Chanter l’amour/charité qui se donne de la...

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Chanter l’amour/charité qui se donne de la peine « Que votre charité se donne de la peine » : c’est le leitmotiv de la semaine missionnaire 2008. Dans un premier temps, hier soir, le père Antoine de Monjour nous a développé le thème et il a souligné des aspects théologiques et ecclésiologiques de l’expression écrite par St Paul aux Thessaloniciens. Dans ce que je vais dire, nous allons y revenir ; inévitablement il va y avoir des recoupements et des redites. Mais je voudrais aborder le thème par un autre chemin, celui de la prière, et de la prière chantée. « Chantez au Seigneur un chant nouveau » dit le psalmiste. Deux manières de comprendre cette invitation : 1) renouveler notre cœur, pour entrer de manière nouvelle dans des chants déjà connus 2) ou bien s’ouvrir à des textes et des musiques nouvelles qui nous font entrer dans un mouvement de création. Cette nouveauté vient d’être soulignée par Benoît XVI dans une déclaration récente. Le mercredi 21 mai 2008 (texte rapporté par ZENIT.org ) le pape affirme « La foi est amour et c'est pourquoi elle crée de la poésie et elle crée de la musique ». Benoît XVI dit cela dans un éloge de Romanos le Mélode, né vers 490, diacre permanent dans l’Eglise d’Orient et grand créateur d’hymnes liturgiques en grec… Il a inventé en son temps et abondamment pratiqué ce que nous appelons aujourd’hui le « chant d’évangile » « Si la foi est vivante, aujourd'hui aussi nous pouvons répondre à l'impératif qui se répète toujours à nouveau dans les Psaumes: «Chantez au Seigneur un chant nouveau». Créativité, innovation, chant nouveau, culture nouvelle et présence de tout l'héritage culturel dans la vitalité de la foi ne s'excluent pas, mais sont une unique réalité; ils sont la présence de la beauté de Dieu et de la joie d'être ses enfants ». C’est un peu d’ailleurs le chemin choisi par Dieu dans la Bible. Le premier chapitre de la Genèse est un chant poétique en l’honneur du créateur… « Dieu dit, et cela fut … Il y eut un soir, il y eut un matin… » Notre fil conducteur, ce matin, ce sera donc un chant nouveau : « Ton amour, Fils de Dieu , s’est donné tant de peine ». Un chant dont nous allons développer les harmoniques en ayant recours à d’autres chants sur le thème de l’amour de Dieu. Un peu comme dans une symphonie, où le thème fondamental est repris et développé avec des variantes et des instruments différents. A la manière des catéchèses mystagogiques au temps de Cyrille de Jérusalem, commençons par poser l’acte de chant, et nous l’expliquerons ensuite, à la manière de Romanos le Mélode. Chant sur CD Ton amour, Fils de Dieu Signes Musiques N° 106 CéDésignes N° 48 T : C Bernard –M : Michel Wackenheim R/ Ton amour, Fils de Dieu, S’est donné tant de peine ! Aujourd’hui tu nous veux Les témoins de son règne. 1 A ton exemple, ô Jésus Christ, Que notre charité soit longue flamme ! L’Amour qui sème dans les larmes Moissonnera des chants de joie. 2 A ton exemple, ô Jésus Christ, Que notre charité soit inventive ! L’Amour défie les impossibles, Il sait ouvrir beaucoup de voies. 3 A ton exemple, ô Jésus Christ, Que notre charité soit sans limites ! L’Amour fera que l’homme vive Bien au-delà des lourdes croix. 4 A ton exemple, ô Jésus Christ, Que notre charité soit une fête ! L’Amour embrase les ténèbres A la clarté du feu pascal. 1

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Chanter l’amour/charité qui se donne de la peine « Que votre charité se donne de la peine » : c’est le leitmotiv de la semaine missionnaire 2008. Dans un premier temps, hier soir, le père Antoine de Monjour nous a développé le thème et il a souligné des aspects théologiques et ecclésiologiques de l’expression écrite par St Paul aux Thessaloniciens. Dans ce que je vais dire, nous allons y revenir ; inévitablement il va y avoir des recoupements et des redites. Mais je voudrais aborder le thème par un autre chemin, celui de la prière, et de la prière chantée. « Chantez au Seigneur un chant nouveau » dit le psalmiste. Deux manières de comprendre cette invitation : 1) renouveler notre cœur, pour entrer de manière nouvelle dans des chants déjà connus 2) ou bien s’ouvrir à des textes et des musiques nouvelles qui nous font entrer dans un mouvement de création. Cette nouveauté vient d’être soulignée par Benoît XVI dans une déclaration récente. Le mercredi 21 mai 2008 (texte rapporté par ZENIT.org) le pape affirme « La foi est amour et c'est pourquoi elle crée de la poésie et elle crée de la musique ». Benoît XVI dit cela dans un éloge de Romanos le Mélode, né vers 490, diacre permanent dans l’Eglise d’Orient et grand créateur d’hymnes liturgiques en grec… Il a inventé en son temps et abondamment pratiqué ce que nous appelons aujourd’hui le « chant d’évangile » « Si la foi est vivante, aujourd'hui aussi nous pouvons répondre à l'impératif qui se répète toujours à nouveau dans les Psaumes: «Chantez au Seigneur un chant nouveau». Créativité, innovation, chant nouveau, culture nouvelle et présence de tout l'héritage culturel dans la vitalité de la foi ne s'excluent pas, mais sont une unique réalité; ils sont la présence de la beauté de Dieu et de la joie d'être ses enfants ». C’est un peu d’ailleurs le chemin choisi par Dieu dans la Bible. Le premier chapitre de la Genèse est un chant poétique en l’honneur du créateur… « Dieu dit, et cela fut … Il y eut un soir, il y eut un matin… » Notre fil conducteur, ce matin, ce sera donc un chant nouveau : « Ton amour, Fils de Dieu , s’est donné tant de peine ». Un chant dont nous allons développer les harmoniques en ayant recours à d’autres chants sur le thème de l’amour de Dieu. Un peu comme dans une symphonie, où le thème fondamental est repris et développé avec des variantes et des instruments différents. A la manière des catéchèses mystagogiques au temps de Cyrille de Jérusalem, commençons par poser l’acte de chant, et nous l’expliquerons ensuite, à la manière de Romanos le Mélode. Chant sur CD

Ton amour, Fils de Dieu Signes Musiques N° 106

CéDésignes N° 48 T : C Bernard –M : Michel Wackenheim

R/

Ton amour, Fils de Dieu, S’est donné tant de peine ! Aujourd’hui tu nous veux Les témoins de son règne.

1 A ton exemple, ô Jésus Christ,

Que notre charité soit longue flamme ! L’Amour qui sème dans les larmes

Moissonnera des chants de joie. 2

A ton exemple, ô Jésus Christ, Que notre charité soit inventive ! L’Amour défie les impossibles, Il sait ouvrir beaucoup de voies.

3 A ton exemple, ô Jésus Christ,

Que notre charité soit sans limites ! L’Amour fera que l’homme vive Bien au-delà des lourdes croix.

4 A ton exemple, ô Jésus Christ, Que notre charité soit une fête ! L’Amour embrase les ténèbres

A la clarté du feu pascal.

1

5 A ton Exemple, ô Jésus Christ,

Que notre charité n’ait pas de crainte ! L’Esprit d’amour met son empreinte Dans tous les cœurs qui gardent foi.

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A ton Exemple, ô Jésus Christ, Que notre charité soit pour ta gloire ! L’Amour se grave en notre histoire,

Au plus secret Dieu le reçoit. Chanter ! Un chant n’est pas une dissertation en trois points et une conclusion. C’est l’expression d’un sentiment, d’un regard sur le monde, d’un idéal de vie, de la joie d’une rencontre, etc…sous une forme poétique, à travers des images, et avec un rythme qui lui est propre. Un chant ne prétend pas tout dire ; il brode sur un thème, développe et met en valeur les couleurs d’un mot, d’une expression. Il saisit au passage une expression dans la bible ou dans la vie ; au besoin il la revêt d’un sens inattendu, en la mettant dans la bouche d’autres personnages. Par exemple « Maître toujours vrai », chant pour le 29ème dimanche du T.O.A. (voir feuille). Ce chant récupère les paroles obséquieuses de pharisiens pour les retourner en prière… La chanson essaie d’approcher la Parole de Dieu sous le mode de la saveur : « Goûter la Parole » : Cf. le refrain d’un chant créé pour le diocèse de Strasbourg , en vue d’une réflexion sur la parole de Dieu, à partir d’octobre 2008 :

R/ Goûtez la Parole,

Savourez les mots de Dieu ; Plus que miel en notre bouche (Ps 18, 11)

Mots de sel et mots de feu ! Parole du Seigneur,

Un cri de vérité ; Parole du Seigneur, Un chant de liberté !

