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CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT partenariat canadien pour la sante des enfants et l’environnement

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1CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉDES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

partenariat canadien pour la sante

des enfantset l’environnement

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Le Partenariat canadien pour la santé des enfants et l’environnement (PCSEE) est un regroupement multisectorield’organisations formé en 2001 dans le but d’oeuvrer à la protection de la santé des enfants contre les expositions environnementaleset les produits chimiques toxiques. Son moyen d’action privilégié consiste à sensibiliser les décideurs politiques, les organismesfournisseurs de services, les praticiens, les parents et le public aux problèmes de salubrité de l’environnement des enfants. Le PCSEEréunit les organisations suivantes :• Association canadienne des médecins pour l’environnement• Fédération canadienne des services de garde à l’enfance• Association canadienne du droit de l’environnement• Institut canadien de la santé infantile• Environmental Health Clinic- Sunnybrook & Women’s College Hospital• Troubles d’apprentissage — Association canadienne• Ontario College of Family Physicians• Association pour la santé publique de l’Ontario• Pollution Probe• South Riverdale Community Health Centre• Toronto Public Health

Animé par une vision commune de la coopération en vue de créer un environnement sain pour les enfants, le PCSEE a pour missiond’élever le niveau des connaissances relatives à la santé prénatale et à la santé environnementale des enfants partout au Canada,d’aider les membres du PCSEE à diffuser de l’information et à promouvoir un ensemble de politiques qui favorisent la santéenvironnementale des enfants au Canada, d’encourager et d’entreprendre des recherches de nature scientifique et politiqueen santé environnementale des enfants susceptibles d’aider la société à mieux comprendre la santé prénatale et infantile et àprotéger les enfants contre les expositions aux produits toxiques, et de faire en sorte que grâce à leur travail coordonné le PCSEE,ses membres et son réseau de plus en plus large puissent contribuer efficacement à améliorer la qualité de la santé environnementaledes enfants au Canada.

Forts de notre conviction que nous avons une responsabilité sociale de travailler ensemble pour assurer un environnement sain auxenfants, nous vous invitons à prendre dès aujourd’hui des mesures de prudence et des décisions qui protégeront la santé et ledéveloppement des enfants aujourd’hui et dans les années à venir.

Pour en savoir plus sur le PCSEE et les questions sur lesquelles nous travaillons, et pour recevoir des exemplaires de notre brochureNe prenons pas de risque, protégeons la santé environnementale des enfants, rendez-vous à notre site Web àwww.environnementsainpourenfants.ca.

QU’EST-CE QUE LE PCSEE?

CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENTi

Sources des photos sur la couverture (dans le sens des aiguilles d’une montre à partir du coin gauche supérieur) : www.PDimages.com, Santé Canada, Mark Surman,Mark Surman, Digital Vision, Comstock, Comstock.

Le Partenariat canadien pour la santé des enfants et l’environnement (PCSEE) tient à reconnaître et à remercier la Laidlaw Fondation et laFondation Trillium de l’Ontario, qui se sont montrées aussi constantes que généreuses dans leur appui aux efforts et au mandat général du PCSEE.

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LES MEMBRES DU PCSEE

L’Association canadienne des médecins pourl’environnement (CAPE) est un groupe demédecins, de membres des professions paramédicales etde citoyens engagés à faire avancer la cause d’unenvironnement sain et durable. En tant qu’organismecomposé surtout de médecins, la CAPE apporte unéclairage de spécialistes de la santé aux débats sur lesquestions environnementales et représente une voiximportante pour la santé environnementale au Canada.La CAPE travaille sur les problèmes de détérioration del’environnement en sensibilisant les professionnels de lasanté et le public et en préconisant des politiquesenvironnementales plus strictes. La santéenvironnementale des enfants est le thème prioritaire dela CAPE et elle constitue le fil conducteur de tout sontravail de sensibilisation et de promotion d’unenvironnement plus sain. www.cape.ca

La Fédération canadienne des services de gardeà l’enfance (FCSGE) est un organisme sans butlucratif national voué à l’excellence en matièred’apprentissage et de garde des jeunes enfants auCanada. Depuis 1987, la FCSGE produit des documentset des outils de formation bilingues qui contribuent à laqualité de l’apprentissage et de la garde des jeunesenfants. Elle collabore avec d’autres intervenantsdésireux de promouvoir le développement sain desenfants. La FCSGE compte plus de 11 000 membres quitravaillent dans divers cadres de garde d’enfants, dontdes garderies, des garderies en milieu familial, desprématernelles, des jardins d’enfants et des services degardes en milieu scolaire. La FCSGE compte égalementdes membres parmi les professeurs des collèges et desuniversités à travers le Canada. www.ccf-fcsge.ca

L’Association canadienne du droit del’environnement (ACDE) est un organisme sans butlucratif de défense de l’intérêt public. Fondée en 1970,l’ACDE est une clinique d’aide en droit del’environnement — au sein d’Aide juridique Ontario — quiassure des services juridiques aux personnes à faiblerevenu et aux groupes défavorisés tout en accomplissantdes activités d’intercession, de sensibilisation et deréforme du droit axées sur le renforcement de laprotection de l’environnement. Ses domainesd’intervention prioritaires sont la pollution et la santé(notamment la santé des enfants), le commerceinternational et la gouvernance mondiale, les évaluationsenvironnementales et la durabilité des ressources en eau.www.cela.ca

L’Institut canadien de la santé infantile (ICSI)oeuvre à l’amélioration de la santé des enfants canadiensdepuis 1977 en formulant des recommandationsrelatives à la recherche et aux politiques, en faisant dutravail de développement communautaire et enproduisant des outils. Les membres bénévoles de sonconseil d’administration et de son conseil consultatifreflètent la diversité des secteurs et des professionsintervenant auprès des enfants et aident l’ICSI à restercentré sur l’enfant comme un tout en tenant compte desgrands déterminants de la santé physique et mentale, ycompris les facteurs sociaux, économiques etenvironnementaux. Un des principaux axes de l’ICSIconcerne le développement sain des enfants et lasalubrité et la sécurité environnementales. L’ICSI a jouéun rôle de premier plan dans la mise en évidence desliens entre les facteurs environnementaux et la santéinfantile et collabore avec ses membres, lesgouvernements, d’autres ONG et des entreprisesprivées à l’organisation et à l’animation d’initiativesnationales et internationales visant à sensibiliser le publicà cette question et à former les professionnels quitravaillent auprès des enfants. www.cich.ca

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L’Environmental Health Clinic a vu le jour en 1996en tant que volet clinique d’un programmed’intervention et de recherche conjoint du Sunnybrook &Women’s College Health Sciences Centre et de l’University ofToronto. Elle est l’une des deux seules cliniques auCanada à être rattachées à un établissementd’enseignement et à bénéficier d’un financement publicet d’un mandat provincial, l’autre étant située enNouvelle-Écosse. L’EHC cherche à aider à prévenir leseffets néfastes pour la santé des expositions auxmatières polluantes présentes dans l’environnement,notamment chez les personnes les plus vulnérables, lesfoetus, les enfants, les femmes et certaines catégories detravailleurs. L’EHC vise à sensibiliser les patients, lepublic et les professionnels de la santé aux problèmes desanté environnementale et à offrir des évaluations et desconseils multidisciplinaires aux personnes souffrant desensibilités ou d’intolérances environnementales, dusyndrome de fatigue chronique ou de l’encéphalomyélitemyalgique, de la fibromyalgie et d’autres problèmes desanté liés à l’environnement.www.sunnybrookandwomens.on.ca/programs/wcacc/clinicsandservices/environmentalhealth

Troubles d’apprentissage — Associationcanadienne (TAAC) est un organisme de bénévolessans but lucratif qui sert de porte-parole national despersonnes ayant des troubles d’apprentissage (TA) et despersonnes qui les aident. C’est grâce à la sensibilisationdu public quant à la nature et aux incidences destroubles d’apprentissage, à des efforts de défense desintérêts des personnes atteintes, à des recherches, auxoutils qu’elle produit et aux efforts de collaborationqu’elle entreprend que TAAC cherche à assurer auxpersonnes souffrant d’un TA des chances plus égales defonctionner en tant que citoyens et de pouvoir réaliserleur potentiel aussi pleinement qu’elles le souhaitent.www.ldac-taac.ca

L’Ontario College of Family Physicians (OCFP)est la section ontarienne du Collège des médecins defamille du Canada (CMFC). L’OCFP est un organismeprovincial sans but lucratif à adhésion volontaire dont lemandat porte sur l’enseignement médical universitaire etsupérieur, la formation continue des médecins de familleet le respect de normes d’excellence dans la formationet l’exercice en médecine familiale. L’OCFP est la voix dela médecine familiale en Ontario et représente plus de6 800 médecins de famille qui soignent des patients dansles milieux ruraux, suburbains et urbains et les centres-villes de l’Ontario. L’établissement et le maintien denormes d’excellence dans l’exercice de la profession, laformation continue des membres et la facilitation del’accès à des services de médecine familiale de premièrequalité pour tous les résidents de l’Ontario sont aucoeur de la mission de l’OCFP. www.ocfp.on.ca

L’Association pour la santé publique del’Ontario (OPHA), fondée en 1949, est un organismede bienfaisance à adhésion volontaire et sans but lucratifcomposée de membres individuels et d’associationsconstituantes dans des secteurs et des disciplinesmultiples qui ont en commun l’objectif d’améliorer lasanté des Ontariens. L’OPHA a pour mission de jouer unrôle de leadership par rapport aux facteurs qui influentsur la santé publique et de renforcer l’impact despersonnes qui oeuvrent en santé publique et en santécommunautaire partout en Ontario. L’OPHA s’intéresseparticulièrement à la santé environnementale et infantile.Le Groupe de travail bénévole en santé environnementale del’OPHA intervient très activement dans les dossierstouchant la salubrité de l’environnement des enfantsdans une perspective de santé publique. Les documentsd’orientation, résolutions, lettres et rapports rédigés parson personnel sur les questions de santéenvironnementale sont accessibles au site Web del’OPHA. www.opha.on.ca

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Pollution Probe est un organisme canadien sans butlucratif qui travaille en partenariat avec tous les secteursde la société pour protéger la santé en assurant lapureté de l’air et de l’eau. Depuis sa fondation àl’University of Toronto en 1969, Pollution Probe a acquis uneprésence nationale. Dans les années 1990, l’organisme acentré ses programmes sur les questions relatives auxchangements climatiques, à l’énergie, à la qualité de l’air, àla pollution des eaux et à la santé humaine, en réalisantnotamment un vaste programme de lutte pourl’élimination du mercure d’origine humaine dansl’environnement. Le mandat de Pollution Probe s’est élargipar la même occasion à d’autres problématiques, dontles risques uniques que constituent les contaminantsenvironnementaux pour les enfants et la mise au pointd’outils novateurs de promotion de comportementsrespectueux de l’environnement.www.pollutionprobe.org

Le South Riverdale Community Health Centre(SRCHC) est un organisme régi par le milieu qu’il sertet qui estime que la santé est un état de bien-êtrephysique, mental et social. Son rôle consiste à offrir dessoins de santé primaires de qualité tout en s’engageantdans des initiatives cliniques, sociales, économiques,politiques, culturelles et éducatives qui contribuent à lapromotion de la santé. Le Centre fait sienne la définitionde la santé adoptée par l’Organisation mondiale de laSanté : la santé est un état de bien-être physique, mentalet social complet et non pas simplement l’absence demaladie ou d’infirmité. La santé est un droit humainfondamental essentiel au développement social,économique et personnel. www.srchc.com

Toronto Public Health (TPH), la plus importanteunité de santé publique au Canada, sert la populationurbaine la plus diversifiée du pays. TPH réalise desprogrammes prévus par la Loi sur la protection et lapromotion de la santé de l’Ontario dans le but d’améliorerl’état de santé de toute la population de la ville tout enréduisant les inégalités en matière de santé. Elleaccomplit sa mission grâce à des pratiques fondées surl’expérience clinique en évaluation de la santé, enprévention des maladies et des traumatismes et endéfense des droits de même qu’en promotion et enprotection de la santé. Toronto Public Health a joué un rôlede premier plan dans de nombreux dossiers de santéenvironnementale comme l’utilisation des pesticides, lesmog et la qualité de l’air et la santé des enfants etl’environnement. www.toronto.ca/health

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AOÛT 2005

Le Partenariat canadien pour la santé des enfants etl’environnement (PCSEE) est fier de présenter auxCanadiens ce document intitulé Ce qu’il faut savoir surla santé des enfants et l’environnement.

En effet, la publication de cette ressourcepédagogique marque un point tournant pour lesmembres du PCSEE, qui a été formé en 2001 afin deregrouper les professionnels dévoués de la santé, del’environnement et de la garde des enfants quisentaient le besoin de dépasser les frontièrestraditionnelles de leurs champs respectifs etreconnaissaient les avantages qu’ils avaient àtravailler ensemble pour créer un environnementsain pour les enfants. Le travail en partenariat n’estjamais facile, et il l’est encore moins dans undomaine où les questions sont si complexes et lascience ne fait que commencer à nous éclairer.

La présente publication et notre campagne deprotection de la santé environnementale des enfantsconstituent la première tentative de la part du PCSEEde recueillir, assimiler et présenter de l’informationen pensant au public, et en particulier aux parents etaux aidants, aux décideurs, aux praticiens en santé etaux autres personnes qui se préoccupent desinfluences de l’environnement sur la santé de nosenfants.

L’engagement et la patience de chacun despartenaires ont été extraordinaires et nous enréjouissons en lançant Ce qu’il faut savoir sur la santédes enfants et l’environnement et la brochure Neprenons pas de risque : Protégeons la santé des enfants. LePCSEE tient à souligner en particulier l’apportexceptionnel de Kathy Cooper de l’Associationcanadienne du droit de l’environnement, qui a travailléinfatigablement à la rédaction de la présentepublication. Les membres du PCSEE veulentmaintenant inspirer un public plus large et l’inciter àagir sur ces questions afin qu’ensemble nous nouspuissions protéger et améliorer la santé des enfants.

Nous vous invitons donc à vous joindre à nous! Ilsuffit de vous rendre àwww.environnementsainpourenfants.ca pour ensavoir plus sur les possibilités de participation quis’offrent à vous ou sur les moyens de vous tenirinformé.

Tonya Surman Ken OgilvieDirectrice du partenariat Directeur généralPCSEE Pollution Probe

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Ce qu’il faut savoir sur la santé des enfants etl’environnement doit surtout être considéré comme uninstantané de la situation, car il ne se passe pas unejournée sans que sortent de nouvelles informationssur la santé environnementale des enfants. Cesnouvelles données confirment les informationsrésumées dans ces pages bien plus souvent qu’ellesles réfutent.

Pendant deux ans, Ce qu’il faut savoir sur la santé desenfants et l’environnement a fait l’objet d’améliorationsconstantes de la part de plus d’une quarantaine delecteurs experts. Au sein et au-delà du PCSEE, nousavons puisé dans les connaissances d’un grandnombre de disciplines — santé publique, droit,médecine familiale, pédiatrie, justice sociale etanthropologie sociale, enseignement et services à lapetite enfance, toxicologie dans ses diverses branches,chimie, épidémiologie et encore et encore. Ce qu’ilfaut savoir sur la santé des enfants et l’environnementenglobe toutes ces disciplines et ce fut un honneur etun privilège de travailler à en réunir tous leséléments.

J’aimerais ajouter aux remerciements qui suiventquelques réflexions personnelles. J’ai eu l’occasion deprendre la mesure du leadership et de ladétermination de Barbara McElgunn de Troublesd’apprentissage — Association canadienne. J’aicommencé à travailler avec Barbara pour prévenirl’intoxication par le plomb chez les enfants il y avingt ans. Déjà vieille routière dans le domaine, ellen’a cessé depuis de travailler inlassablement pourprotéger les cerveaux des enfants contre les produitschimiques présents dans l’environnement.

Pendant plus de sept ans, mes travaux sur cettequestion se sont faits presque sans exception encollaboration avec la toujours charmante et brillante

AOÛT 2005

Loren Vanderlinden de Toronto Public Health. Monautre collaboratrice constante est Tonya Surman, unefemme qui possède une énergie illimitée et un sensdu leadership pour le PCSEE qui est à la fois pratiqueet visionnaire. Loren et Tonya ont également fait ensorte que l’exercice soit tout sauf abstrait en donnantnaissance à quatre beaux garçons au cours des cinqpremières années du PCSEE.

Je remercie tout spécialement Paul Muldoon,directeur général de l’Association canadienne du droitde l’environnement, de m’avoir laissé l’espace et letemps que Ce qu’il faut savoir sur la santé des enfants etl’environnement a nécessité sur le plan de la recherche,de la rédaction et de la collaboration avec lesmembres du PCSEE. Le leadership de Ken Ogilvie,directeur général de Pollution Probe, était tout aussidéterminant. En produisant Ce qu’il faut savoir sur lasanté des enfants et l’environnement, nous avons faitreculer les limites de la série des guidesd’introduction de Pollution Probe tout en employantune formule gagnante tirée de la grande expériencede Pollution Probe dans la réalisation de ces guides.

Je salue enfin Mark Surman pour ses idéesvisionnaires sur les moyens de faire naître unecommunauté « électronique » et l’imperturbableJason Diceman qui a su faire du portail du PCSEEune réalité. Ce qu’il faut savoir sur la santé des enfantset l’environnement est un solide point de départ pourle travail de sensibilisation qui se poursuivra au siteWeb du PCSEE.

Kathleen CooperRecherchiste principaleAssociation canadienne du droit de l’environnement

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REMERCIEMENTS

CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

Le Partenariat canadien pour la santé des enfants et l’environnement (PCSEE) tient à remercier les organismes suivants de leurappui financier à la réalisation de Ce qu’il faut savoir sur la santé des enfants et l’environnement :

MEILLEUR DÉPART : LE CENTRE DE RESSOURCES SUR LA MATERNITÉ, LES NOUVEAU-NÉSET LE DÉVELOPPEMENT DES JEUNES ENFANTS DE L’ONTARIO

ENVIRONNEMENT CANADA — RÉGION DE L’ONTARIOSANTÉ CANADALE MINISTÈRE DE L’ENVIRONNEMENT DE L’ONTARIOTHE HENRY AND BERENICE KAUFMANN FOUNDATIONTORONTO PUBLIC HEALTHLA FONDATION TRILLIUM

Nous tenons également à remercier les personnes suivantes pour l’information technique, l’assistance et (ou) lescommentaires sur Ce qu’il faut savoir santé des enfants et l’environnement dont ils ont bien voulu nous faire part : Dr.Tye Arbuckle, Louise Aubin, Dr. Samuel Ben Rejeb, Annie Bérubé, Nancy Bradshaw, Dr. Riina Bray, DeborahBrooker, Wendy Burgoyne, Shelley Callaghan, Dr. Monica Campbell, Dr. Graham Chance, Barbara Coyle, SarahCummings, Fe de Leon, Ellen Desjardins, Yvonne Dionne, Jan Fordham, Gideon Forman, Dr. Don Forsyth,Michèle Giddings, Dorothy Goldin Rosenberg, Dr. Magda Havas, Marie-Ève Hèroux, Barry Jessiman, Rob Kealey,Gene Long, Catherine Lumsden, Dr. Lynn Marshall, Theresa McClenaghan, Amber McCool, Jill McDowell, Dr.David McKeown, Véronique Morisset, Dr. Tom Muir, Dr. Tony Myres, Yeshu Naidoo, Christine Norman, KenOgilvie, Rita Paul-Sengupta, Kim Perrotta, Ann Phillips, Dr. Hans Christian Raabe, Vanita Sahni, TheresaSchumilas, Dr. Fran Scott, Jacinthe Seguin, Sarah Sheffield, Janice Sonnen, Dave Stieb, Tonya Surman, KimTytler, Jay Van Oostdam, Emily Wahl et Dr. Don Wigle.

Pollution Probe et le PCSEE sont seuls responsables du contenu de la présente publication.

Ce qu’il faut savoir sur la santé des enfants et l’environnement a été documenté et rédigé pour Pollution Probe et le PCSEE parKathleen Cooper et révisé par Randee Holmes. Ont également participé à la recherche Susanne Burkhardt, BarbaraMcElgunn, Dr. Loren Vanderlinden et Franca Ursitti. La gestion du projet a été assurée par Elizabeth Everhardus etla mise en page par Krista Friesen.

On trouvera une liste beaucoup plus complète des références pour les recherches scientifiques résumées ici dans un rapportcomplémentaire préparé par Toronto Public Health, dont Ce qu’il faut savoir sur la santé des enfants et l’environnement est dans unegrande mesure une version abrégée et vulgarisée. Environmental Threats to Children : Understanding the Risks, Enabling Preventionsera disponible en version électronique dès le mois de septembre 2005 à www.toronto.ca.

Les photos figurant dans Ce qu’il faut savoir sur la santé des enfants et l’environnement ont été généreusement offertes par MarkSurman, Tatiana Morita, Toronto Public Health et Santé Canada. Les illustrations ont été reproduites par Anna Dong.

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TABLE DES MATIÈRES

Chapitre I : Introduction ................................. 3Quels sont les déterminants de la santé des enfants? ....... 5Les expositions préoccupantes pour la santé des enfants .. 9

Chapitre II : Pourquoi mettre l’accentsur les enfants? ................................................. 19Les enfants sont différents .................................................... 19Les enfants sont plus exposés que les adultes .................. 20Les enfants sont plus vulnérables que les adultes ............ 23Les périodes de vulnérabilité ................................................ 26Certains enfants sont plus à risque que d’autres ............. 30

Chapitre III : Les effets sur la santéles plus préoccupants ...................................... 35Le système respiratoire .......................................................... 37Le cerveau et le système nerveux en

voie de développement .................................................... 38Le cancer .................................................................................... 45La reproduction humaine et le développement

infantile ................................................................................. 50Le système endocrinien .......................................................... 56Le système immunitaire .......................................................... 63Les effets multiples sur la santé .......................................... 64

Chapitre IV : Les expositions des enfants .... 67Un survol descriptif et analytique des expositions ......... 67L’utérus : le premier environnement .................................. 70Le lait maternel : le premier aliment .................................. 70L’air intérieur et la poussière ............................................... 74L’air extérieur ............................................................................ 80Les aliments ............................................................................... 82L’eau ............................................................................................. 84

Chapitre V : Qu’est-ce qui est fait pourparer aux dangers? .......................................... 89La recherche .............................................................................. 90Les engagements internationaux .......................................... 91Les rôles des gouvernements : des responsabilités

partagées .............................................................................. 92La participation communautaire ........................................... 97La réglementation des risques environnementaux :

Avons-nous appris quelque chose des erreursdu passé? .............................................................................. 102

L’évaluation des risques : Que fait-on pourrattraper le retard? ........................................................... 104

Comment évaluer les effets multiples et lesexpositions multiples ........................................................ 108

Le principe de la prudence : Mieux vaut prévenirque guérir ............................................................................ 109

Chapitre VI : Comment créer desenvironnements sains pour les enfants ........ 113Les dix plus importantes suggestions pour protégerla santé environnementale des enfants .............................. 115

Principales références ................................... 132

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Chapitre I : Introduction

Alors qu’elle touche déjà à des problématiques multiples, la santé environnementaledes enfants est en pleine expansion. Ce qu’il faut savoir sur la santé des enfants etl’environnement se veut une initiation bien étayée à un sujet vaste et complexe. Ellepermettra au lecteur de comprendre les raisons qui sous-tendent les préoccupationsentourant les impacts environnementaux sur la santé des enfants et facilitera lapoursuite de la lecture et de la recherche sur cette question d’une importance sivitale.

Chez les professionnels de la santé, les personnes qui interviennent auprès desenfants, les environnementalistes et les parents, on s’inquiète de plus en plus desconséquences possibles pour la santé prénatale et infantile des expositions à desproduits chimiques toxiques ou à d’autres dangers présents dans les environnementsintérieurs et extérieurs. Vouloir s’y retrouver dans ce domaine, c’est se préparer àmettre tout le temps et toute la patience qu’il faut pour se frayer un chemin autravers de toutes sortes de complexités et d’incertitudes scientifiques. L’exercicen’en demeure pas moins important, car les enjeux sont énormes — il y va de la santéde nos enfants et des générations futures. Compte tenu de ces enjeux, il y a debonnes raisons de réagir aux incertitudes en prenant des mesures de prudence.

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« Pourquoi se préoccuper dela santé environnementale desenfants? La liste des questionscliniques épidemiologiquementliées à des substancesdangereuses présentes dansl’environnement comprendl’asthme, les cancers, lestroubles neuro-comportementaux etdéveloppementaux, le faiblepoids à la naissance et lesanomalies congénitales. Lesexpositions dansl’environnement de l’enfantcréent les conditions de lasanté de l’adulte qu’ildeviendra. »

Source : Raphael, R. 2000.Directeur général, Programme dela sécurité des milieux,Environnements sains, Directiongénérale de la sécurité desconsommateurs, Santé Canada.Allocution prononcée lors duforum public Children — TheEnvironment and Their Healthparrainé par l’Associationcanadienne des médecins pourl’environnement et Pollution Probequi a eu lieu le 8 novembre 2000.

Ce qu’il faut savoir sur la santé des enfants et l’environnementexplique un grand nombre de risques que les expositions dansl’environnement posent pour les enfants et prolonge le conceptde la responsabilité pour la sécurité des enfants — qu’aucunparent n’aura du mal à comprendre — dans une optique axéesur la prévention.

La santé de tous les enfants qui vivent au Canada estpotentiellement compromise par des substances dangereusesdans l’environnement. Le degré de risque varie selon la natureprécise de la substance, les groupes d’âges des enfants et lescirconstances particulières. Les enfants qui vivent dans lapauvreté sont particulièrement vulnérables. Les preuvesscientifiques d’associations entre les risques environnementauxet l’asthme et d’autres maladies respiratoires, le cancer, desincidences sur le développement du cerveau foetal, lescomportements des enfants et leur capacité d’apprendre, lefaible poids à la naissance et les anomalies congénitales nemanquent pas. Des preuves établissant des liens avec d’autresconséquences graves pour la santé sont en train d’émerger.

La contribution à ces résultats cliniques de centainesd’expositions à des substances toxiques telles que les polluantsatmosphériques et les pesticides et à des dangers physiques telsque la radiation est connue ou soupçonnée. Or, très peud’expositions ont été entièrement évaluées en ce qui a trait auxeffets sur le développement prénatal et infantile. La certitudescientifique totale quant aux effets de la plupart des expositionsdans l’environnement est impossible, car elle ne pourrait êtreobtenue qu’en procédant à des expériences scientifiquesrigoureusement contrôlées sur des enfants, et de tellesexpériences sont impensables sur le plan éthique.

Ceci étant dit, les enfants sont quotidiennement soumis à des« expériences » spontanées par des expositions à toutes sortes desubstances dans leurs milieux de vie, d’apprentissage et de jeu.Par exemple, c’est par « expérience » plutôt que par évaluationscientifique préalable que nous avons appris comment le

CHAPITRE I : INTRODUCTION

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5CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

« Nous sommes en train deprocéder à une vasteexpérience toxicologique dontles sujets expérimentaux sontnos enfants et les enfants denos enfants. »

Source : Dr. Herbert Needleman,professeur de psychiatrie et depédiatrie, University of Pittsburgh.Cité par le Dr Philip Landrigan,Mount Sinai School of Medicinedans son allocution principale àl’occasion de Children’sEnvironmental Health II : A GlobalForum for Action (Washington, DC :septembre 2001). Cetteconférence était co-parrainée parle Children’s Environmental Networkde Washington (www.cehn.org)et l’Institut canadien de la santéinfantile (www.cich.ca).

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plomb peut provoquer des atteintes neurologiques chez lesenfants. Au bout de nombreuses années d’exposition au plombcontenu dans l’essence et la peinture, les scientifiques ont puclairement observer et documenter les effets nocifs du plombsur le développement neurologique des foetus et des jeunesenfants.

Il en est de même pour notre compréhension des impacts de lapollution atmosphérique sur la santé des enfants. Il existe desdonnées assez probantes indiquant que la pollutionatmosphérique contribue aux troubles pulmonaires, entreautres en déclenchant des crises d’asthme chez les personnessensibles. Il existe aussi des données suggestives d’un lien entrela pollution atmosphérique et l’apparition de l’asthme chez despersonnes qui n’en souffraient pas auparavant. Ces données ontété obtenues en mesurant ces effets chez des enfants exposés àla pollution atmosphérique dans la vie de tous les jours.

Quels sont les déterminants de la santédes enfants?

L’Organisation mondiale de la Santé décrit les facteurs (oudéterminants) multiples qui contribuent à la santé des êtreshumains, au nombre desquels l’environnement physique —aussi bien naturel que bâti — joue un rôle critique dans ledéveloppement sain des enfants.

Lorsqu’on parle des déterminants de la santé, il est importantde se rappeler que, contrairement aux déterminants qui nepeuvent être modifiés, comme la constitution génétique d’unepersonne, les expositions environnementales sont évitables. Maisde telles expositions sont bien souvent indépendantes de lavolonté de la personne qui les subit. C’est pour cette raison quela tâche de limiter ou d’éviter les expositions environnementalesdoit être une responsabilité collective. Les enfants sontparticulièrement dépendants des adultes et la société doit doncassumer cette responsabilité à leur place.

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« La santé environnementaledes enfants est de plus enplus reconnue comme unequestion de santé publique degrande importance etd’envergure mondiale.Diverses instancesinternationales, nationales etautres ont caractérisél’asthme, la pollutionatmosphérique (intérieure etextérieure), le plomb, lespesticides, les contaminantsde l’eau (chimiques etmicrobiens), les changementsclimatiques, les dérégulateursendocriniens et la fumée detabac ambiante comme desproblèmes importants pour lasanté environnementale desenfants. »

Source : Wigle, D. 2003. ChildHealth and The Environment.Oxford : Oxford University Press;www.mclaughlincentre.ca/programs/child.shtml.

Comparativement aux enfants de bien des pays, la majorité desenfants vivant au Canada ont la très grande chance d’avoir accèsà des soins médicaux. Les fréquences générales de maladiesgraves et de décès chez les enfants canadiens sont dansl’ensemble assez faibles. Ceci dit, au Canada, comme dansd’autres pays industrialisés, certaines maladies touchent unnombre important et croissant d’enfants. Les profils de lamorbidité chez les enfants ont énormément changé au coursdes derniers 100 à 200 ans. Au Canada et ailleurs dans lemonde développé, la mortalité infantile a baissé de manièreconstante. Dans ces pays, les progrès en matière d’hygiène et desanté publique, et notamment l’immunisation contre lesmaladies infectieuses autrefois fréquentes chez les jeunesenfants (coqueluche, diphtérie, polio, etc.), ont contribué à ceque l’espérance de vie passe du simple au double. Malgré tout

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Réseaux desoutiensocialRevenu et

statut social

Culture

Sexe

Environnementssociaux

Services desanté etservicessociaux

Développementsain desenfants

Hygiène devie et habiletés

d’adaptation

Biologie etgénétique

Milieuxphysiques

Emploi etconditionsde travail

Éducation

Déterminantsde la santé

Source : Organisation mondiale de la Santé, document sans date.

