Chapitre 4 de la " Lettre à tous les résignés et indignés qui veulent des solutions "

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Chapitre 4 de la " Lettre à tous les résignés et indignés qui veulent des solutions " de Ségolène Royal : Construisons les Forces Citoyennes !

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4/ Construisons les forces citoyennes

Jamais les inégalités n’ont à ce point disloqué le pays, mis en péril son avenir et miné la confiance. C’est cela qui pousse à la résignation.

Vivre et pas seulement survivre

Chômage de masse et de longue durée, antérieur à la crise et aggravé par elle ; précarisation généralisée : plus de 85 % des intentions d’embauche des entreprises concernent des contrats à durée déterminée dont 60 % des intentions d’embauche inférieures à un mois ; nombre de jeunes cherchant en vain à forcer la porte du marché du travail et tant d’autres y renonçant ; surendettement des familles, qui touche de plus en plus de petits retraités. La difficulté de se loger, de payer son loyer, ses charges et tout simplement de boucler ses fins de mois, sont devenues une menace pour deux Français sur trois.Alors les Français veulent vivre et pas seulement survivre, c’est cela l’enjeu de 2012. Jamais le partage de la valeur ajoutée n’a autant favorisé le capital au détriment des salaires. Ce ne sont pas seulement des slogans. Ce sont des preuves, des faits que l’on trouve dans tous les rapports qui viennent d’être publiés, quels que soient les organismes concernés. Non, le partage de la valeur ajoutée n’a jamais autant favorisé le capital au détriment des salaires.Les écarts croissants entre les revenus du patrimoine et ceux du travail nous ramènent des décennies en arrière : les uns s’enrichissent, les autres voient leur pouvoir d’achat stagner ou s’appauvrissent. La France redevient une société profitable aux rentiers et dure pour tous les autres. Les patrons du CAC 40 ont gagné en moyenne l’an passé 200 fois le SMIC. Le total des rémunérations des dirigeants de grandes entreprises a atteint 98,3 millions d’euros soit une hausse de 25 % en moyenne. Quand tant de salariés mais aussi de patrons de PME, artisans, commerçants, professions libérales, agriculteurs, retraités, sont en grande difficulté. Le gouvernement soumet à l’impôt les indemnités des accidentés du travail mais le Trésor public continue de faire de gros chèques aux plus fortunés sous l’effet cumulé de l’ISF et du bouclier fiscal. Et pendant ce temps-là, les services publics, de l’Education à la Justice, de la police à la Santé en passant par La Poste sont, eux, durement rationnés et de moins en moins en mesure d’assumer leur mission.Tout cela n’est pas fatal ! Nous pouvons résister aux crises et reconquérir notre pouvoir d’agir. Nous avons une responsabilité individuelle et collective vis-à-vis de la France.Ne nous replions pas sur nous-mêmes, bien que la tentation soit très forte. Et comment ne pas comprendre ceux qui sont dans la précarité, qui se replient sur eux-mêmes et qui n’ont même plus envie d’imaginer un destin collectif ? Partout où je vais je rencontre des citoyens accablés de recevoir autant de coups sur la tête, tantôt découragés de reprendre leur destin en main, tantôt impatients de pouvoir le faire. Et bien, pour lutter contre le découragement et l’abstention, et pour soutenir l’impatience des Français qui veulent que ça change, nous devons nous mettre en mouvement. Car c’est clairement un déficit démocratique qui explique tant de dérives.

Les forces citoyennes

C’est la puissance des forces citoyennes imaginatives et audacieuses. Et pour porter des idées conformes à l’intérêt général, redonnons au pays confiance dans ses talents et ses savoir-faire:

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— Les forces citoyennes pour que la justice sociale et l’efficacité économique marchent ensemble, avec l’efficacité écologique.— Les forces citoyennes pour défricher le gisement d’emplois durables, de pouvoir d’achat et de bien-être qu’apportera la révolution écologique.— Les forces citoyennes pour mettre en place une véritable politique industrielle qui donnera un nouvel élan au désir d’entreprendre pour tous ceux qui veulent créer et qui fera reculer les déficits et les dettes.— Les forces citoyennes pour aider nos entreprises à anticiper, à innover, à accéder plus facilement aux crédits par une banque publique d’investissement.— Les forces citoyennes pour soutenir les formes de coopératives de production, et aussi ce qu’on appelle les circuits courts qui permettent aux paysans de recevoir le juste prix de leur travail sans qu’il soit confisqué par les circuits de distribution.— Les forces citoyennes pour ne pas accepter que la santé et l’hôpital public soient soumis au pouvoir de l’argent, et à une comptabilité qui remet en cause le droit d’accès égal aux soins et les conditions de travail des personnels soignants.— Les forces citoyennes pour défendre en l’améliorant notre système de protection sociale que convoitent les assurances privées, qu’il s’agisse de la retraite ou de la dépendance. Regardez donc le nom des personnes qui possèdent ces fonds de pensions et ces assurances privées.— Les forces citoyennes pour penser un nouvel équilibre des temps de la vie familiale et professionnelle. Des temps de formation et de travail, des temps de culture et de loisirs.— Les forces citoyennes pour remettre l’école au cœur de la République, car elle doit être le premier investissement de la nation et la plus exigeante de ses obligations de résultats pour l’égalité des chances et pour la lutte contre la violence scolaire.— Les forces citoyennes pour remettre d’aplomb le fonctionnement de nos institutions, en bannir la confusion des rôles et des genres, et veiller à l’équilibre des droits et des devoirs de chacun. Je pourrais allonger la liste, car tant de choses seront à faire. Mais mon propos ici n’est pas de dresser un catalogue. C’est de donner un sens profond à la citoyenneté politique.

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