CENTRE EUROPEEN POUR ENFANTS

Les parents qui disentGino et Carine Russo,Paul Marchai, Tiny Mast,maman de Kim et Ken,Nabela Benaïssa etMarie-Noëlle Bouzet,maman d'Elisabeth... Ifsont tous refusé de si-gner la charte du pro-chain Centre européenpour enfants dispa-rus... Voici pourquoi.

"Ce fut une réconciliationétonnante. Une ré-union!" Sa-medi dernier, Pierre-MartinNeyrinckx, le responsable duprojet de Centre européen pourenfants disparus n'avait pas demots assez forts pour clamer sasatisfaction. Et pour cause, onpouvait le lire dans la pressequotidienne de ce début de se-maine: "Toutes les difficultésrencontrées jusque-là pourmettre tous les parents d'accordsur un projet de charte fondatri-ce du futur Centre ont été apla-nies au cours de la grandetable ronde qui s'est tenue auchâteau du lac de Genval. "

L'envers du décor est pourtantmoins réjouissant.., Cet enversdu décor, c'est notamment leslarmes de Marie-NoëlleBouzet, la maman de la petiteElisabeth, qui a quitté Genvalavec le sentiment de s'être faitpiéger. Elle s'en explique plusbas, dans l'interview qu ellenous a accordée. Un entretienque l'on remettra dans uncontexte déjà difficile pour cettefemme courageuse qui a tou-jours voulu, qui a toujours osé(trop osé?) exprimer le fond desa pensée. Sa vérité.

Lors de l'une de ses nuits...blanches, ces heures intermi-nables où elle refait cent fois lefour de tout ce qu'elle a entre-pris pour retrouver Elisabeth

mais aussi pour que d'autresenfants ne subissent plus jamaisla même souffrance, Marie-Noëlle s'est remémmoré cettephrase qu'elle avait lue naguè-re dans un livre de GabrielGarcia Marquez: "L'illusion nese mange pas mais elle nour-rit".

Alors, dans le silence de lanuit, comme pour remplir le vi-de de l'absence, Marie-Noëlles'est mise à écrire. Un texte fort,émouvant, au'elle a intitulé Ré-flexion sur la couleur blanche.Ce sont les constats de l'un deces parents qui se sont battus.De la maman qui, un jour d'oc-tobre, avait eu l'idée d'organi-ser une marche blanche. Unepromenade pacifique pour tousles enfants, qui devait finale-ment rassembler près de350.000 personnes. Quelquesmois ont passé depuis lors... (li-re ci-contre: "Nous avons per-du l'illusion".}

"Un peu plusdémolie encore"

La maman d'Elisabeth nousconfiait ce texte quelques joursavant la fameuse réunion deGenval. C'est donc une femmedéjà fragilisée qui se rendait àla ixième négociation sur le"Centre européen pour enfantsdisparus". Mais comment faire

autrement? D'ailleurs, le roi Al-bert en personne était intervenuauprès de Marie-Noëlle - àl'occasion de l'inauguration dela statue de Foton - pour qu'el-le participe utilement, c'est-à-dire dans le sens d'une conci-liation aux discussions en ques-tion. Mais Marie-Noëlle est re-venue de Genval, "un peu plusdémolie encore". Bien décidéeà ne pas signer la charte du fu-tur Centre...

• Pourquoi avez-vous décidéde ne pas signer la charte?Marie-Noëlle Bouzet. - Masignature, ce n'est pas simple-ment quelques lettres en des-sous d'une charte! Si je la don-ne, j'engage ma responsabilité.Et, en conscience, surtout aprèstout ce que j'ai enduré, je nepeux évidemment le faire qu'àla condition d'avoir toutes lesassurances que ce Centre fonc-tionne bien... Or, je n'ai pasces assurances. Le contre-pou-voir qui devait être assuré parles parents d'enfants victimesau sein du Centre n'est pas as-sez fort. D'autant plus que lesparents qui sont à l'origine defout ce qui se passe aujourd'huivont, dans les faits, être mis àl'écart.

