconciliacion, 23/01/2021, url 376 CANO Laura, Fundacion Paz y Reconciliacion, 23/01/2021, url 377 ROUJOL PEREZ Guylaine, Le Parisien, 21/11/2019, url 378 Amnesty International, p.162, 07/04/2021, url 379 Human Rights Watch, p.17, 10/02/2021, url 380 El Nuevo Diario, 15/12/2020, url 381 NDLR : La Defensoria del Pueblo est une instance étatique constitutionnelle régulée par la loi 24 de 1992 et le décret 025 de 2014, dont la mission est de veiller à la protection des droits humains et des libertés de chaque citoyen colombien. Elle fait partie du « Ministère Public » (qui n’existe pas en tant que fonction ministérielle) avec les « personnalités municipales » (autorités municipales) et le (bureau du) Procureur Général de la Nation qui en est l’autorité suprême. Elle dispose d’une autonomie budgétaire et administrative. Le (ou la) Défenseur du Peuple ou Ombudsman est élu tous les quatre ans par la Chambre des Représentants du Congrès, il peut administrer ses fonctions aux « Défenseurs Délégués » ; dont par exemple celui délégué à la prévention de risque de violations des droits humains et aux Défenseurs Régionaux, tous à la fois nominés, affectés et dépendants de l’autorité du (ou de la) Défenseur du Peuple ; ainsi qu’aux autorités municipales et autres fonctionnaires. La Defensoria del Pueblo publie des « alertas tempranas » (alertes anticipées) de risque de violation des droits humains, archivées sur le système de publication de ces alertes (SAT) relayé et disponible sur le site de l’ONG Colombienne Indepaz : url 382 Human Rights Watch, p.18, 10/02/2021, url

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del Pueblo soit une instance étatique, le gouvernement considère que les chiffres officiels sont ceux de l’OHCHR, d’après le conseiller présidentiel aux droits humains et affaires internationales interviewé par HRW383. L’ONG Indepaz rapporte que 310 leaders sociaux et défenseurs des droits humains ont été assassinés en 2020384, soit 31 personnes de plus ayant perdu la vie par rapport à l’année 2019 durant laquelle l’ONG a documenté 279 assassinats385. Elle définit un ou une leader sociale comme « une personne qui défend les droits de la collectivité et développe une action pour le bien commun reconnue dans sa communauté, organisation ou territoire »386. Indepaz différencie les personnes mobilisées pour les droits des paysans, des ethnies indigènes et afro-colombiennes, des femmes, des LGBTI ainsi que les leaders sociaux communautaires, les syndicalistes et les environnementalistes387. D’après le rapport de la mission de vérification (des accords) des Nations Unies en Colombie paru le 28 décembre 2020, 248 anciens guérilleros FARC ayant accepté le processus de paix ont été assassinés depuis les accords de novembre 2016388. Les groupes armés adressent de nombreuses menaces à l’encontre de la population civile (généralement par courrier, appel téléphonique ou message privé, notamment via les réseaux sociaux dont WhatsApp, ou encore via des affiches et des tracts sur la voie publique). La Defensoria del Pueblo a eu connaissance de 2 829 menaces adressées à des civils de janvier 2016 à juin 2020, une grande partie de ces menaces étant des menaces de mort389. En 2020 selon OCHA, 25 366 personnes ont été victimes de déplacement forcé, soit une augmentation de 12% par rapport à l’année précédente390. Les causes de ces déplacements forcés sont à 94% liées aux affrontements entre groupes armés illégaux et à des menaces de ces GAO contre la population civile391. Par ailleurs, la grande majorité des populations victimes de déplacement forcé dans le département de Nariño fuit temporairement ou définitivement au sein du pays voisin, l’Equateur. D’autres sources évoquent des chiffres plus élevés, le média El Pais rapporte notamment que la Defensoria del Pueblo recense environ 14 000 personnes victimes de déplacement forcé en 2020 pour le seul département de Nariño392. Le Défenseur du Peuple ou Ombudsman, Carlos Camargo Assis, affirme que dans les départements de Nariño, Choco, Antioquia, Cordoba et Norte de Santander, « il y a une crise récurrente du déplacement forcé et les victimes ne disposent pas de garanties pour le rétablissement de leurs droits »393. Indepaz différencie également les « massacres » et les homicides sélectifs394. L’ONG compte 91 massacres sur l’année qui ont fait perdre la vie à 381 personnes395. Près de 55% de ces massacres ont été perpétrés dans quatre départements : Antioquia, Cauca, Nariño et Norte de Santander ; en particulier dans les sous-régions marquées par les disputes armées des GAO ; mais la municipalité la plus touchée est la capitale Bogota, avec 37 victimes en 2020396.

383 Human Rights Watch, p.18, 10/02/2021, url 384 Indepaz, 01/2021, url 385 Indepaz, p.5, 15/07/2020, url 386 Indepaz, p.4, 15/07/2020, url 387 Indepaz, 15/07/2020, url ; Indepaz, 01/2021, url 388 Nations Unies – Mission de Vérification de l’ONU en Colombie, 07/01/2021, url 389 Human Rights Watch, p.18, 10/02/2021, url 390 Nations Unies - OCHA, 26/01/2021, url 391 Nations Unies - OCHA, 26/01/2021, url 392 El Pais (Colombia), 08/01/2021, url 393 El Pais (Colombia), 08/01/2021, url 394 Indepaz, 27/04/2021, url ; Open Democracy, 04/09/2020, url ; NDLR : Un acte criminel macabre est catégorisé de massacre lorsque trois personnes et plus sont assassinés simultanément, en accord avec la définition de l’ONU, l’ONG appuie le terme en assurant que ce ne sont pas des « homicides multiples ou collectifs », termes employés par le président Ivan Duque et le ministre de la Défense. Les massacres documentés par Indepaz incluent toutes les victimes, quel que soit leur condition sociale 395 Indepaz, 27/04/2021, url 396 Indepaz, 27/04/2021, url

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Les victimes d’assassinats et de déplacements forcés en 2020 par département (DIDR, 02/2021)

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Les GAO disséminent des mines anti personnelles (MAP) à proximité des zones de culture de coca pour empêcher l’éradication forcée de ces cultures réalisée par les forces publiques mais les principales victimes sont des civils397. Sur 165 personnes affectées par des mines anti personnelles en 2020, 102 étaient des civils, soit 62% des victimes dont 11% de mineurs398. Au premier trimestre 2020, la proportion de civils victimes des MAP et d’engins non-explosifs atteignait les 80% et six accidents sur dix avaient lieu sur des champs agricoles ou sur des chemins empruntés par les travailleurs locaux pour se rendre sur ces champs399. Les accidents liés aux MAP ont augmenté de 49% en 2020400. Enfin, une activité criminelle des GAO est très répandue sur le territoire colombien : l’extorsion, qui est d’autant plus importante et lucrative en milieu urbain. Des villes côtières sont fortement touchées par cette activité criminelle telles que la ville portuaire de Buenaventura sur la côte Pacifique401 ou la métropole de Cartagena et les municipalités voisines de Turbaco et Arjona sur la côte caribéenne dans le département d’Atlantico qui ont fait l’objet d’une alerte de la Defensoria del Pueblo en janvier 2020 où cette activité criminelle pratiquée par les narco-paramilitaires est particulièrement pointée du doigt402. Autre exemple géographique plus central, l’agglomération de Medellin qui est aussi fortement affectée par les extorsions dont de nombreux suspects seraient membres de la confédération narco-paramilitaire La Oficina de Valle de Aburra (OVA ou La Oficina de Envigado)403.

