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Marie Lacoste-Gérin-Lajoie Marie Gérin-Lajoie (née Lacoste) naît à Montréal, le 19 octobre 1867. Son père, Sir Alexandre Lacoste est un éminent juriste, professeur de droit à l’Université Laval et juge en chef de la province de Québec, et c’est dans sa bibliothèque que Marie s’initie, en autodidacte, au droit civil. La mère de Marie, Lady Lacoste, née Marie-Louise Globensky, est bien connue des milieux philanthropiques. Parmi les sœurs de Marie, Justine Lacoste-Beaubien (1877-1967) est la fondatrice, avec Irma Levasseur , de l’hôpital pour enfants Sainte-Justine, alors que Thaïs Lacoste-Frémont est une des plus actives militantes des droits de la femme. Une fois terminée, au couvent d’Hochelaga, ses études classiques, Marie Lacoste complète sa formation par elle-même en se plongeant dans les livres de son père, parce que les Québécoises, à l’époque, n’avaient pas accès à l’enseignement supérieur. Elle bénéficie aussi de la bibliothèque de son mari Me Henri Gérin-Lajoie (fils du poète Antoine Gérin-Lajoie, petit-fils du journaliste Étienne Parent) qu’elle épouse en 1887. Plus tard, elle devient la première femme à avoir obtenu un diplôme d’une université de langue française au Québec, en 1911, quand l’Université Laval lui décerne son premier diplôme de bachelière en arts. Elle prend conscience de la situation juridique de la femme mariée au Québec, le code civil alors en vigueur dans la province en faisant une perpétuelle mineure. Afin d’informer les femmes sur leur condition légale, Marie Gérin Lacoste publie en 1902 un Traité de droit usuel, manuel de droit civil et constitutionnel s’adressant en particulier aux femmes. Réédité à deux reprises, en 1910 et 1922, et traduit en anglais, ce manuel sera utilisé dans les institutions d’enseignement et inscrit en 1914 sur la liste des ouvrages

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Marie Lacoste-Gérin-Lajoie

Marie Gérin-Lajoie (née Lacoste) naît à Montréal, le 19 octobre 1867.

Son père, Sir Alexandre Lacoste est un éminent juriste, professeur de droit à l’Université Laval et juge en chef de la province de Québec, et c’est dans sa bibliothèque que Marie s’initie, en autodidacte, au droit civil. La mère de Marie, Lady Lacoste, née Marie-Louise Globensky, est bien connue des milieux philanthropiques.

Parmi les sœurs de Marie, Justine Lacoste-Beaubien(1877-1967) est la fondatrice, avec Irma Levasseur, de l’hôpital pour

enfants Sainte-Justine, alors que Thaïs Lacoste-Frémont est une des plus actives militantes des droits de la femme. Une fois terminée, au couvent d’Hochelaga, ses études classiques, Marie Lacoste complète sa formation par elle-même en se plongeant dans les livres de son père, parce que les Québécoises, à l’époque, n’avaient pas accès à l’enseignement supérieur.

Elle bénéficie aussi de la bibliothèque de son mari Me Henri Gérin-Lajoie (fils du poète Antoine Gérin-Lajoie, petit-fils du journaliste Étienne Parent) qu’elle épouse en 1887.

Plus tard, elle devient la première femme à avoir obtenu un diplôme d’une université de langue française au Québec, en 1911, quand l’Université Laval lui décerne son premier diplôme de bachelière en arts. Elle prend conscience de la situation juridique de la femme mariée au Québec, le code civil alors en vigueur dans la province en faisant une perpétuelle mineure.

Afin d’informer les femmes sur leur condition légale, Marie Gérin Lacoste publie en 1902 un Traité de droit usuel, manuel de droit civil et constitutionnel s’adressant en particulier aux femmes. Réédité à deux reprises, en 1910 et 1922, et traduit en anglais, ce manuel sera utilisé dans les institutions d’enseignement et inscrit en 1914 sur la liste des ouvrages recommandés pour les bibliothèques scolaires. Cet ouvrage devient une référence pour les militantes souhaitant améliorer le statut juridique des femmes.

Le 30 novembre 1893, Marie Gérin Lacoste participe à la fondation duMontreal Local Council of Women (MLCW) sous l’égide de Ishbel Aberdeen, l’épouse du gouverneur général du Canada. Le MLCW, un des

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premiers groupements féministes au Québec, affilié au Conseil national des femmes du Canada, et, à travers lui, au Conseil international des femmes, est une organisation rassemblant alors majoritairement des femmes anglophones et est destinée à coordonner les efforts et les actions des associations féminines oeuvrant dans le domaine social, avec pour objectif d’améliorer la condition des femmes et des enfants. Marie Gérin-Lajoie siège au sein de son conseil d'administration de 1900 à 1906.

Dès 1907, partageant le malaise des femmes francophones à militer au sein d’un mouvement laïc et majoritairement anglophone, elle se dissocie du MLCW pour fonder, avec Caroline Dessaulles-Béique et les femmes issues de la section des Dames patronnesses de l’Association Saint-Jean-Baptiste de Montréal, la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste, destinée  à «grouper les Canadiennes françaises catholiques en vue de fortifier par l’union leur action dans la famille et dans la société».

Elle occupe  les fonctions de secrétaire de la Fédération, avant d’en devenir présidente en 1913, poste qu’elle occupe jusqu’en 1933. La FNSJB a joué un rôle important dans les débuts du mouvement féministe au Québec et la lutte pour l’obtention du suffrage féminin au Québec et c’est Marie Gérin-Lajoie qui a profondément marqué la FNSJB de son empreinte personnelle. En 1923, elle fonde l’institut Notre-Dame du Bon-Conseil qui allait ouvrir des centres sociaux dans les quartiers défavorisés de Montréal. Dans sa vie, Marie Gérin a mené beaucoup de luttes pour les femmes, pour leur accès à l’éducation, droit de vote, droit des femmes mariées à recevoir elles-mêmes leur salaire, etc.

Marie Guérin-Lacoste est décédée à Montréal, 1er novembre 1945.