Colloque « L’influence des réseaux sociaux »

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Colloque « L’influence des réseaux sociaux » 3 mars 2010, 4 Bis Rennes PREMIERE PARTIE : LE « MOI » VIRTUEL Ayant raté l’introduction sur la définition des réseaux sociaux et sur l’identité numérique, j’essaie de récupérer le fil de la conférence. Me voilà arrivée en plein débat de psychologues. Qui dit réseau social dit « le moi virtuel » (de vieux souvenirs de cours de psycho réapparaissent alors). Yann Leroux et Jean Charles Nayebi, spécialistes du domaine, sont, dans la salle, les mieux placés pour nous parler du sujet et des « actifs du web » dans leurs utilisations des réseaux sociaux : World of Warcraft, Second Life, FacebookJean Charles Nayebi, psychologue, engage donc la conversation sur la cyberdépendance. Cf "Cyberdépendance en 60 questions"., RETZ, Paris, Mars 2007 . Il distingue et détaille 4 types de cyberdépendance qui me font réfléchir à quelle cyberdépendante je pourrais me rapprocher. La « cyber sex ». Je pense qu’il est préférable de pratiquer plutôt que de regarder. La « cyber jeux ». Je suis restée sur la tradition. J’adore les jeux de sociétés ou les jeux de plein air et le tout entre amis, en famille ou en animation. Quoi de mieux de se rassembler autour d’un bon Times Up ou d’opter pour une « soirée poker » ? La « dépendance communicationnelle ». Celle ci décrit l’établissement de relations via Internet. Construisant depuis peu une existence et un réseau social virtuel, je pourrais

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Compte rendu du colloque sur les réseaux sociaux qui avait lieu à Rennes le 3 mars 2010.

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Colloque « L’influence des réseaux sociaux » 3 mars 2010, 4 Bis Rennes 

 PREMIERE PARTIE : LE « MOI » VIRTUEL 

Ayant raté l’introduction sur la définition des réseaux sociaux et sur l’identité numérique, j’essaie  de  récupérer  le  fil  de  la  conférence.  Me  voilà  arrivée  en  plein  débat  de psychologues.   Qui dit réseau social dit « le moi virtuel » (de vieux souvenirs de cours de psycho réapparaissent alors).  

Yann Leroux et Jean Charles Nayebi, spécialistes du domaine, sont, dans la salle, les mieux placés pour nous parler du sujet et des « actifs du web » dans leurs utilisations des réseaux sociaux : World of Warcraft, Second Life, Facebook…  

Jean Charles Nayebi, psychologue, engage donc  la conversation sur  la cyberdépendance. Cf "Cyberdépendance en 60 questions"., RETZ, Paris, Mars 2007 . 

Il  distingue  et  détaille  4  types  de  cyberdépendance  qui  me  font  réfléchir  à  quelle cyberdépendante je pourrais me rapprocher. 

• La « cyber sex ». Je pense qu’il est préférable de pratiquer plutôt que de regarder.  • La « cyber jeux ». Je suis restée sur la tradition. J’adore les jeux de sociétés ou les jeux 

de  plein  air  et  le  tout  entre  amis,  en  famille  ou  en  animation.  Quoi  de mieux  de  se rassembler autour d’un bon Times Up ou d’opter pour une « soirée poker » ? 

• La « dépendance communicationnelle ». Celle ci décrit l’établissement de relations via Internet. Construisant depuis peu une existence et un réseau social virtuel, je pourrais 

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me  rapprocher  de  cette  cyberdépendance.  Seulement mes  qualités  et ma  passion  du relationnel m’amènent à écarter certains symptômes d’addiction. 

• La « cyberamassage ». Nous sommes dans le cas où l’individu recueille un maximum de contenus  et  d’informations  par  le  biais  du  web.  On  dégage  un  besoin  constant  de s’informer sur un ou plusieurs sujets qui passionnent. Tiens, tiens, ça c’est que j’essai de faire en ce moment ; mais encore une fois, je suis loin d’y passer jour et nuit.  

Je  me  permettrai  de  rajouter  à  la  « classification  de  Jean  Charles  Nayebi  le « cyberacheteur ».  Comme  il  est  facile  de  ne  plus  me  déplacer  pour  les  fêtes  de  Noël,  les anniversaires,  pour  acheter  des  livres  ou  des  places  de  concerts.  Par  la même  occasion,  en cherchant  bien  (et  souvent  longtemps),  on  fait  des  bonnes  affaires.  Mais  celà  n’est  rien comparé au véritable « cyberacheteur » qui peut, par exemple, enchérir pendant des heures et des journées entières pour des objets et pour le plaisir du jeu d’achat. 

Ouf,  sur  cette  répartition de  familles, me voilà  rassurée :  j’aime  le web,  j’ai un besoin d’y être plus que quotidiennement mais je ne suis pas considérée comme dépendante : je vois des gens et même leur parle parfois, je sors de chez moi pour voir le soleil breton... Et puis, il faut dire que ma cyberattitude est « excusée » par ma passion du web et par mon activité actuelle : la recherche et la veille. 

