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école et cinéma 2008/2009 1 Le magicien d’OZ Victor Fleming Etats-Unis 1939 « La découverte du Magicien d’Oz a fait de moi un écrivain. » Salman Rushdie « Le privilège du cinématographe, c’est qu’il permet à un grand nombre de personnes de rêver ensemble le même rêve et de nous montrer, en outre, avec la rigueur du réalisme, les phantasmes de l’irréalité. » Des mots « clés » : in Allons z’enfants au cinéma édité par les enfants de cinéma Fable, chaussure, sorcière, décor, amitié, initiation, famille, chanson Mais aussi Grandir, couleur, cœur, cervelle, courage, tempête… Le genre : Le merveilleux « Le merveilleux autorise le rêve collectif. Il n’est pas un genre à proprement parler mais un domaine artistique où la fiction se développe librement, sans référence au réel, sans aucun souci de crédibilité ; il privilégie la poésie, l’imaginaire, l’irrationnel, le rêve et l’inexplicable. Le merveilleux, plus particulièrement la féerie et la fantaisie fut l’une des premières voies explorées par le cinéma grâce à Georges Méliès.

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Microsoft Word - document.docLe magicien d’OZ Victor Fleming Etats-Unis 1939
« La découverte du Magicien d’Oz a fait de moi un écrivain. » Salman Rushdie « Le privilège du cinématographe, c’est qu’il permet à un grand nombre de personnes de rêver ensemble le même rêve et de nous montrer, en outre, avec la rigueur du réalisme, les phantasmes de l’irréalité. »
Des mots « clés » :
in Allons z’enfants au cinéma édité par les enfants de cinéma
Fable, chaussure, sorcière, décor, amitié, initiation, famille, chanson
Mais aussi Grandir, couleur, cœur, cervelle, courage, tempête…
Le genre : Le merveilleux
« Le merveilleux autorise le rêve collectif. Il n’est pas un genre à proprement parler mais un domaine artistique où la fiction se développe librement, sans référence au réel, sans aucun souci de crédibilité ; il privilégie la poésie, l’imaginaire, l’irrationnel, le rêve et l’inexplicable. Le merveilleux, plus particulièrement la féerie et la fantaisie fut l’une des premières voies explorées par le cinéma grâce à Georges Méliès.
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Georges Méliès, Voyage dans la Lune, 1905 C’est à Hollywood, l’« usine à rêve », que le genre prit toute son ampleur, notamment avec le succès en 1939, du Magicien d’Oz de Victor Fleming.» Vincent Pinel
Qu’est-ce qui dans ce film vous a emmené du côté du merveilleux ? Le cinéma comme le conte demande au spectateur, au lecteur, d’accepter les conventions du merveilleux. Dans ce film, une fois admises ces conventions, il n’y a rien d’invraisemblable. Nous sommes bien dans un film réaliste, aux acteurs réels, aux décors réels.
« Ce n’était pas un rêve, c’était un pays. Un vrai pays, bien réel ! Alors personne ne me croit ? » Dorothy Réalisateurs et Hollywood
Au final un film beaucoup plus porté par sa maison de production que par son auteur. In Wikipedia Richard Thorpe est engagé comme réalisateur le 17 septembre 1938 et débute le tournage trois semaines après. Au bout de dix jours de tournage, pendant qu'est recherché un remplaçant pour Buddy Ebsen, Mervyn LeRoy scrute les rushes et estime que le travail de
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Thorpe n'est pas adapté à la vision enfantine que le film devrait avoir. Le producteur décide donc de se séparer du réalisateur et de repartir de zéro. Peu de temps avant de se lancer dans son nouveau projet, Autant en emporte le vent, George Cukor accepte d'aider le film à se monter. Il est stupéfait par le maquillage et les costumes des acteurs qu'il fait modifier aussitôt sa prise de poste. Ce qui le gêne le plus est l'apparence donné à Judy Garland. Il retire alors la perruque blonde de l'actrice et diminue considérablement son maquillage, lui rappelant ainsi qu'elle interprète une petite fille du Kansas. George Cukor abandonne comme convenu son poste pour s'occuper de son film et ne se doute pas que les modifications qu'il a opéré sont une des clés de la réussite du film. Pour reprendre la suite de Cukor, Mervyn LeRoy choisi Victor Fleming qui est un réalisateur direct et au franc-parler. Fleming accepte de faire le film « pour que [ces] deux petites filles voient un film à la recherche de la beauté, de l'honnêteté, de la gentillesse et de l'amour dans le monde ». Il s'investit complètement dans sa tâche mais à quelques semaines avant la fin du tournage, il est sollicité par les studios Selznick. Le tournage d'Autant en emporte le vent tourne au fiasco à cause de la relation très tendue entre George Cukor et Clark Gable. L'acteur vedette menace de quitter le film si son ami Victor Fleming ne prend les rênes du film. Le réalisateur accepte et quitte le tournage du Magicien d'Oz. King Vidor est choisi pour être celui qui mettra la dernière touche au film. Victor Fleming lui explique ce qui a été fait et ce qu'il reste à faire. Sur les deux à trois semaines de tournage restantes, Vidor doit filmer la scène se déroulant au Kansas et où Dorothy chante Over the Rainbow. Une fois le film terminé King Vidor refuse de voir apparaître son nom au générique estimant que tout le mérite revient à Fleming. Jusqu'à la mort de ce dernier, Vidor ne révèlera jamais lui-même qu'il avait participé au tournage du Magicien d'Oz. MGM Metro-Goldwyn-Mayer Inc. (ou MGM) est une société américaine spécialisée dans la production et dans la distribution de films de cinéma et de programmes pour la télévision. Ses principales filiales sont MGM Pictures et United Artists.