Figure 1 : Déterminants de la santé

CHAPITRE I : INTRODUCTION

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7CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

Avant la grossesse : Les cellules germinales des parents(spermatozoïdes et ovules) sont vulnérables aux expositionsprofessionnelles ou à d’autres expositions à des substancesgénésotoxiques (c’est-à-dire, toxiques pour les fonctions dereproduction).

Grossesse : La grossesse est, du début à la fin, une période degrande sensibilité (pour l’embryon et le foetus) auxexpositions à des substances toxiques. C’est une période decroissance cellulaire rapide. Chez les foetus de sexe féminin,une provision suffisante pour toute la vie d’ovules (oeufs) quiserviront à la reproduction future est créée in utero pendant ledéveloppement foetal. Les expositions environnementalespeuvent causer des dommages cellulaires permanents et desanomalies congénitales et créer des conditions de déficitsfonctionnels cérébraux et de cancers ultérieurs. De nombreuxcontaminants dans l’environnement peuvent atteindre le foetusen passant par le placenta.

Nouveau-nés et poupons (de la naissance à l’âge de 6mois) : Les systèmes qui sont capables de métaboliser et (ou)d’excréter les substances toxiques demeurent immatures. Lelait maternel assure le développement optimal des systèmesimmunitaire, digestif et nerveux, parmi ses nombreux autresbienfaits. Les comportements main-bouche sont fréquents.Pendant la période néonatale (de la naissance à quatresemaines), le tractus gastrointestinal est extrêmementperméable (ce qui permet des expositions par le biais du laitmaternel ou du lait maternisé) tout comme l’est la peau (ce quipermet des expositions attribuables au contact avec la peau).

Bébés et trottineurs (de 7 mois à 2 ans) : À 6 mois, labarrière hémato-encéphalique est complètement développéeet les capacités de métabolisation et de sécrétion du foie et dutractus biliaire sont en grande partie acquises. La capacité desécrétion rénale n’est pas entièrement acquise avant 16 mois.Les poumons et le cerveau sont encore immatures etcontinuent à se développer. Les comportement main-bouchesont très présents; le bébé étend son champ de jeu et

d’exploration en rampant et en faisant ses premiers pas, et ilpasse beaucoup de temps en contact avec les planchers, lestapis et le sol à l’extérieur; en règle générale, l’éventail desaliments consommés reste limité.

Petite enfance (de 2 ans à 6 ans) : Le cerveau et lespoumons demeurent immatures et continuent à se développer.Les comportements main-bouche sont encore très présents etles contacts avec les planchers et le sol restent fréquents maisdiminuent peu à peu; l’éventail des aliments consommés restelimité chez beaucoup d’enfants. Les niveaux des activités, quiont souvent lieu à l’extérieur, sont généralement élevés, d’oùune respiration plus rapide. Les comportements acquiscommencent à l’emporter sur les facteurs physiologiques dansla détermination des expositions aux contaminants et de leurabsorption.

Enfance (de 7 ans à 12 ans) : Le cerveau et les poumonscontinuent à se développer; les comportements main-bouches’estompent et l’enfant passe moins de temps sur le plancherou par terre; l’éventail des aliments préférés s’élargit. Le débutde la puberté accroît la sensibilité aux dérégulateursendocriniens. Les niveaux des activités, surtout à l’extérieur,restent élevés et augmentent les expositions en raison de larespiration plus rapide et de la tendance à cet âge à respirerpar la bouche. Une partie importante du temps est consacréeà l’école et aux activités récréatives.

Adolescence et âge de la procréation (de 12 ans à 18ans et plus) : Le cerveau et les poumons continuent à sedévelopper. Le développement sexuel se poursuit à la faveurdes interactions complexes entre les systèmes nerveux etendocrinien. Les parents exercent moins de contrôle sur lesenvironnements et les comportements. Les adolescents quitravaillent peuvent subir des expositions professionnelles.Beaucoup d’adolescents fument la cigarette et consomment del’alcool et des drogues.

Source : Adaptation à partir d’un document de l’OMS-AEE,2002 et de Wigle, D., 2003.

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Stades de l’« enfance »

Les stades de la vie qui nous intéressent du point de vue de la santé environnementale des enfants s’étendent d’avant la grossessejusqu’à la fin de l’adolescence. Cette période est caractérisée par une succession de stades de développement dont chacun comporte desfacteurs spécifiques de sensibilité aux expositions environnementales qui varient selon l’âge. Les descriptions qui suivent mentionnentquelques-unes des différences entre ces stades (examinées de manière plus détaillée au Chapitre II) :

CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

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cela, certaines maladies chroniques et autresétats ou facteurs contraignants, y comprisplusieurs pour lesquelles une association avecdes expositions dans l’environnement estprésumée ou établie, sont en progression chezles enfants.

Selon Santé Canada :• Un million d’enfants canadiens (12 %)

souffrent d’asthme; cela signifie qu’il y aquatre fois plus d’enfants asthmatiques qu’ily a 20 ans.

• D’après les données recueillies au Canadalors de l’Enquête longitudinale nationale sur lesenfants et les jeunes, 26 % des enfants âgés de6 à 11 ans présentent au moins un problèmed’apprentissage ou de comportement. Lesfacteurs de risque connus expliquent moinsdu quart de ces cas.

• Les anomalies congénitales sont la principalecause de décès des tout-petits, suivie parl’immaturité (conséquence des naissancesavant terme) et le syndrome de mort subitedu nourrisson (SMSN).

• Le faible poids à la naissance et lesanomalies congénitales sont des causesimportantes d’incapacités à long terme etentraînent 30 000 hospitalisations et 1 500décès par année.

• Le cancer, très rare chez les enfants, estpourtant la principale cause des décès liés àune maladie chez les enfants âgés d’un an etplus. L’Institut national du cancer du Canadasignale que les incidences de plusieurs cancerssont à la hausse chez les jeunes adultes.

Ces problèmes chroniques sont attribuables àdes facteurs multiples. Le processus qui permetde déterminer si les expositionsenvironnementales jouent un rôle dans leurapparition est forcément lent et cumulatif.

Ce qu’il saut savoir sur la santé des enfants etl’environnement a pour objet de décrire l’étatactuel des connaissances sur la contribution desfacteurs environnementaux aux problèmes desanté qu’on vient d’énumérer, et à d’autresencore.

Les mesures de contrôle environnemental sontsouvent retardées et (ou) contestées jusqu’à cequ’on obtienne des preuves de nocivité

Source de la photo : Comstock

CHAPITRE I : INTRODUCTION

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9CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

irréfutables. Cette lenteur à prendre des mesuresde contrôle ou à trouver des solutions derechange s’explique aussi par le fait que lesexpositions environnementales sont souventassociées à des phénomènes, comme ladépendance à l’égard de l’automobile, qui sontprofondément enracinés dans les moeurs etdonc difficiles à changer. Malgré quelquesprogrès dans le sens d’une prise en compte de lasanté des enfants par les organismes deréglementation, les expositions à grande échelleà des milliers de substances potentiellementdangereuses n’ont pas cessé.

Les expositions préoccupantespour la santé des enfants

Les principales sources des contaminants dansl’environnement sont les émissions des usinesindustrielles et des véhicules à moteur, lesaccidents industriels, l’utilisation oul’élimination des substances dangereuses,l’élimination des déchets et l’utilisation desproduits de consommation, dont les pesticides.Les menaces environnementales potentiellespeuvent être de nature chimique (pesticides),biologique (moisissures ou agents infectieux) etphysique (radiation ionisante) et elles peuventexister dans la nature indépendamment deshumains ou être une conséquences des activitéshumaines. Les expositions ne se limitent pas auxmilieux extérieurs. Les expositions intérieures,notamment celles qui sont occasionnées parl’utilisation de certains produits deconsommation, suscitent de plus en plusd’inquiétudes.

Les substances toxiques peuvent cheminer dansl’environnement en empruntant de nombreusesvoies, et elles peuvent changer de compositionen cours de route. Les principaux milieux detransport sont l’air, l’eau, les aliments (dont lelait maternel) et la terre (ou la poussière). Laplupart des contaminants sont présents à defaibles concentrations, mais ce n’est pas toujoursle cas. Les enfants tendent à être plus exposésque les adultes.

Plus de 23 000 produits chimiques et substancessont employés à des fins commerciales auCanada et des centaines de nouvelles substancessont créées chaque année. Le nombre dessubstances à usage commercial aux États-Unisvoisine les 80 000, dont plus de 3 000 servent àla production de masse (et sont donc produites àraison de plus d’un million de tonnes parannée). Qui plus est, plus de 500 « ingrédientsactifs » de pesticides approuvés au Canada sontincorporés à des milliers de pesticides destinés àla vente.

La compréhension scientifique de la nature et deseffets exacts des expositions environnementalesde faible intensité est incomplète. On ne disposede données probantes que pour les circonstancesde l’exposition et les effets éventuels pour lasanté d’un nombre relativement petit desubstances. Rares sont les substances qui sontcomplètement comprises.

Les scientifiques et les organismes deréglementation parlent plutôt de la forceprobante des données ou des diverses sources dedonnées. Les épreuves d’innocuité desmédicaments illustrent quelques considérations

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Figure 2 : Principales voies d’exposition des humains aux contaminants présents dans l’environnement

Source : Adaptation à partir d’un document de Santé Canada, 1998.

clés et quelques distinctions importantes. Avantqu’un produit pharmaceutique puisse êtrevendu, son innocuité doit être soigneusementévaluée. Les médicaments sont mis à l’essai denombreuses façons, y compris en procédant àdes essais cliniques sur des sujets humains. Lesnormes éthiques applicables à la réalisation de

telles expériences sur des sujets humains ontévolué au fils des années. Une des principalesexigences éthiques est le consentement éclairédes sujets expérimentaux (qui sont généralementdes adultes) doublé d’un contrôle minutieux deseffets nocifs éventuels; si on observe des effetsnocifs, l’expérience doit être arrêtée. Quand on

CHAPITRE I : INTRODUCTION

Source de lacontamination

Milieux detransport

Moded’exposition

Personne oupopulation réceptriceau lieu d’exposition

Air

Terre/poussière

Eau

Aliments/laitmaternel

Produits deconsommation

In utero

AirTerre/poussière

EauAliments

Produits deconsommation

Inhalation

Inhalation

Inhalation(contaminants volatils d’originehydrique, p. ex., chloroforme)

Inhalation

Contact avec la peau

Contact avec la peau

Contact avec la peau

Contact avec la peau

Ingestion

Ingestion

Ingestion

Ingestion

Ingestion de matières

Inhalation par la mère

Contact avec la peaude la mère

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11CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

Un monde qui baigne dans lesproduits chimiques

Les produits chimiques en très grand nombresont une réalité du monde moderne. LeChemical Abstract Service (CAS), qui a sonsiège à Columbus dans l’État de l’Ohio,attribue un numéro de registre CAS à chaqueproduit chimique. Tous les scientifiques seservent de ce répertoire centralisé où sontidentifiées par un code unique toutes lessubstances chimiques. Plus de 25 millionsde numéros de registre CAS ont étéattribués et 54 millions de séquenceschimiques ont été répertoriées. Le nombrede codes ne cesse d’augmenter. Certainsproduits chimiques existent à l’état naturel,mais beaucoup d’autres sont synthétisés enlaboratoire. On peut trouver des produitschimiques dans nos maisons, nos vêtements,nos aliments et leurs emballages, nosordinateurs, nos hôpitaux et dans la plupartde nos milieux de travail — danslittéralement tous les aspects de la viemoderne. Bien que nos connaissances quantaux effets nocifs des produits chimiquessoient très limitées, ce que nous savons danscertains cas est profondément inquiétant.Sans doute qu’un grand nombre de produitschimiques sont inoffensifs. Certains produitschimiques comme le chlore peuventconstituer de sérieux dangers pour la santé(quand ils se retrouvent dans les pesticideschlorés ou d’autres polluants organiquespersistants qui contiennent du chlore) touten procurant des bienfaits importants pourla santé (quand on s’en sert pour traiterl’eau potable). Un des grands défis de notreépoque consiste à essayer de faire faceefficacement aux effets possibles del’énorme quantité de produits chimiquesqui découlent des activités humaines.

administre des médicaments expérimentaux à desenfants, il faut obtenir le consentement des parents deces derniers. Les épreuves d’innocuité contrôlées desmédicaments de ce type ne sont pas exemptes deproblèmes, mais elles contribuent à augmenter lesconnaissances relatives au médicament étudié.

Il va sans dire que les médicaments peuvent être et sontune source de risques, mais ils sont mis au point, mis àl’essai et utilisés en raison de leurs avantagesthérapeutiques pour les êtres humains. Les contaminantsdans l’environnement, quant à eux, n’ont aucun avantagethérapeutique, et il n’est pas non plus approprié qu’onfasse des expériences contrôlées sur des humains pourles essayer. On ne peut éliminer toute incertitude quantaux effets des contaminants chez les humains, car laseule façon d’évaluer la toxicité consiste à faire des essaissur des animaux (et d’exploiter d’autres sources dedonnées scientifiques). Certains progrès récents dans le

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Source de la photo : Tatiana Morita

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Les types d’études employéespour évaluer les risquesenvironnementaux

Les études sur les humains portententre autres sur des situations d’expositionprofessionnelle ou accidentelle ou desdonnées épidémiologiques sur les effets surla santé d’une population donnée.

L’épidémiologie est l’étude desévènements et des causes et effets sur lasanté humaine. Les étudesépidémiologiques comparent souvent deuxgroupes de personnes qui se ressemblentsauf pour un facteur, tel que l’exposition àun produit chimique ou la présence d’uneffet sur la santé. Les chercheurs s’efforcentde déterminer si le facteur en question estassocié à l’effet sur la santé.

Les études sur les animaux prennentnotamment la forme d’expériences delaboratoire permettant d’étudier des effetsprécis à des niveaux d’exposition variables.Ces études in vivo (ou « dans l’animal »)examinent les effets chez des animaux delaboratoire. D’autres essais en laboratoiredits in vitro (littéralement « dans le verre »)examinent les réactions spécifiques entredes substances chimiques données et tel outel type de tissus animal ou de culturecellulaire.

Les études sur la faune portent sur desdonnées recueillies dans le cadre d’étudesd’animaux vivant dans la nature et subissantdes expositions à des produits chimiquesqui sont typiques de leurs niveaux ambiantsgénéraux ou attribuables à des milieuxcontaminés déterminés.

domaine de la réglementation assurent un degré plusélevé d’évaluation des produits chimiques préalable àleur mise en vente. Historiquement, les pesticides ontété plus rigoureusement évalués que la plupart desautres produits chimiques industriels. Il n’en reste pasmoins que la majorité des produits chimiques, ycompris les contaminants créés et libérés comme sous-produits de la combustion ou des processus industriels,n’ont pas été complètement évalués (ou mêmeminimalement évalués dans bien des cas) en vue dedéterminer leur toxicité éventuelle.

Quand les scientifiques ou les organismes deréglementation recueillent des données scientifiques surla nocivité de contaminants présents dansl’environnement, ils évaluent la « valeur » générale ou laforce probante des données. Les risques sont décrits enemployant un qualificatif qui communique la forceprobante relative des données. Par exemple, on peutdécrire certains produits chimiques comme descarcinogènes (des substances qui causent le cancer)connus, des carcinogènes présumés ou des carcinogènespossibles. Par conséquent, on obtient rarement desdonnées probantes quant à un effet nocif avant d’avoirréussi à mesurer l’effet en question chez les personnesexposées. En attendant, on court le risque de voir seproduire une contamination environnementale àgrande échelle.

Pour déterminer si on sait ou si on peut présumerqu’une substance donnée contribue à un tel ou tel effetsur la santé humaine, on doit évaluer un large éventailde résultats d’études diverses. Il est extrêmement rareque les études tiennent compte ou peuvent tenir comptede l’effet combiné d’expositions chimiques multiples.

Les risques pour la santé des expositions de faibleintensité sont souvent déduits des effets observés à la

12 CHAPITRE I : INTRODUCTION

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13CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

suite d’expositions relativement intenses chezdes humains (p. ex., certaines expositionsprofessionnelles subies par les parents oul’utilisation thérapeutique de la radiationionisante à des fins comme la radiologie) ouchez des animaux de laboratoire ou des animauxsauvages. L’absence de données adéquates surdes risques directement observés pour la santé àde faibles niveaux d’exposition soulève le genred’incertitudes qui sont inhérentes à toutetentative d’extrapolation des risques des dosesélevées aux doses faibles, et des animaux auxhumains.

Dans ce vaste domaine où les informations sontpour le moins incomplètes, les risques

environnementaux sont définis par l’équation« risque = danger x exposition ». Donc, le risquedécoule à la fois du danger intrinsèque pour lasanté (ou pour l’environnement) et laprobabilité (ou l’ampleur) de l’exposition. Dansun monde inondé de tant de produitschimiques, il est important de se rappeler quel’exposition ne signifie pas nécessairement qu’ils’en suivra des effets connus ou présumés.

Le Tableau 1 présente une énumération sélectived’expositions préoccupantes pour la santéprénatale et infantile. Le tableau est organisé parcatégories d’exposition physique ou chimique etpar milieu de transport ou d’exposition. Il y a uncertain nombre de chevauchements entre cescatégories. Par exemple, l’exposition au plombest classée avec les métaux, mais le plomb peutégalement être présent dans le sol et la poussièredomestique, dans l’eau potable, les aliments etles produits de consommation. Heureusement,au Canada, on n’est que très minimalementexposés à la plupart des substances toxiquescomme les pesticides organochlorés qui sonténumérées dans le Tableau 1. Le choix dessubstances à inclure dans cette énumération s’estfait en fonction de l’information dont ondispose sur les impacts connus ou présumés surla santé avec une exposition suffisante. En gardant àl’esprit que l’information sur les expositions estsouvent manquante ou incomplète, on peut voirdans le Tableau 1 un résumé de l’état actuel desconnaissances relatives à l’éventail desexpositions qui pourraient avoir des impactsspécifiques sur la santé prénatale et (ou)infantile.

Source de la photo : Mark Surman

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Tableau 1 : Énumération sélective d’expositions préoccupantes pour la santé prénatale et (ou) infantile

Métaux

Biphényles polychlorés(BPC), dioxines etsubstances voisines (ycompris les pesticidesorganochlorés,polybromodiphényléthers(PBDÉ) et autres produitschimiques industriels)

Pesticides

Plomb, mercure, arsenic etchrome hexavalent; présentssous une forme métallique pureou dans des composés chimiques(p. ex., méthylmercure, nickelcarbonyle, arséniate de cuivre auchrome)

BPC, dioxines, furanes, pesticidesorganochlorés (p. ex., DDT,dieldrine, aldrine, endrine,heptachlore, chlordane, mirex,hexachlorobenzène, toxaphène,pentachlorobenzène,chlordécone ethexachlorocyclohexane)

Nickel, cadmium, manganèse

PBDÉ (plus précisément,l’octabromodiphényléther(octaBDÉ), lepentabromodiphenyléther(pentaBDÉ) etl’hexabromobiphényle),l’hexachlorobutadiène et lesnaphtalènes polychlorés

Autres organochlorés (p. ex.,endosulfane), lesorganophosphates (p. ex.,l’azinphos-méthyl, le diazinon, lechlorpyrifos, le malathion, leméthylparathion, le diméthoate),les carbamates (p. ex., le carbaryl,l’aldicarb, le propoxur), lesamides (p. ex., le DEET), lesherbicides de typechlorophénoxy (2,4-D,mécoprop, MCPA, dicamba) etles triazines (p. ex., l’atrazine)

Nocivité pour la santéprénatale et (ou) infantile

bien établie chez l’humain etl’animal avec une exposition

suffisante

Données convaincantesissues d’études sur des

animaux/poids des données;probabilité assez forte d’un

risque pour la santéprénatale et (ou) infantile

avec une exposition suffisante

Données limitées,insuffisantes pour

conclure aveccertitude à une

association

Catégories deproduits chimiquesou milieux detransport/exposition

Substances spécifiques, groupes de substances ou mélanges

CHAPITRE I : INTRODUCTION

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15CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

Radiation ionisante (y compris lesretombées radioactives à la suited’essais d’armes atomiques, lesrayons X radiologiques, les émissionsde réacteurs nucléaires et leradon) et la radiation ultraviolette(UV) de la lumière du soleil

Matières particulaires (particulesgrosses, fines et ultrafines),oxydes d’azote, dioxyde desoufre, monoxyde de carbone,ozone troposphérique et diverscomposés organiques volatils(COV), hydrocarburesaromatiques polycycliques (HAP)et autres polluantsatmosphériques dangereux

Agents biologiques, y compris lesacariens détricoles, les blattes etles poils et squames allergènesdes animaux domestiques; gaz etvapeurs, y compris le monoxydede carbone, le dioxyde d’azote, leformaldéhyde et les matièresparticulaires, dont les substancestoxiques dans la fumée de tabacambiante (FTA), les matièresparticulaires issues des processusde combustion, et l’amiante

Radiation

Air extérieur

Air intérieur

Tableau 1 (suite) : Énumération sélective d’expositions préoccupantes pour la santé prénatale et (ou) infantile

Substances spécifiques, groupes de substances ou mélanges

Données limitées,insuffisantes pour

conclure aveccertitude à une

association

Champsélectromagnétiqueset rayonnements àfréquenceradioélectrique(téléphonescellulaires)

Autres composés organiquesvolatils (COV) (y compris lessolvants organiques suivants :le chloroforme, le benzène,l’éthylbenzène, letrichloroéthylène, letétrachloroéthylène, le toluène,les xylènes), le radon et lespesticides

Catégories deproduits chimiquesou milieux detransport/exposition

Nocivité pour la santéprénatale et (ou) infantile

bien établie chez l’humain etl’animal avec une exposition

suffisante

Données convaincantesissues d’études sur des

animaux/poids des données;probabilité assez forte d’un

risque pour la santéprénatale et (ou) infantile

avec une exposition suffisante

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Métaux

Métaux — plomb et arsenic,pathogènes biologiques (p. ex., E.coli, Cryptosporidium), nitrates etnitrites dans des conditionsd’exposition particulières

Métaux — plomb, mercure etarsenic

Terre, poussièredomestique

Eau potable

Contaminants chimiquesdans les aliments ouprovenant de diversproduits deconsommation

Tableau 1 (suite) : Énumération sélective d’expositions préoccupantes pour la santé prénatale et (ou) infantile

Données limitées,insuffisantes pour

conclure aveccertitude à une

association

Produitspharmaceutiques

Phthalates etcomposésperfluorés, plusparticulièrementl’acideperfluorooctanoïque(PFOA)

Sols et poussières contenant despesticides, PBDÉ et autressubstances déposées etaccumulées dans les poussièreset les tapis, et sur les meubles etautres surfaces provenant decontaminants aériens ou de ladécomposition de produits deconsommation

Sous-produits de désinfection(SPD), dont quatretrihalométhanes (THM) — lechloroforme, le bromoforme, lechlorodibromométhane et lebromodichlorométhane

Phthalates (plus particulièrementle diéthylphthalate (DEP), le di-n-butyl phthalate et phtalate dedi(2-éthylhexyle) (DEHP)), lebisphénol A, les éthoxylates denonylphénol (ENP), nommémentle nonylphénol, les hydrocarbureschlorés à chaîne courtes(HCCC), les PBDÉ (voir BPC,dioxines et substances voisinesci-dessus) et les résidus depesticides

CHAPITRE I : INTRODUCTION

Substances spécifiques, groupes de substances ou mélangesCatégories deproduits chimiquesou milieux detransport/exposition

Nocivité pour la santéprénatale et (ou) infantile

bien établie chez l’humain etl’animal avec une exposition

suffisante

Données convaincantes issuesd’études sur des animaux/

poids des données;probabilité assez forte d’un

risque pour la santéprénatale et (ou) infantile

avec une exposition suffisante

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17CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT 17

Nous pouvons apprendre beaucoup de choses de l’expériencedu passé. Pendant que se poursuit le débat sur les questionsscientifiques, attendre qu’il y ait des preuves de la nocivité desexpositions environnementales suspectes revient à courir lerisque que des enfants subissent des expositions excessives et leseffets nuisibles qui pourraient en découler. La leçon à tirer del’histoire de la réglementation dans le cas du plomb et d’autressubstances toxiques bien étudiées, c’est qu’il faut agir dèsqu’apparaissent les premiers signes d’un problème. L’approchede la prise de mesures de prudence en dépit de l’incertitudescientifique vise à empêcher l’effet nuisible en partant, au lieude le documenter scientifiquement dans une générationd’enfants et d’essayer ensuite de le prévenir dans la générationqui suit.

Une telle approche préventive, mise de l’avant par les partisansde la révision des méthodes traditionnelles d’évaluation et del’action face aux risques environnementaux, s’inspiredirectement de la constatation qu’en réalité les informationsdont on dispose sont et seront toujours incomplètes. Ellepostule que tous les membres de la société ont un devoir deprévenir les effets nuisibles, quand il est en notre pouvoir de lefaire, même si les données sont incertaines ou impossibles àobtenir. La prévention des expositions environnementalesnocives est d’autant plus essentielle dans les cas où de tellesexpositions peuvent affecter ou altérer le développement d’unenfant de façon permanente. La protection des enfants contreles effets nuisibles est en fait au coeur du développementdurable, qui vise justement à protéger les générations futures, etelle constitue le fondement d’une justice sociale protectrice desmembres les plus vulnérables de la société.

« Le développement durablerépond aux besoins duprésent sans compromettre lacapacité des générationsfutures de répondre à leursbesoins à eux. »

Source : Bruntland, G. (Ed.). 1987.Our Common Future : The WorldCommission on Environment andDevelopment. Oxford : OxfordUniversity Press.

« Pour protégerl’environnement, des mesuresde précaution doivent êtrelargement appliquées par lesÉtats selon leurs capacités. Encas de risque de dommagesgraves ou irréversibles,l’absence de certitudescientifique absolue ne doitpas servir de prétexte pourremettre à plus tardl’adoption de mesuresefficaces visant à prévenir ladégradation del’environnement. »

Source : Déclaration de Rio surl’environnement et ledéveloppement. 1992. Conférencedes Nations Unies surl’environnement et ledéveloppement réunie à Rio deJaniero du 3 au 14 juin 1992.

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19CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

Les enfants sont différents

Les enfants ne sont pas de « petits adultes ». Les processus de croissance et dedéveloppement qu’ils vivent les rendent beaucoup plus vulnérables aux substancestoxiques que les adultes. Le monde dans lequel les enfants d’aujourd’hui sont conçus,se développent in utero et naissent n’est plus du tout celui de leurs grands-parents ouarrière-grands-parents. Une des différences majeures tient à notre utilisation deproduits chimiques. Au cours des cinq dernières décennies, la technologie moderne apuisé dans les matières naturelles et synthétiques pour créer des dizaines de milliersde substances chimiques. Un grand nombre d’entre elles finissent pas être rejetéesdans l’environnement et sont détectables à de faibles niveaux dans l’air, l’eau, lesaliments et le sol de même que dans nos corps.

Le développement de l’être humain est aussi fascinant que complexe. Lesscientifiques peuvent expliquer certains mais définitivement pas tous les nombreuxdétails de l’orchestration des stades de développement qui partent de la rencontre

Chapitre II : Pourquoi mettrel’accent sur les enfants?

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d’un seul spermatozoïde et d’un seul ovule etmènent à un enfant né à terme et en santé munid’un ensemble complet d’organes et de systèmesfonctionnels, y compris un cerveau extrêmementcomplexe.

Partant du patrimoine génétique des parents etse nourrissant des éléments de base du mondenaturel fournis par le corps de la mère, ledéveloppement procède par un constant va-et-vient de millions de messages chimiques. C’estce flux d’informations accompagné d’uneinteraction des éléments chimiques constitutifsde la vie provenant d’aliments sain, d’air propreet d’eau propre qui soutiennent une bonne santétout au long de la vie de chaque personne. Il y a,toutefois, des différences profondes entre lemaintien d’une bonne santé chez les adultes etle processus de création et de développementd’un bébé en santé et d’un enfant en état decroissance.

Les inquiétudes au sujet des effets desexpositions aux substances toxiques tournentsouvent autour de leur capacité de dérégler lesinteractions chimiques inhérentes audéveloppement de l’organisme humain. Ons’inquiète aussi de l’impact des substancesdangereuses sur les structures et systèmesimmatures ou plus délicats du corps d’un foetusou d’un enfant.

Les enfants sont plus exposésque les adultes

Il y a quatre différences entre les adultes et lesenfants qui peuvent contribuer à ce que lesenfants soient plus exposés aux substancesprésentes dans l’environnement.

La première différence tient aux proportions. Parkilogramme de poids corporel, un enfantconsomme davantage de nourriture (voir laFigure 3), boit davantage d’eau et respiredavantage d’air qu’un adulte. Si un enfant et unadulte mangent tous les deux une banane etboivent un verre d’eau dont le niveau decontamination est identique, la quantité de

Figure 3 : Consommation alimentairemoyenne par âge

Source : Adaptation à partir de Plunkett. 1992.

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CHAPITRE II : POURQUOI METTRE L’ACCENT SUR LES ENFANTS?

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21CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

Le corps se protège

Le corps humain développe diversmécanismes d’autoprotection. Lesystème immunitaire produit unarsenal complexe de cellules etd’anticorps pour combattre lesinfections et la croissance decellules cancéreuses. Grâce auxvaccins, la médecine moderne peutstimuler divers types d’immunitéproactive (avant qu’une infections’installe). Outre le systèmeimmunitaire, le corps humaindispose d’une série de mécanismesde filtrage, de détoxication et (ou)d’excrétion. Les quatre sites quisont particulièrement importants àcet égard sont les poumons, letube digestif ou tractusgastrointestinal, le foie et les reins.

Les poumons et le reste del’appareil respiratoire forment unsystème complexe de filtrage del’air. Le tube digestif digère etabsorbe de manière sélective leséléments constitutifs des alimentset dirige les déchets vers le colonoù ils sont évacués. Le foie filtretout ce qui est absorbé dans lesang à travers le tube intestinal,détoxique beaucoup decontaminants (et en rejette lesdéchets dans l’intestin par le canalbiliaire) et alimente le sang demanière régulière et constante en

21

La physiologie et le comportement sont les deuxième ettroisième différences entre les adultes et les enfants qui font queleurs expositions ne sont pas les mêmes. Le rythme respiratoirede base est plus rapide chez les enfants que chez les adultes, etles enfants respirent souvent encore plus vite parce qu’ilstendent à être plus actifs, à l’extérieur surtout et souvent auxmoments où il y a plus de pollution atmosphérique, commec’est le cas aux heures d’affluence le matin et le soir quand lesenfants vont à l’école et en reviennent.

