Chapitre 4 Stratification, hiérarchie et mobilité sociale

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CHAPITRE 4 Stratification, hiérarchie et mobilité sociale Marie Ferru Maître de Conférences en économie Université de Poitiers [email protected]

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Marie Ferru Maître de Conférences en économie Université de Poitiers [email protected]. Chapitre 4 Stratification, hiérarchie et mobilité sociale. I. Etude de la société au regard des classes sociales?. Une classe sociale?. Pas de définition universellement acceptée - PowerPoint PPT Presentation

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CHAPITRE 4

Stratification, hiérarchie et mobilité sociale

Marie Ferru

Maître de Conférences en économieUniversité de [email protected]

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Une classe sociale?

• Pas de définition universellement acceptée• Dans son sens le plus large: groupe social de grande

dimension pris dans une hiérarchie sociale de fait• Selon la tradition marxienne: collectifs structurés par une

position spécifique dans le système économique définie notamment au travers de la propriété des moyens de production, marqués par un conflit central (l’exploitation), animés éventuellement par la conscience collective

• Selon la tradition weberienne : groupes d’individus semblables partageant une dynamique probable similaire sans qu’ils en soient nécessairement conscients somme d’individus que le chercheur décide d’assembler selon ses critères propres

I. Analyse en termes de classes sociales

II. Une mesure des inégalités économique et sociale

III. Question de la mobilité sociale

IV. Conclusion

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Intérêt et enjeux

• Dans toutes les sociétés : groupes sociaux hiérarchisés, des classes!– Relations entre les groupes?– Egalité ? domination?

Pose la question des inégalités économiques et sociales

• Comment évolue ces groupes sociaux?– L’individu est-il déterminé par son origine sociale?– Peut-il s’en affranchir?– Quelle égalité des chances?

Pose la question de la mobilité sociale• Comment mesurer ces inégalités et la mobilité

sociale?

I. Analyse en termes de classes sociales

II. Une mesure des inégalités économique et sociale

III. Question de la mobilité sociale

IV. Conclusion

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Outil d’analyse: les PCSLes PCS (Professions et Catégories Socioprofessionnelles ) •Objectifs:

•« Classer l’ensemble de la population, ou tout au moins l’ensemble de la population active, en un nombre restreint de grandes catégories présentant chacune une certaine homogénéité sociale »• Étude des métiers, consommation, épargne, logement, etc.•Mesurer les transformations de la stratification sociale

•Créé par l’INSEE en 1954, modifiée en 1982•Anciennement CSP (catégories socio-professionnelles)•Classement de plus en plus précis•Critères de classification

•Statut•Secteur d’activité économique•Taille entreprise•Niveau de qualification•Classification ou hiérarchie au sein de l’entreprise•Nature de l’employeur•Type de métier

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I. Analyse en termes de classes sociales

II. Une mesure des inégalités économique et sociale

III. Question de la mobilité sociale

IV. Conclusion

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PCS• Remarques

•Revenu non intégré•Chômeurs classés en fonction de leur dernier emploi•Comportements des acteurs induits par ces critères de classification?

• 4 niveaux : 8, 24, 42 et 497 catégories. Liste complète : http://www.insee.fr/FR/nom_def_met/nomenclatures/prof_cat_soc/html/L03_N1.HTM

• 8 catégories principales•Agriculteurs exploitants•Artisans, commerçants, chefs d’entreprise•Cadres et professions intellectuels supérieures•Professions intermédiaires•Employés•Ouvriers•Retraités•Autres personnes sans activité professionnelle

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I. Analyse en termes de classes sociales

II. Une mesure des inégalités économique et sociale

III. Question de la mobilité sociale

IV. Conclusion

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PCS

• « Outil français » • Limites des PCS

– Aucune distinction selon les formes de contrats (CDD, CDI, temps partiel, etc.)

