Cette Semaine N°87

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    Sa B 2 n P l o a

    FVRIER /MARS

    P ARIS FLAMBE travers la nuit farouche et noireLe ciel est plein de sang, on brle de lHistoire,

    Thtres et couvents, htels, chteaux, palaisQui virent les Fleurys aprs les Triboulets,Se dbattent parmi les tourbillons de flammesQui flottent sur Paris comme les oriflammesDun peuple qui se venge au moment de mourir.

    L E FEU DE POURPRE et dor monte comme unsoupir

    Vers les appartements secrets des Tuileries,Lche les plafonds peints et les chambresfleuries,Et dvorant, au fond des boudoirs toils,Les meubles prcieux, les coffrets cisels,Les laques, les tableaux et les blanches statuesDont lorgueil virginal enfle les gorges nues,Il montre dans la nuit au monde pouvantComment tombe Paris drap dans sa fiert.

    C E LOURD ENTASSEMENT qutayaient des faitssombres,Le Louvre aussi flamboie et scroule endcombres

    Avec ses murs de marbre et ses portes dairainLantre o rdait encor lombre de Mazarin,Et qui frmit le jour qu la voix de CamilleLe peuple dcida quon prendrait la Bastille,Le palais de Philippe-Egalit nest plus.(...)

    C ETTE TORCHE , l-bas, jauntre et violette,Qui tremble au vent, ctaient les docks de la

    Villette.Ici prs, cest la Cour des Comptes qui se tordDans un embroisement farouche qui la mord,Et qui broie, en courant, ses piliers, ses toituresEt sa bibliothque o des larves impuresDormaient sur les dossiers du monde imprial ;

    E T PLUS LOIN L OURAGAN vengeur du Prairial

    A sur les Gobelins dchan la tempte :La soie en fleur le long des mtiers toute prteFond en frisant ainsi que des cheveux denfant.Lincendie est partout, immense, triomphant ;Il danse sur le toit et rampe dans la cave ;

    L E PLOMB EN NAPPES coule ainsi que de la lave,Et sur les pavs noirs stale en flots dargent.Mais, tout coup, un feu gigantesque mergeantDu milieu de la ville effrayante, domineLa grandiose horreur du canon, de la mineEclatant en faisant sauter tout un quartier,Et du mur qui chancelle et sabat tout entier

    Avec le grondement prolong du tonnerre,

    Les voix, les pleurs, le bruit des bas, les cris deguerre,Et lon voit slancer vers les astres surprisLa grande me de la cit que fut Paris :La flamme impitoyable treint lHtel-de-ville !O souvenirs ! Histoire hroque ou servile !(...)

    P ARIS EST MORT ! Et sa conscience abme A tout jamais svanouit dans la fume !Et bien ! quand lincendie horrible triomphait,Une voix dans mon cur criait : Ils ont bien fait !

    Eugne VermerschLes incendiaires I

    Bruxelles, aot/Londres, septembre 1871

    Il est certain que le proltariat et la bourgeoisie sont dans un tat de guerre invitable, et quil faut que lun ou lautre

    prisse dans la bataille : reste savoir si les 35 millions de proltaires auront toujours la rsignation de se laisser dcimer et dvorer par 200 mille familles fainantes. Mais au moins quils le sachent bien : jamais, jamais entre eux et la bourgeoisie, il ny aura de rconciliation sincre. Les protestations les

    plus ardentes des privilgis ne sont autre chose que deffronts mensonges dicts par leffroi de la premire heure, et le peuple qui sy laisse prendre nest quun peuple de dupes

    Londres, 1er janvier 1873

    Eugne Vermersch (1845-1878) aparticip la Commune de Paris de 1871,

    ville en partie incendie par quelquescommunards voyant la dfaite arriver.

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    Plus de 40 perquisitions ont eu lieu en Italie et en Suisse : une Silvestre (Pise), une Cascina, Varda, deux Tirrenia, sept Pise, une Cecina, deux Livourne, trois Carrare, deux Querceta, huit Pietrasanta, une Isola dElba, trois Florence,

    une La Spezia, une Bergame, une Ari (Ch), deux Verbania, une Sondrio,deux Turin, quatre Milan, une Sarzana, Biella, Cuneo, Bologne et une en Suisse.

    L A VAGUEde perquisitions a concern laire anarchiste et libertaire avecen plus trois autres perquisitions : les deux de Pietrasanta concernentun compagnon et une compagnonne du Laboratorio Marxista [LaboratoireMarxiste ] et celle de Sarzana un compagnon communiste.

    Parmi tous les perquisitionnEs, treize ont reu des avis de garantie [misesous enqute] pour association subversive, article 270bis du code pnal : una t notifi Marco Camenisch dans sa cellule suisse de Pfffikon, un autre sa femme, quatre Pietrasanta, trois Pise, un Rosignano, Ari (Ch),

    Verbania, Sondrio.

    Ce sont les chiffres froids de lopration black-out, du nom de lenquteconduite par les substituts du procureur de Gnes, Canepa et Canciani, et parles ROS [service dinvestigation des carabiniers ].

    Nous ne voulons dire que quelques mots, mais quils soient clairs : nouscontinuerons parler du rebelle cologiste Marco Camenisch, qui la fin desannes 70 a pratiqu le sabotage pour sopposer la mort nuclaire descentrales suisses et a t condamn pour cela dix ans de prison aprs avoirrepris sa libert en svadant puis en disparaissant dans la nature.

    Sous le nom de Martino, il a accompagn la vie quotidienne de certainEsdentre nous, partageant les motions et la pense critique contre cettecivilisation toxique base sur la pollution, la mort et lexploitation. Nouslavons accompagn au cours de ses onze annes de prison en Italie etcontinuons tre solidaires lheure o Marco subit lisolement dans les

    prisons suisses aseptises.

    Nous noublions pas son humanit, sa cohrence profonde et son sentimentdappartenir une nature toujours plus violente au quotidien, nous sommesavec lui tous les jours pour exiger la libert de tous les prisonniers. Sans avoirlintention de bouger dun millimtre de ces positions, nous raffirmons quela solidarit est une pratique militante et aussi quaucune intimidation, aucunehypothse rpressive ne pourra jamais provoquer de black-out sur notreconscience critique, notre affection et notre identit.

    Nous sommes conscients que cette attaque, la nime quisajoute aux autres enqutes et hypothses rpressivesqui impliquent des antifascistes, des anarchistes,

    des communistes et des rvolutionnaires, nestrien dautre que la tentative permanente dupouvoir de dfendre tout prix les profitset les intrts de quelques uns enpitinant et rprimant touteexpression de rvolte etdantagonisme lintrieurdun parcours plus gnralde lutte qui, par millepratiques diverses,soppose cetted m o c r a t i emoderne libre-changiste, qui pro-

    voque toujours plusdexploitation, doppressionet la destruction progressive dela nature.

    Tout en niant toute implication parrapport aux faits qui nous ont t notifis,nous voulons aussi raffirmer que dans unesocit qui sauto-alimente de carnages et demassacres dmocratiques et lgaux, de dsastresenvironnementaux et sociaux permanents, prtendre treinnocent revient uniquement sen faire les complicesrsigns.

    Nous revendiquons avec fiert notre culpabilit irrductible continuer rver une socit plus juste, libre de lexploitation de lhomme, de lanature, des animaux.

    Pour un monde sans prisons.

    Des compagnons et des compagnonnes mis en exame11 octobre 2003

    Cette Semaine -

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    L IBERT POUR MARCO !L IBERT POUR TOUTES ET TOUS !

    I T A L I E

    11 DCEMBRE : De la peinture est rpandue sur lamairie de Pfffikon et, le jour suivant, sur lentredu parquet de Zrich, ville dans laquelle Marcovient dtre transfr.

    16 NOVEMBRE : Deux banderoles ont taccroches sur des ponts Istanbul , o on pouvaitlire Libert pour les prisonniers deThessalonique et Libert pour le prisonnier cologiste Marco Camenisch Pour ladestruction des prisons .

    16 NOVEMBRE: Ce dimanche 16 novembre, nousavons cadenass et barricad la porte de laChambre de commerce suisse, 24 rue des Nations 1050 Bruxelles, en solidarit avec MarcoCamenisch .

    5-6NOVEMBRE: Dans la nuit du 5 au 6 novembre2003, lagence dinterim Adia situe 5 square de

    lOpra Louis Jouvet (75009 Paris) a reu descocktails molotovs. Le texte suivant a t laiss

    sur place : Contre les exploiteurs et les matons entous genre : Feu ! Solidarit avec MarcoCamenisch et tous les prisonniers en lutte .

    3 NOVEMBRE : Rassemblement devant lachancellerie de Suisse Bruxelles lappel delABC Gand et le Secours Rouge/APAPC.

    2 NOVEMBRE : Slogans bombs en solidarit avecMarco Mar del Plata (Argentine).

    OCTOBRE : Le procs de Camenisch pour le

    suppos homicide dun douanier en 1992 estrepouss de dcembre dbut 2004.

    24SEPTEMBRE: Vague de perquisitions dans toutelItalie, 13 personnes mises sous enqute.

    17SEPTEMBRE: Perquisition aux domiciles toscan

    et verbanais de Manuela, la compagne de Marco.Le mme jour, sous la conduite du procureur deGnes (et sur autorisation du tribunal donne le 22

    juillet), la cellule de ce dernier est perquisitionne,son ordinateur portable, sa correspondance avecson avocat et prive, ses documents et sescourriers sont saisis.

    27 MARS : Marco Camenisch est retransfr la prison de Pfffikon en isolement.

    19 FVRIER : un relais de tlphone cellulaireOmnitel brle au lieu-dit S. Silvestro sur leterritoire d'Amelia (rgion de Terni, Italie). Onretrouve l'inscription Libero Marco, liberitutti .

    12 FVRIER : Paris dans la nuit du mercredi 12au jeudi 13 fvrier, plusieurs boutiques capital

    suisse ont t vises. Les agences d'interim Adia et

    ACTIONS ET MOBILISATIONS AUTOUR DE MARCO CAMENISCH ...

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    CE MATIN 6 HEURES, les ROS ont perquisitionnavec des chiens anti-explosifs douze habitationsdes compagnons de Silvestre et du groupe

    anarchiste Incontrolados (huit Pise et dans saprovince, deux Livourne et dans sa

    province, un Florence, un Milan) ainsique le sige des groupes concerns,

    notifiant galement quatre avisde garantie [mise sous

    enqute ]. La demande deperquisitions a t

    effectue par lesROS de Livourne

    et signe par leparquet de

    Gnes (procureursCanepa et Canciani).

    Les dcrets de perquisitionont t mis en rapport avec les

    dlits mentionns dans les articles 270bis du code pnal et suivants (commis

    Massa Carrara et autres lieux, entre aot 2002 et la date actuelle) (...) relevant que selon

    lenqute mene jusqu la date actuelle par la Police Judiciaire, mergent des lments concrets indicatifs de la

    limplication des mis en examen une association criminelle finalit de terrorisme et de subversion en lien avec la ralisation

    de nombreux attentats la dynamite et/ou incendiaires au prjudice dobjectifs comme des pylnes de distribution de lnergie lectrique, des

    installations de relais de tlphonie mobile, des incinrateurs de dchets et des installations de remonte mcanique pour skieurs .

    Le nom de Marco Camenisch apparat explicitement dans les dcrets deperquisition montrs aux compagnons, lui qui a t perquisitionn quelques

    jours avant dans la cellule Pfffikon (sa femme Manuela a galement subiune perquisition).