Les enfants inhalent l’air plus près du sol et du planchercomparativement aux adultes. Des études ont démontré quecertains contaminants dans l’air comme les vapeurs denses etles particules de poussière se déposent suivant un gradientvertical, ce qui signifie qu’ils sont plus concentrés et donc plusdisponibles dans la zone de respiration des enfants (voir laFigure 4). Par ailleurs, le jeu au sol soulève des particules depoussière qui peuvent être inhalées ou ingérées quand lesenfants portent des objets à la bouche, comme ils ont tendanceà le faire. Les enfants ont aussi un plus grand besoinmétabolique d’oxygène pour soutenir leur croissance, d’où desbesoins respiratoires de base (au repos) plus grands.

Les nouveau-nés, les bébés et les trottineurs se distinguent desautres enfants et des adultes par certains comportementspropres à leur processus de développement. Il arrive rarementaux adultes de ramper et donc d’avoir leurs mainsrégulièrement en contact avec les planchers, les tapis ou le sol àl’extérieur de la maison. Les enfants sont en général beaucoupplus enclins à explorer que les adultes, et cette explorationamène souvent les bébés et les petits enfants à mettre leursmains et divers objets dans la bouche. Les petits jouentrégulièrement avec des jouets, les laissent tomber par accidentou simplement pour le plaisir voir ce qui va arriver (la gravitéest toute une découverte!) et puis les ramassent et les remettentdans la bouche. Toutes ces différences de comportement ontcomme conséquence que les enfants sont plus exposés.

… suite à la page suivante

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Le corps se protège (suite)

certains nutriments (dont leglucose). Les reins filtrent le sanget en retirent les déchets qui sontéliminés dans l’urine.

Le système lymphatique, un despiliers du système immunitaire,suit de manière approximative lesystème de circulation sanguinedans le corps. Il fonctionne encomplémentarité avec ces autressystèmes de filtrage et dedétoxication. La notion de« filtrage » à ces quatre sites dansle corps relève d’une simplificationexcessive, car il est important denoter que ces « filtres » ne sontpas toujours capables dedétoxiquer les substances toxiquesou d’en empêcher l’absorption.

L’appareil de protection du corpscomprend également des barrièrescellulaires entre le circuit sanguinet les autres tissus et organes. Labarrière hémato-encéphalique joueun rôle clé en formant une sortede membrane semi-perméable quilimite jusqu’à un certain pointl’accès au cerveau de certainessubstances toxiques circulant dansle système sanguin.

Tous ces systèmes et toutes cesbarrières sont en voie dedéveloppement dans l’utérus etcontinuent à se développerpendant la toute petite enfance etdans certains cas pendant toutel’enfance.

CHAPITRE II : POURQUOI METTRE L’ACCENT SUR LES ENFANTS?

Les enfants ont des préférences alimentaires marquées.Beaucoup d’entre eux préfèrent manger un nombre limitéd’aliments, parfois pendant des jours ou même des semaines.Les enfants ont aussi tendance à consommer beaucoup plus delait que les adultes. Même quand ces aliments sont nourrissants,il peut en résulter des expositions plus importantes auxcontaminants que ces aliments peuvent contenir que si lerégime est plus varié. Deux autres différences sur le plan desexpositions sont l’alimentation des bébés dans l’utérus par leplacenta et l’allaitement. Elles sont expliquées de manière plusdétaillée au Chapitre IV.

Figure 4 : Concentrations atmosphériques de pesticidesdans les zones de respiration des enfants et des adultesd’une pièce aérée. La concentration d’un pesticide est beaucoupplus élevée dans la zone de respiration d’un enfant que dans celle d’unadulte, même 24 heures après l’application du pesticide. Comme lesenfants jouent au niveau du sol, ils peuvent aussi absorber despesticides lorsque leur peau entre en contact avec des objets ou desmatières contaminés. Les enfants peuvent donc être plus exposés auxpesticides appliqués autour de la maison que les adultes.

Source : Adaptation à partir de Fenske. 1990.

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23CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

Source de la photo : Mark Surman

Enfin, les enfants ont une plus longue vie devanteux que les adultes. Ils vont vivre une périodeplus longue pendant laquelle ils peuvent êtreexposés et des problèmes de santé peuvent semanifester. Les expositions d’un enfant à dessubstances persistantes (celles qui ne sedécomposent pas et tendent à s’accumulent dansle gras corporel ou les os) conduisent à uneaccumulation de ces substances dans leurs corpspendant une plus longue période de temps.Ainsi, il est possible que les expositions pendantl’enfance n’aient aucun effet apparent sur lasanté avant l’âge adulte. Si les enfants exposés àdes produits chimiques ou à des rayonnementsqui ont des effets latents (retardés), comme c’estle cas pour la plupart des carcinogènes, lesenfants auront plus de chances les adultes queces expositions entraînent des effets négatifs plustard dans la vie. Les coups de soleil attrapéspendant l’enfance, dont on sait qu’ilsaugmentent le risque de cancer de la peau à l’âgeadulte, illustrent ces deux situations. En plusd’avoir des effets latents, certaines expositionsprécoces peuvent causer des dommagespermanents et irréversibles, à la manière deseffets du plomb sur le développement ducerveau, ou des troubles pulmonaires qui durenttoute la vie à la suite d’expositions précoces àdes contaminants atmosphériques.

Les enfants sont plusvulnérables que les adultes

Les différences sur le plan des expositions quenous venons de décrire contribuent pour unebonne part à la plus grande vulnérabilité desenfants. D’autres vulnérabilités sont liées à desdifférences physiologiques et métaboliques.

La physiologie est l’étude des fonctions et lespropriétés des organes et des tissus des êtresvivants, y compris les processus physiques etchimiques qui les caractérisent. Il y a desdifférences physiologiques essentielles entre lesadultes et les enfants qui rendent ces derniersplus vulnérables aux substances dangereuses. Par

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Nous transportons tous des produits chimiquesagricoles et industriels (ou leurs produits defractionnement) dans nos corps; c’est ce qu’on appellecommunément notre « charge corporelle » de produitschimiques. Le contrôle biologique est la mesure directede cette charge de substances dans les tissus humains, enl’occurrence le sang et l’urine. Il existe aux États-Unis eten Allemagne des programmes nationaux de contrôlebiologique qui mesurent les contaminants chez lesenfants et les adultes. Le Canada ne s’est pas doté d’untel programme, mais on prévoit commencer à faire uncontrôle biologique limité de certains métaux enpopulation générale dès 2006. Les charges corporellescanadiennes seront sans doute semblables aux niveauxsuivants qu’on a récemment relevés chez les Américains :

• Cent pourcent (100 %) des personnes analyséesprésentaient des résidus de pesticides dans leur corpset 93 % présentaient des niveaux détectables dechlorpyrifos, un pesticide organophosphoré à usagerépandu qui a été jugé neurotoxique à la suited’études sur des animaux, surtout quand il estadministré en période prénatale ou peu après lanaissance. Cette constatation a conduit à l’adoption derèglements limitant les utilisations du chlorpyrifos etdes analyses subséquentes ont révélé que lesexpositions ont diminué.

CHAPITRE II : POURQUOI METTRE L’ACCENT SUR LES ENFANTS?24

Les résultats d’un programme de contrôle biologique

• Les phthalates, des produits chimiques qu’on retrouvedans de nombreux cosmétiques (vernis à ongles,shampoings, etc.), des jouets et des tubes en plastiquesouple, étaient présents dans les corps de la plupartdes gens. Les enfants présentaient des concentrationsurinaires plus élevées de certains produits defractionnement des phthalates comparativement auxadultes.

• Les BPC continuent à être détectés dans les tissushumains dans de larges couches de la population.Même si on a abandonné la production des BPC dansles années 1970, d’importantes quantités restent àéliminer.

• Six pour cent (6 %) des femmes en âge de procréerprésentaient des concentrations sanguines de mercureégales ou supérieures au niveau où on commence àcraindre pour le développement du cerveau du foetus.

• Bien qu’il y ait une tendance à la baisse de laplombémie qui se maintient depuis plusieurs années,une proportion importante des enfants présentaientdes concentrations élevées de plomb dans le sang.

Les États-Unis publieront les résultats de la prochainesérie d’analyses de contrôle biologique en 2005. Tous lesrapports sont accessibles à www.cdc.gov/exposurereport.

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25CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT 25

La thalidomide

Créée en 1953, la thalidomide était venduecomme sédatif non toxique et commeremède contre la nausée. Les essais sur dessouris n’ont révélé aucune anomaliecongénitale, mais des anomalies avaient étédocumentées lors d’essais sur des lapins.Les organismes de réglementation au Canada,en Allemagne et au Royaume-Uni ont choiside ne pas tenir compte des résultats obtenuspour les lapins et ont approuvé lathalidomide, alors qu’un médecin canadienemployé par la Food and Drug Administrationaux États-Unis a refusé de l’approuver enraison des données provenant des essaissur les lapins. C’est ainsi que les États-Unisont échappé à la tragédie de la thalidomide,qui a causé des milliers de fausses couches,de mortinaissances et de malformationsphysiques, surtout des bras et jambesatrophiés ou manquants. À l’échelle mondiale,des femmes ont accouché de 15 000 bébésauxquels il manquait des membres.

La dose n’était pas sans importance, maisc’est surtout le moment précis de l’expositionqui a influé sur l’issue des grossesses. On adéterminé que la période de vulnérabilitése situait entre le 35e et le 50e jour de lagrossesse. La thalidomide a démontré demanière saisissante la sensibilité des diversstades de développement et la nécessité deprocéder à des essais de toxicité plus rigoureuxavant la commercialisation des produits.

Lorsque les effets sont moins spectaculairesou moins évidents, comme c’est le cas pourles incidences sur les capacités d’apprentissageou le comportement des expositions auplomb pendant la période de développementdu cerveau du foetus, ils peuvent être plusdifficiles à isoler et à vérifier scientifiquement.Source de la photo : Mark Surman

exemple, le système digestif d’un enfant absorberasouvent les aliments et les contaminants qu’ilscontiennent plus efficacement que celui d’un adulte. Cephénomène pourrait être attribuable à l’immaturité deces systèmes, mais chez les enfants âgés de plus de 6mois, c’est plus une question de jeunes systèmes ensanté qui travaillent très efficacement à absorber lesnutriments nécessaires à la croissance et audéveloppement.

La plus grande perméabilité de la peau des jeunesenfants permet le passage de substances à travers la peaujusque dans les vaisseaux sanguins. De plus, les voiesrespiratoires et les poumons d’un enfant se développentà partir des premières années jusque dans l’adolescence;les expositions à des substances toxiques survenantpendant cette période peuvent surcharger le systèmerespiratoire. Ces expositions peuvent causer dessymptômes temporaires ou affecter le développementphysique des tissus pulmonaires au point de rendre les

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poumons plus vulnérables aux polluants plus tarddans la vie.

Le métabolisme est l’ensemble des transformationschimiques et physicochimiques qui s’accomplissentdans tous les tissus d’un organisme vivant. Lesenfants tendent à avoir un métabolisme plusrapide que les adultes. Ils doivent absorberdavantage d’oxygène par unité de poids corporelpar minute pour répondre à leurs besoins decroissance et d’activité, qui sont à leur touralimentés par des taux métaboliques plus élevés.

Les périodes de vulnérabilité

Comme nous l’avons vu plus haut, quatre grandsfacteurs — la proportionnalité, le comportement,la physiologie et le métabolisme — contribuent àaugmenter les niveaux d’exposition et lavulnérabilité des enfants aux substances toxiquescomparativement aux adultes. L’influence dechacun des facteurs est amplifiée par lavulnérabilité des organes et des systèmes qui sedéveloppent rapidement chez l’enfant.

Par exemple, ni le système immunitaire, ni lesystème digestif, ni les poumons, ni le foie ni lesreins ne sont entièrement développés à lanaissance. Avant l’âge de 6 mois, le foie de l’enfantn’a pas la même capacité que celui d’un adulte demétaboliser et d’excréter les substances toxiques; lacapacité de certaines enzymes hépatiques nerattrape pas celle d’un adulte avant l’âge de 18mois. Il y a une exception à cette règle : chez lesjeunes enfants, l’activité de certaines enzymeshépatiques dépassent temporairement celle desadultes. La capacité des reins infantiles d’excréter

CHAPITRE II : POURQUOI METTRE L’ACCENT SUR LES ENFANTS?

L’empoisonnement par leméthylmercure

Dans les années 1950, les habitants du village depêche de Minimata au Japon ont été frappés parune mystérieuse « maladie » qu’on a fini parattribuer à l’empoisonnement par leméthylmercure. Le déversement dans la baie deMinimata de déchets contaminés par le mercured’une usine de produits chimiques avait conduit àla formation et à l’accumulation de méthylmercuredans la chaîne alimentaire aquatique de la région.

On estime à plusieurs milliers le nombre derésidents locaux ayant mangé des poissons et desfruits de mer de la baie qui sont devenussérieusement malades. Des centaines sont morts,parmi lesquels des enfants qui n’étaient pasencore nés. Les enfants nés de mères qui avaientmangé des aliments contaminés ont égalementconnu des problèmes sérieux. Même si beaucoupavaient l’air normal au moment de naître, ils ontfini par manifester les signes et les symptômesd’une intoxication du système nerveux allant deretards dans des comportements tels que lamarche à deux ou quatre pattes, à la paralysiecérébrale, en passant par la déficience mentale.

Fait intéressant, les concentrations deméthylmercure chez les mères étaient suffisantespour avoir des conséquences graves chez leursenfants, mais les mères elles-mêmes n’ont soufferten général que de légers déficits sensoriels (p. ex.,des picotements dans les bras et les jambes). Uncertain nombre d’entre elles n’en ont pas souffertdu tout.

L’épisode des empoisonnements à Minimata étaitune des premières sources de preuves de la plusgrande vulnérabilité du cerveau en voie dedéveloppement.

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27CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

certaines substances toxiques n’est comparable àcelle d’un adulte que vers l’âge de 16 mois.

On se plaît à dire qu’en matière de poison, « toutest dans la dose ». C’est souvent vrai, mais quandil s’agit de la santé environnementale desenfants, il faut étendre le principe pour tenircompte de l’aspect temporel. Parce que lasensibilité est plus grande dans les premiersstades de la vie, des concentrations qui sont« sans danger » pour les adultes ou même lesenfants plus âgés peuvent constituer des risquesà certaines périodes du développement du foetusou à d’autres stades de sensibilité pendantl’enfance. Nous appelons ces stades desensibilité des « périodes de vulnérabilité. »

Une quantité très considérable de donnéesappuie la théorie des périodes de vulnérabilitépendant les stades de développement prénataux,chez les nouveau-nés jusqu’à 6 mois, chez lesjeunes enfants jusqu’à 2 ou 3 ans dans le cas deseffets du plomb sur le développement ducerveau, et chez tous les enfants jusqu’àl’adolescence en ce qui concerne les risques pourla santé liés à la radiation ionisante, au plomb etaux polluants atmosphériques. Les vulnérabilitésaux stades plus tardifs de l’enfance sont moinsbien étudiées et compris qu’aux stadesantérieurs. De nombreux stades dedéveloppement qui ont un rapport avec ladétoxication sont terminés à l’âge de six mois,mais un grand nombre de changementsphysiologiques et développementaux sepoursuivent jusqu’à la fin de l’adolescence.

Le développement prénatal dans l’utéruscomporte plusieurs périodes de vulnérabilitédifférentes, comme on le voit dans la Figure 5.Au fur et à mesure que le développementprogresse, les cellules se différencient et sespécialisent pour former des organes et des tissusdistincts. Les yeux et le cerveau se développentrapidement dans un premier temps, suivis par lepalais et les organes génitaux. Le système dereproduction, le système immunitaire et diverssystèmes biochimiques se développent etmûrissent tout au long de la grossesse et bienaprès la naissance. Le développement du cerveauet du système nerveux, quoique rapide pendantla grossesse, se poursuit jusqu’à la fin del’adolescence.

Le fait que les organes et les systèmes différentsse développent à des moments et à des rythmesdifférents signifie qu’il y a des périodes devulnérabilité différentes pour chacun d’entre eux.

Le développement du cerveau est un bonexemple, puisque ce développement passe par demultiples stades entre la période prénatale etl’adolescence. Pendant les premiers stades de lagrossesse, le cerveau et le système nerveux envoie de développement de l’embryon sontvulnérables aux tératogènes (substances capablesde causer des anomalies congénitales). Lesanomalies congénitales ont des effets structurelsqui entraînent des changements physiques dansla structure d’un organe, d’un tissu ou d’unsystème en modifiant quelque chose dans leprocessus de constitution. Au nombre desanomalies congénitales qui touchent le systèmenerveux, il y a les anomalies du tube neural telque le spina-bifida (une malformation qui

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consiste en une fissure d’un ou de plusieurs arcsvertébraux postérieurs, pouvant se compliquerd’une hernie des méninges et de la moelleépinière) et l’anencéphalie (caractérisée parl’absence d’une partie ou de la plus grande partiedu cerveau et du crâne sus-jacent). De tellesanomalies congénitales ne peuvent être causées

que par l’exposition à un tératogène pendant lapériode de temps où le cerveau et la moelleépinière sont aux premiers stades de leurdéveloppement.

En fin de grossesse, alors que les principauxéléments structurels sont en place, le cerveau qui

CHAPITRE II : POURQUOI METTRE L’ACCENT SUR LES ENFANTS?

Figure 5 : Périodes de vulnérabilité critiques (prénatales). Le vert foncé dénote une période de hautesensibilité; le vert pâle dénote les stades de moindre sensibilité aux tératogènes.

Tiré de The Developing Human : Clinically Oriented Embryology, Moore et Persaud, page 98, Copyright (1973), avec lapermission d’Elsevier.

Période de la divisionzygotique, de l’implantationet de l’embryon bilaminaire

Généralement nonvulnérables aux

tératogènes

Mort prénatale

Période embryonnaire (semaines) Période foetale (semaines) Naissance àterme

Indique un site d’action fréquent du tératogène

Coeur Coeur

SNC

YeuxYeux

Bras

Jambes

Dents

Oreilles

OreillesPalais

Organes génitaux extérieurs

Cerveau

Système nerveux central (SNC)

Coeur

Bras

Yeux

Jambes

Dents

Palais

Organes génitaux extérieurs

Oreilles

Anomalies morphologiques majeures Anomalies physiologiques et anomalies morphologiques mineures

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29CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

continue à se développer est vulnérable aux expositionsà des substances toxiques qui peuvent influer sur sonfonctionnement ultérieur. On parle alors deneurotoxines, ou plus précisément, de neurotoxinesdéveloppementales. À la différence des effets structurelsqui peuvent découler d’une exposition à des substancestoxiques plus tôt dans la période prénatale, il se produitun effet fonctionnel qui change la façon de fonctionnerd’un organe, d’un tissu ou d’un système. Le troisièmetrimestre de la grossesse est une période de vulnérabilitéimportante pour ce qui est des effets sur lefonctionnement ultérieur du cerveau. C’est une périodeoù des millions et des millions de cellules cérébrales etde systèmes de messagerie neurochimiques sont créés etoù leur placement et leur fonction dans le cerveau sontétablis. L’exposition au plomb, au mercure et aux BPCpendant ce stade de la grossesse entraîne des effets quitouchent surtout les fonctions cérébrales (dont lacapacité d’apprendre) et le comportement, bien que leseffets sur le comportement soient moins bien compris.De nombreuses autres substances sont soupçonnéesd’avoir un impact sur les maints aspects vulnérables dudéveloppement du cerveau au troisième trimestre.

Les effets des substances toxiques pendant les stadesplus tardifs de la grossesse ou de la jeune enfancepeuvent être moins évidents que les grandes anomaliesstructurelles causées par des expositions en début degrossesse. Par conséquent, les effets de ces expositionspeuvent être plus difficiles à isoler et à comprendre. Leniveau d’exposition est un facteur clé lorsqu’on essaie decerner ces effets plus subtils. La compréhension etl’évaluation scientifiques de ces effets reposent souventsur un exercice complexe visant à déterminer si lesfaibles niveaux d’exposition touchant la populationdans son ensemble peuvent causer les effets observés àdes niveaux d’exposition plus élevés, chez les humainsou plus souvent les animaux de laboratoire.

Les enfants autochtones

Beaucoup d’enfants dans les communautésautochtones font face à des facteurs de risquemultiples susceptibles de contribuer à desexpositions plus importantes. Ils viventsouvent dans la pauvreté avec des facteurs derisque connexes tels que les logements demauvaise qualité et mal entretenus, les sourcesd’eau polluées et insuffisantes, et lesproblèmes de purification d’eau et d’évacuationdes eaux usées. Dans les régions éloignées, ilssont généralement exposés à des niveaux depollution atmosphérique extérieure bienmoins élevés que dans les villes, sauf dans lecas des habitants de certains villages situésdans des vallées où on utilise beaucoup lespoêles à bois et les génératrices à moteurdiesel comme moyens de chauffage.

Les vivres traditionnels, particulièrement lepoisson, mais aussi le gibier et les mammifèresmarins, peuvent être beaucoup plus contaminéspar des substances toxiques persistantcomme les pesticides organochlorés, les BPCet certains métaux que les aliments achetés àl’épicerie. Les analyses effectuées sur le poisson,les mammifères marins et le lait maternel desInuites montrent que les Inuits vivant dans lesrégions nordiques du Canada sont exposés àdes niveaux sans précédent de contaminantspersistants.

La liste des autres facteurs de risque comprendune nutrition inadéquate et des taux élevésde maladies infectieuses et chroniques. Lestaux de morbidité et de mortalité sont élevéschez les bébés, et de nombreuses communautésautochtones sont aux prises avec tout unéventail de problèmes sociaux. La combinaisonde ces facteurs peuvent rendre les enfantsautochtones vulnérables aux expositions à dessubstances toxiques et aux effets de celles-ci.

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Certains enfants sont plus àrisque que d’autres

Les risques posés par les expositions dansl’environnement peuvent être plus importantspour certains enfants. Parmi les facteurs derisque, notons la pauvreté, la mauvaisenutrition, l’exposition à la fumée de tabacambiante (FTA), les circonstancesprofessionnelles des parents et la variabilitégénétique.

La pauvreté

Il est bien établi que la pauvreté est un desgrands déterminant de la santé et qu’elle estassociée à une plus grande probabilitéd’expositions environnementales et à un plusgrand nombre d’occasions où celles-ci peuventse produire. La pauvreté peut aussi aggraver lesdisparités en matière de santé et de revenu encontribuant à une plus grande sensibilité auxeffets nocifs de ces expositions. Les données pourle Canada sont limitées, mais elles décrivent unesituation semblable à celle, mieux documentée,qui règne aux États-Unis; les données américainesmontrent que les risques pour la santéenvironnementale posés par les installationsindustrielles, les installations d’élimination desdéchets dangereux et les grandes voies decirculation routière ont plus de chances detoucher les zones habitées par les familles àfaible revenu, les minorités et les communautésautochtones (y compris les réserves).

Plus d’un million d’enfants canadiens, soit prèsd’un enfant sur six, vivent dans la pauvreté. Les

enfants vivant dans les communautésautochtones, membres de minorités visibles etnouvellement arrivés au Canada ne formentqu’une proportion relativement faible de lapopulation canadienne mais sont surreprésentésdans ces statistiques. Ils peuvent être plus exposésaux substances toxiques que les autres enfants.

Là où les quartiers (qui comprennent les écoles,les terrains de jeu et les habitations) sont situés àproximité de routes très fréquentées, les enfantssont plus fortement exposés aux polluantsatmosphériques, ce qui contribue à desproblèmes respiratoires et à d’autres effets sur lasanté, de même qu’au bruit de la circulation, cequi peut nuire à leur capacité d’apprendre.

Il y a des risques importants associés au faitd’habiter de vieux logements mal entretenus,dont les dangers posés par la peinture au plombet la plus grande probabilité que des pesticidesseront appliqués pour lutter contre les insectes etles rongeurs dans les habitations locatives,particulièrement là où le taux de roulement deslocataires est élevé. Les édifices mal entretenuspeuvent aussi présenter des niveaux d’humiditéintérieure excessifs susceptibles de contribuer àdes expositions accrues aux allergènes respiratoirestels que les acariens détricoles et les moisissureset de favoriser la prolifération des blattes et desrongeurs.

La nutrition

Une mère bien nourrie est plus à même deréussir à mener sa grossesse à terme. Les organeset systèmes dans le corps d’un enfant bien nourripeuvent fonctionner correctement et assurer une

CHAPITRE II : POURQUOI METTRE L’ACCENT SUR LES ENFANTS?

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31CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

certaine protection contre les substancestoxiques et les autres menaces pour la santé. Ilexiste des vitamines et des minéraux qui peuventaider à prévenir ou atténuer les effets decertaines substances.

Une bonne nutrition n’est pas toujours facile àobtenir dans des conditions de pauvreté. Lamauvaise nutrition est un facteur de risque pourune plus grande bioaccumulation descontaminants. Par exemple, un régimealimentaire faible en calcium et en fer rendl’absorption du plomb plus efficace. Un mauvaisrégime alimentaire peut compromettre lesystème immunitaire de l’enfant et sa capacité dedétoxiquer et d’excréter les pesticides. Certainspesticides peuvent avoir des effets plusimportants sur le système immunitaires desenfants souffrant d’une carence en fer.

La fumée de tabac ambiante (FTA)

La fumée de cigarette à la maison constitue unimportant facteur de risque pour les enfants,même quand ils sont encore dans l’utérus. LaFTA est associée à des effets sur le systèmerespiratoire, où elle contribue entre autres chosesau développement de l’asthme, et sert dedéclencheur chez les personnes qui sont déjàasthmatiques. La FTA est également associée àdes impacts sur le développement du cerveau etcontient plus de 40 carcinogènes connus. Laprésence d’autres facteurs de risque tels que lapauvreté aggrave les risques posés par la FTA.

Les professions des parents

Les parents qui entrent en contact avec dessubstances toxiques dans le cadre de leur travailpeuvent être à l’origine d’expositions à dessubstances qu’ils ramènent à la maison et quisont susceptibles d’affecter leurs enfants.

Les enfants qui vivent sur une ferme peuvent êtreplus exposés aux pesticides à l’intérieur et àl’extérieur de la maison. S’ils ne prennent pas lesprécautions voulues, les travailleurs agricolespeuvent ramener à la maison des pesticides quiont adhéré à leur peau et (ou) à leurs cheveux,leurs vêtements, leurs chaussures et leurs outils.

De plus, il y a des parents qui sont appelés àmanipuler des substances telles que les solvantsorganiques dans de nombreux cadresprofessionnels, dont les laboratoires et lesétablissements de nettoyage à sec, ou dont letravail fait appel à des décapants, des diluants,

Source de la photo : Santé Canada. www.hc-sc.gc.ca/english/media/photos

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des produits de nettoyage des planchers et descarreaux, etc. Les solvants organiques peuventaffecter les cellules germinales (expositionspaternelles avant la conception) ou le foetus quise développe dans l’utérus (expositionsmaternelles prénatales). Des études sur desanimaux ont fait ressortir des associations entreles solvants d’une part et des avortementsspontanés et des anomalies congénitales d’autrepart. Des études réalisées dans le cadre duprogramme Motherisk de l’Hospital for SickChildren à Toronto ont donné des résultatssemblables; les mères exposéesprofessionnellement aux solvants avaient de plusgrandes chances d’avorter spontanément. Leschercheurs ont aussi trouvé des associationsentre l’exposition maternelle aux solvants et lesanomalies congénitales ainsi qu’un éventaild’impacts sur les fonctions du système nerveux,dont les fonctions visuelles, cognitives etmotrices, le langage et le comportement. Pourdes informations plus détaillées, rendez-vous àwww.Motherisk.com.

La variabilité génétique

Le matériel génétique combiné duspermatozoïde et de l’ovule humains fournit leschéma de base pour la création d’un nouvel êtrehumain. Cependant, la variabilité à l’intérieurdu schéma est très considérable. Selon unprincipe appelé « polymorphisme génétique »,des formes différentes d’un caractère génétique(« variantes génétiques ») détermineront lesdifférences de forme et de fonction chezl’humain. Cette variabilité se manifeste sur tous

les plans, depuis la couleur des yeux et lapigmentation de la peau jusqu’à la capacité dedécomposer les substances toxiques dans lecorps en passant par la présence de certainesmaladies. L’interaction entre certains traitsgénétiques et des facteurs présentsl’environnement (organismes infectieux,produits chimiques, nutriments, etc.) peutproduire des effets indésirables sur la santé. Ilsemblerait, par exemple, que la fibrose kystique,une maladie génétiquement transmise, puisseêtre aggravée par l’exposition à la fumée de tabacambiante.

Les polymorphismes ou variantes génétiquesexistent à des fréquences variables dans les diverssous-groupes de la population humaine. Lespersonnes possédant certains polymorphismesgénétiques peuvent être plus sensibles aux effetsnocifs de substances dangereuses présentes dansl’environnement que celles qui ne possèdent pasles mêmes variantes génétiques. Une étude desrisques de leucémie et de l’exposition auxpesticides chez les enfants au Québec a trouvénotamment que les risques de leucémie étaientplus grands chez les enfants porteurs decertaines mutations génétiques qui ont étéexposés à des pesticides dans l’utérus. Lesmutations génétiques ont affecté les enzymeshépatiques qui transforment (ou métabolisent)les substances étrangères dans le corps telles queles pesticides. Ni le rôle de ces enzymes dans lamétabolisation des pesticides ni la raison pourlaquelle des mutations données sont liés à laprédisposition au cancer n’a encore été élucidé.

CHAPITRE II : POURQUOI METTRE L’ACCENT SUR LES ENFANTS?So

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35CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

Les effets sur la santé de certaines expositions environnementales peuvent êtrerelativement spécifiques et toucher surtout tel ou tel type de tissu alors que d’autrespeuvent agir à de nombreux lieux dans le corps et contribuer à des effets multiples.Les effets sur la santé d’une personne donnée sont généralement dus à plusieurscauses souvent étroitement liées; dont les facteurs de risque environnementaux nesont qu’un élément.