• Qu'entendez-vous par "misà l'écart"?M.-N. B. - C'est très clair dé-sormais dans mon esprit. On

veut notre signature par besoinde légitimation du Centre, maisensuite les parents qui se sontmontrés les plus critiques cesdernières années vis-à-vis desdifférents pouvoirs seront écar-tés du conseil d'administration.

• Dans la charte que vous re-fusez de signer, il est pourtantquestion d'un vote démocra-tique de tous les parents si-gnataires pour désigner troisd'entre eux en tant quemembres du conseil d'admi-

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non s'expliquent Nous avonsperdu

l'illusion"

nistrcrtion du futur Centre!M.-N. B. - Effectivement, c'estune idée très respectable que cevote démocratique. Commentpourrait-on s'insurger contreune telle idée... Elle part d'unconstat qu'on ne peut nier: tousles parents sont égaux devant ladouleur. Personne ne dira ja-mais le contraire! Mais est-ce levrai débat ici? Je ne le croispas. Ce n'est pas la douleur quiva être représentée au Centre,.:'est la capacité de certains pa-"rents à transformer cette dou-

leur en actions positives..D'ailleursconceptdateurs a

ns p o s vu départ !e

-fon-D'ailleurs, au épart econcept de parents-fon-dateurs avait été accepté._3teurs avait ère accepte.Certains d'entre eux au-raient été présents dansle conseil d'administra-tion du Centre. Et puis,des divisions entre lesparents sont apparues.On a amplifié dans lapresse les divergencesentre "parents médiati-sés" et "parents peumédiatisés". Et on ter-

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Censé s'inspirerdu modèle améri-cain, le Centre eu-ropéen pour en-fants disparusconnaît une ges-tation pour lemoins difficile.Marie-NoëlleBouzet etd'autres parentscraignent de neservir que decaution à cetorganisme.

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135

On nous demande de signer un chèqueJe suis fatiguée.

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mine par un vote où ceux qui jour arrêter avec ces inepties! A par ailleurs - agressions de qu'émergent dans le Centre dessont à l'origine de tout se trou- vrai dire, ces appellations foi- toutes sortes, incompréhension, associations comme I"'HOVK"vent dans un rapport de force reuses que l'on retrouve ci et là attaques (dans mon cas simple- ou "Marc et Corinne" qui exis-de 8 contre 35. Autant vous di- faussent complètement le débat, ment parce que j'osais parler faient déjà sur le terrain et quire qu'on ne sera pas dans le Ne disons P"* pnr'ants purs, *7 de réseaux de pédophilisj -, elles n'ont jamais été critiquesconse 1 d'administration du maïs" pdrenTsÔcfïïs. Si nous re- / j'estimais que je pouvais la re- par rapport au pouvoir. AuCentre qui est né de notre ac- vendiquons e statut de parents I vendiquer et en trouver une ex- contraire, elles en sont les por-tion! C'est tout de même un pa- fondateurs . c'est qu'en tant quej pression au sein du Centre. tenaires serviles. Or ici, il n'estradoxe, non? tels nous avons une spécificité plus question de démocratie. Il y

utile au bon fonctionnement du • Donc vous avez l'impression a trois associations, les deux• Ne risque-t-on pas de vous Centre. En effet, tout au long de qu'il y a une sorte de manipu- déjà citées plus "Missing Chil-opposer le fait que vous la disparition de nos enfants, lotion, que les choses sont or- dren" et elles auront deuxconsidérez qu'il y aurait des nous sommes, et avec raison, ganisées de manière telle postes au ÇA... Pour ma part,"parents purs" et des "parents restés critiques face aux institu- qu'on puisse contourner la j'ai voulu imposer que d'autresmoins purs"? tions dont les dysfonctionne- présence dans le Centre de associations se joignent à elles.M.-N. B. - Mgis ces qualificatifs menfs ont été révélés au public parents qui sont les plus cri- On pourrait aller chercherne se SOntJamaiS T^t-rp^ç lnr« At* In rnmmi«înn nVnquè- tiqilPft VÎS-n-vis dp l'institution? rl'nifîrp* n^nrintionç qui winf

dans a Bouche ^f, rQ"v f10 to <"«»» r,Hih,A* rr,t,^,,o que M -M R - C'a** pvnytpmpnt rn rJojn nrhvoe eiir IP terrnin Pnr

on dit purs ! il faudrait un nous avons chèrement payée Et à cela s ajoute le ra f exemple, les gens de SOS In-ceste" sont très bien. Mais là,on m'a dit au'il fallait une oé-