    Cette brillante opration dnomme Black-out a conduit squestrer cinq ordinateurs, environ 250 CD, diffrentes vido-cassettes, un nombre normede lettres, brochures, bombes de peinture, ptards, agendas, textes varis etc.Limpression quont eue les compagnons est que les flics recherchaient avanttout des documents relatifs aux contacts personnels, dans le but deconstruire le rseau habituel de relations prouvant lexistence dunefantomatique association subversive.

    Lopration Black-out nteindra certainement pas les luttes qui sedveloppent sur le territoire en dfense de la plante, parce que celles-ci sontla consquence ncessaire de la dgradation toujours plus vidente de laplante. Frapper les quelques dizaines dactivistes qui sexposent directementpar des initiatives de lutte et de propagande ne pourra pas clore une bataillequi tend slargir et assume des caractres varis et des contenus divers.

    Notre premire riposte ces intimidations sera dorganiser une initiativepublique pour parler nouveau de Marco Camenisch et de tous lesprisonniers cologistes que lEtat enferme et torture.

    Il Silvestre Gruppo Anarchico Incontrolados 24 septembre 2003

    Au cours de la perquisition du 24 septembre dernier, les carabiniers ontgalement squestr notre sige ladresse des personnes qui reoiventTerra Selvaggia . Il nous semblait important de prciser cette squestration-l, cest--dire la liste qui contient tous les noms et adresses des personnes qui nousexpdions le journal et/ou dautre matriel. Nous avons ensuite appris quede nombreuses autres perquisitions ont eu lieu le mme jour dans notrergion, y compris dans les maisons damis ou de leurs parents qui dunemanire ou dune autre ont t ou sont proches de nous. Nous exprimonsnotre solidarit tous ceux qui ont reu ces visites dsagrables et nous larenouvelons comme dhabitude galement Marco Camenisch.

    ( I silvestri 30.9.03).

    UN BLACK-OUT DANS LA CERVELLE

    Adecco (appartenant au mme groupe suisse), et Lloyd continental (groupe suisse) ont eues leurs serrures bouches la soudure froid ou aumastic aux endroits suivants : Adia, 5 rue

    Meyerbeer (9e) ; Adia, 5 square Opra Louis Jouvet (9e) ; Adecco, 129 boulevard Magenta(10e) ; Adia, 124 boulevard Magenta (10e) ;

    Adia, 111 boulevard Magenta (10e) ; Adia, 29 bisrue Rocroy (10e) ; Lloyd continental (groupe

    suisse), 4 rue des petits pres (2e). Par ailleurs,certaines de leurs vitrines et murs adjacents ont t bombs de " Marco Libero ", " Solidarit avecles prisonnires en lutte ", " Marco, la suisse tedtruit, nous abmons la suisse ".

    11 FVRIER : des cbles de la socit detlphones portables Omnitel brlent au lieu-ditLovegno sur le territoire de Pieve di Teco (rgionde Imperia, italie). L'inscription Marco Libero est retrouve sur une cabine du coin.

    9 FVRIER : manifestation d'une cinquantaine de personnes contre les prisons et en solidarit avecCamenisch Chur (Suisse).

    4 FVRIER : Marco Camenisch est transfr Coira (Chur) o il arrte sa grve de la faim aprsvingt jours. Il a obtenu la fin de l'isolement, la

    possibilit de participer aux activits avec lesautres prisonniers, 15 minutes de tlphone par semaine, un courrier plus frquent, tous typesd'aliments ncessaires son rtablissement.

    1ER FVRIER : manifestation d'une centaine de personnes Milan (Italie) devant le consulatsuisse, puis rassemblement devant un magasinBenetton ainsi qu' Florence. On pouvait lire sur les banderoles de la premire : vos attentats ce

    sont les prisons , non au 41bis, l'isolement, la torture et les co-attentats ce sont lesusines chimiques, les dsastres environnementaux

    sont les ufs [rfrence explicite au sabotage

    d'Abetone qui a ravag les ufs du tlphrique]de l'opulence . Le tract distribu devant leconsulat rclamait notamment la libert pour Camenisch et pour tous.

    1ER FVRIER : la succursale barcelonaise de lamultinationale suisse des assurances, Zrich, areu dans la nuit une visite : sabotage de laserrure, vitrines macules tandis que les murs ontt recouverts de : Prision abolicion (abolition des prisons), Camenisch libre y

    salvaje (Camenisch libre et sauvage) et Acabemos con las nucleares ( bas lenuclaire).

    31 JANVIER : un relais de tlvision de la Rai brledans la nuit Maresana (colline qui surplombeBergame, Italie). L'inscription Marco, Marina eVincenzo liberi [Marina Cugnaschi et VincenzoVecchi font partie des anarchistes arrts le 4dcembre en relation avec les meutes de Gnes

    ... A CTIONS ET MOBILISATIONS AUTOUR DE MARCO CAMENISCH

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    ACTIONS ET MOBILISATIONS AUTOUR DE MARCO CAMENISCH ...de juin 2002 et emprisonns dans cette ville] et relais = mort sont retrouves sur un mur ducoin.

    FIN JANVIER : Marco Camenisch est transfr du bunker de haute-scurit la prison de Pfffikono il est mis en isolement, mais o les conditionsde dtention sont forcment meilleures.

    25 JANVIER : intervention au micro dumediacenter pour Camenisch Davos (Suisse),nombreux graffitis et banderole sur un train.Banderole de solidarit La Spezia (Italie) lorsde la manifestation antimilitariste.

    22 JANVIER : incendie d'un relais de tlphoneWind Marina di Pietrasanta (province de Lucca,Italie). Sur un mur voisin, on pouvait lire Marco

    Libero ainsi quun A cercl. Action revendique:

    " Attaque incendiaire de l'antenne via Unitd'Italia Pietrasanta.

    L'co-terroriste est celui qui pollue et empoisonne pour son profit et non pas celui qui se rvoltecontre cela.Solidarit ardente avec l'cologiste radical suisse

    Marco Camenisch soumis un trs dur rgimecarcral d'anantissement psycho-physique.

    Assez de l'isolement et des traitements inhumainset humiliants pour Marco et pour tous les

    prisonniers ".

    Un autre relais, de la mme entreprise, est

    incendi Pian del Lupo Castiglioncello(province de Livourne, Italie). Selon la presse,une trentaine de relais de tlphonie mobile ontt sabots ces deux dernires annes en Toscane.

    21 JANVIER : incendie d'un relais de tlphone

    Albacom Santa Lucia (rgion de Carrare,italie). Action revendique en solidarit avecCamenisch :

    " Pour la libration de toute forme et structure de pollution et d'empoisonnement, contre une socitqui garantit du profit quelques-uns et produit des tumeurs et des venins pour tous les autres(voir le dernier cas en date, celui du prion).Solidarit active avec l'cologiste MarcoCamenisch, emprisonn en Suisse, soumis undur isolement et la torture blanche.

    A l'cho solidaire de la dynamite, la charge de

    faire parvenir notre cri d'amour et de lutte tousles damns de la terre, emprisonns dansn'importe quel endroit du monde.

    Nous revendiquons l'attaque contre le rptiteur de Santa Lucia Carrare ".

    4 o 2 se tenait la confrence intergouvernementale sur laConstitution europenne Rome. Au cours des affrontements, des vitrines ont t brises et un flic en civil tabass.

    1 o 2 , L d tait arrt Viterbo, accus dutabassage dun carabinier en civil et datteinte aux biens. Trois autres perquisitions Rome et Viterbo se droulaient en mme temps.

    2 o , un rassemblement de solidarit Cagliari (Sardaigne) tait

    charg par les flics, 12 personnes arrtes dont 4 qui ont pass une nuit en prison (lun a t hospitalis pour traumatisme crnien). Leur procs a t renvoy au 21 janvier.

    2 o , un autre rassemblement en solidarit avec Massimo et tous les prisonniers devant la prison de Rebibbia Rome subissait le mme sort, se terminant par 14 arrestations. Ils passeront trois nuits en prisonavant dtre jugs en comparution immdiate pour rsistance, manifestation non autorise et lsions.

    Enfin, 3 d , deux squats (la Cascina et Torre Maura) et trois habitations de Rome ont t perquisitionnes tandis que Marco , un compagnon de Viterbo, tait arrt Naples et incarcr

    Rome avec les mmes accusations que Massimo.Massimo est libr sous contrle judiciaire le 18 dcembre et Marco le 8 janvier 2004, leur procs fix respectivement au 27 janvier et 1er mars.

    AUJOURDHUI 18 OCTOBRE, notre compagnon Massimo Leonardi a tarrt aux premires lueurs de laube. Vers cinq heures du matin, les chacalsen uniforme de la prfecture de police de Rome ont sonn sa porte pour luidlivrer un mandat darrt mis par le parquet de Rome, plus prcisment par lesubstitut du procureur Salvatore Vitello, avec la collaboration commetoujours dans cet infme travail de la Digos de Viterbo.

    Massimo est accus de dommages aggravs de biens publics et privs , de violence etagression contre un carabinier infiltr dans la manifestation du 4 octobre Rome. Lordre de capture a t mis suite aux affrontements qui se sont droulsau cours de la manifestation contre la signature de la Constitution europenne.

    Au mme moment, trois autres habitat ions decompagnons de Rome et Viterbo ont tperquisitionnes, ils sont galement accuss dedommages en relation avec la mmemanifestation.

    Nous, anarchistes et compagnons deMassimo, voulons lui exprimer toute notresolidarit, ainsi qu ceux qui luttentquotidiennement comme lui, cherchant rendre cette vie digne de ce nom, cest--dire libre de toute forme de contrleet dhumiliation.

    Nous hurlons notre complicit avecceux qui, comme Massimo, nacceptentpas de se soumettre et combattentdirectement les responsables de cemonde-prison.

    En outre : nos vux les plus sincres de non-gurison au flic infiltr et, toute personne quia contribu le faire enfler, nos remerciementsles plus chaleureux.

    Les compagnons de Massimo

    S AMEDI 25OCTOBRE avait lieu un rassemblement pour Massimo, notre compagnonarrt et dtenu la prison de Rebibbia Rome, o forme supplmentairedacharnement son gard il a t transfr vendredi soir pour empcher notresolidarit active par une mobilisation, dj rendue publique, au pied de la prison deRegina Coeli. Cette sale manuvre na pas fonctionn parce que les compagnons sesont dplacs aux pieds de celle de Rebibbia pour revendiquer leur complicit avecMassimo et tous les exploits squestrs dans les lagers de lEtat.

    Cest l que la frocit rpressive de lEtat est pleinement entre en action ; lescompagnons sortaient peine de la station de mtro pour distribuer des tracts quilsont subi une charge violente de la volaille dcidment nombreuse, suivie dune chasse

    lhomme. Les compagnons ont t traqus et poursuivis dans toute la zone deRebibbia et Casal dei pazzi. Cest uniquement la solidarit des proltaires et des

    habitants de la zone qui, en offrant refuge et hospitalit aux manifestants, aempch que le nombre de 14 compagnons arrts ne soit plus lev. Une

    plainte pour rsistance , lsion et jet de matriel explosif a t dposecontre tous, en droite ligne de ce qui stait dj produit mercredi 22

    Cagliari o un rassemblement pour Massimo avait aussi t charg etdispers avec, pour finir, 5 arrestations.

