1 Mars 2009 Présentation de la Médiation du crédit aux entreprises Janvier 2010.
CEFIP - Médiation du crédit - Rapport d'activité 2010
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médiation du créditr a p p o r t d ’ a c t i v i t é s 2 0 1 0
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t a B L E d E s m a t i È r E s
M É D I A T I O N D U C R É D I T • R A P P O R T D ’ A C T I V I T É S
Avant-propos 3
Fonctionnement et organisation 6
Typologie des dossiers 9
Les mesures publiques de soutien au fi nancement 15
Situations spécifi ques 16
Communication 24
Données quantitatives 28
Perspectives et recommandations 31
Conclusions 33
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La médiation du crédit et de l’assurance-crédit est une mission du Centre de
Connaissances du Financement des PME (CeFiP asbl). C’est un des axes du
Plan de relance de l’économie et du Plan fédéral pour les PME mis en place
par la Ministre des PME, des indépendants, de l’Agriculture et de la Politique
scientifique, Sabine Laruelle.
Le dispositif de médiation du crédit a été créé en Belgique début 2009, au
plus fort des turbulences financières qui ont failli faire vaciller l’ensemble de
l’économie mondiale. Il s’agissait, à l’époque, d’apporter des réponses concrè-
tes à tous les entrepreneurs qui rencontraient des difficultés de financement
et qui ne parvenaient pas à les résoudre seuls.
La Belgique et la France ont été précurseurs en matière de médiation du
crédit. Rapidement, les dispositifs des deux pays ont été mis en exergue par
l’Organisation de Coopération Economique et de Développement (OCDE)
ainsi que par la Commission européenne en tant que meilleures pratiques
permettant de juguler les effets de la crise économique et financière sur les
PME. Forts de cette reconnaissance et de l’efficience de l’outil, d’autres pays
comme l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Irlande, la Grèce ou encore le Japon se
sont dotés d’un mécanisme de médiation du crédit dont le fonctionnement a
été calqué sur les expériences belges et françaises.
Imaginée à l’origine comme une réponse spécifique à une situation conjonc-
turelle particulièrement préoccupante, la médiation du crédit a démontré
son importance dans un contexte économique en voie de normalisation; la
plupart des pays ayant implémenté un dispositif de médiation ont d’ailleurs
décidé de le pérenniser. En Belgique, le caractère structurel s’est imposé de
lui-même non seulement à cause des besoins des entreprises, mais également
au regard du rapport coût du dispositif - bénéfice pour l’économie.
a v a n t - p r o p o s
Deux années de médiation du
crédit au CeFiP
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Le Médiateur rééquilibre les relations entre le dispensateur et le demandeur
de crédit. Ce dernier point vaut particulièrement pour les TPE, souvent peu
armées pour entrer dans une réelle dynamique de négociation avec leur(s)
banque(s). Il s’agit également de pallier le manque de connaissance des outils
publics facilitant l’accès au crédit tant au niveau des demandeurs que des
dispensateurs.
Le Médiateur et les collaborateurs du CeFiP sont des spécialistes du crédit
aux entreprises, proactifs et créatifs, ils prodiguent leurs conseils avisés et, le
cas échéant, ouvrent des perspectives originales en proposant l’appel à des
interventions en quasi-capital ou en garanties. A cette expertise s’ajoutent
expérience et réseau qui complètent un ensemble de ressources qui font du
dispositif de médiation du crédit et de l’assurance-crédit un outil profession-
nel et efficace au service des entreprises et des entrepreneurs.
Dans les faits, cela se traduit par plus d’un dossier par jour en moyenne qui
arrivent sur le bureau du Médiateur aujourd’hui. Ce sont plus de 500 dossiers
qui ont été traités depuis la création du dispositif avec un taux de réussite
de 60%. Ce sont 250 entreprises (sur 417 dossiers clos) qui ont été préservées
et plus de 2000 emplois équivalents temps plein sauvegardés. Entièrement
gratuit pour les entreprises et doté d’une structure strictement limitée aux
besoins, la médiation du crédit est sans conteste le dispositif de soutien à
l’emploi le moins cher du Royaume.
Seule ombre au tableau, le dispositif est connu par moins de 10% des entre-
prises. Au-delà du potentiel important d’entreprises qui pourraient bénéficier
du soutien du Médiateur, on imagine le nombre de celles qui, faute d’avoir
eu accès à la bonne information, sont restées seules face à leurs difficultés,
sans trouver de réponses adéquates à leurs besoins, avec un risque accru de
cessation d’activité.
Il faudra donc continuer à informer les entreprises, leurs organisations
représentatives et leurs prescripteurs, comme les professionnels du chiffre
par exemple, sur l’existence du dispositif de médiation du crédit et de l’assu-
rance-crédit du CeFiP. Cette dimension communication revêt une importance
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plus de 500 dossiers ont été traités depuis la
création du dispositif avec un taux de
réussite de 60%.
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capitale si l’on considère toutes ces entreprises qui, dans un contexte écono-
mique plus favorable, souhaitent se repositionner sur le marché, investir, se
redéployer.
Les besoins en financement iront plus que probablement croissants dans les
prochains mois. Or les entreprises ont souffert de la crise. Cela se répercute
immanquablement au niveau de leurs paramètres financiers et se marquera
dans leur situation bilantaire. Les exigences des dispensateurs de crédit en
matière d’apport de fonds propres augmentent sans cesse. Bientôt, les ac-
cords de Bâle III renforceront cette tendance. Dans ce contexte, la médiation
du crédit a plus que jamais un rôle à jouer en tant que facilitateur d’accès au
crédit pour les entreprises, afin de ne laisser aucune entreprise seule face à
ses difficultés.
Frédéric LERNOUX Chris DAUW
Administrateur délégué du CeFiP ASBL Médiateur du crédit
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01
6
1) FonCtionnement
tout entrepreneur qui fait face à un problème d’accès au crédit ou d’assurance-
crédit peut saisir le médiateur. L’intervention du service de médiation du crédit est
gratuite.
dans un premier temps, le seul élément qui est demandé à l’entrepreneur, c’est de
constituer un dossier. pour ce faire, l’entrepreneur doit remplir un formulaire et four-
nir tout document utile à l’instruction de son dossier.