Le présent chapitre décrit les principaux effets sur la santé divisés en sept catégoriesgénérales :• le système respiratoire• le cerveau et le système nerveux en voie de développement• le cancer• la reproduction humaine et le développement des enfants• le système endocrinien• le système immunitaire• les effets multiples sur la santé

Chapitre III : Les effets sur la santéles plus préoccupants

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Les moisissures

Les moisissures sont des champignons microscopiquesqui prolifèrent dans les milieux humides. Les mesuresd’efficacité énergétique ont contribué à créer de telsmilieux en rendant essentiellement étanches à l’air desconstructions qui ne sont pas toujours adéquatementventilées. Un mauvais entretien peut également être unecause d’humidité excessive. Les lieux de prédilection desmoisissures dans les maisons sont les salles de bain, lescuisines, les murs et les planchers de sous-sol et lestours de fenêtre. Les moisissures produisent des sporesminuscules qui se dispersent dans l’air et peuvent causerde nombreux problèmes de santé selon l’espèce (il enexiste des milliers), le degré d’exposition et la sensibilitéindividuelle. La liste des effets comprend les irritationsdes yeux et de la peau, les maux de têtes, les infectionsrespiratoires, la gêne respiratoire, l’aggravation dessymptômes de l’asthme et les réactions allergiques.Certaines moisissures produisent des mycotoxineshautement toxiques dont les effets sur la santé peuventêtre graves. La moisissure noire relativement rareappelée Stachybotrys chartarum a été retrouvée dans dessalles de classe préfabriquées au Canada. La présence dece champignon dans des maisons sérieusementendommagées par l’eau à Cleveland (Ohio) a été liée àdes pneumonies hémorragiques sévères chez de trèsjeunes enfants. Le lien de causalité n’a pas encore étéfermement établi, mais on sait que Stachybotrys chartarumproduit des toxines puissantes qui sont capables, d’aprèsdes études sur des animaux, de provoquer des lésionspulmonaires et d’inhiber le système immunitaire. Il est ànoter que les moisissures d’apparence noire ne sont pastoutes de cette souche.

Suggestions pour protéger la santéenvironnementale des enfants : Si vous utilisez unhumidificateur, nettoyez le réservoir d’eau et le filtresouvent et maintenez le niveau d’humidité entre 30 % et50 %. Si votre sous-sol est humide, assurez-vous que lesdescentes d’eau de pluie extérieures éloignent l’eau de lafondation, réparez les fissures dans la fondation, isolez lestuyaux exposés et utilisez un déshumidificateur.Raccordez les sécheuses, les cuisinières et lesventilateurs de salle de bain à des évents débouchant àl’extérieur et jetez tout article endommagé par l’eau quine peut être complètement nettoyé ou séché.

Pour de plus amples informations sur les mesures àprendre pour combattre la moisissure et l’humidité,consultez :• le site de la Société canadienne d’hypothèques et de

logement à www.cmhc-schl.gc.ca;• les feuilles d’information sur la moisissure publiées par

la ville de Toronto à www.toronto.ca/health/mould.htm et sur la qualité de l’air intérieur àwww.toronto.ca/health/hphe/pdf/air_checklist.pdf;

• les pages Web de Santé Canada consacrées àl’humidité, à la moisissure et à la qualité de l’airintérieur à www.hc-sc.gc.ca/iyh-vsv/environ/air_f.html et aux humidificateurs à vapeur froide àwww.hc-sc.gc.ca/iyh-vsv/prod/humid_f.html;

• le site Web de l’Environmental Protection Agency desÉtats-Unis (US EPA) consacré à la moisissure àwww.epa.gov/ebtpages/airindoormold.html; et

• le site Web de Healthy Spaces Resources à www.cfc-efc.ca/healthy-spaces/resources_en.php.

CHAPITRE III : LES EFFETS SUR LA SANTÉ LES PLUS PRÉOCCUPANTS

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37CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT 37

L’asthme

L’asthme est une maladie chronique des poumons et des voies respiratoirescaractérisée par des crises périodique aigues. Pendant les crises d’asthme,les parois des voies respiratoires deviennent enflammées, enflées etpartiellement obstruées, ce qui provoque des quintes de toux et rend larespiration sifflante et difficile. Les crises peuvent durer de quelquesheures à quelques jours et sont parfois, bien que rarement, fatales.

L’asthme naît de l’interaction entre une prédisposition génétique àl’asthme et des déclencheurs environnementaux. Ces déclencheurs, qui nesont pas les mêmes pour tout le monde, comprennent des substancestoxiques aéroportées issues de la combustion des combustibles fossiles etdu tabac et des allergènes associés aux acariens détricoles, aux blattes, auxanimaux domestiques et aux moisissures. Les scientifiques ont confirméque les substances toxiques et les allergènes peuvent déclencher descrises d’asthme et qu’ils jouent un rôle l’apparition de l’asthme chez lespersonnes qui n’en souffraient pas auparavant. La fumée de tabac ambiantecontribue de façon particulièrement importante à l’asthme infantile et denombreuses études mettent aussi en cause la pollution atmosphériqueextérieure, surtout dans les zones de circulation automobile dense. Oncomprend moins bien la contribution éventuelle de certains pesticides entant que déclencheurs de l’asthme. La recherche se poursuit sur la naturede ces relations complexes. Entre-temps, un renforcement des efforts desensibilisation du public et une réglementation qui améliore la qualité del’air intérieur et extérieur peuvent aider les enfants génétiquementprédisposés à l’asthme à éviter les déclencheurs qui provoquent ouaggravent la maladie.

Suggestions pour protéger la santé environnementale desenfants : À l’extérieur — utilisez moins l’auto et faites davantage demarche et de vélo, tout en suivant les consignes d’activités réduites lorsdes alertes au smog. À l’intérieur — assurez une bonne évacuation àl’extérieur des gaz de poêle à gaz, faites inspecter les poêles à gaz chaqueannée et n’utilisez jamais un poêle à gaz pour chauffer une pièce. Nefumez pas la cigarette et ne permettez à personne d’autre de fumer dansun logement où vit un enfant. Nettoyez les planchers et autres surfacesrégulièrement et aérez à intervalles réguliers les espaces intérieurs. Veillezau dépistage des acariens détricoles et des moisissures.

Pour de plus amples informations, voir L’Association pulmonaire àwww.poumon.ca et à www.poumon.ca/faire/maison.html.

Le systèmerespiratoire

Les études scientifiquesmontrent clairement que lapollution atmosphériqueintérieure et extérieurecontribue à l’asthme et àautres effets respiratoires chezles enfants. Les autres grandsfacteurs qui jouent un rôlesont la constitution génétiqueindividuelle de l’enfant etl’exposition à d’autres facteursqui provoquent l’asthme telsque les squames des animauxdomestiques, les moisissureset les infections. La gammedes effets respiratoires chezles enfants qui sont associés àla pollution atmosphériqueintérieure et extérieurecomprend :• l’augmentation de

l’incidence de l’asthme(nouveaux cas);

• l’aggravation dessymptômes chez lesasthmatiques avérés;

• l’apparition d’affectionsallergiques;

• la multiplication des casde bronchite; et

• la diminution de lafonction pulmonaire etl’augmentation de lavulnérabilité auxinfections respiratoires.

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Les enfants sont touchés en grand nombre.Selon les statistiques sur les années 1990publiées par Santé Canada, le nombre d’enfantssouffrant d’asthme avait quadruplé en 15 ans. En1997, 12 % des enfants et des jeunes de moinsde 20 ans au Canada (pourcentage qui donneraitun chiffre de près de 950 000 selon les donnéesdémographiques actualisées) avaient reçu undiagnostic d’asthme émis par un médecin.Beaucoup d’autres enfants souffrent deproblèmes respiratoires moins graves dans lesquelsles polluants atmosphériques jouent un rôlecausal selon les chercheurs en santé. L’asthme estla première cause des hospitalisations des jeunesenfants (de 1 à 9 ans) et une des principalescauses de l’absentéisme scolaire.

Pour des informations plus détaillées sur lapollution atmosphérique, voir la publicationSmog Primer de Pollution Probe à www.pollutionprobe.org/Publications/Primers.htm.

Figure 6 : Prévalence des cas déclarés d’asthme,0 à 19 ans, Canada, 1978–1996. L’enquête de 1984porte uniquement sur le groupe des 0 à 14 ans. Lespourcentages sont des estimations pondérées.

Source : Santé Canada, 1999.

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eLe cerveau et le systèmenerveux en voie dedéveloppement

Les substances qui nuisent au cerveau s’appellentdes neurotoxines. Quand on sait ou qu’onsoupçonne qu’elles affectent le développementdu cerveau et du système nerveux, on les appelledes neurotoxines développementales. Lessubstances pour lesquelles il existe des donnéeslaissant supposer qu’elles sont des neurotoxinesdéveloppementales sont nombreuses. L’étudescientifique de la question est extrêmementcomplexe et il reste beaucoup de lacunes àcombler.

On sait, ou le plus souvent on soupçonne, queles expositions environnementales à dessubstances toxiques contribuent aux typesd’effets sur la santé et aux affections touchant ledéveloppement et le fonctionnement du cerveauqui suivent :• déficits intellectuels se manifestant par un

rendement scolaire faible, des QI bas, destroubles d’apprentissage, de mauvaises noteslors des tests d’aptitude et d’autres déficitscognitifs et moteurs

• troubles du spectre autistique (TSA)• trouble d’hyperactivité avec déficit de

l’attention (THADA)• déficiences visuelles ou auditives• problèmes de comportement tels que la

propension à la violence• altération de la fonction thyroïdienne (avec

divers impacts sur le développement ducerveau — voir les observations sur lesystème endocrinien).

CHAPITRE III : LES EFFETS SUR LA SANTÉ LES PLUS PRÉOCCUPANTS

1975 1980 1985 1990 1995 2000

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39CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

Les troubles d’apprentissage etde développement

Les troubles ou handicaps liés au cerveau varientde légers à graves et comprennent un largeéventail d’effets ou de syndromes, y comprisune combinaison d’effets sur l’apprentissage,le comportement, l’aptitude sociale et laréactivité affective. On distingue maintessous-catégories d’affections qui dans bien descas se chevauchent, et il n’est pas rare qu’unenfant se fasse diagnostiquer plus d’uneaffection. Les diagnostics s’établissent d’aprèsles critères du Manuel diagnostique et statistiquedes troubles mentaux (DSM IV) de l’AmericanPsychiatric Association. Le caractère imprécis,difficile et souvent controversé des diagnosticset des catégorisations ne facilite guère larecherche sur ces troubles ou leur traitement.Peu à peu, de nouvelles approches de lacompréhension de ces troubles sont en traind’apparaître.

Voici une version très simplifiée de laclassification des ces troubles avec quelquesexemples.Les troubles d’apprentissage touchent lesfonctions cognitives (et donc les capacitésd’apprentissage). Cette catégorie comprendnotamment les troubles d’apprentissagespécifiques, la dyslexie et la déficienceintellectuelle.Les troubles du comportement secaractérisent par des comportementsexcessivement perturbateurs ou agressifs.Cette catégorie englobe les troubles desconduites, le trouble oppositionnel avecprovocation et le trouble d’hyperactivité avecdéficit de l’attention (THADA)Les troubles du développement social secaractérisent par le dysfonctionnement social,des comportements limités et des difficultés àcommuniquer. Le syndrome de Rett, le syndromed’Asperger et l’autisme en sont des exemples.

Nous disposons de preuves fortes de neurotoxicité, sousforme de données de laboratoire et de donnéescliniques et épidémiologiques, pour un petit nombre desubstances. Ces neurotoxines comprennent les métauxque sont le plomb et le méthylmercure, la nicotine(tabagisme maternel prénatal), la radiation ionisante,les dioxines et certains pesticides, les solvants et les BPC(la production de ces produits chimiques industriels acessé dans les années 1970, mais ils continuent à êtreprésents dans l’environnement).

Notre compréhension des effets neurotoxiques del’exposition au méthylmercure et aux BPC est fondéesurtout sur l’étude de situations dans lesquelles lesexpositions étaient localisées et de niveau relativementélevé. On continue à s’interroger sur les effetsneurotoxiques des expositions de faible intensité à cessubstances qui touchent des segments beaucoup plusimportants de la population. À des niveaux d’expositionfaibles, les associations sont les plus fortes dans le casdu plomb et des BPC. Les constatations de déficitsneuropsychologiques consécutifs à des expositionsprénatale de faible intensité à des BPC sont assezconvergentes, mais les résultats des recherches sur lesexpositions prénatales de faible intensité auméthylmercure sont contradictoires. On soupçonnequ’il y a des liens entre des facteurs environnementauxet les troubles d’apprentissage et l’autisme, mais lesdonnées obtenues jusqu’à maintenant ne sont pasconcluantes.

Les scientifiques soupçonnent que les substances dontla neurotoxicité est établie ne représentent qu’uneminorité des substances qui sont en réaliténeurotoxiques. La neurotoxicité de certains pesticides aété démontrée dans des études sur des animaux, et lesdonnées limitées dont on dispose sur les humains font

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Les effets des pesticides sur le cerveau humain envoie de développement sont de plus en pluspréoccupants parce que certains insecticideslargement utilisés, notamment lesorganophosphates, agissent en déréglant lesystème nerveux des insectes. Lors d’une étudebien connue au Mexique, on a cherché à mesurerchez deux groupes d’enfants les impacts sur lesystème nerveux de leurs expositions à despesticides. Les enfants d’un groupe vivaient dansune vallée où on faisait un usage intensif depesticides agricoles alors que les enfants de l’autregroupe vivaient dans les collines où l’usage depesticides était minime. Comparés aux enfantsmoins exposés, les enfants plus exposésmanifestaient moins d’endurance et decoordination dans l’accomplissement de diversestâches, avaient des problèmes de mémoire etétaient moins créateurs dans leurs jeux et moinscapables de faire des dessins dans lesquels onpouvait reconnaître des personnes et des objets.Les chercheurs n’ont pas fait de mesures directesdes expositions aux pesticides dans l’un ou l’autredes groupes d’enfants. On peut aussi s’attendre àce que les pratiques agricoles et les types depesticides employés dans la communauté oùvivaient les enfants plus exposés créeraient desconditions d’exposition importante à despesticides qui ne seraient pas typiques descommunautés agricoles au Canada. Lescommunautés agricoles sont souvent plusexposées à des pesticides que les communautésnon agricoles. Une des nombreuses questionssoulevées par l’étude mexicaine est de savoir si lamarge de sécurité est suffisante en ce a trait auxeffets sur le système nerveux de l’exposition desenfants à des pesticides plus répandus dansl’environnement de la population en général, auCanada comme ailleurs.

Dessins représentatifs d’une personne faits par des enfants Yaquiâgés de 4 ans de la vallée et des collines à Sonora au Mexique.

Dessins représentatifs d’une personne faits par des enfants Yaquiâgés de 5 ans de la vallée et des collines à Sonora au Mexique.

Des enfants exposés aux pesticides au Mexique

Fille âgée de60 mois

Garçon âgé de71 mois

Fille âgée de71 mois

Collines Vallée

Collines Vallée

Fille âgée de54 mois

Fille âgée de55 mois

Fille âgée de54 mois

Fille âgée de55 mois

Garçon âgé de71 mois

Source : Guillette, E., M.M. Mercedes, A. Guadalupe, et al. 1998. Ananthropological approach to the evaluation of preschool childrenexposed to pesticides in Mexico. Environmental Health Perspectives106 : 347–353.

CHAPITRE III : LES EFFETS SUR LA SANTÉ LES PLUS PRÉOCCUPANTS

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41CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

Le développement du cerveau humain

Le développement du cerveau commence au début de lagrossesse et se poursuit jusqu’à la fin de l’adolescence. Les stadesde développement se succèdent dans une séquence précise,chaque nouveau stade prolongeant les acquis des stadesprécédents. Le premier stade, celui de la prolifération, commencepar la formation d’une multitude de cellules cérébrales (à lanaissance, le cerveau humain compte 100 milliards de cellulescérébrales). Un grand nombre de ces cellules cérébrales, ouneurones, migrent ou se déplacent, et elles se différencient(changent de forme ou de fonction) de manière à accomplir desfonctions différentes dans le cerveau.

Dans le cadre du processus de différenciation il se forme dessynapses, qui permettent aux cellules cérébrales de communiquerentre elles. Un « câblage » plus spécifique se met en place au furet à mesure que les circuits neuronaux se forment et seprécisent. Ce stade repose sur la mort ciblée et préprogramméede certaines cellules qui continue jusque dans l’adolescence.

Chez un nouveau-né, la plupart des cellules cérébrales ne sontpas encore intégrées à ces connexions complexes. Les parties ducerveau où se déroulent les processus de la pensée et de lamémoire et qui régissent les comportements affectifs et sociauxne sont pas encore entièrement formées. À l’âge de 3 ans, lecerveau d’un enfant a développé 1 000 trillions de connexions(synapses) entre ses cellules cérébrales. Si le processus dedéveloppement est altéré à l’un où à l’autre des ces stades, lesstades qui suivent peuvent également être compromis.

Les neurotoxines développementales peuvent affecter certainsdes nombreux stades de production, de fonctionnement, dedifférenciation et de migration des cellules cérébrales. Certainsproduits chimiques neurotoxiques agissent sur les quantités deneurotransmetteurs (ou messagers chimiques) qui jouent un rôledans le développement du cerveau et la communication entre lesneurones. D’autres peuvent perturber le développement ducerveau en entravant ou en altérant le fonctionnement deshormones thyroïdiennes qui jouent un rôle capital dans ledéveloppement du cerveau du foetus.

41

apparaître des liens possibles. Lesétudes sur les animaux ont suscitédes initiatives sur le plan de laréglementation en vue de réduire lesexpositions des enfants à certainspesticides dans le but d’éviter deseffets nocifs sur le développement ducerveau et du système nerveux. Onpossède de plus en plus de donnéessur les propriétés neurotoxiques desubstances qui présentent denombreuses similitudes importantesavec les dioxines et les BPC, etnotamment, sur la neurotoxicitédéveloppementale et autrespropriétés dangereuses des PBDÉ quisont employés comme ignifugeants.

Quand on se rend compte de tout cequ’on ne sait pas au sujet de laneurotoxicité des contaminants dansl’environnement, il y a lieu des’inquiéter des tendances qui sedégagent des statistiques sur leurseffets sur la santé. La prévalence desproblèmes neurocomportementauxet neurodéveloppementaux chez lesenfants canadiens est étonnammentélevée. Selon le rapport de l’Enquêtelongitudinale nationale sur les enfants etles jeunes publié en 1997, 26 % desenfants au Canada âgés de 6 à 11 ansavaient au moins un problèmeaffectif/comportemental, scolaire ousocial identifiable. Qui plus est, 16 %des enfants au Canada âgés de 4 à 5ans accusaient un retard dans ledéveloppement du vocabulaire.

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Figure 7 : Impacts sur l’ensemble d’une population. Quandune substance neurotoxique comme le plomb cause une légère baisse duQI, l’effet pourrait être insignifiant chez une seule personne. Cependant,l’effet sur toute une population pourrait être considérable. Cette figuremontre la différence entre la distribution normale des notes de QI dansune population (courbe pleine) avec un QI médian de 100 (illustrée par laligne pleine) et montre ce qui arrive lorsqu’il y a une baisse générale de 5points (courbe en pointillé). Dans la population où le QI moyen est plusbas, si on regarde les queues ombragées de la nouvelle distribution, il y a2,5 fois moins de personnes qui ont un QI de plus de 130 et 2 fois lenombre de personnes qui ont un QI de moins de 70 (qui correspond à ladéfinition clinique de la déficience intellectuelle).

D’après la Société canadienne de l’autisme, alors qu’on estimait letaux d’autisme au Canada à un enfant sur 10 000 il y a 20 ans,ce taux aurait fait un bond à un enfant sur 200 (ou 50 sur10 000). Des incertitudes persistent quant à la véritableprévalence de l’autisme, mais pour des raisons inconnues, il estde trois à quatre fois plus fréquent chez les garçons que chez lesfilles et il a été observé partout dans le monde dans des famillesde toutes les origines raciales, ethniques et sociales.

Source : Rice, 1998.

50 75 100 125 150

QI

Fréq

uenc

e

2.5X2X

« On n’a jamais plus qu’uneoccasion de développer soncerveau. Voilà pourquoi laneurotoxicitédéveloppementale est unegrande priorité en santéenvironnementale. »

Source : Grandjean, P. 2004.« Neurodevelopmental Disordersin Children : Some Old andEmerging Threats. » EEA/WHO/Collegium Ramazzini Workshop :Children in Their Environments.Budapest, 22 juin 2004.

42 CHAPITRE III : LES EFFETS SUR LA SANTÉ LES PLUS PRÉOCCUPANTS

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43CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

Le nombre d’enfants qui souffrent de cesproblèmes semble être tout aussi important auxÉtats-Unis. Les statistiques pour l’année 2003indiquent que près de cinq millions d’enfantsaméricains âgés de 3 à 17 ans (18 %) souffraientd’un trouble d’apprentissage, les garçons étantplus touchés (9 %) que les filles (6 %). De plus,presque quatre millions d’enfants enfants âgésde 3 à 17 ans (6 %) souffraient du THADA en2003. Les garçons avaient deux fois plus dechances que les filles de souffrir du THADA (9 %par rapport à 4 %). Il est possible que la plusgrande fréquence de ces troubles soit en partieattribuable à l’augmentation du nombre de casdiagnostiqués, mais il y a des données limitéesqui semblent indiquer que leur incidence aaugmenté ces dernières années.

Il ne fait aucun doute que de très nombreuxenfants sont touchés par les problèmesd’apprentissage et de comportement. Il estimportant de reconnaître que des facteurs derisque multiples contribuent à ces affections, aunombre desquels figurent divers aspects despratiques parentales et les circonstancessocioéconomiques. Souvent graves et durables,les conséquences touchent non seulement lesenfants mais aussi leurs familles et leurscommunautés. Le rôle possible descontaminants présents dans l’environnement,même de ceux qui ont été étudiés assez à fond,n’est pas bien compris. Les données dont ondispose laissent supposer que les expositionsprénatales de faible intensité aux BPC et lesexpositions prénatales et infantiles au plombpeuvent affecter le développement du cerveau defaçon permanente.

À la différence des données sur la pollutionatmosphérique examinées plus haut, il n’y adonc pas suffisamment de preuves pour jeter leblâme pour les taux élevés de troublesneurodéveloppementaux et comportementauxsur les expositions aux substances neurotoxiquesprésents dans l’environnement des enfants. Unetelle relation ne serait de toute manière nisimple ni directe étant donné la complexité ducerveau humain et de ses stades dedéveloppement et les nombreux facteurs àl’oeuvre dans le développement social et affectifdes enfants. Le grand nombre de neurotoxinesprésumées et le grand nombre d’enfants touchéspar des troubles neurologiques sont des signauxd’alarme qui amènent les chercheurs enenvironnement à conclure qu’il faut regarder lasituation de plus près. Si on parvient àdémontrer que les contaminants présents dansl’environnement jouent un rôle dans cesaffections du cerveau chez les enfants, lespossibilités de prévention pourraient êtreconsidérables et la qualité de vie de plusieursd’entre eux pourrait s’en trouver grandementaméliorée.

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44 Chapter Three: Health Effects of Concern

Le bois teinté de vert employé dans la construction desterrasses en bois, des balustres et rampes et desstructures dans les terrains de jeu pour enfants est unbois traité sous pression qui peut contenir de l’arséniatede cuivre chromaté (ACC). L’ACC est un produitchimique de préservation du bois qui est essentiellementun pesticide. Il contient de l’arsenic, un carcinogèneconnu chez les humains. L’exposition chronique à l’ACCpeut causer le cancer, avoir des effets toxiques sur lessystèmes nerveux et cardiovasculaire et provoquer deslésions cutanées (et le cancer de la peau); des études surdes animaux ont montré que l’arsenic est toxique pourle système immunitaire. Le retrait volontaire progressifdu bois traité sous pression du marché de laconstruction domiciliaire a commencé au Canada enjanvier 2004. Bien qu’on continue à l’utiliser dans lesecteur industriel, le bois traité à l’ACC est désormaisinterdit dans les secteurs non industriels au Canada. Destests ont démontré que l’arsenic peut être disponible àla surface de ce bois et s’accumuler dans le solimmédiatement sous le bois. Les produits en bois traitéde rechange sont également teintés de vert. Il convientde prendre des mesures de prudence pour éviter touteexposition à l’arsenic provenant du bois traité à l’ACCacheté avant janvier 2004.

L’arsenic dans le bois traité sous pression

Suggestions pour protéger la santéenvironnementale des enfants : Lavez les mains desenfants qui ont touché à du bois traité à l’ACC. Mettezdes nappes pour couvrir les tables de pique-nique enbois traité à l’ACC. Ne brûlez jamais du bois traité àl’ACC — sa combustion dégage des produits chimiquestoxiques. Sciez, poncez et travaillez le bois traité à l’ACCà l’extérieur, à l’air libre. Portez un masqueantipoussières, des lunettes de protection et des gants.N’utilisez jamais la sciure ou les copeaux de bois traitésà l’ACC comme paillis ou dans le compost. Lesorganismes de réglementation ne recommandentgénéralement pas l’enlèvement ou le remplacement desstructures en bois traités à l’ACC. Des études ontdémontré que l’application d’un produit d’étanchéitépénétrant (mais non de la peinture) réduit la quantitéd’arsenic disponible. Le produit d’étanchéité doit êtrerappliqué régulièrement.

Pour de plus amples informations, consultez :• les informations diffusées par l’US EPA au sujet de

l’efficacité des produits d’étanchéité à www.epa.gov/oppad001/reregistration/cca;

• les Consignes de sécurité d’Environnement Canada àwww.acc-securite.ca; et

• la Fiche technique de l’Agence de réglementation de lalutte antiparasitaire à www.pmra-arla.gc.ca/francais/pdf/fact/fs_cca-f.pdf.

Même si l’ACC est en train d’être retiré du marché,n’oubliez pas que le bois traité sous pression continue àcontenir un pesticide et que les précautions d’usages’imposent. Pour les consignes de sécurité propres à ceproduit, voir www.bt-securite.ca.

CHAPITRE III : LES EFFETS SUR LA SANTÉ LES PLUS PRÉOCCUPANTS44

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45CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

Le cancer

Le cancer est un terme générique pour unphénomène qui se manifeste sous unemultiplicité de formes spécifiques pourlesquelles il peut y avoir des causes multiples —dont des facteurs de risque environnementaux— qui varient selon les différentes formes de lamaladie.

Le cancer consiste en une prolifération anormalede cellules qui échappe aux mécanismes derégulation du corps. Or, les divisions cellulairessont plus fréquentes dans les corps des enfants,surtout quand ils sont encore dans l’utérus, quechez les adultes. Ce rythme accéléré de divisioncellulaire crée un potentiel accru de mutationscellulaires. D’autres différences entre les enfantset les adultes décrites au Chapitre II peuvent

Source de la photo : Mark Surman

également augmenter les chances qu’un enfantait un cancer pendant son enfance ou plus tarddans sa vie. Ces différences tiennent notammentau fait que les enfants sont plus exposés auxsubstances toxiques et ont plus tendance à enabsorber et en retenir davantage, que leurssystèmes, et particulièrement leurs systèmesimmunitaires, sont immatures et en voie dedéveloppement, et que les enfants ont beaucoupplus d’années à vivre devant eux que les adultes.

Le cancer est très rare chez les enfants au Canadaet les types de cancers diagnostiqués chez lesenfants sont moins nombreux et différents. Lescancers infantiles les plus fréquents au Canadasont les leucémies, les cancers du cerveau et dusystème nerveux et les lymphomes. Le rapportentre les substances toxiques et le cancer a faitl’objet de beaucoup de recherchescomparativement à l’évaluation scientifiqued’autres effets sur la santé tels que laneurotoxicité. Mais cette recherche est dans latrès vaste majorité des cas centrée sur les cancerschez les humains et les animaux adultes. Onn’est pas en mesure de préciser le rapport entreles expositions à la plupart des substances et lescancers chez les enfants ou de dire dans quellemesure elles expliquent les variations dans letemps de l’incidence des cancers chez lesenfants.

Bien que de nombreuses substances aient étéclassées comme des carcinogènes ou descarcinogènes présumés, cela ne veut pas dire queces substances causeront des cancers chez lesenfants (le laps de temps entre la premièreexposition à un carcinogène et le diagnostic d’un

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cancer chez les humains est souvent de 20 ansou plus). Les mécanismes causaux des cancersinfantiles ne sont pas encore bien compris, maisce sont les expositions intra-utérines du foetusen période de division cellulaire rapide quiconstituent le plus grand risque.

Il existe des données provenant d’études sur desanimaux indiquant que les expositions précocesaugmentent la fréquence des cancers chez lesenfants et celle de certains cancers chez lesadultes. Par exemple, un enfant exposé à laradiation ionisante court un risque deux foisplus élevé d’avoir un cancer au cours de sa viequ’un adulte exposé à une radiation d’intensitécomparable.

Selon les statistiques canadiennes sur le cancerpour la période 1997–2001, on a diagnostiquéun cancer en moyenne chez 1 285 enfantschaque année et que 287 enfants en sont mortschaque année. Les statistiques annuelles depuis2001 brossent un tableau semblable. En 2005,l’Institut national du cancer du Canada prévoitqu’un cancer sera diagnostiqué chez environ1 250 enfants canadiens de moins 20 ans et que190 d’entre eux en mourront. L’incidence descancers infantiles (soit le nombre de nouveauxcas sur 100 000 enfants par année) a augmentéau Canada entre 1974 et 1984, mais elle n’a pasprogressé depuis. Les taux de mortalité due aucancer ont diminué grâce à l’amélioration dutraitement des cancers.

Le fait qu’on n’ait pas observé une tendance à lahausse des cancers infantiles pourrait s’expliquerpar la population relativement peu nombreusedu Canada (et par le fait que les types de cancerpropres aux enfants sont relativement rares). AuxÉtats-Unis, où la population beaucoup plusimportante de cas de cancer chez les enfantspermet de distinguer plus facilement destendances, l’incidence de tous les cancers chezles enfants a augmenté de près de 21 % entre1975 et 1998. Cela correspond à uneaugmentation d’environ 1 % par année pendantdeux décennies. Les incidences des mêmescancers observés chez les enfants dans d’autrespays industrialisés — leucémies, cancers ducerveau et lymphomes non hodgkiniens — ontaugmenté de façon constante. L’incidence deslymphomes non hodgkiniens chez les enfantsaux États-Unis a augmenté de 30 % depuis lesannées 1970.

Le débat pour savoir si on assiste ou non à uneaugmentation de l’incidence des cancersinfantiles se poursuit dans les revues et lesarticles scientifiques. Pour certains experts, leschiffres s’expliquent tout simplement parl’amélioration des techniques diagnostiques et ledépistage plus précoce. D’autres considèrentqu’il doit y avoir d’autres facteurs en jeu, dontdes contaminants environnementaux. L’analysedes tendances temporelles est loin d’être simple,et il est possible que les deux influences soient àl’oeuvre. Les données européennes semblentindiquer une tendance constante à la hausse. Leschercheurs qui ont récemment étudié 30 annéesde données de 35 pays européens ont trouvé que

CHAPITRE III : LES EFFETS SUR LA SANTÉ LES PLUS PRÉOCCUPANTS

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47CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

l’incidence des cancers infantiles a augmenté aurythme de 1 % par année, ce qui correspondgrosso modo à la tendance observée aux États-Unis.

Même si on n’a pas encore tranché le débat surla contribution exacte de l’amélioration desméthodes de diagnostic à l’incidence accrue descancers infantiles, le fait est que les types decancers qui sévissent chez les enfants dans lespays industrialisés sont les mêmes. Tout enrestant très rare, le cancer est la principale causede décès par suite d’une maladie chez les enfantscanadiens âgés de plus d’un an.