    Nous ne sommes pas ici pour nous plaindre de ce qui sest pass, nifaire appel au manque total de preuves propos des dlits enquestion, encore moins pour discuter de culpabilit ou delinnocence prsume de notre compagnon, discours que nouslaissons aux flics et aux magistrats.

    Nous sommes ici pour souligner le climat gnral de contrle et de

    rpression quon respire quotidiennement, surtout pour ceux quidsirent dans leur cur que lexistant soit boulevers et non passimplement rform. Nous ne souhaitons pas un monde dans lequel

    existeraient des lois plus justes mais nous luttons ardemment pour unmonde dans lequel les lois ne devraient plus exister.

    Libert pour Massimo Libert pour tousFeu aux prisons et aux matons

    Que le procureur Vitello et ses compres soient rtis

    Les compagnons et compagnonnes de Mas

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    L E 1ER JUILLET 2003 , Luca a t condamn Turin 8 mois deprison fermes pour rsistance , tentative de favoriser la fuite dunepersonne et refus de prsenter un papier didentit . Acquitt le 6 marsen appel de laccusation davoir tabass un journaliste (Genco, lors delenterrement dEdoardo Massari, anarchiste mort en prison en 1998.Par contre lautre compagnon, Arturo Fazio, dans la nature a vu sa

    peine de 3 ans et 8 mois confirme), il tait arrt laprs-midi mmesuite aux bombages des locaux du journal La Stampa . Un passant,intervenu lors de lintervention des flics contre la petite troupe, a pris 6mois et 20 jours avec sursis pour rsistance et violence agent . Ilavait accept la procdure de partegiamento , un deal avec le juge. Latroisime personne arrte est en attente de jugement.

    L E 11 JUILLET , prs de 50 perquisitions se sont droules en mmetemps dans toute lItalie. Le procureur de Bologne a mont une nouvelleassociation subversive (article 270bis), impliquant cette fois descompagnons avec des camarades du milieu communiste, qui a tnomme CRAC, Centro di richerca per lazione communista .Aussi, pour parler clairement, non seulement nous refusons, comme beaucoup de personnes ont l'habitude de faire dans ce genre de cas, de "prendre de la distance" ; mais au contraire, nous confessons que si le CRAC tait rellement une association en mesure d'accomplir de tels travaux prcieux ("subversion de l'ordre dmocratique"... "combattre le capitalisme"... "dtruire l'Etat"), nous n'aurions certainement pas hsit en faire partie. Mais malheureusement, il n'en est pas ainsi. Et non pas cause de l'incapacit des amis et compagnons du CRAC ; plutt pour le simple fait que la rvolution sociale n'est pas la mise en acte d'un projet labor par un groupe politique, par une avant-garde, par un parti, arm ou moins que a, mais bien plus un processus historique, une catastrophe de l'poque, le fruit d'une explosion des contradictions internes une organisation sociale en dclin.

    [extrait du communiqu du centre de documentation Porfido Turin ]

    L E 10 NOVEMBRE, un compagnon de Trieste a reu un avis de findenqute prliminaire du procureur Casson, de Venise. Il est accusdavoir tlphon le 17 novembre 2001 un journal de Venise pourcommuniquer lemplacement dun document de 18 pages des Nucleiterritoriali armati, (organisation marxiste-lniniste apparue en 1995dans le Veneto).

    Avec cette dclaration, jentreprends quelque chose qui me parat avoir quelque chose de surraliste : contraindre un anarchiste expliquer quil ne serait pas prt crire ni dfendre un texte comme celui que vous mavez gracieusement rendu disponible le 10 novembre (date laquelle on ma notifi la conclusion de lenqute prliminaire). Je pense que la Digos est suffisamment informe propos de mes lectures, de mon mode de pense et de mes frquentations anarchistes. (...) Comment expliquer tant dacharnement, vu que sur 107 pices conviction, pas moins de 95 sont des textes (livres, opuscules, revues) anarchistes ? Comment expliquer la ccit de ceux qui ne comprennent pas quentre lusage de termes comme bourgeoisie imprialiste et exploiteurs, il ny a pas

    seulement une diffrence de langage,mais quil sagit aussi de contenus,analyses, projets, tensions et rves diffrents ; que celui qui recherche des affinits avec les autres compagnons nest pas le moins du

    monde intress se faire embrigader dans quelque organisation que ce soit, un

    parti combattant qui se pose en avant-garde pour conqurir le pouvoir. Poursuivre [ce texte ] , je le rpte, me semble pour le moins surraliste : je devrais continuer critiquer un texte quon mattribue (ou que jaurais contribu rdiger, ou seulement publier, je nai toujours pas compris) pour faire comprendre que je suis totalement tranger cette affaire ? (...) Je prsume quen ne classant pas lenqute, Casson me considre coupable dassociation subversive, etc. Ou, autre hypothse, il ne lintresse pas de savoir si jai

    frquent, connu ou soutenu quelques militants de cette organisation combattante (mon usage des initiales en majuscule est beaucoup plus modr que dans le communiqu dont on mattribue la paternit), mais il voulait seulement trouver quelquun qui faire porter le chapeauil . Peu importe qui, lessentiel est quil y en ait un.

    [extrait de la dclaration de Fabio Sgarbul, novembre 2003 ]

    L E 1ER DCEMBRE , le tribunal de Cuno a renvoy au 15 janvier leprocs dun compagnon accus d incitation la haine et la violence entre tres humains de diffrentes ethnies . Il avait tagu le 5 septembre2002 des slogans antisionistes, un autre contre Benetton et un derniercontre la police.Mis part que je ne sois absolument pas convaincu de lexistence dun critre de diffrenciation des tre humains en ethnies, et que cela suscite ainsi en moi une forte impulsion de suspicion et de rpulsion, , je voudrais bien connatre celui qui a formul mon encontre laccusation d incitation la haine et la violence ethnique et quel serait le groupe ethnie contre lequel je mexciterais avec tant daigreur. A moins que je me sois choisi pour ennemi une inexistante ethnie sioniste (comme si on

    pouvait parler dune ethnie fasciste ou socialdmocrate) dont ferait partie la famille Cavaglion [proprio dun des magasins tagu], moins quil y ait

    aussi une improbable ethnie flicarde (analogue lethnie indite policire ou magistrate) dont feraient partie les personnes enrles dans les forces de rpression, ou encore, enfin, une surprenante ethnie vnitienne [la famille Benetton est du Veneto] dont les Benetton seraient les preux porte-drapeaux travers le monde ? .

    [extrait de lopuscule de Guido Mantelli, Une accusation insolite ]

    Les textes sont en gnral disponibles en italien sur :http://guerrasociale.orghttp://anarcotico.net

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    ... A CTIONS ET MOBILISATIONS AUTOUR DE MARCO CAMENISCH21 JANVIER : une partie du nouveau (dcembre1999) tlphrique de la station d'Abetone(province de Pistoia, Italie) brle, le feu part dequatre cabines. On retrouve l'inscription suivantesur un mur Feu aux destructeurs, libert pour

    Marco ! . L'acte est revendiqu par une lettreenvoye l'Ansa [AFP italienne] de Florence :

    " Nous attaquons ceux qui transforment lamontagne en argent en la dtruisant impunment.Ceux qui l'aiment se rebellent et, en s'armant par n'importe quel moyen, stoppent le massacre desexploiteurs.

    Solidarit avec Marco Camenisch qui a aim lamontagne et y a vcu et qui, prisonnier en cemoment et en grve de la faim dans la grisaille desquatre murs d'une prison suisse, ne peut plus s'y

    promener. Avec le dsir qu'un jour tu puissesreconqurir la libert, une embrassade toi et

    tous les prisonniers enferms dans les prisons dumonde entier.

    Matriel incendiaire dans quatre cabines de la structure de remontes [...mcaniques =tlphrique] de l'Abetone. "

    18 JANVIER : Camenisch entame une grve de lafaim dans la prison de Thorberg. Collage de tracts Buenos Aires (Argentine) sur Swiss Air et auxalentours de l'ambassade suisse. Rassemblementdevant l'ambassade suisse Bruxelles (Belgique) l'initiative de l'ABC Gand et du Secoursrouge/APAPC, voquant Camenisch mais

    galement les prisonniers turcs en lutte contre les prisons de type F et les FIES espagnols.Rassemblement Chur (Suisse) avec blocage du

    bureau des peines et sabotage de la serrure de la porte d'entre.

    16 JANVIER : Dans la nuit du 16 au 17 janvier 2003, "Feu aux prisons", "Marco Libero", "FreeCamenisch", "Vol, pillage, sabotage", "libert

    pour toutes et tous", "contre ce monde et ses prisons", des logos de bombe et des A cercls ont t tagus Paris sur les faades du centreculturel suisse (32/38 rue des Francs-bourgeois -

    Paris 4e), l'ambassade suisse (142 rue deGrenelle, Paris 7e) et la Chambre de commerce

    suisse (10 rue des Messageries, Paris 10e) et dansleurs alentours ".

    16 JANVIER : collage de solidarit avec Camenisch

    dans la ville de Gand (Belgique).

    [Chronologie tablie partir de la brochure n4(mai 2003, pp.11-13) et n5 (fvrier 2004, p.24)

    de Tout le monde dehors ! , et du sitehttp://freecamenisch.net/]

    QUELQUES CONDAMNATIONS ET ENQUTES EN COURS

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    LTAT DEXCEPTION PERMANENT

    E N OV E MB RE , des anarchistes de Rovereto (une petite ville du nord de l'Italie dans la province du Trentino) ont roccup pour la troisime fois un hangar vide, le

    Bocciodromo occupato. Il s'en sont fait expulser le 14 novembre, les 9 personnes prsentes envoyes en prison (les 7 hommes Bolzano, province de l'Alto Adige, les deux femmes Vrone). Le procureur a requis jusqu' trois ans de prison pour "vol aggrav d'nergie lectrique" et "occupation illgale" le 17 novembre. Deux ont t

    acquitts, 6 condamns 6 mois avec sursis et un 8 mois (parce que "rcidiviste").Miroslav Bogunovic est rest en prison une semaine supplmentaire, les flics l'accusant en plus de "vol aggrav" parce qu'il aurait, la veille de l'expulsion, drob la disquette d'un photographe local (Fulvio Fiorini) venu photographier les lieux. Il est en attente

    d'une date de procs et interdit de sjour Rovereto.

    Le prfet du Trentino, Francesco Colucci (clbre pour sa gestion du G8 Gnes o il tait alors en fonction) a fait lors de son court sjour son bonhomme de chemin : outre l'expulsion du lieu, la condamnation des 7 personnes puis la dtention prolonge d'un

    compagnon prsent en attente de procs, 16 personnes venues faire un coucou

    bruyant Bolzano aux emprisonns ont reu une interdiction de sjour dans cette ville de deux ans, un compagnon espagnol et un suisse ont reu une interdiction vie de toute l'Italie, et une douzaine dinterdictions de sjour et transit Rovereto (o se

    trouvent la gare, mais aussi les centres administratifs et surtout leurs affinits) pour trois ans ont t notifies aux anarchistes du coin qui vivent dans les petits villages des

    alentours et n'ont pas leur rsidence administrative dans cette ville.

    N OUS SOMMES REVENUS.Malgr les expulsions etla rpression, malgr la

    tentative de criminalisation,nous sommes de nouveau l, auBocciodromo.