Une célébration en Eglise. Chanter l’amour charité, on peut le faire individuellement. Mais il y a comme une priorité à le faire en Eglise. Paul aime beaucoup s’adresser aux Eglises : à l’Eglise de Dieu qui est à Corinthe, etc… Nous le voyons au début de ses épîtres. Par contre, à la fin de ses lettres, il salue des individualités (Rm 16). Ce n’est pas le cas pour l’épître aux Thessaloniciens, mais on trouvera, dans les Actes, deux noms de Thessaloniciens, Aristarque et Secundus, qui lui serviront de garde du corps à un moment critique (Act.20, 4). Dans cette lettre aux Thessaloniciens, Paul s’exprime avec un « nous », car il n’est pas seul ; il a ses compagnons d’apostolat, Sylvain et Timothée. St Cyprien, évêque de Carthage, mort en 258, écrit ceci : « Notre prière est publique et communautaire, et quand nous prions, nous ne prions pas pour un seul mais pour tout le peuple, car avec tout le peuple nous sommes un. Le Dieu de la paix et le maître de la concorde, qui nous enseigne l’unité, a voulu que chacun prie pour tous comme lui-même nous a tous portés en un » (Magnificat, jeudi 22 mai 2008, p. 315) Chanter l’amour charité. En écho à l’expression de Jean : Dieu est amour, Dieu est charité : Deus caritas est… O Théos agapê estin. En écho aussi au psaume 88 : « L’amour du Seigneur, sans fin je le chante » Chanter les trois essentiels, comme le disait hier soir un missionnaire habitué de l’Asie : 1-Notre vie a de la valeur. Cf le chant « Nous avons du prix à tes yeux, Seigneur » CD Mille raisons d’espérer) ; 2-Nous sommes aimés par Quelqu’un ; 3-Nous sommes appelés à être témoins de la tendresse de Dieu. Ici, le mot clé, c’est le mot « Amour » ou charité. Déjà, on rencontre une difficulté en français, pour traduire le mot grec « agapê » employé par Paul. Benoît XVI, dans son encyclique « Dieu est amour », nous a fait un petit recyclage. L’agapê, la « caritas » en latin, -la charité- est cet amour désintéressé susceptible d’être adressé à toute personne, à la différence de l’amitié « Phileia ». Chez nous, le mot amour peut jouer sur les deux registres : amour fort, amour de Dieu et du prochain, et aussi l’amour au sens de « eros »… Pour contourner la difficulté, j’ai utilisé

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une solution de normand : les deux termes figurent dans le chant. Dans le refrain, le mot amour, sans ambiguïté quand il s’agit du Fils de Dieu. Et dans les strophes, ligne 2, le mot charité. Pour bien sentir la nuance entre « agapê » et « phileia », il faut se reporter à Jean 21, « Pierre, m’aimes-tu ? »… En français, nous avons trois fois le même mot « aimer ». En grec, Jésus dit, les deux premières fois : « agapês me ? » et Pierre répond « philô se ». La troisième fois, Jésus se met au niveau de Pierre, il dit : « phileis me ? », et Pierre, tout décontenancé, répond : « philô se ». Et Jésus lui confie sa mission de pasteur, sur cette simple déclaration d’un amour qui n’est pas le plus parfait, pas au top de l’agapê : donc, un encouragement pour tous les chargés de mission . Qui peut prétendre être au niveau suprême de la charité ? Quand j’ai découvert le thème de la semaine missionnaire, je me suis reporté, tout comme vous sans doute, à l’épître aux Thessaloniciens d’où il est extrait. Et j’ai fait le même constat que vous, à savoir : « que votre charité se donne de la peine » est une incise à l’intérieur d’une phrase. Paul fait état d’une réalité, sous forme d’un rappel : « Nous nous rappelons que votre charité se donne de la peine » : c’est une bienheureuse réalité, un fait, et non pas un vœu pieux. Un amour de solidarité et de bienveillance à l’égard des frères et sœurs de la communauté chrétienne, et bien au-delà. « Sur l’amour fraternel, vous n’avez pas besoin qu’on vous écrive, car vous avez personnellement appris de Dieu à vous aimer les uns les autres, et vous le faites bien envers tous les frères de la Macédoine entière. » (1Th 4,9) Ce qui caractérise la charité, ce n’est pas un enthousiasme débordant, mais le fait qu’elle « se donne de la peine » ; elle ne craint pas l’aspect pénible et fatigant des actions concrètes qui manifestent l’amour du prochain. C’est une réalité située au milieu d’une trilogie, entre foi active et espérance qui tient bon. La trilogie fondamentale de l’existence chrétienne. Cette charité dont Paul, Sylvain et Timothée font mémoire, ils la considèrent comme un motif d’action de grâce : « A tout instant nous rendons grâce à Dieu à cause de vous tous ». Un merci qui doit nous inspirer à nous aussi un mouvement analogue pour toute la charité qui nous anime. « Nous avons reçu l’Esprit qui vient de Dieu afin de connaître les dons que Dieu nous a faits » (1Co 2, 12) Alors je vous invite à le chanter –ou à vous unir à ce chant d’action de grâce : « Pour tous les face-à-face ». Ce chant exprime la louange pour les différentes manifestations de l’amour chez les humains : l’amour entre époux, l’amour mutuel entre parents et enfants, l’amour du prochain (dire un mot sur « Chemin de louange).

POUR TOUS LES FACE A FACE EDIT 101 –Livret et CD « Chemin de Louange », Editions Ateliers du Fresne

T : C.Bernard –M : Jo Akepsimas 1

Pour tous les face à face, Les cœurs à cœurs avec l’aimé(e),

Dieu d’amour, nous te rendons grâce. Pour les premiers baisers, La découverte des visages,

Dieu d’amour, nous te rendons grâce. Pour les désirs comblés,

Les grandes joies que l’on partage, Dieu d’amour, nous te rendons grâce.

Pour les moments de paix, L’amour qui tient sous les orages,

Dieu d’amour, nous te rendons grâce.

2 Pour les foyers qui vivent

Le cœur à cœur avec l’enfant, Dieu d’amour, nous te rendons grâce.

Pour les joyeux élans Qui transfigurent les familles,

Dieu d’amour, nous te rendons grâce. Pour tous les cœurs brûlants

Puisant leur flamme à l’Evangile, Dieu d’amour, nous te rendons grâce.

3

Pour ceux qui sont confiants Malgré les vents imprévisibles,

Dieu d’amour, nous te rendons grâce.

3 Pour les humains qui cherchent

Le cœur à cœur avec autrui, Dieu d’amour, nous te rendons grâce.

Pour ceux qui voient l’ami Dans le plus pauvre de leurs frères,

Dieu d’amour, nous te rendons grâce. Pour les bonheurs construits

Dans les cités qui désespèrent, Dieu d’amour, nous te rendons grâce.

Pour les espoirs de vie Donnés aux peuples sans lumière,

Dieu d’amour, nous te rendons grâce.

1 Pour tous les face à face,

Les cœurs à cœurs avec l’aimé(e), Dieu d’amour, nous te rendons grâce.

Pour les premiers baisers, La découverte des visages,

Dieu d’amour, nous te rendons grâce. Pour les désirs comblés,

Les grandes joies que l’on partage, Dieu d’amour, nous te rendons grâce.