À la différence de la situation pour les enfants, ilest clair que l’incidence du cancer chez les jeunesadultes (âgés de 20 à 44 ans) a considérablementaugmenté au Canada. Depuis les années 1970,on observe une tendance générale à la hausse del’incidence du cancer de plus de 2 % par année,ou d’un peu moins de 20 % par décennie, chezles jeunes adultes au Canada. Des augmentationsimportantes des taux se sont produites dans lecas du cancer de la thyroïde chez les hommes(4,2 % par année) et les femmes (6,6 % parannée). L’incidence du lymphome nonhodgkinien a augmenté chez les hommes et lesfemmes (3,5 % à 4,2 % par année) tout commecelle du cancer des poumons et du cancer ducerveau chez les femmes (1,9 % à 2,0 % parannée). L’incidence du cancer du testicule aaugmenté chez les hommes (1,7 % par année).

Les causes de ces augmentations ne sont pasconnues. Étant donnée que les cancers sedéveloppent après une longue période delatence, les expositions infantiles, prénatales ouparentales avant la grossesse pendant lespériodes de vulnérabilité pourraient avoircontribué à l’augmentation de l’incidence ducancer chez les jeunes adultes.

Une forme de cancer — le mélanome ou lecancer de la peau — est incontestablement liée àl’exposition infantile à la lumière du soleil. Lescoups de soleil graves pendant l’enfance oul’adolescence augmentent considérablement lesrisques de mélanome à l’âge adulte (et lesadultes continuent à courir des risquesd’exposition aux rayons UV). L’exposition à laradiation ionisante (à des rayons x de moyenneà haute intensité, par exemple) a aussi des effetscarcinogènes établis et constitue un plus grandrisque pour les enfants que les adultes. De lamême façon, l’exposition précoce à l’amianteaccroît les risques d’avoir un cancer plus tarddans la vie.

Le Tableau 2 résume les données sur plusieurscancers infantiles associés à trois catégoriesd’expositions dans l’environnement — lespesticides, les solvants et les produitspétrochimiques/sous-produits industriels.

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Lieu et période de l’exposition

Exposition résidentielle pendant la grossesse, jusqu’àl’âge de 3 ans et pendant l’enfance

Expositions dans l’environnement pendant lagrossesse et l’enfance

Expositions paternelles professionnelles avant la grossesse

Exposition paternelle professionnelle avant etpendant la grossesse et après la naissance de l’enfant

Exposition à la pollution atmosphérique pendantl’enfance

Exposition paternelle professionnelle avant lagrossesse

Expositions maternelles professionnelles pendant lagrossesse

Pour les cinq premières expositions mentionnées :exposition résidentielle des mères pendant lagrossesse; pour les pesticides (non précisés) : expositionmaternelle professionnelle pendant la grossesse

Exposition maternelle professionnelle avant etpendant la grossesse, après la naissance de l’enfant; etexpositions dans l’environnement pendant l’enfance

Expositions maternelles professionnelles avant lagrossesse (gaz d’échappement et HAP) et pendant lagrossesse (HAP et essence)

Catégories de substances toxiques ousubstances particulières, lorsque connues /

précisées dans les études consultées

Services phytosanitaires professionnels, bandes derésine imprégnées de pesticide, pesticides

Solvants : trichloroéthylène et tétrachloroéthylène

Solvants (non précisés). Solvants : benzène, alcools

Solvants : solvants chlorés, méthyl-éthyl-cétone

Gaz d’échappement des moteurs diesel; HAP;dioxine.

Gaz d’échappement de véhicules à moteur (dioxyded’azote)

Professions liées aux hydrocarbures

Bandes de résine imprégnées de pesticide,insecticides, rodenticides, herbicides de jardin etproduits pour combattre les infestations dans lesarbres; pesticides (non précisés)

Solvants : trichloroéthylène, tétrachlorure decarbone et perchloroéthylène (p. ex., pour lenettoyage à sec)

Gaz d’échappement; HAP; essence

Tableau 2 : Cancers infantiles associés à certaines expositions dans l’environnementNote : Les données établissant des associations proviennent d’études rétrospectives qui ont mis en évidence uneprobabilité accrue de cancers infantiles chez les personnes exposées (parents ou enfants) comparativement aux groupesqui n’ont pas subi des expositions semblables. Les associations sont faibles dans certaines études. Pour plusieurs descancers infantiles les plus préoccupants (leucémie, cerveau cancer, lymphome non hodgkinien et sarcome des tissus mous),on a trouvé des associations avec des expositions des adultes, particulièrement aux pesticides. Certains de ces résultatssont corroborés par des études expérimentales sur des animaux.Source : Adaptation à partir de Gouveia-Vigeant, et al. 2003.

Type decancer

Leucémie

Leucémielymphoïdeaigue

CHAPITRE III : LES EFFETS SUR LA SANTÉ LES PLUS PRÉOCCUPANTS

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49CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

Tableau 2 (suite) : Cancers infantiles associés à certaines expositions dans l’environnement

Type decancer

Leucémienonlymphoïdeaigue

Tumeur dusystèmenerveux

Tumeurcérébrale

Neuro-blastome

Lymphomenonhodgkinien

Sarcome destissus mous

Adénomyosarcome

Lieu et période de l’exposition

Exposition maternelle résidentielle pendant la grossesse,exposition paternelle professionnelle lors d’emplois quiont duré plus de 1 000 heures et expositionrésidentielle pendant l’enfance

Exposition paternelle professionnelle (période non précisée)

Exposition maternelle professionnelle pendant la grossesse

Exposition paternelle professionnelle peu avant lagrossesse (pesticides : agricoles ou forestiers)

Exposition dans l’environnement pendant l’enfance

Pour les pesticides (non précisés) : expositionsmaternelles résidentielles (agricoles) pendant lagrossesse; pour les autres : exposition maternellerésidentielle pendant la grossesse

Exposition résidentielle pendant l’enfance

Exposition résidentielle pendant l’enfance

Exposition paternelle professionnelle (période nonprécisée)

Exposition parentale professionnelle (période nonprécisée)

Exposition résidentielle pendant l’enfance

Exposition résidentielle pendant l’enfance

Exposition résidentielles. Expositions parentalesprofessionnelles (agricoles); période non précisée dansles deux cas

Exposition parentale professionnelle (période non précisée)

Catégories de substances toxiques ousubstances particulières, lorsque connues /

précisées dans les études consultées

Pesticides (non précisés)

Solvants (non précisés); produits pétroliers

Solvants : benzène; essence

Pesticides (non précisés); solvants (non précisés)

Gaz d’échappement de véhicules à moteur(dioxyde d’azote)

Insecticides, y compris les produits anti-puces etanti-tiques; produits vaporisés et nébulisés;pesticides (non précisés)

Bandes de résine imprégnées de pesticide, colliersanti-puces, herbicides ou insecticides

Pesticides (non spécifié)

Solvants : benzène, alcools, diluant à peinture-laque, térébenthine; hydrocarbures, y compris lecarburant diesel

Hydrocarbures aromatiques et hydrocarburesaliphatiques

Insecticides, y compris les produitsd’extermination professionnels

Pesticides de jardin

Pesticides (non précisés)

Hydrocarbures

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La reproduction humaine et ledéveloppement infantile

La reproduction humaine et le développementde embryon, du foetus et de l’enfant reposentsur une séquence d’événements précisémentréglés. Il peut être utile de se représenter cesévénements comme formant un cercle (voir laFigure 8). Les différents points d’entrée dans lecercle décrivent des stades par lesquels passechaque être humain : cellules germinales(spermatozoïde et ovule), in utero, petiteenfance, enfance, adolescence et parentalité. Il vasans dire qu’il y a des gens qui n’ont pas d’enfantset que certains des stades sont différents pour leshommes et pour les femmes. Par exemple, lesfilles possèdent dès la naissance tous les ovulesqu’elles libéreront pendant leurs périodes defécondité. Dans le cas d’une femme qui porte unfoetus de sexe féminin, l’exposition auxsubstances toxiques pourrait affecter ses petits-enfants si les effets toxiques s’exercent pendantla formation des ovaires et des ovules du foetus.Les hommes produisent des spermatozoïdes demanière continue pendant toutes les années oùils sont capables de procréer. Les spermatozoïdespeuvent subir l’influence d’expositions récentes,courantes ou antérieures, d’origineprofessionnelle ou environnementale.

Les problèmes qui surviennent pendant lareproduction humaine ou pendant ledéveloppement du foetus ou de l’enfant peuventêtre la conséquence de maints facteurs. Certainesexpositions dans l’environnement ont des effetsconnus sur la santé génésique des parents et(ou) le développement du foetus ou de l’enfant,et beaucoup d’autres ont des effets présumés.

Les substances génésotoxiques ont des effetsnocifs pour les systèmes reproducteurs deshommes et des femmes. Elles peuvent :• perturber le fonctionnement sexuel ou la

capacité de reproduction dès le début de lapuberté et tout au long de l’âge adulte;

• provoquer la perte du foetus pendant lagrossesse;

• entraîner, dans le système reproducteur desfemmes, des changements de comportementsexuel et de déclenchement de la puberté etdu cycle menstruel, causer une diminutionde la fécondité et des périodes de gestation etde lactation et provoquer des ménopausesprématurées (puisque l’exposition au plombpeut conduire à des problèmes demenstruation et d’infertilité et que ledisulfure de carbone, le mercure et les BPCpeuvent causer des irrégularités dans le cyclemenstruel, entre autres choses); et

• entraîner, dans le système reproducteur deshommes, des changements dans lesnumérations de spermatozoïdes et la forme deceux-ci, des changements de comportementsexuel et (ou) une diminution de la fécondité(p. ex., l’exposition aux phthalates, aux BPCet aux pesticides organochlorés a été associéeà des changements dans la qualité desspermatozoïdes; il a été établi que le plombfait baisser la fécondité chez les hommes; ledisulfure de carbone et les pesticides quesont le chlordécone (képone), l’éthylènedibromide (ÉDB) et le dibromochloropropane(DBCP) sont des produits chimiques donton sait qu’ils perturbent la santé génésiquedes hommes).

CHAPITRE III : LES EFFETS SUR LA SANTÉ LES PLUS PRÉOCCUPANTS

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51CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

Le DES — des effetsmultigénérationnels

Le diéthylstilbestrol (DES) est unehormone synthétique mise aupoint dans les années 1930 etcommercialisée comme remèdepour toutes sortes d’affections, etmême pour prévenir les faussescouches chez les femmes enceintes.De cinq à dix millions d’Américains(surtout des femmes) ont étéexposés au DES avant son retraitdu marché en 1971. La majoritédes personnes touchées étaientdes femmes enceintes et les foetusqu’elles portaient.

On a par la suite découvert que lecancer du sein était plus fréquentchez les mères qui avaient pris duDES. Mais la grande surprise étaitque, contre toute attente, les fils etles filles de ces femmes souffraientde taux élevés d’anomalies desorganes reproducteurs, de taux defécondité réduits, d’issuesdéfavorables des grossesses, decancers de l’appareil reproducteuret de troubles du systèmeimmunitaire. C’est un cancer enparticulier — l’adénocarcinomevaginal — qui a fini par fairesonner l’alarme au sujet du DES,car il se manifestaient tropfréquemment chez les adolescenteset les jeunes femmes, populationau sein de laquelle il aurait dû êtreextrêmement rare. Reste à savoirsi ces effets ou d’autres effets vontpersister jusque dans la générationsuivant l’exposition au DES.

51

Figure 8 : Le continuum du développement humain.Exception faite des stades qui sont propres à l’un et à l’autre des sexes oudes personnes qui n’ont pas d’enfants, tous les êtres humains passent parles stades de développement illustrés ici. Outre les « périodes devulnérabilité » prénatales (voir la Figure 5), il continue à y avoir des stadesde sensibilité tout au long de ces processus développementaux. On peutdonc dire qu’à tout moment dans la population humaine une période devulnérabilité est ouverte.

51

Les troubles génésiques chez les hommes et les femmes peuventdécouler des expositions de leur parents à des produitschimiques ou des expositions qui ont eu lieu alors qu’ils étaientdans l’utérus, pendant l’enfance ou à l’âge adulte. Deschercheurs ont détecté du plomb, des pesticides et d’autressubstances toxiques dans le liquide folliculaire (qui entoure

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Les solvants organiques

Les solvants organiques sont lipophiles, c’est-à-dire qu’ilsprésentent une affinitié pour les substances grasses, et ilss’évaporent rapidement à la température normale depièce (autrement dit, ils sont volatils). Ils dissolvent lessubstances grasses rapidement, ils s’absorbent facilementpar la peau, les poumons et le tractus gastrointestinal etils se dispersent dans divers tissus organiques, y comprisdans le placenta. Ils ont aussi tendance à s’accumulerdans les tissus adipeux du corps. Ces solvants sontcouramment employés à la maison et à l’usine. Onretrouve des solvants dans les vapeurs d’essence,d’essence à briquet, dans les détachants et autres agentsnettoyants et désinfectants, les dégraissants, les aérosols,les cosmétiques, les adhésifs, les peintures et finis, lesdécapants pour peinture et beaucoup d’autres produitscourants. Dans les maisons à garage attenant il peut yavoir des concentrations relativement élevées debenzène provenant de véhicules stationnés oud’équipements à moteur à essence. La liste des milieuxpropices à l’exposition professionnelle comprend lesétablissements de nettoyage à sec, les salons de coiffureet tout lieu où l’on travaille avec des décapants, desdiluants, des produits de nettoyage des planchers et destuiles, de la colle et réactifs de laboratoire. L’expositionmaternelle prénatale à des solvants organiques précis aété liée à des effets sur la reproduction et sur ledéveloppement du système nerveux. Le solvantorganique le plus étudié est l’éthanol (soit l’alcool dansle vin, la bière et les spiritueux); les effets délétères pourle foetus de la consommation excessive d’alcool par lamère sont bien documentés.

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Suggestions pour protéger la santéenvironnementale des enfants : Évitez touteexposition prénatale aux solvants (dans le cas de travauxde rénovation résidentielle, par exemple) et ne buvezjamais d’alcool pendant la grossesse. Assurez une bonneventilation dans les salons de coiffure et lesétablissements de nettoyage à sec et procurez-vous descosmétiques et des produits de nettoyage à faible teneuren solvants. Si vous avez un garage attenant, assurez-vousqu’il est bien isolé du reste de la maison. Veillez à ce queles récipients de tout produit qui contient des solvantssoient hermétiquement fermés, prenez les précautionsnécessaires pour éviter les déversements et nettoyez àfond tout produit déversé. Suivez les instructions surles étiquettes à la lettre. Si l’entrée à la maison passepar le garage, utilisez le plus souvent possible une autreporte où installez un système de ventilation versl’extérieur à la porte.

Pour de plus amples informations sur les produits derechange à faible teneur en solvants, voir le « Guide toLess Toxic Products » de la Nova Scotia Allergy andEnvironmental Health Association àwww.lesstoxicguide.ca et « HealtheHouse » de laChildren’s Health Environnemental Coalition àwww.checnet.org/healthehouse.

CHAPITRE III : LES EFFETS SUR LA SANTÉ LES PLUS PRÉOCCUPANTS

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53CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT53 53

l’ovule) et dans le sperme, ce qui signifie que les ovuleset les spermatozoïdes humains sont directement exposésà des contaminants chimiques. Si des expositions quiont lieu avant la conception provoquent des anomalieschromosomiques ou une mutation dans l’ADN de l’ovuleou du spermatozoïde, il peut y avoir des effetsdéveloppementaux chez la progéniture. Si cesexpositions entraînent des altérations permanentes dansl’ADN de l’ovule ou du spermatozoïde, les effets peuventse manifester sur plus d’une génération, comme ce fut lecas pour les personnes exposées au médicament lediéthylstilbestrol (DES).

La santé génésique des parents chevauche dans unecertaine mesure la santé développementale d’unembryon ou d’un foetus dans les situations où unesubstance génésotoxique influe sur l’issue de lagrossesse. La toxicité développementale pour un foetusou un enfant peut être une conséquence des expositionsprénatales de la mère à des substances toxiques. Lesexpositions paternelles sont également mises en cause.Par exemple, l’exposition professionnelle des hommesau chlorure de vinyle a été associée à des taux plusélevés d’avortement spontané chez leurs partenaires desexe féminin. De la même façon, les expositionsconduisant à des effets développementaux peuvent avoirlieu avant la grossesse de même que chez des enfantsqui ont été exposés avant de naître ou au cours de leurenfance.

Les toxines développementales sont des agents quiexercent une influence négative sur le développement del’embryon, du foetus ou de l’enfant. Voici une liste nonexhaustive de leurs effets :• mort foetale précoce (avortement spontané)• mort foetale tardive (mortinatalité)• faible poids à la naissance

www.scorecard.org — un outilde référence en matière d’effetssur la santé

Le site Web www.scorecard.org administrépar l’organisme Environmental Defense deWashington fournit des listes de substancesdont la contribution à des effets sur la santéhumaine est présumée ou reconnue. On ytrouve des listes des substances suivantes :• neurotoxines présumées• carcinogènes présumés• toxines développementales reconnues et

présumées• agents génésotoxiques reconnus et

présumés• agents endocrinotoxiques présumées• immunotoxines présumées• agents présumés toxiques pour le système

respiratoire

Les listes sont dressées et régulièrementmises à jour par des équipes de scientifiquesqui passent en revue les articles et lesrapports scientifiques publiés. Lesinformations sont puisées notamment dansdes textes de toxicologie reconnus et lesimportantes bases de données mises sur piedpar divers organismes du gouvernementfédéral et des États aux États-Unis (dontl’Environmental Protection Agency, l’Agency forToxic Substances and Disease Registry et laCalifornia Environmental Protection Agency). Lesite fait aussi appel à des sourcesd’information internationales, dont les basesde données créées par le Centre internationalde recherche sur le cancer et le Programmeinternational sur la sécurité des substanceschimiques de l’Organisation mondiale de laSanté. Le lecteur trouvera un site Web qui sebase sur ces listes pour diffuser desinformations sur les émissions de polluants auCanada à www.pollutionwatch.org.

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• périmètre de la tête et longueur du corpsdiminués à la naissance

• accouchement prématuré• anomalies congénitales• déficits visuels et auditifs• paralysie cérébrale (congénitale)• anomalies chromosomiques• déficits intellectuels/retard mental et

dysfonctionnements biologiques moinsgraves, ou déficits psychologiques oucomportementaux ne se manifestant queplus tard au cours de l’enfance

La liste des substances qui ont des effets toxiquessur le développement chez les humains à la suited’expositions de haute intensité comprend leméthylmercure, le plomb, la radiation ionisanteet les BPC contaminés par des dioxines et desfuranes. Les solvants organiques, certainspesticides et certains polluants atmosphériquessont des toxines développementales présumées,comme le sont un certain nombre d’autresproduits chimiques. Le lecteur trouvera des listesde substances génésotoxiques et de toxinesdéveloppementales reconnues et présumées àwww.scorecard.org.

Bien entendu, tous les effets sur ledéveloppement énumérés ci-dessus nedécouleront pas de l’exposition aux toxinesdéveloppementales. Les effets sur la santépassent par ce qu’on s’appelle le « mode d’action »ou le « mécanisme de toxicité » d’une substanceou d’un agent physique en particulier. Ladimension temporelle compte aussi. Unesubstance toxique peut être capable de causerune déficience congénitale en début de grossessequand les organes et les membres sont en train

de se former. La même substance toxique peutexercer une influence différente plus tard aucours de la grossesse, pendant la période dedéveloppement rapide du cerveau au troisièmetrimestre, par exemple.

Si on prend l’exemple des solvants organiques,ceux-ci semblent avoir des modes d’actiondifférents à des moments différents de lagrossesse. Des effets toxiques tels que la mortfoetale précoce et des anomalies congénitalesconsécutives à des expositions prénatales à dessolvants organiques ont été démontrés dans desétudes sur des animaux. Des effets ont étéconstatés dans certaines études portant sur desfemmes qui avaient subi des expositionsprofessionnelles. D’autres études ont faitressortir des associations entre l’expositionprénatale aux solvants (en milieu de travail) etun risque accru d’effets délétères sur ledéveloppement du système nerveux, dont desdéficiences visuelles et cognitives. Ces effetspourraient être le reflet d’impacts sur ledéveloppement du cerveau survenus pendant letroisième trimestre.

Certains pesticides sont également mis en causeen tant que toxines développementales chez leshumains par des études d’expositionsprofessionnelles et un grand nombre d’étudessur des animaux. L’exposition maternelleprofessionnelle à des pesticides a été associée àun risque accru de diverses anomaliescongénitales. On a relevé chez les enfants desopérateurs d’épandeur de pesticides de sexemasculin (en milieu agricole) des taux plusélevés d’anomalies congénitales.

CHAPITRE III : LES EFFETS SUR LA SANTÉ LES PLUS PRÉOCCUPANTS

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55CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT55

Comment lutter contre les parasites

Les problèmes causés par les parasites sont désagréables, surtout àl’intérieur de la maison, et certains parasites peuvent aggraver les allergieset l’asthme. Cependant, quand on emploie des pesticides dans un milieurésidentiel, surtout à l’intérieur, ils peuvent être une source majeure de latotalité des expositions aux pesticides (de toutes les sources — air, eau,aliments, etc.) et ils peuvent accroître les expositions des enfants demanière importante. L’intoxication par les pesticides est égalementpossible si des récipients à pesticide sont laissés à la portée des enfants.

Suggestions pour protéger la santé environnementale desenfants : Cherchez des produits et des moyens de lutte antiparasitairenon toxiques et moins dangereux, qui permettent souvent d’éliminer lesconditions dont les parasites ont besoin pour croître (à l’extérieur, vouspouvez planter des plantes couvre-sol qui limitent la pousse des mauvaisesherbes et employer des méthodes non toxiques pour entretenir votrepelouse; à l’intérieur, vous pouvez remédier aux problèmes d’humiditépour prévenir les moisissures et gardez les comptoirs propres etconserver les aliments dans des récipients étanches pour éviter d’attirerles souris et les insectes). Là où cela est possible, utilisez des pièges oud’autres moyens physiques ou mécaniques à la place des poisons. Dans lescas où vous ne trouvez pas un produit de rechange à faible toxicité,cherchez les options qui diminuent le plus possible le risque d’expositiontelles que les appâts, les gels ou les pâtes, à la place des poudres et desproduits à pulvériser. Suivez les instructions sur les étiquettes à lalettre. Entreposez et éliminez tout pesticide inutilisé comme déchetdangereux.

Pour de plus amples informations, rendez-vous aux sites des organismessuivants :• Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire de Santé Canada à

www.pmra-arla.gc.ca• Bureau national de la prévention de pollution d’Environnement Canada et

Fédération canadienne des municipalités à www.pestinfo.ca• Pesticide Action Network of Amérique du Nord à www.panna.org/panna• National Coalition Against the Misuse of Pesticides à

www.beyondpesticides.org• Toronto Public Health Pesticides Information à www.toronto.ca/health/

pesticides/index.htm• Association canadienne des médecins pour l’environnement à www.cape.ca

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L’exposition prénatale àcertains pesticidesorganophosphorés a étéassociée à la diminution dupérimètre de la tête, du poidset de la longueur du corps à lanaissance. Des étudesréalisées par des chercheursde Columbia University ontporté sur des expositionsurbaines dans la ville de NewYork dont la majorité étaientliées à des produitsantiparasitaires à usageintérieur. Les chercheurs ontexaminé les tendancestemporelles caractéristiquesde ces expositions et lesrésultats cliniques. Ils onttrouvé une corrélation entrede plus faibles expositions (àla suite de l’adoption demesures de réglementation)et l’affaiblissement desassociations avec certainesaltérations de la croissancedes foetus. Les auteursconcluent que leurs résultatscorroborent les arguments enfaveur de l’adoption derèglements qui prévoientl’arrêt progressif desutilisations résidentielles despesticides.

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Il semble aussi que la pollution atmosphériqueagisse comme toxine développementale. Dansune étude réalisée à Vancouver, des chercheursont confirmé les résultats obtenus en Chine, enRépublique tchèque et aux États-Unis qui lientl’exposition maternelle prénatale à la pollutionatmosphérique et à un risque accru de faiblepoids à la naissance et de naissance prématurée.D’autres études ont trouvé des associations entrela pollution atmosphérique et des anomaliescongénitales du coeur.

Enfin, les divers stades de la reproduction et dudéveloppement humains résultent d’un grandnombre de processus de signalisation chimiquesdifférents assurés par les hormones du systèmeendocrinien. Il y a des signes indiquant que desimpacts sur la santé génésique et (ou)développementale, y compris certains des effetsdécrits plus haut, peuvent être à médiationendocrinienne.

Le système endocrinien

Le système endocrinien comprend les glandesqui produisent des hormones — la glandepituitaire (hypophyse) et l’hypothalamus situésdans le cerveau, les glandes surrénales quisurmontent les reins, les ovaires de la femme etles testicules de l’homme, le pancréas dansl’abdomen et les glandes parathyroïde etthyroïde dans le cou. Ce système complexecoordonne et régule la communication entre lescellules par l’intermédiaire des hormones, quiservent de messagers chimiques. Quand deshormones entrent en contact avec leurs cellules

cibles, elles s’attachent à des récepteurs quiamènent ensuite les cellules en question à réagirde telle ou telle manière.

Ces nombreux échanges d’informationchimiques et cellulaires régissent les divers stadesdu développement humain, et le maintien et lacoordination des fonctions corporelles assurentla croissance et le développement normaux etune bonne santé. Par exemple, les hormones etleurs cellules cibles aident à instaurer et àmaintenir l’homéostasie, terme qui désigne unétat constant du taux de sucre sanguin(glycémie), de température interne du corps etd’autres aspects d’un métabolisme sain.

Les hormones remplissent toutes sortes defonctions tout au long de la vie humaine.Comme le savent tous les parents et tous lesadolescents, les hormones font partie intégrantedu processus de maturation sexuelle humaine.Les hormones continuent à intervenir dans leprocessus de la libération mensuelle d’ovules etle développement des spermatozoïdes, lecomportement sexuel, la fécondation, laconception et les nombreux stades dudéveloppement humain. Les systèmesendocrinien, immunitaire et nerveux sontétroitement interliés et les hormones jouent desrôles clés dans le développement du cerveau etdu système nerveux.

Les hormones thyroïdiennes méritent unemention spéciale, car elles influent sur tous lesgrands systèmes du corps, qu’il s’agisse dumétabolisme basal, de la fréquence cardiaque,de la pression artérielle, de la température

CHAPITRE III : LES EFFETS SUR LA SANTÉ LES PLUS PRÉOCCUPANTS

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interne du corps ou d’autres fonctions. Par ailleurs, lebon fonctionnement de la glande thyroïde d’une femmeenceinte est essentiel au développement du cerveaufoetal dès les premières semaines de la grossesse etjusqu’à la naissance. Un excédent d’hormonesthyroïdiennes (hyperthyroïdisme) peut se traduire parun faible poids à la naissance, une naissance prématuréeet dans certains cas des anomalies congénitales. Uneinsuffisance d’hormones thyroïdiennes(hypothyroïdisme) peut entraîner la paralysie cérébrale,la surdité et de graves déficiences intellectuelles. Mêmede petits changements vers le haut ou le bas des niveauxd’hormones thyroïdiennes pendant le développementdu cerveau du foetus peuvent conduire à des problèmesde coordination motrice et d’équilibre chez les enfants.Notons aussi que bien que la recherche ne soit pasconcluante, certaines études ont trouvé des associationsentre l’hyperthyroïdisme maternel et les problèmes dedéveloppement, y compris des déficiences sur le planintellectuel.

Beaucoup de scientifiques s’inquiètent de la possibilitéque l’exposition aux produits chimiques dansl’environnement puisse brouiller les signaux dans leréseau de communications qu’est le systèmeendocrinien humain. Certains produits chimiquesappelés « perturbateurs endocriniens », « modulateursendocriniens » ou « dérégulateurs endocriniens »semblent effectivement capables de nuire à lacommunication entre cellules en bloquant leshormones (et en réduisant l’activité hormonale), enmimant les hormones (et en augmentant activitéhormonale) ou en affectant la production, le transport,l’action et l’élimination des hormones.

Les produits chimiques et laperturbation thyroïdienne

« Le système thyroïdien est si complexequ’il est déjà assez difficile decomprendre son fonctionnementnormal. Essayer d’en déchiffrer lesperturbations environnementales estd’une complexité proprementahurissante. »

Source : Brown, V. 2003. Disrupting a DelicateBalance. Environmental Health Perspectives111(12).

La plupart des substances mises en causedans la perturbation du system endocrinienagissent sur les hormones thyroïdiennes ousont soupçonnés de le faire. Ces substancescomprennent les BPC, les PBDÉ(ignifugeants), les dioxines, les éthylène-bisdithiocarbamates (ou ÉBDC, des fongicidesdu groupe des carbamates) et le perchlorate(qui entre dans la composition des carburantspour moteurs à réaction). La principalepréoccupation en ce concerne la perturbationdes hormones thyroïdiennes est son impactsur le développement du cerveau du foetus.On a trouvé des propriétés perturbatrices dela fonction thyroïdienne dans plus de 90composés différents (dont ceux dont il a étéquestion plus haut). Comme si ce n’était pasdéjà assez compliqué, de multiples mécanismessont susceptibles d’influer sur la fonctionthyroïdienne. Enfin, la radiation ionisante estune cause connue du cancer de la thyroïde,tragiquement confirmée par l’épidémie decancers infantiles qui a suivi l’accident à lacentrale nucléaire de Tchernobyl. Le cancerde la thyroïde est le type de cancer dontl’incidence augmente le plus rapidement chezles jeunes adultes au Canada.

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Figure 9 : Le système endocrinien. Cette figuremontre les principales glandes du système endocrinien, ycompris les testicules des hommes et les ovaires desfemmes, à des fins d’illustration seulement.