    Nous sommes revenus parce que larpression fait moins peur que l'horreur dece monde, est moins mortelle que la pollutionet le btonnage, que les organismesgntiquement modifis, elle fait moins peur que l'ide de ne pouvoir rien faire pour changer tout cela.

    Tous les jours, au nom de l'argent et du pouvoir, des milliers de personnes sont tues,

    enfermes et tortures, on dforeste et onempoisonne. Ceux qui le font, ce sont la

    police, l'arme, les usines, les automobiles ettous les produits de l'industrialisation, ce sontles lois qui permettent des tragdies commecelle de Lampedusa. C'est ce que nousappelons, nous, le terrorisme, celuiquexercent les Etats et les multinationales del'conomie (il n'existe pas de diffrence entreeux), et ceux qui nient cela sont des crtins oudes hypocrites qui marchent sur ce monde

    pourri, sur la vie de merde qui enserre lesautres.

    L'occupation est un des modes que nous avonstrouv pour russir arracher un espace onous pouvons nous confronter sur cesquestions, un espace qui soit rellement libre,autogr, o recrer la socialit et la solidaritque ce monde est en train de dtruire, mais

    aussi o se divertir. Un lieuo chercher collectivement

    des solutions aux problmes

    collectifs, sans le mcanismede la dlgation, o reprendre enmain nos vies, parce que nous en

    sommes privs depuis trop longtemps.

    Le propritaire du lieu a l'intention de ledmolir et il restait inutilis jusqu'aujourd'hui, comme des milliers d'autres.Parmi ceux-ci, il y avait galement l'ex-Peterlini que nous avons occup l'annedernire et qui a t immdiatement expuls

    parce que proprit de la province, c'est--direde tous, c'est--dire de personne, parce quePERSONNE ne peut l'utiliser (et aussi parce

    que la police et les pompiers, lorsqu'ils l'ontexpuls, l'ont dtruit pour viter que quelqu'unne l'utilise), un bel exemple de bien "public".

    Comme d'habitude, le Bocciodromo seraouvert toute personne qui veut faire vivre ses

    propres ides, ses propres lans, et seravidemment ferm la police, aux chacals

    politiques et journalistiques qui participentchaque jour construire cet tat des choses.

    Cherchons une voie de sortie avant qu'il nesoit trop tard.

    Nous vous invitons une assemble publiquesamedi 8 novembre 15h

    Au Bocciodromo occupato, via Parteli, RoveretoPour discuter du futur du Bocciodromo

    (chtaignes et vin chaud)

    Les occupants

    QUI SONTLES TERRORISTES?

    L A GUERRE AU TERRORISME est unearme de propagande formidable desEtats pour lgitimer la fois toute agressionmilitaire lextrieur et en mme temps toutdissensus interne. Cest au nom de la luttecontre les terroristes quon a justifi etcest seulement le dbut les massacres despopulations afghanes et irakiennes, luttedont lobjectif rel tait et reste toujours lecontrle des ressources nergtiques de ceszones. La politique est lart de travestir les faits en changeant les mots . Alors cest vrai, leterrorisme ce nest pas de tuer plus dunmillion de civils (uniquement en Irak). Leterrorisme, ce nest pas contraindre desmillions de personnes vivre dans desconditions inacceptables. Le terrorisme, cenest pas btonner les forts, araser lesmontagnes, polluer lair et aller jusqu

    vendre leau. Le terrorisme, ce nest pascontinuer une recherche scientifique ettechnologique qui rend nos vies toujoursplus artificielles, pntre nos corps, modifiela nature de faon irrversible. Leterrorisme, ce nest pas frapper et torturerdes manifestants [rfrence Gnes ], cenest pas enfermer et dporter des tres

    humains dont lunique faute est consiste navoir pas de papiers en rgle. Tout ceci, ilslappellent lconomie, la civilisation, leprogrs, lordre public. Dans ce monde lenvers, les terroristes ce sont les gurillerosirakiens, les terroristes ce sont les BR [Brigades rouges] qui tuent un conomistequi passait ses journes tudier commentpressurer encore plus les travailleurs pour lecompte des patrons. Les terroristes ce sontles gens qui sopposent la dvastation delenvironnement en sabotant des pylnes, desremonte-pentes, des antennes-relais detlphones portables. Les terroristes, ce sontles compagnons et les milliers dinsurgs dece monde qui opposent la violence la

    violence policire. Mais quest-ce vraimentque le terrorisme ?

    Si le terrorisme est selon sa dfinitionhistorique lusage de la violence indiscrimine

    fin de conqurir, consolider ou dfendre le pouvoir politique , alors les terroristes ce sont lesEtats, les patrons, leurs esclaves gage etleurs laboratoires de mort. Celui qui

    sinsurge, qui se rebelle mme avec violence pour se librer, lui et les autres,nest pas un terroriste. Il y a un abme quispare la violence rvolutionnaire de celle dupouvoir. Cette dernire est toujoursindiscrimine.

    Cette Semaine -I T A L I E

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    H IER , 17NOVEMBRE, s'est tenu Roveretole procs contre les 9 compagnonsarrts vendredi aprs-midi dernier au coursde l'expulsion du Bocciodromo, un endroitroccup pour la troisime fois la semainedernire. Dans un climat rpressif gnral, unsimple branchement abusif d'lectricit asuffit comme prtexte pour arrter lescompagnons. Devant un tribunal blind (aumoins 150 flics selon les journaux), unrassemblement de solidarit a eu lieu partir de dix heures du matin, auquel ont participune cinquantaine de compagnons et amis desarrts. La sentence est arrive vers 18h30 :deux des arrts sont acquitts, sixcondamns 6 mois de prison, un 8 mois,

    tous avec sursis ce qui fait qu'ils sont sortis de prison dans la soire. Tous, except Bogu, pour lequel le juge a ordonn la prison prventive suite une autre procdure : cecompagnon est en fait accus de "volaggrav" [Ndlr : "rapina aggravata" ] sur la

    base d'une identification faite par un photographe qui travaille pour le journalTrentino . Les faits sont les suivants : le

    photographe en question, venu au Bocciodromo pour prendre des photos, a tdgag fermement aprs qu'un compagnonl'ait invit plusieurs fois et vainement s'enaller, et aprs que nous ayons dit (et lui aussi

    en particulier) et crit mille fois que nous nevoulions pas de journalistes dans les pattes.Le "vol" consisterait en la soustraction d'unedisquette (l'quivalent de la pellicule dans lesappareils digitaux). Aujourd'hui, on finit en

    prison pour a. D'autre part, le procureur avaitdemand trois ans pour le vol aggravd'nergie lectrique. Mme les peinesfinalement donnes par le juge, en tenantcompte que le procs se tenait selon la

    procdure de "rito abbreviato" (1) (qui prvoit la rduction automatique d'un tiers dela peine), ne sont que trop parlantes.

    Une fois le procs termin, les compagnonsdehors sont partis en cortge spontan vers lecentre ville, o quelques interventions aumgaphone ont eu lieu. Lors de la dispersion,la place s'est remplie de flics qui ont encerclles manifestants. Seule la prsence intriguedes gens nous a permis de partir sans donner de papiers d'identit.

    A prsent commence la bataille pour librer Bogu, contre la presse du rgime et ses

    photographes. (...)

    Rajoutons une mauvaise nouvelle. Un descompagnons arrts, Juan, est un espagnolqui vivait depuis un an Rovereto. Le

    nouveau prfet de Trento, Colucci, dj prfet Gnes lors du G8, a sign un dcretd'expulsion contre lui, en tant que citoyenindsirable au regard des plaintes accumulesen Italie. Nous avons crit plusieurs fois queles frontires qui sparent le rsidant d'ici del'tranger, le "rgulier" du clandestin, lemembre de la communaut europenne del'extra-communautaire disparaissent ets'amenuisent en fonction des exigences des

    patrons et de leur police. Cette mesure, quirisque de devenir effective d'ici quinze joursen est la confirmation.

    Contre toutes les expulsions, on ne touche pas Juanito !

    Des compagnons de Rovereto et Trento

    1. Procdure rapide qui se fait sur baseessentiellement crite, un quivalent de lacomparution immdiate.

    [Extrait du communiqu du 18 novembre 2003 ]

    A PROPOS DU PROCSDES 9 COMPAGNONS DER OVERETO

    Cest justement pour cela que cette guerre lintelligence quils appellent guerre auterrorisme (et qui en pratique signifie :moins de droit de grve, moins de possibilitde critique, plus de contrle, plus de police,plus de prisons) ne doit pas passer.

    Autrement, tout dissensus rel deviendra du

    soutien au terrorisme, et le terrorisme desdominants sera sans frein.

    Il nest pas surprenant que les syndicatsdEtat dont les travailleurs ont appris connatre le sens de la collaboration sur leurpropre dos descendent la semaineprochaine dans la rue pour manifestercontre le terrorisme, ni quil y aura mme leur ct des membres du gouvernement.Les dirigeants politiques et syndicaux onttout perdre des luttes qui les dpassent,cest pour cela quils les diffament et lesrpriment ds leur apparition. Ce sont lesennemis historiques de toute mancipation.

    Ce qui donne la nause, en fait, cest quedes travailleurs soient prts se rassemblerderrire eux. On ne nous terrorisera pasaffirmait une banderole syndicale aprslassassinat de Biagi. On peut faire toutes lescritiques que lon veut aux Brigades Rouges, leur stalinisme, et mme critiquer lusagede la violence rvolutionnaire. Mais ce quiest indigne et rpugnant est daffirmer que

    les BR (pour rester sur cet exemple) voulaient et veulent terroriser lestravailleurs. Lesquels ? Les mmestravailleurs qui descendaient dans la ruecontre la loi Biagi, une loi qui dtrioreraencore plus leurs conditions de vie ? Lesintrts des travailleurs sidentifient-ils ceux des patrons et de leurs serfs ?

    Nattendons pas que quelquun dautrednonce cette escroquerie. Dans un pays oles intellectuels sont parmi les plus serviles

    du monde, les travailleurs ne peuventcompter que sur eux-mmes [Ndlr : il enirait de mme dans le cas inverse ! ].

    Que les syndicats et le gouvernementfassent eux-mmes leurs paradesrpressives et anti-proltaires. Nous avonsbien dautres morts pleurer au travail,dans les rues et les prisons et biendautres combats mener.