3.1.2 Une pression des acteurs armés illégaux qui s’amplifie avec la crise sanitaire D’après des témoignages recueillis par ICG, au sein des territoires où les GAO sont les plus implantés et dominants, par exemple le GAPF Bloc sud-oriental dans le département de Guaviare, les AGC dans la région d’Uraba et des Monts de Maria (nord du département de Bolivar) ou encore l’ELN dans le département d’Arauca, la population civile doit se plier aux règles des groupes « sans garanties ni droits »404. La présence constante et dominante d’un GAO sur un territoire signifie que « l’ensemble de la population civile est sous surveillance de ce groupe », d’autant plus que les membres des groupes armés tentent de se confondre au maximum avec la population locale405. Sous couvert de lutte contre la propagation de la Covid-19, les GAO craignant fortement d’être affaiblis par la pandémie, ont imposé des restrictions drastiques à la mobilité dans certains territoires en plus de celles du gouvernement, dont un confinement national instauré le 24 mars 2020, et ont menacé ouvertement les populations qui ne respecteraient pas l’isolement à domicile par le biais de tracts et de messages sur le réseau social WhatsApp406. Par exemple, l’ELN déclare le 28 mars un cessez-le feu unilatéral sur l’ensemble du mois d’avril comme « geste humanitaire pour le peuple colombien » mais dans le même temps menace de sévères représailles les civils qui ne respecteraient pas les règles de confinement imposées par le GAO407. Autre exemple, le Front Oliver Sinisterra décrète un couvre-feu à Tumaco le 22 mars avant même que le gouvernement instaure le confinement national408. Sur des territoires de ce même département de Nariño ainsi que dans ceux de Cauca, Putumayo, Guaviare et Norte de Santander, les groupes armés ont strictement interdit tous les déplacements pendant les heures de couvre-feu qu’ils imposaient alors que le gouvernement autorisait les déplacements nécessaires, y compris ceux des personnes malades dans certaines zones, des membres de missions médicales et humanitaires ont été bloqués voire attaqués par des GAO409. HRW rapporte qu’au moins 9 civils ont été tués par différents GAO entre mars et juin 2020 pour ne pas avoir respecté leurs règles de confinement et qu’entre Barbacoas et Tumaco, une voiture disposant d’une signalétique médicale a été prise pour cible

397 International Crisis Group, 26/02/2021, url ; Fundacion Ideas para la Paz, p.21-22, 24/05/2020, url 398 Nations Unies - OCHA, 26/01/2021, url 399 Fundacion Ideas para la Paz, p.21-22, 24/05/2020, url 400 Nations Unies - OCHA, 26/01/2021, url 401 NDLR : voir : DIDR, « Colombie : Présence et exactions du groupe armé La Empresa à Buenaventura et Cali entre 2016 et 2019 », Ofpra, 16/03/2021. 402 Systema de Alertas Tempranas – SAT n°002-2020, 15/01/2020, url 403 YouTube, chaîne au nom de « Revista Semana », 16/05/2020, url ; Noticias Caracol, 01/04/2021, url 404 International Crisis Group, p.12, 26/02/2021, url 405 International Crisis Group, p.12, 26/02/2021, url 406 VIVANCO José Miguel, Semana, 10/04/2020, url ; Human Rights Watch, 15/07/2020, url 407 Fundacion Ideas para la Paz – ICIP, s.d., url ; VIVANCO José Miguel, Semana, 10/04/2020, url 408 VIVANCO José Miguel, Semana, 10/04/2020, url 409 Human Rights Watch, 15/07/2020, url ; Nations Unies - OCHA, 26/01/2021, url

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et deux passagers en sont décédés la nuit du 4 avril410. D’après José Miguel Vivanco, directeur de la division Amériques de HRW, le contrôle social exacerbé des GAO « reflète l’échec de longue date du gouvernement à établir une présence dans les régions reculées du pays »411.

3.2 Les différentes populations victimes des exactions 3.2.1 Les paysans et défenseurs de l’environnement Les familles paysannes des zones rurales en proie à la présence et aux conflits des GAO figurent parmi les populations les plus vulnérables sur les dernières années en Colombie. En 2020 près d’un tiers des défenseurs des droits humains et leaders sociaux assassinés étaient des paysans ou paysannes engagés, soit 102 personnes qui ont perdu la vie412. Les trois quarts des personnes ayant perdu la vie résidaient dans les départements de Cauca, Putumayo, Norte de Santander, Antioquia (quatre des cinq départements les plus productifs de coca) et Cordoba413. Par ailleurs, 11 de ces personnes étaient engagées dans le Programme National Intégré de Substitution des Cultures Illicites (PNIS) mis en place après les accords de paix des FARC, toutes dans les départements précédemment évoqués à l’exception de celui de Cauca414. Une des problématiques majeures pour les paysans, causée par les cultures de coca mais aussi par les conflits armés qui provoquent des déplacements forcés, est l’expropriation de leurs terres, notamment par les GAO415. Dans son rapport, AI relaie l’analyse de l’ONG Global Witness qui considère que la Colombie était en 2020 le pays le plus dangereux au monde pour les défenseurs de l’environnement416. Selon l’ONUDC en 2019, à l’échelle nationale 30% des hectares de coca cultivés et 52% des exploitations illégales de l’or étaient localisées au sein d’aires naturelles protégées417. La culture de la coca est source de déforestation massive car les GAO cherchent à étendre sans cesse les aires de cultures418. Pour l’extraction minière illégale, le mercure est fortement utilisé et contamine les rivières et les sources hydriques, ce qui a des répercussions sur l’environnement et sur la santé des populations locales419. Les personnes qui dénoncent ces pratiques illégales néfastes pour l’environnement sont victimes de représailles, notamment des menaces voire des homicides. Cinq défenseurs de l’environnement ont été assassinés en 2020, plus que de 2016 à 2019420. Ces cinq personnes ont été exécutés majoritairement en milieu urbain d’après le registre d’Indepaz421. Les travailleurs des mines illégales sont victimes de traitements dégradants, quatre travailleurs des mines défendant leurs droits ont été assassinés en 2020 d’après Indepaz422. L’extension des cultures de coca et des sites d’extraction minière illégale affecte également les communautés indigènes qui s’opposent à l’extension de ces activités illégales situées parfois sur leurs territoires ancestraux et à leur contrôle par les GAO, à l’image des peuples Wiwa et Wayuu dans le département caribéen La Guajira, et du peuple Nasa dans le département sud-occidental de Cauca423.