1

3

4

5

6

7

2

Source : www.emcom.ca

1 HypothalamusGlande pituitaireGlandes thyroïde et parathyroïdeSurrénalesPancréasOvaires (chez les femmes)Testicules (chez les hommes)

2

3

4

5

6

7

La perturbation chimique du fonctionnementdu système endocrinien pourrait contribuer à unlarge éventail d’effets sur la structure et lefonctionnement d’autres systèmes de l’organisme,notamment le système reproducteur. Ledérèglement du système endocrinien peut aussiaffecter le développement du cerveau, favoriserl’apparition de cancers hormonodépendants etnuire au fonctionnement du systèmeimmunitaire. Jusqu’à maintenant, les donnéessont tirées d’études sur des animaux delaboratoire, de quelques études sur des animauxsauvages et d’un nombre limité d’étudesépidémiologiques sur des populationshumaines. En attendant que la recherche sepoursuive, voici une liste des impacts possiblesde l’exposition à des produits chimiquesperturbateurs du système endocrinien :• issues défavorables de la grossesse, y compris

l’avortement spontané et la mortinatalité,changements dans le ratio hommes-femmes(conception et naissance de moins de bébésde sexe masculin)

• anomalies congénitales masculines —cryptorchidisme (retenue d’un ou des deuxtesticules dans la cavité abdominale qui lesempêche de descendre dans le scrotum) ethypospadias (anomalie de position du méaturinaire)

• diminution des numérations et de la qualitédes spermatozoïdes

• cancer testiculaire à l’âge adulte, puisque lecryptorchidisme en est un facteur de risqueconnu

• ménarche (apparition des premières règles)prématurée et puberté exceptionnellementprécoce; syndrome des ovaires polykystiques,

CHAPITRE III : LES EFFETS SUR LA SANTÉ LES PLUS PRÉOCCUPANTS

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59CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

Les alligators du lac Apopka

Lors d’un accident survenu en 1980, unfabricant de pesticides a déversé du difocol,du DDT et des métabolites de DDT* dansles eaux du lac Apopka en Floride. Lesniveaux d’exposition élevés ont trèsrapidement causé la mort de la majoritédes alligators du lac. Plus d’une décennieplus tard, la population des alligators nes’en était toujours pas remise, et lessurvivants présentaient en grand nombredes anomalies des organes sexuels qui ontréduit leur capacité de se reproduire. Lesmâles avaient des pénis malformés,seulement 20 % des oeufs pondus ontéclos, et les taux de mortalité chez lesjeunes alligators étaient anormalementélevés. Les jeunes mâles avaient des niveauxde testostérone bas, tandis que les jeunesfemelles avaient des niveaux d’estrogèneélevés et des ovaires anormaux. Lespesticides ont mimé l’action de l’estrogène,une hormone sexuelle naturelle, entraînantl’apparition de mâles démasculinisés et dedivers autres problèmes de santé génésiquequi allaient affecter la santé de générationsd’alligators à venir.

* Le DDT est interdit au Canada depuis desannées. Le difocol est un insecticide chloréhomologué au Canada pour des usagesdomestiques et commerciaux, principalementpour tuer les acariens.

Source : Guillette, L.J. et al. 1994.Developmental Abnormalities of the Gonadand Anormal Sex Hormone Concentrationsin Juvenile Alligators from Contaminatedand Control Lakes in Florida. EnvironmentalHealth Perspectives 102 : 680–688.

associé à l’anovulation chronique et à la présenced’ovaires polykystiques

• raccourcissement de la lactation (sans rapport avecdes facteurs comportementaux)

• effets neurocomportementaux (attribuables audérèglement des hormones thyroïdiennes sousl’influence de neurotoxines en cours d’exposition inutero)

• immunotoxicité à médiation endocrine• promotion de cancers dans les glandes à sécrétion

interne (seins, endomètre, testicules, prostate etthyroïde) par des substances à action estrogène(expositions prénatales, périnatales ou infantiles).

Les effets multiples sur les organes sexuels mâles ont étédésignés par le terme de syndrome de Klinefelter oudysgénésie gonadique, qui s’accompagne d’une atrophietesticulaire avec sclérohyalinose des tubes séminifères etd’autres effets développementaux associés qui peuventavoir une étiologie commune, éventuellement d’origineenvironnementale. Les effets associés de ce syndromecomprennent le cryptorchidisme et l’hypospadias, deuxanomalies congénitales, une baisse de la qualité dusperme (numérations de spermatozoïdes réduites,augmentation de la proportion de spermatozoïdesanormaux), l’hypofertilité et peut-être le cancertesticulaire.

Les incidences du cryptorchidisme et de l’hypospadiasaugmentent dans les pays industrialisés, bien que lesdonnées tendancielles restent contradictoires. Certainesétudes ont fait ressortir des associations entre desniveaux d’exposition naturelle aux phthalates et auxBPC (tels que mesurés dans l’urine et le sérum sanguin,respectivement) et certaines mesures de la qualité desspermatozoïdes. Les rapports faisant état d’unediminution des numérations de spermatozoïdes dans denombreuses régions du monde industrialisé ne

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Les phthalates

Les phthalates sont des produits chimiques employéspour assouplir les plastiques en polychlorure de vinyle(PVC). On les retrouve dans les produits en vinylesouple comme les jouets d’enfant, les instrumentsmédicaux, les revêtements de sol et les emballages. Ons’en sert aussi dans la formulation de cosmétiques, depeintures et de lubrifiants. Les préoccupations suscitéespar l’exposition causée par l’usage normal de cesproduits ont amené l’Union européenne à interdire lesphthalates dans les jouets d’enfant en 2005, à titre deprécaution réglementaire en réponse aux donnéesrelatives aux risques pour la santé. Les phthalates sontlipophiles, c’est-à-dire qu’ils présentent une affinitié pourles substances grasses, et ils sont capables de migrerdans les aliments gras à partir des matières plastiques.Les principales sources de phthalates sont les alimentsemballés dans du plastique, surtout les aliments gras, lepoisson et les fruits de mer et les cosmétiques de mêmeque l’air intérieur où des phthalates se sont dégagés desmatières plastiques, des enduits et des revêtements desol. Comme beaucoup de substances toxiques dans lesproduits de consommation, les phthalates nous ontsurpris quand ils ont commencé à être régulièrementdétectés lors des études de biosurveillance humaine; cephénomène reflète l’ampleur des expositions humainesaux phthalates et leur absorption par le corps humain.Leur toxicité n’est pas entièrement comprise et leseffets varient d’un phthalate à l’autre. Certains ont étédavantage étudiés que d’autres, mais les effets présuméssur la santé sont multiples et comprennent notammentla perturbation endocrinienne, qui a des conséquencespour la reproduction chez les hommes.

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Suggestions pour protéger la santéenvironnementale des enfants : Ne faites jamaiscuire dans un four électrique ou à gaz ou un four àmicro-ondes des aliments contenus dans des récipientsen plastique ou à couvercle en plastique (mêmes ceuxqui sont conçus pour aller au four à micro-ondes); placezplutôt les aliments dans un récipient en verre ou enporcelaine, ou substituez une assiette au couvercle enplastique (dans le four à micro-ondes) ou du papierd’aluminium (dans le four). Évitez les jouets en vinylesouple pour les jeunes enfants. Minimisez ou évitezl’exposition des enfants plus âgés aux cosmétiques etprocurez-vous des produits de rechange qui necontiennent pas de phthalates. Enlevez les revêtementsde sol en vinyle déchirés ou détériorés et aérez bienaprès l’enlèvement. Choisissez les rideaux de douche, lessacs à dos et autres produits en tissus plutôt qu’en vinylesouple.

L’Environnemental Working Group fournit une liste deproduits sans phthalates qui sont disponibles aux États-Unis (et qui est en général valable pour le Canada) qu’onpeut consulter à www.ewg.org/issues/cosmetics/phthalatefree.php.

CHAPITRE III : LES EFFETS SUR LA SANTÉ LES PLUS PRÉOCCUPANTS

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61CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

Source de la photo : Mark Surman

concordent pas. On ne dispose pas encored’assez de données pour étendre la théorieexplicative du syndrome de Klinefelter au cancertesticulaire chez les jeunes hommes. Il n’en restepas moins qu’on assiste à une nette tendance àla hausse de l’incidence du cancer testiculairechez les jeunes hommes d’un grand nombre depays, dont le Canada, et le cryptorchidisme estun facteur de risque connu pour l’apparitiontardive du cancer testiculaire.

Selon la théorie du syndrome de Klinefelter, ceseffets sur les système reproducteur masculinseraient causés par des produits chimiquesperturbateurs du système endocrinien quiaffectent le développement des gonadesmasculines (chez l’embryon) aux tous premiersstades de la grossesse et aux stades ultérieurs du

développement du foetus. La susceptibilitégénétique pourrait également être un facteur.

La liste des substances à haute toxicitédémontrée qui semblent aussi être desperturbateurs endocriniens comprend plusieurssubstances persistantes :• les BPC (en dépit de l’arrêt de leur

production dans les années 1970, les BPCsont persistants et continuent à circuler dansl’environnement)

• les dioxines et les furanes (sous-produits dela combustion et de certains procédésindustriels)

• les pesticides organochlorés (dont plusieurssont interdits au Canada mais qui, commeles BPC, continuent à circuler dansl’écosystème planétaire en raison de leurpersistance), particulièrement le DDT et sonproduit de fractionnement le DDE.

Les données scientifiques limitées dont ondispose pour le moment, qui proviennentencore une fois d’études sur des animaux etd’autres études en laboratoire, mettent en reliefle potentiel de perturbation endocrinienne :• de plusieurs phthalates (présents dans

beaucoup de plastiques et de cosmétiquesdifférent);

• du bisphénol A (employés dans despolymères, des résines, des colorants, designifugeants et des agents de liaisondentaires et présents dans de nombreuxproduits, y compris les cannettes à boissongazeuse et les récipients à aliments et à eauen plastique rigide, etc.);

• des éthoxylates de nonylphénol (surfactantsprésents dans les détergents);

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Les PBDÉ — les nouveaux BPC

Le groupe des polybromodiphényléthers, ou PBDÉ,compte plus de 200 composés, dont trois sontcouramment employés comme ignifugeants etstabilisants thermiques dans des milliers de produits. LesPBDÉ forment une partie importante de beaucoup deplastiques incorporés aux matériaux de construction,aux boîtiers des téléviseurs, des ordinateurs et des outilsà main de même qu’à des mousses et des tissus dans lestextiles et les meubles. Depuis leur introduction vers lafin des années 1970, de nombreuses études ont fini pardocumenter une contamination très étendue del’environnement. On détecte les PBDÉ dans l’airintérieur et extérieur, dans les poussières de maison etde bureau et dans les cours d’eau, les lacs et lessédiments ainsi que dans la faune et les aliments. Lesconcentrations de PBDÉ sont en train d’augmenterrapidement dans lait maternel humain, les niveaux lesplus élevés ayant été relevés chez les femmes enAmérique du Nord. Semblables sur le plan de lastructure chimique aux dioxines et aux BPC, les PBDÉsemblent aussi en partager le large éventail d’effetstoxiques. Des études sur des animaux et des donnéeslimitées sur les humains indiquent des effets deperturbation des hormones thyroïdiennes et d’autreseffets sur le système endocrinien. Des études sur desanimaux indiquent aussi que les PBDÉ sont toxiquespour le système nerveux en voie de développement etpour le système reproducteur. Ce sont des carcinogènesprésumés, et des études sur des animaux montrent queleurs effets s’ajoutent à ceux des BPC et des dioxines.L’Union européenne a interdit la vente et l’utilisation dedeux des trois PBDÉ les plus largement employés — lepentaBDÉ et l’octaBDÉ — en janvier 2003 et prévoitinterdire le troisième — le décaBDÉ — d’ici quelquesannées. Les gouvernements de la Californie et du Maineen ont fait autant.

Suggestions pour protéger la santéenvironnementale des enfants : Demandez auxdétaillants s’ils offrent des produits sans PBDÉ, et s’ilsrépondent par la négative, demandez leur pourquoi.Couvrez toute mousse exposée sur les articlesdomestiques, et jetez toute mousse qui s’émiette ou nepeut être contenue. Évitez les aliments riches en gras car,à l’instar des autres polluants organiques persistants(POP), les PBDÉ s’accumulent dans les tissus adipeux etse concentrent en gravissant les échelons de la chaînealimentaire. Demandez au gouvernement fédéral desuivre l’exemple de l’Union européenne en interdisant lesPBDÉ. Pour de plus amples informations, voir l’ensembledes documents sur les PBDÉ accessibles au site Web duPCSEE à www.healthyenvironmentfor kids.ca/english/special_collections/fulltext.shtml?x=784.

CHAPITRE III : LES EFFETS SUR LA SANTÉ LES PLUS PRÉOCCUPANTS62

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63CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

• d’autres pesticides (souvent chlorés) —nommément des fongicides — le vinclozolin,l’iprodione et le procymidone — et les ÉBDC;

• le perchlorate, employé comme sourced’oxygène dans les carburants pour missileset fusées;

• les ignifugeants bromés, y compris les PBDÉ,le pentabromophénol et letétrabromobisphénol A (présents dans denombreux produits de consommationcomme les mousses, les étoffes et les boîtiersd’ordinateur et de maints autres appareilsélectroniques, etc.); et

• les organo-étains (employés comme pesticidesdestinés à tuer les huîtres qui adhérent auxcoques des bateaux de plaisance).

Beaucoup d’autres substances sont soupçonnéesd’avoir des propriétés qui sont de nature àperturber le système endocrinien. Pour une listede perturbateurs endocriniens présumés, rendez-vous au site www.scorecard.org. Enfin, il existedes sources naturelles de perturbateursendocriniens comme les phytoestrogènesproduites par certaines plantes. Il y a aussi desmédicaments tels que les anovulants(comprimés contraceptifs) et les hormonesadministrées à titre d’hormonothérapiesubstitutive postménopausique qui servent àmanipuler délibérément le système endocrinien.Depuis qu’on détecte ces produitspharmaceutiques et d’autres encore dans l’eau desurface et l’eau potable au Canada, on sait qu’ilse produit des expositions environnementalesnon voulues à des substances aux risquesincertains. Pour de plus amples informationspubliées par Environnement Canada, rendez-vousà www.nwri.ca/research/pharmaceuticals-f.html.

Le système immunitaire

Le corps se protège contre les agents infectieux etcertaines autres substances étrangères en leuropposant deux mécanismes principaux : desbarrières physiques et le système immunitaire.Les barrières physiques sont la peau, lesmuqueuses, l’acide gastrique et le réflexetussigène.

Si des organismes nuisibles ou des particulesallergènes franchissent ces barrières, le systèmeimmunitaire inné prend la relève. Le systèmeimmunitaire inné reconnaît (au moyen desystèmes de reconnaissance anciens et plutôtprimitifs) que les substances sont « étrangères »

Source de la photo : Mark Surman

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et déploie des enzymes, des globules blancs(leucocytes), des produits chimiques (tels quel’interféron) et des protéines pour les attaquer.L’immunité acquise se constitue peu à peu au furet à mesure que le corps est exposé à diversantigènes (substances étrangères). En réponse àde telles expositions, le corps crée des anticorpsou s’attaque directement à un antigène donné.L’immunité artificielle est une autre formed’immunité acquise créée dans le corps par desvaccins. Les bébés jouissent aussi d’une immunitépassive grâce au système immunitaire de leurmère quand ils sont encore dans l’utérus et s’ilssont allaités au sein.

On parle d’immunodéficience quand le systèmeimmunitaire réagit insuffisamment(immunosuppression), réagit de manièreexcessive (immunostimulation, ou plusexactement, régulation à la hausse) ou réagit demanière inappropriée. L’immunosuppressionentraîne une diminution de la capacité decombattre les infections, tandis que la régulationà la hausse amène le corps à former desanticorps et à réagir contre des substances qui nesont pas nécessairement toxiques. Lasensibilisation joue un rôle dans ledéveloppement de l’asthme et des allergies.

Les effets des expositions environnementales surle développement et le fonctionnement dusystème immunitaire sont incomplètementcompris. Il existe des données qui lient les BPCet les dioxines à des effets immunotoxiques.Certaines indications mettent aussi en cause lespesticides organochlorés, et des données limitéesobtenues dans le cadre d’études sur des animaux

qui semblent indiquer que d’autres pesticidesont des effets sur le système immunitaire. Desétudes sur des animaux indiquent toute unesérie d’effets possibles de l’exposition aux rayonsultraviolets (UV) qui ne sont pas entièrementcompris ou confirmés, dont une baisse de larésistance aux infections, la promotion du cancerde la peau et une diminution de l’efficacité desvaccins.

Une multiplicité d’effets sur lasanté

Autant il est utile pour la compréhension dedécrire les divers systèmes du corps humainséparément, autant il est important de serappeler que ces systèmes se développent etfonctionnent ensemble comme un tout intégré.De la même façon, on peut décrire séparémentles expositions aux risques environnementaux,en distinguant les expositions aériennes,aquatiques et alimentaires, par exemple. Mais enréalité, les enfants sont exposés par des voiesmultiples à des risques multiples (chimiques,biologiques et physiques) et certains de cesrisques peuvent avoir à leur tour des effetsmultiples.

Certaines expositions sont particulièrementimportantes parce qu’elles entraînent tout unéventail d’effets sur la santé, parfoissimultanément. Le plomb, le mercure, l’arsenic,les BPC, les dioxines, les furanes, la radiationionisante et de nombreux pesticides et polluantsatmosphériques contribuent de façon certaine

CHAPITRE III : LES EFFETS SUR LA SANTÉ LES PLUS PRÉOCCUPANTS

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65CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

ou présumée à de multiples effets sur la santé.Par exemple, beaucoup de pesticides sontcapables de causer une série d’effets aigus et ontété liés à l’un ou à plusieurs des effetschroniques suivants : risque accru de cancer,déficits neurologiques, problèmes respiratoires,immunodéficience et perturbation des systèmesendocrinien et reproducteur.

La pollution atmosphérique est fortementassociée à l’asthme et à d’autres troublesrespiratoires, en plus de contenir descarcinogènes connus comme ceux qu’onretrouve dans les gaz d’échappement desmoteurs diesel. Or, des études récentes ontégalement trouvé des associations entrel’exposition maternelle à la pollutionatmosphérique urbaine et des effetsdéveloppementaux, dont une tendance au faiblepoids à la naissance et à la naissance prématurée,certaines anomalies congénitales du coeur et desanomalies chromosomiques dans le sangombilical du foetus qui pourraient prédisposerl’enfant au cancer à plus long terme.

De la même façon, l’exposition de hauteintensité ou répétée aux rayons ultraviolets peutfaire vieillir prématurément la peau, accroître lerisque de cancer de la peau plus tard dans la vie,endommager la rétine, accroître le risque decataractes futurs et affaiblir le systèmeimmunitaire. Les dérégulateurs (ouperturbateurs) endocriniens semblent pouvoiraffecter la reproduction et le développement, lecerveau et le système immunitaire et favoriser ledéveloppement du cancer.

Les expositions susceptibles de contribuer à demultiples effets sur la santé sontparticulièrement préoccupantes. On doitaccorder la priorité à l’adoption de mesures decontrôle et de précaution afin de réduire oud’éviter ces expositions si on veut protéger lasanté des enfants avant et après la naissance.

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67CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

Un survol descriptif et analytique des expositions

Deux questions évidentes viennent à l’esprit quand on pense aux vulnérabilités desenfants aux problèmes de santé dont il a été question dans le chapitre précédent :(1) Où se produisent les expositions aux risques environnementaux? (2) Que peut-on y faire? Ce n’est pas particulièrement utile de dire que les produits chimiquessont essentiellement omniprésents, même si c’est vrai. Il faut plutôt savoir quellessont les sources et les voies d’exposition qui comptent le plus, et où on a lesmeilleures chances de pouvoir y faire quelque chose.

Toute tentative de décrire les expositions suppose qu’on se penche sur les voies etles mécanismes de dispersion de milliers de substances dans l’environnement.L’exposition peut être mesurée directement en fonction des concentrations decontaminants dans le sang ou d’autres tissus et indirectement en fonction desconcentrations dans l’air, l’eau, les aliments, le sol, la poussière, et ainsi de suite. Lesquantités absorbées quotidiennement sont estimées pour chacun de ces moyens detransport environnemental.

Chapitre IV : Les expositions desenfants

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L’exposition à une substance n’entraîne pasnécessairement son absorption dans le corps.L’entrée de certaines substances dans l’organismepeut être partiellement ou complètementbloquée par la peau, les poumons et le systèmedigestif d’un adulte. Chez les enfants, cesmécanismes peuvent être immatures ou nonencore fonctionnels. Une fois à l’intérieur ducorps, une substance peut agir au pointd’absorption ou circuler dans le sang et entrer encontact avec divers tissus, systèmes et organes ouencore s’accumuler dans les tissus adipeux ou lesos. Parmi les facteurs qui déterminent jusqu’àquel point une substance peut affecter la santéd’un enfant, notons :• la quantité (ou la « dose ») reçue, c’est à dire

la vraie dose « interne » ou la quantité d’unetoxine efficacement absorbée;

• la possibilité de la conversion de la toxine endes produits de fractionnement plus oumoins toxiques;

• la toxicité de la substance;• le taux d’excrétion de la substance et (ou)

son fractionnement en des substances sansdanger;

• la persistance de la substance et son pouvoirde bioaccumulation;

• la fréquence de l’exposition;• la voie de l’exposition (inhalation, ingestion

et (ou) absorption);• la durée de l’exposition (courte ou longue);• le moment où se produit l’exposition; et• les autres substances présentes au moment

de l’exposition.

Pour tous ces facteurs, la variabilité peut êtreconsidérable pour toutes sortes de raisons, qu’ils’agisse de différences génétiques, de l’âge ou duniveau de développement de l’enfant aumoment de l’exposition (surtout quandl’exposition se produit pendant une période dedéveloppement), du comportement, du sexe, del’état nutritionnel, de l’état général de santé, dela situation économique de la famille, etc.

Il y a manifestement beaucoup de choses àprendre en considération en mesurant ou enestimant l’exposition. Dans l’intérêt d’offrir unedescription des expositions des enfants, le restede ce chapitre est consacré aux circonstancesspéciales dans l’utérus et pendant l’allaitement età la description des expositions selon quatremilieux de transport : l’air et la poussière(intérieurs et extérieurs), l’eau et les aliments. Lelecteur trouvera d’autres informations sur lamanière d’éviter tel ou tel type d’exposition dansles suggestions pour protéger la santéenvironnementale des enfants insérées ça et làdans le présent document et dans le Chapitre VI.

CHAPITRE IV : LES EXPOSITIONS DES ENFANTS

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69CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT 69

Le poisson est riche en protéines et en acides gras omega-3qui sont essentiels au développement du cerveau et aufonctionnement d’un organisme en santé. La plupart desespèces de poisson sont contaminées à divers degrés par leméthylmercure. Les concentrations sont particulièrementfortes au sommet des chaînes alimentaires des eaux doucesou de la mer. Le mercure émane d’un grand nombre desources, la principale étant les centrales thermiquesalimentées au charbon, et se déplace dans les écosystèmesaquatiques, où il est biotransformé en méthylmercure pardes microorganismes aquatiques. Les niveaux deconcentration augmentent au fur et à mesure qu’on montedans la chaîne alimentaire grâce à un processus appelé labioamplification. Les femmes et les enfants, mais surtout lesfemmes qui portent un enfant et celles qui allaitent, fontface à un dilemme ironique et inquiétant. Elles devraientmanger du poisson pour obtenir des acides gras omega-3,des nutriments toujours importants, et spécialementimportants pendant la grossesse vu leur rôle dans ledéveloppement d’un cerveau foetal en santé. En mêmetemps, les femmes enceintes doivent éviter lesconséquences neuropathologiques de l’exposition du foetusau méthylmercure.

Suggestions pour protéger la santéenvironnementale des enfants : Continuez à manger dupoisson, mais choisissez les espèces avec soin. Les avis auxconsommateurs de poisson visent les femmes en âge deprocréer, les femmes enceintes et les femmes qui allaitentde même que les enfants de moins de 15 ans. Les avis auxconsommateurs de poisson peuvent causer une certaineconfusion parce qu’ils ne disent pas la même chose auxÉtats-Unis qu’au Canada et que leurs recommandationspeuvent varier selon les différents groupes d’âges, lesdifférentes espèces de poisson et même à l’intérieur d’unemême espèce, comme c’est le cas pour les différents typesde thon. Santé Canada recommande que les femmesenceintes, les femmes en âge de procréer et les jeunesenfants limitent leur consommation de requin, d’espadon et

Les avis aux consommateurs de poisson : Comment limiter l’exposition auméthylmercure

de thon frais ou congelé à un seul repas par mois. Aux États-Unis, par contre, l’US FDA et l’US EPA recommandent queces personnes évitent complètement le requin, l’espadon, lethazard et le tile. Cependant, en ce qui a trait au thon fraisou congelé, la recommandation américaine d’un repas parsemaine est moins prudente. Dans le cas des poissonscontenant moins de mercure tels que le thon à chair pâleen conserve, la crevette, le saumon, le goberge et lepoisson-chat, l’US EPA et l’US FDA recommandent une limitegénérale de deux repas de poisson par semaine. Mais, dansle cas du thon blanc (albacore), la recommandation est d’unrepas par semaine à l’intérieur de la limite générale de deuxrepas par semaine. Santé Canada n’émet aucun avis auxconsommateurs concernant le thon en conserve ou delimites hebdomadaires générales pour la consommation depoisson. D’autres poissons qui tendent à contenir moins demercure sont la truite d’élevage, l’aiglefin, le tilapia et la plie.

Pour de plus amples informations au sujet du mercure etdes avis aux consommateurs de poisson, voir :• Santé Canada à www.hc-sc.gc.ca/ahc-asc/media/

advisories-avis/2002/2002_41_f.html• US FDA et US EPA à www.cfsan.fda. gov/~dms/

admehg3.html• Guide de consommation du poisson gibier de l’Ontario à

www.ene.gov.on.ca/envision/guide/index-fr.htm• Mercury in the environment : A Primer de Pollution Probe à

www.pollutionprobe.org/Publications/Primers.htm• Document d’orientation de l’OPHA sur le méthylmercure

dans le poisson à www.opha.on.ca/ppres/2004-04_pp.pdf

• SeaFoodWatch, pour des informations sur le choix depoissons pêchés où élevés selon des principes de gestionviable des ressources, à www.mbayaq.org/cr/seafoodwatch.asp

• Physicians for Social Responsibility and the Association ofReproductive Health Professionals, pour des informationssur les niveaux de mercure et sur la viabilité desméthodes de pêche à www.mercuryaction.org/fish.

CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

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Figure 10 : Quantité depolybromodiphényléthers (PBDÉ) dans deséchantillons de foie foetal et de placentaprélevés au Canada

Source : Doucet J., D.L. Arnold, et al., 2004.

L’utérus : le premierenvironnement

Dans l’utérus, les vaisseaux sanguins du placentatransportent l’oxygène, l’eau, les nutriments etles autres substances dont l’embryon et le foetusont besoin pour se développer. Le placenta sertaussi de moyen de communicationbidirectionnelle car il permet au foetusd’envoyer des signaux hormonaux au corps de lamère. Le placenta, qui fonctionne un peucomme une membrane semi-perméable, bloquetrès efficacement la plupart des bactéries. Mais iln’est pas toujours capable de bloquer ou dedétoxiquer les métaux ou d’autres produitschimiques, surtout ceux qui sont petits et légers

1998 1999 2000 2001 2002 2003Année

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)et qui se dissolvent rapidement dans le gras. Lescontaminants présents dans l’air, l’eau et lesaliments qui sont absorbés par une femmeenceinte et ceux qui sont accumulés dans cestissus n’ont dans la plupart des cas aucunedifficulté à franchir le placenta et atteindrel’embryon et le foetus. Selon des études récentes,les processus métaboliques dans le placentapeuvent augmenter la concentration deméthylmercure. Par conséquent, laconcentration de méthylmercure dans le sang dufoetus peut dépasser d’environ 70 % laconcentration de méthylmercure dans le sang dela mère.

Le lait maternel : le premieraliment

Les bébés humains sont immatures à lanaissance. En fait, les bébés humains sont bienplus immatures que les nouveaux-nés de laplupart des autres espèces. Le développementsain qui se produit après la naissance est rendupossible et favorisé par le lait maternel etl’allaitement.

Le premier « lait » maternel est un liquidejaunâtre qui commence à se former dans le seindès le milieu de la grossesse et qu’on appelle lecolostrum. Il est riche en protéines, envitamines, en anticorps, en substances quifavorisent la croissance et en cellulesimmunitaires vivantes. Le colostrum et le laitmaternel aident le nouveau-né à combattre lamaladie en permettant à la mère de lui conférerune immunité temporaire pendant les premiers

CHAPITRE IV : LES EXPOSITIONS DES ENFANTS

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71CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

mois de sa vie, car le système immunitaire n’estpas complètement développé à la naissance.

Le système digestif n’est pas non pluscomplètement développé à la naissance. Le laitmaternel aide a accélérer la croissance del’intestin et, grâce à des mécanismes qui ne sontpas encore entièrement compris, aide à la miseen place du système de communication entre laparoi du tube intestinal et le systèmeimmunitaire en voie de développement.

Le lait maternel contribue aussi audéveloppement du système immunitairepermanent de l’enfant, et des études ont montréque le lait maternel réduit le risque et la gravitéde toute une séries de maladies : notamment lesmaladies respiratoires, infections des oreilles,allergies, maladies gastrointestinales (dont ladiarrhée) et peut-être même le diabète et lecancer.

La recherche indique aussi que les apports dulait maternel et l’allaitement au développementneurologique et cognitif sont importants etmultiples. Les auteurs de certaines étudescomparant les bébés allaités au sein aux bébésnourris au lait maternisé ont trouvé que lesbébés allaités au sein sont plus matures, plusassurés et plus affirmés, obtiennent de meilleursrésultats dans les tests de développement, ontmoins de chances de souffrir de troublesd’apprentissage et ont des notes de QI plusélevées. Ces études indiquent aussi que plusl’allaitement dure dans le temps, plus ladifférence de quotients intellectuels entre lesenfants allaités au sein et les enfants nourris aulait maternisé est grande. Qui plus est, les

enfants allaités au sein connaissent undéveloppement plus rapide de la vue, maîtrisentplus rapidement les habilités motrices etprésentent moins de problèmes affectifs etcomportementaux.

De la même façon, les mères qui allaitentéprouvent moins de saignements post-partum,ont des os en meilleure santé et ont des tauxplus faibles de cancer de l’ovaire et de cancer dusein préménopausique plus tard dans la vie queles mères qui n’allaitent pas. À ces avantagess’ajoutent les bienfaits affectifs profondémentimportants et précieux pour la mère et pourl’enfant.

Le lait maternel contient tout ce dont un bébé abesoin pendant les six premiers mois de sa vie. Ilcontient aussi des produits chimiquesindustriels, des pesticides, des ignifugeants(PBDÉ) et des métaux lourds à l’état de trace. Lessubstances liposolubles sont particulièrementpréoccupantes parce qu’elles se concentrent dansle lait maternel en quantité proportionnelle àleur présence dans les tissus adipeux de la mère.Plusieurs des contaminants retrouvés dans le laitmaternel sont des polluants organiquespersistants (POP), dont des pesticides interditscomme le DDT (ou ses produits defractionnement), les BPC, les dioxines et lesPBDÉ.

