Collins Mabel Lumiere Sur Sentier

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  • 7/26/2019 Collins Mabel Lumiere Sur Sentier

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    LA LUMIRE SUR LE SENTIER

    Trait crit l'intention de ceux qui ne connaissent pas la Sagesse orientale

    et dsirent en recevoir l'influence.

    Transcrit par Mabel COLLINS (1851-1927) 1885

    Traduit de l'anglais

    Original : 10edition Adyar 1981

    Droits : domaine public

    dition numrique finalise par GIROLLE (www.girolle.org) 2015

    Remerciements tous ceux qui ont contribu

    aux diffrentes tapes de ce travail

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    NOTE DE L'DITEUR NUMRIQUE

    L'diteur numrique a fait les choix suivants quant aux livres publis :

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    LIVRE

    [7]

    CES RGLES ONT T CRITES

    POUR TOUS LES DISCIPLES.SUIS-LES.

    [9]

    PREMIRE PARTIE

    QUATRE APHORISMES PRLIMINAIRES

    Avant que les yeux puissent voir, ils doivent tre devenusinaccessibles aux larmes.

    Avant que l'oreille puisse entendre, elle doit avoir perdusa sensitivit.

    Avant que la voix puisse parler en la prsence des Maitres,elle doit tre incapable de blesser.

    Avant que l'me puisse se tenir debout en la prsence desMaitres, ses pieds doivent tre lavs dans le sang ducur. [10]

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    RGLES 1 4

    1. Tue l'ambition.

    2. Tue le dsir de vivre.

    3. Tue le dsir du bientre.

    4. Travaille comme travaillent ceux qui sont ambitieux. Respecte lavie comme font ceux qui la dsirent. Sois heureux comme le sontceux qui vivent pour le bonheur.

    Cherche en ton cur la racine du mal et dtruis-la. Elle vit, fconde,dans le cur du disciple dvou comme dans le cur de l'homme

    de dsir. Seul, le fort peut la dtruire. Le faible doit attendre sacroissance, son panouissement, sa mort. Et c'est une plante qui vitet se dveloppe travers les ges. Elle fleurit lorsque l'homme aaccumul sur sa tte des existences innombrables. Celui qui veutentrer dans le Sentier du pouvoir doit arracher cette chose de soncur. Le cur alors saignera, et la vie de [11]l'homme sembleraentirement dissoute. Cette preuve doit tre subie : elle peut seprsenter ds le premier chelon de l'chelle prilleuse qui mne au

    Sentier de vie ; elle peut tarder jusqu'au dernier. Mais souviens-toi, disciple, qu'elle doit tre subie, et concentre sur cette tche toutesles nergies de ton me. Ne vis ni dans le prsent ni dans l'avenir,mais dans l'ternel. Cette ivraie gante ne peut y fleurir. Poureffacer cette souillure de l'existence, il suffit de la seule atmosphrede l'ternelle Pense. [12]

    Note I

    L'ambition est le premier de nos maux : le grand tentateur de l'hommequi s'lve au-dessus de ses semblables. Dans sa forme la plus simple, c'estla recherche d'une rcompense. Constamment, elle dtourne de leurscapacits suprieures des hommes d'intelligence et de valeur, et cependantelle est un instructeur ncessaire. Ses rsultats se transforment, dans labouche, en poussire et en cendre. Ainsi que la mort et l'isolement, ellemontre finalement l'homme que travailler pour soi, c'est aller au-devant

    d'un dsappointement.

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    Mais bien que cette premire rgle semble si simple et si facile, ne passepas trop vite la suivante. Car les vices [13]de l'homme ordinaire subissentune transformation subtile et rapparaissent sous une autre forme dans lecur du disciple. Il est ais de dire : "je ne veux pas tre ambitieux". Il n'estpas aussi facile de dire : "Quand le Maitre lira dans mon cur, il le trouveraparfaitement pur". L'artiste sincre, qui travaille pour l'amour de son art, estquelquefois plus franchement engag dans le droit chemin que l'occultistequi s'imagine n'avoir plus d'attachement pour soi, mais qui, en ralit, n'afait que reculer les limites de l'exprience et du dsir, et reporter son intrtsur les objets que lui offre l'horizon largi de sa vie.

    Le mme principe s'applique aux deux autres rgles, d'apparencegalement simple ; mdite-les longuement et ne te laisse pas tromper par ton

    cur. Car maintenant, au seuil, une erreur [14]peut se rparer, mais si tu lagardes par de vers toi, elle croitra et portera ses fruits, moins que tu ne ladtruises au prix d'une souffrance cruelle. [15]

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    RGLES 5 8

    5. Tue tout sentiment de sparativit.

    6. Tue le dsir de la sensation.

    7. Tue la faim de la croissance.

    8. Nanmoins reste seul et isol parce que rien de ce qui a corps, riende ce qui a conscience de la sparation, rien de ce qui est hors del'ternel ne peut venir ton aide. Laisse-toi instruire par lasensation et observe-la, parce qu'ainsi seulement tu peux dbuterdans la science de la Soi-connaissance et poser ton pied sur le

    premier chelon de l'chelle. Crois comme croit la fleur,inconsciente, mais ardemment dsireuse d'ouvrir son me l'atmosphre. C'est ainsi que tu dois hter l'closion de ton me l'ternel. Mais il faut que ce soit l'ternel qui sollicitel'panouissement de ta force et de ta beaut et non le dsir decroitre, car, dans le premier [16]cas, tu te dveloppes dans toute lasplendeur de ta puret ; dans l'autre, tu ne fais que t'endurcir parl'invitable passion de ta stature personnelle. [17]

    Note II

    Ne t'imagine pas que tu puisses t'isoler du mchant ou de l'hommeinsens Ils sont toi-mme, quoique un moindre degr que ton ami ou queton Maitre. Mais si tu laisses grandir en toi l'ide que tu n'es pas solidaired'une personne ou d'une chose mauvaise, tu creras, par ce fait, un Karmaqui te liera cette personne ou cette chose jusqu'au jour o ton me aurareconnu qu'elle ne peut tre isole. Rappelle-toi que le pch et l'opprobredu monde sont ton pch et ton opprobre, car tu fais partie du monde. TonKarma est inextricablement tiss avec le grand Karma. Et avant que tupuisses atteindre la connaissance, il te faut avoir travers tous [18] lesendroits, qu'ils soient impurs ou nets. Rappelle-toi que le vtement souilldont le contact te rpugne peut t'avoir appartenu hier, peut t'appartenirdemain. Et si tu t'en dtournes avec dgout, il t'enserrera d'autant plustroitement, lorsqu'il sera jet sur tes paules. L'homme qui s'enorgueillit desa vertu se prpare un lit de fange. Abstiens-toi parce qu'il est bon det'abstenir, non pas afin de garder ta puret personnelle. [19]

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    RGLES 9 12

    9. Ne dsire que ce qui est en toi.

    10. Ne dsire que ce qui est au-del de toi.

    11. Ne dsire que ce qui est hors d'atteinte.

    12. Car en toi se trouve la Lumire du monde, l'unique Lumire quipuisse tre rpandue sur le Sentier. Si tu es incapable de lapercevoir en toi-mme, inutile de la chercher ailleurs. Elle est au-del de toi parce qu'en la rejoignant, tu as perdu ton moi. Elle esthors d'atteinte parce qu'elle recule indfiniment. Tu entreras dans

    la lumire, mais jamais tu ne toucheras la flamme. [20]

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    RGLES 13 16

    13. Dsire le pouvoir avec ardeur.

    14. Dsire la paix avec ferveur.

    15. Dsire les possessions par-dessus toute chose.

    16. Mais ces possessions-l doivent appartenir exclusivement l'mepure, et tre, par consquent, possdes d'une manire gale partoute me pure. Elles ne seront donc la proprit spciale du Toutqu'au jour o ce Tout ne fera qu'un. Convoite des possessions quel'me pure puisse conserver, afin d'accumuler des richesses pour

    cet esprit collectif de vie, pour cette unit qui, seule, est ton soivritable. [La paix que tu dsireras est cette paix sacre que rien nepeut troubler et dans laquelle l'me croit comme la fleur sainte surles lagunes silencieuses]. Et ce pouvoir que le disciple doitconvoiter est celui qui le fera paraitre comme rien aux yeux deshommes. [21]

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    RGLES 17 20

    17. Cherche la Voie.

    18. Cherche la Voie en te retirant l'intrieur.

    19. Cherche la Voie en avanant hardiment au-dehors.

    20. Ne te contente pas de la chercher par une seule route. Il y a pourchaque temprament un chemin qui semble plus spcialementattrayant. Mais la Voie ne peut tre trouve au moyen de ladvotion seule, ni par la contemplation religieuse seule, ni par leprogrs ardent, ni par l'observation studieuse de la vie. Aucune de

    ces routes ne peut, elle seule, aider le disciple franchir plus d'unchelon. Or tous les chelons sont ncessaires pour formerl'chelle. Les vices de l'homme deviennent des chelons, un un, mesure qu'ils sont surmonts. [22] Les vertus de l'homme, ellesaussi, sont des chelons ncessaires et dont, en aucune manire, ilne peut se passer. Cependant, bien qu'elles crent une atmosphrefavorable et un avenir heureux, elles sont sans utilit si ellesexistent seules. La nature entire de l'homme doit tre sagementmise au profit par celui qui dsire entrer dans la Voie. Chaquehomme est pour lui-mme, d'une manire absolue, la Voie, laVrit et la Vie. Mais il n'est tout cela, effectivement, que lorsqu'ilsaisit son individualit tout entire, et que, par la force de sa volontspirituelle veille, il reconnait cette individualit comme tant nonpas lui-mme, mais cette chose qu'il a cre laborieusement pourson propre usage et au moyen de laquelle il se propose, mesureque sa croissance dveloppe lentement son intelligence, d'atteindrela Vie qui se trouve au-del [23]de l'individualit. Lorsqu'il saitque pour cette raison sa vie existe, cette vie spare, tonnante etcomplexe, alors, en vrit, et alors seulement, il est sur la Voie.

    Cherche-la en te plongeant dans les profondeurs mystrieuses etglorieuses de ton tre intrieur.

    Cherche-la en analysant toute exprience, en utilisant tes sens afinde comprendre la croissance et la signification de l'individualit,ainsi que la beaut et l'obscurit de ces autres fragments divins qui

    peinent cte cte avec toi et qui forment la race laquelle tuappartiens.

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    Cherche-la par l'tude des lois de l'existence, des lois de la natureet des lois du surnaturel ; et cherche-la par la soumission profondede ton me l'toile vacillante qui brule l'intrieur. Par degrs, mesure que tu veilleras et que tu adoreras, sa lumire deviendraplus intense. Tu sauras alors que tu as [24] trouv lecommencement de la voie. Et quand tu en auras atteint le terme, salumire deviendra soudainement la lumire infinie. [25]

    Note III

    Ces trois mots : "Cherche la Voie", sembleront peut-tre de bien petiteimportance pour former une rgle eux seuls. Le disciple dira :"Approfondirais-je toutes ces penses si je ne cherchais pas la voie ?"Cependant ne passe pas trop rapidement. Arrte-toi, et rflchis un moment.Est-ce bien la voie que tu dsires ? ou y aurait-il dans ta vision une vagueperspective de grandes hauteurs escalader, d'un grand avenir raliser ?...Prends garde. La voie doit tre cherche pour elle-mme et non par gard tes pieds qui la fouleront.