En pratique, ce formulaire se trouve sur le site du médiateur (www.mediateurdu
credit.be). c’est un fichier Word à télécharger, à remplir et à renvoyer au service du
médiateur. ce document permet au service de médiation de faire une analyse ap-
profondie du dossier et d’obtenir des informations indispensables au traitement du
dossier (les coordonnées de l’entrepreneur et de sa personne de contact à la banque,
un compte-rendu du problème, les montants du crédit en question, le mandat auto-
risant l’intervention du médiateur, etc.).
dès que le service de médiation reçoit un dossier, un courrier d’accusé de réception
est envoyé à l’entrepreneur. un premier contact est pris dans les cinq jours ouvrables
afin d’éclaircir les éventuels points nébuleux. il s’agit en effet d’avoir la meilleure
compréhension du problème.
dans la plupart des cas, le contact se déroule par courriel ou par téléphone. mais
d’autres formes de communication sont également utilisées en fonction de la spécifi-
cité du dossier. certains dossiers particulièrement complexes nécessitent une rencon-
tre entre le médiateur et le demandeur.
Fonctionnement et organisation
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celle-ci peut se faire dans les locaux du ceFip ou dans tout autre lieu, à Bruxelles ou
en province, l’objectif restant de trouver des solutions concrètes, en un minimum de
temps et en optimisant les ressources.
afin de solutionner le problème, un contact est parfois pris par le médiateur auprès
de la banque ou toute autre institution comme, par exemple, les organismes publics
dont la mission est de faciliter l’accès au crédit. dans ce cas, le médiateur exige
au préalable un accord écrit de l’entrepreneur. Le médiateur va tenter de faciliter
le dialogue entre l’entrepreneur et ses interlocuteurs financiers, principalement les
banquiers, tout en gardant une position neutre.
depuis 2009, le médiateur a tissé des relations de confiance avec les institutions fi-
nancières. dans la plupart des banques, le service de médiation dispose de personnes
de contact « attitrées », ce qui permet d’être directement dirigé vers le gestionnaire
du dossier concerné.
Lorsque cela s’avère pertinent, le médiateur redirige l’entrepreneur vers des mesures
publiques visant à faciliter l’accès au crédit.
certains cas désespérés ne peuvent être traités de manière efficace. dans ces cas,
l’obtention d’un nouveau crédit est impossible et le refus de l’organisme financier
est justifié.
Le médiateur agit dans le cadre d’une théorie d’analyse financière classique où pré-
valent les principes fondamentaux de saine gestion et de prise de risques. pas ques-
tion donc de défendre des dossiers irréalistes ou aux fondamentaux boiteux.
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Enfin, il est important de noter que le médiateur du crédit ne détient aucun pouvoir
contraignant sur les différents organismes financiers. il ne peut aller à l’encontre de
décisions prises par les institutions bancaires. sa réussite passe par un travail de relec-
ture proactive et de mise en perspective du dossier de demande de crédit, et par la
persuasion des interlocuteurs de l’entreprise; le tout avec une implication indispen-
sable du demandeur de crédit.
2) organisation
Le dispositif de médiation du ceFip a été institué par la ministre des pmE, des indé-
pendants, de l’agriculture et de la politique scientifique, sabine Laruelle. c’est par
lettre de mission de la ministre que le dispositif a été établi en février 2009. En sep-
tembre 2009, le ministre des Finances, didier reynders, étendait les compétences du
ceFip à la médiation de l’assurance-crédit. Hormis ces lettres de mission, le dispositif
de médiation du crédit n’a pas de cadre légal ou réglementaire, contrairement à
l’ombudsman des banques par exemple.
par contre, le médiateur a un accord avec Febelfin, la fédération des banques. cet
accord règle les procédures de prise de contact avec les banques et participe à la
bonne collaboration avec les institutions financières.
Le dispositif de médiation du ceFip est organisé autour du médiateur du crédit, chris
dauw, et d’une équipe réduite composée de deux analystes et d’une assistante admi-
nistrative à mi-temps. toutes les informations sur le dispositif de médiation du crédit
sont disponibles sur www.mediateurducredit.be.
Les entreprises peuvent contacter le ceFip en composant le numéro vert
0800/84 426.
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Qualitativement, on remarque que depuis la création du dispositif de médiation du
crédit il y a une certaine constance au niveau de la nature des problèmes que rencon-
trent les entrepreneurs pour accéder au crédit.
Quantitativement, le médiateur est de plus en plus saisi de demandes complexes qui
concernent des crédits existants.
tout entrepreneur peut faire appel au médiateur, il n’y a pas de profil type d’entrepri-
ses faisant appel à ses services. Les demandes d’aide émanent aussi bien d’entrepri-
ses en démarrage que d’entreprises qui existent depuis de nombreuses années.
Les raisons pour lesquelles une médiation est demandée sont diverses mais elles
peuvent néanmoins être regroupées en quatre catégories.
1) Les nouveaux CréDits
comme son nom l’indique, cette catégorie rassemble toutes les demandes relatives
aux nouveaux crédits. cela va du financement d’une nouvelle entreprise au finance-
ment d’un besoin en fonds de roulement en passant par le financement d’un inves-
tissement pour une entreprise existante.
dans le cas particulier des entreprises en démarrage, on remarque fréquemment que
la rentabilité du projet est, a priori, mal estimée. L’excès d’optimisme et le manque de
professionnalisme dans l’élaboration des comptes prévisionnels jouent très souvent
en défaveur de l’entrepreneur. Le dispensateur de crédit ne dispose pas d’éléments
suffisamment fiables et étayés pour prendre sa décision. La méfiance s’installe et
typologie des dossiers
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la décision de refus s’impose naturellement. on se trouve alors devant deux cas de
figure.
d’une part, certains projets n’ont manifestement aucune rationalité économique. La
faiblesse des comptes prévisionnels reflète purement et simplement cet état de fait.