Pour les moments de paix, L’amour qui tient sous les orages,

Dieu d’amour, nous te rendons grâce. Dans le leitmotiv de la Semaine missionnaire, le sens premier de l’expression a été retouché. La conjonction « que », en début de ce membre de phrase pris maintenant comme un absolu, en fait un souhait, un optatif, ou un impératif. Et cela peut se comprendre, car les chrétiens de Thessalonique, si charitables qu’ils soient, sont invités par Paul, à de nouveaux progrès (chapitre 4, 10). Bonne méthode pédagogique ! Paul commence par dire « Vous êtes des gens bien », mais, dans un deuxième temps : « Vous pouvez mieux faire ! » Un « peut mieux faire » d’autant plus facilement perceptible que l’on voudra bien se situer dans une démarche « verticale », en regardant vers en haut, vers le Très-Haut. Et là, il n’y a pas photo. Le mieux faire est évident, révélé dans la personne même de Jésus. C’est pourquoi le refrain de notre chant commence par un acte de contemplation : « Ton amour, Fils de Dieu, s’est donné tant de peine ». Le Verbe de Dieu envoyé par le Père, s’est donné la peine de venir dans notre humanité. St Paul nous l’a dit avec des mots forts dans sa lettre aux Philippiens , 2, 6-8: « Lui qui était de condition divine, il ne garda pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu, mais il s’est dépouillé, prenant la condition de serviteur, il s’est abaissé jusqu’à la mort sur une croix… » Il a pris la peine d’expérimenter toutes les contraintes d’une vie humaine au quotidien, avec ses développements, ses affrontements à l’entourage et à la société… La peine de se lancer comme messager de la bonne nouvelle, avec les surprises qui attendent généralement les prophètes et les porteurs de vérités dérangeantes, La peine de ramer à contre-courant d’une religion avec ses coutumes surannées, pour affirmer le primat de l’amour… au risque de passer par la croix. La peine des fatigues et de la soif sous le soleil de Palestine : voyez la rencontre de Jésus avec la Samaritaine : « Jésus, fatigué par la route, s’était assis au bord du puits –de la source- de Jacob… » Autant de gestes que l’Evangéliste Jean résume dans l’expression : « Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’à l’extrême » (Jn 13,1)

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Nous pouvons méditer cet aspect, avec le chant créé sur ce passage de Jean.

Chant « Jusqu’à l’extrême de l’amour »… HX 54-45 T : CB –:M : Michel Wackenheim

CD et livret « Au pas à pas de l’Evangile selon St Jean » -AdF

1 Jusqu’à l’extrême de l’amour Tu nous aimas, Jésus Sauveur.

Lavant les pieds de tes disciples Tu te montras le Serviteur.

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Jusqu’à l’extrême du chemin Tu as marché pour tes amis.

Dernier repas, dernier partage ; Ils ont mangé le pain de vie.

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Jusqu’à l’extrême de la peur Dans le jardin tu as tremblé.

Qui pourrait boire à cette coupe ? « Mon Dieu, je veux ta volonté ».

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Jusqu’à l’extrême de la nuit Tu restes seul dans l’agonie.

Voici Judas et sa cohorte, Et les Apôtres qui s’enfuient.

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Jusqu’à l’extrême des douleurs Tu vis l’enfer des torturés :

Le fouet, les coups et les épines, La lourde croix du condamné.

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Jusqu’à l’extrême du pardon Tu as prié pour tes bourreaux, Et ton regard à Simon Pierre

L’a fait pleurer sans dire un mot.

7 Jusqu’à l’extrême de l’espoir

Tu cries ta soif du Dieu de vie. Entre ses mains tu rends le souffle,

La porte s’ouvre au Paradis. 8

Jusqu’à l’extrême comme toi Qui donc pourra t’aimer d’amour ?

Louange à toi qui nous relèves Et nous entraînes vers ton Jour !

Le refrain du chant « ton amour, Fils de Dieu, » se termine par la reconnaissance d’une volonté de Dieu par rapport à nous : aujourd’hui tu nous veux les témoins de ton Règne. En écho à la parole de Jésus : « Vous serez mes témoins à Jérusalem, dans la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre » Il y a ici la reconnaissance d’un envoi en mission, en tant que témoins du règne de Jésus. Non pas un règne triomphant à la manière d’un monarque, un règne qui se manifesterait par une toute puissance ecclésiale telle qu’on a pu l’imaginer… et que certains imaginent encore ! Règne de l’amour au quotidien, vis-à-vis de chaque personne qui forme notre prochain… Règne de l’amour apostolique qui se donne de la peine au service de l’annonce de l’Evangile…

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Chaque fois, il s’agit d’un amour d’imitation par rapport à Jésus. Donner toute sa force à l’expression qui commence chaque strophe : « A ton exemple, ô Jésus Christ ». Nous pensons à la parole de Jésus après le lavement des pieds: « Je vous ai donné l’exemple, afin que vous agissiez comme j’ai agi envers vous » (Jn 13, 15) De son côté, Paul nous dit : « ayez les dispositions (ou les mêmes sentiments) qui étaient dans le Christ Jésus » (Phil. 2,5)… Revêtez l’homme nouveau créé à l’image de Dieu », revêtez le Christ, revêtez des sentiments de tendresse et de compassion… Ce thème du vêtement qui doit nous coller à la peau, c’est le thème du vêtement de noce dont nous parle l’évangile du 28ème dimanche du temps ordinaire de l’année A, la messe du 12 octobre, 1er dimanche de la semaine missionnaire. Il est question d’un roi qui célèbre les noces de son fils. Il envoie des messagers pour informer et convaincre ses invités, mais dans un premier temps chacun trouve une excuse futile pour ne pas venir : j’ai acheté un champ, une paire de bœufs, je viens de me marier… d’autres messagers sont envoyés et remplissent la salle de noce avec les estropiés, les aveugles et les boiteux (cf Luc)… autant dire chacun de nous. Les messagers nous donnent tout de même le temps de passer par le vestiaire prévu à l’entrée (l’Eglise de Jésus) ; il y a le bain pour la toilette élémentaire (le baptême), le salon de beauté avec ses huiles parfumées (la confirmation et les autres sacrements) ; la nourriture qui refait nos forces après un long voyage, le viatique de l’eucharistie, et il y a aussi le vêtement taillé sur mesure, pour chaque invité : costume trois pièces pour les messieurs et robe de chez Dior pour les dames… Cf le prophète Baruc 5, 1-4 : « Jérusalem, quitte ta robe de tristesse et de misère, et revêts la parure de la gloire de Dieu pour toujours, enveloppe-toi dans le manteau de la justice de Dieu, mets sur ta tête le diadème dela gloire de l’Eternel. Dieu va déployer ta splendeur partout sous le ciel »…. Ce passage obligé par le renouvellement de tout l’être est d’une telle évidence que l’évangéliste n’a même pas eu l’idée de le mentionner dans la parabole. Mis à part un invité qui n’a pas voulu comprendre, tout le monde a bien joué le jeu, puisque le roi découvre avec plaisir tous les invités en tenue conforme… Bref, une parabole qui nous dit : en matière d’amour, c’est Dieu qui nous aime le premier, et qui nous le fait savoir le mieux qu’il peut. Le Fils de l’homme a pris beaucoup de peine pour nous dire : « n’hésitez pas, donnez-vous la peine d’entrer… » « A ton exemple, ô Jésus Christ, que notre charité soit une fête ! » Se laisser aimer par Dieu n’a rien de triste ! Il nous dira aussi, donnez-vous la peine de sortir en tant que messager, pour porter l’invitation à plus de gens possibles… Nous le verrons un peu plus loin. Chaque strophe développe notre regard sur Jésus et manifeste un aspect particulier de la charité vécue par le Maître. Str 1 : la charité est « longue flamme », c’est-à-dire un amour qui ne soit pas un feu de paille ! Un amour qui tient et qui résiste. La première qualité de l’amour, d’après Paul 1 Co 13, c’est la patience » « La charité est patiente» La patience ! La patience du semeur… Voyez le ps. 125 : «Ceux qui sèment dans les larmes moissonnent en chantant». Dans l’évangile, le semeur, c’est le Fils de l’homme… La charité se frotte à des difficultés et elle encaisse les coups, quitte à être marquée par la souffrance. Dans patience, il y a le verbe latin « pati », souffrir… Str 6 St Paul ajoute : « la charité rend service, elle ne s’enfle pas d’orgueil, ne cherche pas son intérêt, elle trouve sa joie dans la vérité…etc… » Cet aspect d’humilité est souligné dans la strophe 6 : Que notre charité soit pour ta gloire. L’amour se grave en notre histoire ; au plus secret Dieu le reçoit. Cf Mt 6, « que votre main gauche ignore ce que fait votre main droite… Ton Père qu voit dans le secret te le rendra. » La strophe 5 A ton Exemple, ô Jésus Christ, Que notre charité n’ait pas de crainte ! (L’amour bannit la crainte) L’Esprit d’amour met son empreinte Dans tous les cœurs qui gardent foi Sainte Catherine de Sienne écrivait à ses sœurs dominicaines : « Je veux que vous n’ayez jamais aucune crainte : chassez loin de vous toute crainte servile. Vous direz avec St Paul, ce doux amant du Christ : « Tiens bon aujourd’hui, mon âme. Je peux tout par le Christ crucifié. Par le désir et par l’amour il est en moi, celui qui me fortifie. » Aimez, aimez, aimez ! » (Magnificat, mercredi 21 mai 2008, p. 305) La strophe 3 nous parle d’un amour sans limites, à la manière des dimensions de l’amour de Dieu dont parle Paul : la longueur, la hauteur, la profondeur de cet amour, qui appelle le nôtre : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, » etc… Cette charité-là, Paul nous dit qu’elle ne passera jamais. La foi disparaîtra, l’espérance