410 Human Rights Watch, 15/07/2020, url 411 Human Rights Watch, 15/07/2020, url 412 Indepaz, 01/2021, url 413 Indepaz, 01/2021, url 414 Indepaz, 01/2021, url 415 International Crisis Group, p.12 et 25, 26/02/2021, url 416 Amnesty International, p.162-163, 07/04/2021, url 417 UNODC – République de Colombie, s.d., url ; USTYANOWSKI Tristan, France 24, 05/12/2019, url 418 Indepaz, p.13, 08/2020, url 419 MORALES Juan David – PEREA VILLAGAS Maria, El Espectador, 10/09/2020, url 420 Indepaz, 01/2021, url ; Indepaz, 15/07/2020, url 421 Indepaz, 01/2021, url . NDLR : Jorge Enrique Carmas le 16 mai et Jaime Eduardo Monge le 18 août dans la métropole de Cali ; Juana Perea Plata le 28 octobre à Niqui et Harlin David Rivas Ospina le 30 novembre à Quibdo (capitale urbaine) dans le département de Choco ; et Javier Fransisco Parra le 3 décembre à La Macarena au sud-ouest du département de Meta. 422 Indepaz, 01/2021, url . NDLR : Johan Sebastian Muñoz Restrepo le 3 février et Angel Ovidio Quintero Gonzalez le 19 mars, à Remedios et San Francisco, deux municipalités du département d’Antioquia ; Edwin Costa Ochoa le 26 mai et Hernando José Molina le 7 août à Tiquisio et à Montecristo, deux municipalités du département de Bolivar. 423 El Tiempo, 30/04/2020, url ; El Pais (Colombia), 30/10/2019, url

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3.2.2 Les communautés ethniques indigènes et afro-colombiennes Parmi les victimes de déplacements forcés en 2020, 63% font partie des minorités ethniques afro-colombiennes (43%) et indigènes (20%) d’après OCHA424. Elles sont particulièrement affectées dans les quatre départements de la côte Pacifique (Choco, Valle del Cauca, Cauca et Nariño). Opposés aux contrôles de leurs territoires ancestraux par les GAO, les communautés indigènes figurent également parmi les populations les plus touchées par la violence armée depuis 2016425. Les communautés indigènes les plus touchées sont les peuples Nasa et Awa qui vivent principalement et respectivement dans le nord du département de Cauca et le département de Nariño426. En 2020, 105 leaders sociaux et défenseurs des droits des indigènes ont été assassinés, dont 52 dans le département de Cauca et 27 dans le département de Nariño d’après Indepaz427. Au 15 décembre 2020, Michelle Bachelet dénonçait à Genève le fait que la communauté Nasa avait perdu 66 de ses membres dans la sous-région du nord de Cauca mais le même jour, 24 « leaders et autorités du peuple Nasa » recevaient des menaces de mort selon OHCHR428. Indepaz documente en 2020 l’assassinat de 21 leaders sociaux et défenseurs des droits des afro-colombiens, des personnes qui vivaient dans les quatre départements de la côte Pacifique429. La communauté afro-colombienne vit majoritairement dans les milieux péri-urbains et urbains sud-occidentaux du pays. Certains ont fui ces dernières années en Equateur en raison de la violence armée qui sévit dans la région sud-occidental colombienne430.

3.2.3 Les anciens guérilleros FARC engagés dans le processus de paix

Depuis novembre 2016, la mission de vérification des Nations Unies rapporte que près de 250 anciens guérilleros FARC démobilisés et engagés dans le processus de paix ont été assassinés, dont 150 sur les deux dernières années, 77 en 2019 et 73 en 2020431. L’augmentation des assassinats d’ex-guérilleros engagés dans la réinsertion sociale sur les deux dernières années met en accusation le gouvernement actuel sur sa volonté d’octroyer des moyens de protection et de mener à bien la réinsertion, à commencer par le parti politique de la Force Alternative Révolutionnaire Commune (FARC) crée à l’issue des accords, qui dénonce « une campagne d’extermination menée sous les yeux d’un gouvernement indolent »432.

Les anciens guérilleros sont la cible de persécutions par de multiples auteurs433, dont les membres des GAPF actuels. Un évènement significatif des menaces qui pèsent sur les anciens FARC se déroule le 25 août 2019 dans le département de Norte de Santander lorsqu’alias Ruben Zamora, ancien commandant du Front 33 des FARC et candidat à l’assemblée départementale, est attaqué puis détenu par des membres du GAPF Front 33, et donc possiblement par des combattants autrefois sous ses ordres434.

3.2.4 Les mineurs et jeunes adultes

Une des principales menaces qui touche les adolescents et les jeunes adultes est le recrutement dans les GAO. Les groupes armés illégaux recrutent de nombreux adolescents et jeunes adultes, et n’hésitent pas à utiliser la force, des menaces en cas de refus ou encore à soudoyer les jeunes

424 Nations Unies - OCHA, 26/01/2021, url 425 Indepaz, 15/07/2020, url 426 El Pais (Colombia), 30/10/2019, url ; FORERO RUEDA Sebastian, El Espectador, 20/08/2020, url 427 Indepaz, 01/2021, url 428 El Nuevo Diario, 15/12/2020, url 429 Indepaz, 01/2021, url 430 D.PUGH Jeffrey – F.JIMENEZ Luis – LATUFF Bettina, Migration Policy Institute, 09/01/2020, url 431 Nations Unies – Mission de Vérification de l’ONU en Colombie, 07/01/2021, url 432 DELCAS Marie, Le Monde, 12/03/2020, url 433 NDLR : voir : DIDR, « Colombie : L’application de l’accord de paix, les persécutions à l’encontre de guérilleros démobilisés des FARC-EP ou de l’ELN, et la persistance des conflits armés intérieurs », Ofpra, 22/08/2019 434 El Espectador, 08/09/2019, url

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des quartiers défavorisés avec de l’argent pour y parvenir. Cette menace est importante dans plusieurs sous-régions rurales en proie aux conflits armés telles que le Bajo Cauca Antioqueño et la côte Pacifique du département de Nariño435 mais aussi en zone urbaine.

Sur les deux dernières années, la Defensoria del Pueblo a publié des alertes pointant la menace sur les mineurs dans les trois grandes métropoles du pays : la capitale Bogota D.C., Medellin et Cali436. La ville portuaire Buenaventura dans le département de Valle del Cauca est aussi fortement touchée par cette activité criminelle437.