Le rôle du médiateur consiste alors à faire preuve de pédagogie et de diplomatie
pour faire comprendre au demandeur que son projet n’est pas viable et que la dé-
cision du dispensateur de crédit est totalement justifiée. ce rôle qui consiste à faire
de la «démotivation positive» n’est pas aisé à endosser, car il s’agit de ne pas tuer
dans l’œuf un dynamisme entrepreneurial tout en faisant comprendre au demandeur
qu’un projet ne peut pas se concrétiser sur n’importe quelles bases et à n’importe
quel prix. ce cas de figure doit être assimilé à la quatrième catégorie; celle des
« mauvais » dossiers.
d’autre part, il y a de « bons » projets, qui sont réalistes et économiquement via-
bles, mais qui n’ont été ni suffisamment réfléchis, ni présentés de manière vraiment
professionnelle pour susciter l’intérêt et l’approbation du dispensateur de crédit. Le
rôle du médiateur consiste ici à conseiller l’entrepreneur pour qu’il mette en avant
les points forts de son projet et qu’il présente un dossier mieux construit, basé sur
des éléments financiers solides. il s’agit en fait de réaliser un travail d’objectivation
et de présentation qui s’apparente à une opération «marketing» à destination du
dispensateur de crédit.
pour qu’une demande puisse être considérée comme crédible, il est important de
fournir des prévisions étayées qui tiennent compte de tous les frais inhérents au bon
fonctionnement de l’entreprise (eau, électricité, chauffage, coûts salariaux, frais de
financement,…). La capacité de remboursement est un élément capital. sans elle,
aucune banque ne sera disposée à octroyer un crédit. par ailleurs, des garanties suf-
fisantes doivent souvent être fournies à la banque.
concrètement, le service de médiation du crédit analyse le dossier. il formule ses
remarques et conseille le demandeur.
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2) Les CréDits existants
Le médiateur est de plus en plus saisi de dossiers liés à des crédits existants. dans ce
cas, l’intervention du médiateur s’effectue souvent en dernier ressort, alors que le
passif entre les parties est déjà très lourd, le dossier se trouvant souvent en phase de
(pré)contentieux. cela complique singulièrement la tâche. complexe, l’intervention
du médiateur n’en est pas moins essentielle, car il s’agit du dernier espoir de trouver
une solution. dans cette catégorie, il y a également deux cas de figure.
soit les entrepreneurs connaissent des difficultés temporaires pour le remboursement
de leur crédit et/ou le paiement des intérêts. ils demandent alors ce que l’on peut
qualifier de «termes et délais» parmi lesquels on retrouve notamment une réduction
du coût, une demande de franchise, une prolongation de la durée du crédit.
L’objectif consiste à passer un cap difficile et à accorder à l’entrepreneur un ballon
d’oxygène afin qu’il puisse repartir sur de bonnes bases. Le médiateur du crédit
peut soutenir la négociation à condition d’avoir de solides arguments et de pouvoir
prouver l’existence d’une bonne capacité de remboursement. En effet, le dispensa-
teur de crédit est particulièrement sensible à la gestion de son risque et n’acceptera
que rarement de l’augmenter en accordant des facilités. En outre, pour avoir plus de
chances d’aboutir à une issue favorable, il est important que ces demandes se fassent
avant la dénonciation du crédit.
soit la situation est irrémédiable. La demande a alors pour but de rembourser le cré-
dit de façon échelonnée ou de réaliser des actifs de façon ordonnée. dans la plupart
des cas, il s’agit d’obtenir un plan d’apurement auprès d’une banque ou de vendre
volontairement des actifs du client dans le but de faciliter le remboursement.
La dénonciation du crédit est un sujet d’une extrême sensibilité. En effet, la confiance
est rompue et le dispensateur de crédit ne croit plus à la capacité de remboursement
du crédité.
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par conséquent, la négociation est des plus complexes. parfois, une solution peut
être trouvée à condition que le demandeur apporte des garanties supplémentaires
ou qu’il apporte des fonds propres pour rembourser une partie du crédit dénoncé.
c’est généralement la condition sine qua non pour qu’un accord sur un plan d’apu-
rement puisse être trouvé.
Et lorsqu’aucune solution ne peut être trouvée mais qu’il existe encore une pers-
pective de continuité, le médiateur peut diriger le demandeur vers son avocat afin
qu’il introduise une demande de réorganisation judiciaire. La mission du médiateur
s’arrête alors pour laisser une procédure éventuelle suivre son cours.
3) La ruPture De CommuniCation
La situation de blocage type se produit lorsque les parties rompent le dialogue. Le
médiateur du crédit est alors amené à intervenir comme courroie de transmission afin
de restaurer ce dialogue indispensable entre demandeur et dispensateur de crédit.
cette rupture dans la relation trouve souvent son origine dans une dégradation de
la relation entre les parties. Elle peut être liée soit à un contexte difficile vécu par
l’entreprise ou à un changement d’interlocuteur qui affecte la relation de confiance
entre elles, soit aux deux éléments à la fois.
au terme d’un processus, parfois insidieux, on arrive à une rupture totale de la com-
munication, à une dramatisation de la situation où c’est la subjectivité qui prévaut
principalement. il faut alors enrayer cette spirale négative le plus rapidement possible
en remettant l’objectivité des faits au centre des débats. Le médiateur joue ici un rôle
essentiel d’interface.
a l’intérieur de cette catégorie, plusieurs cas de figure se présentent également.
soit l’origine du problème de communication se trouve dans le non-respect de ses
engagements financiers par le crédité.
