Chapitre 29 Les Fondements Des Échanges Internationaux

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  • 8/10/2019 Chapitre 29 Les Fondements Des changes Internationaux

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    CHAPITRE 29 LES FONDEMENTS DES CHANGES INTERNATIONAUX 489

    2 9

    Les fondementsdes changes internationaux

    Lexistence de relations conomiques internationales est bien tablie, historiquementtout autant que dans les faits de notre vie quotidienne. Son explication est moinsvidente. Lintrt de partir dune rflexion thorique sur le sujet est de fournir uncadre de raisonnement dans lequel puissent sinsrer naturellement les multiplesdimensions de la vie conomique et financire internationale.

    La section 29.1 traite des aspects rels des changes internationaux. Le pourquoi de ces changes est luciden exposant la clbre thor ie des avantages compars . La section 29.2 aborde ensui te les aspects montai res et financiers de ces changes. Les taux de change entre les grandes monnaies du monde et leurs dter- minants sont analyss, ainsi que les rgimes montai res internat ionaux dans le cadre desquels les pays du monde structurent leurs relations montaires. Enfin, on signale quil existe de nos jours une offre de monnaie internationale, lintervention du Fonds Montai re Int ernat ional , qui exerce lchelle mondiale certaines fonctions dune banque centrale.

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    490 PARTIE IV ANALYSE CONOMIQUE INTERNATIONA

    Section 29.1Les aspects relsdes changes internationaux

    La question de base laquelle cherchent rpondre les thories du commerinternational est apparemment simple : pourquoi les pays changent-ils ? premire rponse systmatique et rigoureuse, allant bien au-del de ce que suggsimplement lintuition, a t apporte par lconomiste britannique DavRICARDO (17721824) sur la base dun argument trs convaincant qui portnom de thorie des avantages compars.

    1 La thorie des avantages comparset les gains de lchange international

    Il est assez facile dadmettre que mme si deux pays, A et B, sont capableproduire des biens semblables, chacun a intrt se spcialiser dans les produo ses cots sont moindres que ceux que devrait supporter lautre pays. A produles biens pour lesquels il est le plus avantag et en exportera une partie vers Bchange de quoi il pourra importer de B les produits pour lesquels ce dernier esmeilleur. Ainsi, ds que A bnficie dun avantageabsolu pour certaines productionstandis que B dispose dun tel avantage pour dautres, il y a matire spcialisaet changes. Telle est la premire explication simple que lon peut don lexistence du commerce international.

    Mais la thorie de Ricardo va beaucoup plus loin. Elle nous dit quemme si A dispose d un avantage absolu sur B dans la fabrication de tous lesproduits, il y a n anmoins int rt pour les deux pays ce que chacun d eux sespcialise dans les productions pour lesquelles son avantage est relativement (ou comparativement ) plus important, et recoure aux produits de l autre dans lesdomaines o sa sup riorit est relativement moindre.

    La contribution essentielle de Ricardo est davoir montr par l que les possibildchanges mutuellement bnfiques sont beaucoup plus larges que celles offepar les seuls avantages absolus; car en fait il existe pratiquement toujours des avtages (ou des dsavantages) comparatifs entre nations. Examinons cette thoplus en dtail.

    a HypothsesLargumentation ricardienne est prsente ci-aprs sous sa forme la plus simpdeux pays et deux biens seulement, et cadre dhypothses suivant : (i ) les facteursde production sont immobiles internationalement et disponibles en quantits fixeet homognes; (ii ) le march des facteurs est en concurrence parfaite, ce qimplique notamment leur mobilit parfaite au sein dun pays entre les productio

    29.1

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    des divers biens; (iii ) les rendements dchelle dans la production des produitssont constants; (iv ) dans chaque pays se ralise un quilibre gnral walrassien,impliquant notamment le plein emploi de ses facteurs ; (v ) les fonctions deproduction dun mme bien diffrent dun pays lautre; (vi ) enfin, on supposeque tous les facteurs existants peuvent tre ramens, sous forme dquivalent-travail, un facteur unique.

    b Donnes du problmeConsidrons alors les pays A et B, les biens bl et tissu, et les possibilits de productiondfinies par le tableau 29.1. Ce tableau tonnamment simple contient linformationsuffisante pour prouver la thse centrale du commerce international.