D’après les données de l’Institut National de Médecine Légale, Valle del Cauca était, sur les 11 premiers mois de l’année 2019, le département qui compte le plus grand nombre d’homicides de mineurs (161) devant celui d’Antioquia438. Cette source rapporte également que la tranche d’âge des 20-24 ans était la plus touchée par les homicides au niveau national, plus de 20%, avec plus de 2 000 jeunes ayant perdu la vie, dont 93% étaient de sexe masculin439.

Le pays a été marqué par une vague de massacres aveugles entre la mi-août et la mi-septembre 2020 qui ont fait perdre la vie à 64 personnes, majoritairement des jeunes hommes, des exactions imputées aux GAO440. Deux massacres aveugles ont particulièrement choqué l’opinion publique, le 11 août cinq adolescents afro-colombiens âgés de 14 à 16 ans sont mutilés puis exécutés dans le quartier de Llano Verde localisé au sud de Cali, et le 15 août huit jeunes adultes qui se trouvaient à une fête étudiante sont assassinés dans la municipalité rurale de Samaniego au centre du département de Nariño441.

3.2.5 Les femmes et la communauté LGBTI

Sur l’ensemble des menaces adressées à la population civile, principalement des menaces de mort, dont la Defensoria del Pueblo a eu connaissance de janvier 2016 au 30 juin 2020, 30% des menaces ciblaient directement des femmes, soit 849 menaces précisément442. Selon Indepaz, parmi les leaders sociaux et défenseurs des droits humains, 131 femmes ont été assassinés du 24 novembre 2016 au 15 juillet 2020443.

HRW considère que la violence de genre est « généralisée » dans le pays et que les coupables sont rarement tenu responsables444. L’ONG pointe la municipalité de Tumaco (département de Nariño) « où la violence sexuelle, y compris par les groupes armés, est omniprésente »445. L’avortement est légal seulement lorsque la vie et la santé des femmes enceintes sont menacées, 91 organisations de la société civile ont présenté une requête à la Cour Constitutionnelle le 16 septembre pour qu’il ne soit plus considéré comme une infraction pénale446. L’observatoire des féminicides en Colombie, relayé par AI, a signalé 568 féminicides entre janvier et novembre 2020 dont certains d’une rare violence447.

435 SAT n°003-19, 09/01/2019, url ; AVILA Ariel, Semana, 19/02/2020, url 436 SAT n°023-19, 01/06/2019, url ; SAT n°022-2020, p.12, 30/05/2020, url ; SAT n° 032-2020, 17/07/2020, url. NDLR : Une première alerte publiée en juin 2019 concernait les localités Kennedy, Bosa et Ciudad Bolivar du sud de Bogota où les GAO majeurs suspectés des recrutements forcés de mineurs sont les narco-paramilitaires des AGC et Los Rastrojos ainsi que « des membres de dissidence des FARC » et du Front Urbain de l’ELN. Une deuxième alerte publiée en mai 2020 ciblait la localité d’Usaquen au nord-est de la capitale sans qu’un groupe armé ne soit identifié. La métropole de Medellin a fait l’objet d’une alerte de la Defensoria del Pueblo publiée en juillet 2020 et ciblée sur les communes 7, 8, 10, 12, 13, 15 et 16, elle décrit un panorama où le recrutement forcé des mineurs est fortement présent. Les persécuteurs suspectés sont plus ou moins rattachées à la confédération narco-paramilitaire La Oficina de Valle de Aburra, aux AGC ou encore à l’ELN (qui aurait une influence plus modérée), cette exaction a provoqué en 2019 le décès de 29 adolescents âgés de 14 à 17 ans et de 5 enfants âgés de 6 à 13 ans ainsi que le déplacement forcé d’au moins 38 familles avec un mineur menacé à Medellin. Le sud de la métropole de Cali est également touché. 437 NDLR : voir : DIDR, « Colombie : Présence et exactions du groupe armé La Empresa à Buenaventura et Cali entre 2016 et 2019 », Ofpra, 16/03/2021. 438 Vanguardia, 23/12/2019, url 439 Vanguardia, 23/12/2019, url 440 GUYARD Marie – LACHAUD Nathalie, FranceTv Info, 16/09/2020, url 441 PROENZA Anne, Ouest France, 21/08/2020, url 442 Human Rights Watch, p.18, 10/02/2021, url 443 Indepaz, 15/07/2020, url 444 Human Rights Watch, 25/01/2021, url 445 Human Rights Watch, 25/01/2021, url 446 Amnesty International, p.165-166, 07/04/2021, url ; Human Rights Watch, 25/01/2021, url 447 Amnesty International, p.165-166, 07/04/2021, url

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Le média El Espectador évoque « un problème structurel » des violences à l’encontre des femmes et des féminicides dans la métropole de Cali448.

Malgré d’importantes protections légales concernant l’orientation sexuelle et l’identité de genre dans le pays selon HRW, la Defensoria del Pueblo a dénoncé des niveaux de violence importants à l’encontre de la communauté LGBTI au cours de l’année 2020449. Selon l’ONG Colombia Diversa relayée par AI, 71 personnes LGBTI ont été tuées en 2020450, dont parmi elles trois leaders sociaux et défenseurs des droits de la communauté451. Depuis novembre 2016, 15 militants LGBTI ont perdu la vie452.

3.2.6 Les meneurs politiques et syndicalistes

Les GAO n’hésitent pas à menacer ouvertement et parfois assassiner des leaders sociaux et politiques qui ne se plient pas à leurs volontés et qui sont susceptibles de menacer leurs intérêts. Gustavo Petro, candidat présidentiel qui se hisse au deuxième tour en 2018 et incarne le renouveau de la gauche colombienne, est menacé de mort à plusieurs reprises, notamment par les Aguilas Negras depuis 2007453. Le 2 mars 2018 lors d’un rassemblement à Cucuta, il aurait été victime d’une tentative d’assassinat selon de nombreux militants, « des impacts d’objets contendants » ont été prouvés mais pas des tirs d’armes à feu d’après le journal L’Humanité qui évoque un « emballement sur les réseaux sociaux »454. Lors des élections municipales de 2019, des candidats sont menacés de mort voire sont assassinés par des GAO. Respectivement au Catatumbo et le nord du département de Cauca, le GAPF Front 33 revendique l’assassinat du candidat municipal de Tibu Bernardo Betancourt en août 2019 et à la fin de ce même mois, la candidate Karina Garcia Sierra à la mairie de Suarez est retrouvée sans vie après avoir été enlevée455. Les syndicalistes figurent parmi les personnes ciblées par les exactions, en particulier des (narco) paramilitaires depuis plusieurs décennies456. Plus de 60 syndicalistes ont perdu la vie depuis les accords de paix de novembre 2016 à la suite d’attaques perpétrées par des GAO d’après Indepaz457. En 2020, 12 syndicalistes ont été assassinés dans 9 départements différents458.