    Il y a un rapport entre cette rgle et la dix-septime de la seconde srie.Lorsqu'aprs des sicles de luttes et de [26]nombreuses victoires tu auras

    gagn la dernire bataille et demand le secret final, alors tu seras prt allerplus loin. Lorsque le secret final de cette grande leon aura t rvl, c'esten lui que se dcouvrira le mystre du Sentier nouveau voie qui conduitau-del de toute exprience humaine, et qui est entirement au-dessus detoute perception et de toute imagination humaines.

    chacune de ces tapes, il est ncessaire de s'arrter longtemps et debien rflchir.

    chacune de ces tapes, il est ncessaire de s'assurer que la Voie a tchoisie pour elle-mme.

    La Voie et la Vrit se montrent d'abord. La Vie vient ensuite. [27]

    Note IV

    Cherche-la en prouvant toute exprience, et rappelle-toi qu'en te disantcela, je ne veux pas dire : "Cde aux sductions des sens afin de les

    connaitre". Tu peux agir ainsi avant de devenir un occultiste, mais non pasaprs. Lorsque tu as choisi le sentier et que tu y es entr, tu ne peux cder

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    sans honte ces sductions. Cependant, il t'est permis de les prouver sanshorreur ; tu peux les peser, les observer, les analyser, et attendre, avec unepatience confiante, l'heure o elles ne t'affecteront plus. Mais ne condamnepas l'homme qui succombe ; tends-lui la main comme un frre plerin dontles pieds sont alourdis par la fange. [28]Rappelle-toi, disciple, que l'abimepeut tre norme entre l'homme vertueux et le pcheur, mais qu'il est plusnorme encore entre l'homme vertueux et celui qui est arriv laConnaissance ; il est sans limites entre l'homme vertueux et celui qui est auseuil de la Divinit. C'est pourquoi garde-toi de t'imaginer que tu ne fais pluspartie de la masse.

    Lorsque tu auras trouv le commencement de la Voie, l'toile de tonme fera voir sa lumire et, sa clart, tu percevras combien grande est

    l'obscurit dans laquelle elle luit. L'intellect, le cur, le cerveau, tout estobscurit, tout est tnbres jusqu' ce que la premire grande bataille ait tgagne. Ne sois point terrifi ni dcourag cette vue ; garde tes yeux fixssur la petite lumire et elle grandira. Mais que ces tnbres, en toi-mme,t'aident comprendre la dtresse de ceux qui n'ont vu [29]aucune lumireet dont les mes vivent dans une nuit profonde. Ne les blme pas. Ne tedtourne pas d'eux, mais essaie de soulever un peu de ce lourd Karma dumonde ; donne ton aide aux quelques fortes mains qui empchent les

    pouvoirs tnbreux d'obtenir une victoire complte. Tu entreras alors dansune Association de joie qui impose assurment un labeur terrible et deprofondes tristesses, mais aussi une vive et toujours grandissanteflicit. [30]

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    RGLE 21

    21. Sois prt voir s'panouir la fleur dans le silence qui suivra l'orage ;pas avant.

    Elle croitra, elle s'lvera, elle produira des branches et des feuilleset formera des bourgeons au sein mme de la tempte et pendanttoute la dure de la lutte. Mais sa fleur ne s'ouvrira pas avant quela personnalit entire de l'homme soit dissoute et dtruite ; pasavant qu'elle soit tenue, par le fragment divin qui l'a cre, commeun simple sujet d'preuve et de grave exprience ; pas avant que lanature entire ait cd au Soi suprieur et lui soit devenue soumise.Un calme alors surviendra, semblable celui qui se rpand sur les

    contres tropicales aprs une pluie d'orage, calme o la natureopre avec une telle rapidit que son action devient visible. C'estainsi que la paix descendra sur [31] l'esprit harass. Et dans lesilence profond surviendra l'vnement mystrieux qui feraconnaitre l'me qu'elle a trouv la Voie. Donne-lui le nom qu'il teplaira : c'est une voix qui parle l o il n'y a nul tre pour parler c'est un messager qui vient, messager sans forme ni substance ouc'est encore la fleur de l'me qui s'est ouverte. Il ne peut tre dcrit

    par aucune mtaphore. Mais on peut aller sa rencontre, le dsirer,le chercher, alors mme que la tourmente fait rage. Le silence peutdurer un moment ou un millier d'annes. Mais il prendra fin.Cependant tu emporteras sa force en toi. maintes reprises labataille doit tre engage et gagne. Pour un intervalle seulement,la nature peut tre tranquille. [32]

    Les rgles ci-dessus sont les premires qui sont crites sur les muraillesdu Temple de l'Enseignement :

    Ceux qui demandent recevront.Ceux qui dsirent lire, liront.

    Ceux qui dsirent apprendre, apprendront.

    LA PAIX SOIT AVEC VOUS

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    [33]

    Note V

    L'closion de la fleur est le moment glorieux o la perception s'veille ; sa suite viennent la confiance, la connaissance, la certitude. L'instant ol'me demeure en suspens est un instant d'tonnement. La satisfaction luisuccde. C'est le silence.

    Sache, disciple, que ceux qui ont pass par le silence, qui ont prouvsa paix et retenu sa force, ceux-l souhaitent ardemment que tu y entresaussi. C'est pourquoi, lorsque le disciple est capable d'entrer dans le Templede l'Enseignement, il y trouve toujours son Maitre.

    Ceux qui demandent recevront. Mais la voix de l'homme ordinaire abeau [34]demander sans cesse, elle n'est pas entendue. Car il ne demandequ'avec son intellect et la voix de l'intellect n'est entendue que sur le plan del'intellect.

    Aussi ai-je attendu que les vingt et une premires rgles fussentdpasses avant de dire : Ceux qui demandent recevront.

    Lire, dans le sens occulte du mot, c'est lire avec les yeux de l'esprit.

    Demander c'est prouver la faim intrieure, le besoin passionn desaspirations spirituelles. tre capable de lire signifie avoir obtenu, un faibledegr, le pouvoir de satisfaire cette faim. Lorsque le disciple est prt apprendre, alors il est accept, reu, reconnu. Il doit en tre ainsi, car il aallum sa lampe, laquelle ne peut tre cache. Mais il est impossibled'apprendre avant que la premire grande bataille ait t gagne.

    L'intellect peut reconnaitre la vrit, [35] mais l'esprit ne peut larecevoir. Pour qui a travers l'orage et trouv la paix, il est dsormaistoujours possible d'apprendre, lors mme que le disciple irrsolu flchiraitet quitterait le droit chemin. La voix du silence demeure en lui, et mme s'ilabandonne totalement le Sentier, un jour viendra o elle rsonnera et ledchirera, sparant ses passions de ses possibilits divines. Alors, malgr lasouffrance et les cris dsesprs du soi infrieur abandonn, le disciplereprendra le Sentier.

    C'est pourquoi je dis : la paix soit avec vous. "Je vous donne ma paix"

    ne peut tre dit que par le Maitre aux disciples bienaims qui sont commeLui-mme. Il y en a aussi, parmi ceux qui ne connaissent point la Sagesse

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    orientale, qui ces mots peuvent tre dits et rpts journellement d'unemanire plus complte. [36]

    Considre les trois vrits. Elles sont gales 1.

    1Les trois vrits mentionnes ici sont donnes au commencement du huitime chapitre de L'Idylledu Lotus blanc (Mabel Collins). En voici la traduction :

    "L'me de l'homme est immortelle, et son avenir est celui d'une chose dont le dveloppement et lasplendeur n'ont pas de limites.

    "Le principe qui donne la vie habite en nous et hors de nous ; il ne meurt jamais, il est ternellementbienfaisant ; il ne peut tre vu, ni entendu, ni senti, mais il est peru par l'homme qui dsire laperception.

    "Chaque homme est lui-mme, absolument, son propre lgislateur, le dispensateur de sa gloire ou

    de son obscurit, l'arbitre de sa vie, de sa rcompense, de son chtiment."Ces vrits, qui sont grandes comme la vie elle-mme, sont aussi simples que l'esprit humain le plussimple. Fais-en la nourriture des affams. (NDT)

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    [37]

    DEUXIME PARTIE

    APHORISMES PRLIMINAIRES

    Hors du silence qui est la paix, une voix sonore s'lvera.

    Et cette voix dira :

    "Cela n'est pas assez ;

    tu as moissonn, maintenant il te faut semer".

    Et sachant que cette voix est le silence mme,

    tu obiras. [40]

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    [41]

    Toi qui es prsent un disciple capable de te tenir de piedferme, capable d'entendre, de voir et de parler ; toi qui avaincu le dsir et acquis la connaissance du Soi; toi qui a

    vu ton me en sa fleur, qui l'as reconnue et qui a entendula voix du silence va dans le Temple de l'Enseignementet lis ce qui s'y trouve crit pour toi. [42]

    Note I

    tre capable de se tenir de pied ferme veut dire avoir confiance ; trecapable d'entendre, c'est avoir ouvert les portes de l'me ; tre capable de

    voir, c'est avoir acquis la facult de percevoir ; tre capable de parler, c'estavoir gagn le pouvoir d'aider les autres ; avoir vaincu le dsir, c'est avoirappris maitriser et utiliser la personnalit ; avoir atteint la connaissancedu Soi, c'est s'tre retir dans l'intrieur de la forteresse, l o la personnalitde l'homme peut tre juge avec un esprit d'impartialit ; avoir vu ton medans sa fleur, c'est avoir obtenu, en toi-mme, une vision momentane de satransfiguration qui fera de toi, un jour, plus [43]qu'un homme ; reconnaitre,c'est accomplir la grande tche de regarder en face la lumire tincelante,

    sans baisser les yeux et sans reculer d'pouvante, comme devant quelquefantme effroyable. C'est ce qui arrive quelques-uns, et la victoire est ainsiperdue au moment o elle allait tre remporte. Entendre la voix du silence,c'est comprendre que la seule direction vritable vient de l'intrieur ; entrerdans le Temple de l'Enseignement, c'est arriver un tat dans lequel le savoirdevient possible. Tu trouveras alors bien des paroles crites en lettresflamboyantes et qui, pour toi, seront faciles dchiffrer, car lorsque ledisciple est prt, le Maitre l'est galement. [44]

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    RGLES 1 4

    1. Tiens-toi l'cart dans la bataille qui se prpare, et bien que tucombattes, ne sois pas toi-mme le guerrier.

    2. Cherche le guerrier et laisse-le combattre en toi.3. Prends ses ordres pour la bataille et suis-les.

    4. Obis-lui, non comme s'il tait un chef, mais comme s'il tait toi-mme et comme si ces paroles taient l'expression de tes secretsdsirs ; car il est toi-mme, quoique infiniment plus fort et plus sageque toi. Cherche-le ; autrement dans la fivre et dans l'agitation de

    la bataille, tu pourrais passer ct de lui et il ne te connaitra pas, moins que tu ne l'aies connu. Si ton cri vient frapper son oreilleattentive, alors il combattra en toi et comblera le vide douloureuxde ton me. Et s'il en est ainsi, tu pourras traverser la bataille, [45]infatigable et de sang-froid, restant l'cart et le laissant combattrepour toi. Il te sera impossible, alors, de frapper un seul coup faux.Mais si tu ne le cherches pas, si tu passes ct de lui sans le voir,il n'y aura aucune sauvegarde pour toi. Ton cerveau se troublera,ton cur palpitera incertain et dans la poussire du champ debataille ta vue et tes sens faibliront et tu ne reconnaitras plus tesamis de tes ennemis.