    Deux conomies en autarcie

    Tableau 29.1

    Pays A Pays BRessources* 800 jours 600 jours

    Cot unitaire * du bl 1 jour 3 joursCot unitaire du tissu 2 jours 4 jours

    * valuation en journes de travail

    Figures 29.1

    Une premire information donne par cetableau est que si le pays A consacre toutes sesressources (exprimes en journes de travail,soit 800) la fabrication de bl, il en produiten autarcie un maximum de 800 units; silutilise ces mmes ressources pour produire dutissu, il en ralise au maximum 400 units. Demme, pour le pays B, ses productions maxi-males de bl et de tissu, pour des ressourcestotales de 600 jours de travail, sont respecti-vement de 200 et de 150 units.

    De faon plus gnrale, les possibilits deproduction des pays A et B peuvent trereprsentes sous la forme des deux droitesapparaissant sur la figure 29.1.

    Une seconde information apporte parle tableau est que les cots unitaires de pro-duction (en jours de travail) sont plus levsdans le pays B que dans le pays Apour les deux produits . Le pays A dispose donc davantagesabsolus sur deux plans : ses ressources sontplus abondantes, et ses cots de productionsont moindres.

    Une dernire information fournie par letableau est le montant de production dun desdeux biens quil faut sacrifier, dans chacun des

    deux pays, pour obtenir une unit supplmen-taire de lautre bien.Au sein du pays A, le taux de substitution

    du tissu au bl est de + = 2 1 2 ; en dautrestermes, le cot dopportunit du tissu enterme de bl est de 2. Dans le pays B, ce mmetaux est de ( ) + = 4 3 1 4 3 ; en dautrestermes, le cot dopportunit du tissu enterme de bl est de 4/3.

    0

    E A

    TISSU

    BL

    200

    400

    200 400 600 800

    Pays A

    0

    E B

    TISSU

    BL

    200

    400

    200 400 600 800

    Pays B

    75

    150

    100

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    linverse, les taux de substitution du bl au tissu sont respectivement de 1/2dans le pays A et de 3/4 dans le pays B.

    Comme nous supposons que ces taux restent les mmes quel que soit le nivede production des deux biens, les rendements dchelle sont constants, ce qui dale graphique se traduit par desdroites de possibilit de production.

    Supposons encore que dans chaque pays, lorsquil vit en autarcie, lquilisur les marchs des produits se ralise (par la rencontre entre loffre et la demanaux montants indiqus sur la figure 29.1 par les pointsE A etE B, pour les pays A et Brespectivement. Ces points dquilibre (gnral) doivent se situer sur la frontirepossibilits de production puisque le plein emploi des facteurs est suppos, maisne peuvent videmment se trouver au del, tant donn la limitation des ressourc

    c La thseLa question principale peut maintenant tre pose : y a-t-il intrt et pour qu passer de cette situation dautarcie pour A comme pour B une situation dalaquelle les deux pays changeraient? La rponse est dautant moins vidente

    le pays A, nous lavons vu, bnficie de ressources plus abondantes au dpart, aque, pour les deux produits, de cots de production moindres, que le pays B. thse fondamentale de la thorie des avantages compars est alors la suivanteSi chaque pays se sp cialise dans la production du bien pour lequel son co tdopportunit est le plus faible, la quantit totale des biens produits est plus grandeque s ils produisent tous deux ces deux biens; apr s spcialisation, chacun peutobtenir l autre bien par voie d change, et ce en plus grande quantit que sillavait produit lui-m me.