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soit le crédité a des besoins spécifiques mais ne les formule pas de manière suffi-
samment claire et précise. Le caractère parcellaire des informations fournies pour
appuyer la demande, qui dans les cas les plus limites peut être volontaire, complique
considérablement la tâche du dispensateur de crédit et aboutit généralement à une
double conséquence : refus et détérioration de la confiance.
on constate également que certains dispensateurs de crédit prennent beaucoup de
temps avant de communiquer leur décision de refus. cela augmente la frustration du
demandeur alors qu’une réponse plus rapide lui aurait permis de tenter de trouver
des alternatives ou de revoir sa copie pour être mieux en phase avec les exigences
de la banque.
il arrive également que la raison exacte du refus d’octroi de crédit ne soit pas commu-
niquée, voire même qu’il y ait absence totale de motivation du refus. Le médiateur
essaie de décrypter le dossier en imaginant les raisons pour lesquelles la décision
négative est intervenue. ce travail complexe est indispensable car, pour maximiser
les chances d’obtenir le crédit, il convient évidemment de retravailler le dossier, en
particulier, sur les points précis qui ont fait l’objet d’une évaluation négative de la
part du dispensateur de crédit. Les contacts privilégiés qu’entretient le médiateur
avec ce dernier permettent fréquemment de dépasser une communication purement
formelle pour aller vers des échanges plus constructifs.
4) Cas « intraitabLes » ou qui Le Deviennent…
Le médiateur est parfois saisi de dossiers extrêmement difficiles, voire impossibles.
il s’agit ni plus ni moins de mauvais dossiers qui, faute d’un message clair au deman-
deur, risqueraient de faire l’objet de discussions interminables. il convient néanmoins
de faire preuve de pédagogie et de motiver la décision de classement du dossier.
plus étonnant, il arrive que le médiateur soit saisi d’un dossier qui, à la base, pourrait
déboucher sur une décision favorable de la part du dispensateur de crédit, mais qui
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à cause d’une absence d’intérêt manifeste de la part du candidat emprunteur va
malheureusement rejoindre la catégorie des mauvais dossiers. c’est le cas lorsque le
médiateur ne parvient pas à obtenir les réponses aux demandes d’informations com-
plémentaires qui font suite à la première analyse post-saisine réalisée sur base des
renseignements fournis dans le formulaire d’introduction de la demande. si la très
grande majorité des dossiers font l’objet de demandes d’informations complémen-
taires, la plupart des entrepreneurs leur réserve des suites favorables et affiche un vo-
lontarisme de bon aloi en répondant rapidement et précisément. Les entrepreneurs
qui ne réagissent pas, et ce malgré les rappels de la part du service de médiation du
crédit, sont nettement moins nombreux. nonobstant, le phénomène est suffisam-
ment fréquent pour qu’il soit souligné.
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Le rôle du médiateur consiste également à ouvrir des portes en conseillant et en
facilitant l’intervention d’une institution publique de (co)financement ou de garantie
(Fonds de participation, sowalfin, pmv, Fonds Bruxellois de Garantie,…). il s’agit
de rendre bancable un dossier qui ne l’est pas, par exemple, par manque de fonds
propres ou de garanties.
Le prêt initio du Fonds de participation et l’intervention des Fonds régionaux de ga-
rantie figurent parmi les outils de prédilection du médiateur. initio permet de faciliter
l’obtention d’un crédit auprès d’une institution financière. Le Fonds de participation
apporte des quasi fonds propres dans une logique de partage de risque 50 – 50 avec
le dispensateur de crédit, avec une intervention de 100.000 euros maximum. Quant
aux interventions des Fonds de garantie régionaux, ils suppléent le manque de ga-
ranties pouvant être mobilisées par le demandeur. Quasi fonds propres et garanties
régionales permettent de réduire considérablement le risque encouru par la banque
et par conséquent, de faciliter l’obtention d’un crédit.
En théorie, les dispensateurs de crédit affichent un intérêt marqué pour certains
crédits et garanties proposés par des institutions publiques (comme le Fonds de par-
ticipation et les organismes de garantie cités ci-dessus). cependant, le médiateur du
crédit constate que dans la pratique, ce n’est pas toujours le cas. manifestement, au
niveau local, beaucoup de banquiers ignorent l’existence de ces mesures ou mon-
trent peu d’enthousiasme à y faire appel.
Les mesures publiques de soutien au financement
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L’octroi de crédit dans le cadre de la loi relative à la continuité des entreprises (LcE)1,
le coût du crédit de caisse, les «surgaranties» exigées par les banques et le funding
loss constituent quatre situations particulières qui compliquent singulièrement le tra-
vail du médiateur. a tout le moins, la solution intervient dans des délais beaucoup
plus longs.
dans la majorité des cas, le médiateur du crédit est réduit à un rôle d’observateur
privilégié. Les phénomènes sont biens connus. a l’initiative de la ministre des pmE et
des indépendants, le centre de connaissances du Financement des pmE a constitué
un groupe de travail «ceFip – Banques – Entreprises» dont les objectifs consistent,
d’une part, à analyser précisément ces problématiques spécifiques et leurs consé-
quences sur l’octroi de crédit aux entreprises et, d’autre part, à tenter de dégager des
pistes d’amélioration voire de trouver des solutions d’ordre général. La plateforme
«Financement des entreprises» mise en place par Febelfin aborde également ces
différents points. il s’agit d’une importante prise de conscience du secteur. Le ceFip
et le médiateur du crédit participent activement aux travaux de la plateforme en ap-
portant leur expérience de terrain à la recherche de solutions équilibrées.
En attendant ces améliorations, les dossiers problématiques s’accumulent sur le bu-
reau du médiateur. il faut donc agir rapidement.
a. Loi reLative à La Continuité Des entrePrises
La loi relative à la continuité des entreprises (LcE) est entrée en vigueur le 1er avril 2009.
Elle remplace l’ancien concordat judiciaire. cette mesure connait un franc succès. Elle
est plus utilisée que ne l’était le concordat, surtout par les plus petites entreprises.
L’objectif de cette loi est d’offrir plus de possibilités aux entreprises qui rencontrent
des difficultés financières mais dont les fondamentaux permettent d’espérer un re-
dressement et de relever la tête. La loi permet à une entreprise de geler ses dettes
situations spécifiques
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1) Loi du 31 janvier 2009 relative à la continuité des entreprises
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pendant une période déterminée, ce qui crée une bulle d’oxygène et lui laisse le
temps d’élaborer un plan de relance.
par rapport à l’ancien concordat, la loi relative à la continuité des entreprises offre
une plus grande flexibilité grâce aux trois types de réorganisations. celles-ci peuvent
se combiner successivement ou simultanément. il y a la réorganisation par accord
amiable sous supervision judiciaire, la réorganisation par accord collectif et la réorga-
nisation par transfert sous autorité de justice.