    Il est toi-mme ; et cependant tu es limit et sujet l'erreur : lui estternel et sr. Il est l'ternelle Vrit. Une fois qu'il aura pntr entoi, devenant ton guerrier, jamais il ne t'abandonnera entirement,et, au jour de la grande paix, il deviendra un avec toi. [46]

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    RGLES 5 8

    5. coute le chant de la Vie.

    6. Conserve en ta mmoire la mlodie que tu entends.

    7. Apprends d'elle la leon d'harmonie.

    8. Tu peux te tenir debout maintenant, ferme comme un roc au milieude la tourmente, obissant au guerrier qui est toi-mme et qui estton roi. Sans autre intrt que de lui obir ne te souciant point dursultat de la bataille, car une seule chose importe : c'est que leguerrier soit vainqueur, et tu sais qu'il ne peut tre vaincu tiens-

    toi calme, attentif, et mets profit l'entendement que tu as acquispar la douleur et par la destruction de la douleur. Seuls desfragments de la grande symphonie peuvent parvenir ton oreilletandis que tu n'es encore qu'un homme. Mais si tu les entends,gardes-en fidlement [47]la mmoire, afin qu'aucun d'eux ne soitperdu pour toi, et tche d'apprendre la signification du mystre quit'environne. Avec le temps, tu n'auras plus besoin d'un instructeur.Car de mme que l'individu possde une voix, de mme en possdeune ce en quoi l'individu existe. La vie elle-mme a le don des'exprimer et n'est jamais silencieuse. Son expression n'est point uncri comme toi qui es sourd pourrais le supposer : elle est un chant.Apprends d'elle que tu fais toi-mme partie de l'harmonie ;apprends d'elle obir aux lois de l'harmonie. [48]

    Note II

    Cherche-le, et coute-le premirement dans ton propre cur. Tucommenceras peut-tre par dire : "Il n'est pas l ; en le cherchant, je netrouve que dissonances". Cherche plus profondment. Si de nouveau tu esdu, arrte-toi, puis cherche plus profondment encore. Il y a une mlodienaturelle, une source obscure dans tout cur humain. Elle peut trerecouverte, entirement cache et touffe : mais elle s'y trouve. A la basemme de ta nature, tu trouveras la foi, l'esprance et l'amour. Celui quichoisit le mal refuse de regarder en lui-mme, et ferme l'oreille la mlodiede son cur, comme il ferme les yeux la lumire de son me. Il agit ainsiparce [49]qu'il trouve plus commode de vivre au gr de ses dsirs.

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    Mais au-dessous de toute vie passe le courant imptueux qui ne peuttre arrt ; les grandes eaux sont l, en vrit. Dcouvre-les et tu percevrasque tout en fait partie tout, jusqu' la crature la plus misrable, quelquepersistance qu'elle mette s'aveugler volontairement sur ce point et revtirun masque fantomatique d'horreur.

    C'est dans ce sens que je te dis : Tous les tres vivants parmi lesquels tucombats sont des fragments du Divin. Et si trompeuse est l'illusion danslaquelle tu vis, qu'il est difficile de deviner o tu commenceras distinguerla douce voix dans le cur des autres. Mais sache qu'elle est certainementen toi-mme. C'est l qu'il te faut la chercher et une fois que tu l'aurasentendue, tu la reconnaitras plus facilement ailleurs. [50]

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    RGLES 9 12

    9. Observe avec attention toute la vie qui t'environne.

    10. Apprends regarder avec intelligence dans le cur des hommes.

    11. Observe avec une attention suprme ton propre cur.

    12. Car ton cur est la voie par o jaillira l'unique lumire capabled'illuminer la vie et de la rendre claire tes yeux.

    tudie le cur humain, afin de comprendre ce qu'est le monde danslequel tu vis et dont tu veux faire consciemment partie. Considrela vie sans cesse mouvante et changeante qui t'environne, car elle

    est constitue par les curs des hommes, et, mesure que tucomprendras leur constitution et leur signification, tu deviendrascapable, par degrs, de percevoir le sens le plus large de la vie. [51]

    Note III

    un point de vue absolument impersonnel, autrement ta vision seraitobscurcie. C'est pourquoi il faut tre absolument impersonnel.

    L'intelligence est impartiale ; aucun homme n'est ton ennemi, aucunhomme n'est ton ami : tous sont galement tes instructeurs. Ton ennemidevient pour toi un mystre qu'il te faut rsoudre, mme si cela demande dessicles, car l'homme doit tre compris. Ton ami devient une partie de toi-mme, une expansion de toi-mme, une nigme difficile dchiffrer. Unechose est plus difficile connaitre encore : ton propre cur. Jusqu' ce queles chaines de ta personnalit se soient relches, tu ne [52] pourrascommencer comprendre le profond mystre du Soi. Et pas avant que ces

    chaines soient tombes, tu n'en pourras avoir la pleine rvlation. Alors etalors seulement il te sera possible de la saisir et de la diriger. Alors etalors seulement tu pourras employer tous ses pouvoirs et les consacrer un noble service.

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    RGLE 13

    13. La parole ne vient qu'avec la connaissance. Acquiers laconnaissance, et tu possderas la parole. [53]

    Note IV

    Il est impossible d'aider les autres tant que tu n'es pas arriv unecertaine certitude personnelle. Quand tu auras appris les premires vingt etune rgles, que tu seras entr dans le Temple de l'Enseignement avec despouvoirs dvelopps et l'entendement ouvert, alors tu trouveras en toi unesource d'o jaillira la parole.

    Aprs la treizime rgle, je ne puis rien ajouter ce qui est dj crit.Je te donne ma paix.

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    [54]

    Ces notes sont crites uniquement pour ceux auxquels je donne mapaix ; pour ceux qui peuvent lire ce que j'ai crit avec les sens internes aussibien qu'avec les sens externes.

    RGLE 14

    14. Ayant obtenu l'usage des sens internes, ayant maitris les dsirs dessens externes ayant vaincu les dsirs de l'me individuelle et ayantacquis la Connaissance, prpare-toi maintenant, disciple, entrerrellement dans la voie. Le Sentier est trouv ; soit prt lesuivre. [55]

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    RGLES 15 18

    15. Demande la terre, l'air et l'eau les secrets qu'ils gardent pourtoi.

    16. Demande aux Saints de la terre les secrets qu'ils dtiennent pourtoi.

    17. Demande au plus intime de ton tre, l'Unique, le secret final qu'ilconserve pour toi travers les ges.

    Le dveloppement de tes sens internes te le permettra.

    La maitrise des dsirs de tes sens externes t'en donnera le droit.

    La grande, la pnible victoire, la maitrise des dsirs de l'me

    individuelle est un travail qui exige, pour son accomplissement, dessicles sans nombre ; c'est pourquoi ne t'attends pas obtenir sarcompense avant que des ges d'exprience se soient accumulsderrire toi. Lorsque le temps d'apprendre la dix-septime rgle estarriv, l'homme est sur le point de devenir plus qu'un homme. [56]

    18. La Connaissance qui maintenant est tienne, l'est uniquement parceque ton me s'est identifie avec toutes les mes pures et avec l'trele plus intime en toi. C'est un dpt qui t'est confi par le Trs-Haut.Si tu trahis sa confiance, si tu emploies tort cette connaissance ousi tu la ngliges, il te sera possible, mme prsent, de retomberdes hautes rgions auxquelles tu as atteint. De grands tres,parvenus jusqu'au seuil mme, retombent, incapables de soutenir lepoids de leurs responsabilits. C'est pourquoi pense toujours aveccrainte et en tremblant ce moment solennel, et sois prt pour labataille. [57]

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    RGLES 19 21

    Il est crit qu'aucune loi ne peut tre formule, qu'aucun guide nepeut exister pour celui qui se trouve au seuil de la divinit.Cependant, afin d'clairer le disciple, la lutte finale peut treexprime ainsi :

    19. Attache-toi fermement ce qui n'a ni substance ni existence.

    20. coute uniquement la voix qui n'a pas de son.

    21. Fixe ton regard exclusivement sur ce qui est invisible aux sensinternes comme aux sens externes.

    LA PAIX SOIT AVEC TOI

    [58]

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    [59]

    COMMENTAIRES SUR LES APHORISMES

    [61]

    COMMENTAIRE I

    AVANT QUE LES YEUX PUISSENT VOIR

    ILS DOIVENT TRE INACCESSIBLES

    AUX LARMES

    Il faut que tous les lecteurs de ce volume se rappellent trs nettementque ce livre peut leur paraitre renfermer quelque philosophie, mais qu'iln'aura gure de sens s'ils le croient crit en langage ordinaire. Pour la foulequi lit de cette faon strictement littrale, il semblera trop haut en saveurpour tre gout. Soyez prvenus et lisez, le moins possible, de cette manire.

    Il y a une autre faon de lire qui est, en vrit, la seule dont il convientde se servir avec certains auteurs : c'est de lire non entre les lignes, maisdans le cur des mots. vrai dire, c'est dchiffrer une criture secrte. Tous

    les ouvrages [62]des alchimistes sont crits dans l'criture secrte dont jeparle ; elle a t utilise de tout temps par les grands philosophes et lesgrands potes. Elle est employe systmatiquement par les Adeptes de laVie et du Savoir qui, exprimant, en apparence, leur profonde sagesse,cachent sous les mots mme qu'ils emploient son rel mystre. Ils ne peuventfaire davantage. Une loi de la Nature exige, en effet, que tout homme doitdcouvrir tout seul ces mystres ; il ne peut les obtenir autrement. L'hommequi veut vivre, doit absorber lui-mme sa nourriture : c'est l une loi

    naturelle qui s'applique aussi la vie suprieure o, s'il veut vivre et agir,l'homme ne peut tre nourri la cuillre comme on nourrit un enfant : il doitse nourrir lui-mme.

    Je me propose de mettre dans une forme de langage nouvelle etparfois [63]plus claire, certaines parties deLa Lumire sur le Sentier, maisje ne puis assurer que mon effort aboutira rellement une meilleureexplication. Une vrit n'est pas rendue plus intelligible un sourd-muet dufait que, pour la rendre telle, quelque linguiste original aura traduit les motsqui l'expriment dans toutes les langues vivantes ou mortes, et lui aura cri l'oreille ces diffrentes traductions. Mais pour ceux qui ne sont pas sourds-

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    muets, un langage est gnralement mieux compris que les autres, et c'est ceux-l que je m'adresse.