    Les deux pays pouvant ainsi gagner lchange, ils ont intrt se spcialis

    En dmontrant ci-dessous cette proposition, nous ferons surtout apparatre o se situe le gainlchange, et comment celui-ci est susceptible dtre partag entre les deux pays.

    Si, partant du pointE A sur le graphique de gauche de la figure 29.2, le pays A dcidaitproduire une unit supplmentaire de bl, il lui en coterait 1/2 unit de tissu (mouvementde E A versE A). Mais, si cette nouvelle unit de bl tait propose B (dont lquilibre se situeE B), ce pays pourrait rduire sa propre production de bl dune unit; et il librerait ainsi dressources permettant de produire 3/4 unit de tissu, en plus des 75 units quil fabriquait d(mouvement deE B versE B). Trois cas sont alors possibles :

    1 Si B proposait A deux de ses trois quarts de tissu, en change de lunit de bl, le paen les acceptant se retrouverait exactement enE A (consommant 400 units de bl, qui rsultentdune production de 401moins lexportation dune unit vers B; et 200 units de tissu, rsultadune production de 199,5plus 1/2 unit importe de B en change du bl).Le pays B, quant

    lui , se retrouverait E *

    B, cest--dire mieux quen E B et au-del de la frontire des possibilits de BIl disposerait en effet de 100 units de bl (dont 99 produites,plus 1 importe) et de 75+ 1/4units de tissu (dont 75+ 3/4 produites,moins 2/4 exportes en change de bl).

    2 Si cependant B proposait A la totalit des 3/4 de tissu supplmentaires quil peut produiregrce aux ressources libres par lunit de bl importe, B se retrouverait exactement enE B (100units de bl rsultant de la production de 99 unitsplus limportation de 1 unit ; et 75 de tissursultant dune production de 75+ 3/4,moins 3/4 export en change de bl). Par contre,le pays A se retrouverai t en E

    *

    A, cest- -dire mieux quen E A, et au-del de la frontire des possibilits deA, car consommant toujours 400 de bl (production de 401moins exportation de 1), mais cettefois 200+ 1/4 de tissu (production de 199,5 unitsplus importation de 3/4 en change du bl).

    29.2

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    3 Enfin, si les deux pays sentendent sur un taux dchange du bl contre le tissu comprisentre les deux cas que nous venons dexaminer, cest--dire entre 1

    /2 et 3

    /4 de tissu pour 1 de bl

    (bornes non comprises), les deux pays gagnent lchange . titre dexemple, supposons unrapport de 5/8. Les situations aprs change sont les suivantes :

    la consommation de bl est de 400= 401 (production) 1 (exportation),et celle de tissu de 200+ 1/8 = 199,5 (production)+ 5/8 (importation);la consommation de bl est de 100= 99 (production)+ 1 (importation),et celle de tissu de 75+ 1/8 = 75 + 3/4 (production) 5/8 (exportation).

    Les deux pointsE +A et E +B, qui reprsentent lesconsommations aprs changes, se trouvent endehors des droites de possibilit deproduction des deux pays.

    Cette dmonstration est dautant plus convaincante que largument peut tre tendu unnombre plus grand dunits changes de bl et de tissu. Mais il existe videmment des limites ces quantits, savoir le montant maximum de bl que le pays A peut produire ainsi que le

    montant maximum de tissu que le pays B peut fabriquer. Dans lexemple des graphiques suivants(figure 29.3), on voit que A est capable de produire jusqu 800 units de bl et B jusqu 150units de tissu ; si lchange porte ensuite sur 100 units de tissu contre 160 units de bl (donc autaux de 100/160= 5/8 de tissu contre 1 de bl), les deux pays se trouvent finalement enE A etE B,cest--dire tous deux dans une situation quils nauraient pu atteindre en autarcie.