Les frais pour les entreprises sont peu élevés, ce qui enlève un frein aux plus petites
entreprises. L’accès à cette loi est dès lors plus facile.
un autre grand avantage de la LcE est la rapidité de décision d’autoriser une réorga-
nisation judiciaire par le juge du tribunal de commerce. pour ce faire, l’entrepreneur
doit y déposer tout document permettant de donner une image de la situation fi-
nancière de l’entreprise. après examen de l’ensemble des documents, le juge prend
une décision dans les huit jours. En pratique, il y a de bonnes chances d’obtenir une
décision favorable.
Le médiateur du crédit n’a pas de tâche spécifique dans le cadre de cette procédure,
mais il est régulièrement confronté à trois questions essentielles :
• Quand faut-il demander l’application de la loi relative à la continuité des
entreprises ?
• Quelle sera l’attitude de la (des) banque(s) après le recours à la loi relative à
la continuité des entreprises ?
• Comment refinancer une entreprise sous réorganisation judiciaire2 ?
La position du médiateur du crédit est pour le moins inconfortable. au délà de la
difficulté inhérente à la complexité de ce type de dossiers, il s’agit d’une procédure
juridique. La question de savoir si le médiateur du crédit doit y occuper une place
reste ouverte. dans l’affirmative, se pose alors la question de l’utilité de l’intervention
du médiateur au regard des positions généralement adoptées par les dispensateurs
de crédit. Les ressources qu’il convient d’affecter au suivi de ces dossiers complexes
doivent également être prises en compte.
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2) Une entreprise sous réorganisation judiciaire est une entreprise ayant fait appel à la loi sur la continuité des entreprises et qui a obtenu une décision favorable du tribunal de Commerce.
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En effet, les banques ne semblent pas avoir de ligne de conduite générale sur la
manière de gérer la situation lorsqu’un client fait appel à la loi relative à la continuité
des entreprises ou si c’est le cas, elles ne la communiquent pas clairement. or, la
relation banquier-entreprise est immédiatement impactée par le recours à cette loi.
Le dossier de l’entreprise est souvent transféré vers un autre service qui s’apparente
à un service de «précontentieux» ; les chances d’obtenir un refinancement des actifs
sont alors extrêmement ténues.
La loi relative à la continuité des entreprises va bientôt faire l’objet d’une évaluation
et la question du financement des entreprises sous réorganisation judiciaire en fera
partie. Les conclusions apporteront sans doute une série de clarifications, notam-
ment sur le rôle des dispensateurs de crédit et leurs responsabilités dans le cadre de
leurs relations avec les entreprises sous réorganisation judiciaire.
b. Coût D’un CréDit De Caisse
Le coût du crédit de caisse est resté particulièrement élevé en Belgique, malgré une
diminution générale des taux d’intérêt fin 2008 (voir graphique ci-dessous).
18
m é d i a t i o n d u c r é d i t • r a p p o r t d ’ a c t i v i t é s
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2010
6
5
4
3
2
1
0source :
bnb (banque nationale de belgique)
evolution
des taux d’intérêt
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19
interrogés dans le cadre du baromètre trimestriel du ceFip, les entrepreneurs pointent
du doigt le coût trop élevé du crédit de caisse. parmi tous les indicateurs du baromètre,
c’est d’ailleurs le coût du crédit de caisse qui enregistre le niveau le plus bas; 74 % des
répondants estiment que le coût est élevé, voire très élevé. or le crédit de caisse est un
instrument de financement important lorsqu’il s’agit de couvrir les besoins en trésorerie
des entreprises. il reste un des outils les plus importants pour financer les besoins à
court terme. Le coût du crédit de caisse est manifestement trop cher par rapport aux
coûts de refinancement des banques augmentés de leur prime de risque.
c’est la viabilité même de l’entreprise qui peut être remise en cause. certes, il y a
les cas où le crédit de caisse est utilisé à mauvais escient par les entrepreneurs, pour
financer des besoins à moyen voire à long terme. ces problématiques spécifiques
doivent recevoir des réponses spécifiques, en dehors du crédit de caisse. mais reste
que dans la grande majorité des cas, ce sont les besoins de trésorerie qu’il s’agit de
couvrir. Et le baromètre révèle que les entrepreneurs qui rencontrent des difficultés
pour obtenir un crédit de caisse sont précisément ceux qui avaient une trésorerie plus
faible au sortir de la crise et donc ceux qui en ont le plus besoin. s’ils l’obtiennent,
c’est à des conditions particulièrement défavorables.
interrogées par le ceFip, les entreprises indiquent que le coût moyen du crédit de caisse
s’élève à 10 ou 11 % (en tenant compte du taux de base, de la marge, des frais de
dossier et de la commission de réservation). ces taux sont d’ailleurs confirmés par
l’analyse des taux pratiqués par la plupart des banques de la place. il faut noter qu’il
s’agit des situations sans dépassement. dans les situations non autorisées, les taux sont
encore plus élevés.
Les organismes dispensateurs de crédit n’ont pas d’éléments à faire valoir pour jus-
tifier le maintien de taux de crédit de caisse exorbitants dans un contexte de baisse
générale du coût du crédit et dans un marché où les taux de référence, qui fixent
leurs coûts de refinancement, sont historiquement bas.
Le médiateur peut tenter d’influencer les taux à la baisse, mais force est de constater
que les banques restent très souvent sur leurs positions. Le médiateur peut égale-
ment soutenir l’entreprise dans une réflexion d’optimisation de sa structure de finan-
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cement, en privilégiant des instruments à plus long terme comme des crédits d’in-
vestissement classiques si cela s’avère nécessaire, ou des straight loans. néanmoins,
le crédit de caisse reste une formule de fi nancement tout à fait adaptée, souple et
effi cace, lorsqu’il s’agit de fi nancer des besoins à court terme. Elle doit rester acces-
sible à des conditions soutenables.