    Quelques anarchistes

    [tract dappel un dbat au Bocciodromo le 11novembre 2003, la veille de lexplosion dunebombe tuant 19 carabiniers en Irak et enblessant une dizaine. Une banderole sur le toitdu lieu occup disait : "On rcolte ce qu'on sme.Troupes hors d'Irak, forces armes hors du mond. ]

    I T A L I ECette Semaine -

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    ES FAI TS

    Jeudi 13 novembre, le photographe du Trentino, Fulvio Fiorini, s'estprsent au Bocciodromo occupato pour prendre quelques photos. Lesoccupants ont dj crit mille fois sur leurs affiches et tracts que cet espaceest ouvert toute personne qui veut se confronter, mais ferm aux partis,aux flics et aux journalistes. Ils l'ont dit mille fois dans les rues, lesrassemblements et les manifestations. Certains occupants, qui le connaissentpersonnellement, l'avait galement dj dit ce mme Fiorini. Malgr toutcela, et malgr un lynchage mdiatique qui a atteint ces derniers mois unniveau sans prcdent, Fiorini, celui qui assaisonne -mme indirectement-avec ses photos les articles contre les anarchistes, s'est prsent auBocciodromo et a commenc photographier sans rien demander personne. Avec l'arrogance typique des gens de son espce, il pense pouvoirdisposer, au nom du "droit la chronique", de la volont de ses "sujets". Uncompagnon l'a invit plusieurs reprises bien qu'inutilement s'en aller,

    recevant en change des insultes et l'immanquable "je fais seulement montravail". A ce moment, il a t loign sans mnagement et est reparti sanssa disquette (l'quivalent de la pellicule pour les appareils digitaux) : il n'y apas eu de tabassage. Il a immdiatement prvenu les journalistes puis estparti la caserne des carabiniers pour leur rendre quelque servicephotographique. L, se rendant compte quil navait plus la disquette, il aracont l'incident (c'est--dire sa version) aux carabiniers. Ceux-ci ontengag une procdure d'office contre un compagnon. Encourages par lapresse qui parlait d'un photographe "frapp et dvalis", les forcesde la rpression expulsent le Bocciodromo lelendemain et arrtent les neuf compagnonsprsents, pour "vol aggrav d'nergielectrique". Trois jours aprs, sept d'entreeux seront condamns 6 et 8 mois de

    prison sous ce chef dinculpation. Bnficiantde la conditionnelle, ils sont ensuite sortis deprison. Un compagnon, Bogu, est l'inverse toujoursemprisonn. Fiorini, invit comme toujours et cette fois encore photographier l'expulsion, a ensuite t appel la caserne pourreconnatre Bogu comme tant son "voleur". Et lui l'a reconnu. Lelendemain, lors d'une interview dans laquelle il affirme n'avoir pas t invit s'en aller, mais au contraire immdiatement frapp, le photographe se

    vante de n'avoir dnonc personne, et ceci sur la base de ses "principesmoraux et idologiques". Nous, ignorant tout, avons pens : "Beh, on doitau moins reconnatre que celui-l a de la dignit". Puis nous avons compriscomment les choses se sont rellement passes. Effectivement, il n'a pasport plainte (ndlr : en italien, dnoncer et porter plainte se traduisent parle mme mot) de faon formelle. Il a seulement jou l'espion pour lecompte des carabiniers puis reconnu la personne contre laquelle lesmilitaires avaient procd d'office. Chacun comprendra la grande diffrence.Surtout notre compagnon qui est encore en prison cause de lui.

    Au cours de la mme interview, Fiorini, qui se considre encore commeanarchiste, donne des leons d'anarchisme aux occupants du Bocciodromo,qu'il dfinit comme des "squadristes" (1), des "fascistes" et "politiquementdes cadavres". Les politiciens -de droite et de gauche- ainsi que l'Ordre desjournalistes ont exprim leur solidarit au photographe, "vritableanarchiste" et "citoyen exemplaire".

    E L AUT R E C T

    S'il est quelque chose qui enflamme le cur des anarchistes, c'est bien lahaine des uniformes et de la prison. Fiorini a envoy quelqu'un en prison. Ilpeut se dfinir comme il veut, mais il n'est certainement pas anarchiste.Nous ne doutons pas que les carabiniers l'aient coinc puis fait chanter,comme ils l'ont fait de nombreuses fois contre nous. Nous n'en doutonspas, justement parce que nous savons qu'un photographe qui travaille pourles journaux ne peut se permettre d'entretenir des relations inamicales avecles forces de l'ordre : nombre de leurs services sont en fait bass sur un

    change direct entre les forces de police, la rdaction et les invitationspersonnelles aux journalistes. Mais tout ceci ne justifie rien et devrait aucontraire faire rflchir plus avant sur la responsabilit qu'assume unepersonne qui choisit un tel travail. Juste pour donner un exemple : lesphotographes sont prvenus d'une expulsion avant qu'elle n'advienne. Ilsfont, pour ainsi dire, partie de l'opration. Les compagnons, eux, sont del'autre cot, derrire le cordon de CRS.Fiorini insiste sur le fait qu'on peut rester plus ou moins honnte en faisant

    un travail comme le sien. Nous le savons, et son comportement par le passl'a montr plusieurs fois, comme le savent ceux qui le connaissent depuis denombreuses annes. Mais arrive un moment o la distinction s'amenuisetoujours plus, parce que les luttes se radicalisent et que crot la rpression. Ilarrive un point o face une identification, on doit dcider si on estdes hommes ou des photographes, des hommes ou des espions, deshommes ou des balances. Et l' "anarchiste" Fiorini a choisi.La rage face son arrogance nous a laiss comme un got amer dans labouche. Mais aujourd'hui un compagnon est en prison, et c'est lephotographe qui l'y a expdi.Nous avions crit propos des carabiniers tus en Irak (2), que l' "on rcoltece que l'on sme". Ceci n'est pas seulement valable pour ces militaires,assassins de profession qu'aucune propagande nationaliste ne nous ferajamais appeler des hros. Ceci vaut pour chacun de nous, parce qu'on nepeut pas attribuer la responsabilit de nos actions l'histoire, au destin ouau bouc missaire de service. Nous n'attendons pas que l'autorit et lesmdias disent du bien de nous. Nous ne rcitons pas le scnario desternelles victimes. Ceux qui sont pays pour dfendre ce systmechercheront toujours nous le faire payer. On est pas anticapitaliste etantiautoritaire impunment. De la mme faon, on ne peut pas travaillerpour des journaux qui calomnient les anarchistes, sans jamais faire de signede protestation public, et prtendre ensuite que ceux-ci t'accueillent bras

    ouverts. On n'envoie pas un compagnon en prison en parlantensuite de principes anarchistes. Nous appelons un

    chat un chat, et un indicateur un indicateur.

    N C ERTAI N GROUP E ER AN T I N I

    L'ironie veut que Fulvio Fiorini ait fait partie aucours des annes 70 du groupe local Serantini, dont

    le nom est un hommage un compagnon anarchiste que lesCRS ont battu jusqu'au sang puis laiss crever en prison, parce qu'il s'taitoppos un rassemblement fasciste Pise en mai 1972. Si on lit la pressede Rovereto de l'poque, on trouve contre le groupe Serantini et les "extra-parlementaires" en gnral les mmes mensonges et calomnies (dont celled'tre des squadristes et des fascistes) que l'on peut lire contre les anarchistesd'aujourd'hui. De plus, au cours d'une grve gnrale en mars 1976 contrela vie chre, les compagnons du groupe Serantini avaient frapp et allg desa pellicule un photographe surpris en train de prendre en photo les vitrinesbrises d'un supermarch. Et alors, qui a chang ? Ceux du groupe Serantinide l'poque qui ont aujourd'hui des professions librales, ou ceux qui

    continuent refuser de faire carrire tout comme ils refusent lesphotographes des journaux ? Qui est "politiquement un cadavre" ? Ceux quipersistent dans leur inimiti thique et pratique contre les fondements decette socit et de ses institutions, ou celui qui est qualifi de "citoyenexemplaire" par les politiciens et les journalistes. Nous, on nous appelle

    voyous et terroristes. Nous prfrons cela.

    Des anarchistes de Rovereto

    1. Squadristi : nom donn aux fascistes mussoliniens qui tabassaient les gensdans la rue.2. Le 12 novembre 2003, 19 militaires italiens sont morts dans l'explosion d'unebombe en Irak, et de nombreux autres ont t blesss, provoquant de nouvelles

    grand'messes autour d'un consensus nationaliste autour de ces hros mortspour la patrie.

    [extrait d'un opuscule publi vers le 21 novembre 2003.Disponible Adesso, CP 45, 38068 Rovereto (TN), Italie ]

    A PROPOSD'UN PHOTOGRAPHEANARCHISTE

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    TEMPS DE GUERRE

    L ES CON DI TIONS ACTUEL LES de vie et de travail ne peuventre imposes que par un usage toujours plus massterreur. Terreur de rester au chmage, terreur de ne pas podes loyers toujours plus exorbitants, terreur de la police, t prison. Parce qu'au fond, dernire carte et ultime desse, lest toujours ce qui garantit les rapports sociaux actuellorsqu'elle s'abat sur des individus bien prcis, c'est l'ens population qu'elle adresse son message. Ceux qui pensenconcerns se trompent son propos : face l'indiffrenceont des prtentions toujours plus leves (salaires encorcontrats encore plus prcaires, contrle encore plus diffus

    Un exemple est ce qui vient d'arriver Rovereto. Nond'avoir expuls un espace occup, d'avoir arrt 9 personavoir condamn sept 6 et 8 mois de prison ; non contenen prison un anarchiste accus d'avoir loign un photo presse d'un espace autogr ; non contents d'avoir ordonn vie de toute l'Italie un compagnon espagnol qui vit en un an ; non contents d'avoir inflig une interdiction de sjans Bolzano 16 personnes venues saluer les prisonnieville - l'autorit et les forces de l'ordre prennent prsent typiques du Ventennio (1). Quatre anarchistes, tous rscommunes limitrophes (comme Isera et Villa Lagarina) snotifier une interdiction de sjour de trois annes Roven'expliquerons pas ce que veut dire concrtement une tellede sjour et de transit (les attaches personnelles, travabureaucratiques, "vie sociale", prendre le train, etc.). La parfaitement que de telles mesures d' "ordre public" tombdes recours administratifs. Mais ceux-ci cotent des millie prennent des annes. En fait, ils mettent au ban les indsine baissent pas la tte. Dans leur caractre absodiscrtionnaire, ces mesures peuvent frapper quiconque,dlit prcis. Ceci nous rappelle que le sort de nombreux im papiers enferms et expulss vie sur seule dcision polictous les individus drangeants (pour ce qu'ils disent, les frquentent, etc.). Ceci nous rappelle que nous vivons totat d'exception permanente, que la "guerre de basse interrorisme" est partout, parce que ses Ennemis -de l'Irak aude la valle d'ici (2)- sont partout : l'ennemi est toute persoobstacle, d'une faon ou d'une autre, la marche radieuse des forces armes, des ptroliers en Irak ou des construincinrateur Ischia Podetti.

    Cette guerre a trouv en Francesco Colucci, nouveau prf

    son porte-drapeau et son fonctionnaire. Dj prfet de Gdu G8, grand responsable des coups de matraque dans lel'irruption dans l'cole Diaz, des tortures Bolzaneto, de l'de Carlo Giuliani, il s'est pos ici pour effectuer son sale rpression contre les compagnons est sa carte de visite. Ac'est nous qu'il frappe, mais demain ce peut tre toute pes'carte de la propagande mdiatique, sur les lieux de travles rues. Que chacun, sur son propre mode et avec ses moy ce nouveau fascisme dmocratique. Ne rien dire, c'est t

    Nous ne subirons pas cette dclaration de guerre en baiss Aucune interdiction de sjour n'expulsera notre rage et nlutter.

    Des anarchistes de Rovereto1. Ventennio : les annes 20 et 30 du rgime fasciste de Mu2. dont le nom est Vallagarina

    [tract distribu le 19 novembre 2003 ]

    Les mdias sont partie intgrante de ladomination. Tout comme cette dernire,ils font participer, ils excluent, ilsrcuprent et ils rpriment en mmetemps.