    Figures 29.2 Gains de lchange pour une unit de bl

    Pays A (pointE +A)

    Pays B (pointE +B)

    Figures 29.3 Les deux conomies aprs change

    0

    E A

    TISSU

    BL

    200

    400 401

    Pays A

    200+ 1/4

    E A

    199,5

    E *

    A

    E +

    A

    0

    E B

    TISSU

    BL99 100

    Pays B

    75 + 3/4

    E B75

    E *

    B

    E +

    B

    75 + 1/4

    0

    E A

    TISSU

    BL

    200

    400

    200 400 600 800

    Pays A

    0

    E B

    TISSU

    BL

    200

    400

    200

    Pays B

    75

    150100

    E A E B

    800 unit s produites 160 160

    e x p o r t s p a r A imp ort s p a r B

    1 0 0

    p r o

    d u

    i t s

    1 5 0

    im p o rt s p a r A

    e x p o r t s p a r B

    100

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    2 Extensions de la thorie des avantages compars

    Plusieurs aspects de la thorie des avantages compars telle quelle vient dillustre ont fait lobjet, soit de gnralisations, soit de dpassement. Dans le cade ce manuel introductif, seuls quelques lments seront discuts.

    Un premier aspect est que lanalyse a t tendue plus de deux biens et plusdeux pays. Les conclusions quant aux effets bnfiques de louverture intertionale restent fondamentalement les mmes.

    Plus dlicate est la question des rendements dchelle. Si lhypothse de coconstants est abandonne au profit de rendements dcroissants et de cots croisants, les courbes de possibilit de production se modifient et deviennent concavpar rapport lorigine (figures 29.4). La concavit de ces courbes reflte lexistde cots dopportunit croissants dans la substitution entre facteurs de productioet correspond une pente de plus en plus forte de la courbe des possibilits production. Dans le cas de deux biens, lorsquon veut augmenter la production bl dune unit, il faut renoncer la fabrication de quantits de plus en plimportantes de tissu, et vice versa.

    nouveau le rsultat principal est maintenu : chaque pays a encore avantagse spcialiser dans la production pour laquelle il a lavantage relativement le plev (ou le dsavantage relativement le plus faible), et exporter une fractionce produit en change dexportations manant de lautre pays.

    Cependant, par suite des cots relatifs croissants, la spcialisation ne segnralement pastotale . Un pays donn pourra produire une certaine quantit desdeux produits parce que mme le bien relativement le moins avantageux produdans ce pays peut tre caractris par des cots suffisamment faibles pour rescomptitif, lorsque son niveau de production est suffisamment petit. Dans lfigures 29.4, le pays A consomme et produit enE A lorsquil est autarcique, tandisque le pays B consomme et produitE B. Les pentes tant diffrentes en ces point

    entre les deux pays (soit

    1/2 et

    3/4), il y a intrt se spcialiser. Cependanen E A et E B, les pentes (et donc les taux de substitution) deviennent les mmesoit 3/5, mettant fin au processus de spcialisation.

    Figures 29.4 Limites de la spcialisation

    0

    E A

    TISSU

    BL

    Pays A

    E A

    12pente =

    35

    pente =

    0

    TISSU

    BL

    Pays B

    E B 34

    pente =

    E B 35

    pente =

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    provient des exportateurs locaux (lorsquils ramnent au pays les sommes collecpar eux ltranger) et des importateurs trangers (pour payer les achats qufont sur place). Ceci est illustr la figure 29.5 (graphique de gauche) poumarch du dollar sur une place financire europenne quelconque, comm

    Bruxelles par exemple.Comme les mmes considrations peuvent sappliquer au march de leuroNew York pour autant que lon inverse les rles des demandeurs et des offrede la monnaie trangre, qui est ici leuro, le graphique de droite de la figure 2illustre ce dernier march.

    b Dterminants montaires et financiers des cours du changeLoffre et la demande des monnaies ne se dterminent pas seulement par lchanges commerciaux de biens et de services. Elles rsultent aussi des chandactifs montaires et financiers. On peut distinguer ici des oprations de crinternational court et long terme.