NABELA BENAISSA"Je ressens commeune manipulation "

La sœur de Loubna ne signera pas non notamment dans sa recherche future deplus la charte du Centre dans l'état ac- sponsors privés. A moins qu'il s'agisse autuel des choses. "Je ressens comme une travers de cette obsession d'obtenir lamanipulation. Et cela se double d'un signature de tous les parents de rassurersentiment d'injustice, explique-t-elle. Au le centre américain qui redoute lui-mè-départ, le Premier ministre avait promis me le manque d'indépendance de sonun tel centre aux parents qui avaient or- alter ego qui devrait voir le jour en Bel-ganisé la "Marche blanche". Et une pré- gique. En plus, c'est évident, le gouver-mière mouture de la charte reconnais- nement cherche à ce que nous caution -sait d'ailleurs ce rôle actif d'un certain nions ainsi une "victoire politique"...nombre de parents qui après tout furent Mais nous ne sommes pas les attachésle moteur de tout ce qui s'est passé ces de presse de Jean-Luc Dehaene! Etderniers mois en Belgique... Or, au bout nous n'allons pas monter à bord d'undu compte, ce sont ces parents-là qui bateau qui est déjà en train de coulersont relégués au rang de symboles. Voi- pour lui assurer des électeurs! Je suis dé-re qui sont carrément niés puisqu'il a été çue. Pour moi, comme pour tous les pa-dit lors de la dernière réunion que les rents, il n'y a pas de "parents purs" etparents en question n'ont eu finalement d'autres qui le seraient moins. Mais ilcomme seul mérite que celui d'avoir été faudrait aussi reconnaître les mérites etchoisis par les médias... Ce qui m'in- l'efficience, la dimension critique indis-quiète le plus dans cette affaire, c'est pensable, de ceux qui ont été les initia-que le gouvernement veut absolument teurs de la "Marche blanche". Or, au-nos signatures... Comme si, sans elles, le jourd'hui, ce n'est plus le cas. AuCentre ne pouvait voir le jour. Mais d'un contraire, certains poussent à la divisionautre côté, nous ne parvenons pas à avec les autres parents alors que nousobtenir les garanties d'autonomie et n'avons jamais critiqué ceux que nousd'indépendance indispensables. Est-ce avons aidés à prendre le train enà dire qu'on nous utilise? On se pose en marche. En fait, ce Centre devrait êtretout cas les questions de savoir si nos si- celui de tous les parents. Mais le résultatgnatures ne doivent pas uniquement pratique, c'est un centre du gouverne-servir de faire-valoir pour un organisme ment, ni plus, ni moins, qui cherche saqui aura besoin d'une image positive, légitimité en utilisant notre image. "

riode de probation et que lesassociations déjà partenairesauraient un droit de veto. Com-me on le voit, ce n'est pas lemême régime que pour les pa-rents...

• Par ailleurs, que reprochez-vous encore au projet deCentre?M.-N. B. - On nous demandede signer un chèque en blanc.On ne sait par exemple rien dece que seront les statuts du futurCentre... En fait, il faut donnerson agrément et ensuite on ver-ra. Alors moi, j'arrête. Je sui:_ .fatiguée. Je ne demande qu'une5

seule chose: qu'on me foute lapaix. Je vais m'occuper de mesenfants handicapés à l'école etreprendre mes pinceaux. Je mesens dépossédée de toute maspécificité de parent en lutte,alors je vais garder une seulepetite chose: ma signature. , .J'ai le sentiment d'avoir été pié-gée.