La MGM fut créée en 1924 par la fusion de trois sociétés : Metro Pictures Corporation (créée en 1915), Goldwyn Pictures Corporation (créée en 1917) et Louis B. Mayer Pictures (créée en 1918). Le premier propriétaire de la MGM fut Marcus Loew (1870-1927), l'un des principaux exploitants de salles de cinéma américains. Il placa Louis B. Mayer à la direction du studio et nomma Irving Thalberg responsable de la partie production. Le studio pris pour devise Ars Gratia Artis (L'art est la récompense de l'art) et pour emblème le lion « Leo » en 1928.
Dans les années 1930, toujours sous la direction de Mayer et Thalberg, MGM devint la plus grande société de production d'Hollywood. Elle produisit de nombreux classiques, parmi lesquels Grand Hôtel ou la série des Tarzan et fit de Greta Garbo et de Joan Crawford des stars. Suite à de fréquentes altercations avec Mayer et Schenck, Thalberg fut rétrogradé en 1932. Mayer engagea alors des producteurs indépendants tels que David O. Selznick pour prendre en charge l'aspect créatif de la société.
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À la mort de Thalberg en 1936, Mayer se retrouva avec les pleins pouvoirs et engagea la production de nombreux films commerciaux. Entre 1936 et le début de la Seconde Guerre mondiale, MGM produisit entre autres Autant en emporte le vent et le Magicien d'Oz. À partir de 1941, MGM soutint l'effort de guerre. De nombreuses stars de la firme aidèrent à vendre des coupons, d'autres (James Stewart et Clark Gable par exemple) s'engagèrent.
C'est à cette période que MGM devint l'un des principaux producteurs de dessins animés. Le service animation fut créé à la fin des années 30 par deux anciens de Warner Bros. : Hugh Harman et Rudolph Ising. En 1941, Tex Avery rejoignit le studio suite à une altercation avec Leon Schlesinger de la Warner. Avery réalisa des classiques tels que Red-Hot Riding Hood, Swing Shift Cinderella ou la série des Droopy, mais le plus grand succès de la société dans le domaine de l'animation fut la série Tom et Jerry créée par William Hanna et Joseph Barbera.
Après la guerre, MGM se spécialisa dans la production de comédies musicales. La plupart des grands chanteurs et danseurs de l'époque rejoignirent le studio : Fred Astaire, Gene Kelly, Frank Sinatra. Croulant sous la charge de travail, Mayer embaucha l'auteur et producteur Dore Schary pour s'occuper de la production. Dès le début, les rapports entre les deux hommes furent très tendus. Schary souhaitait privilégier les films à message et reprochait à Mayer de passer plus de temps sur les champs de courses qu'à son bureau. En 1951, Mayer mit Schenck au pied du mur en lui demandant de choisir entre lui et Schary. Schenck choisit Schary et renvoya Mayer du poste qu'il occupait depuis 27 ans. Mayer mourut en 1957.