    En matire decrdi t cour t terme , il existe un grand nombre dorganismesspcialiss, de type bancaire, qui, disposant de dpts de types divers, les prtecourt terme des emprunteurs dans diffrents pays. Ces capitaux flottantreprsentent des sommes considrables (au niveau mondial, plusieurs dizainesmilliards deuros).

    Ces capitaux flottants se dirigent vers tel ou tel pays suivant que le taux dint y est ou non relativement attrayant. Lorsquils arrivent dans un pays, ces capitse transforment en monnaie locale. Ils passent donc par le march des changes

    Figures 29.5 Dterminants rels des cours du change ( 5 /$ et $ / 5 )

    0

    E

    PRIXDE LEURO

    (EN DOLLARS)

    QUANTIT DEUROS

    March d e le u r o New York

    0,80

    0,90

    1,00

    1,10

    1,20

    Demanded euros

    Offred euros

    0

    E

    PRIXDU DOLLAR(EN EUROS)

    QUANTIT DE DOLLARS

    March du d o l l a r Bruxelles

    0,90

    1,00

    1,10

    1,20

    1,30

    Demandede dollars

    Offrede dollars

    1,11 C $0,90 $ C

    La demande de dollars est faite par : les importateurs europens de bl US les exportateurs US de bl vers lEuropeLoffre de dollars est faite par : les exportateurs europens de tissu vers les USA les importateurs US de tissu europen

    La demande deuros est faite par : les exportateurs europens de tissu vers les USA les importateurs US de tissu europenLoffre deuros est faite par : les importateurs europens de bl US les exportateurs US de bl vers lEurope

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    ont ainsi un effet sur le cours des monnaies (figure 29.6). Il y a en effet offre de lamonnaie trangre contre de la monnaie locale, et dplacement vers la droite de lacourbe doffre sur le march local de cette monnaie trangre. Lorsque ces capitaux flottants quittent le pays, il y a au contraire demande de la monnaie du pays dedestination, et donc dplacement vers la droite de la courbe de demande de cettemonnaie-l sur les marchs des changes. Ces mouvements peuvent provoquerdimportantes fluctuations de cours, fluctuations ventuellement accentues pardes mouvements spculatifs lorsquil y a des espoirs de changement dans les valeursrespectives des monnaies.

    Ceci fait comprendre quun pays puisse tre tent, dans le chef de sa banquecentrale, de relever ses taux dintrt afin dattirer des capitaux manant de prteurstrangers et dainsi faire remonter le cours de sa monnaie.

    Il existe par ailleurs plusieurs types de mouvements financiers internationaux long terme, dont les plus importants sont les investissements faits ltranger pardes entreprises et des particuliers. Pour comprendre la rpartition de ces massesfinancires entre les diffrents pays, les points de dpart considrer sont videm-ment le taux dintrt long terme et le taux de rentabilit des investissementsdans les divers pays.

    Les crdits pour investissements long terme ltranger dpendent donc de laVNA des projets dans les divers pays. Une fois prise la dcision dinvestir, lessommes financires entrent dans le pays travers son march des changes et sontdonc susceptibles daffecter le cours de sa monnaie sur ce march.

    Lensemble des facteurs montaires et financiers qui viennent dtre voqussajoute aux dterminants rels vus au point prcdent. Il faut donc combiner lesdeux paires de graphiques que nous avons prsentes (en additionnant horizonta-lement les courbes doffre et les courbes de demande dune mme monnaie) pourse faire une vue densemble des forces en jeu. Les taux de change dune monnaiepar rapport aux autres refltent ainsi, lorsquils se dterminent librement sur les

    Figures 29.6 Dterminants montaires et financiers des cours du change ( 5 /$ et $ / 5 )

    0

    E

    QUANTIT DE DOLLARS

    March du d o l la r Bruxelles

    1,11

    Importationseurop ennesde capitaux

    C $

    Exportationseurop ennesde capitaux

    D$

    O $ C O

    DC

    COURS DUCHANGE

    ( )