– Autres grandes distinctions sociales• Mode de vie familiale (familles monoparentales ou

non)• Lieux d’habitat (centre ville, banlieue, etc.)• Origines ethniques et pratiques religieuses

– Centralité du rapport au travail– Masque la domination liée aux rapports sociaux

(critique des sociologues marxistes)Certaines PCS sont très hétérogènes

Pour aller plus loin « les CSP ne font pas les classes », Alternatives économiques n°29

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I. Analyse en termes de classes sociales

II. Une mesure des inégalités économique et sociale

III. Question de la mobilité sociale

IV. Conclusion

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PCS

1962 1975 1982 1990 2002

Agriculteurs exploitants 15.9 7.8 6.4 4.1 2.4

Artisans, commerçants, chefs d'entreprise 10.9 8.1 7.9 7.3 5.6

Cadres et professions intellectuelles supérieures 4.7 7.2 8.2 10.9 13.9

Professions intermédiaires 11.0 16.0 17.0 19.0 20.7

Employés 18.4 23.5 26.9 27.9 29.8Ouvriers 39.1 37.4 33.6 30.8 26.6Ensemble 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0

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•Evolution des PCS: 1962-2002

•Interprétations:•Part des salariés est largement prédominante (>90%)•Groupe des agriculteurs en baisse : niveau résiduel très faible•Poids cumulé des 2 groupes « cadres et professions intellectuelles supérieures » et »professions intermédiaires »=1/3 importance des salariés très ou assez qualifiés•Groupe le plus nombreux: les employés, en majorité des femmes•Le monde des employés devient hétérogènes par ses conditions de travail et d’emploi et ses frontières deviennent plus perméables

I. Analyse en termes de classes sociales

II. Une mesure des inégalités économique et sociale

III. Question de la mobilité sociale

IV. Conclusion

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Inégalités et mobilité sociales • L’analyse en termes de PCS

– Permet une mesure des inégalités économiques et sociales et de leur évolution

• Définition des inégalités économiques et sociales: – Différences qui se traduisent par des avantages ou des

désavantages qui sont perçues comme injustes – C’est une différence subie

– Renvoie à la question de la mobilité sociale?• Dans quelle mesure les statuts sociaux sont héritables?

Quelle égalité des chances?• Définition de la mobilité sociale

– Circulation des individus d’une société donnée– Contraire: Immobilité (stabilité des positions sociales)

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I. Analyse en termes de classes sociales

II. Une mesure des inégalités économique et sociale

III. Question de la mobilité sociale

IV. Conclusion

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Mesure des inégalités économiques et sociales

  2008Artisan, commerçant, chef d'entreprise 20 800Cadre (A) 30 760Profession intermédiaire 22 660Employé 18 600Ouvrier qualifié 17 910Ouvrier non qualifié (B) 16 070Ensemble 18 990Rapport (A)/(B) 1,91

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I. Analyse en termes de classes sociales

II. Une mesure des inégalités économique et sociale

III. Question de la mobilité sociale

IV. Conclusion

Niveau de vie médian selon la catégorie socioprofessionnelle

Sources : Insee-DGI, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux rétropolées 1996 à 2004, Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux 2005 à 2008.

Lecture : En 2008, la moitié des cadres disposent d'un niveau de vie supérieur à 30 760 euros.

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Inégalités économiques et sociales

• Au 17ème siècle, l’écart entre la noblesse et la paysannerie en termes de revenus, de conditions de vie était bien plus grand qu’aujourd’hui entre les cadres et les ouvriers

• Pendant les 30 glorieuses, réduction des inégalités économiques et sociales• De 1962 à 1979, la partie de la population la plus modeste a

connu un enrichissement nettement plus rapide que la plus aisée

• Croissance puis décroissance des inégalités courbe de Kuznets

• « Egalisation des conditions » dans les sociétés démocratiques (Tocqueville)

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I. Analyse en termes de classes sociales

II. Une mesure des inégalités économique et sociale

III. Question de la mobilité sociale

IV. Conclusion

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• Depuis une trentaine d’années, la courbe semble s’inverser inégalités croissantes– Inégalités de revenu : augmente à nouveau

depuis 1984 de plus en plus de salariés pauvres

– inégalités de patrimoine beaucoup plus amples (loyers, dividendes, intérêts des placements, etc.)