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disparaîtra. L’amour fera que l’homme vive bien au-delà des lourdes croix. Comme c’est le cas pour Jésus ressuscité. Avec le ton très intérieur de l’humilité, un chant essaie de traduire la réponse au précepte « De tout ton cœur tu aimeras »..

Chant : « De tout mon cœur et mon esprit » XP 48-35 T : C.Bernard –M : M.Wackenheim

CD « Le Temps du Royaume, année A » Ed : Ateliers du Fresne 1

De tout mon cœur et mon esprit Comment t’aimer, Seigneur de vie,

A la mesure de toi-même ? Pour prononcer un vrai « je t’aime »

Je laisserai Jésus ton Fils Le dire en moi comme il l’a dit.

2 De tout mon cœur et mon esprit

Je répondrai tel que je suis, Fragile au vent de l’éphémère.

Ton cœur écoute ma prière Et par le souffle de l’Esprit

Je peux vibrer à l’infini. 3

De tout mon cœur et mon esprit Je chercherai ce que tu dis

Par les Apôtres et les prophètes. Dans l’Ecriture ils nous révèlent Ce que tu fais dès aujourd’hui

Pour sauver l’homme de sa nuit. 4

De tout mon cœur et mon esprit Je serai prêt à te servir

Dans le plus humble de mes frères. De tous les points de notre terre

Leurs voix se lèvent et te supplient, Fais résonner en moi leurs cris !

5 De tout mon cœur et mon esprit

Je chanterai notre merci Pour la venue de ta lumière.

Elle est à l’œuvre en nos ténèbres, Jésus nous ouvre un avenir, Sa main nous aide à le bâtir.

La strophe 2 J’aimerais maintenant insister sur la strophe 2 « A ton exemple, ô Jésus Christ, que notre charité soit inventive ! L’amour défie les impossibles, il sait ouvrir beaucoup de voies. » Une charité inventive : C’est d’actualité dans notre prière. Jeudi dernier 22 mai, dans la prière de louange des laudes publiée par « Magnificat », la dernière invocation était celle-ci : « Rends-nous sensibles aux besoins de nos frères, que notre charité se fasse inventive » (Magnificat de mai 2008, p. 311) Je pense ici plus spécialement à l’amour apostolique. Bien sûr, la charité-solidarité nous rend inventifs pour trouver des solutions là où les horizons paraissent fermés. Mais c’est tout aussi vrai dans le domaine de la charité missionnaire. Et là encore, c’est d’actualité, au niveau de la réflexion. Lire, à ce propos, « Confession d’un cardinal », d’Olivier Le Gendre.

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« Avec la révolution industrielle et les modes de vie qu’elle a engendrés, la société a fait de l’innovation une valeur clé, tandis que les périodes précédentes étaient habitées par la certitude que la transmission entre générations garantissait la pérennité de la société. (p.387)… Quand la valeur de transmission disparaît, les défauts et les maladresses de l’institution et de ses représentants –(et aussi, j’ajoute, les défauts des chrétiens de la base) deviennent criants et agissent comme des épouvantails qui chassent les oiseaux apeurés. » (p. 391) « Vous savez ce que c’est un fidèle pour moi ? Ce n’est pas celui qui conserve, c’est celui qui invente dans la fidélité… Voyez la parabole des talents. Il y a ceux qui n’ont pas peur de prendre des risques pour faire valoir les sommes reçues. Ceux-là, Jésus les appelle « bons et fidèles serviteurs ». Celui qui n’a rien investi, qui n’a rien inventé, rien fait fructifier, Jésus le nomme « serviteur mauvais et paresseux ». La fidélité ne consiste pas à se calfeutrer derrière la peur du risque et à ne rien oser… Dans les situations nouvelles et instables comme les nôtres, il est encore plus justifié et obligé d’accepter ces risques au nom même de la fidélité. » (p. 397) Nous sommes aujourd’hui dans une situation de grand écart entre une Eglise visible, médiatisée, et une Eglise invisible, loin des projecteurs, qui invente sans cesse et crée petit à petit un nouveau tissu chrétien. Le problème est que ces deux Eglises qui, théoriquement, n’en font qu’une, n’arrivent pas encore à entrer en résonance. L’une s’attache à des manières d’être qui s’épuisent. L’autre a très peu d’occasions d’être représentée dans les instances dirigeantes, très peu d’occasions de faire entendre sa voix, de montrer la justesse de ses intuitions. » (p. 409) J’ajouterai : quand ces occasions existent, par exemple les synodes diocésains, les propositions émanant de la base sont délibérément mises sous le boisseau par les hautes instances. J’ai vécu cela au synode d’Evry en tant que délégué des équipes animatrices locales, et je peux confirmer que c’est vrai. Et pourtant, « le mouvement est en route. Nous avons l’intime conviction d’être en train de proposer de nouveaux modèles d’être réellement chrétiens, fidèles au message du Christ, à l’aise dans l’Eglise, proposant une réponse adaptée à l’état actuel du monde mondialisé. » (p. 410) « Etre chrétien, ce n’est pas seulement croire qu’il existe un Dieu. Ce n’est même pas seulement croire un Dieu d’amour ni même acquiescer aux articles d’un credo. C’est s’accepter comme les mains de ce Dieu dans ce monde. C’est se mettre à la disposition du plan de Dieu pour le monde, c’est se ressentir comme les continuateurs de l’acte de création divin. » (p. 312) « … Je refuse de me fixer sur la façon dont il faudrait rajouter du sacré dans nos liturgies pour affirmer notre identité chrétienne. Je refuse cela au nom d’une réflexion de simple bon sens : comment voulez-vous que quelqu’un croie en Dieu s’il n’a pas l’occasion de RESSENTIR quelque chose de lui ? Et comment voulez-vous que la tendresse de Dieu soit ressentie s’il n’y a pas des gens pour la transmettre et l’incarner ? … Un saint est avant tout un humain qui a fait de sa vie l’incarnation de la tendresse de Dieu pour les personnes qu’il a côtoyées. » ‘p. 313). Voyez mère Thérèsa, l’Abbé Pierre, Maximilien Kolbe et tant d’autres… Prenons l’exemple de Paul et de ses compagnons de voyage. Inventifs, ils ont dû l’être à chaque étape de leurs voyages missionnaires. Tout juste converti, Paul se donne de la peine pour le Seigneur, en prêchant dans les synagogues, au risque d’y laisser sa peau. Barnabé vient le chercher à Tarse pour l’amener à Antioche, où des disciples de Jésus forment une communauté vivante. Leur référence au Christ est même si évidente que, pour la première fois, on les désigne par le nom de « chrétiens ». Des gens qui savent dire oui à l’essentiel de l’Evangile. Des chrétiens aussi qui savent dire non au secondaire et au désuet quand des judaïsants veulent les contraindre à passer par la circoncision. Un « non » qui a retenti jusqu’à Jérusalem, grâce à Paul et Barnabé, et qui a ouvert définitivement la voie aux païens. C’est ce christianisme libéré que Paul, Silas et Timothée vont colporter dans le monde méditerranéen, et, entre autres à la population de Thessalonique. Pour en arriver à écrire la lettre aux Thessaloniciens dont nous méditons les premières lignes, que de chemin parcouru ! Paul est alors arrivé à Corinthe. 1 Th 1, 1-5 « Paul, Sylvain (ou Silas) et Timothée, à l’Eglise des Thessaloniciens qui est en Dieu le Père et dans le Seigneur Jésus Christ. A vous grâce et paix. Nous rendons grâce à Dieu à tout moment pour vous tous quand nous faisons mention de vous dans nos prières. Nous nous rappelons sans cesse en présence de notre Dieu et Père l’activité de votre foi, le labeur de votre charité, la constance de votre espérance, qui sont l’œuvre de notre Seigneur Jésus Christ. Nous le savons, frères bien-aimés de Dieu, vous avez été choisis. Car notre évangile ne s’est pas présenté à vous en paroles seulement, mais avec puissance, dans l’action de l’Esprit Saint, en surabondance. » Chemin impressionnant en nombre de Km : environ 1500 Km entre Antioche et Thessalonique (+- l’itinéraire de St Jacques de Compostelle pour un Français). 1500Km pour trois semaines de présence dans cette ville d’Europe (trois