    0

    E

    QUANTIT DEUROS

    March d e le u r o New York

    0,90 Importationseurop ennesde capitaux

    Exportations

    europ

    ennesde capitaux

    COURS DUCHANGE

    ( )$ C

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    marchs, des facteurs conomiques trs divers, qui refltent la position du papar rapport aux autres. Sil existe une forte demande pour la monnaie dun pacest principalement parce que lconomie de ce pays offre des biens, des servou des opportunits attrayantes pour ltranger. Rciproquement, une offre massidune monnaie sur le march suggre que les activits et les perspectives du pcorrespondant ne sont gure encourageantes.

    2 Les rgimes montaires internationaux

    Lexpos qui prcde a prsent le mcanisme des changes dans le cadre de lhythse simple o les marchs des monnaies fonctionneraient selon la loi de loffrde la demande, et atteindraient tout moment un quilibre classique.

    Par rapport cette hypothse, la ralit montaire internationale a prsent cours de lhistoire la caractristique dtre un domaine majeur dintervention dtats, le plus souvent par lintermdiaire de leurs banques centrales. De plus, accords internationaux explicites ou tacites, dont certains sont rests en vigueur lde trs longues priodes, ont instaur des rgles diverses qui, lorsquelles formenensemble cohrent, portent le nom de rgimes montaires internationaux.

    Pour dcrire ces derniers, nous distinguerons ici le rgime des changes fluctuanle rgime des changes fixes, et le rgime des changes contrls.

    a Le rgime des changes fluctuantsPour quiconque a compris la loi de loffre et de la demande, le rgime montainternational dit des changes fluctuants (appel parfois aussi rgime des chanflottants) est le plus simple. Dans ce rgime en effet, les cours du change se formlibrement et selon cette loi, comme dans le cas de la formation des prix des autbiens. Les forces qui dterminent les cours sont prcisment celles qui ont identifies au paragraphe prcdent (ce dernier dcrivait donc implicitement urgime de changes fluctuants).

    Les cours du change sont qualifis ici de fluctuants en raison du fait que dupart les courbes doffre et de demande des diverses monnaies sont susceptiblesse dplacer dun jour lautre, et que dautre part les quilibres classiques tend sinstaurer systmatiquement sur ces marchs permettent aux cours dquilibde se modifier quotidiennement. Dans son principe, ce rgime ne requiert aucuintervention, ni des tats, ni des banques centrales. Donc :Dans le r gime de changes fluctuants la valeur des monnaies les unes par rapportaux autres n est pas dfinie par un acte gouvernemental ou autre; elle se constate simplement sur les march s.

    De mme lor qui sert de rfrence dans dautres rgimes ne joue aucrle particulier dans la dtermination de la valeur des monnaies. En revanche, sles marchs de lor des divers pays se forme le prix de celui-ci, exprim danmonnaies locales, en fonction des offres et demandes de ce mtal qui sy manifest

    Le rgime des changes fluctuants est celui qui prvaut actuellement dans le mooccidental dvelopp, et ce depuis 1973. Ce rgime est donc relativement rce

    29.3

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    Les rgimes montaires antrieurs ont systmatiquement cherch empcher les fluctuationsdes prix des monnaies, en raison de lopinion dominante selon laquelle ces fluctuations freine-raient les transactions commerciales internationales, ou les rendraient mme souvent impossibles.Largument invoqu tait quune modification du taux de change entre la commande dunemarchandise ltranger et son paiement entrane des pertes pour lacheteur en cas de hausse, etpour le vendeur en cas de baisse (notons quelle entrane aussi un gain dun montant quivalent

    pour lautre partie, dans chacun de ces deux cas).En fait, lvolution commerciale internationale sous le rgime des changes fluctuants admontr que cet argument ntait pas fond. Les pertes et gains voqus ne sont en effet pasinvitables, grce lexistence (et au dveloppement considrable depuis 1973) desmarchs du change terme .