R0 uni finene uni unsfastidieuses

• "Piégée"? Comment cela?M.-N. B. - Auparavant, nousnous réunissions entre parents,c'est-à-dire entre gens qui secomprenaient et avaient lesmêmes objectifs. Le seul interlo-cuteur à convaincre, c'était M.Neyrinckx qui, lui, n'est quandmême jamais qu'un intermé-diaire. C'était relativement fasti-dieux, mais nous avons fait |

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en blanc. Alors mol, j'arrête.J'ai le sentiment d'avoir été piégée. rr

GINO ET CARINE RUSSO"De la pure manœuvre politicienne "

Dans une lettre qu'ils adressaientdès le 27 avril à Pierre-Martin Ney-rinckx, les Russo exprimaient déjàleur désaveu par rapport au projetde Centre: "Nous soussignés, M. etMme Russo, parents de Melissa Rus-so, déclarons:

1. ne pas adhérer au projet duCentre européen pour enfants dispa-rus proposé par M. le Premier ministreDehaene, pour n'avoir pas obtenude garanties suffisantes d'autonomiepar rapport aux pouvoirs politiqueset judiciaires dans la constitution duconseil d'administration du Centre.En effet, les bases de ce projetn'ayant pu être sereinement rediscu-tées, nous constatons, à ce jour, nonsans amertume, que la propositionde M. Dehaene relevait, dès lors, dela pure manœuvre politicienne (pro-position gouvernementale d'un an-cien projet de Mme Anne-Marie Lizinqui n'avait jusqu'au jour de laMarche du 20 octobre '96 à Bruxellesjamais été jugé assez intéressant parle parlement pour que la propositionsoit votée - désignation sans concer-tation par le 1er ministre de M.Ney-

rinckx, détaché de la Fondation RoiBaudouin pour réaliser la constitutiondu Centre - élaboration d'une chartedont les fondements vont à l'en-contre de toute garantie d'Indépen-dance du Centre - tentative de divi-sion des principaux intéressés (pa-rents organisateurs de la marche du20 octobre) sur le sujet de l'accepta-tion ou non de certaines associationsmanipulées par le politique, dans lebut inavoué d'affaiblir notre possibili-té de revendication et de participa-tion - pressions sur certains parentspour obtenir leur signature au bas dela charte, en dépit du désaccordplusieurs fois exprimé à M. Neyrinckxquant aux fondements de cettecharte -...).

2. renoncer définitivement à unequelconque participation à la créa-tion de ce Centre.

3. refuser catégoriquement de voirutilisés nos noms et/ou le prénom denotre fille Melissa aux fins de la créa-tion de ce Centre.

4. ne plus accepter de correspondre

au groupe A (ainsi que décrit à lapage 2 de la charte établie le23.04.97 par M. Neyrinckx) "des pa-rents d'enfants disparus", et parconséquent, ne plus en voir em-ployée l'expression.

Cette décision est, en date de ce 27avril 1997, irrévocable et définitive.

Nous nous engageons, cependant,par souci de ne pas entraver le dé-veloppement de la création de ceCentre, à ne pas en discréditer publi-quement la constitution et à n'in-fluencer aucun parent d'enfant dis-paru quant à la position qu'il choisirade prendre par rapport à sa propreimplication ou participation dans lacréation et le fonctionnement duCentre, ainsi que par rapport à sadécision d'approuver ou non lacharte établie.

Nous souhaitons, en outre, à tousceux qui désireraient y collaborer, etce, dans l'intérêt de tous les enfantsdisparus et de leurs familles, lemeilleur développement possible dece projet.

Un certain nombre de parents sont aujourd'hui déçus de l'attitude du Premier ministre Jean-Luc Dehaene.Il avait promis la création d'un centre indépendant. Au final, l'organisme projeté dépend trop, selon ces parents, du politique.

"L'engagement pris, lors dela Marche Manche a été trahi." ment pénible de devoir m'as-

seoir à la même table que M.Malmendier étant donné les at-taques dont nous avions été vic-times dans la feuille éditée parson ASBL. Je dis "nous" car jeme sens totalement solidairedes principaux attaqués, lesRusso et les Leieune. Donc, j'aidû faire un effort énorme. Jecomptais sur une interventionefficace de "Missing Children"et c'est là que je me suis sentieflouée. Je me suis rendu comp-te que les associations avaientdû se mettre d'accord préala-blement parce que M. Malmen-dier n'a pas ouvert la bouchede toute la journée, ni d'ailleurspersonne de son association.Cette trahison a été très dure àsupporter... J'étais anéantie.Cela m'a coupé la voix. Je metrouvais face à une situation in-gérabfe. Je n'ai même pas puexprimer mes contre-arguments

à M. Neyrinckx.