    Les tous premiers aphorismes contenus dans la premire partiede LaLumire sur le Sentier sont, je le sais, rests scells quant leur

    signification cache pour beaucoup de ceux qui, d'autres gards, ont suivil'orientation donne par ce livre. [64]

    En ce qui concerne l'initiation l'Occultisme, il y a quatre preuves subir et certaines vrits connaitre. Les Portes d'Or en dfendent l'entre ;cependant quelques-uns ouvrent ces portes et dcouvrent l'au-del sublimeet illimit. Dans les lointains espaces du Temps, tous franchiront ces Portes ;mais je suis de ceux qui dsirent que le Temps ce grand trompeur ne soitpas ainsi tout-puissant. ceux qui le connaissent et qui l'aiment, je n'ai rien dire ; mais aux autres moins rares qu'on ne pense aux autres, pour quile passage du Temps est comme le coup d'un marteau de forgeron et lasensation de l'espace comme les barreaux d'une cage de fer, pour ceux-l,dis-je, je traduirai et retraduirai jusqu' ce qu'ils aient compltementcompris.

    Les quatre vrits crites en premire page de La Lumire sur leSentier se [65]rapportent l'preuve de l'aspirant Occultiste. Jusqu' ce qu'il

    ait travers cette preuve, il ne peut mme pas toucher le loquet de la Portequi donne accs au Savoir. Le Savoir est le plus bel hritage de l'homme,alors pourquoi n'essaierait-il pas de l'obtenir par tous les moyens possibles ?Le laboratoire n'est pas le seul terrain de l'exprience ; le mot science ilfaut le rappeler est driv de sciensparticipe prsent de scire : "connaitre","apercevoir". La science ne s'occupe donc pas que de la matire, non, pasmme de ses formes les plus subtiles et les plus obscures. Une telle ide nepeut tre ne que du fol esprit du sicle. Science est un mot qui embrasse

    toutes les formes du savoir. Il est extrmement intressant de suivre lesdcouvertes des chimistes comme aussi de les voir se frayer un chemin, travers les densits de la matire [66]jusqu' ses formes les plus subtiles ;mais il existe d'autres sortes de savoir que celle-ci, et tout le monde nerestreint pas sa soif strictement scientifique de savoir, aux seulesexpriences susceptibles d'tre contrles par les sens physiques.

    Celui qui n'est pas sottement indiffrent ou paralys par quelque vicecapital, devine ou peut mme dcouvrir avec quelque certitude qu'il existe

    des sens subtils latents au-dedans des sens physiques. Il n'y a rien qui soitextraordinaire dans ceci car, si nous prenions la peine d'invoquer le

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    tmoignage de la Nature, nous trouverions que tout ce qui est perceptible la vue ordinaire possde cach en soi quelque chose de plus importantque lui-mme. Le microscope nous a ouvert un monde, mais au cur de cesenveloppes [67] rvles par le microscope repose un mystre qu'aucuninstrument ne peut dceler.

    Le monde entier est anim et illumin, jusqu'en ses formes les plusmatrielles, par un autre monde. Ce monde de l'intrieur est appel, parquelques-uns, l'Astral ; et cette expression en vaut une autre quoiquesignifiant simplement : "toil" ; mais les toiles, comme l'a fait ressortirLocke, sont des corps lumineux qui manent la lumire d'eux-mmes. Cettequalit est la caractristique de la Vie qui repose dans la matire, car ceuxqui voient la Vie n'ont pas besoin de lampe pour la rendre visible. Le mot

    "star" (toile) vient de l'anglo-saxon "stir-an" qui signifie diriger, se remuer,mettre en mouvement, et bien videmment c'est la vie intrieure qui estmaitre de la vie extrieure, exactement comme le cerveau de l'homme guideles mouvements de ses lvres. [68]Aussi, bien que le mot "astral" ne soitpas excellent en soi, je consens l'employer pour mes fins prsentes.

    La Lumire sur le Sentier est entirement crite dans un langage secretastral et ne peut tre dchiffre que par quelqu'un lisant astralement. Sonenseignement est avant tout dirig vers la culture et le dveloppement de la

    vie astrale. Tant que le premier pas dans ce dveloppement n'a pas t fait,le prompt savoir appel intuition emportant en soi sa certitude est impossible l'homme. Et cette positive et sure intuition est l'unique forme deconnaissance qui rende l'homme capable de travailler rapidement, ou deparvenir son tre vritable et sublime dans la limite de son effort conscient.Obtenir le savoir par l'exprience est une mthode trop lente pour ceux quiaspirent accomplir un rel travail ; [69] celui qui y parvient par uneintuition sure aborde ses diverses formes avec une extrme rapidit, d'un

    ardent effort de volont et comme un ouvrier dcid saisit ses outils enrestant indiffrent aussi bien leur poids qu' toute autre difficult quipourrait se trouver devant lui : il n'attend pas que chacun des outils ait tessay il saisit immdiatement ceux qu'il juge les meilleurs.

    Toutes les rgles contenues dans laLumire sur le Sentier sont donnespour tous les disciples, mais pour les disciples uniquement c'est--direpour ceux qui veulent "s'emparer du savoir". tout autre qu' l'tudiant denotre cole, les lois de cet enseignement ne sont d'aucune utilit ni d'aucunintrt.

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    tous ceux qui s'intressent srieusement l'Occultisme, je disd'abord : saisissez le savoir. " celui qui possde, il sera donn". Il est inutiled'attendre [70]que le savoir vienne. Au sein du Temps vous resterez et,pendant quelques annes, vous demeurerez inertes, sans puissance. C'estpourquoi je dis ceux qui ont faim et soif de savoir : suivez ces rgles.

    Aucune de ces rgles n'est de moi ni de mon invention. Elles sontsimplement l'expression de la super-nature, la traduction en verbe humainde vrits aussi absolues, dans leur propre sphre, que les lois qui rgissentla direction de la terre et de son atmosphre.

    Les "sens" dont il est question dans ces quatre rgles sont les sensastraux ou sens intrieurs.

    Aucun homme ne dsire voir cette lumire qui illumine l'me extrieure l'espace, avant que la souffrance, la douleur et le dsespoir ne l'aient pousshors de la vie ordinaire de l'humanit. Aprs avoir puis le plaisir,l'homme [71]doit puiser la souffrance jusqu' ce que ses yeux deviennentenfin inaccessibles aux larmes.

    Ceci est une vrit vidente, quoique je sache parfaitement le violentdmenti qu'elle recevra chez beaucoup de ceux-l mmes qui sympathisentavec des penses jaillies de la vie intrieure. Voir, avec le sens de la vue

    astrale, est une forme d'activit qu'il nous est difficile de comprendre exabrupto. Le savant sait trs bien quel miracle accomplit l'enfant qui vient denaitre, quand il lui faut en premier lieu conqurir sa vue et la forcer obir son cerveau. Un miracle identique s'accomplit certainement pour chacundes sens physiques, mais cette prise de commandement de la vue est peut-tre, de tous les efforts, le plus tonnant. Encore l'enfant le fait-il presqueinconsciemment et en raison de la puissante hrdit de l'habitude. [72]Nuln'est conscient d'avoir jamais accompli cet effort, comme nous sommes

    incapables de nous rappeler les mouvements indpendants qui nous ontpermis de gravir une colline l'an pass. Ceci dcoule du fait que nousagissons, vivons et existons dans la matire. La connaissance que nous enavons est devenue intuitive.

    Il en est tout autrement de notre vie astrale. Au cours d'ges sansnombre, l'homme y a port trs peu d'attention si peu, qu'il a pratiquementperdu l'usage des sens particuliers cette vie. Il est vrai que dans toutecivilisation l'toile se lve et l'homme, malgr son plus ou moins grand degrde folie ou de honte, avoue reconnaitre ce qu'il sait tre. Mais le plus souventil le nie et, par le matrialisme, devient cet tre trange qui ne peut pas voir

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    sa propre lumire, une forme vivante qui ne veut pas vivre, [73]un animalastral qui a des yeux, des oreilles, la parole et la puissance et qui cependantne veut utiliser aucun de ces dons. Il en est ainsi pourtant, et l'habitude del'ignorance est devenue tellement invtre, que maintenant personne neveut voir avec la vision intrieure jusqu' ce que l'agonie ait priv les yeuxphysiques, non seulement de la vue, mais des larmes qui sont la bue dela vie. tre inaccessible aux larmes c'est avoir affront et maitris l'humainenature et en avoir atteint un quilibre que ne pourront plus dtruire lesmotions personnelles. Cet quilibre n'implique pas la duret du cur oul'indiffrence. Il n'implique pas l'accablement d'une douleur si vive quel'me souffrante parait impuissante la supporter un instant de plus. Il nesignifie pas l'engourdissement de la vieillesse, o l'motion s'mousse parceque les [74]nerfs qu'elle fait vibrer sont uss. Aucun de ces tats ne convientau disciple et si l'un d'eux existe en lui, il doit le vaincre avant de pouvoirs'engager sur le Sentier. La duret de cur est le propre de l'hommepersonnel, de l'goste qui la Porte est jamais ferme. L'indiffrenceappartient au sot et au faux philosophe, ceux dont la tideur fait despoupes incapables d'affronter les ralits de l'existence. Quand la douleurou le chagrin ont mouss l'acuit de la souffrance, il en rsulte une lthargieressemblant assez celle qui accompagne la vieillesse, telle quel'exprimentent habituellement hommes et femmes. Un pareil tat rendraitimpossible l'entre du Sentier, parce que "le premier pas" fait partie desdifficults surmonter et rclame un homme fort, plein de vigueur physiqueet psychique pour le tenter. [75]

    Il est vrai, ainsi que le disait Edgar Allan Poe, que les yeux sont lesfentres de l'me, les fentres de ce palais hant dans lequel elle habite. Cetteinterprtation en langage ordinaire est vraiment la plus rapproche de lasignification du texte. Si le chagrin, le dcouragement, la dsillusion ou le

    plaisir parviennent branler l'me, au point de lui faire perdre son appuitabli dans la srnit de l'esprit qui l'inspire, la bue de la vie les larmes se rpand en noyant le savoir dans la sensation. Tout, alors, devienttrouble : les fentres sont obscurcies, la lumire est inutile. Ceci est aussirel strictement parlant qu'est certaine la chute d'un homme qui, au bordd'un prcipice, perd son sang-froid par suite d'une motion soudaine. Lagravit du corps l'quilibre doit demeurer assure, non seulement dansles endroits dangereux, mais [76]encore sur terrain plat, grce au secours

    que nous donne la Nature par la loi de la gravitation. Ainsi en est-il avecl'me : elle est le lien entre le corps extrieur et l'esprit tincelant au-dessusd'elle ; l'tincelle divine habite l'endroit paisible o nulle convulsion de la

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    Nature ne peut branler l'air ; il en est ainsi toujours. Mais l'me peut sedtacher du support qu'elle a en elle, en perdre mme le souvenir, bien queces deux choses l'tincelle et l'me ne forment qu'un seul tout ; et c'estpar l'motion, par la sensation que ce point d'appui est perdu. prouverplaisir ou peine occasionne une vibration intense qui est, pour la consciencede l'homme, la Vie. Or, cette sensibilit ne diminue pas du fait que le disciplecommence son entrainement, au contraire, elle augmente. C'est l lapremire preuve de sa force ; il faut qu'il souffre, il faut [77]qu'il jouisseou qu'il endure plus vivement que les autres hommes, alors qu'il a assumun devoir qui n'existe pas pour les autres hommes : celui de ne pas permettre sa souffrance de le dtourner de son immuable but. Il lui faut, en fait, dsle premier pas se prendre en main avec fermet et porter lui-mme l'aliment sa bouche ; personne d'autre ne peut le faire pour lui.