    Ils font participer. Tout le mondedoit croire que la seule ralit est celle que

    journaux et tlvisions faonnent tous les jours, la ralit de lEtat et de lconomie.Les mdias sont un instrumentindispensable pour imposer le consensus.Ils sont la version moderne du mythe,cest--dire la reprsentation qui unitexploits et exploiteurs. Les mdias

    socialisent les gens.Ils excluent. Les penses et les

    actions hostiles cette socit ne doivent pas apparatre. Il faut les taire, les falsifier ou les rendre incomprhensibles. Les tairequand leur existence est elle-mme uneattaque contre lordre tabli. Les falsifier quand ce quon ne peut pas taire doit treopportunment reconstruit. Les rendreincomprhensibles quand il est ncessairedaccorder la rvolte quelques vrits

    partielles afin que sen chappe le sensglobal. Les mdias soustraient tous lessans-pouvoir tout moyen dexpressionautonome. Lunilatralit de linformationest le contraire de la communication entreindividus.

    Ils rcuprent. Ils invitent dialoguer avec les institutions, ils crent

    des porte-parole, ils intgrent toutes lesides et les pratiques subversives, une foisrendues inoffensives, en les sparant deleur contexte, en les faisant consommer sans les vivre, en les touffant aveclennui du dj-vu.

    Ils rpriment. Ils collaborent avec la police en dnonant et calomniant, ils lui prparent le terrain avec des alarmismesopportuns, ils en justifient publiquementluvre. Parfois, ils rpriment en donnant raison ce que quelquun appelaitrpression laudative, cest--dire en

    prsentant comme subversif ce qui nelest point, lointain ce qui est au coin de larue, termin ce qui vient juste decommencer.

    Bien souvent, on ne saisit des mdiasque luvre de falsification et derpression, cest--dire les aspects les plusouvertement calomniateurs et crimina-

    lisateurs. Mais la rage contre le mensonge journalistique a lhaleine courte, pouvanttre liquide dans des priodes moinsconflictuelles par une srie darticlessuffisamment corrects. Le problme, ce

    nest pas lhonntet de tel ou tel journaliste ou la f idlit des articles, mais bien l action sociale des mdias. Dans lamachine mdiatique, les qualitsintellectuelles et les normesdontologiques sont emportes par lamasse des informations, par letotalitarisme du fragment qui est levritable visage de la nouvelle.Lintelligence critique se construit travers lassociation, lanalogie, lammoire. La nouvelle, au contraire, est le

    produit de la sparation, du dtail, du prsent ternel. La passivit mdiatiquenest que le reflet de la passivit salarialeet marchande. On le sait, la vie qui nouschappe revient au galop sous formedimage et de scoop . Plus on est informs ,moins on connat, cest--dire moins onvit.

    Personne ne peut faire aujourdhui dela politique sans vendre sa propre image.Celui qui ne veut pas rompre avec lareprsentativit politique sous toutes ses

    formes (y compris celles antagonistes) ne peut pas rompre avec la reprsentationmdiatique. Il pourra insulter les

    journalistes pendant quelques semaines,dans limpossibilit de faire autrement,

    puis il recommencera dialoguer. Pour mdiatiser avec le pouvoir, les mdiassont ncessaires. Ce sont eux-mmes etles faits rcents le confirment qui

    poussent au dialogue en favorisant ainsi larpression de ceux qui ne dialoguent pasavec leurs ennemis. Dans le bavardage duconsensus, le fichage policier commencecontre celui qui se tait . Cest pourquoicouper court avec la presse et latlvision, ainsi quavec les images et lestiquettes quelles nous collent sur lesyeux, signifie couper court avec la

    politique. La conclusion, pourtant, ne peut pas tre celle de lautisme du ghetto, maiscelle dune rbellion qui se donne ses

    propres moyens de communicat ionautonome.

    [Extrait du Loup Garou n3, fvrier 1999 ]

    LES RAISONS DUNE INIMITI

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    Dfinir comme lager les centres desjour temporaire et dassistance [Cpt,centres de rtention ] pour immigrs enattente dexpulsion centres introduitsen Italie en 1998 par le gouvernement degauche avec la loi Turco-Napolitano, enconformit avec les accords deSchengen nest pas de lemphaserhtorique, comme le pensent aussi aufond de nombreuses personnes quiutilisent cette formulation. Il sagit dunedfinition rigoureuse. Avant de devenirdes centres dextermination mthodiques,les lagers nazis ont t des camps deconcentration dans lesquels vivaientreclus les individus que la policeconsidrait, mme en labsence deconduite pnalement rprhensible,comme dangereux pour la scurit delEtat. Cette mesure prventive dfiniedtention protectrice ( Schutzhaft ) consistait priver certains citoyens detous leurs droits civils et politiques.Quils fussent rfugis, juifs, tziganes,homosexuels ou opposants politiques, ilrevenait la police, aprs des mois oudes annes, de dcider quoi en faire.Ainsi, les lagers ntaient pas des prisonsdans lesquelles on arrivait la suitedune condamnation pour quelque dlit(dans sa dfinition totalitaire plus oumoins aberrante), et ne constituaient pasune extension de droit pnal. Il sagissaitde camps dans lesquels la Norme fixaitsa propre exception ; en bref, unesuspension lgale de la lgalit. Ladfinition dun lager, donc, ne dpend nidu nombre dinterns ni de celuidassassins (entre 1935 et 1937, avantle dbut de la dportation des juifs, il y avait 7500 interns en Allemagne), maisbien de sa nature politique et juridique.

    Les immigrs finissent aujourdhui encentres de rtention indpendammentdun ventuel dlit, sans aucuneprocdure pnale : leur internement, ladiscrtion du prfet, est une simplemesure de police . Exactement commectait le cas en 1940 sous le rgime deVichy, lorsque le prfet pouvait enfermerles individus dangereux pour la dfensenationale ou la scurit publique ou lestrangers en surnombre par rapport lconomie nationale. On peut aussi serfrer la dtention administrative danslAlgrie franaise, lAfrique du Sud del apartheid , aux ghettos actuels crs parlEtat dIsral pour les palestiniens ouaux diffrents Guantanamo travers lemonde.

    Ce nest pas un hasard si, au regard des

    conditions infmes de dtention dans lescentres pour immigrs, les bonsdmocrates ne revendiquent paslapplication dune loi quelle quelle soit,mais bien celle des droits de lhomme (etdans les limites des diffrentesconventions internationales signes pour

    les dfendre). Les droits de lhomme sontlultime masque face aux femmes et auxhommes auxquels il ne reste rien dautreque la simple appartenance lespcehumaine. Comme on ne peut pas lesintgrer comme citoyens, on fait mine deles intgrer comme Humains. Souslgalit abstraite des principes, croissentpartout des ingalits relles.

    De ce point de vue, lintroduction de la loiBossi-Fini nen a pas modifi la substancemais a seulement aggrav une situationdj existante. La loi Bossi-Fini acirconscrit loctroi dun permis de sjour la dure exacte du contrat de travail (hors

    de son tre force-de-travail, limmigr naaucune raison dexister), a doubl les

    limites de sjour dans les lagers (de 30 60 jours) et a transform la clandestinit

    en dlit dans la mesure o celui quiviole un dcret dexpulsion peut tre

    incarcr, alors quil sagissaitauparavant dune simple violation

    administrative passible dune amende.

    Les nouveaux centres de rtention sontconstruits dans diffrentes rgions afin

    de rendre plus efficace la machine expulser. Le gouvernement et les

    administrations locales nen sont pas lesseuls responsables. Une telle machine de

    labjection a besoin pour fonctionner duconcours de nombreuses structures

    publiques et prives (de la Croix Rougequi gre les lagers aux firmes qui

    fournissent les services, des compagniesariennes qui dportent les clandestinsaux aroports qui organisent les zones

    dattente, en passant par lesassociations dites caritatives qui

    collaborent avec la police). Il sagit, ausens historique du mot, de collabos qui

    senrichissent des rafles, de la captivit etdes dportations, qui plus est au nom deprincipes humanitaires. Cest au nom de

    lHumanit, en effet, quaujourdhui onbombarde, quon cre des camps de

    rfugis, quon sme le dsespoir et lamort. Aux cts des militaires et de la

    police travaillent des centainesdorganisations non-gouvernementales

    qui se gardent bien de dnoncer lescauses des dsastres dans lesquels elles

    interviennent, intresses comme elles lesont en exploiter les consquences. Lemarch de lhumanitarisme est lun des

    marchs du futur, il suffit de penser queles ONG reprsentent dj, prises toutes

    ensemble, la septime puissanceconomique mondiale. Ces chacals

    peuplent et composent divers titrescette zone grise dont a parl Primo Levi

    en se rfrant aux interns et tous lesallemands qui collaboraient activement

    avec les nazis.

    Toutes ces responsabilits sont bienvisibles et bien attaquables. Des actions

    contre les centres de rtention (commecest arriv il y a quelques annes en

    Belgique lorsquune manifestation sestconclue par la libration de quelquesclandestins) celles contre les zones

    dattente (comme en France auxdpends de la chane dhtels Ibis qui

    fournit des chambres la police) ou pourempcher les vols de linfamie (

    Francfort, un sabotage de cbles fibresoptiques avait mis hors dusage, il y aquelques annes, tous les ordinateurs

    dun aroport pendant plusieurs jours), il y a mille pratiques qui peuvent tre

    ralises contre les expulsions. Lhostilitcontre les centres de sjour temporaire

    est un premier pas.

    S.L.

    [Traduit de litalien :Tempi di guerra n1, janvier 2004, p.3]

    Tempi di guerra est n pour satisfaire une exigence, celle de

    mettre en correspondance lesdiffrentes formes de lutte contre

    les expulsions et leur monde.

    Ce bulletin aura comme angledattaque les lager pour

    clandestins ceux que labureaucratie appelle par euphmisme centres de sjourstemporaires et dassistance et

    tout ce qui les fait exister etfonctionner. Nous trouvons toutsimplement rpugnant que destres humains soient interns

    uniquement parce quils nont pasles bons papiers. Nous savons

    que, si cette infamie particulireest le produit dune infamie

    gnrale, les responsabilits sonttoutefois bien concrtes et

    spcifiques, et nous ne sommespas disposs fermer les yeux.Nous ne voulons pas de lager plus

    humains, plus colors, plusrespectueux des droits et de lalgalit. Nous voulons les voir

    rass, un point cest tout.

    A travers les pages du bulletin,nous chercherons faire parler les

    ides et les pratiques de cetteinimiti sans mdiations, dans une

    perspective qui refuse toutelogique institutionnelle et qui met

    en discussion, avec les lager, lemonde qui les gnre. Nousfournirons le plus de

    documentation possible sur comment fonctionne la machine

    expulser structures etengrenages, gestionnaires et

    collabos afin de comprendre quilne sagit pas dune machine

    invincible.

    Tempi di guerra , correspondancesentre les luttes contre les expulsions

    et leur monde, bulletin apriodique,n1, janvier 2004, 16 p.

    CP 1244 10100 Torino [email protected]

    http://digilander.libero.it/tempidiguerra

    PPELONS UN L AGER UN L AGER

    Cette Semaine -I T A L I E

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    FIN MARS [2003 ], un rassemblementcontre la guerre en Irak se terminepar de lourdes charges de la police.