    Pour comprendre comment ces marchs permettent de se prmunir contre les fluctuationsdes cours du change, considrons lexemple suivant. Soit une entreprise textile belge qui veutacheter aujourdhui 10000 balles de coton australien, via un bureau de vente New York. Cebureau lui communique : (1) le prix actuel dune balle (soit 100 dollars US, prix applicable si lecontrat est conclu maintenant); (2) le dlai de livraison (supposons 3 mois); (3) la forme depaiement exige et le moment de celui-ci (supposons au comptant, le jour de la livraison).Lentreprise constate en outre que le cours actuel du dollar US est de 1,30 S/$.

    Si lentreprise trouve le prix raisonnable et dcide aujourdhui de faire cet achat, elle doitprvoir une dpense de$ 1 000000 1,30 S/$ = 1300000 S . Cependant si, la livraison (dans 3mois), le cours du dollar Bruxelles est pass 1,32 S/$, la dpense sera en fait de 1320 000 S .Inversement, si elle trouve aujourdhui que 1300000 S est un montant trop lev et dcide de nepas acheter, il se peut que trois mois plus tard, le dollar tombe 1,25 S /$ Bruxelles; lentrepriseconstate alors que sa dpense aurait t de 1250000 S , ce qui ntait peut-tre pas excessif!

    Comment viter cette interfrence du cours du dollar dans la dcision dacheter ou non cecoton? Le problme pos nest pas celui de prvoir les cours de change, mais plutt de savoircomment rendre les effets des dcisions immdiates indpendants de ses variations.

    Notons tout dabord que, mme sans march terme, la firme peut se protger en achetanttout de suite des dollars 1,30 S /$ et en les conservant (placs en banque) jusqu la livraison.Mais pour cela, il faut quelle ait les liquidits ncessaires, ou quelle puisse les emprunter, ce quiest toujours coteux et parfois impossible.

    Lalternative est le recours au march terme : sur celui-ci, lentreprise peut acheter aujourdhui1000000$ livrer dans 3 mois . Le paiement en euros de ces dollars sera effectu au moment deleur livraison, mais le cours auquel ils sont achets est fix aujourdhui : cest ce quon appelle lecours terme (dans ce cas-ci, trois mois). Si le cours prsent du dollar trois mois est de1,30 S /$ par exemple, la firme est sre quelle paiera, dans trois mois, 1,3 million deuros, ni plusni moins ; si ce cours est de 1,27 S/$, ce montant sera, pour sr, de 1,270 million deuros; et si cecours est de 3,25 S/$, ce sera, galement pour sr, 3,250 millions deuros.

    En rsum, la firme peut donc choisir entre acheter des dollars maintenant au comptant et lesgarder, ou attendre et risquer une hausse ou une baisse du cours du dollar, ou enfin acheter desdollars terme. Logiquement, elle choisira cette dernire solution de prfrence la premirechaque fois que le cours du march terme ne dpasse celui du march au comptant que dunmontant infrieur au cot dopportunit de la somme en cause.

    Sur les marchs terme, les offreurs et les demandeurs nont pas ncessairement les mmesmotivations que les offreurs et les demandeurs sur les marchs au comptant. En effet, les mobilesprincipaux des premiers sont leurs anticipations quant aux cours futurs; celles-ci jouent parcontre un rle moindre, quoique non totalement ngligeable, dans les demandes et offres sur lesmarchs au comptant.

    Lutilisation des marchs terme nest toutefois pas toujours possible, notamment pour lespetites transactions. Ils noffrent donc pas une protection complte contre les fluctuations descours du change.