Le lait maternel, qui demeure la nourritureparfaite pour les bébés, provient du corps de lamère. Par conséquent, ce sont les bébés qui senourrissent au sein et non pas leurs parents quisont au sommet de la chaîne alimentaire. Oncontinue à détecter du DDT et des BPC dans le

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lait maternel, mais les concentrations ontdiminué de façon constante depuis qu’on aabandonné la production de ces substances et(ou) qu’elles ont été interdites dans les années1970. Les concentrations de dioxine dans le laitmaternel ont également diminué dès l’adoptionde contrôles réglementaires, et par la suite. Parcontre, en Amérique du Nord, les concentrationsde PBDÉ dans le lait maternel sont en constanteprogression depuis qu’on a commencé à lesmesurer au début des années 1990. On aconstaté une augmentation constante desconcentrations de PBDÉ depuis la fin des années1970 dans des échantillons de lait maternel

qu’on avait commencé à recueillir en Suèdedepuis le début des années 1970. Cependant, enSuède et dans d’autres pays européens, lesconcentrations de PBDÉ dans le lait materneldiminuent depuis que ces substances y ont étéinterdites à la fin des années 1990 en réponseaux résultats des analyses du lait maternel et auxinquiétudes quant à leur toxicité (voir la Figure 11).

On ne dispose pas encore de données suffisantespour évaluer le risque d’effets nocifs possiblesdes expositions typiques des nourrissons auxcontaminants dans le lait maternel. Dans le casdes BPC, la plupart des études qui ont trouvé des

Figure 11 : Évolution de la concentration de produits chimiques dans le lait maternel, Suède

Source : Adaptation à partir de NRDC (www.nrdc.org/breastmilk/chems.asp) et de Hooper et She, 2003.

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2005

Concentration (ng/g lipides)

CHAPITRE IV : LES EXPOSITIONS DES ENFANTS

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73CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

liens entre les BPC et des déficitsneuropsychologiques chez des enfants d’âgescolaire ont montré que ces déficits étaientassociés à des expositions prénatales plutôt qu’àdes expositions postnatales. Les études sur cettequestion demeurent assez peu nombreuses, et ilest difficile de différencier les expositions dansl’utérus de celles qui sont attribuables àl’allaitement. Les chercheurs tendent àconsidérer les expositions dans l’utérus commeplus préoccupantes que les expositions causéespar l’allaitement parce que l’enfant est plusvulnérable pendant les divers stades dedéveloppement foetal.

Les dangers possibles posés par les contaminantsdans le lait maternel doivent être mis dans labalance avec les bienfaits pour la santé bienétablis du lait maternel et les risques associés auxpréparations alimentaires commerciales pournourrissons. Il est parfois nécessaire de recourir àde tels produits, y compris le lait maternisé, quisont visés par des normes et des méthodesdestinées à assurer qu’ils sont fabriqués etutilisés dans des conditions de sécurité. Or, lafabrication, la préparation et l’emploi de cesproduits peuvent créer des occasions pour lacontamination par des bactéries (si le laitmaternisé contient de l’eau contaminée par desmicroorganismes) et des substancespotentiellement toxiques. En général, lespréparations pour nourrissons, comme tous lesaliments, contiennent des contaminants à l’étatde trace. Par exemple, on a retrouvé des métaux(plomb, aluminium et cadmium), des POP(BPC et dioxines) et des phthalates dans desproduits alimentaires pour nourrissons. Le profildes contaminants dans le lait maternisé estlégèrement différent de celui du lait maternel, lelait maternel contenant généralement de plusfortes concentrations des substances persistantesqui s’accumulent dans la chaîne alimentaire.Souvent fabriqués ou reconstitués avec de l’eaudu robinet, les produits alimentaires pournourrissons peuvent être contaminés par lessubstances toxiques présentes à l’état de tracedans cette eau. Si on emploie de l’eau de puits,les nitrates et nitrites pourraient constituer undanger. Santé Canada recommande que l’eau depuits soit testée au moins deux fois par année sil’eau est incorporée à des produits alimentairespour nourrissons afin d’éviter tout risque de« maladie bleue » (méthémoglobinémie).

Figure 12 : Concentrations internationales dePBDÉ dans le lait maternel

60

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Source : Northwest Environment Watch, 2004.

Nord-ouest

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L’air intérieur et la poussière

Les enfants passent plus de 80 % de leur temps àl’intérieur, en grande partie à la maison. Lesexpositions peuvent varier en fonction descirconstances, qu’on soit en zone urbaine,suburbaine ou rurale, à l’intérieur dans lesmaisons ou les appartements et à proximité devoies de circulation automobile ou de secteursindustriels. La pauvreté peut aussi contribuer àdes expositions plus importantes à la maison,comme nous l’avons vu au Chapitre II. Outre lanourriture et de l’eau, que nous décrirons plusloin, les deux agents d’exposition à la maisonsont l’air intérieur et la poussière, auxquelss’ajoutent les circonstances particulières desrénovations et de certains passe-temps.

La qualité de l’air intérieur suscite de plus enplus d’inquiétudes. Les mesures visant à accroîtrel’efficacité énergétique ont pesé sur la qualité del’air intérieur entre autres en réduisant l’aérationdes espaces où des expositions risquent de seproduire. L’US EPA classe la pollutionatmosphérique intérieure parmi les cinq plusgrands risques environnementaux pour la santéhumaine en s’appuyant sur des mesures despolluants de l’air intérieur dont les niveaux sontde deux à cinq fois plus élevées et dans certainscas jusqu’à 100 fois plus élevés que ceux despolluants extérieurs. Les sources intérieures decertains polluants comme le plomb et lespesticides semblent dépasser en importanceleurs sources extérieures.

Le sein est toujours le plus sain!Toutes les grandes organisations dans le domaine de lasanté, dont Santé Canada, la Société canadienne depédiatrie, l’American Academy of Pediatrics et l’Organisationmondiale de la Santé ne cessent de souligner la valeur etl’importance de l’allaitement, même dans unenvironnement contaminé par des substances toxiques.En 2002, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) aexaminé les données existantes sur l’allaitement et, deconcert avec l’UNICEF, a invité le secteur de la santé etles autres secteurs concernés à protéger, à promouvoiret à appuyer l’allaitement exclusif pendant les sixpremiers mois de la vie des enfants et la poursuite del’allaitement au moins jusqu’à l’âge de 2 ans.Source de la photo : Mark Surman

CHAPITRE IV : LES EXPOSITIONS DES ENFANTS

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75CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

Les poussières intérieures

Des études récentes au Royaume-Uni, en Europe et aux États-Unis ontdétecté dans les poussièresintérieures toute une série d’agentschimiques qui proviennent tous deproduits de consommation :• des phthalates, provenant de toute

évidence des revêtements de solen vinyle et d’autres articles enplastique ou vinyle souple tels queles rideaux de douche;

• des composés d’alkylphénolprésents dans des cosmétiques etd’autres produits d’hygiène et debeauté;

• des produits chimiquespolybromés utilisés commeignifugeants dans les meubles etles appareils électroniques;

• des organo-étains employés pourstabiliser les plastiques PVC oupour tuer les acariens détricolesdans les tapis; et

• des paraffines chlorées à chaînecourte incorporées aux matièresplastiques, aux peintures et auxcaoutchoucs.

D’autres études ont trouvé desrésidus de pesticides et de métauxlourds dans des poussièresintérieures. Le plomb provenant de lavieille peinture est particulièrementpréoccupant. On estime que 50 % duplomb absorbé chaque jour en milieuurbain par les enfants de 2 ans vient

Figure 13 : Risques d’exposition au plomb dans les foyerscanadiens. Une forte proportion (environ 25 %) des enfants auCanada vivent dans des habitations construites avant 1960. Cette figuredonne également les pourcentages selon les données des recensementsnationaux de 1991, 1996 et 2001. Les peintures fabriquées avant 1976peuvent contenir des concentrations de plomb dangereuses. Avant 1960,la teneur en plomb dans la peinture était souvent très élevée — parfoisjusqu’à 50 % par poids. Toute vieille peinture doit être considéréecomme un risque d’exposition au plomb quand elle s’use normalement(à cause des éclats et autres poussières domestiques qui s’en dégagent)et surtout pendant les travaux de rénovation (ou quand on remet devieux meubles à neuf).

Source : Statistiques Canada. Recensement de la population. 1991, 1996et 2001.

Âge

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… suite à la page suivante

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Les poussièresintérieures (suite)

de l’ingestion de poussièredomestique dans le cadre descomportements main-bouchenormaux.

Suggestion pour protéger lasanté environnementale desenfants : Traitez la poussièredomestique comme un risquepour la santé environnementalequi requiert son éliminationphysique. Nettoyez à l’aide d’unliquide — passez le balai à frangeou à éponge ou essuyez à l’aided’un linge mouillé au lieud’épousseter — ou servez-vousd’un aspirateur. Ne laissez pas lesenfants ou les femmes enceintesvider les sacs d’aspirateur. Preneztoutes les précautions voulues enjetant les sacs d’aspirateur, qu’onne doit jamais composter. Éliminezles chiffons à poussière avec soinou lavez-les à part. Prenez la mêmeprécaution avec la charpie dans lessécheuses et avec la poussière etla saleté à l’intérieur des véhicules.Lavez-vous souvent les mains,surtout avant de manger ou depréparer à manger.

L’étude scientifique des expositions par l’air intérieur est undomaine récent et en plein essor. Il ne fait plus aucun douteque la fumée secondaire, aussi appelée fumée de tabacambiante (FTA), constitue un sérieux risque pour la santé desenfants. On pense que l’exposition à la FTA et à d’autresagents résidentiels, que ce soit à cause de l’utilisation d’unpoêle à gaz et de la présence d’un chien, pourraient être àl’origine de presque 40 % des cas d’asthme diagnostiqués pardes médecins aux États-Unis. On croit que le risque d’asthmeet d’autres problèmes respiratoires est également accru pard’autres expositions intérieures comme la présence departicules inhalables provenant des feux de foyer ou les poêlesà bois, des COV (voir l’encadré) et des allergènes biologiquestels que les moisissures, les squames des animauxdomestiques et des acariens détricoles et blattes domestiques.

Un ensemble de données de plus en plus complet vientconfirmer l’idée que les poussières intérieures sont unmélange complexe de particules et de produits chimiques quipeuvent être fortement contaminés. C’est un milieud’exposition très importante pour les enfants, qui passentbeaucoup de temps à ramper et à se mettre les mains dans labouche, et la poussière devrait également être reconnuecomme une source d’exposition potentielle pour les femmesenceintes selon les techniques de nettoyage qu’ellesemploient.

Les particules et les substances dans la poussière domestiquepeuvent provenir du sol extérieur et des poussières de la ruetransportées à l’intérieur sur les chaussures, de la retombée depolluants suspendus dans l’air intérieur, de l’utilisation depesticides à l’intérieur, du transport involontaire à l’intérieurde pesticides appliqués à l’extérieur, de squames humaines etanimales (lamelles qui se détachent de l’épiderme), devêtements, de tapis, de revêtements de sol, de meubles,d’articles de literie et d’autres biens de consommation demême que de la détérioration des surfaces peintes dans lesparties très passantes de la maison.

CHAPITRE IV : LES EXPOSITIONS DES ENFANTS

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77CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT 77

Les tapis

Les tapis nouvellement posés peuventémettre des COV et d’autres composés semivolatils qui se dégagent des fibres, de l’endosdu tapis et des produits chimiques appliquéscomme ignifugeants pendant ou après lafabrication. Les tapis importés sont parfoistraités avec des pesticides en vue de leurtransport. Ces substances peuvent continuerà dégager des gaz pendant des mois et desmois. Les vieux tapis regorgent souvent depoussière et de produits chimiques ensuspension dans l’air qui ont fini par retomber.Un mètre carré d’un vieux tapis peut contenirjusqu’à 400 fois plus de poussière qu’unmètre carré de plancher nu dans la mêmemaison. En présence d’humidité, les tapisdeviennent d’excellents milieux de culturepour les moisissures. La plupart des produits denettoyage pour tapis contiennent des produitschimiques susceptibles de provoquer dessymptômes respiratoires et d’irriter les yeux.

Suggestions pour protéger la santéenvironnementale des enfants : Posez-vous la question : Est-il vraiment nécessairede mettre des tapis, surtout là où jouent lesenfants? S’il en faut, choisissez des tapis et desshampoings pour tapis qui sont « sans dangerpour l’environnement ». Aérez bien la pièceaprès avoir placé des tapis qui sont neufs ouqui ont subi un nettoyage professionnel.Envisagez de couvrir les surfaces dures avecde petits tapis qui sont faciles à secouer ou àlaver. Quand vous prévoyez changer de tapis,donnez la priorité aux zones où les enfantspassent beaucoup de temps. Passez l’aspirateursouvent sur vos tapis existants et assurez unebonne ventilation. Enlevez vos chaussures à laporte et mettez aux entrées des tapis deplancher que vous pourrez laver régulièrement.

Toute une gamme de produits chimiques servent àrendre des produits souples ou rigides, durables ouflexibles, colorés, parfumés, épais, ignifuges ou résistantsaux égratignures ou aux tâches. On dispose de plus enplus de données qui indiquent que beaucoup de cesproduits chimiques s’incorporent à l’air intérieur ou à lapoussière en cours d’utilisation normale des produits deconsommation. S’ils sont persistants, et c’est souventcette propriété qui contribue à leur résistance aux tachesou aux flammes, ils peuvent s’accumuler dansl’environnement intérieur.

Les écoles, les garderies et les centres récréatifs

La pollution atmosphérique intérieure ne se limite pas àla maison. Elle peut être présente dans les écoles, lesgarderies et les centres récréatifs. On ne dispose pas dedonnées nationales pour le Canada, mais des étudesréalisées aux États-Unis indiquent qu’il y a desproblèmes de qualité de l’air intérieur dans la moitié desécoles; des études régionales en Ontario ont trouvé desconditions semblables.

Les écoles sont des lieux où il est particulièrementdifficile de s’attaquer aux problèmes de qualité de l’airintérieur. Les ressources sont limitées et beaucoupd’écoles ont dû faire face à des compressionsbudgétaires. La sollicitation des installations et deséquipements scolaires par de grandes concentrations depersonnes conduit à l’utilisation de produits denettoyage et (ou) de pesticides puissants.

Quand les édifices scolaires sont vieillissants et ontfréquemment besoin d’entretien et de réparation, lesproblèmes de poussière, de moisissure et d’organismesnuisibles peuvent se multiplier. Les activités d’entretienrégulier et de rénovation périodique peuvent également

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Les composés organiques volatils (COV)

L’odeur de la colle, de la peinture, des assainisseurs d’air, desmeubles ou tapis neufs, des boules de naphtaline et denombreux produits de nettoyage, produits d’hygiène et debeauté est un signe que des composés organiques volatils(COV) sont en train d’être libérés dans l’air. Les COVforment un important groupe de composés organiquescarbonés qui se volatilisent rapidement à la températurenormale d’une pièce. Dans le cas des meubles ou des tapisneufs, ces odeurs sont le résultat de ce qu’on appellecommunément le « dégagement gazeux. » Les COV qu’onretrouve le plus couramment dans l’air intérieur sont leformaldéhyde, le phénol, le benzène, le xylène et le toluèneet ils sont associés ou mis en cause dans un éventail deproblèmes de santé génésique et (ou) infantiles. Lesémissions de COV sont les plus fortes immédiatement aprèsl’utilisation ou l’installation de produits et de matériaux etleurs temps de dispersion varient considérablement. LesCOV qui se dégagent d’une peinture fraîchement appliquéebaisseront rapidement et seront minimes au bout dequelques semaines, tandis que ceux qui se dégagent desproduits en bois aggloméré ou de certains types de tapispeuvent persister pendant des années à l’intérieur. PlusieursCOV toxiques sont associés à la fumée de cigarette.

Suggestion pour protéger la santé environnementaledes enfants : Bannissez les COV de l’intérieur de la maisonou réduisez-en la quantité en choisissant des produits et desmatériaux à faible teneur en COV dont les étiquettesportent une mention du genre « non toxique, » « sansdanger pour l’environnement » ou « à faible teneur en COV. »En règle générale, moins de COV sont émis par les matièresnaturelles non traitées comparativement aux matièressynthétiques et (ou) traitées. Optez pour des solutionsd’aménagement des aires de jeu pour les enfants qui nenécessitent pas de tapis.

Pour de plus amples informations sur les COV, voir lapublication Primer on Volatile Organic Compounds (VOCs) dePollution Probe à www.pollutionprobe.org/Publications/Primers.htm.

contribuer à la mauvaise qualité de l’airintérieur. Les autres sources decontaminants dans l’air sont notammentles produits chimiques dans certainesfournitures artistiques, les machines àphotocopier et à contre coller, lesparfums et les meubles. La poussièredans les écoles peut aussi contenir duplomb provenant de la peinture et de laterre, des pesticides et des diverscontaminants dans les poussièresintérieures décrits plus haut. La qualitéde l’air dans une école sera dans unegrande mesure déterminée par laquantité d’air qui circule dansl’immeuble. Des taux faibles derenouvellement de l’air contribuent à lamauvaise qualité de l’air intérieur, ce quiillustre la difficulté supplémentaired’essayer de minimiser les coûts dechauffage des grands immeubles tout enétant éventuellement obligé de garderdes fenêtres ouvertes dans desimmeubles plus âgés dont les systèmesde ventilation sont souvent inadéquats.

Ce sont en grande partie les mêmesproblèmes qui se posent dans les centresd’éducation et dans les garderies selonl’emplacement, les programmesd’entretien et l’âge des bâtiments.Quelque 1,4 millions d’enfants auCanada, soit près de 50 % des enfants de0 à 6 ans, passent environ huit heurespar jour, cinq jours par semaine, dans detels centres. Un des problèmes les plussérieux tient au fait que les infections sepropagent très rapidement dans les

CHAPITRE IV : LES EXPOSITIONS DES ENFANTS

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79CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

Source de la photo : Comstock

Se promener en voiture et en autobus

Beaucoup d’enfants canadiens se rendent à l’école àbord d’un autobus scolaire, dont la plupart sont munisde moteurs diesel. Le Centre international de recherche surle cancer considère les gaz d’échappement des moteursdiesel comme un carcinogène probable pour les humains.Les gaz d’échappement des moteurs diesel sont aussi liésà l’irritation des yeux et des voies respiratoires, àl’aggravation de l’asthme et des allergies et à des effetséventuels sur la croissance et le développement despoumons des enfants. Deux études réalisées aux États-Unis confirment que les concentrations de gazd’échappement de moteur diesel sont de quatre à dixfois plus élevées à l’intérieur des autobus qu’à l’extérieur.Les expositions sont plus fortes à l’intérieur et autourdes autobus dont les moteurs marchent à vide, et plusfortes à l’arrière de l’autobus qu’à l’avant et quand lesvitres sont fermées. L’air à l’intérieur des automobilesest aussi un « micro-environnement » caractérisé par defortes expositions. Des études ont trouvé que lesconcentrations de benzène peuvent être quatre fois plusfortes et celles du monoxyde de carbone jusqu’à dix foisplus fortes à l’intérieur d’une voiture qu’à l’extérieur.Ces sources « intérieures » supplémentaires peuventgrandement augmenter les expositions des enfants auxpolluants atmosphériques, ajoutant ainsi au problèmedéjà sérieux de la pollution atmosphérique urbaine.

Suggestion pour protéger la santéenvironnementale des enfants : Conduisez moins.Ne laissez pas le moteur de votre auto marcher à vide.Appuyez les initiatives visant à faire adopter despolitiques pour mettre fin à la marche à vide des autobuset pour améliorer les systèmes d’échappement de mêmeque les programmes de conversion à des carburants pluspropres et la transition à plus long terme à de nouvellestechnologies.

grands groupes de jeunes enfants. Enutilisant des produits de nettoyage quicontiennent des produits chimiquespuissants pour combattre les microbescomme le veulent les normes de santépublique, on augmente le potentield’exposition et on crée des risques auxconséquences inconnues.

Dans les patinoires intérieures, lesresurfaceuses à moteur à essence rejettent dumonoxyde de carbone (CO) et du dioxyded’azote (NO

2) dans l’air. Les piscines ont été

depuis longtemps associées à des problèmesde santé à cause de la contaminationmicrobiologique. Mais il n’y a pas que les

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Les principauxcontaminants de l’air enrégion urbaine

• monoxyde de carbone (CO)• dioxyde d’azote (NO2)• dioxyde de soufre (SO2)• gaz d’échappement des moteurs

diesel et à essence• multiples composés organiques

volatils (COV)• multiples hydrocarbures aromatiques

polycycliques (HAP)• ozone troposphérique (O3)• matières particulaires (matières

particulaires) — grossières, fines etultrafines (PM10, PM2.5 et PM1.0 où lechiffre en indice inférieur représentele diamètre des particules en microns)

Suggestion pour protéger la santéenvironnementale des enfants :Marchez ou prenez votre vélo pouraller à l’école (pour des suggestions àce sujet, voir www.goforgreen.ca/araspe/home_f.html). Ne laissez pasles véhicules marcher à vide, surtoutquand ils transportent des enfants ouqu’ils attendent à proximité d’uneécole. Lorsqu’il y a une alerte au smog,respectez les consignes et réduisez vosactivités. Surveillez les symptômes,surtout chez des personnes souffrantd’asthme, pendant les périodes d’alerteau smog et modifiez les niveaux d’activité,s’il y a lieu. Pour de plus amplesinformations, voir le chapitre VI ainsique la publication de Pollution Probeintitulée Smog Primer àwww.pollutionprobe.org/Publications/Primers.htm.

micro-organismes qui peuvent nuire à la santé des enfants.Les jeunes nageurs peuvent être exposés de fortesconcentrations de sous-produits de désinfection inhalés etabsorbés à travers la peau à cause de la quantité de chlorequ’on met dans l’eau des piscines. Les fortes concentrationsde chlore dans l’air au-dessus des piscines peuvent irriter etendommager les poumons au point d’aggraver l’asthme etpeut-être même de contribuer à son apparition. Uneventilation adéquate et la mise en oeuvre de bonnesméthodes de gestion et d’entretien des équipements dansles centres récréatifs sont essentielles. L’exercice régulierapporte des bienfaits considérables pour la santé desenfants, et il faut éviter que ces bienfaits soient annulés pardes expositions à des contaminants dans l’air.

L’air extérieur

La pollution atmosphérique est un sérieux problème dansles zones urbaines et périurbaines où vivent la majorité desenfants canadiens. L’air contient de nombreuses substancesnuisibles pour la santé des enfants, et la situation s’empirequand les températures s’élèvent en été, bien que des alertesau smog soient émises à d’autres moments de l’année aussi.Le smog est un mélange d’ozone troposphérique, dematières particulaires et d’autres polluants (voir l’encadré« Les principaux contaminants de l’air en région urbaine »).La principale cause du smog est la combustion d’essence etsurtout de carburant diesel dans les moteurs des autos, descamions et des autobus. La combustion de combustiblesfossiles dans le secteur industriel, et particulièrement dansles centrales électriques au charbon, est une autre grandesource de pollution atmosphérique urbaine. Certainesactivités domestiques comme l’usage de poêles à bois et detondeuses à moteur à essence y contribuent aussi.

CHAPITRE IV : LES EXPOSITIONS DES ENFANTS

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81CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT 81

Les Jeux olympiques d’Atlanta

Les Jeux olympiques d’été de 1996 àAtlanta dans l’état américain de la Géorgiereprésentaient une occasion exceptionnelled’étudier les effets sur la qualité de l’aird’une diminution spectaculaire de lacirculation automobile. Au cours des 17jours qu’ont duré les Jeux, la circulation aété réduite grâce à une série de mesures :accroissement des moyens de transport encommun, promotion de changements dansles heures de travail pour qu’il y ait moinsde personnes circulant en voiture auxheures de pointe, améliorations apportéesau réseau routier et restrictions sur lacirculation au centre-ville. En comparaisondes deux périodes de quatre semaines quiont immédiatement précédé et suivi lesJeux, les concentrations maximales d’ozoneont baissé de plus de 25 % pendant lesOlympiques. Les concentrations d’autrespolluants comme le CO et les matièresparticulaires ont baissé aussi. Ces baisses sesont accompagnées d’une chutespectaculaire de 42 % du nombre de casd’urgence asthmatique et une diminutionde 19 % du nombre d’enfants hospitaliséspour cause d’asthme. Ces effets ont étégénéralement attribués aux changementsqui se sont produits au niveau de lacirculation automobile et à la réduction dela pollution atmosphérique. L’expérience àAtlanta a montré à quel point lesautomobiles contribuent à la mauvaisequalité de l’air (particulièrement les zonesurbaines), mais aussi que les mesures dediminution de la circulation peuvent avoirdes effets extraordinairement positifs sur lasanté publique, et cela en un laps de tempstrès court.

Source : Friedman, M.S. et al. 2001.Source de la photo : Santé Canada

Les matières particulaires sont essentiellement unmélange de substances toxiques. À la surface de chaqueparticule se trouve un mélange complexe de sulfates, denitrates, d’ions ammonium, de carbone élémentaire, deHAP, d’autres composés organiques toxique et demétaux. Paradoxalement, plus les matières particulairessont petites, plus la superficie que ces substancestoxiques peut couvrir est grande. La grosseur desparticules a aussi une influence sur l’inhalation desmatières particulaires. Les matières particulairesgrossières sont généralement inhalées dans les voiesrespiratoires supérieures, où elles peuvent êtrerecrachées et éventuellement avalées. Les particules fineset ultrafines sont respirables, ce qui veut dire qu’ellessont inspirées profondément dans les poumons oùcertaines peuvent passer directement dans le sang.

Le smog est également un mélange, composéprincipalement d’ozone troposphérique, d’oxydesd’azote et d’autres gaz toxiques et de matièresparticulaires. L’ozone lui-même est créé par la réaction

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entre des oxydes d’azote et des COV en présencede rayons solaires, ce qui explique en partiepourquoi il y a plus de smog en été. Les PM

2.5

sont le résultat de réactions chimiques entre desoxydes d’azote, du dioxyde de soufre et des COVdans l’air; ces réactions se produisent à l’annéelongue et peuvent donc créer du smogindépendamment de la saison.

Parmi les autres contaminants présents, il y aplus de 600 COV différents, dont bon nombresont libérés dans l’air par la combustion decombustibles fossiles. D’autres sont issus desprocédés sidérurgiques, du raffinage du pétrole,du transbordement de carburants, del’utilisation de solvants industriels etrésidentiels, de l’application de peintures, de lafabrication de matières synthétiques tels que lesplastiques et les tapis, du traitement desaliments et des activités agricoles ainsi que dutraitement et de la combustion du bois.

Le fardeau des maladies attribuées à la pollutionatmosphérique est très lourd. En 2004, le servicede santé public Toronto Public Health a estiméque cinq polluants atmosphériques courants(PM

10 et PM

2.5, NO

2, SO

2, ozone troposphérique

et CO) ont contribué à quelque 1 700 décèsprématurés et 6 000 hospitalisations par année àToronto à cause d’un large éventail de maladiescardiorespiratoires en plus de provoquer desproblèmes de santé moins graves à des dizainesde milliers de personnes, y compris denombreux enfants.

Les aliments

Il y a des substances toxiques pour lesquellesl’eau et en particulier les aliments sont lesprincipales sources d’exposition des humains.Dans la plupart des cas, les substances décritesplus haut sont en rapport avec expositions inutero et le lait maternel sont les mêmes qu’onretrouve dans les aliments.

Si certaines substances s’accumulent dans lachaîne alimentaire, c’est qu’elles sont« lipophiles », c’est-à-dire qu’elles se lient auxsubstances grasses. Elles se dissolvent rarementdans l’eau. Quand elles persistent dansl’environnement, comme dans le cas des BPC,des PBDÉ, des dioxines et des pesticidesorganochlorés, elles s’accumulent dans les tissusadipeux et se concentrent en montant dans lachaîne alimentaire. Voilà pourquoi lesexpositions alimentaires des humains à cessubstances sont plus importantes quand onconsomme des aliments gras d’origine animale.

Dans le cas des polluants organiques persistants(POP) bien étudiés comme les BPC, les dioxineset les pesticides interdits tels que le DDT et sonproduit de fractionnement le DDE, lesprincipales sources d’exposition pour leshumains sont les aliments, notamment lesaliments gras et le lait maternel. Il est en demême pour les bisphénols A (très répandus dansles résines, les teintures, les ignifugeants, lesagents de liaison dentaires, les cannettes deboisson gazeuse et les récipients en plastiquerigide). Quant au nonylphénol (un surfactantdans les détergents), l’exposition passeprincipalement par les aliments et l’eau. Dans le

CHAPITRE IV : LES EXPOSITIONS DES ENFANTS

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83CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT 83

Les enfants qui mangentdes aliments biologiquessont moins exposés auxpesticides

Des chercheurs à Seattle ont comparédes enfants qui mangeaient desaliments biologiques (fruits, légumes etjus) à des enfants qui mangeaient desaliments conventionnels traités auxpesticides mais semblables à tout autreégard. Ils ont mesuré les niveaux desmétabolites (produits defractionnement) de pesticidesorganophosphorés dans l’urine desenfants. On soupçonne les pesticidesorganophosphorés d’être des toxinesdéveloppementales et des neurotoxines.Les enfants qui mangeaient desaliments biologiques étaient demanière significative moins exposésaux pesticides organophosphorés queceux qui mangeaient les alimentsconventionnels. Après avoir conclu quele fait de manger des alimentsbiologiques faisait en sorte qu’au lieud’être exposés à un éventail de risquesincertains, les enfants étaient exposés àdes risques négligeables, les auteurs del’étude ont suggéré que les fruits etlégumes organiques représentaient unmoyen assez facile pour les parents deréduire l’exposition de leurs enfantsaux pesticides.

Source : Curl, C. et al. 2003.Organophosphorous Exposure toPesticides of Urban and SuburbanPreschool Children with Organic andConventional Diets. EnvironmentalHealth Perspectives 111(3) : 377–382.Source de la photo : Mark Surman

cas des phthalates (incorporés à beaucoup de produits enplastique, d’emballages d’aliments, de produits cosmétiqueset d’autres produits), les principales sources sont lesaliments emballés dans du plastique, le poisson et les fruitsde mers contaminés et les aliments gras. De la même façon,l’exposition au méthylmercure passe surtout par lesaliments, et particulièrement par la consommation decertains poissons. Enfin, certains aliments peuvent contenirdes pesticides à l’état de trace, bien que ces résidus dans lesaliments au Canada se situent généralement à l’intérieur deslimites réglementaires en vigueur, à de rares exceptions près.