    En plein centre-ville, les gendarmesenfoncent le groupe form pour laplupart par des femmes et des enfantsimmigrs et frappent quiconquesinterpose. Juste aprs, PortaPalazzo, le quartier de Turin qui abritele plus dtrangers, des poubellesincendies accueillent larrive de lapolice la recherche dautresmanifestants matraquer. LimamBouchta prsente des excusespubliques la prfecture et, en mmetemps, convainc ses coreligionnairesde ne plus participer desrassemblements, dsormais tropdangereux pour les immigrs : partir de maintenant, lui seul pourrales reprsenter dans la rue. Lasemaine suivante, toujours PortaPalazzo, des italiens et des trangersbrlent ensemble le drapeau italien etcelui des autres Etats impliqus dansle conflit : les journalistes quirapportent cette nouvelle y joignent lacondamnation prononce par unautre imam citoyen, proccup par lesconsquences que ce geste pourraitavoir dans les relations entre lesdiffrentes nationalits prsentes

    Turin.

    AUX MOIS DAVRIL ET DE MAI, de petitspisodes de rsistance de rue auxexpulsions qui staient dj diffussdans la ville les annes prcdentesrmergent. A deux reprises, dans lazone de Piazza Vittorio Veneto, desmaghrbins protgent coups depierres des compatriotes arrts pardes patrouilles de flics. Dans lequartier populeux de Porta Palazzo,

    en mme temps, les gendarmes quieffectuent des arrestations seretrouvent encercls par une petitefoule multicolore dchane et dansau moins un cas sont contraints changer dair pour se librer del impasse .

    DBUT MAI, le propritaire duneparfumerie du quartier de SanSalvario dclare vouloir vendre soncommerce : la zone est tellementpleine de jeunes criminels trangers

    explique-t-il aux journalistes

    quaucun de ses vieux clients na plusle courage de frquenter la boutique.Divers reprsentants politiques de laville et lassociation des commerantsaccourent pour lui offrir leursolidarit, le maire sengage pour sa

    part nettoyer la zone. Cest ainsiquont commencs des mois de rafleset de chasse lhomme. Cette affairede parfumeur, en nest en ralit queloccasion dinaugurer une nouvellephase des oprations dcides par leMinistre de lIntrieur (nomme, enfonction des cas, impact lev , voies

    libres , routes propres ) pour frapper lesclandestins sous prtexte decriminalit. Jusqualors, les diffrentsmoments de lopration voies libres avaient dj conduit, dans la seule villede Turin, larrestation de 627personnes et lexpulsion de 715clandestins, parmi lesquels 334renvoys de force. Les rafles de maisont dures et volontairementspectaculaires, avec des quartiersentiers militariss, des tabassages aumilieu de la route et des courses-poursuites. Le maire en personne serend sur place pour consoler lespoliciers, puiss par tant defforts. Leparfumeur, au mme moment, raconteavec dsappointement aux journalistesque seuls des blacks et des chinoissont prts racheter son prestigieuxcommerce et accuse les arabes de lazone davoir clou au cours de la nuitlentre de sa boutique. Les raflescontinueront encore quelques mois,vidant la ville de beaucoup de seshtes indsirables et remplissant leCpt [centre de rtention] de CsoBrunelleschi.

    FIN MAI, cinq anarchistes tentent desinterposer au cours dune rafle SanSalvario et sont arrts avec lesimmigrs. Une petite foule muetteassiste la scne. Certains indiff-rents, certains satisfaits, dautresapeurs : personne nintervient. De latrentaine dtrangers arrts, certains

    sont expulss, les cinq sont quant eux incarcrs la prison

    de Vallette. Quelques jours aprs, le juge les renvoie en procs et les fait

    sortir. La Ligue du Nord, indigne parle laxisme de la magistrature, annonce

    un rassemblement dans le quartierpour le samedi suivant. Mario

    Borghezio eurodput lguiste etquelques militants participent aurassemblement, protgs par un

    cordon de police. De lautre ct de larue, une cinquantaine de rebelles les

    insulte avec slogans et railleries. Lemme aprs-midi, des inconnus

    pntrent au sige du Torino Cronaca ,le journal de la ville qui se distingue

    depuis des annes par sa propaganderaciste : quelques ordinateurs de la

    rdaction sont endommags et lesmurs remplis de tags.

    EN JUIN, un certain bruit se rpandautour de larrestation de carabiniers

    habituellement en patrouille SanSalvario. Ils sont accuss dtre

    consommateurs et trafiquants destupfiants et davoir rackett la mre

    dune personne toxico-dpendante.Lenqute sera vite enterre, mais

    dsormais et pour quelques annesdans les rues de certains quartiers

    turinois, tout le corps des carabinierssera connu pour ses vols aux dpends

    des immigrs clandestins, pour seschantages contre les prsums

    trafiquants et pour les squestrations fins prives de substances illgales.

    Quelques habitants de S. Salvario

    [Traduit de litalien :Tempi di guerra n1, janvier 2004, p.6 ]

    N PRINTEMPS URIN

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    Pour rsoudre le si grave problme durapatriement des jeunes trangersentrs en Italie sans leurs parents, lacommune de Turin se pose en avant-garde. Le 8 janvier 2004, le dlguaux services sociaux Stefano Lepri faitune proposition au conseil municipal

    immdiatement transforme en vote lunanimit qui demande lactiva-tion dune structure communautaireprotectrice caractre exprimental ;ou comment avec lexcuse de laprvention contre lexploitation de cesenfants et adolescents on lesenfermera l afin de les rexpdier lamaison. En fait, les structurescommunes daccueil des mineurs en

    danger ne sont pas adaptes cetobjectif parce quelles manquent decontrle et sont insuffisammentpourvues de barreaux et de cadenas ;cest pour cela que les chenapans qui

    y sont mens fuient la nuit, selon lesconstats de lUfficio di ProntoIntervento Minori [Bureau dinterven-tion rapide pour les mineurs ].

    La communaut protectrice, situerue La Salle, hberge uniquement de

    jeunes marocains et roumains carselon dimprobables analyses, ce sont

    principalement les jeunes de ces deuxnationalits qui crent linscurit pardes dlits divers qui, ne peuvent trepunis, notamment cause de lge deceux qui les commettent. Plusprosaquement, la commune de Turinna sign des accords quavec laRoumanie et le Maroc, dont les

    consulats en Italie fournissent tous lespapiers ncessaires au rapatriement.

    Les jeunes sont expulss, dans les 60 jours, mme si leurs parents nersident pas au pays ; il suffit que lesaccords conomiques et de radmis-sion signs avec les gouvernements en

    question prcisent que les jeunesseront enferms leur retour dans desCentres dassistance, des orphelinatsou des prisons, pour les rcidivistes.

    Parmi ceux qui tirent un profit notablede cette ultime horreur cre par la loiBossi-Fini se trouve la socit ImpreseCooperative Sociali (I.C.S.).

    Contrairement lensemble des autrescoopratives sociales, cette espce de

    mafia des entreprises but nonlucratif est la seule stre propose et avoir obtenu ladjudication pour lagestion de ce lager.

    I.D.

    [Traduit de litalien :Tempi di guerra n1, janvier 2004, p.7 ]

    Ndlr : Suit la liste complte descoopratives sociales qui composentlI.C.S. avec leurs adresses, et le nom dela banque qui transfre largent pour lecompte de la commune de Turin :UniCredito Italiano.

    A PROTECTIONDE L A COMMUNAUT

    3 avril, Modne. Le soir, sept immigrs russissent svader du Cpt inauguren novembre 2002. Parmi eux, un jeune ghanen qui avait dj essay en vain.Ils parviennent sortir en passant par le conduit daration. Jusqu octobre2003, il y aura 38 vasions du Cpt de Modne, dont 8 de lhpital.

    14 avril, Brindisi. Deux jeunes roumains tentent de svader du Cpt deRestinco. Un russit tandis que lautre se blesse en franchissant le mur denceinte.

    26 avril, San Foca. Quatre roumains tentent de svader de Regina Pacis,frappant deux carabiniers intervenus sur leur passage.

    3 mai, San Foca. Un petit groupe de maghrbins dtruit la salle manger du Cpt pour protester contre la notification imminente du dcret dexpulsion. Huitcarabiniers blesss.

    10 mai, Lecce. Juste avant le dpart du Tour cycliste dItalie [le Giro ], on trouvesur lasphalte et sur les murs de quelques routes du trajet : Immigrati liberi etRuppi assassin.

    11 juin, Lecce. Incendie du portail de l accs latral de la cathdrale. On trouvesur les murs : Libert immdiate pour les immigrs du lager. Ruppi etLodeserto, canailles criminelles. Rappelons que lvque Ruppi et son bras

    droit Lodeserto sont les responsables du centre de rtention pour immigrsRegina Pacis de San Foca.

    20 juin, Trapani. Une trentaine dimmigrs enferms dans le Cpt SerrainoVulpitta sopposent au transfert vers celui de San Foca et leur expulsionimminente, lanant des objets contre les policiers, dont la raction sera trs dure.

    29 juin, Turin. Deux rvoltes clatent dans le Cpt Cso Brunelleschi, une la nuitet la seconde laprs-midi, suite la protestation dimmigrs contre limminentrapatriement forc dun groupe. Les flics interviennent avec de violentstabassages : rsultat, deux personnes blesses, des vitres casses, des matelasincendis et divers dgts.

    Le mme jour, dans le Cpt de via Corelli Milan, un petit groupe dimmigrstransfrs du Cpt de Bari Palese entrent en grve de la faim pour protester contrele rejet de leur demande dasile et contre leur expulsion imminente.

    27 juillet, Bari. Un groupe de manifestants pntre dans le Cpt de Bari Paleseen pratiquant un passage dans le grillage denceinte, favorisant la fuite dunevingtaine dimmigrs emprisonns.

    28 juillet, Turin. Rvolte puis vasion de 22 personnes du Cpt : la moiti dentreelles est encore en libert, les autres sont immdiatement reprises par la police.

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    CHRONIQUE de 2003

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    Centre de rtention Regina Pacis deSan Foca : lieu daccueil et de solidaritchrtienne selon ses responsables etgestionnaires, monseigneur CosmoFrancesco Ruppi et don CesareLodeserto. Dans la ralit de tous les

    jours, un endroit de ngation de lalibert et de la dignit pour chaqueindividu qui y est enferm, lieu detorture si intolrable quil ne laissedautre voie de sortie, pour certains, quele suicide.

    De temps en temps, quelques faits (...lesplus clatants) soulvent la chape desilence dans les mdias locaux. Cestainsi quon a su quen lespace deseulement trois jours, entre vendredi 3et dimanche 5 octobre, deux immigrsenferms l ont tent de mettre fin leurs jours, cas extrmes dune tendancediffuse lautomutilation ; cest ainsiquapparait la pratique continuelle detabassages par les flics et celle desmdicaments que des mdecinsdistribuent pleines mains pourendormir les esprits.

    Sur les deux, sauvs par le personnel,lun na pu aller lhpital parce quilaurait pu tenter de sy chapper (uncrime gravissime que de dsirerardemment la libert), et lautre a tenferm en dpartement psychiatrique (ilest emblmatique ce passage de tmoinentre les matons en soutane de ReginaPacis et les matons en blouse blancheque sont les psychiatres).

    A peine quinze jours plus tard, le 19octobre, un autre marocain a tent de seblesser au poignet avec une lame aprsune forte altercation avec le personnelmdical, puis a menac de le refaire faceaux carabiniers qui tentaient delarrter ; il a ensuite t pris.

    Les gestionnaires du centre continuentde dire que ces pisodes ne sont que destentatives de leur part pour se faireadmettre lhpital afin de retarder lerapatriement ou une occasion poursvader facilement. Le moindre doutene les effleure mme pas sur le fait quel o la libert est enchane, les sens sedsolent et les dsirs sont nis, et quil

    peut ensuite se produire de telleschoses.