    Les quatre premiers aphorismes de La Lumire sur le Sentier serapportent entirement au dveloppement astral. Il faut que cedveloppement soit partiellement ralis, c'est--dire qu'on s'y soitdfinitivement engag avant que le reste de ce livre soit rellementintelligible, sinon pour l'intellect, avant qu'il puisse tre lu comme un traitpratique et non mtaphysique. [78]

    Dans l'une des grandes Fraternits mystiques ont lieu, au dbut de

    l'anne, quatre crmonies qui pratiquement illustrent et clairent cesaphorismes. ces crmonies, seuls les novices prennent part, car elles nesont que des rites du seuil. Mais on s'explique quel point c'est une chosesrieuse de devenir disciple, quand on aura compris que ces crmonies sonttoutes des crmonies de sacrifice. La premire est celle dont je viens deparler. La plus intense jouissance, la plus amre douleur, l'angoisse del'abandon et du dsespoir sont concentrs sur l'me tremblante qui, n'ayantpas encore trouv la lumire dans l'obscurit, est aussi impuissante qu'un

    aveugle ; et tant que ces chocs ne sont pas endurs sans perte d'quilibre, ilfaut que les sens astraux restent scells : telle est la loi misricordieuse. Le"mdium" ou le "spirite" qui se [79]lance dans le monde psychique sansprparation est un homme qui viole la loi, un violateur des lois de la super.Nature. Ceux qui violent les lois de la Nature perdent leur sant physique ;ceux qui violent les lois de la vie intrieure perdent leur sant psychique.

    Les "mdiums" vont la folie, au suicide, deviennent de misrablescratures dnues de sens moral et finissent souvent comme les incrdules,en doutant mme de ce qu'ils ont vu de leurs propres yeux. Le disciple estforc de devenir son propre maitre avant de s'aventurer sur ce sentier

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    prilleux et de vouloir rencontrer les tres qui vivent et travaillent dans lemonde astral et que nous appelons les Maitres cause de leur grand savoiret de leur capacit de contrler, non seulement eux-mmes mais encore lesforces qui les entourent. [80]

    L'tat de l'me, lorsque celle-ci vit pour la vie de la sensation, toutediffrente de celle du savoir, est un tat de vibration ou d'oscillation, non defixit. C'est l sa description la plus approximativement littrale, mais ellen'est littrale que pour l'intellect, non pour l'intuition. Pour cette partie de laconscience de l'homme, il faut un vocabulaire diffrent. Peut-tre devrait-on traduire l'ide de "fixit" par "chez soi" (dans son habitat naturel).Aucune demeure permanente ne saurait se trouver dans la sensation, attenduque le changement est la loi de l'existence vibratoire. Cette vrit est la

    premire que doit apprendre le disciple. Il est inutile de s'arrter pour pleurersur une scne de calidoscope qui vient de passer.

    Il y a une vrit trs bien connue vrit dont Bulwer Lytton nous a [81]entretenus avec une grande puissance c'est qu'une intolrable tristesse estla toute premire exprience du nophyte en Occultisme. Sur lui tombe unesensation de vide qui fait du monde un dsert, et de la vie un vain effort.Ceci suit sa premire contemplation srieuse de l'abstrait. En considrant,ou mme en essayant de considrer, l'ineffable mystre de sa nature

    suprieure, le nophyte fait tomber sur lui l'preuve initiale. L'oscillationentre le plaisir et la peine ne cesse peut-tre qu'un instant, mais c'est assezqu'elle ait t interrompue pour le dlivrer de l'ancre qui l'immobilisait dansle monde de la sensation. Il a expriment, si brivement que ce soit, la vieplus grande et il poursuit pniblement l'existence ordinaire avec unsentiment d'irralit, de vide et d'horrible ngation. C'est l le cauchemar qui dans leZanoni de Bulwer [82]Lytton tourmentait le nophyte ; et Zanonilui-mme, qui avait appris de grandes vrits et qui avaient t confis de

    grands pouvoirs, n'avait pas rellement pass le Seuil, o crainte et espoir,dsesprance et joie paraissent tre, un moment, des ralits absolues puis,l'instant d'aprs, de simples caprices de l'imagination.

    Cette preuve initiale est souvent attire sur nous par la vie elle-mmecar, en dfinitive, la vie est le grand instructeur. Aprs avoir acquis lepouvoir de la dominer, nous revenons dans la vie tout comme le professeurde chimie revient dans son laboratoire et s'y instruit beaucoup plus que nele fait son lve. Il y a des personnes si prs de la porte du Savoir, que la viemme les prpare la franchir sans qu'une main individuelle ait invoquerle hideux gardien de l'entre. Il faut naturellement que [83]ces personnes

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    aient des organismes affins et puissants, susceptibles d'prouver les plusvives jouissances ; alors, la douleur vient et accomplit son grand devoir. Lesformes de souffrances les plus intenses s'abattent sur une telle nature, jusqu'ce qu'elle s'veille enfin de son engourdissement de conscience, et que parla force de sa vitalit intrieure, elle franchisse le seuil pour entrer dans lesjour de la paix. Alors l'oscillation de la vie perd son pouvoir de tyrannie.La nature sensitive peut encore souffrir ; mais l'me s'est affranchie et setient distance en guidant la vie vers sa grandeur. Ceux qui sont les esclavesdu Temps et qui en traversent lentement tous les espaces, vivent jusqu'aubout d'interminables suites de sensations et prouvent de constantesalternatives de plaisir et de peine. Ils n'osent pas saisir d'une main ferme leserpent du soi ni [84]le vaincre, et, par l, devenir divins ; mais ils prfrentcontinuer de s'user travers la varit des expriences en subissant les chocsdes forces contraires. Lorsqu'un de ces esclaves du Temps dcide d'entrerdans le Sentier de l'Occultisme, c'est en cela que consiste sa premire tche.Si la vie ne lui a rien appris de ces choses, s'il n'est pas assez fort pours'instruire lui-mme, mais s'il a assez de puissance pour demander l'aide d'unMaitre, alors l'preuve terrible dcrite dans Zanoni lui est impose.L'oscillation dans laquelle il vit, est un instant adoucie ; et il doit survivre auchoc que produit la contemplation de ce qui, tout d'abord, lui semble l'abimedu nant. Tant qu'il n'a pas appris demeurer dans cet abime, et pas trouvsa paix, il n'est pas possible ses yeux de devenir inaccessibles auxlarmes. [85]

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    COMMENTAIRE II

    AVANT QUE L'OREILLE

    PUISSE ENTENDRE

    IL FAUT QU'ELLE AIT PERDUSA SENSIBILIT

    Les quatre premires rgles de La Lumire sur le Sentier, si curieuxqu'en puisse paraitre l'expos, sont incontestablement les plus importantesde tout le livre, sauf une seule. La raison pour laquelle elles ont une telleimportance est qu'elles renferment la loi vitale, la relle essence cratrice del'homme astral. Or, c'est seulement dans la conscience astrale (ou lumineuse

    par soi-mme) que les rgles qui leur font suite [86] prennent unesignification vivante. Aussitt qu'on est entr en contact avec l'activit dessens astraux c'est une chose ensuite toute naturelle de commencer s'enservir c'est nous diriger leurs emplois en appliquant les dernires rglesqui nous sont destines. En parlant ainsi, je veux dire naturellement que lesquatre premires rgles sont les seules pouvant avoir de l'importance ou del'intrt pour ceux qui ne font qu'en lire un texte imprim. Lorsqu'elles sontgraves indlbilement dans le cur de l'homme et dans sa vie, il est vident

    que les autres rgles deviennent non plus simplement d'intressants ouextraordinaires exposs mtaphysiques, mais bien des faits rels de la viequi doivent tre saisis et expriments.

    Les quatre rgles se trouvent crites dans la grande salle de toutevritable Fraternit vivante. Que l'homme se [87] trouve sur le point devendre son me au diable, comme Faust ; qu'il doive avoir le dessous dansla bataille, comme Hamlet ; ou qu'il puisse pntrer dans le temple, en toutcas, ces paroles sont pour lui. L'homme peut choisir entre la vertu et le vice,

    mais il ne le peut qu'une fois devenu homme ; ni un enfant ni un sauvage nesauraient choisir. Il en est de mme pour le disciple ; il faut avant tout quel'homme devienne un disciple pour qu'il puisse discerner les sentiers etchoisir entre eux. Cet effort pour se crer soi-mme disciple, pour renaitre,l'homme doit l'effectuer en dehors de tout instructeur. Tant que les quatrergles n'ont pas t comprises, aucun instructeur ne saurait lui tre utile, etc'est pourquoi les rgles parlent des "Maitres" comme elles le font. Aucunvritable Maitre, qu'il soit Adepte de la puissance, de l'amour, ou des

    tnbres, [88]ne peut avoir une influence sur l'homme avant que celui-ci aitdpass ces quatre rgles.

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    Les larmes, comme je l'ai dit, peuvent tre appeles l'humidit de la vie.L'me doit avoir rejet les motions humaines et s'tre assur un quilibrequi ne puisse tre branl par l'infortune, avant que ses yeux puissents'ouvrir sur le monde super-humain.

    La voix des Maitres rsonne toujours dans le monde ; mais nel'entendent que ceux dont les oreilles ne sont plus rceptives aux sons quiaffectent la vie personnelle. Le rire ne soulage plus le cur, la colre ne lerend plus furieux, les paroles tendres ne lui apportent plus aucun baume.Parce que dans l'me, pour laquelle les oreilles sont comme une porte surl'extrieur, il y a un lieu de paix inaltrable en soi et que personne ne peuttroubler. [89]

    Si les yeux sont les fentres de l'me, les oreilles en sont les vestibulesou les portes. C'est par elles que nous prenons connaissance de la confusiondu monde. Les grands tres qui ont conquis la vie, qui sont devenus plusque des disciples, demeurent en paix et tranquilles au milieu dufrmissement et du mouvement calidoscopique de l'humanit. Ils ont au-dedans d'eux-mmes un savoir sr aussi bien qu'une paix parfaite, de sortequ'ils ne sont ni stimuls ni excits par les fragments d'information partiauxou errons que leur transmettent aux oreilles les voix changeantes de ceuxqui les entourent. Quand je parle du Savoir, je veux dire le Savoir intuitif.

    Cette information sure ne peut jamais tre obtenue par un travail ardu ou parl'exprimentation ; parce que ces mthodes-l ne sont applicables qu' lamatire, et que la matire est en soi une [90]substance parfaitement instable,continuellement affecte par le changement. Les lois les plus absolues et lesplus universelles de la vie naturelle et physique, telles que le savant lescomprend, disparaitront quand s'vanouira la vie de l'univers et que son meseule subsistera dans le silence. De quelle valeur sera, alors, la connaissancede ces lois, acquise par le travail et l'observation ?

