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Cinnamomum zeylanicum Nees (Lauraceae) : cannelle de Ceylan

Dénominations internationales (25, 26, 28)

Français : cannelle de Ceylan, cannellier de Ceylan.Anglais : cinnamon, Ceylon cinnamon, common cinnamon, Sri Lanka cinnamon.Allemand : Zimtrinde, Ceylonzimtrinde, echter Zimt, echter Kanel, Malabar-Zimt.Espagnol : canela, canelero de Ceilán.Italien : albero della cannella, cannella, cannella del Ceylan, lauro aromatico.Arabe : qirfa,

Synonymie taxonomique

Cinnamomum verum J.S. Presl, Laurus cinnamomum L.

Situation botanique de l’espèce

Situation botanique de Cinnamomum zeylanicum (29).

Règne Plantae

Sous-règne Tracheobionta

Embranchement Magnoliophyta

Sous-embranchement Magnoliophytina

Classe Magnoliopsida

Sous-classe Magnoliidae

Ordre Laurales

Famille Lauraceae

Genre Cinnamomum

Espèce Cinnamomum zeylanicum Nees

P. Goetz et al., Phytothérapie anti-infectieuse© Springer-Verlag France, Paris, 2012

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248 Phytothérapie anti-infectieuse

Détermination botanique (3, 25)

Le cannelier est un petit arbre pouvant atteindre 10 m de haut, à feuilles persis-tantes, ovales, coriaces, à nervures plus ou moins parallèles, luisantes à la face supérieur du limbe ; broyées, elles dégagent une forte odeur de clou de girofle. Les fleurs, jaunâtres, sont disposées en grappes. Les fruits sont des baies.

Origine et culture (3, 25)

Originaire du Sud-Ouest de l’Inde et du Sri-Lanka, introduit dans les îles de l’océan Indien, le cannelier est principalement cultivé au Sri-Lanka. Les plants rasés cinq ou six ans après leur mise en culture produisent des rejets qui sont retaillés tous les deux ans. Ces rejets, débarrassés des tiges latérales, sont incisés pour détacher liber et écorces.

Description de la drogue (3, 25)

L’écorce se présente sous forme de tuyaux isolés ou emboîtés, mats, de 0,2 à 0,7 mm d’épaisseur sur environ 30 cm de longueur. La face externe, de couleur brun-jaune, est lisse et marquée de fines stries longitudinales blanchâtres.

Constituants chimiques (3, 12, 17, 20, 25, 26)

Familles de constituants Constituants

Huile essentielle(0,5 à 2,5 %, contenant 45 constituants)

Dérivés phénylpropaniques : E-cinnamaldéhyde, (65-80 %), eugénol (jusqu’à 10 %), O-méthoxycinnamaldéhyde, benzoate de benzyle, acétate de cinnamyle, monoterpènes, sesquiterpènes

Flavonoïdes Quercétine, kaempferol et quercitrine

Diterpènes pentacycliques Cincassiols, cinnzeylanine

Oligomères proanthocyanidoliques (tanins condensés)

Oligomères proanthocyanidoliques trimères et tetramères de type A

Glucides Amidon, mucilages (α-D-glucanes), mannitol, arabino-xylane

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Pharmacologie (3)

L’huile essentielle présente une activité anti-bactérienne démontrée in vivo vis-à-vis de Bacillus anthracis, Escherichia coli, Pseudomonas aeruginosa, Staphylococcus aureus, Salmonella typhimurium… pour des concentrations minimales inhibitrices (CMI) variant de 0,05 à 0,25 mg/mL (5, 10, 18, 22, 24).

Le cinnamaldéhyde et l’huile essentielle de cannelle inhibent la croissance de nombreux champignons et levures à des concentrations comprises entre 150 et 200 ppm (4, 15, 21-23).

L’huile essentielle exerce sur organe isolé une activité spasmolytique (19).Des travaux expérimentaux ont montré un effet sédatif du cinnamaldéhyde

sur le SNC de souris (par voie IP) et un effet de stimulation respiratoire et myocardique chez le chien (voie IV) (6).

Son action hypotensive chez le chien et le cobaye serait due à une vasodila-tation périphérique (3).

Le cinnamaldéhyde est également responsable d’une diminution des mouve-ments gastriques et des spasmes intestinaux chez les rongeurs. La plupart de ces activités sont observées à des doses élevées administrées par voie parentérale (3).