3.3 Les ressortissants vénézuéliens en Colombie

D’après les autorités migratoires colombiennes, près de 1,73 millions de ressortissants vénézuéliens se trouvaient sur le sol colombien au 31 décembre 2020 dont plus de 404 000 mineurs459. La Colombie est le pays où le nombre de personnes ayant fui le Venezuela depuis 2015 est le plus élevé au monde avec près de 34% de ces personnes d’après les chiffres de l’ONU relayés par Le Monde460.

Selon les chiffres officiels, les Vénézuéliens actuellement en Colombie sont principalement recensés au sein de la capitale Bogota et dans les métropoles de Cucuta, Barranquilla, Medellin et Cali461. Au 31 octobre 2020, ils étaient plus de 330 000 localisés au district capital de Bogota et le département frontalier de Norte de Santander était celui avec le plus grand nombre de ressortissants vénézuéliens, environ 191 500462.

448 El Espectador, 27/08/2020, url 449 Human Rights Watch, 25/01/2021, url 450 Amnesty International, p.166, 07/04/2021, url 451 Indepaz, 01/2021, url 452 Indepaz, 15/07/2020, url 453 Le Monde, 21/04/2007, url 454 DE SANTIS Gaël, L’Humanité, 05/03/2018, url 455 Indepaz, p.118-120, 08/2020, url ; El Tiempo, 02/09/2019, url 456 Amnesty International, 03/07/2007, url 457 Indepaz, 15/07/2020, url 458 Indepaz, 01/2021, url 459 République de Colombie – Ministère des Relations Extérieures, 29/01/2021, url 460 Le Monde, 09/02/2021, url 461 République de Colombie – Ministère des Relations Extérieures, 29/01/2021, url 462 Atalayar, 18/12/2020, url

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La population vénézuélienne qui se trouve en Colombie est vulnérable, plus de 966 000 des ressortissants présents au 31 décembre 2020, soit 56%, vivaient en « condition irrégulière » selon les autorités463. La majorité d’entre eux peuvent donc seulement obtenir un travail informel et souffrir d’éventuels abus « d’employeurs sans scrupule qui en profitent pour leur payer des salaires très faibles et sans aucun type d’avantages sociaux » d’après un éditorialiste du média El Espectador464. Avec la fermeture totale des frontières liée au confinement national, les Vénézuéliens ont été contraints de passer par des zones d’actions des GAO pour entrer en Colombie, 70% d’entre eux traversant la frontière à pied465. D’après la porte-parole du HCR, Babar Baloch, certains « rapportent avoir subi des vols, des extorsions, des violences et des abus dans les zones de transit et frontalières »466.

En août 2020, la Defensoria del Pueblo publie une alerte sur les municipalités frontalières de Cucuta, Puerto Santander et Villa del Rosario, qui porte notamment sur la population vénézuélienne qui y est importante avec plus de 104 000 personnes pour la seule métropole de Cucuta, peuplée de près de 750 000 personnes467. Elle y pointe les menaces rencontrées dont le fait que nombre des migrants voulant s’insérer dans les économies locales finissent par être utilisés comme main d’œuvre pour les activités illégales des GAO et deviennent fortement vulnérables468. La Defensoria del Pueblo pointe la vulnérabilité accentuée des Vénézuéliennes en situation d’irrégularité, certaines « tombent dans les réseaux de traite humaine » dont la prostitution forcée et « peuvent penser » que leur irrégularité ne leur permet pas de dénoncer les activités criminelles dont elles sont victimes469.

Les vénézuéliens sont parfois victimes de stigmatisation. HRW rapporte que des groupes armés les ont accusés de diffuser le virus de la Covid, dont par exemple le GAPF Front Jaime Martinez qui, en mars 2020, affichait publiquement des tracts qui ciblaient explicitement et menaçaient de mort la population vénézuélienne qui ne respecterait pas les mesures de confinement imposées par le groupe dans le nord du département de Cauca470.

Fortement critiqué sur le sujet, notamment après avoir déclaré en décembre 2020 que les Vénézuéliens clandestins ne bénéficieraient pas de la campagne de vaccination, Ivan Duque a pourtant pris une mesure phare en ce début d’année 2021471. Devant la presse et aux côtés de Filippo Grandi, le président annonce le 8 février la création d’un statut de protection provisoire d’une durée de dix ans qui permettra la régularisation de près d’un million de migrants, une durée de dix ans au cours de laquelle ils pourront faire une demande de résidence472.

3.4 Une multiplicité des GAO persécuteurs qui génère une certaine impunité La multiplicité des GAO et de leurs réseaux criminels ramifiés avec entre autres des tueurs à gages (« sicarios ») indépendants contractualisés, complexifie l’imputabilité des exactions lorsque les acteurs criminels ne les revendiquent pas ou lorsqu’ils utilisent par exemple la « signature » Águilas Negras pour ne pas être identifiés473. Les GAO majeurs sont décomposés en réseaux criminels hétérogènes, à l’image des AGC mais aussi de l’ELN qui s’appuie sur des milices locales alliées et serait en train de ramifier et de « fédéraliser » son réseau criminel474. Les GAPF sont également loin d’être un ensemble homogène, plusieurs GAPF cohabitent ou s’affrontent comme dans le département de Cauca, où au moins 4 GAPF différents sont présents et commettent de multiples exactions.

463 République de Colombie – Ministère des Relations Extérieures, 29/01/2021, url 464 RAMIREZ LEON José Luis, El Espectador, 10/02/2021, url 465 Nations Unies - UNHCR, 11/12/2020, url 466 Nations Unies - UNHCR, 11/12/2020, url 467 SAT n° 035-2020, 05/08/2020, url 468 SAT n° 035-2020, p.29-32, 05/08/2020, url 469 SAT n° 035-2020, p.30-31, 05/08/2020, url 470 Human Rights Watch, 15/07/2020, url 471 Le Monde, 09/02/2021, url 472 Le Monde, 09/02/2021, url 473 Indepaz, 08/2020, url ; Fundacion Paz y Reconciliacion, 28/08/2019, url ; DELCAS Marie, Le Monde, 08/02/2021, url 474 TREJOS ROSERO Luis Fernando – APONTE GONZALEZ Andrés, La Sillavacia, 20/02/2021, url