– Inégalités d’exposition au chômage et au travail précaire

– Inégalités sociales : face à l’école, au logement, à la santé

Pour les plus riches, hausse de l’immobilier et des titres financiers dans les années 1990-2000

Pour les plus pauvres, précarité et exposition au chômage dus à la crise

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I. Analyse en termes de classes sociales

II. Une mesure des inégalités économique et sociale

III. Question de la mobilité sociale

IV. Conclusion

Inégalités économiques et sociales

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Mobilité sociale Outil et tendance• Les tables de mobilité

– Tables de recrutement: que faisaient les pères de ces agriculteurs?

– Tables de destinée: que deviennent les fils d’agriculteurs?– Deux tables différentes: une très grande partie des

agriculteurs ont un père qui était lui-même agriculteurs mais beaucoup de fils d’agriculteurs ne sont pas devenus agriculteurs

• Indicateur global d’immobilité• À partir des valeurs absolues de la table des destinées:

somme des valeurs diagonale / somme totale observations• Tendance 1977-2003

– Augmentation entre 1977-1993 (+8 points)– Stabilité entre 1993 et 2003

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I. Analyse en termes de classes sociales

II. Une mesure des inégalités économique et sociale

III. Question de la mobilité sociale

IV. Conclusion

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Mobilité sociale inter-générationnelle

CSP fils (ligne) CSP père (colonne)

Agric. Indép. CadresProf.

Interm.Employés Ouvriers

Sans prof.

Total

Agriculteurs 21.5 8.7 7.2 14.7 7.6 39.6 0.7 100.0

Indépendants 0.9 22.2 20.9 22.0 9.5 23.6 0.9 100.0

Cadres 0.8 7.8 51.4 24.4 7.5 7.1 0.9 100.0

Prof. intermédiaires 0.4 8.3 27.7 33.0 10.2 19.3 1.0 100.0

Employés 0.5 7.6 17.5 27.2 16.7 29.4 1.1 100.0

Ouvriers 0.6 7.9 7.4 20.0 11.2 51.9 1.0 100.0

Total 3.9 9.8 15.7 22.0 10.8 36.9 0.9 100.0

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Lecture: dernière ligne: 3,9% sont des agriculteurs au moment de l’enquête 51,9% des fils d’ouvriers nés entre 1950 et 1995 sont eux même ouvriers

Tableau des destinées de personnes nées en 1950 et 1955 (version 2003) devenir de fils de telle ou telle catégorie

I. Analyse en termes de classes sociales

II. Une mesure des inégalités économique et sociale

III. Question de la mobilité sociale

IV. Conclusion

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Mobilité sociale inter-générationnelle

• Interprétations– Immobilité sociale relativement faible (cf.

diagonale, beaucoup de % < à 50%)– Pas de parfaite égalité des chances toutefois (si

égalité des chances, même chiffres colonne par colonne, autant de fils d’agriculteurs qui deviennent cadres que des fils d’employés)

– Fluidité : mobilité sociale pas toujours ascendante (exemple, fils de cadres qui deviennent employés)

– Mobilité entre CSP proches– Mais des catégories plus nettement immobiles:

cadres et ouvriers

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I. Analyse en termes de classes sociales

II. Une mesure des inégalités économique et sociale

III. Question de la mobilité sociale

IV. Conclusion

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• Comparaison entre deux enquêtes FQP: 1993 et 2003– 1993: 35,1% d’immobilité sociale (identité de catégorie entre

homme et père)– 2003: 36,2% d’immobilité sociale

• Avant 1993, la comparaison entre enquêtes faisait apparaître une augmentation de la mobilité