    Mais la torture, la dpersonnalisation, lasoumission, lhumiliation ne sont paslexception ; ce sont des donnescentrales, fondamentales qui seronttoujours prsentes dans chaque lieu derclusion, peu importe quil sagissedune prison, dun CPT ou dedpartements psychiatriques. Nous nepensons pas quon puisse trouver lasolution en dsignant un commissaire Regina Pacis comme la demandmisrablement un parlementaire aprs

    en avoir dnonc les aspects les plusbestiaux, pas plus que dans la salle duntribunal aux mains dun juge illumin(les instigateurs mmes de cessgrgations) qui ferait le tri entre lesflics tabasseurs et ceux visage humain.

    Il ne sagit pas de dnoncer une gestiontrop inhumaine du centre de San Foca,mais bien de comprendre ce que nousvoulons, ce que nous dsirons, pourquels rapports entre individus noussommes prts nous mettre en jeu.

    Nous pensons que la question est socialeet quelle doit tre pose hors des lieuxdu pouvoir, dans les rues, sur les places,entre les gens, pour briser le silence et larsignation du je voudrais bien mais jene peux pas.

    Voulons-nous et sommes-nous prts nous battre pour la libert, celle qui estentire, absolue, donc aussi pour lalibert de mouvement de tous, sansexclusive ?

    Cest justement cette libert demouvement qui est en dfinitive dniedans le CPT aux individus qui,indsirables pour lEtat, sont dfiniscomme des immigrs clandestins. Senest assez pour considrer commeintolrable la seule existence de lagerdaccueil. Cest pour cette raison quenous sommes prts nous opposer leur existence. Cest pour cela que,simplement, nous y donnerons un coupde balai dfinitif pour obtenir la libertde tous.

    Des ennemis de toute frontire c/o Spazio Anarchico

    Corte dei Petraroli 2 73100 Lecce

    [Traduit de litalien :Tempi di guerra n1, janvier 2004, p.13 ]

    CCUEIL

    Vers 1h30 du matin, les dtenus ont russi escalader les murs denceinte dehuit mtres et gagner la sortie du Cpt de Cso. Brunelleschi. La fuite survientaprs une manifestation qui a bloqu la serrure de la structure. Au cours de lavisite de quelques conseillers rgionaux clate une rvolte : matelas incendis etquelques filets dracins.

    15 aot, Lamezia Terme (TZ). Une quarantaine dimmigrs svadent du Cptmais sont immdiatement intercepts.

    30 aot 2003, Trapani. Un incendie est allum dans le secteur des carabiniersdu Cpt Serraino Vulpitta, suite au tabassage dun jeune dtenu. Aprs environune heure, un autre incendie clate dans le secteur de la police.

    Septembre/octobre, Lecce. Les journaux locaux informent que les faades dequelques glises et btiments du centre ville sont lobjet dcrits permanentscontre le Cpt de San Foca et leurs gestionnaires, don Cesare Lodeserto et

    monseigneur Ruppi, et pour la libert de tous ceux qui y sont enferms.

    Fin octobre, Lecce. Quatre tentatives de suicide dans le Cpt Regina Pacis enmoins de quinze jours.

    8 novembre, Lecce. Au cours de la nuit, rue Ariosto et dans la province (Lequile), deux distributeurs de la Banca Intensa, complice de la gestion du CptRegina Pacis, sont incendis et dtruits. A Lequile, les billets de banque du

    guichet brlent galement, la fume noircit aussi les parois internes de la banque. Lenseigne est brise coups de pierres. Des tracts contre le Cpt sontretrouvs sur place.

    9 novembre, Lecce. Rue Oberdan, un autre distributeur de billets de la BancaIntesa est mis hors dusage avec de la colle.

    24 novembre, San Foca (LE). Un algrien dtenu dans le Cpt agresse donCesare Lodeserto avec une masse, le blessant au poignet.

    3 dcembre, Calimera (LE). Affiches et tags dans toute la rgion contre ladoctoresse Catia Cazzato, implique dans le Cpt Regina Pacis. Suite autabassage de quelques immigrs, elle avait rdig de faux certificats mdicauxsoutenant que les prisonniers staient fait des blessures accidentellement aucours dune tentative dvasion. Laffiche comporte son numro de tlphone eninvitant lui exprimer son mpris.

    12 dcembre, Agrigento. Huit maghrbins tentent de svader du Cpt SanBenedetto, creusant patiemment pendant deux jours un trou dans le mur.Malheureusement, le bruit du coup dpaule final fera accourir trop rapidementleurs gardiens.

    [Traduit de litalien :Tempi di guerra n1, janvier 2004, pp.8-9 ]

    CHRONIQUE de 2003

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    2003

    8 MAI, Casciana Terme (Pise).Incendie dun relais de tlphones

    portables Wind .14 JUIN , Dorgali (Nuoro). Incendievolontaire contre un relais Omnitel .Linstallation est hors dusage, sescbles ayant t bien endommags.

    17 AOT, Sissa (Parme). Desinconnus lancent au cours de la nuitplusieurs bouteilles incendiairescontre des panneaux de commandede lentreprise qui rgule les lignesinformatises de semis de mas pourle compte de Pioneer Hi-Bred Italia .Sur les parois dun silo, on retrouve

    linscription : Pioneer empoisonne les semences. Feu aux OGM .

    19 AOT, Rovereto (TN). Incendie vers23h de cinq motos des carabiniersstationnes dans une cour delatelier de rparation Trinco rueHalbherr.

    21 AOT, Cecina (LI).Une vingtainedinconnus visages couverts fontirruption au sige du quotidien Il Tirreno : tags contre la presse etlentreprise Solvay .

    24 AOT, Assemini (CA). Une bombeendommage la nuit le siged Alleanza Nazionale .

    25 AOT, Cagliari. Incendie dans lanuit de la permanence d Azione Giovani dans la rue San Gregorio.

    1 SEPTEMBRE , Rovereto (TN). Lescbles dun relais de tlphoneOmnitel brlent vers 22h Mossano,entre Isera et Mori. Le quotidienl Adige reoit une lettre derevendication : Sabotons les rptiteurs, lOMC est aussi ici. Pas de pollution, pas de contrle par satellite . [Ndlr : un sommeteuropen prparatoire laconfrence de lOMC Cancun(Mexique) se tenait non loin de l du4 au 6 septembre ].

    7 SEPTEMBRE , Trieste. Incendievolontaire dans la nuit des cblesdune antenne de tlphone portabledans le quartier de Servola,particulirement infest par cesappareils. Il y avait eu quelquesmanifestations de protestationcontre eux au cours des derniers

    mois.17 SEPTEMBRE , Ponteginori (PI). Justeaprs minuit, lincendie dune cabinelectrique qui alimente quatrebassins destins lextraction dusalgemma (?) de la mine de

    Cette Semaine -I T A L I E

    Brvesdu dsordre

    IL SOUFFLE UN VENT MAUVAIS, inutile de se lecacher. Tellement mauvais que mme parmi les belles mes de la gauche serpente une certaineinquitude. On dnonce avec toujours plus devhmence linstauration dun rgime [fasciste ]de la part du gouvernement actuel. Cest vrai qudroite ils nont jamais oubli leur penchanttraditionnel pour lhuile de ricin et la matraque.Mais reste le fait que rpressions, censure etinterdictions forment le pain quotidien que nousadministrent tous les gouvernements, quels quilssoient. En ralit, au-del de la faction politiquemomentanment charge de ladministrer, cest cemonde sens unique qui exige une vie sensunique, fait dune pense sens unique et duncomportement sens unique... dans uneauthentique cohrence de labjection. Jusqu lamise au ban de toute critique, de tout dsaccord, detoute opposition, qui l o ils sexpriment sont

    ponctue llement isols, circonscrits, calomnis,touffs, enferms.

    Il suffit de jeter un coup dil sur ce quil se passe un peu partout en Italie au cours de cettedernire priode. A lintrieur du mouvement,enqutes, arrestations, perquisitions, coups et misesen garde se succdent et sont en train datteindretout le monde, des ttes chaudes aux plus froides,en passant par les tides. Les portes des prisons se

    referment sur tous : il suffit dtre accus davoir commis un attentat, constitu lnime associationsubversive, fait obstacle un contrle didentit ou une arrestation, loign un infiltr dunemanifestation, particip un rassemblement,occup un immeuble et bientt la simple accusationdavoir repeint des vitrines dbordantes demarchandises deviendra un motif suffisant pour finir derrire les barreaux En mme temps, ilsutilisent fond les mille possibilits donnes par lecode pnal pour faire obstacle de faon veloute

    toute forme dactivit, prodiguant des feuilles dexpulsion et interdisant laccs aux villes descompagnons rsidant dans les villages alentours (gracieuse version moderne et dulcore duvieux bannissement). Il est facile de prvoir laccroissement de telles pratiques rpressives.

    Mais ce qui importe le plus, ce nest pas seulement que le mouvement dans ses multiplesnuances soit dans le viseur de la rpression, mais bien que la socit toute entire subisse untroit serrage de vis. Linterdiction de critiquer la prsence des troupes italiennes en Irak aatteint des niveaux incroyables : un club de foot 1 disqualifi parce que ses supporters nont pasmanifest leur deuil pour les militaires morts Nassiriya 2 ; des lycens amens aucommissariat pour interrogatoire aprs avoir accroch des banderoles contre la guerre ; destudiants perquisitionns leur domicile pour avoir diffus des tracts ; le brouillage dun sitedinformation comme Indymedia demand au parlement parce quil a hberg des voix hors duchur national. Plus gnralement, on passe au peigne fin des coles entires la recherche dedrogues, on expulse du pays des trangers en quelques heures parce quils sont suspects de quisait quoi, on les expulse de leurs maisons par centaines au cur de lhiver, on censure desmissions satiriques parce que trop satiriques... on pourrait continuer davantage. Les exemplesne manquent pas. Au contraire, ils vont aller en augmentant, tout comme la raction dlirante la grve de lATM 3 Milan qui a oblig la ville marcher pied toute la journe : si droiteon voque de dures punitions pour les grvistes, gauche certains demandent la rquisition delarme en cas de nouvel arrt du service des transports. Il est galement facile dimaginer cequi va se passer lorsque la nouvelle loi sur les drogues sera applique 4.Face a, il semble urgent davoir un dbat public, avant que tout espace de parole et dactionne nous devienne totalement interdit.

    Affronter la rpression :

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  • 7/31/2019 Cette Semaine N87

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    I T A L I E

    Commenons par un prliminaire. Le faitquaujourdhui quiconque nest pas prt

    bondir au garde--vous finisse dans le viseur de la rpression, signifie que la division entreles bons dorloter et les mchants punir a fait son temps. Tout a ne serviracertainement pas unir les diffrents esprits dumouvement en bonne paix avec tous ceuxqui prnent lucumnisme diviss par biendautres choses que la note de bonne conduite obtenir sur le bulletin de lEtat, mais pourraitcontribuer balayer un vieux lieu commun,stupide et par trop diffus, selon lequel larpression quivaudrait un certificat deradicalit : Je suis rprim, donc je suis.Conviction qui porte certains croire que pluson est rprim et plus on est, dans un dliredautosatisfaction qui chaque fois touche ausacrifice. Il est vident quau moment o larpression stend tous les secteurs de lasocit, il devient ridicule de penser quelletouche seulement ceux qui portent atteinte lasret de lEtat. Cela signifie, contrairement ce que pensent les che