Et  en  même  temps,  à  partir  de  quand  sommes  nous  dépendants ?  Dans  une  société numérique,  quand  franchit‐on  la  barrière?  L’addiction  va  être  différente  selon  les appréciations  de  chacun.  Les  parents,  dépassés  par  le  numérique  et  déplorant  la continuelle  présence  de  leurs  enfants  devant  un  écran  vont  facilement  être  alarmés  et utiliser  le  terme  d’« accro ».  Pour  détecter  une  cyberdépendance,  parle‐t‐on  de  temps passés ou de symptômes type euphorie, irritabilité, migraine, insomnie ?  

Yann Leroux  profite  de  cette  classification  pour  exposer  l’évolution  de  ce  que  l’on  a  pu appeler  cyberaddiction.  Kimberly  Young  a  inauguré  les  premières  analyses  sur  la cyberdépendance il y a maintenant  plus de 10 ans. Elle l’a détectée, à l’époque, comme une maladie  qui  devait  être  considérée  de  la  même  façon  que  les  autres  troubles  du comportement. Aujourd’hui, Yann Leroux nous explique que  l’addiction n’est pas  reliée à l’usage d’outils mais à l’individu en lui même et à un système qui le maltraite. L’utilisation qu’il en  fait   permet de délaisser son environnement proche mais  il créé en même temps une autre ouverture.  Il  faut arrêter de dire que c’est « tel site » ou « tel objet » qui est en cause. 

Le débat porte alors surtout sur l’enfant et l’adolescent qui sont nés avec ses technologies et  dont  l’utilisation  s’est  banalisée :  prendre  son  petit  déjeuner  ou  « surveiller »  son Facebook  font  à  parties  égales  partie  de  leur  quotidien.  Certains  intervenants  comme Jacques  Brégeon,  expriment  leurs  inquiétudes  à  ce  que  l’enfant  ne  réussisse  pas scolairement,  qu’il  oublie  les  activités  extérieures…  Yann  Leroux  démontrent  une répartition  du  temps  adaptée :  celle  ci  a  changé,  pour  organiser  leur  vie  autour  de  ces nouvelles communautés. Par ailleurs, on oublie souvent que l’individu se réalise également par le biais des numériques et ce quelque soit son âge. Si l’on prend l’exemple de Twitter, ce sont les 25‐35 ans qui en sont le plus utilisateurs et non l’adolescent.  

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 DEUXIEME PARTIE :  

EN MARCHE VERS LA SUPREMATIE D’UN NOUVEAU MEDIA 

 

Jacques  Brégeon,  animateur  du  colloque  se  tourne  pour  cette  partie  vers  Jean  François Gervais,  spécialiste  en  médias  numériques.  Ce  compte  rendu  est  agrémenté  des interventions des autres participants et de mon point de vue. 

Avec  le développement du numérique, nous sommes passés d’un mode passif à un mode actif.  L’internaute,  par  le  biais  d’un  blog,  peut  aujourd’hui  devenir  son  propre  média. Chacun  est  alors  journaliste  citoyen  en  racontant  ce  qui  l’entoure.  Pour  certains,  il  s’agit d’être  là au bon moment et au bon endroit pour dénicher  l’information. Après,  il suffit de poster un twitt, de poster un billet :  l’information est devenue immédiate. C’est l’avantage des « nouveaux médias ».  

Pour  les médias  traditionnels,  il  y  a  une  destruction  de  la  valeur  de  l’information  car  sa circulation est devenue  très  facile.  Il  est de plus en plus  rare de voir des  journalistes qui prennent le temps de traiter l’information, de développer une pensée autour de celle ci. On perd malheureusement les qualités d’analyse du sujet. Ces derniers ont par conséquent un nouveau rôle : à eux de vérifier l’information, de la confronter, de la compléter. Si certains se  sont  attardés  sur  le  reportage  de  Twitter  (diffusé  le  lendemain  de  la  conférence),  ils noteront le rebondissement de ce sujet par l’interview d’un journaliste de France 24, Julien Pain.  Celui  ci  confirme  que  les médias  traditionnels  doivent  s’adapter  à  cette  révolution. Leur métier est changeant et ils se doivent d’utiliser les nouveaux outils. Et s’ils ne le font pas,  ils peuvent perdre de  leur crédibilité. Ce  fut  le cas de Canal + qui s’est  laissé séduire par  un  « potentiel scoop »  pour  donner  l’information  en  premier.  En  effet,  une  fausse information circulait que Bucarest aurait envoyé des soldats et du matériel à Tahiti au lieu de  Haïti.  Car  l’information  est  facile,  mais  également  facilement  déformée.  On  pourrait reprendre  le  cas  de  Lille :  plus  de  5000  tweets  avaient  prévenus  d’une  explosion  à  Lille alors que l’information exacte relevait d’un avion qui avait franchi le mur du son.  