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sabbats) avant d’en être chassé. Le passage par Thessalonique est assez typique de l’activité missionnaire de Paul lors des différentes étapes. Actes 17, 1-9 (vers la fin de l’été 50) « Après avoir traversé Amphipolis et Apollonie, Paul et Sylvain arrivèrent à Thessalonique, où les Juifs avaient une synagogue. Suivant son habitude, Paul alla les y trouver. Trois sabbats de suite, il discuta avec eux d’après les Ecritures. Il les leur expliquait, établissant que le Christ devait souffrir et ressusciter des morts. « et le Christ, disait-il, c’est ce Jésus que je vous annonce ». Quelques uns d’entre eux se laissèrent convaincre et furent gagnés à Paul et à Sylvain, ainsi qu’une multitude d’adorateurs de Dieu (=non-juifs croyant au Dieu d’Israël) et de Grecs (=gens issus du paganisme) et bon nombre de dames de qualité (= de la haute société). Mais les Juifs, pris de jalousie, ramassèrent sur la place quelques mauvais sujets, provoquèrent des attroupements et répandirent le tumulte dans la ville… Ils se présentèrent chez Jason, cherchant Paul et Silas pour les produire devant l’assemblée du peuple. Ne les ayant pas trouvés, ils traînèrent Jason et quelques frères devant les politarques… qui exigèrent une caution avant de les relâcher. Les frères firent partir de nuit Paul et Sylvain pour Bérée. Arrivés là, ils se rendirent à la synagogue des Juifs. Or ceux-ci avaient l’âme plus noble que ceux de Thessalonique. Ils accueillirent la parole avec le plus grand empressement… Beaucoup d’entre eux embrassèrent la foi, de même que, parmi les Grecs, des dames de qualité et bon nombre d’hommes. … Mais des Juifs de Thessalonique vinrent semer le trouble . Alors les frères firent tout de suite partir Paul en direction de la mer, (pour la ville d’Athènes)» Sylvain reste à Bérée pour un temps ; il rejoindra Paul à Corinthe. Timothée, que Paul avait pris avec lui lors de son passage à Lystres (et qu’il avait circoncis !!, Act 16,3), accompagne Paul à Athènes . Donc chemin semé d’embûches, -les coups de fouet, la prison, le rejet par la majorité des Juifs… Alternance de consolation et de désolation… Des conversions dans toutes les villes étapes, des femmes et des hommes dont on nous donne les noms et les qualifications… Et sans cesse le fil rouge sous forme d’un lien avec le Dieu invisible. Paul garde son portable allumé en permanence, y compris la nuit. Je pense au fameux Macédonien qui lui dit en rêve : « Passe en Macédoine, viens à notre secours ». Sans plus tarder Paul se met en route… Oui vraiment, une charité qui se donne de la peine. Au terme de sa vie, quand Paul donne une sorte de testament spirituel à Milet, devant les Anciens d’Ephèse. Il rappelle son unique obsession : « Pourvu que j’achève ma course et que j’accomplisse la mission que j’ai reçue du Seigneur Jésus de rendre témoignage à l’Evangile de la grâce de Dieu » (Act 20, 24) Paul cite alors cette phrase de Jésus qu’on ne trouve pas dans les Evangiles, et qui résume tellement la joie qui fut la sienne : « Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » (Act 20, 35) Nous allons le chanter nous aussi : « Il est grand le bonheur de donner ».

Il est grand le bonheur de donner T 48-92 –T : Cl Bernard –M : M. Wackenheim

CD « Le Temps du Royaume, année B » Ed. : Ateliers du Fresne

Il est grand le bonheur de donner ,

Bien plus grand que la joie de recevoir . Le Seigneur s’est lui-même donné,

Bienheureux qui le suivra ! 1

Donner le jour aux enfants de la nuit, Donner le feu quand le froid les surprend,

Donner la flamme qui brûle et qui luit, Donner l’espoir aux marcheurs de ce temps.

2 Donner le pain dans un monde affamé, Donner l’eau vive puisée près de Dieu,

Donner de croire au festin partagé, Donner le sel et le vin généreux.

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3 Donner le souffle à tout homme blessé,

Donner le sang qui réveille sa vie, Donner de vivre debout dans la paix,

Donner l’audace envoyée par l’Esprit. 4

Donner le fruit du travail de nos mains, Donner d’apprendre à chercher un trésor,

Donner l’envie de s’ouvrir un chemin, Donner l’amour qui peut vaincre la mort.

5 Donner la soif de connaître Jésus,

Donner les mots qui pourront le chanter, Donner d’aller par des voies inconnues,

Donner la force d’un cœur libéré.

Claude BERNARD Lisieux, 31 mai 2008

Feuille destinée aux participants :

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Chanter l’amour/charité qui se donne de la peine Ton amour, Fils de Dieu 7 Dieu d’amour, nous te rendons grâce.

Pour les joyeux élans Jusqu’à l’extrême de l’espoir Qui transfigurent les familles, Tu cries ta soif du Dieu de vie. Signes Musiques N° 106

Entre ses mains tu rends le souffle, Dieu d’amour, nous te rendons grâce. CéDésignes N° 48 Pour tous les cœurs brûlants La porte s’ouvre au Paradis. T : C Bernard –M : Michel Wackenheim Puisant leur flamme à l’Evangile, R/

8 Dieu d’amour, nous te rendons grâce. Ton amour, Fils de Dieu, Pour ceux qui sont confiants Jusqu’à l’extrême comme toi S’est donné tant de peine ! Malgré les vents imprévisibles, Qui donc pourra t’aimer d’amour ? Aujourd’hui tu nous veux

Les témoins de ton règne. Louange à toi qui nous relèves Dieu d’amour, nous te rendons grâce. Et nous entraînes vers ton Jour ! 3 1 Pour les humains qui cherchent A ton exemple, ô Jésus Christ, Le cœur à cœur avec autrui, Que notre charité soit longue flamme !

De tout mon cœur et mon esprit L’Amour qui sème dans les larmes Dieu d’amour, nous te rendons grâce. Pour ceux qui voient l’ami Moissonnera des chants de joie. Dans le plus pauvre de leurs frères, 2 XP 48-35 T : C.Bernard –M : M.Wackenheim

A ton exemple, ô Jésus Christ, Dieu d’amour, nous te rendons grâce. CD « Le Temps du Royaume, année A » Pour les bonheurs construits Que notre charité soit inventive ! Ed : Ateliers du Fresne

Dans les cités qui désespèrent, L’Amour défie les impossibles, 1 Il sait ouvrir beaucoup de voies. Dieu d’amour, nous te rendons grâce.

Pour les espoirs de vie De tout mon cœur et mon esprit 3 Donnés aux peuples sans lumière, Comment t’aimer, Seigneur de vie, A ton exemple, ô Jésus Christ,

A la mesure de toi-même ? Que notre charité soit sans limites ! Dieu d’amour, nous te rendons grâce. Pour prononcer un vrai « je t’aime » L’Amour fera que l’homme vive Je laisserai Jésus ton Fils Bien au-delà des lourdes croix.