L’huile essentielle exerce un effet hypoglycémiant chez la souris KK-Ay. La glycémie est abaissée de façon significative à une dose de 100 mg/kg de poids corporel (1).

Les constituants phénoliques de l’écorce sont antioxydants et antimutagènes (11,12, 17, 22).

Utilisations traditionnelles (1, 3)

La drogue est surtout utilisée comme aromatisant, correcteur de goût et comme épice. L’huile essentielle est utilisée dans les dysménorrhées et comme hémostyptique.

Indications traditionnelles (3)

La plante est occasionnellement utilisée comme eupeptique, stomachique et carminatif, en association avec d’autres plantes en cas de flatulence, de ballon-nements, de spasmes gastro-intestinaux légers et comme stimulants de l’appétit (3, 7). La drogue est également utilisée dans les bronchites chroniques (27).

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250 Phytothérapie anti-infectieuse

Indications actuelles (1, 3)

L’Agence du médicament (note explicative, 1998) admet qu’il est possible de revendiquer pour l’écorce de cannelle les indications thérapeutiques suivantes (voie orale) : traditionnellement utilisé :– dans le traitement symptomatique de troubles digestifs tels que ballonne-

ments épigastriques, lenteur à la digestion, éructations, flatulence ;– dans les asthénies fonctionnelles ;– pour faciliter la prise de poids.

En Allemagne, la Commission E précise que l’écorce de cannelier est utilisée en cas de perte d’appétit, de plaintes dyspeptiques telles que des spasmes modérés du tractus gastro-intestinal, un ballonnement ou une flatulence (2).

Posologie (3)

- Écorce (ou préparation équivalente) : 2 à 4 g par jour.- Huile essentielle : de 0,05 à 0,2 g par jour.

Toxicologie (3)

La consommation de cannelle ne présente aucun rique démontré et la dose jour-nalière acceptable pour l’humain a été fixée à 1,25 mg/kg de cinnamaldéhyde.

La toxicité aiguë de l’huile essentielle est très faible (DL50 = 4,16 g/kg par voie orale chez le rat). Celle de l’extrait aqueux est de 4,98 g/kg (voie IP).

La toxicité du cinnamaldéhyde est fonction de la voie d’administration : per os, la DL50 est de 2,22 g/kg chez le rat.

La consommation prolongée de cinnamaldéhyde (2 ans) n’a pas d’incidence sur la fréquence de cancérisation de l’estomac des rongeurs.

Les données sur la génotoxicité et la mutagénicité du cinnamaldéhyde demeurent d’interprétation délicate (14, 13, 9). Sa cytotoxicité a été établie sur plusieurs lignées cellulaires (24).

Effets indésirables, contre-indications

Le cinnamaldéhyde et l’huile essentielle sont irritants pour la peau et les muqueuses. Ils peuvent être à l’origine de manifestations allergiques se tradui-sant par une urticaire, des œdèmes de la face et des lèvres (3, 8, 16).

Le cinnamaldéhyde et l’huile essentielle sont contre-indiqués en cas d’al-lergie à la cannelle ou au baume du Pérou, ainsi que chez la femme enceinte (3).

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Médicaments commercialisés à base de cannelle (30)

Médicaments dans lesquels Cinnamomum zeylanicum est utilisé comme actif

Gouttes aux essences® solution buvable.Quintonine® sirop.

Médicaments dans lesquels Cinnamomum zeylanicum est utilisé comme excipient

Angispray® collutoire.Aromasol® solution pour inhalation par fumigation.Calmixene® sirop.Carbocistéine Mylan 5 % sans sucre® soluté buvable adulte.Carbocistéine Sandoz Conseil 2 %® sirop enfant.Carbocistéine Teva Conseil 2 %® sirop enfant.Désomédine® collutoire.Domperidone Arrow 1 mg/mL® suspension buvable.

Références

1. Barceloux Donald G (2008) Cinnamon (Cinnamomum Species) in Medical Toxicology of Natural Substances: Foods, Fungi, Medicinal Herbs, Toxic Plants, and Venomous Animals. Hoboken, NJ: John Wiley & Sons. p. 39-43

2. Blumenthal M et al. (eds.) (1998) The complete German Commission E monographs. Austin, TX, American Botanical Council

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Références Internet

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29. Système d’Information Taxonomique Intégré : http://www.cbif.gc.ca/pls/itisca/next? v_tsn=501529&taxa=&p_format=&p_ifx=&p_lang=fr

30. Vidal : http://www.vidal.fr/Substance/cannelle-780.htm

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