    J'espre qu'aucun lecteur ou critique ne dduira de ce que j'ai dit quej'essaie de dprcier ou de dnigrer les acquisitions de la science ou l'uvredes savants. J'estime, au contraire, que les hommes de science sont lespionniers de la pense moderne. Les temps hroques de la littrature et del'art o les potes et les sculpteurs voyaient la lumire divine etl'exprimaient dans leur langage particulier ces temps-l sont enfouis dansun lointain pass avec [91]les sculpteurs d'avant Phidias et les potes pr-homriques. Les Mystres ne gouvernent plus le monde de la Pense et dela beaut. La puissance qui gouverne, c'est la vie humaine et non pas ce quila transcende. Les travailleurs intellectuels cependant progressent, moins

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    par leur propre volont que par la force des circonstances, vers la lointainelimite qui spare les choses interprtables de celles qui ne le sont pas.Chaque nouvelle dcouverte les porte un pas en avant ; aussi, j'estimeinfiniment le savoir obtenu par la recherche et l'exprimentation.

    Mais la connaissance intuitive est quelque chose de tout fait diffrent.On ne l'acquiert pas attendu qu'elle est proprement parler une facultde l'me ; non pas de l'me animale, celle qui, aprs la mort devient ombreque la convoitise, l'attrait ou le [92]souvenir de ses mauvaises actions retientdans le voisinage des tres humains ; mais bien de l'me divine qui animetoutes les formes extrieures de l'tre individualis.

    L'intuition est, videmment, une facult qui a sa demeure dans l'meindividuelle et qui lui est inhrente. L'aspirant disciple doit s'veiller laconscience intuitive par un farouche et indomptable effort. J'emploie le motindomptable pour une raison spciale : Celui qui est indomptable, qui nepeut tre domin, qui sait qu'il doit agir en maitre sur les hommes, sur lesvnements, sur toutes choses l'exception de sa propre divinit, celui-lseul peut veiller cette facult. "Avec la foi, tout est possible". Lessceptiques se rient de la foi et se font gloire d'en tre indemnes. La vritc'est que la foi est un puissant levier, une nergie formidable qui peut, [93]en effet, tout accomplir. C'est que la foi est le pacte le contrat entre la

    nature divine de l'homme et son moi infrieur.L'utilisation de ce levier est tout fait ncessaire pour obtenir la

    connaissance intuitive car, moins de croire qu'une telle connaissance existeen lui-mme, comment un homme pourrait-il y faire appel et en user ?

    Sans cette foi, l'homme est plus abandonn qu'une pave la drive surles hautes vagues de l'Ocan. L'pave est, en effet, projete de-ci de-lcomme le peut tre un homme livr aux hasards de la fortune. Mais de telles

    aventures sont purement extrieures et de trs peu d'importance. Un esclavepeut tre train travers les rues dans les chaines et cependant possderl'me tranquille d'un philosophe, ainsi qu'on l'a pu voir en la personned'pictte. Un homme [94]peut avoir en sa possession toutes les richessesdu monde, paraitre maitre absolu de son destin et pourtant ne connaitre nipaix ni certitude, parce qu'au-dedans de lui-mme il est branl par toutesles vagues de penses qu'il rencontre. Et ces vagues changeantesn'emportent pas seulement le corps de l'homme de-ci de-l comme une

    pave flottant sur l'eau, ce qui ne serait rien. Elles entrent par les portes deson me et submergent cette me ; elles l'aveuglent, la dpouillent et la

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    vident de toute intelligence permanente, de sorte que les impressionspassagres l'affectent.

    Pour rendre ma pense plus claire, j'emploierai une comparaison.Considrez un crivain son travail, un peintre devant sa toile, un

    compositeur coutant les mlodies qui chantent dans son imaginationjoyeuse ; que n'importe lequel de ces crateurs ait passer ses journes [95]devant une large fentre ouverte sur une rue trs frquente. La puissancede la vie qui l'anime aura pour effet d'annihiler en lui la fois la vue et l'oue,et l'intense trafic de la ville ne sera pour lui qu'un flux dnu d'intrt. Maisqu'un homme l'esprit vide et aux journes sans but vienne s'assoir cettemme fentre, il observera les passants et se souviendra des visages qui, parhasard, auront eu le don de lui plaire ou de l'intresser. Ainsi en est-il de

    l'intellect dans son contact avec l'ternelle vrit. Lorsqu'il ne transmet plus l'me ses oscillations, sa connaissance fragmentaire, ses renseignementsincertains, alors, dans le centre intrieur de paix dj trouv lorsque lapremire rgle a t comprise dans ce lieu intrieur jaillit, comme uneflamme, la lumire de la connaissance vraie. Ds lors, les oreillescommencent entendre. Trs [96]vaguement trs faiblement d'abord. Et eneffet, si vagues et si faibles sont ces premiers indices du commencement dela vraie vie, que parfois on les repousse comme de pures imaginations, de

    simples illusions. Mais pour que ces indices puissent devenir autre choseque de pures imaginations, l'abime du nant doit tre affront sous une autreforme. Le parfait silence qu'on ne peut obtenir qu'en fermant les oreilles tous les sons phmres, revt une horreur encore plus pouvantable que levide sans forme de l'espace. L'unique conception que nous puissions nousfaire de l'espace vide, est, je pense, si on la rduit au minimum de ractionmentale, celle des plus noires tnbres. Celles-ci causent la plupart desgens une intense peur physique, et lorsqu'on les conoit comme ternelles et

    immuables, il vient l'esprit l'ide d'annihilation plutt que de toute [97]autre chose ; ce n'est pourtant que l'oblitration d'un seul sens et le son d'unevoix peut encore s'lever et apporter le rconfort, mme dans la plusprofonde obscurit. Le disciple, ayant trouv son chemin dans ces tnbres qui constituent l'effrayant abime doit alors fermer si bien les portes deson me que nul consolateur ni aucun ennemi ne puisse y entrer. Et c'est enfaisant ce deuxime effort que la peine et le plaisir sont reconnus commen'tant qu'une sensation par ceux-l qui, auparavant, taient incapables de

    s'en rendre compte. Cependant, quand la solitude du silence est atteinte,l'me dsire si ardemment et si passionnment Quelque sensation surlaquelle s'appuyer, qu'elle accueillerait aussi bien une sensation douloureuse

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    qu'une sensation agrable. Lorsque cet tat de conscience est atteint,l'homme courageux qui s'y accroche [98]et s'y maintient, peut du mmecoup dtruire la "sensibilit". Lorsque l'oreille n'tablit plus de distinctionentre ce qui est agrable et ce qui est douloureux, elle ne saurait plus treaffecte par les voix d'autrui. Par consquent on peut tre sr et certaind'ouvrir les portes de l'me.

    L'acquisition de "la vue" est le premier effort et le plus ais, parce qu'ilest en partie accompli au moyen de l'intellect. L'intellect peut conqurir lecur ainsi qu'on l'observe facilement dans la vie ordinaire. C'est pourquoice pas prliminaire appartient encore au domaine de la matire ; mais ledeuxime pas ne souffre point une telle assistance, ni aucune aide matriellequelle qu'elle soit. Par aide matrielle j'entends, naturellement, l'action du

    cerveau, ou des motions ou de l'me humaine. En contraignant les oreilles n'couter que [99] l'ternel silence, l'tre que nous appelons l'hommedevient quelque chose qui n'est plus l'homme. Un examen mme trssuperficiel des mille et une influences qui sont exerces sur nous par autrui,montrera qu'il doit en tre ainsi. Un disciple remplira tous les devoirs de sanature humaine, mais il les remplira d'aprs son propre sentiment de ladroiture, et non d'aprs celui de quelque autre personne ou association depersonnes. Ceci est un rsultat trs vident qui dcoule du fait de suivre une

    doctrine de science certaine et non quelqu'une des croyances aveugles.Pour obtenir le pur silence ncessaire au disciple, le cur et ses

    motions, le cerveau et ses concepts intellectuels doivent tre carts. Tousdeux ne sont que des mcanismes, qui priront en mme temps que la sicourte vie de l'homme. C'est l'essence au-del de ces [100] fonctions,l'nergie motrice qui anime l'homme, qui maintenant est contrainte des'veiller et d'agir. Or, c'est l'heure du plus grand danger. Ds la premirepreuve il y a des hommes qui deviennent fous de peur, et c'est elle qu'a

    dcrite Bulwer Lytton. Mais si quelques potes l'ont fait, aucun romanciern'a parl de la deuxime preuve. La subtilit et la grandeur du danger decelle-ci rsident dans le fait que c'est de la mesure de la force de l'hommeque dpend la chance qu'il a soit de la franchir, soit mme de l'affronter. S'ila suffisamment de puissance pour veiller cette rgion inconnue de son tre la suprme essence alors il aura celle de soulever les Portes d'Or, et serads lors le vritable alchimiste, possesseur de l'lixir de vie.

    C'est ce point de l'exprience que l'Occultiste se trouve spar de tousles autres hommes et qu'il commence [101] mener une vie qui lui estpropre, qu'il avance sur le sentier du progrs individuel, au lieu d'obir

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    simplement aux gnies qui rgentent notre terre. Cette lvation de lui-mme une puissance qui lui est propre l'identifie, en ralit, aux plusnobles forces de la vie et l'unifie elles. Car ces forces rsident au-del despuissances de cette terre et des lois de notre univers. C'est ici que se trouvele seul espoir qu'a l'homme de russir dans ce grand effort qu'il doit fairepour s'lancer, directement, de sa position actuelle la suivante et devenir,du mme coup, une partie intrinsque de la puissance divine, comme il a tune partie intrinsque de la puissance intellectuelle de la grande nature laquelle il appartient. Il se tient constamment en avance sur lui-mme, sitoutefois on peut comprendre une telle contradiction. Ce sont les hommesqui adhrent [102]cette manire de voir, qui croient en leur capacit innede progrs et en celle de toute la race, ce sont ceux-l qui sont les FrresAins, les pionniers. Chaque homme doit accomplir le grand saut par lui-mme et sans aide, et cependant il est bon de savoir que d'autres ont marchavant lui sur cette route. Il est possible qu'ils se soient gars dans l'abime ;qu'importe, ils ont eu le courage de s'y engager. Mais si je dis qu'il estpossible qu'ils se soient gars dans l'abime, c'est cause de ce fait quequelqu'un l'ayant travers devient mconnaissable pour qui le revoit, jusqu'ce que tous les deux aient atteint l'autre condition toute diffrente. Il estinutile d'essayer d'envisager prsent ce que peut tre ce nouvel tat. Je diraiseulement que ds qu'il est entr dans l'tat de parfait silence, l'homme perdla connaissance de ses amis, de ses [103]amours, de tout ce qui l'a touchde prs et lui a t cher ; il perd aussi de vue ses Instructeurs et ceux qui l'ontprcd sur son chemin. J'explique ceci parce que rare est celui qui traversecette preuve sans plaintes amres. Si l'esprit humain pouvait comprendrepar avance que le silence doit tre absolu, certainement cette plainte nedevrait pas se dresser en obstacle sur le Sentier. Votre Instructeur, ou celuiqui vous prcde, peut tenir votre main dans la sienne et vous tmoignertoute la sympathie dont le cur humain est capable. Mais, quand viennent

    le silence et l'obscurit, vous le perdez entirement de vue, vous tes seul etil ne peut pas vous aider, non parce qu'il a perdu sa puissance, mais parceque vous avez invoqu votre grand ennemi.