Jusqu’à l’extrême de l’amour Le dire en moi comme il l’a dit. 4 A ton exemple, ô Jésus Christ, 2 Que notre charité soit une fête ! HX 54-45 T : CB –:M : Michel Wackenheim De tout mon cœur et mon esprit L’Amour embrase les ténèbres CD et livret « Au pas à pas de l’Evangile selon

St Jean » -AdF Je répondrai tel que je suis, A la clarté du feu pascal. 1 Fragile au vent de l’éphémère. 5 Jusqu’à l’extrême de l’amour Ton cœur écoute ma prière A ton Exemple, ô Jésus Christ, Tu nous aimas, Jésus Sauveur. Et par le souffle de l’Esprit Que notre charité n’ait pas de crainte ! Lavant les pieds de tes disciples Je peux vibrer à l’infini. L’Esprit d’amour met son empreinte Tu te montras le Serviteur. Dans tous les cœurs qui gardent foi. 3 6 2 De tout mon cœur et mon esprit A ton Exemple, ô Jésus Christ, Jusqu’à l’extrême du chemin Je chercherai ce que tu dis Que notre charité soit pour ta gloire ! Tu as marché pour tes amis. Par les Apôtres et les prophètes. L’Amour se grave en notre histoire, Dernier repas, dernier partage ; Dans l’Ecriture ils nous révèlent Au plus secret Dieu le reçoit. Ils ont mangé le pain de vie. Ce que tu fais dès aujourd’hui Pour sauver l’homme de sa nuit. 3 Jusqu’à l’extrême de la peur 4 Dans le jardin tu as tremblé. De tout mon cœur et mon esprit POUR TOUS LES FACE A FACE Qui pourrait boire à cette coupe ? Je serai prêt à te servir « Mon Dieu, je veux ta volonté ». Dans le plus humble de mes frères. EDIT 101 –Livret et CD « Chemin de

Louange », Editions Ateliers du Fresne De tous les points de notre terre 4 Leurs voix se lèvent et te supplient, T : C.Bernard –M : Jo Akepsimas Jusqu’à l’extrême de la nuit Fais résonner en moi leurs cris ! Tu restes seul dans l’agonie. 1 Voici Judas et sa cohorte, 5 Pour tous les face à face, Et les Apôtres qui s’enfuient. De tout mon cœur et mon esprit Les cœurs à cœurs avec l’aimé(e), Je chanterai notre merci Dieu d’amour, nous te rendons grâce. 5 Pour la venue de ta lumière. Pour les premiers baisers, Jusqu’à l’extrême des douleurs Elle est à l’œuvre en nos ténèbres, La découverte des visages, Tu vis l’enfer des torturés : Jésus nous ouvre un avenir, Dieu d’amour, nous te rendons grâce. Le fouet, les coups et les épines, Sa main nous aide à le bâtir. Pour les désirs comblés, La lourde croix du condamné. Les grandes joies que l’on partage, Dieu d’amour, nous te rendons grâce. 6 Pour les moments de paix, Jusqu’à l’extrême du pardon L’amour qui tient sous les orages, Tu as prié pour tes bourreaux, Dieu d’amour, nous te rendons grâce. Et ton regard à Simon Pierre L’a fait pleurer sans dire un mot. 2 Pour les foyers qui vivent Le cœur à cœur avec l’enfant,

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Il est grand le bonheur de donner

2 4 Envoie tes serviteurs, Maître toujours vrai, Qu’ils portent la nouvelle : Tu bâtis la vraie cité de Dieu :

Venez de tout pays, Cité construite avec nos pierres, T 48-92 –T : Cl Bernard –M : M. Wackenheim Goûtez à la vraie vie ! Ville de paix et de lumière,

Ta joie, Seigneur, Cité où les puissants CD « Le Temps du Royaume, année B » Donne-nous de l’accueillir. Sont au service des vivants. Ed. : Ateliers du Fresne 3 Vêtus de ton pardon, Il est grand le bonheur de donner ,

Marie Témoin d’une espérance -2 Debout nous rendons grâce. Bien plus grand que la joie de recevoir . La Pâque s’accomplit,

C’est l’œuvre de l’Esprit. Le Seigneur s’est lui-même donné, V 23-07 T :Cl. Bernard, M: Laurent Grzybowski –Ed. SM- CD « Fraternel » Pour toi, Seigneur, Bienheureux qui le suivra !

Entonnons le chant nouveau ! Strophes adaptées pour une célébration avec des

enfants, proposée par les OPM pour le temps de l’Avent/Noël,

1 29ème Dimanche du Temps ordinaire A

Donner le jour aux enfants de la nuit, Donner le feu quand le froid les surprend, Donner la flamme qui brûle et qui luit, Sur le thème « Se mettre en route sur un

chemin de paix », autour de l’Evangile de la Visitation, Luc 1, 39-56

Donner l’espoir aux marcheurs de ce temps. Mt 22, 15-21

Les pharisiens envoient leurs disciples dire à Jésus : « Maître, nous le savons, tu es toujours vrai et tu enseignes le vrai chemin de Dieu ; tu ne te laisses influencer par personne, car tu ne fais pas de différence entre les gens. Donne-nous ton avis : Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à l’empereur ?... »

Paix et non violence, à l’exemple de Jésus non-violent (cf Jean, 18, 22-23). 2

Donner le pain dans un monde affamé, « Dieu se fait entendre là où l’on se met en route. Il est tout proche quand on se met en route vers les autres et vers lui. … Ne craignons pas Dieu, lui qui est toujours le premier à nous regarder ; n’ayons pas peur d’aimer ! »

Donner l’eau vive puisée près de Dieu, Donner de croire au festin partagé, Donner le sel et le vin généreux.

Le texte du chant reprend, sous forme de prière, l’éloge de Jésus formulé par les pharisiens. Malgré leur hypocrisie, ces derniers disent sur Jésus quelques vérités bonnes à méditer : Jésus est toujours vrai ; il enseigne le vrai chemin de Dieu ; il n’est pas sous influence, sa parole est libre ; il ne juge pas les gens en fonction de leurs différences sociales ou autres ; il les regarde tous pour ce qu’ils sont vraiment : les enfants d’un même Père.

3 Donner le souffle à tout homme blessé, R/ Donner le sang qui réveille sa vie, Marie, Témoin d’une espérance, Donner de vivre debout dans la paix, Pour le Seigneur tu t’es levée. Donner l’audace envoyée par l’Esprit. Au sein du peuple de l’Alliance Tu me fais signe d’avancer 4 Toujours plus loin, toujours plus loin. Donner le fruit du travail de nos mains, Donner d’apprendre à chercher un trésor, 1

Maître toujours vrai Donner l’envie de s’ouvrir un chemin, Mère du Christ et notre Mère, Donner l’amour qui peut vaincre la mort. Tu bénis Dieu, printemps de vie. XP 48-42 T : CB –M : M. Wackenheim En toi l’Esprit fait des merveilles,

CD « Le Temps du Royaume A » 5 Avec amour il te conduit. Ed. Ateliers du Fresne Donner la soif de connaître Jésus, Donner les mots qui pourront le chanter, 2 1 Donner d’aller par des voies inconnues, Quelqu’un t’appelle et te visite, Maître toujours vrai, Donner la force d’un cœur libéré. Ton cœur frémit à sa venue. Tu enseignes le chemin de Dieu : C’est à l’audace qu’il t’invite, Chemin de Dieu vers nous les hommes , Tu vas sans peur vers l’inconnu. Route qui chante le Royaume ; Chemin qui reste ouvert 28ème Dimanche du Temps

ordinaire A 3 Même au plus froid de nos hivers. Remplie de joie tu prends la route Vers la maison d’Elisabeth, 2 Et cette femme en toi découvre Maître toujours vrai, Mt 22, 1-14 L’Enfant promis, l’Emmanuel. Tu nous montres le chemin vers Dieu : Le Royaume des cieux est comparable à un

roi qui célébrait les noces de son fils. Il envoya ses serviteurs pour appeler à la noce les invités…

Chemin de marche avec nos frères, 4 Voie de silence et de prière ; Auprès de toi chacun rencontre Chemin des croix dressées Celui qui vient nous relever. Pour qui dira la vérité. Tu dis ta foi quand il annonce : Aux noces de ton Fils Voici les jours du Dieu de paix ! 2 XA 48-29 T : C. B –M : M. Wackenheim Maître toujours vrai, 5 CD « Le Temps du Royaume A » Tu nous parles avec les mots de Dieu : Sur les chemins de l’Evangile Ed. Ateliers du Fresne Des mots de feu qui nous relèvent, Il nous apprend à pardonner. - Ils ont la force des prophètes ; Sa non-violence est le vrai signe 1 Des mots de liberté D’un amour fort et sans compter. Aux noces de ton Fils, Pour les petits, les délaissés. Dieu saint, tu nous invites ; 6 La table est préparée, 3 Pour les enfants de tous les âges Le vin sera versé. Maître toujours vrai, Tu as des mots de vérité : Qui donc, Seigneur, Tu nous vois sous le regard de Dieu : Le Christ est là, sur nos rivages, N’entrerait à ton festin ? Regard d’amour et de tendresse Ecoutez-le, vous revivrez ! R/ Sur notre monde et ses faiblesses ; Louange à toi qui nous appelles, Regard d’un Dieu qui sait Heureux le peuple des sauvés ! Comment chacun le reconnaît.