C. « surgaranties »
si les banques basent leur décision en matière d’octroi de crédit sur la capacité de rembour-
sement, l’apport de garanties est également un élément important. dans la pratique, ce
sont souvent les garanties qui constituent le facteur clé de décision d’octroi de crédit.
dans le cas particulier des entreprises en démarrage, on part de zéro dans la relation
avec le dispensateur de crédit. La négociation est plus ouverte même si la ques-
tion des garanties occupe le premier plan. dans les autres cas, les problèmes liés
aux garanties surviennent tant lorsque l’entreprise demande un nouveau crédit que
lorsqu’elle souhaite augmenter la maturité ou le montant d’un crédit existant.
sur la question des garanties, le baromètre du ceFip apporte un éclairage en mesu-
rant le degré de mécontentement des entreprises soit 2,6 sur 10 lorsqu’on interroge
les entreprises sur l’adéquation entre le volume de garanties exigées par le dispensa-
teur de crédit et le montant du prêt.
20
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source : baromètre CeFiP
Nov
. 08
Déc
. 08
Janv
.09
Mar
s 09
Juil.
09
Aoû
t 09
Sept
. 09
Sept
. 10
Nov
. 09
Janv
. 10
Mar
s 10
Mai
10
3,5
3
2,5
2
1,5
1
0,5
0Zone
de
perc
eptio
n né
gativ
e (<
5/10
)Perception de la valeur
des garanties demandées
par les banques
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Le médiateur du crédit constate que les problèmes en matière de garanties sont
souvent liés à la méthode d’évaluation (différences de valeur en vente normale ou en
vente forcée). Les banques ne tiennent compte que d’un certain pourcentage de la
valeur en vente forcée et les différences entre les appréciations de valeur en fonction
des experts du demandeur ou du dispensateur de crédit sont parfois importantes.
si les entreprises ne sont pas à même d’apporter suffisamment de garanties, elles
peuvent faire appel à un organisme public de garantie (soWaLFin-socamut pour
la Wallonie ; Fonds Bruxellois de Garantie pour Bruxelles ; régime de garantie pmv
pour la Flandre). ces garanties sont considérées par la banque comme sérieuses et
fiables. Le risque de non-recouvrabilité de la créance diminue. on pourrait penser
qu’une telle garantie entraîne une diminution de la prime de risque et donc du coût
total du crédit. mais dans la réalité, c’est rarement le cas. La prise en compte des
interventions des Fonds de garantie régionaux pose donc question.
Le médiateur du crédit doit entamer une négociation autour du volume et de la valo-
risation des garanties afin de trouver un consensus autour d’une situation équilibrée.
il peut conseiller l’intervention des Fonds de garantie régionaux pour débloquer un
dossier. il peut également essayer de changer d’interlocuteur ou de faire jouer la
concurrence entre dispensateurs de crédit mais, dans ce cas, la question du transfert
de garanties se pose avec acuité.
L’exemple type se produit lorsqu’un crédit a été octroyé quelques années plus tôt,
avec un bien immobilier en guise de garantie hypothécaire. ce crédit a ensuite été
remboursé pendant plusieurs années. puis l’entreprise a besoin de financement. Elle
sollicite un nouveau crédit ou une reprise d’encours. La banque refuse bien qu’elle
dispose objectivement d’une large marge en matière de garanties. Et elle refuse bien
entendu de libérer les garanties dont elle dispose, ne serait-ce qu’en partie.
Généralement, il sera difficile pour l’entrepreneur d’obtenir les fonds souhaités
auprès de sa banque. il sera alors obligé de se tourner vers une autre banque pour
reprendre le crédit en cours, avec tous les coûts directs, entre autres les indemnités
de remploi, et indirects.
21
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D. Les inDemnités De remPLoi (FunDing Loss)
il arrive dans certains cas que le crédité souhaite rembourser son crédit anticipative-
ment. cela occasionne une série de coûts administratifs et financiers dans le chef
de la banque. pour y faire face, elle impute une indemnité, appelée indemnité de
remploi ou funding loss. si pour les particuliers, le niveau maximum de l’indemnité
est réglé par la loi, il n’en va pas de même pour les entreprises où c’est la liberté
contractuelle qui prévaut.
ainsi, si la logique économique et financière permet de justifier une indemnité de
remploi, il arrive que ces indemnités soient fixées à des montants très élevés. c’est
assez fréquent dans la conjoncture actuelle, caractérisée par des taux d’intérêt
particulièrement bas.
dans la plupart des cas, ce point n’est abordé que superficiellement à la signature
du contrat de crédit. Les parties sont au début d’une relation commerciale et donc
peu enclines à s’attarder sur les modalités d’une rupture qui apparaît alors fort hypo-
thétique. mais lorsqu’elle se produit, le crédité est souvent surpris par les montants
réclamés.
d’expérience de médiateur, les montants demandés peuvent varier entre 5 % et
33 % du solde restant dû. La fourchette est large et il faut être prudent car les situa-
tions doivent être considérées au cas par cas, eu égard notamment à l’influence des
taux d’intérêt et des maturités. il faut aussi épingler le caractère opaque des clauses
contractuelles en matière de funding loss, des méthodes de calcul ésotériques et une
absence d’explication.
Les situations dans lesquelles on trouve une dimension de funding loss sont diverses.
Les cas les plus classiques sont ceux dans lesquels le crédité souhaite rembourser
anticipativement son prêt pour une raison personnelle. il s’agit généralement de cas
où le crédité dispose d’une offre concurrente plus intéressante.
Le médiateur s’intéresse en particulier aux cas décrits ci-dessous.
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23
Lorsque, par exemple, les indemnités de remploi sont réclamées en cas de dénon-
ciation ou de faillite, celles-ci viennent aggraver une situation financière déjà très
difficile.
situation plus extrême encore lorsque le dispensateur de crédit exige le paiement
d’indemnités de remploi en cas de réaménagement des conditions du crédit, un
allongement de la maturité par exemple. c’est le cas par exemple d’une entreprise
qui demande une modification de la maturité de son prêt pour passer de 10 ans à
15 ans. Les incidences pour la banque sont minimes. Elle garde son client et le crédit.
difficile de justifier d’importantes indemnités de remploi.