Ce  sujet  avait  d’ailleurs  bien  fait  rire  lors  de  l’opération Huit  clos  sur  le  net sur  laquelle Fadhiha Brahim s’engage. Huit  clos  sur  le net : 5  journaliste  coupés du monde avec pour seul  source  d’informations,  Twitter  et  Facebook.  Selon  Fadhiha  Brahim,  spécialiste  du personal  branding,  les  journalistes  « n’auraient  rien  loupé ».  Ayant  suivi  l’opération  et  le débriefing,  je me permettrai de rajouter qu’il a bien été précisé que ces derniers n’ont eu qu’une  information  partielle  de  l’actualité  et  que  par  conséquent,  les  réseaux  sociaux  ne faisaient pas toute l’info. Il existe bel et bien une autre dimension, un usage transformé des médias  et  du  lecteur.    Mais  même  si  l’utilisateur  n’a  plus  à  chercher  l’actualité (l’information surgit d’elle même), celui ci n’est pas non plus dispensé, comme les médias, de ne pas la vérifier. 

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TROISIEME PARTIE :  REALITE PROFESSIONNELLE ET MARKETING 

 

C’est Fadhiha Brahim qui aborde le sujet en entamant sur le salarié dans l’entreprise et sur l’entreprise elle même.  

Tout  d’abord,  il  est  important  de  distinguer  une  fracture  numérique  entre  le  fait  de posséder ou pas l’outil qui permet d’accéder à Internet (haut débit, bas débit). A ce sujet, on revient un peu sur la première partie quand on parlait des générations et du web. Il n’y a pas  de  réelle  coupure  générationnelle  mais  une  perception  qui  est  différente  selon  les individus. Les  jeunes conçoivent  l’outil d’un point de vue  ludique alors que  les 35‐40 ans l’utilisent  pour  des  raisons  professionnelles.  Au  sujet  d’une  fracture  numérique,  je distinguerai pour ma part 2 mondes  :  le numérique,  et  les  autres.  Les  autres  regroupant parents « vieille France », éducation et les non adeptes du web ou ceux qui ne sont pas ou mal équipés… Le monde du numérique évoluant et avançant 3  fois plus vite que « l’autre monde »,  l’inquiétude  m’apparaît  à  savoir  quand  cet  écart  sera  réduit.  Mais  ceci  est  un aparté dont nous reparlerons ou que vous pouvez commenter. 

Revenons à l’entreprise, on différencie 3 niveaux de maturité chez l’entreprise. 

• On  connaît  dans  un  premier  temps  celle  qui  a mis  des  barrières  sur  le  « surf » au travail parcequ’elle ne sait pas gérer l’Internet. Elle doute sur la productivité de ses salariés  et  sur  leur  utilisation  à  l’outil.  J’ajouterai  qu’elle  ne  joue  pas  le  jeu  de  la neutralité du web et qu’elle limite donc certains accès à Internet comme les réseaux sociaux (blocage de facebook…).  

• D’autres entreprises entrent dans l’ère mais pas entièrement. Elles ont quand même compris  qu’il  y  avait  par  le  web  une  logique  marketing,  commerciale  et  de communication mais ne vont pas jusqu’au bout de leur démarche. 

• Enfin, et nous en trouvons quand même : celles qui se situent au dernier niveau de maturité. L’entreprise comprend que son salarié doit rester en veille, que l’interdit n’est pas la bonne solution. Ce dernier entre dans une nouvelle dynamique où, par le biais du web et des  réseaux sociaux,  il peut développer  l’image de son entreprise, mais  aussi  lui  apporter  de  nouvelles  idées  et  intervenir  dans  son  développement. L’entreprise  prend  quand  même  un  risque  en  décloisonnant  ses  services  et  en décloisonnant la barrière entre vie publique et vie privée. 

Alain  Lefèvre,  expert  en  informatique,  rend  compte  également  des  différentes  phases  de prise  en  compte  de  la  nouveauté  et  développe  le  sujet.  L’entreprise  en  pleine  « maturité numérique » intègre les notions de knowledge. Avec les réseaux sociaux, on entre dans un mode collaboratif : il ne s’agit pas d’emmagasiner le plus d’informations mais de savoir qui est l’expert. Et les réseaux sociaux permettent justement de savoir quelle personne à telles compétences sur un domaine donné.  

Pour utiliser toutes les possibilités que peuvent offrir les réseaux sociaux à une entreprise, il faut que cette dernière chasse les freins qui nuisent à son développement. Il est d’ailleurs défini une autre barrière qui est que la plupart des entreprises, qu’elles soient ou non dans une phase de maturité, ne prennent pas le temps et parfois ne cherchent pas à se former. Celle ci doit apprendre à vivre dans ce nouvel environnement mais aussi l’apprendre à ses salariés afin que chacun en fasse une meilleure utilisation.