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Interrogé par le quotidien El Pais à la suite d’un massacre de cinq personnes ayant eu lieu en octobre 2019 dans le nord-est du département, un leader indigène déclare que les membres de sa communauté ne savent pas à qui ils sont confrontés, « parce qu’avant il était clair que c’était la guérilla » (FARC) tandis que maintenant ils ne savent pas « si ce sont des narcotrafiquants ou des bandes criminelles »475. Concernant cet évènement macabre, le Procureur Général de la Nation indique que les éléments à sa disposition « donnent comme responsables, en principe, la Colonne Dagoberto Ramos », GAPF dominant de la zone476. Le conditionnel est souvent utilisé pour désigner les suspects d’exactions puisque dans de nombreux cas comme celui-ci, les éléments de preuves sont rares477. Par exemple, l’ONG ACLED recense 464 faits de violence contre la population civile dans sa base de données sur l’année 2020 en Colombie, bien qu’elle identifie 24 groupes armés illégaux différents en plus de la police et l’armée comme responsables d’un ou plusieurs faits de violence, les acteurs responsables de 360 des 464 faits de violence sont des « groupes armés non-identifiés ». Au contraire, les GAO revendiquent certaines exactions, par exemple les AGC et Los Caparrapos dans la région du Nudo de Paramillo qui ont revendiqué des massacres au premier semestre 2020478, l’ELN qui a revendiqué ses multiples actions lors de la « grève armée » de février 2020479 ou encore des GAPF dont la Colonne Dagoberto Ramos qui a commis deux attentats à la voiture piégée dans le nord du département de Cauca. Le premier a été perpétré le 22 novembre 2019 dans une station de police à Santander de Quilichao, ôtant la vie de trois policiers et blessant une dizaine de personnes dont des civiles480, puis le second a été perpétré le 26 mars 2021 à proximité de la station de police et de la mairie de Corinto, faisant 43 blessés dont six graves et provoquant la venue du président Ivan Duque qui en réponse promet de « détruire » les GAPF de la sous-région481. Lorsque des groupes armés sont clairement identifiés, la justice parvient difficilement à condamner les coupables. Ainsi, d’après le Bureau du Procureur Général482, en août 2020, seules 60 condamnations ont été rendues pour les assassinats de plus de 400 défenseurs des droits humains depuis janvier 2016483. Sur ce total de personnes décédées en quatre ans vérifiées par OHCHR (et nettement inférieur à celui de la Defensoria del Pueblo), le Bureau du Procureur Général affirme avoir des preuves qui identifient des groupes armés illégaux responsables de 174 homicides au 31 décembre 2020, parmi lesquels484 : -Les GAPF : 62 homicides ; le Front 48, le Front Jaime Martinez et les Guérillas Unies du Pacifique (ou Peuple de l’Ordre) sont les plus meurtriers avec respectivement 8, 6 et 5 homicides. -Les AGC ou Clan del Golfo : 24 assassinats. -L’ELN : 23 homicides. -L’EPL ou Los Pelusos : 12 assassinats. -Los Caparrapos ou Caparros : 6 homicides. -45 meurtres de défenseurs des droits humains sont imputés à d’autres groupes armés ou organisations criminelles considérés comme plus résiduels et une exécution est imputée à Los Contadores. Le Bureau du Procureur Général affirme également avoir des preuves sur 78 homicides supplémentaires impliquant des personnes qui n’auraient pas de lien avec les groupes armés ou qui « ont agi dans leur propre intérêt »485.

475 El Pais (Colombia), 30/10/2019, url 476 El Pais (Colombia), 30/10/2019, url 477 El Pais (Colombia), 30/10/2019, url ; International Crisis Group, 08/08/2019, url 478 ESCOBAR MORENO José David, 30/07/2020, url 479 VILLALBA Javier, InSight Crime, 06/03/2020, url 480 LOAIZA Lara, InSight Crime, 26/11/2019, url 481 El Pais (Colombia), 27/03/2021, url 482 NDLR : le Bureau du Procureur Général est la première entité responsable des enquêtes sur les violations des droits humains, dont celles commises par les forces publiques, à l’exception des violations des droits humains commis lors du conflit de plusieurs décennies opposant les forces publiques aux FARC qui sont sous la responsabilité de la Juridiction Spéciale de la Paix (JEP), créée spécialement à l’issue des accords de paix de novembre 2016. 483 US DOS, p.4, 03/2021, url 484 Human Rights Watch, p.27-28, 10/02/2021, url 485 Human Rights Watch, p.27-28, 10/02/2021, url

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3.5 Des forces publiques accusées et coupables de nombreuses exactions 3.5.1 Exactions des forces publiques à l’encontre de différentes populations civiles Les forces publiques ont commis de nombreuses exactions depuis les accords de paix : -De décembre 2016 au mois de juillet 2020, 95 incidents entre les forces publiques et des paysans ont été recensés, par l’Observatoire des Terres de l’université nationale et de Rosario, dans le cadre des opérations d’éradication forcée des cultures de coca menées par les forces publiques, avec une augmentation du nombre d’incidents et de leur intensité en 2020486. Selon Diana Ximena Machuca, coordinatrice de l’Observatoire, cette politique « viole les droits humains » avec « un usage abusif de la force », cinq paysans ont été tués par des membres de la Police Anti-Narcotique et de l’Armée au premier semestre 2020487. -Les communautés indigènes sont stigmatisées par les forces publiques sur plusieurs territoires. Au premier semestre 2019, des militaires ont pris à parti des indigènes dans le sud du département de Choco, les considérant à tort comme des guérilleros de l’ELN488. Similairement, un leader social indigène a été tué par des militaires le 31 mai 2020 dans le département de Norte de Santander489. Dans le département de Cauca en août 2020, des organisations sociales indigènes dénoncent « une agression commise par des militaires et policiers » dans la municipalité de Corinto provoquant les décès de deux leaders indigènes dont une journaliste490. Ces accusations rejetées par les autorités militaires qui accusent le GAPF Colonne Dagoberto Ramos de ces exaction491. -Le 22 avril 2019, Dimar Torres, un ancien guérillero FARC qui s’était réinséré socialement, est tué par un militaire dans la région du Catatumbo, un militaire sous les ordres du général Diego Villegas impliqué dans un scandale en septembre 2019492. -Sous la pression et l’indignation sociale et médiatique, à la suite du viol collectif d’une mineure par des militaires, le chef d’état-major Eduardo Zapateiro révèle en juillet 2020 que 118 enquêtes étaient en cours concernant des abus sexuels prétendument commis par des militaires493. En marge de manifestations depuis septembre 2020, au moins 19 femmes ont été victimes de violences sexuelles commises par les forces publiques, des policiers seraient les suspects majoritaires494. -Les forces publiques sont également accusées de discriminations contre la communauté LGBTI. Le Bureau du Procureur Général rapporte en août 2020 avoir 29 enquêtes en cours sur des usages abusifs de la force commis par les forces publiques contre la communauté495. La Defensoria del Pueblo a dénoncé 36 agressions commises par des policiers contre des personnes LBGTI de janvier à août 2020, majoritairement des femmes transgenres, notamment dans les métropoles de Bogota et Cucuta496. Juliana Giraldo Diaz, une femme transgenre, est tuée le 24 septembre 2020 par un militaire à Miranda dans le département de Cauca497.