Les funding loss ont un effet direct sur la concurrence entre dispensateurs de crédit
puisqu’ils compliquent singulièrement la mobilité du crédité. ils s’ajoutent à la «non-
mobilité» des garanties pour garder le crédité dans une situation de dépendance
vis-à-vis de sa banque.
or les situations où le changement de banque s’impose sont diverses. c’est le cas
lorsque le dispensateur de crédit ne souhaite plus accompagner l’entreprise dans sa
dynamique de croissance, lorsque l’entreprise connaît des difficultés et que la ban-
que ne consent pas à augmenter son risque, lorsqu’il y a rupture de dialogue et/ou
de confiance entre les parties, voire lorsque la banque change de stratégie globale.
Le médiateur plaide pour des solutions pragmatiques et équilibrées qui ne doivent
pas nécessairement passer par un encadrement légal et/ou réglementaire des indem-
nités de remploi mais qui pourraient servir de référence au secteur.
ce dernier semble prendre conscience du problème et réfléchit à une communication
sur les «bonnes pratiques». notons d’emblée que la réduction du coût des indemni-
tés de remploi aurait un impact certain sur le taux de succès du médiateur.
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selon l’enquête « ceFip – Financement des pmE 2010 », moins de 10% des entre-
prises disent connaître le service de médiation du crédit du ceFip.
pourtant, le médiateur n’a pas ménagé ses efforts pour diffuser très largement l’in-
formation. Entreprises, fédérations d’entreprises, presse généraliste et spécialisée,
conférences et salons, monde académique… le médiateur a communiqué tous azi-
muts en 2010 avec en point d’orgue l’organisation du colloque international sur la
médiation du crédit en Belgique et en France qui a eu lieu en février.
24
05c H a p i t r E 5
Toutes les entreprises (N=924)
Région flamande (N=567)
Région wallonne (N=258)
Région bruxelloise (N=99)
Micro-entreprises (N=275)
PME (N=630)
0% 2,0% 4,0% 6,0% 8,0%
(N=nombre de répondants)
Communication
source : enquête CeFiP sur
le fi nancement des Pme 2010
ConnaÎt-on Le serviCe De méDiation Du CréDit ?
Connaît-on le service de médiation du crédit ?
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27
il faudra donc continuer à informer les entreprises et leurs représentants sur l’exis-
tence du dispositif, sa gratuité, ses modalités de saisine simple et son effi cacité.
aucune entreprise ne doit péricliter faute d’avoir eu connaissance que le dispositif
de médiation du ceFip pouvait tenter de trouver une solution à ses problèmes de
fi nancement.
cette dimension communication revêt une importance capitale si l’on considère tou-
tes ces entreprises qui, dans un contexte économique plus favorable, souhaitent se
repositionner sur le marché, investir, se redéployer.
comme souligné en introduction, les besoins en fi nancement iront plus que proba-
blement croissants dans les prochains mois. or les entreprises ont souffert de la crise.
cela se répercute immanquablement au niveau de leurs paramètres fi nanciers et leur
situation bilantaire. Les exigences des dispensateurs de crédit en matière d’apport de
fonds propres augmentent sans cesse. Bientôt, les accords de Bâle iii renforceront
cette tendance.
aussi, les fédérations interprofessionnelles représentatives des entreprises ainsi que
les fédérations professionnelles, professionnels du chiffre en tête, feront à nouveau
l’objet d’une communication spécifi que et seront invitées à répercuter l’information
auprès de leurs membres et de leurs clients.
articles dans la presse généraliste, publications, newsletters, articles de journaux,
interviews, envoi de brochures aux différentes fédérations professionnelles, confé-
rences dans les universités,... tous les moyens seront bons pour diffuser la bonne
parole.
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il faudra donc continuer à informer les entreprises et leurs représentants sur l’exis-
tence du dispositif, sa gratuité, ses modalités de saisine simple et son effi cacité.
aucune entreprise ne doit péricliter faute d’avoir eu connaissance que le dispositif
de médiation du ceFip pouvait tenter de trouver une solution à ses problèmes de
fi nancement.
cette dimension communication revêt une importance capitale si l’on considère tou-
tes ces entreprises qui, dans un contexte économique plus favorable, souhaitent se
repositionner sur le marché, investir, se redéployer.
comme souligné en introduction, les besoins en fi nancement iront plus que proba-
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a. Données PrinCiPaLes
• 123 millions d’euros d’encours de crédit traités en médiation
• 3370 équivalents temps plein en jeu
• 514 entreprises en médiation
• 9 dossiers irrecevables
• 417 dossiers clôturés et 2145 emplois préservés
• 60 % de taux de réussite et 77 % d’emplois préservés
b. nature Des DiFFiCuLtés renContrées
Les problèmes les plus rencontrés sont :
- besoin de fonds à court terme (38 %) exemple : paiements fournisseurs
- besoin de fonds à moyen et long terme (26 %) exemple : investissement
matériel
- dénonciations de crédits existants (10 %)
- problèmes liés au démarrage d’une activité (9 %)
- arriérés de paiements (8 %) exemples : tva, onss
28
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Données quantitatives
38%
9%8%
10%
26%
7%2%
Starter
Court termeMoyen/long termeDénonciation
ArriérésTaux d'intérêtAutres
nature des diffi cultés
rencontrées
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29
C. tYPoLogie Des entrePrises ConCernées
• 98 % des entreprises en médiation sont des PME de moins de 50 salariés.
• Les entreprises du secteur du Commerce (26 %), des Services (16 %), de la
construction (15 %) et de l’Horeca (11 %) sont les plus nombreuses à saisir
le médiateur du crédit.
D. niveau Des enCours De CréDit traités en méDiation
et évoLution temPoreLLe
• Les encours de crédit traités en médiation se répartissent comme suit :
- de 0 à 49.999 € : 35 %
- de 50.000 à 249.999 € : 40 %
- de 250.000 à 499.999 € : 14 %
- plus de 500.000 € : 11 %.
• Le niveau médian des encours traités est de 82.800 €.
• Le niveau moyen des encours traités est de 270.100 €.