• Comment analysez-vousl'insistance que l'on a à vou-loir absolument que vous si-gniez la charte?M.-N. B. - En tout cas, plus cet-te pression est forte, plus je mesens méfiante. J'en arrive à medire qu'il doity avoir plus qu'unagrément. Parce que cette si-gnature ne sert qu'à récolterdes sous. Le message implicitede tout cela, c'est "Dépêchez-vous parce que les sponsorssont là et qu'après il n'y auraplus de sponsors". Pour mapart, je ne me tracasse paspour l'argent, le Centre peuttrès bien fonctionner avec letiers des millions prévus dansun premier temps. Et puis rece-voir l'argent des sponsors dèsqu'il aura fait ses preuves.

• Qui fait pression pour la si-gnature?M.-N. B. - M, Ne/rincloc, bien

TINY MASJ"Une formidable récupération politique"

"Pour mot, il est hors de question designer cette charte. Depuis le débutdes négociations autour de ce texte,l'éprouve un malaise parce quetoutes les remarques que j'ai pu for-muler n'ont jamais été prises encompte. Et je constate qu'au bout detoutes ces discussions, cela se confir-me par le fait que tes parents n'au-ront en pratique rien à dire dans teCentre... Dès lors, on renonce àprendre en compte, pratiquement,l'expérience acquise par ceux quiont lutté pendant des années pourretrouver leurs enfants.

Par contre, on va bien utiliser l'expé-rience, que nous jugeons négative,d'associations comme I'"HOVK",l'équivalent en tous points de l'ASBL"Marc et Corinne". Ces associationspratiquent de la rétention d'informa-tions vis-à-vis des parents. Quand à"Missing Children", je leur ai télépho-né trois fois après la disparition de Kimet Ken. Il ne m'ont jamais rappelée.Avec les partenaires choisis, on estloin des recommandations inscritesdans le rapport intérimaire de laCommission d'enquête: un meilleuraccueil des parents de victimes etune meilleure participation des pa-rents à la recherche de leurs enfants.

Ce "Centre" est surtout de la poudreaux yeux lancée par Jean-Luc Oe-haene. En tant que 1er ministre, il luifallait une réponse politique à la"Marche blanche". Mais ce qui semet en place manque par trop d'au-tonomie et d'indépendance vis-à-visdu pouvoir politique. Dehaene sertses propres intérêts, pas les intérêtsdes enfants. Les ASBL choisies pro-longent l'action de la police et de lagendarmerie. Il n'y a pas de remiseen cause du système qui a conduitaux dysfonctionnements et aux pro-tections que l'on connaît. Nous, cequ'on voulait, c'est un vrai coup defouet, un organe de pression. Ce quise met en place se fait avec des par-tenaires qui sont déjà satisfaits à lasimple idée qu'un Centre va naître.Mais sans aucune garantie sur l'ac-tion concrète qu'il pourra dévelop-per.

Jean-Luc Dehaene avait dit, le 20octobre, que la Marche blancheétait apolitique. Je pense que c'étaitdéjà une erreur des parents qui luiont rendu visite ce jour- là parce quec'était pas cohérent d'aller voir lepremier des politiques dans un telcontexte. Aujourd'hui, le politique estentré de plain-pied dans le Centre.