Contexte 1939
In Cahier p.12 « Faut-il rappeler que l’on est à la veille de la Seconde guerre mondiale et que 1939 sera une année cinématographique marquée par deux énormes succès aussi nostalgiques que spectaculaires : le Magicien d’Oz et Autant en emporte le vent. »
Adaptation Le film est adapté du roman éponyme (The Wonderful Wizard of Oz) de Lyman Frank Baum paru en 1900. Quelques séquences diffèrent, notamment tout le début du film au Kansas est plus important dans le film, mais cette adaptation n’en reste pas moins fidèle. Parcours initiatique In Cahier p.8 Les trois « hommes » qui, littéralement accompagnent Dorothy dans son parcours initiatique, ne lui proposent pas comme modèle d’identification des adultes taillés dans le bronze mais
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bien plutôt des êtres fragiles et susceptibles, eux aussi de perfectionnement… la quête de soi n’est donc pas réservé aux enfants. » P. 10 « Ce qui compte alors et qui a pu souder des millions de spectateurs à travers les pays occidentaux et les décennies, est peut-être plus la pertes des illusions d’enfant par la découverte de l’universelle faillibilité des adultes que celle d’un monde autre. »
p.9 « Dorothy prend donc clairement position sur les manquements de la figure paternelle défaillante, celle du Magicien d’Oz : en d’autre termes, elle accepte que cette figure ne soit pas toute puissante et passe ainsi de l’autre côté de l’initiation. » Une cervelle, un cœur, du courage
Une cervelle « Tu n’as pas de cervelle dans le crâne… »
Un cœur
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Du courage « Oh, un peu de courage, c’est tout. » Du noir, du blanc, de la couleur L’univers monochrome du réel, le Kansas :
Paradoxalement, ici le « réel » est représenté en noir et blanc et le monde merveilleux en couleur. Cependant, la norme de l’époque (le noir et blanc pour un monde en mouvement projeté sur écran) ainsi que les décors qui s’en suivent consentent pour cette logique. Mais le noir et blanc est ici également très travaillé esthétiquement avec le sépia, ce qui donne une tonalité aussi à ce « réel » très singulière et très picturale. « Cette année là, l’introduction de la couleur n’est donc pas sentie comme un gain dans la mimesis, - la représentation analogique du monde -, mais, au contraire, comme une ouverture vers l’exotisme, l’imaginaire le plus pur. » in Cahier p.5 Une esthétique De la couleur, pas nécessairement au goût de tous… mais pour des premières expériences de la couleur au cinéma, le spectateur ne reste pas sur sa faim.
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Un procédé technique Technicolor est une marque déposée pour une série de procédés de films en couleur lancés par la Technicolor Motion Picture Corporation, aujourd'hui filiale de Thomson. Cette société a été fondée par Herbert T. Kalmus, Daniel F. Comstock et W. B. Westcott en 1915. Le décor L’opposition des deux mondes avec deux univers distincts, celui réaliste du Kansas et celui fantastique du Pays d’Oz mette encore plus en relief le merveilleux dans ce film. Qu’est-ce qui oppose ces deux univers ? Relever, dessiner, les éléments qui vont les différencier.
Passage
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Du noir et blanc à la couleur.
Retour. Cahier p.10 « Retour donc au Kansas pour s’inventer une vie d’adulte, passer de l’autre côté de l’arc-en-ciel, dans le réel cette fois, en apprenant à subordonner le principe de plaisir au principe de réalité, comme l’exige de nous la réalité. » Cette notion de passage est un thème récurrent du conte, on pense évidemment à Alice et à sa chute dans le puits
mais aussi à Chihiro : Voyage immobile De l’enfance à l’adolescence, « un voyage immobile de soi à soi ».
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La métaphore du passage est une scène concrète du film. Chihiro dans ce film passe d’un état à un autre, elle « grandit ». Ce qui est plus ambigu chez Miyazaki, c’est que Chihiro repasse par le même passage en sens inverse et que peut-être que le temps ne s’est pas écoulé. « Le voyage de la vie est le mouvement même, mais le mouvement même n’est pas le déplacement. » in Cahier de note p.11 Du Voyage de Chihiro. Pour Dorothy aussi, même si les socquettes restent, les talons sont bien là !
Effets spéciaux Les effets spéciaux du Magicien d'Oz sont l'œuvre d'A. Arnold Gillespie, un doyen de la spécialité. Il doit concevoir pour le film plusieurs trucages qui n'existent pas encore comme la tornade emportant la maison de Dorothy, la sorcière en train de fondre ou encore la tête du Magicien flottant dans les airs, les singes volants, etc. Pour donner l'illusion de la maison prise dans une tornade, Gillespie filme au ralenti en fait une réplique miniature tombant du haut du plateau sur le sol peint pour imiter le ciel du Kansas. Il projette ensuite le film à l'envers pour donner l'impression que la maison tombe vers la caméra. Pour la tornade, il fait construire une sorte d'entonnoir en mousseline qui est ensuite fixé sur un portique amovible pouvant se déplacer sur tout le plateau, tandis que la partie inférieure passe à travers le plancher, dans une fente en forme de « S ». Le tout, d'une hauteur d'environ 9 mètres, avançant vers la caméra avec un nuage de poussière donne l'illusion d'une tornade se dirigeant vers la maison.
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Happy end
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