06c H a p i t r E 6
plus de 500.000
de 250.000 à 499.999
de 50.000 à 249.999
de 0 à 49.999
0% 10% 20% 30% 40% 50%
02/2009 - 02/2011
02/2009 - 08/201002/2009 - 02/201002/2009 - 08/2009
niveau des encours de crédit traités
en médiation et évolution temporelle
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e. réPartition géograPHique Des Dossiers en méDiation
et évoLution temPoreLLe
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49 dossiers
37 dossiers
16 dossiers
32 dossiers
43 dossiers
70 dossiers58 dossiers
27 dossiers
50 dossiers
85 dossiers
47
Brux
elle
s
Brab
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Anv
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Limbo
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e02/2009 - 08/2009
02/2009 - 02/201002/2009 - 08/201002/2009 - 02/2011
908070605040302010
0
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31
En deux ans d’existence, le dispositif de médiation du crédit du ceFip a démontré
sa pertinence et son efficacité. il ne dispose d’aucun cadre légal ou réglementaire
spécifique, ce qui lui permet de fonctionner de manière très souple. c’est résolument
un des atouts du dispositif qu’il convient de préserver. cependant, la réflexion sur le
cadre, dans une optique de pérennisation du dispositif, reste ouverte.
dans le même ordre d’idée, le dispositif de médiation du ceFip n’a jamais fait l’objet
d’un financement spécifique. Le ceFip finance donc cette mission sur ses fonds pro-
pres. cette situation n’était acceptable que dans la mesure où la médiation du crédit
avait été conçue comme une mesure conjoncturelle destinée à prendre fin à la sortie
de la crise. il convient donc de financer cette mission en tant que telle au risque que
le ceFip ne l’exerce au détriment de ses missions d’études, d’analyses, de recherches
et de mise en réseau des acteurs du financement des entreprises.
Les aspects liés à la communication sont prioritaires. même si le ceFip optimise les
ressources et fait preuve de beaucoup de volontarisme, ils sont éminemment tributai-
res des moyens du centre. or, l’intérêt d’une campagne de communication «grand
public» semble évident. déjà, la décision d’une refonte des sites web du ceFip et
du médiateur du crédit a été prise. des formulaires dits «intelligents» seront mis
à la disposition des entreprises qui pourront introduire leurs dossiers directement
via le site web. il s’agit à la fois d’une action de communication et de simplification
administrative.
Le ceFip et son médiateur du crédit continueront à s’impliquer dans les problémati-
ques liées à la Loi sur la continuité des Entreprises, au coût du crédit de caisse, aux
surgaranties et au funding loss. Le ceFip mènera ses actions propres et participera à
toutes les plateformes de concertation. il y apportera son expertise et son expérience
de terrain avec pour seul objectif de trouver des solutions constructives qui apportent
des réponses concrètes aux entreprises et aux entrepreneurs.
07c H a p i t r E 7
Perspectives et recommandations
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Enfin, le médiateur adresse trois demandes spécifiques directement tirées de son
expérience :
1. aux entrePreneurs et aux banquiers :
soignez votre communication mutuelle !
Le banquier doit être considéré comme un partenaire que l’on rencontre réguliè-
rement pour discuter de l’évolution de l’entreprise, pour exposer la stratégie et les
éventuels besoins de financement à court, moyen et long terme. de même, le ban-
quier doit exprimer clairement ses attentes et sa position par rapport à la stratégie
de l’entreprise.
2. aux entrePreneurs qui Connaissent Des DiFFiCuLtés
D’aCCès au CréDit :
Faites appel au médiateur le plus rapidement possible !
La tâche du médiateur sera d’autant facilitée qu’il interviendra dès que le problème
surgit. il ne sert à rien d’attendre que la situation s’envenime, qu’on en arrive à une
rupture totale de la communication, pour saisir le service de médiation du crédit du
ceFip.
3. au monDe PoLitique, aux méDias, aux rePrésentants
Des entrePrises et à tous Les Faiseurs D’oPinion :
Contribuez à faire connaître le dispositif de médiation du crédit du CeFiP !
La médiation du crédit préserve des activités économiques et de l’emploi. Les entre-
preneurs peuvent y faire appel gratuitement. c’est un dispositif efficace, avec des
modalités de saisine simples et des procédures adaptées à la réalité de l’entreprise et
à la nature du problème.
32
m é d i a t i o n d u c r é d i t • r a p p o r t d ’ a c t i v i t é s
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33
08c H a p i t r E 8
En deux ans d’existence, le dispositif de médiation du crédit du ceFip s’est insti-
tutionnalisé. Le médiateur est saisi quotidiennement de dossiers pour lesquels son
intervention est souvent le dernier espoir de trouver une solution et, partant, de
sauvegarder l’entreprise et l’emploi.
créé par les autorités fédérales et mis gratuitement à la disposition des entrepre-
neurs, le service de médiation du ceFip a permis de sauver plus de 250 entreprises de
la faillite et de préserver plus de 2000 emplois équivalents temps plein.
Le médiateur ne règle pas les différends entre les parties - il existe pour cela d’autres
instances. neutre, il cherche des solutions aux problèmes de crédit.
En tant qu’interface entre les institutions financières et les entreprises qui rencontrent
des problèmes avec leur crédit, le médiateur du crédit occupe une position particu-
lière. c’est non seulement un acteur qui intervient dans des situations spécifiques,
souvent complexes, mais également un observateur privilégié.
impact de la loi sur la continuité des entreprises sur leur financement et surtout sur
leur capacité à accéder au financement, coûts élevés du crédit de caisse, exigences en
matière de garantie qui freinent la concurrence entre banques et la problématique très
spécifique du funding loss, sont autant de problématiques pour lesquelles il convient
de faire rapidement des avancées significatives. non seulement parce qu’elles influen-
cent négativement les dossiers en médiation, mais plus généralement parce qu’elles
ont des conséquences négatives sur l’ensemble de l’activité économique.
aucune entreprise ne peut rester seule face à ses difficultés. par conséquent, la ques-
tion de la notoriété du dispositif reste centrale.
Conclusions
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Médiateur du crédit | rue de Ligne 1, 1000 [email protected]
Edite
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