3.5.2 La violente répression des manifestations par les forces publiques Les jeunes sont également victimes d’exactions des forces publiques, notamment lors des mouvements de protestation sociale dans lesquels ils représentent une part importante de la population mobilisée. En novembre 2019, des manifestations contre les violences des forces publiques, les assassinats et une grève générale contre une première réforme fiscale, ont lieu498. Une unité policière est

486 El Espectador, 21/07/2020, url 487 El Espectador, 21/07/2020, url 488 Fundacion Paz y Reconciliacion, p.102-105, 28/08/2019, url ; Indepaz, p.46-47, 13/02/2021, url 489 Washington Office on Latin America, 11/06/2020, url 490 SERRANO Cristian, LA FM., 14/08/2020, url 491 SERRANO Cristian, LA FM., 14/08/2020, url 492 El Pais (Colombia), 30/04/2019, url ; CUELLAR Alfonso, Semana, 06/09/2019, url 493 Human Rights Watch, 25/01/2021, url ; Fundacion Paz y Reconciliacion, p.7, 09/2020, url 494 US DOS, p.6, 03/2021, url ; OCAMPO RODRIGUEZ Angel, LA FM., 13/05/2021, url 495 US DOS, p.31-32, 03/2021, url 496 US DOS, p.31-32, 03/2021, url ; Human Rights Watch, 25/01/2021, url ; SAT n° 035-2020, p.29-32, 05/08/2020, url 497 FRANCOIS ROMOLEROUX Michell, 25/09/2020, url 498 ROUJOL PEREZ Guylaine, Le Parisien, 21/11/2019, url

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particulièrement ciblée concernant les exactions lors des manifestations, les Escadrons mobiles anti-émeutes (ESMAD), accusés de multiples exactions en 2019 notamment499. En mai 2020, un jeune âgé de 19 ans est tué par la police à Cali pour ne pas avoir respecté le confinement et le 8 septembre 2020, Javier Ordoñez, un ingénieur de 43 ans, est violemment interpellé par deux policiers à Bogota, il décède à l’hôpital des suites de cette interpellation500. L’intervention policière est filmée et la vidéo devient virale, provoquant des manifestations et des émeutes contre les violences policières de plusieurs jours dans la capitale, Medellin, Cali et Barranquilla501. Selon Le Monde, la police n’avait jamais fait l’objet d’une telle colère sociale en Colombie. Le gouvernement demande « pardon » puis renvoie la responsabilité de la violence aux manifestants tandis que la maire de Bogota, Claudia Lopez, dénonce « un usage aveugle » de la force et « un vrai massacre de jeunes », recensant 68 civils blessés par balle et au moins 248 blessés à Bogota502. En deux jours, au moins dix personnes décèdent des tirs d’armes à feu des forces de l’ordre dans la capitale, dont un mineur de 17 ans et huit jeunes adultes âgés de 18 à 29 ans, selon AI, le média El Tiempo et Le Figaro503. AI rapporte que la police a commis des actes de torture durant ces manifestations et qu’à la suite de ces évènements, la Cour suprême de justice reconnaît un usage excessif de la force et ordonne la mise en place de mesures pour garantir le droit de manifester504. Pourtant, les semaines récentes témoignent d’une escalade des violences au cours des manifestations. Un projet de réforme fiscale porté par le ministre des Finances Alberto Carrasquilla, prévoyant entre autres une hausse de la TVA sur les biens et services, est annoncé et présenté au Congrès en avril 2021, ce projet de réforme fiscale provoque une « grève générale » qui débute le 28 avril505. Si la première réforme de novembre 2019 avait déjà provoqué une mobilisation importante, la deuxième provoque une mobilisation (dans la continuité de la première de 2019) à l’échelle nationale d’une ampleur méconnue depuis de nombreuses décennies avec des dizaines, centaines de milliers voire millions de colombiens, majoritairement jeunes, qui descendent dans les rues malgré un regain de l’épidémie de Covid506. Le projet de réforme fiscale est retiré et Alberto Carrasquilla démissionne le 3 mai mais le mouvement social ne faiblit pas507. La réforme fiscale (qui n’est pas abandonnée, seuls les points sensibles comme la hausse de la TVA) n’est pas le seul motif de protestation, il s’y ajoute la réforme du système de santé, le décuplement des violences des forces publiques mais aussi les désaccords généraux sur la politique du gouvernement d’Ivan Duque508. La répression des manifestations par les forces publiques dont en particulier l’ESMAD, est violente, une utilisation de la force justifiée par le président dans son discours du 1er mai pour lutter contre « le vandalisme et le terrorisme » de manifestants « qui veulent menacer la sécurité du pays », se référant à des heurts et des casseurs violents, il indique également prendre en considération que de nombreux Colombiens s’expriment pacifiquement509. L’opposition politique considère en revanche qu’un « massacre est en cours », la phrase « ils nous tuent » (« nos estan matando » ; « ils » pour les forces publiques) est par ailleurs devenue un slogan de lutte sociale diffusé sur les réseaux sociaux510. Le 30 avril, l’armée est déployée dans les rues et le 4 mai, les Nations Unies condamnent fermement « l’usage excessif de la force » employée par les forces publiques, tandis que HRW corrobore des images sur l’utilisation par l’ESMAD de blindés lanceurs de projectiles, et déplore cet usage « d’une arme dangereuse et indiscriminée » qui « n’a jamais été vu en Amérique Latine »511.

499 NDLR : voir : DIDR, « Colombie : La Sécurité intérieure », Ofpra, 12/04/2021. 500 Le Monde, 12/09/2020, url 501 DELCAS Marie, Le Monde, 11/09/2020, url ; Le Monde, 12/09/2020, url 502 DELCAS Marie, Le Monde, 11/09/2020, url ; Le Monde, 12/09/2020, url ; BELE Patrick, Le Figaro, 11/09/2020, url 503 Amnesty International, p.162-163, 07/04/2021, url ; El Tiempo, 19/01/2021, url ; BELE Patrick, Le Figaro, 11/09/2020, url 504 Amnesty International, p.162-163, 07/04/2021, url 505 Le Monde, 04/05/2021, url ; BOISSY Jean-Baptiste, Mediapart, 11/05/2021, url ; GLATSKY Geneviève, The New Humanitarian, 10/05/2021, url . NDLR : Cette « réforme a fait déborder le vase » dans un pays marqué par des taux de chômage de 20% et de 50% de travailleurs informels d’après le témoignage d’un étudiant en sciences sociales recueilli par Médiapart. Les données officielles font état d’un taux de chômage de 16,8% et d’un taux de pauvreté de 42,5% en mars 2020, une situation économique qui était déjà en mauvaise posture en novembre 2019 mais qui s’est aggravée avec la pandémie qui a fait basculer 3,6 millions de colombiens supplémentaires dans la pauvreté selon The New Humanitarian505. 506 PROENZA Anne, Ouest France, 11/05/2021, url ; HOFSTETTER Marc, El Espectador, 09/05/2021, url 507 Le Monde, 04/05/2021, url ; PROENZA Anne, Ouest France, 11/05/2021, url 508 GLATSKY Geneviève, The New Humanitarian, 10/05/2021, url 509 Facebook, page certifiée au nom de « Presidencia de la Republica de Colombia », 01/05/2021, url 510 MARIANI Pascale, Mediapart, 05/05/2021, url ; BOISSY Jean-Baptiste, Mediapart, 11/05/2021, url 511 Le Monde, 04/05/2021, url ; Infobae, 08/05/2021, url