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    b Les rgimes de changes fixesLes caractristiques de ce rgime sont les suivantes :

    les marchs des changes fonctionnent librement dans chaque pays, maisbanque centrale y intervient, tantt comme offreur, tantt comme demandeude monnaies trangres, afin dinfluencer les cours dans le sens quelle jsouhaitable; les banques centrales dtiennent des rserves des monnaies sur les marchdesquelles elles veulent intervenir.La fixit des cours du change dans ce rgime est obtenue par la voie des in

    ventions des banques centrales sur les marchs des changes : en cas dcartcours observ dune monnaie trangre, en termes de la monnaie nationale, prapport au niveau dsir, la banque centrale offre ou demande la monnaie equestion pour faire baisser ou hausser le cours de celle-ci sur le march. On voipourquoi les rserves de monnaies trangres sont ncessaires.

    Ce nest que dans le cadre des rgimes de changes fixes que les termesd valuation et der valuation dune monnaie peuvent avoir un sens. En effet,dvaluat ion et rvaluation sont des d cisions politiques, prises par un tat, dechanger la parit de sa monnaie, c est--dire la d finition de celle-ci par rapport une ou plusieurs autres monnaies 1 ( la baisse dans le premier cas, la haussedans le second).

    Ces deux notions sont distinguer de ce que lon appelledprci ation ouapprciat ion dune monnaie phnomnes qui sobservent sur les marchdes changes, qui ne sont autres que des dplacements de lquilibre classiqet qui traduisent des modifications dans les conditions doffre et de demaninternationale de cette monnaie.

    c Les rgimes de changes contrlsSous un tel rgime,ltat, plut t que de laisser le march dterminer le taux de change des diversesmonnaies, accorde un taux fix par lui, pour les transactions qu il accepte, lesdevises disponibles ceux qui ont des paiements effectuer ltranger. D autrepart, le produit en monnaies trang res des exportations doit tre vers augouvernement qui donne en change, et selon un taux fixe, un montant enmonnaie nationale.

    Le contrle des changes est frquemment adopt par des conomies en dvelo

    pement ou en crise, et est le plus souvent prsent par les gouvernements commun rgime transitoire. Ainsi, dans le cas de pays conomiquement sous-dveloppil permet de dcourager lachat par les nationaux de biens trangers de luxe, lorsceux-ci sont jugs inutiles pour lconomie. Par contre, lachat de biens dqpement peut tre systmatiquement favoris. Ltat se sert ainsi du contrle dchanges pour canaliser les importations.

    1 Jadis par rapport lor. Mais depuis 1973, la rfrence lor a disparu, comme on la dit plus haut.

    29.2

    29.3

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    3 La liquidit internationaleet le Fonds montaire international

    Le problme dun degr adquat de liquidit se pose, non seulement au niveaudune conomie nationale, mais aussi au plan international. Comme dans le casnational, on a dabord t tent de faire reposer les instruments de la liquiditinternationale sur les rserves en or et les monnaies de rserve telles que le dollar.

    Cependant, au lendemain de la deuxime guerre mondiale, le Fonds MontaireInternational (cr en 1944 la Confrence de Bretton Woods aux USA), at appel jouer certaines fonctions dune banque centrale lchelle mondiale,et a apport une source supplmentaire de rserves et de moyens de paiementsinternationaux.

    Sur la base des dpts en monnaie nationale effectus par les pays membresdu Fonds auprs de celui-ci, il a t constitu, en 1967, un compte de tiragesspciaux. Les participants au Fonds se voient priodiquement octroyer desDroitsde Tirage Sp ciaux (DTS), en proportion de leur quote-part dans le Fonds. Lunitde DTS, dont la valeur correspond lquivalent dun panier des monnaies despays membres dans lequel chacun intervient selon un poids fix conventionnel-lement, constitue alors une monnaie de rglement, entre autorits montairesnationales, des dficits et excdents des balances des paiements (cf. infra) de leurspays respectifs.

    Le DTS nest toutefois pas destin, comme lECU la t, avant leuro, devenirune monnaie part entire. Il sert plutt de monnaie entre les seules banquescentrales.

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