• Part de la mobilité qui est « structurelle » : conséquence du changement global de la structure sociale

– Ex: déclin du monde agricole et augmentation de l’emploi tertiaire

• Reste la « mobilité nette » : la mobilité qui ne résulte pas du seul changement structurel « Fluidité sociale » – En augmentation lente mais régulière en France entre 1953 et

1993.– De faibles différences de fluidité sociale selon les sociétés

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Mobilité sociale

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II. Une mesure des inégalités économique et sociale

III. Question de la mobilité sociale

IV. Conclusion

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Mobilité sociale Déterminants/ facteurs de mobilité sociale

– Renvoie à un débat déjà rencontré: Holisme / IM– Evolution des structures économiques Modification des

emplois – Mais qui circule et pourquoi?

• L’insertion professionnelle est liée au niveau de diplôme– 57% des jeunes sortis avec un master de lettres et sciences

humaines occupaient trois ans après leur diplôme un emploi de cadre contre 14% de l’ensemble de la génération (CEREQ, 2004).

– La moitié des jeunes sortis sans qualification occupe un emploi d’ouvrier, contre 24% en moyenne et 73% des détenteurs de CAP-BEP industriels.

• Toutefois , à qualification égale, des inégalités de genre, régionales,…– Débat Bourdieu / Boudon– Poids de l’héritage culturel et des inégalités sociales face à l’Ecole

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Taux de chômage selon le diplôme, le sexe et la durée depuis la sortie de formation initialeAnnée 2009

Hommes FemmesEnseignement

supérieurBac, CAP-BEP et équivalents

Brevet, CEP et sans diplôme

Ensemble

Sortis depuis 1 à 4 ans de formation initiale

22,2 18,2 9,6 23,1 49,2 20,2

Sortis depuis 5 à 10 ans de formation initiale

10,4 10,7 4,8 11,9 26,5 10,5

Sortis depuis 11 ans et plus de formation initiale

6,6 7,5 4,3 6,3 10,8 7,0

Source : Insee, enquêtes Emploi.

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II. Une mesure des inégalités économique et sociale

III. Question de la mobilité sociale

IV. Conclusion

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Mobilité sociale

• La mobilité sociale thème central des sociétés contemporaines à idéologie méritocratique (« ascenseur social », etc.)

• De puissants processus conduisent à des évolutions lentes et à de très fortes inerties

• Un objet essentiel pour la sociologie des classes et des changements sociaux : la question des effets de la mobilité– Faut il nécessairement plus de mobilité sociale? – Est-ce une bonne chose?

• Aspects négatifs de la mobilité sociale– Incertitudes– Individualise l’échec– Une société plus mobile n’est pas forcément plus

égalitaire

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I. Analyse en termes de classes sociales

II. Une mesure des inégalités économique et sociale

III. Question de la mobilité sociale

IV. Conclusion

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En résumé

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I. Analyse en termes de classes sociales

II. Une mesure des inégalités économique et sociale

III. Question de la mobilité sociale

IV. Conclusion

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Inégalités et classes sociales ?

1er temps: jusqu’aux années 80

• Tertiairisation• Division des classes sociales

de moins en moins claire• Réduction des inégalités

sociales avec les 30 glorieuses

• « Moyennisation » de la société part importante de la population en situation intermédiaire

• Développement de la thèse selon laquelle le concept de classe sociale perd de la pertinence

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2ème temps: fin des années 80

• Baisse des inégalités interrompue

• Mobilité sociales ascendante moins favorisée

• Affaiblissement de la conscience des classes – même si les inégalités

augmentent, – même si la reproduction

sociale reste forte, – même si les modes de

vie des ouvriers et des cadres restent différents

I. Analyse en termes de classes sociales

II. Une mesure des inégalités économique et sociale

III. Question de la mobilité sociale

IV. Conclusion