Le projet vient du cabinet du Premierministre. C'est le Centre de Jean-LucDehaene. D'ailleurs, on l'a constatédurant les négociations. Neyrinckxétait incapable de prendre une dé-cision importante sans en référerd'abord au cabinet du Premier mi-nistre. Son patron, c'est Jean-Luc De-haene. Or, Jean Luc Dehaene s'estdéjà décrédibilisé dans son attitudeface au cas Wathelet. Il a montrécombien il jouait dans le système,combien il était important à ses yeuxde préserver les intérêts des gens enplace. Pourtant, derrière tout cela, ily a des enfants morts! N'Importe quelemployé qui commet une faute gra-ve reçoit son C4, mais quand on par-ticipe à une mise en liberté contes-table d'un Dutroux, on ne risque riendans ce pays. Finalement, il n'y aque les parents qui sont punis pour lereste de leur vie. Pour moi, il ne fau-drait aucun représentant du mondepolitique dans le Centre. Qu'il y aitune majorité de parents concernés,qui ont envie de s'impliquer et quisoient entourés d'experts reconnuspar eux comme étant efficients. Maison est loin de cela. En fait, on a assis-té à une formidable récupérationpolitique. Par conséquent, ma déci-sion de ne pas signer est définitive. "

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entendu. C'est vrai qu'il nous adonné une raison incontour-nable: c'est qu'on aurait vouluque le Centre existe avant lesgrandes vacances, car c'estsouvent pendant cette périodeque les enfants disparaissent.De toute façon, maintenant ilparle déjà du mois de sep-tembre. Mais la grosse questionreste: les sponsors sont là, ilsveulent donner de l'argent ilfaut qu'on ait les signatures leplus vite possible.

"Je pleuretout le temps"

• II paraît que même le Roies! intervenu auprès de vous?M.-N. B. - C'est vrai que lorsde l'inauguration de la statuede Folon...

• Comment interprétez-vouscette intervention?M.-N. B. - Pas de commentaire.

• Reviendrez-vous sur votredécision de ne pas signer?M.-N. B. - Non. Ce n'est pasun "non" agressif. Je veux leursouhaiter bonne chance et j'es-père que cela fonctionnera.Mais moi, je suis trop fatiguéepour pouvoir continuer commeça. Pour m'épuiser pourquelque chose que je ne maîtri-se absolument pas.

• Dans quel état d'esprit êtes-vous actuellement?M.-N. B. - (Silence.) Je pleuretout le temps... Ça m'a démoliecomplètement. Mais je ne saispas si vous devez écrire cela.

• Pourquoi, c'est honteux depleurer?M.-N. B. - (Nouveau silence.)Vous savez, j'ai l'impressionque l'engagement pris lors dela Marche blanche a été trahi.

Rencontre:Michel Bouffioux

POL MARCHAI"Les parents

ne sont pas assezreprésentés"

"Je ne vais pas signer la charte. Et ie ne changerai pasd'avis. Lors de la réunion de samedi, je l'ai bien dit: c'est ladernière fols que ie viens, A moins que cela évolue positi-vement. Mais ce n'est pas le cas. On aboutit à une situationoù trois parents seront élus pour "contrôler" le Centre ausein d'un conseil d'administration qui compte treizemembres. Autant dire que dans un tel rapport de force, lesparents seront un oiseau pour le chat. En plus, j'avais de-mandé à Neyrinckx que le Centre dispose comme instru-ment de lutte d'une liste de tous les pédophiles connus enBelgique. Non pas pour que les parents la consultent, maiscomme outil de travail pour les experts du Centre. Le res-ponsable du projet a demandé au gouvernement et on luia dit que ce n'était pas légalement possible. Commentveut-on réellement lutter contre des gens qu'on se refuse àrecenser? Ce n'est pas sérieux. De même d'ailleurs quetous les discours qu'on entend actuellement. A savoir, M.Neyrinckx qui déclare que tout le monde est d'accord alorsque ce n'est pas le cas. Ou encore le Premier ministre quiparle d'un "Centre privé" alors que Neyrinckx nous parle luid'un Centre financé à moitié par le gouvernement et ausein duquel siège un représentant de ce même gouverne-ment. Tout cela sent le débat politicien. Mais en l'occurren-ce, je ne parlerais pas pour autant de déception. J'avaisprévu tout cela. Dès lors, je vais continuer mon combat ausein de l'association "An". J'ai déjà une cinquantaine d'as-sociés et il y a beaucoup de travail à faire..."

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