    Par votre grand ennemi, j'entends "vous-mme". Si vous avez lepouvoir [104] d'affronter votre me dans les tnbres et le silence, vousaurez vaincu le moi physique ou animal qui rside uniquement dans lasensation.

    Cet expos, je le crains, paraitra enchevtr, mais en ralit il est tout fait simple. Lorsqu'il a atteint sa maturit et que la civilisation est son

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    apoge, l'homme se trouve entre deux feux, si seulement il pouvaitrevendiquer son grand hritage, l'encombrant appareil de la vie simplementanimale s'carterait de lui sans difficult ; mais il ne lance pas cet appel, etpar suite les races d'hommes s'panouissent, puis languissent et meurent, etdisparaissent de la surface de la terre, quelque splendide qu'en ait t lafloraison. Et c'est l'individu qu'il incombe de faire ce grand effort ; derefuser d'tre terrifi par sa nature suprieure ; de se refuser tre tir enarrire par son moi infrieur, ou [105]matriel. Tout individu qui accomplitcela est un rdempteur de la race. Il pourra ne pas proclamer ses exploits, ilpourra vivre dans la solitude et le silence ; mais il est certain qu'il constitueun lien entre l'homme et son tre divin, entre le connu et l'inconnu, entrel'agitation de la place publique et la paix des Himalayas couronns de neige.Il n'a pas besoin d'aller parmi les hommes pour tablir ce lien ; dans l'astralil "est" ce lien, et ce fait le rend diffrent du reste de l'humanit. Dj sesdbuts sur la route du savoir, quand il n'a fait encore que le deuxime pas, iltrouve sa marche plus assure et devient conscient d'tre un fragmentreconnu d'un tout.

    C'est l l'une des contradictions de la vie qui se prsente sifrquemment qu'elles offrent un aliment l'imagination des romanciers ;l'Occultiste [106]s'aperoit vite que ces contradictions s'accentuent lorsqu'il

    s'efforce de vivre la vie qu'il a choisie. mesure qu'il se retire en soi etdevient indpendant, il constate qu'il est devenu une partie de plus en plusdtermine, ou caractrise, d'un immense courant de pense et de sentimentbien dfinis. Lorsqu'il a appris la premire leon, qu'il a vaincu la faim ducur, et refus de vivre de l'amour d'autrui, le disciple constate qu'il estdevenu plus capable d'inspirer l'amour. Au moment o il rejette la vie, celle-ci vient lui sous une forme nouvelle et avec une nouvelle signification. Lemonde a toujours t pour l'homme un lieu rempli de contradictions ; quand

    il devient disciple, il pense que la vie peut se dcrire comme une suite deparadoxes. C'est un fait de nature dont la raison est assez comprhensible.L'me de l'homme, mme celle du plus vil parmi nous, [107] "est isolecomme une toile" tant que sa conscience reste soumise la loi de la vievibrante et passionne. Ceci, tout seul, suffirait causer ces complicationsde caractre qui servent de sujets au romancier : chaque homme est unmystre aussi bien pour son ami et son ennemi que pour lui-mme. Sesmobiles sont souvent impossibles dcouvrir ; il ne peut pas les sonder ni

    savoir pourquoi il fait ceci ou cela. L'effort du disciple doit tre d'veiller laconscience dans cette rgion toile de lui-mme, l oie sa puissance et sadivinit reposent endormies. Au fur et mesure que cette conscience

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    s'veille, les contradictions dans l'homme lui-mme deviennent plusmarques que jamais ; et aussi les paradoxes travers lesquels il vit. Car ilest bien sr que l'homme cre sa propre vie ; et "les aventures sont auxaventureux" est un de ces sages proverbes tirs des [108]faits rels, et quis'tendent tout le champ de l'exprience humaine.

    Toute pression exerce sur la nature divine de l'homme ragit sur l'treanimal : lorsque l'me silencieuse s'veille, elle rend la vie ordinaire del'homme plus agissante, plus nergique, plus vraie et plus responsable. Pourm'en tenir aux deux exemples mentionns, j'ajoute : l'Occultiste qui s'estretir dans sa citadelle a trouv sa force ; la conscience qu'il aura dsormaisdes exigences que lui impose son devoir est immdiate. Il n'obtient pas saforce de son propre droit, mais bien parce qu'il fait partie du tout ; et, aussitt

    qu'il est l'abri de l'oscillation de la vie et peut demeurer inbranlable, lavoix du monde extrieur lui crie de venir travailler avec lui. Il en est demme pour le cur : c'est quand il ne dsire plus rien prendre qu'il lui estdemand de donner abondamment. [109]La Lumire sur le Sentier a tappele, et trs justement, un livre de paradoxes ; que pouvait-elle tred'autre tant donn qu'elle traite de la relle exprience personnelle dudisciple ?

    Avoir acquis les sens astraux de la vue et de l'oue ou, autrement dit,

    avoir atteint la perception et ouvert les portes de l'me, sont des tchesgigantesques qui peuvent ncessiter le sacrifice de nombreuses incarnationssuccessives. Et cependant, quand la volont a atteint sa force, le miracleentier peut s'accomplir en une seconde. Alors, le disciple n'est plus l'esclavedu Temps.

    Ces deux premiers pas sont ngatifs, c'est--dire qu'ils impliquent le faitde s'tre dgag d'un prsent tat de choses, plutt qu'un mouvement en

    avant vers [110]une autre condition. Les deux pas suivants sont positifs :ils comportent en effet un progrs dans un autre tat de l'tre. [111]

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    COMMENTAIRE III

    AVANT QUE LA VOIX

    PUISSE PARLER

    EN LA PRSENCE DES MAITRESLa parole est le pouvoir de communiquer avec autrui ; l'entre dans la

    vie active est marque par son acquisition.

    Et maintenant, avant d'aller plus loin, permettez-moi d'expliquer un peula manire dont sont disposes les rgles nonces dansLa Lumire sur leSentier. Les sept premires rgles numrotes sont les subdivisions des deuxpremires qui ne portent pas de numro, et dont je viens de parler dans les

    pages prcdentes. Les rgles numrotes tendent [112] simplement rendre plus intelligibles les rgles non numrotes. De la huitime laquinzime, ces rgles numrotes concernent la rgle non numrote ci-dessus, et qui est maintenant le sujet que j'aborde.

    Comme je l'ai dit, ces rgles sont crites pour tous les disciples, maispour eux seuls ; elles n'ont d'intrt pour aucune autre personne. Je comptedonc que nul autre ne prendra la peine de lire plus loin ces commentaires.Les deux premires rgles contiennent tout ce qu'il importe de savoir sur

    cette partie de l'effort qui exige du chirurgien l'emploi du bistouri. Mais ledisciple doit s'attaquer au serpent, son moi infrieur, sans aide ; supprimerses passions et motions humaines par la force de sa volont. Il ne peutdemander l'assistance d'un Maitre que lorsque ceci est accompli ou, en toutcas, partiellement ralis. [113]Autrement les portes et fentres de son metaches, obtures, resteront opaques et ne laisseront passer aucun savoir. Jene me propose pas de dire, dans ces pages, comment un homme doit secomporter vis--vis de son me ; je communique simplement au disciple :

    le savoir. Que je n'crive pas, mme maintenant, pour qu'il soit possible tout venant de me lire, cela est d aux immuables lois de la super-nature quim'en empchent.

    Les quatre rgles que j'ai transcrites pour ceux qui, en Occident, dsirenttudier, sont, comme je l'ai dit, crites dans l'antichambre de toute Fraternitvivante ou morte, ou encore de tout Ordre venir. Quand je parle d'uneFraternit ou d'un Ordre, je n'ai pas en vue une formation arbitraire tabliepar des rudits et des intellectuels mais bien une chose relle existantdans [114]la super-nature, un stade du dveloppement vers le Dieu ou leBien absolu. Durant ce dveloppement, le disciple rencontre l'harmonie, le

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    pur savoir, la vrit pure, des degrs divers ; et, mesure qu'il atteint cesdegrs il constate qu'il est devenu une partie de ce qu'on pourrait dcrire grossirement sans doute comme un niveau ou degr de la consciencehumaine. Il rencontre ses gaux, hommes parvenus au mme caractredsintress que lui, et son association avec eux devient permanente etindissoluble, parce qu'elle est fonde sur une ressemblance vitale de nature.Il leur est attach par des vux qu'il n'a pas besoin d'exprimer sous la formede mots ordinaires. Ceci est un aspect de ce que j'entends par une Fraternit.

    Si les premires rgles sont conquises, le disciple se trouve debout surle seuil. [115]Puis si sa volont est suffisamment forte, il acquiert le pouvoirde la parole : pouvoir double, car maintenant tout en avanant, il entre dansun tat d'panouissement o chaque bouton qui s'ouvre lance au-dehors ses

    divers rayons ou ptales. Pour que le disciple exerce son nouveau don, ilfaut qu'il l'utilise selon son double caractre. Il trouve en lui-mme lepouvoir de parler en la prsence des Maitres, autrement dit : il a le droitd'exiger le contact avec l'lment le plus divin de l'tat de conscience danslequel il vient d'entrer. Mais il va se trouver contraint, de par la nature de saposition, agir de deux manires la fois. Il ne peut pas lever sa voixjusqu'aux hauteurs o se tiennent les Dieux, tant qu'il n'a pas pntr dansles profondeurs o leur lumire ne brille jamais. Il est entr dans l'treinte

    d'une loi de fer. S'il demande devenir un [116]nophyte, il devient aussittun serviteur. Toutefois son service est sublime, ne ft-ce que par le caractrede ceux qui le partagent. Car, les Maitres sont aussi des serviteurs ; ilsservent et ne rclament leur rcompense que plus tard. Une partie de leurservice consiste permettre que leur savoir touche le disciple, dont lepremier acte de service doit tre de donner son tour un peu de ce savoir ceux qui ne sont pas encore capables de se tenir l o il se tient. Ce n'est pasl une dcision arbitraire prise par un Maitre ou un Instructeur ou quelque

    autre personne, toute divine soit-elle. Ceci est une loi de cette vie mme danslaquelle le disciple s'est engag.

    C'est aussi pourquoi, il tait inscrit sur la porte des Loges de l'ancienneFraternit gyptienne : "Le travailleur est digne de son salaire".

    "Demandez, et vous recevrez", [117]rsonne comme quelque chose detrop facile et de trop simple pour tre croyable. Mais le disciple ne peut pas"demander" au sens secret o le mot est employ dans ce trait ; il ne le peutpas jusqu' ce qu'il ait le pouvoir d'aider les autres.

    Pourquoi en est-il ainsi ? Cet expos a-t-il un son trop dogmatique ?

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    Est-il vraiment trop dogmatique de dire que l'homme doit avoir un solferme sous ses pieds avant de pouvoir sauter ? Le principe est le mme. Sil'aide est donne, si le travail est fait, il y aura alors un droit rel, nonrclamation personnelle d'un salaire comme nous pourrions peut-trel'appeler mais revendication au nom d'une identit de nature. Ceux quisont divins donnent ; aussi demandent-ils que vous donniez avant d'tre desleurs.