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Chanter l’amour/charité qui se donne de la peine –Claude BERNARD

Ton amour, Fils de Dieu Ici, le mot clé, c’est le mot « Amour » ou charité. On rencontre une difficulté en français, pour traduire le mot grec « agapê » employé par Paul. Benoît XVI, dans son encyclique « Dieu est amour », nous a fait un petit recyclage. L’agapê, la « caritas » en latin, -la charité- est cet amour désintéressé susceptible d’être adressé à toute personne, à la différence de l’amitié « Phileia ». Chez nous, le mot amour peut jouer sur les deux registres : amour fort, amour de Dieu et du prochain, et aussi l’amour au sens de « eros »… Pour contourner la difficulté, une solution de normand est proposée: les deux termes figurent dans le chant. Dans le refrain, le mot amour, sans ambiguïté quand il s’agit du Fils de Dieu. Et dans les strophes, ligne 2, le mot charité.

Signes Musiques N° 106 CéDésignes N° 48

T : C Bernard –M : Michel Wackenheim R/

Ton amour, Fils de Dieu, S’est donné tant de peine ! Aujourd’hui tu nous veux Les témoins de son règne.

1 A ton exemple, ô Jésus Christ,

Que notre charité soit longue flamme ! L’Amour qui sème dans les larmes

Moissonnera des chants de joie. 2

A ton exemple, ô Jésus Christ, Que notre charité soit inventive ! L’Amour défie les impossibles, Il sait ouvrir beaucoup de voies.

3 A ton exemple, ô Jésus Christ,

Que notre charité soit sans limites ! L’Amour fera que l’homme vive Bien au-delà des lourdes croix.

4 A ton exemple, ô Jésus Christ, Que notre charité soit une fête ! L’Amour embrase les ténèbres

A la clarté du feu pascal. 5

A ton Exemple, ô Jésus Christ, Que notre charité n’ait pas de crainte !

L’Esprit d’amour met son empreinte Dans tous les cœurs qui gardent foi.

6 A ton Exemple, ô Jésus Christ,

Que notre charité soit pour ta gloire ! L’Amour se grave en notre histoire,

Au plus secret Dieu le reçoit. Un chant nouveau : Benoît XVI affirmait récemment (mercredi 21 mai 2008 ZENIT.org) « La foi est amour et c'est pourquoi elle crée de la poésie et elle crée de la musique. Si la foi est vivante, aujourd'hui aussi nous pouvons répondre à l'impératif qui se répète toujours à nouveau dans les Psaumes: «Chantez au Seigneur un chant nouveau Chanter l’amour charité. En écho à l’expression de Jean : Dieu est amour, Dieu est charité : Deus caritas est… O Théos agapê estin. En écho aussi au psaume 88 : « L’amour du Seigneur, sans fin je le chante » Chanter les trois essentiels, comme le dit un missionnaire habitué de l’Asie : 1-Notre vie a de la valeur. Cf le chant « Nous avons du prix à tes yeux, Seigneur » CD Mille raisons d’espérer) ; 2-Nous sommes aimés par Quelqu’un ; 3-Nous sommes appelés à être témoins de la tendresse de Dieu.

Une réalité Dans l’épître aux Thessaloniciens, « que votre charité se donne de la peine » est une incise à l’intérieur d’une phrase. Paul fait état d’une réalité, sous forme d’un rappel : « Nous nous rappelons que votre charité se donne de la peine » : c’est une bienheureuse réalité, un fait, et non pas un vœu pieux. Un amour de solidarité et de bienveillance à l’égard des frères et sœurs de la communauté chrétienne, et bien au-delà. « Sur l’amour fraternel, vous n’avez pas besoin qu’on vous écrive, car vous avez personnellement appris de Dieu à vous aimer les uns les autres, et vous le faites bien envers tous les frères de la Macédoine entière. » (1Th 4,9) Ce qui caractérise la charité, ce n’est pas un enthousiasme débordant, mais le fait qu’elle « se donne de la peine » ; elle ne craint pas l’aspect pénible et fatigant des actions concrètes qui manifestent l’amour du prochain. C’est une réalité située au milieu d’une trilogie, entre foi active et espérance qui tient bon. La trilogie fondamentale de l’existence chrétienne. Cette charité dont Paul, Sylvain et Timothée font mémoire, ils la considèrent comme un motif d’action de grâce : « A tout instant nous rendons grâce à Dieu à cause de vous tous ». Un merci qui doit nous inspirer à nous aussi un mouvement analogue pour toute la charité qui nous anime. « Nous avons reçu l’Esprit qui vient de Dieu afin de connaître les dons que Dieu nous a faits » (1Co 2, 12) Un souhait Dans le leitmotiv de la Semaine missionnaire, le sens premier de l’expression a été retouché. La conjonction « que », en début de ce membre de phrase pris maintenant comme un absolu, en fait un souhait, un optatif,

ou un impératif. Et cela peut se comprendre, car les chrétiens de Thessalonique, si charitables qu’ils aient été, sont invités par Paul à de nouveaux progrès (chapitre 4, 10). Bonne méthode pédagogique ! Paul commence par dire « Vous êtes des gens bien », mais, dans un deuxième temps : « Vous pouvez mieux faire ! » Un « peut mieux faire » d’autant plus facilement perceptible que l’on voudra bien se situer dans une démarche « verticale », en regardant vers en haut, vers le Très-Haut. Et là, il n’y a pas photo. Le mieux faire est évident, révélé dans la personne même de Jésus. C’est pourquoi le refrain de notre chant commence par un acte de contemplation : « Ton amour, Fils de Dieu, s’est donné tant de peine ». Le Verbe de Dieu envoyé par le Père, s’est donné la peine de venir dans notre humanité. St Paul nous l’a dit avec des mots forts dans sa lettre aux Philippiens , 2, 6-8: « Lui qui était de condition divine, il ne garda pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu, mais il s’est dépouillé, prenant la condition de serviteur, il s’est abaissé jusqu’à la mort sur une croix… » Il a pris la peine d’expérimenter toutes les contraintes d’une vie humaine au quotidien, avec ses développements, ses affrontements à l’entourage et à la société… La peine de se lancer comme messager de la bonne nouvelle, avec les surprises qui attendent généralement les prophètes et les porteurs de vérités dérangeantes, La peine de ramer à contre-courant d’une religion avec ses coutumes surannées, pour affirmer le primat de l’amour… au risque de passer par la croix. La peine des fatigues et de la soif sous le soleil de Palestine : voyez la rencontre de Jésus avec la Samaritaine : « Jésus, fatigué par la route, s’était assis au bord du puits –de la source- de Jacob… » Autant de gestes que l’Evangéliste Jean résume dans l’expression : « Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’à l’extrême » (Jn 13,1) Le refrain du chant « ton amour, Fils de Dieu, » se termine par la reconnaissance d’une volonté de Dieu par rapport à nous : aujourd’hui tu nous veux les témoins de ton Règne. En écho à la parole de Jésus : « Vous serez mes témoins à Jérusalem, dans la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre » Il y a ici la reconnaissance d’un envoi en mission, en tant que témoins du règne de Jésus. Non pas un règne triomphant à la manière d’un monarque, un règne qui se manifesterait par une toute puissance ecclésiale telle qu’on a pu l’imaginer… et que certains imaginent encore ! Règne de l’amour au quotidien, vis-à-vis de chaque personne qui forme notre prochain…