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Le 2 mai, jour du retrait de la réforme fiscale, le ministère de la Défense annonce que 846 personnes ont été blessées, dont 306 civils et 540 membres des forces publiques, tandis que la Defensoria del Pueblo annonce le même jour 19 décès, dont 18 civils et 1 policier512. Les sources publiques divergent fortement sur le bilan humain de la répression depuis le 28 avril. Cependant, une opposition majeure peut être établie entre les sources officielles et les ONG, notamment à la date du 10 mai, douze jours après le début de la grève générale. Les chiffres officiels font état à cette date de 1 500 personnes blessés et 26 personnes décédées, civils et forces publiques confondues, la police nationale reporte environ 800 blessés et au moins un décès dans ses rangs513. Les ONG Indepaz et Temblores publient un communiqué sur Twitter (précisément à 22h46 le 9 mai), dans lequel elles déclarent recensées 47 assassinats de civils dont 39 seraient de la responsabilité des forces publiques514. Elles recensent au total 1 846 civils victimes de violences commises par les forces publiques dont 963 arrestations arbitraires et d’autres types de violences515. Les ONG précisent également que sur les 47 assassinats, 35 ont eu lieu dans la métropole de Cali516. Le quotidien espagnol El Pais et son antenne colombienne rapportent une situation chaotique à Cali avec de multiples blocages de routes517. Un mouvement social indigène, « la minga » qui a débuté en octobre 2020 contre les assassinats dans les communautés indigènes de la région sud-occidentale, vient s’ajouter à la « grève générale citoyenne »518. Le dimanche 9 mai, des vidéos publiées sur les réseaux sociaux, dont une est relayée par El Pais, montre des groupes de civils de Cali tirer ouvertement sur des manifestants indigènes, des tirs blessant neuf personnes519. Des appels aux armes seraient relayés sur des réseaux sociaux d’extrême-droite520. Sollicité pour une visite en urgence par le maire de Cali et la gouverneure du département de Valle del Cauca pour « instaurer la voie du dialogue », le président Ivan Duque refuse « par prudence » et demande aux indigènes de « retourner dans leurs réserves » afin qu’il y ait une accalmie de la situation521. Enfin, le 13 mai, un collectif d’associations et organisations sociales de défense des droits humains (dont l’ONG Temblores) et le sénateur Ivan Cepeda (du parti de gauche Pôle Démocratique Alternatif) envoient un rapport à la Cour Pénale Internationale (CPI) qui présenterait des preuves sur plus de 1 500 faits de violence commis par les forces publiques depuis le 28 avril522.

3.5.3 Une impunité des forces publiques régulièrement décriée Selon HRW, le Bureau du Procureur Général affirme que dans le cadre d’enquêtes sur les homicides de 10 défenseurs des droits humains depuis 2016, des preuves accablent des membres des forces publiques523. Le département d’Etat américain rapporte que des ONG dénoncent le fait qu’à plusieurs reprises les premières autorités se chargeant des enquêtes sur des homicides résultant d’actions et de possibles agissements illégaux des forces publiques étaient des enquêteurs militaires alors que ces enquêtes sont théoriquement sous la juridiction du Bureau du Procureur Général524. Sur les 10 enquêtes d’homicides de défenseurs des droits humains dont les accusés font partie des forces publiques, 6 sont menées par le système de justice militaire525. Le militaire coupable du meurtre de l’ex-FARC Dimar Torres le 22 avril 2019 et les policiers ayant provoqué le décès de Javier Ordoñez le 8 septembre 2020 ont fait l’objet d’enquêtes approfondies donnant lieu à des condamnations judiciaires, un emprisonnement pour le militaire et une interdiction

512 Le Monde, 04/05/2021, url 513 PROENZA Anne, Ouest France, 11/05/2021, url ; GLATSKY Geneviève, The New Humanitarian, 10/05/2021, url 514 Twitter, compte au nom de « Temblores ONG », 09/05/2021, url 515 Twitter, compte au nom de « Temblores ONG », 09/05/2021, url 516 Twitter, compte au nom de « Temblores ONG », 09/05/2021, url 517 TORRADO Santiago, El Pais, 10/05/2021, url ; El Pais (Colombia), 09/05/2021, url 518 TORRADO Santiago, El Pais, 10/05/2021, url ; El Pais (Colombia), 09/05/2021, url ; US DOS, p.30, 03/2021, url 519 TORRADO Santiago, El Pais, 10/05/2021, url 520 PROENZA Anne, Ouest France, 11/05/2021, url ; BOISSY Jean-Baptiste, Mediapart, 11/05/2021, url 521 TORRADO Santiago, El Pais, 10/05/2021, url 522 OCAMPO RODRIGUEZ Angel, LA FM., 13/05/2021, url 523 Human Rights Watch, p.27, 10/02/2021, url 524 US DOS, p.6, 03/2021, url 525 Human Rights Watch, p.27, 10/02/2021, url

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d’exercer de 20 ans des deux policiers, la sentence maximale526. Concernant le « massacre » d’au moins dix civils dans la capitale lors des manifestations et émeutes à la suite de la mort de Javier Ordoñez, le directeur général de la police assure que 77 enquêtes internes sur de potentiels abus sont en cours à la fin d’année 2020 mais il admet également qu’aucune sanction n’existe contre les policiers ne portant pas leurs insignes et/ou noms527. En janvier 2021, trois policiers sont accusés concernant les meurtres de septembre528, ce qui paraît faible pour les Colombiens qui dénoncent une impunité des forces publiques, un des motifs de la contestation actuelle, et pensent que le nombre d’exactions réellement commises est nettement supérieur à ce qui est prouvé529. La Defensoria del Pueblo, établissait au mois de novembre 2020 un nombre de 10 destitutions (ou radiations) et 14 suspensions pour les forces de la police, mais évoquait également l’existence « de lacunes dans les sanctions »530.

526 El Pais (Colombia), 30/04/2019, url ; El Heraldo, 28/10/2020, url 527 El Tiempo, 13/11/2020, url 528 El Tiempo, 04/01/2021, url 529 BOISSY Jean-Baptiste, Mediapart, 11/05/2021, url 530 El Tiempo, 13/11/2020, url

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Autres sources YouTube, chaine au nom de « Revista Semana », « Operación Bastón: Corrupción en el Ejército colombiano de generales y oficiales », 16/05/2020, https://www.youtube.com/watch?v=qcYlFKP79FY YouTube, chaine au nom de « Valle Informa2 », « Ivan MÁRQUEZ y Jesus SANTRICH anuncian el nacimiento de una nueva guerilla », 29/08/2019, https://www.youtube.com/watch?v=fDtMiVYszbA