    Cette loi se dcouvre aussitt que le [118]disciple tente de parler. Carle langage est un don qui n'est concd qu'au disciple de la puissance et dusavoir. Le spirite pntre bien dans le monde psychique-astral, mais il n'ytrouve aucune parole sure, moins que tout de suite il en ait revendiqu leprivilge et qu'il ne continue dans cette voie. S'il s'intresse aux

    "phnomnes", c'est--dire aux simples particularits et vnements de lavie astrale, il ne pntre pas dans le rayon direct de la pense ou du but ; ilexiste simplement dans le monde astral et s'y amuse, comme il a exist ets'est amus dans le monde physique. Il y a certainement une ou deux leonstrs simples, que peut lui enseigner le psychique-astral, exactement commeil y a quelques simples leons que la vie matrielle et intellectuelle peut luienseigner. Et il faut que ces leons-l soient apprises ; l'homme qui sepropose d'embrasser [119]la vie de disciple sans avoir appris les premires

    leons lmentaires souffrira toujours de son ignorance. Ces leons sontvitales et doivent tre tudies d'une manire vitale, exprimentes jusqu'aufond et maintes reprises, afin que chaque partie de l'tre en ait t pntre.

    Revenons notre sujet. En revendiquant le pouvoir de la parole, ainsiqu'on l'appelle, le nophyte implore le Grand tre qui se tient la tte durayon du savoir o il vient d'entrer, Celui qui a le pouvoir de lui servir deguide. Quand le disciple lance son appel, sa voix est renvoye par lapuissance dont il s'est approch et retentit jusqu'aux plus profonds

    retranchements de l'ignorance humaine. D'une manire un peu confuse etdfigure se transmet le message qu'il existe un savoir, et une puissancebienfaisante qui enseigne, et ce message est [120]communiqu tous leshommes qui veulent bien l'couter. Aucun disciple ne peut franchir le seuilsans communiquer ce message et sans en laisser, d'une faon ou d'une autre,une trace durable.

    Il reste frapp d'horreur, en voyant la manire imparfaite et inexpertedont il s'est acquitt de ce devoir ; il lui vient ds lors le dsir de s'en acquittermieux, et avec ce dsir d'aider ainsi les autres la puissance lui vient Car, c'estun dsir pur qui nait en lui ; il ne peut gagner ni influence, ni gloire, ni

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    rcompense personnelle en le ralisant. C'est pourquoi il obtient le pouvoirde le raliser.

    L'histoire de tout le pass, aussi loin que nous pouvons la faireremonter, montre trs clairement qu'il n'y a ni influence, ni gloire, ni

    rcompense obtenir par cette premire tche confie au nophyte. Lesmystiques ont toujours t raills et les prophtes discrdits ; [121]ceuxqui avaient en plus le pouvoir de l'intellect ont laiss la postrit destmoignages crits, qui sont jugs, par la plupart des hommes, insenss etchimriques, mme alors que la parole de ces auteurs a l'avantage de nousparvenir du fond d'un pass trs lointain. Le disciple qui entreprend sa tche,en esprant secrtement que la renomme et le succs le feront apparaitreaux yeux du monde comme un Instructeur et un Aptre, celui-l, dis-je,

    tombe avant mme d'avoir dbut dans son uvre et son hypocrisie cacheemprisonne son me et l'me de ceux qu'il instruit. Il s'adore en secret lui-mme et cette pratique idoltre ne peut qu'amener ses consquences.

    Le disciple qui a conquis le pouvoir d'entrer et qui est assez fort pourfranchir toutes les barrires, s'oubliera compltement, lorsque le divinmessage parviendra [122] son esprit, dans la nouvelle conscience qui luichoit. Si ce sublime contact peut rellement l'veiller l'action, il s'associeau divin par son dsir de donner plutt que de prendre, par sa volont d'aider

    plutt que d'tre aid, par sa rsolution de donner manger l'affam pluttque de prendre pour lui-mme la manne du ciel. Sa nature se transforme etl'gosme, qui guide les actions des hommes dans la vie ordinaire,l'abandonne soudainement. [123]

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    COMMENTAIRE IV

    AVANT QUE LA VOIX

    PUISSE PARLER

    EN PRSENCE DES MAITRESELLE DOIT AVOIR PERDU

    LE POUVOIR DE BLESSER.

    Ceux qui n'accordent qu'une attention passagre et superficielle l'Occultisme et leur nombre est lgion demandent constammentpourquoi, si les adeptes de la Vie existent, ils n'apparaissent pas dans lemonde et n'exhibent pas leur puissance. Qu'il puisse tre admis que la

    majeure partie de ces Grands Sages rside au-del des forteresses del'Himalaya, semble une preuve [124] suffisante qu'ils ne sont que despersonnages lgendaires. Autrement, pourquoi les situer tellement loin ?

    Malheureusement, c'est l une disposition de la Nature, qui ne relve duchoix de l'arrangement de personne. Il est certains lieux sur la terre o leprogrs de la "civilisation" ne se fait pas sentir et o la fivre du sicle esttenue en chec. Dans ces lieux privilgis, on a toujours le temps, toujoursla disponibilit pour les ralits de la vie ; ces ralits ne sont pas liminespar les turbulences d'une socit avide d'argent et de plaisir. Tant qu'il y ades Adeptes sur terre, la terre doit leur garantir des lieux de retraite. Ceci estune loi de la Nature, qui elle-mme n'est qu'une expression extrieure d'uneloi capitale de la Super-Nature.

    La demande adresse par le Nophyte n'est pas entendue jusqu' ce quela [125]voix qui la profre ait perdu le pouvoir de blesser. Il en est ainsi,parce que le monde astral-divin est un endroit o l'ordre rgne, comme il

    rgne dans le monde naturel. Sans doute, le centre et la circonfrenceexistent toujours, comme ils existent dans la Nature. Au centre, tout prs ducur de la vie sur n'importe quel plan rside le Savoir ; l, rgne l'ordreparfait, tandis que le chaos rend trouble et confus le bord extrieur du cercle.En fait, la vie qui anime chaque forme ressemble plus ou moins exactement une cole de philosophie. On y voit toujours les dvots du Savoir quioublient leur propre vie dans leur poursuite de la connaissance ; on y voittoujours aussi la foule des agits qui vont et viennent. De ceux-l, pictte

    disait qu'il est aussi ais de leur enseigner la philosophie que de manger dela crme la fourchette. Le [126]mme tat de choses existe dans le mondesuper-astral, et l'Adepte y jouit d'une retraite, encore plus cache et plus

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    profonde. Cette retraite est si sure, tellement l'abri que pas un son,impliquant la moindre discordance, ne peut arriver son oreille. Pourquoien est-il ainsi demandera-t-on immdiatement ds l'instant o l'Adepteest un tre en possession d'une puissance aussi grande que le disent ceux quicroient en son existence ? La rponse parait trs vidente. L'Adepte sertl'humanit et s'identifie avec le monde entier. Il est prt tout moment sacrifier sa rdemption, mais EN VIVANT, NON EN MOURANT POURELLE. Et pourquoi ne doit-il pas mourir pour elle ? Parce qu'il fait partie dugrand tout, et qu'Il en est une des parties les plus prcieuses. Parce qu'Il vitsous les lois qu'Il ne veut pas violer. Sa vie n'est pas sienne, mais [127]biencelle des forces qui agissent derrire lui. Il est une fleur de l'Humanit, etrenferme la Semence Divine. Il constitue, dans sa personne, un des trsorsde l'universelle Nature, qu'elle protge et met l'abri pour que safructification soit parfaite. Ce n'est qu' des poques dfinies de l'histoire dumonde qu'il Lui est permis de retourner, comme Rdempteur, au sein de lamasse humaine. Mais pour ceux qui ont la force de se sparer de ce troupeau,l'Adepte est toujours tout prs. Et pour ceux qui sont assez forts pour vaincreles vices de la nature humaine personnelle, Il est consciemment tout prs,aisment reconnu, dispos rpondre.

    Mais, cette victoire sur le moi implique une destruction de qualits que

    la plupart des hommes considrent comme non seulement indestructibles,mais encore dsirables. Le "pouvoir de blesser" [128]comprend beaucoupde choses que les hommes estiment non seulement en eux-mmes mais chezautrui. L'instinct de la dfense personnelle et de la conservation de soi-mmeen fait partie ; de mme l'ide qu'il possde un droit quelconque ou desdroits, soit comme citoyen, soit comme homme, soit comme individu ; etaussi la complaisance de sa propre dignit et de sa vertu. Ces parolessembleront dures beaucoup, nanmoins elles sont vraies. Cependant ce que

    je viens d'crire et ce que j'ai dj crit sur ce sujet, n'est pas de moi. Toutprovient des traditions de cette Branche de la Grande Fraternit qui fut jadisla secrte splendeur de l'gypte. Les rgles inscrites dans son vestibuletaient les mmes que celles maintenant inscrites dans les antichambres descoles existantes. De tout temps, les sages ont vcu l'cart de la masse deshommes. [129] Et mme quand un but ou objectif temporaire force l'und'eux venir au milieu de la socit humaine, sa retraite et sa suret sontprotges aussi compltement qu'elles le sont toujours. Cela fait partie de

    son hritage, partie de son statut ; effectivement il y a droit et ne peut pasplus abandonner ce droit que le duc de Westminster ne peut dclarer qu'il neveut pas tre le duc de Westminster. Dans les grandes villes du monde, un

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    Adepte demeure un temps, y revient de temps autre, ou peut-tre ne faitque les traverser ; mais toutes ces villes sont aides temporairement par lapuissance et la prsence active de l'un de ces hommes. IL y a Londres,comme Paris et Saint-Ptersbourg, des hommes hautement dveloppsMais ils ne sont reconnus en tant que mystiques que par ceux qui ont lepouvoir de les reconnaitre et que seule donne la [130] conqute du moi.Autrement comment pourraient-ils vivre ne ft-ce qu'une heure dans uneatmosphre mentale et psychique telle que la crent la confusion et ledsordre d'une ville ? S'ils n'taient protgs, Leur croissance seraitentrave, Leur travail compromis. Le nophyte peut fort bien rencontrer unAdepte dans son corps physique, vivre avec lui dans la mme maison et treincapable de Le reconnaitre et incapable de Lui faire entendre sa voix. Caraucune proximit dans l'espace, aucune troite amiti, aucune intimitquotidienne ne peuvent abolir les lois inexorables qui procurent l'AdepteSa retraite. Pas une voix ne parvient son oreille intrieure qui ne soitdevenue voix divine, une voix qui n'mette plus le cri du moi. Tout appel dece dernier serait inutile, un gaspillage d'nergie et de puissance, comme leserait pour des [131]enfants, apprenant leur alphabet, d'en tre instruits parun professeur de philologie. Tant que l'homme n'est pas devenu, de cur etd'esprit, un disciple, il n'existe pas pour ceux qui sont les Instructeurs desdisciples. Et il ne le devient que par une seule mthode l'abandon de sonhumanit personnelle.

    Pour que la voix ait perdu le pouvoir de blesser, il faut que l'homme aitatteint ce point o il se considre uniquement comme membre desinnombrables multitudes ; portion des sables que portent et l les vagues chaque oscillation de la vie. On dit que, du fond de l'Ocan, chaque grainde sable obtient, son tour, d'tre rejet sur le rivage et de s'y reposer unmoment au soleil. De mme pour les tres humains : ils sont