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Règne de l’amour apostolique qui se donne de la peine au service de l’annonce de l’Evangile… Chaque fois, il s’agit d’un amour d’imitation par rapport à Jésus. Donner toute sa force à l’expression qui commence chaque strophe : « A ton exemple, ô Jésus Christ ». Nous pensons à la parole de Jésus après le lavement des pieds: « Je vous ai donné l’exemple, afin que vous agissiez comme j’ai agi envers vous » (Jn 13, 15) De son côté, Paul nous dit : « ayez les dispositions (ou les mêmes sentiments) qui étaient dans le Christ Jésus » (Phil. 2,5)… Revêtez l’homme nouveau créé à l’image de Dieu », revêtez le Christ, revêtez des sentiments de tendresse et de compassion… Chaque strophe développe notre regard sur Jésus et manifeste un aspect particulier de la charité vécue par le Maître. La strophe 1 : la charité est « longue flamme », c’est-à-dire un amour qui tient et qui résiste ; le contraire d’un feu de paille. La première qualité de l’amour, d’après Paul 1 Co 13, c’est la patience » « La charité est patiente» La patience du semeur… Cf le ps. 125 : «Ceux qui sèment dans les larmes moissonnent en chantant». Dans l’évangile, le semeur, c’est le Fils de l’homme… La charité se frotte à des difficultés et elle encaisse les coups, quitte à être marquée par la souffrance. Dans patience, il y a le verbe latin « pati », souffrir… (la strophe 2 : développée plus loin) La strophe 3 nous parle d’un amour sans limites, à la manière des dimensions de l’amour de Dieu dont parle Paul : la longueur, la hauteur, la profondeur de cet amour, qui appelle le nôtre : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, » etc… Cette charité-là, Paul nous dit qu’elle ne passera jamais. La foi disparaîtra, l’espérance disparaîtra. L’amour fera que l’homme vive bien au-delà des lourdes croix. Comme c’est le cas pour Jésus ressuscité. La strophe 4 « A ton exemple, ô Jésus Christ, que notre charité soit une fête ! » Se laisser aimer par Dieu n’a rien de triste ! St Paul dit : « Dieu aime celui qui donne avec joie » (2 Co, 9,7). La strophe 5 A ton Exemple, ô Jésus Christ,

Que notre charité n’ait pas de crainte ! Sainte Catherine de Sienne écrivait à ses sœurs dominicaines : « Je veux que vous n’ayez jamais aucune crainte : chassez loin de vous toute crainte servile. Vous direz avec St Paul, ce doux amant du Christ : « Tiens bon aujourd’hui, mon âme. Je peux tout par le Christ crucifié. Par le désir et par l’amour il est en moi, celui qui me fortifie. » Aimez, aimez, aimez ! » (Magnificat, mercredi 21 mai 2008, p. 305) La strophe 6 St Paul ajoute : « la charité rend service, elle ne s’enfle pas d’orgueil, ne cherche pas son intérêt, elle trouve sa joie dans la vérité…etc… » L’humble charité nous arrache au nombrilisme et porte notre attention vers l’autre. Que notre charité soit pour ta gloire. Cf Mt 6, « que votre main gauche ignore ce que fait votre main droite… Ton Père qu voit dans le secret te le rendra. » La strophe 2 Arrêtons-nous à la strophe 2 « A ton exemple, ô Jésus Christ, que notre charité soit inventive ! L’amour défie les impossibles, il sait ouvrir beaucoup de voies. » Une charité inventive : C’est d’actualité dans notre prière. Par exemple cette invocation dans la prière des laudes : « Rends-nous sensibles aux besoins de nos frères, que notre charité se fasse inventive » (Magnificat, 22 mai 2008, p. 311) Notre charité-solidarité, oui ; mais tout autant notre charité missionnaire. Et là encore, c’est d’actualité, au niveau de la réflexion. Lire, à ce propos, « Confession d’un cardinal », d’Olivier Le Gendre. « la société actuelle fait de l’innovation une valeur clé… » (p. 391) « Vous savez ce que c’est un fidèle pour moi ? Ce n’est pas celui qui conserve, c’est celui qui invente dans la fidélité… Voyez la parabole des talents. Il y a ceux qui n’ont pas peur de prendre des risques pour faire valoir les sommes reçues. Ceux-là, Jésus les appelle « bons et fidèles serviteurs ». La fidélité ne consiste pas à se calfeutrer derrière la peur du risque et à ne rien oser… Dans les situations nouvelles et instables comme les nôtres, il est encore plus justifié et obligé d’accepter ces risques au nom même de la fidélité. » (p. 397) Nous sommes aujourd’hui dans une situation de grand écart entre une Eglise visible, médiatisée, et une Eglise invisible, loin des projecteurs, qui invente sans cesse et crée petit à petit un nouveau tissu chrétien» (p. 409) Nous avons l’intime conviction d’être en train de proposer de nouveaux modèles d’être réellement chrétiens, fidèles au message du Christ, à l’aise dans l’Eglise, proposant une

réponse adaptée à l’état actuel du monde mondialisé. » (p. 410) « Etre chrétien, ce n’est pas seulement croire qu’il existe un Dieu. Ce n’est même pas seulement croire un Dieu d’amour ni même acquiescer aux articles d’un credo. C’est s’accepter comme les mains de ce Dieu dans ce monde. C’est se mettre à la disposition du plan de Dieu pour le monde, c’est se ressentir comme les continuateurs de l’acte de création divin. » (p. 312) « … Un saint est avant tout un humain qui a fait de sa vie l’incarnation de la tendresse de Dieu pour les personnes qu’il a côtoyées. » ‘p. 313). Prenons l’exemple de Paul et de ses compagnons de voyage. Inventifs, ils ont dû l’être à chaque étape de leurs voyages missionnaires. Tout juste converti, Paul se donne de la peine pour le Seigneur, en prêchant dans les synagogues, au risque d’y laisser sa peau. Barnabé vient le chercher à Tarse pour l’amener à Antioche, où des disciples de Jésus forment une communauté vivante. Leur référence au Christ est même si évidente que, pour la première fois, on les désigne par le nom de « chrétiens ». Des gens qui savent dire oui à l’essentiel de l’Evangile. Des chrétiens aussi qui savent dire non au secondaire et au désuet quand des judaïsants veulent les contraindre à passer par la circoncision. Un « non » qui a retenti jusqu’à Jérusalem, grâce à Paul et Barnabé, et qui a ouvert définitivement la voie aux païens. C’est ce christianisme libéré que Paul, Silas et Timothée vont colporter dans le monde méditerranéen, et, entre autres à la population de Thessalonique. Pour en arriver à écrire la lettre aux Thessaloniciens dont nous méditons les premières lignes, que de chemin parcouru ! Paul est alors arrivé à Corinthe. Chemin impressionnant en nombre de Km : environ 1500 Km entre Antioche et Thessalonique (+- l’itinéraire de St Jacques de Compostelle pour un Français). 1500Km pour trois semaines de présence dans cette ville (trois sabbats) avant d’en être chassé. Le passage par Thessalonique est assez typique de l’activité missionnaire de Paul lors des différentes étapes. Cf. Actes 17, 1-9 ( Chemin semé d’embûches, -les coups de fouet, la prison, le rejet par la majorité des Juifs… Alternance de consolation et de désolation… Des conversions dans toutes les villes étapes, des femmes et des hommes dont on nous donne les noms et les qualifications… Et sans cesse le fil rouge sous forme d’un lien avec le Dieu invisible. Paul garde son portable allumé en permanence, y compris la nuit. Pensez au fameux Macédonien qui lui dit en rêve : « Passe en Macédoine, viens à notre secours ». Sans plus tarder Paul se met en route… Oui vraiment, une charité qui se donne de la peine. Au terme de sa vie, quand Paul donne une sorte de testament spirituel à Milet, devant les Anciens d’Ephèse. Il rappelle son unique obsession : « Pourvu que j’achève ma course et que j’accomplisse la mission que j’ai reçue du Seigneur Jésus de rendre témoignage à l’Evangile de la grâce de Dieu » (Act 20, 24) Paul cite alors cette phrase de Jésus qu’on ne trouve pas dans les Evangiles, et qui résume tellement la joie qui fut la sienne : « Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » (Act 20, 35) Cl. Bernard 19 juin 2008

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