Parmi les diverses manières de réagir à la contamination desaliments, beaucoup reposent sur une saine alimentation(dont il sera davantage question au Chapitre VI). Ceci dit,comme dans le cas de la contamination du lait maternel, il

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Des expositions tous azimuts : lesPBDÉ dans les aliments, l’air et lapoussière

Les PBDÉ sont devenus omniprésents. On lesretrouve dans les algues, les plantes, les alimentset le corps humain de même que dans lessédiments des cours d’eau et des lacs depuis lePôle nord jusqu’au Pôle sud. Par leurs activités,les humains ont créé une contaminationplanétaire, comme nous l’avions déjà fait avec leplomb. Cette fois-ci, toutefois, ce ne sont pasdes tuyaux d’échappement ou des cheminéesd’usine qui sont la source de la contamination,mais plutôt les produits de consommation. Lesconcentrations de PBDÉ dans la sous-couchemousse des tapis ou des meubles sont si fortes(de 5 % à 30 % par poids) qu’un scientifiqued’Environnement Canada a déclaré que celaéquivaut à ce qu’il y ait sur une étagère danschacun de nos maisons un récipient ouvertrempli de produits chimiques purs en train sevolatiliser dans l’air. Les espaces intérieurs secontaminent et semblent être la principalesource des contaminations extérieures. Àl’instar des substances semi volatiles etliposolubles, les PBDÉ sont directement inhalés,se déposent dans la poussière domestique (cequi augmente les risques d’exposition pour lesenfants) et s’accumulent dans les aliments gras.À la différence des POP tels que le DDT et lesBPC, pour lesquels on pense que plus de 90 %des expositions passent par les aliments,l’exposition aux PBDÉ est plus compliquée.Parce que les sources sont si différentes, lesvoies environnementales et les milieuxd’exposition sont aussi différents. La recherchese poursuit, mais il semble pour le moment qu’ily ait trois grands milieux d’exposition pour lesPBDÉ — l’air intérieur, les aliments et lespoussières intérieures.

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y a des limites à l’efficacité des réactions et des choixindividuels. Une intervention réglementaire estnécessaire pour empêcher que ces expositions seproduisent au départ.

L’eau

La qualité de l’eau potable varie selon la source oùl’eau a été puisée et les méthodes employées pour latraiter. Au Canada, l’eau potable consommée par lamajorité des gens est traitée par les municipalités,mais environ 20 % des Canadiens doivent boire del’eau de puits. Des contaminants peuvent êtreprésents à l’état de trace dans l’eau potable. Cescontaminants — métaux, produits chimiques ouautres — proviennent de sources industrielles ou despesticides employés dans l’agriculture. Le plombpeut aussi être libéré dans l’eau potable à partir descanalisations des réseaux d’adduction et dedistribution d’eau. Les contaminants microbiens telsque les E. coli et d’autres pathogènes sontparticulièrement dangereux et doivent être tués pardiverses techniques de désinfection. En ce qui a traità l’eau de puits, de fortes concentrations de nitratespeuvent constituent un risque important pour lasanté, surtout celle des bébés, et l’eau doit êtreanalysée régulièrement.

Les méthodes de traitement de l’eau employées parles municipalités éliminent certains mais pas tousles contaminants métalliques et chimiques présentsdans l’eau non traitée. L’eau est traitée avec duchlore ou d’autres désinfectants pour neutraliser lesmicrobes, mais les produits chimiques employéspour désinfecter l’eau peuvent y laisser des traces desous-produits toxiques.

CHAPITRE IV : LES EXPOSITIONS DES ENFANTS

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85CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

Le plomb dans l’eau potable

La contamination par le plomb est d’une ampleur telleque des expositions de faible intensité peuvent avoir lieupar l’intermédiaire de l’air, des aliments, de la terre, de lapoussière et de l’eau potable. La contribution du plombet de la plupart des autres contaminants provenant del’eau potable à l’exposition totale est en généralrelativement faible, sauf dans certaines circonstances.Mais, étant donné que le plomb est de toute évidencenocif quel que soit le niveau d’exposition, il convient deprendre des précautions. Les canalisations d’eau faitesentièrement en plomb sont de plus en plus rares, maiselles peuvent encore être présentes comme tuyaux deprise d’eau dans les parties plus anciennes de certainesvilles (dans des maisons construites avant 1950, parexemple). Les tuyaux en cuivre soudés au plomb sontplus répandus. Jusqu’au moment où cet usage a étéinterdit à la fin des années 1980, tous les joints destuyaux en cuivre étaient brasés à la soudure à base deplomb. Quand l’eau reste en contact avec ces jointspendant plusieurs heures sans circuler (comme c’estsouvent le cas pendant la nuit ou pendant la journéequand on est au travail où à l’école) le plomb peutentrer en solution dans l’eau. Plus le temps passe, plusles minéraux tendent à s’accumuler dans les tuyaux etmoins la soudure risque de migrer dans l’eau. Cependant,si l’eau est « douce » ou acide, comme elle tend à l’êtredans le Bouclier canadien, l’accumulation des minérauxest moins probable et le plomb a donc plus de chancesd’entrer dans l’eau. Certains robinets en laiton peuventégalement contenir du plomb.

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Suggestions pour protéger la santéenvironnementale des enfants : Si vous habitez unemaison urbaine construite dans la première moitié du20e siècle, demandez aux responsables municipaux si lescanalisations de distribution d’eau sont en plomb etdemandez-leur quelle est leur stratégie pourl’élimination accélérée de celles qui le sont. Si vous vousservez d’un filtre à eau, vérifiez s’il est capable d’éliminerle plomb et n’oubliez pas de remplacer les filtres à lafréquence recommandée par le fabricant. Dans lesmaisons construites avant 1990, faites couler l’eau quis’est reposée dans les tuyaux depuis plusieurs heures.Faites-la couler jusqu’à ce que l’eau soit froide (comptezenviron une minute) avant de l’utiliser pour préparer desaliments, surtout des aliments pour le bébé, ou de laboire. N’utilisez jamais l’eau du chauffe-eau pour faire dela cuisine ou comme eau potable. Prenez desprécautions supplémentaires lorsque l’eau est « douce »ou acide, comme c’est souvent le cas dans les chalets etles maisons situées dans le Bouclier canadien. Pour deplus amples informations, voir Santé Canada à www.hc-sc.gc.ca/iyh-vsv/environ/lead-plomb_f.html et l’USEPA à www.epa.gov/lead.

CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

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La chloration est un moyen essentiel de protectiondes gens contre des maladies d’origine hydriquegraves et souvent mortelles, mais elle n’est pas sansrisque. Une série de substances appelées « sous-produits de désinfection » (SPD) sont créés par laréaction du désinfectant (souvent du chlore) avecdes matières organiques naturellement présentes

L’eau potable — risques etbienfaits

Il existe des risques incertains et sans doutetrès faibles associés aux sous-produits dedésinfection (SPD), les produits chimiques créésdans l’eau potable lors du processus dechloration ou de désinfection. En même temps,la désinfection s’est avérée essentielle à lasuppression de la contamination microbienne.En ajoutant des désinfectants, on s’assure aussique l’eau restera libre de pathogènes tout aulong de son passage au travers du système dedistribution. Une fois l’eau écoulée du robinet,le chlore se dissipe rapidement si on laisse l’eause reposer.

Suggestion pour protéger la santéenvironnementale des enfants : Laissezl’eau traitée par la municipalité se reposerpendant 15 minutes ou plus (afin que le chloreait le temps de se dissiper) avant de préparerdu jus, du café, du thé, du lait maternisé oud’autres produits alimentaires pour bébés. Sivous utilisez un filtre à eau, changez-lerégulièrement, faute de quoi le filtre retiendrades bactéries qui pourraient passer dans l’eau.Comme les contaminants s’accumulent dans lefiltre, un vieux filtre peut se désintégrer etlibérer une « vague » de contaminants dans unseul verre d’eau. Si vous devez boire de l’eau depuits, faites faire une analyse des nitrates aumoins deux fois par année (pour éviter toutrisque de méthémoglobinémie, dite la « maladiebleue »).

Pour de plus amples informations, voir SantéCanada, La qualité de l’eau et de la santé àwww.hc-sc.gc.ca/hecs-sesc/water et lapublication intitulée Drinking Water Primer dePollution Probe à www.pollutionprobe.org/Publications/Primers.htm. Source de la photo : Comstock

CHAPITRE IV : LES EXPOSITIONS DES ENFANTS86

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87CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

dans l’eau brute, qu’elle soit d’originesouterraine ou superficielle. En règle générale,plus le niveau de ces matières organiquesnaturellement présentes est élevé, plus le niveaudes SPD sera élevé. Un groupe important deSPD, les trihalométhanes (THM) comprend lechloroforme, un carcinogène présumé chez leshumains et un carcinogène confirmé chez lesanimaux.

Certains SPD sont soupçonnés de provoquerl’avortement spontané, le faible poids à lanaissance et plusieurs types d’anomaliescongénitales chez les humains. Il existe aussi desdonnées indiquant une relation entrel’exposition aux SPD et des anomalies du tube

neural quand les femmes ne prennent pas desuppléments multivitaminiques, plusparticulièrement le supplément absolumentessentiel de folate (acide folique), en début degrossesse. Selon des données limitées, il y auraitdes associations entre les SPD et les cancersinfantiles et certains autres cancers chez lesadultes.

L’exposition aux SPD dans l’eau potable passeprincipalement par son ingestion. Les autresvoies d’exposition comprennent l’inhalation devapeur dans la douche, le contact avec la peaudans l’eau de bain et l’inhalation de la vapeurémanant des lave-vaisselle, surtout quand on sesert d’un détergent à vaisselle chloré.

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89CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

« Il faut tout un village pour élever un enfant. »— Proverbe africain

Il se fait déjà beaucoup de choses pour combattre les expositions environnementaleset les risques pour la santé des enfants. Mais beaucoup reste à faire.

Les expositions prénatales et infantiles aux risques environnementaux peuvent avoirdes conséquences qui dureront toute la vie pour chaque enfant et pour toute lasociété. Ces expositions doivent être minimisées et (ou) évitées et chacun doit fairesa part. Ce chapitre examine quelques-unes des activités entreprises à cette fin pardes chercheurs, des gouvernements, des sociétés privées et des communautés. LeChapitre VI prolonge la thématique en examinant les mesures pratiques qui peuventêtre prises par chaque personne, chaque famille et tous ceux et celles quiinterviennent auprès des enfants.

Chapitre V : Qu’est-ce qui est faitpour parer aux dangers?

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La recherche

Les risques pour la santé environnementale attirentbeaucoup d’attention de la part de scientifiquesindépendants et de chercheurs affiliés à desorganismes publics, ici au Canada et ailleurs dans lemonde. Parallèlement, beaucoup d’efforts sontdéployés, en particulier par des groupes voués à laprotection de l’environnement et de la santé, pourfaire la synthèse des conclusions des étudesscientifiques et proposer des politiques enconséquence.

Des chercheurs canadiens ont réalisé des études fortutiles dans le domaine de la santéenvironnementale des enfants, notamment en cequi a trait au problème de la contamination par lePOP dans le Grand Nord et aux effets descontaminants sur la faune de la région des GrandsLacs. Cependant, la contribution canadienne à larecherche sur les problèmes et la traduction desrésultats en politiques est somme toute assezlimitée. En matière de recherche et de politiques, leCanada dépend beaucoup de ce qui se fait dansd’autres pays, et surtout aux États-Unis.

À la suite d’un décret présidentiel promulgué en1997, les États-Unis ont mis sur pied et financé unréseau national d’unités spécialisées de recherche enpédiatrie dans des universités et des hôpitaux et crééun bureau national de la santé environnementaledes enfants au sein de l’US EPA (http ://yosemite.epa.gov/ochp/ochpweb.nsf/homepage).Des partenariats entre les organismes de santénationaux tels que l’Agency for Toxic Substances andDisease Registry et les Centers for Disease Control and

Quelques ressources pour lesparents et les fournisseurs desoins de santé

Motherisk est un programme conjoint del’Hospital for Sick Children de Toronto etl’University of Toronto. En plus de faire de larecherche, ce projet assure des servicesd’information et de consultation à l’échellepancanadienne aux femmes, aux familles et auxprofessionnels de la santé pour tout ce quitouche à la sécurité et aux risques desexpositions aux médicaments, aux produitschimiques, aux différentes formes de radiationet aux infections pendant la grossesse et lalactation (www.Motherisk.org).

Des Pediatric Environmental HealthSpecialty Units (PEHSU) à vocation régionaleont été mis sur pied dans dix centres, la plupartdans des hôpitaux, à travers les États-Unis. Ceréseau compte également une cliniquecanadienne à Edmonton et une autre auMexique. Aux États-Unis, les cliniques sontsubventionnées par le gouvernement fédéral.Toutes les cliniques offrent des soins cliniquesdirects en plus d’entreprendre d’importantstravaux de recherche. Chaque clinique a sonpropre site Web lié à celui de l’Association ofOccupational and Environmental Clinics àwww.aoec.org/pehsu.htm.

Pour de plus amples informations, voir l’OntarioCollege of Family Physicians à www.ocfp.on.ca,l’Association canadienne des médecins pourl’environnement à www.cape.ca et GreaterBoston Physicians for Social Responsibility —Pediatric Environmental Health ToolKit àhttp://psr.igc.org/ped-env-hlth-toolkit-project.htm.

90 CHAPITRE V : QU’EST-CE QUI EST FAIT POUR PARER AUX DANGERS?

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91CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

Prevention ont abouti à la mise en oeuvre de programmes debiosurveillance permanents (voir l’encadré au Chapitre II) et auprojet de National Children’s Study.

Les engagements internationaux

La nécessité de protéger les enfants contre les expositions à dessubstances toxiques est reconnue dans toute une séried’ententes, de déclarations et d’initiatives internationales. Bienqu’il ne s’agisse que d’ententes de principe qui ne contiennentparfois que des obligations limitées à agir, elles contribuent àposer les fondements d’une vision et d’un raisonnementcommuns et des points de départs pour l’action.

Les rôles des gouvernements : desresponsabilités partagées

Le gouvernement fédéral du Canada a adopté des lois destinéesà protéger à la fois la santé et l’environnement des Canadiens.La responsabilité de l’application des ces lois est partagée parSanté Canada et Environnement Canada. Plusieurs lois fédéralescontiennent des dispositions sur la santé des enfants etl’environnement qui sont prolongées par des règlements, despolitiques et des lignes directrices, le financement de recherchesinternes et des recherches externes menées par desuniversitaires, des activités d’éducation et de sensibilisation et laparticipation du Canada aux activités et aux initiativesinternationales.

Loin de se limiter au gouvernement fédéral, les responsabilitésen matière de santé de la population et de protection del’environnement au Canada sont partagées avec lesgouvernements des provinces et des territoires. Comme leursentités homologues au niveau fédéral, et parfois encollaboration avec elles, les ministères et organismes des

L’Étude nationale sur lesenfants aux États-Unis

En adoptant la Loi sur la santé desenfants (Children’s Health Act) en2000, les États-Unis ont autorisé leNational Institute of Child Health andHuman Development et unconsortium d’organismes fédérauxà réaliser une étude nationale surles enfants qui partira d’unedéfinition très large del’environnement englobant lesnombreux facteurs biologiques,physiques, sociaux, génétiques,culturels et autres qui peuventinfluer sur la santé. L’étudepubliera périodiquement lesrésultats de son évaluationcontinue d’une importantepopulation de familles comptant100 000 enfants. Les enfantsseront suivis depuis la périodeprénatale jusqu’à l’âge de 21 ans.La décision d’entreprendre cetteétude s’explique par lesinquiétudes suscitées parl’aggravation de divers problèmesde santé chez les enfantsaméricains, dont l’obésité, l’asthme,les cancers infantiles et certainesanomalies congénitales. L’étudecherchera à déterminer de quellesfaçons les expositions de faibleintensité à des produits chimiqueset les facteurs sociaux etnutritionnels interagissent avec laconstitution génétique des enfantspour causer des effets nocifs pourla santé. Pour de plus amplesinformations, rendez-vous àwww.nationalchildrensstudy.gov.

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Tableau 3 : Liste sélective d’engagements internationaux à l’égard de la protection des enfantsOn trouvera un recueil de liens à des documents d’énoncé de politique sur la protection des enfants àwww.healthyenvironmentforkids.ca/english/special_collections/fulltext.shtml?x=703 (cette page est en anglais seulement,mais les liens peuvent dans certains cas mener à des pages en français).

Entente

Convention relative aux droits del’enfant des Nations Unies

Déclaration des leaders del’Environnement du G8 sur la santéinfantile et l’environnement (leCanada est membre du G8)

Déclaration de Londres —Troisième conférence ministériellesur l’environnement et la santé —Commission des Communautéseuropéennes et Bureau régionaleuropéen de l’Organisation mondialede la Santé

Résolution sur la santé des enfantset l’environnement de laCommission nord-américaine decoopération environnementale

Convention sur les polluantsorganiques persistants deStockholm

Année

1989

1997

1999

2000

2001

Résumé

Le niveau le plus élevé réalisable de santé et des environnements sainsoù ils pourront jouer sont définis comme des droits humainsfondamentaux pour les enfants. Le Canada est cosignataire.

Reconnaissance par les pays du G8 du danger que les substancestoxiques font peser sur la santé des enfants et mise en place d’un cadrepour des plans nationaux, bilatéraux et internationaux en vue d’accroîtrela protection de la santé des enfants contre les menaces environnementales.Principaux champs d’action : évaluation des risques et élaboration denormes, plomb, eau potable, qualité de l’air, fumée de tabac ambiante etperturbateurs endocriniens.

Reconnaît la vulnérabilité particulière des enfants et de la santé prénataleaux menaces environnementales, les nombreux déterminants de la santéet la nécessité d’adopter des politiques axées sur la prévention.Engagement à mettre l’accent sur l’asthme et les allergies, les accidentset les traumatismes, la fumée de tabac ambiante et les mesures de santépublique préventives dans les domaines où apparaissent de nouveauxdangers potentiels de même que sur la surveillance et sur la communicationd’informations sur les progrès réalisés (voir ci-dessous « Plan d’actionpour l’environnement et la santé des enfants en Europe 2004 »).

Reconnaît la vulnérabilité des enfants aux risques pour la santéenvironnementale, la prévention comme le moyen le plus efficace deprotéger les enfants et le droit des parents d’être informés au sujet dessubstances potentiellement dangereuses. Engage les cosignataires àélaborer un programme de coopération trilatérale sur la salubrité del’environnement des enfants centré dans un premier temps sur l’asthmeet les autres maladies respiratoires, le plomb et d’autres substancestoxiques. Met sur pied un Comité consultatif d’experts et fixe desobjectifs en matière de recherche et d’éducation du public.

Traité international visant à mettre fin à la production et à l’utilisation de12 polluants persistants et (ou) catégories de polluants persistants. Cibledes substances qui ont des effets multiples sur la santé des enfants ou ysont associées ou qui affectent la santé génésique.

CHAPITRE V : QU’EST-CE QUI EST FAIT POUR PARER AUX DANGERS?

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93CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

Tableau 3 (suite) : Liste sélective d’engagements internationaux à l’égard de la protection des enfants

Entente

Session extraordinaire del’Assemblée générale des NationsUnies consacrée aux enfants (mai);Sommet mondial sur ledéveloppement durable (août)

Alliance en faveur d’un environnementsain pour les enfants del’Organisation mondiale de la Santé(Healthy Environments forChildren Alliance — HECA)

Forum intergouvernemental sur lasécurité chimique (IFSC) — ForumIV (tenu en novembre 2003 àBangkok en Thaïlande)

Plan d’action pour l’environnementet la santé des enfants en Europe

Année

2002

2002

2003

2004

Résumé

Session extraordinaire des Nations Unies, portant notamment sur laprotection de l’environnement, parmi de nombreuses autres prioritésimportantes pour la protection des enfants dans le monde. Le Sommetmondial, parmi de nombreuses autres priorités, a aussi résolu des’attaquer aux causes de la mauvaise santé, y compris les causesenvironnementales, en insistant plus particulièrement sur les femmes etles enfants et les autres groupes vulnérables.

Créé à la suite du Sommet mondial sur le développement durable de 2002.HECA est une alliance mondiale dont la mission est d’intensifier partoutdans le monde les initiatives contre les risques pour la santé des enfantsprésents dans les milieux où ils vivent, s’instruisent, jouent et travaillent.Pour de plus amples informations, voir www.who.int/heca/infomaterials/hecanet/fr/index4.html.

Alliance plurilatérale en faveur de la gestion écologiquement rationnelledes produits chimiques. Le Forum IV a accordé une attention particulièreaux recommandations à faire aux gouvernements et aux autres partiesintéressées quant aux mesures concrètes d’atténuation des risqueschimiques et de prévention l’exposition des enfants. Le Canada est partieprenante à l’IFCS. Pour de plus amples informations, rendez-vous àwww.who.int/ifcs.

Fixe quatre priorités régionales pour l’Europe — eau salubre, préventiondes traumatismes, qualité de l’air intérieur et extérieur et milieux libresde produits chimiques — assorties de mesures détaillées.

gouvernements provinciaux et territoriaux font de la recherche et de la surveillance. Ces activitéscontribuent à la compréhension de la nature des expositions environnementales et aux incidences sur lasanté ou servent à orienter les programmes de réglementation fédéraux ou provinciaux. Lesresponsabilités juridiques au niveau provincial portent notamment sur les programmes de soins et laprestation des services de santé dans le cadre d’ententes de financement partagé avec le gouvernementfédéral. En matière environnementale, les provinces et les territoires sont responsables de toute une séried’activités liées à la surveillance et à l’application des lois de protection de l’environnement.

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La Convention de Stockholm sur lespolluants organiques persistants

La Convention de Stockholm sur les polluants organiquespersistants (POP) est un traité international qui vise àmettre fin à l’échelle mondiale à la production et àl’utilisation de certains des produits chimiques les plustoxiques. Signé en 2001 et entré en vigueur en 2004, letraité invite les pays adhérents (au nombre de 50 à cejour, y compris le Canada) à se doter de plans d’actionsnationaux. La Convention vise plus particulièrement unedouzaine de produits chimiques et de groupes deproduits chimiques, soit le hexachlorobenzène, lesdioxines et les furanes, les BPC et plusieurs pesticidesorganochlorés tels le DDT, le chlordane, le mirex etquatre autres. Les négociateurs canadiens et les peuplesautochtones du Canada ont joué un rôle de leadershipfort constructif au cours des années qui ont mené àl’adoption de la convention en faisant régulièrementvaloir les concentrations alarmantes de ces substancesqu’on relevait dans l’Arctique canadien et dans le laitmaternel des femmes inuit. Ils ont pu s’appuyer sur lesdonnées sur les expositions et les effets présumés sur lasanté issues des études canadiennes effectuées dans lecadre du Programme de lutte contre les contaminants dansle Nord du ministère des Affaires indiennes et du Nord. Enaoût 2004, la Commission de l’Union européenne arecommandé l’ajout de neuf autres produits chimiques— pesticides, ignifugeants et autres produits chimiquesindustriels — au traité sur les POP.

Pour de plus amples informations sur la Convention deStockholm, voir le site du Programme des Nations Uniespour l’environnement à www.chem.unep.ch/fr/default.htm, la page Web consacrée aux POPd’Environnement Canada à www.ec.gc.ca/pops/index_f.htm, la page Web du Programme de lutte contreles contaminants dans le Nord à www.ainc-inac.gc.ca/ncp/index_f.html et le recueil d’informations sur lanégociation de la Convention de Stockholm de l’Associationcanadienne du droit de l’environnement à www.cela.ca/coreprograms/detail.shtml?x=1763.

94 CHAPITRE V : QU’EST-CE QUI EST FAIT POUR PARER AUX DANGERS?

La responsabilité pour la diminution desexpositions environnementales est égalementpartagée avec les entreprises industrielles. Parexemple, en plus d’user de la voie réglementaire,le ministère de l’Environnement de l’Ontario se sertd’outils tels que les ententes en vertu duProgramme des chefs de file environnementaux.Dans certains secteurs, quand une entrepriseveut être reconnue comme chef de fileenvironnemental, elle peut bénéficier d’unereconnaissance officielle et d’autres mesuresincitatives, l’objectif étant d’établir de bonnesrelations et de partager la responsabilité de labonne gestion environnementale.

Source de la photo : Mark Surman

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95CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

Meilleur départ : le Centre de ressources sur lamaternité, les nouveau-nés et le développementdes jeunes enfants de l’Ontario

Meilleur départ : Le Centre de ressources sur la maternité, les nouveau-nés et le développement des jeunes enfants de l’Ontario est un desprogrammes clés du Centre ontarien d’information en prévention. Financépar le gouvernement ontarien, Meilleur départ aide les fournisseurs deservices partout en Ontario qui travaillent sur des initiatives depromotion de la santé dans le but d’améliorer la santé des parents quiattendent ou viennent d’avoir un enfant, des nouveaux-nés et desjeunes enfants. Le Centre offre des services de consultation, deformation, d’information et de ressources. Meilleur départ estégalement membre du Réseau des Centres ontariens de ressourcespour la promotion de la santé — un regroupement d’organismes quisont les mêmes objectifs et partagent leurs ressources et leurscompétences spécialisées. Meilleur départ est accessible àwww.meilleurdepart.org. Il y a un autre site Web qui propose dessources d’information publiques sur la santé avant la grossesse auxfuturs parents — tant hommes que femmes — à www.sante-avant-grossesse.ca/future.htm.

En plus de Meilleur départ, Petite Enfance Ontario est en train decréer des Centres de la petite enfance locaux à travers la province pourvenir en aide aux parents et aux parents futurs. Des programmessemblables existent dans d’autres provinces et bénéficient souventd’un financement prioritaire dans le cadre du Transfert canadien enmatière de santé et de programmes sociaux. Les noms varient deprovince en province (ou de territoire en territoire); cherchezquelque chose qui ressemble à « initiative pour le développement dela petite enfance ». Pour de plus amples informations, rendez-vous ausite des Centres de la petite enfance de l’Ontario àwww.ontarioearlyyears.ca/oeyc/fr/home.htm.

Ces programmes font la promotion multiforme des habitudes de viesaines avant la grossesse et du développement prénatal et infantilesain. Ce sont des lieux évidents d’amarrage et d’expansion desprogrammes et matériels de sensibilisation à la santé prénatale etinfantile par la prévention des expositions aux substances toxiques.

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Le gouvernement fédéral, lesprovinces et les territoires ontadopté des lois et desprogrammes qui règlementent lesrejets industriels dans l’air et dansl’eau et le transport etl’élimination des déchets. Malgréla multiplicité de lois et denormes à travers le pays quiimposent diverses limites sur lesémissions, le système de contrôledes émissions nuisibles àl’environnement consistefinalement en des mesures « à lasortie de l’émissaire » pourseulement une poignée desubstances pour lesquelles lesdangers pour l’environnement oula santé humaine sont biendocumentés.

Les gouvernements fédéral,provinciaux et territoriauxparviennent à fixer des normespan-canadiennes (NPC) pourcertains polluants. Ces normessont entérinées par le Conseilcanadien des ministres del’environnement (CCME). C’estainsi qu’il existe des NPC pour lespolluants atmosphériquesgénérateurs de smog, le mercureet les dioxines qui proviennent desources particulières. Pour de plusamples informations, rendez-vous au site Web du CCME àwww.ccme.ca.

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Les règlements municipaux sur les pesticide :le cas exemplaire d’Hudson au Québec

Dans les années 1990, les gouvernements locaux et les commissionsscolaires étaient nombreux à reconnaître que l’utilisation nonnécessaire ou « cosmétique » des pesticides pouvait avoir desincidences sur la santé publique. Ils se sont mis donc à réduireprogressivement l’utilisation de pesticides sur les terres publiques etles terrains d’école, parfois de 90 % à 100 %. Hudson, une petite villeen banlieue de Montréal, est allée plus loin en adoptant un règlementmunicipal limitant l’utilisation de pesticides sur les terrains privés.Malgré le fait que plus d’une trentaine de municipalités québécoisesont suivi son exemple, deux fabricants de produits d’entretien depelouses ont choisi de poursuivre la municipalité de Hudson devantles tribunaux. Au bout de dix ans, la bataille juridique a pris fin en juin2001 devant la Cour suprême du Canada, qui a unanimement rejetél’appel interjeté par les deux fabricants (déjà débouté à deux niveauxdu système judiciaire québécois). La décision de la Cour suprême areconnu à Hudson le pouvoir d’adopter un règlement, en réponse à lavolonté populaire, dans le but de protéger le bien-être du public.

Ce qui s’est passé à Hudson a commencé par une initiative prise pardes résidents désireux de protéger leur santé et celle de leurs enfantset a fini par ouvrir la porte aux municipalités partout au Canada quivoulaient prendre leurs propres décisions en matière d’utilisation despesticides sur les propriétés privées. Grâce à la persévérance de lapetite ville de Hudson, plus d’une soixantaine de municipalitéscanadiennes — grandes et petites — avaient déjà proposé et adoptédes règlements semblables afin de restreindre l’utilisation facultativeou « cosmétique » de pesticides en 2004.

Pour de plus amples informations, voir les références accessibles surla page consacrée au Partnership for Pesticide Bylaws àwww.healthyenvironmentforkids.ca/english/special_collections/fulltext.shtml?x=787, le Bureau national de laprévention de la pollution d’Environnement Canada, le site Web sur lagestion responsable des parasites de la Fédération canadienne desmunicipalités à www.pestinfo.ca/main/ns/4/doc/9/lang/FR et ladocumentation sur les pesticides de Toronto Public Health àwww.toronto.ca/health/pesticides/index.htm.

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Enfin, un peu partout au Canada,des municipalités ont pris unesérie d’initiatives, parfois enassociation avec d’autres groupes,pour protéger la santé des enfantscontre les substances toxiques.Dans certains cas, on a adopté derèglements municipaux quirestreignent ou interdisentl’utilisation des pesticides. Il y aaussi des règlements quiinterdisent ou limitent l’usage dutabac ou la marche à vide desvéhicules à moteur. Les résultatsobtenus de l’adoption de telsrèglements sont en grande partiedéterminés par les effortsdéployés pour sensibiliser lepublic. De plus, les municipalitésinvestissent (souvent de concertavec le gouvernement provincialou fédéral) dans le transport encommun, la plantation d’arbresdans les quartiers résidentiels (etdans les parcs et les terrains dejeu pour faire de l’ombre), lacollecte et l’élimination desdéchets dangereux, l’éliminationdes poussières d’amiante et biend’autres programmes.

Les écoles, les commissionsscolaires et les centresd’apprentissage et de garde desjeunes enfants ont aussi un rôle àjouer dans la protection de lasanté environnementale desenfants. Comme les enfants

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97CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

La lutte contre les parasites à l’école

Des commissions scolaires, comme celle des écoles catholiquesde Toronto (Toronto Catholic District School Board), ont mis enoeuvre des programmes de lutte antiparasitaires fondés sur lesprincipes de la lutte antiparasitaire intégrée (LAI). Les options degestion sont choisies par ordre hiérarchique, à commencer parl’élimination des habitats des parasites, pour passer ensuite à lamise en place de barrières et l’évaluation préalable desproblèmes avant toute intervention de même que la surveillanceet le dosage de l’intervention en fonction de l’ampleur duproblème. Des exterminateurs se rendent dans les écoles levendredi soir, évaluent le problème et prennent des mesures nontoxiques; ils ne sont pas autorisés à appliquer des pesticides avantd’avoir obtenu l’approbation du service de santé-sécurité de lacommission scolaire. La commission scolaire interdit aussi touteutilisation d’herbicides sur son territoire.

Voir aussi les Outils de la trousse d’action pour les écoles canadiennesde Santé Canada à www.hc-sc.gc.ca/ewh-semt/pubs/air/tools_school-outils_ecoles/backgrounder-information_2_f.html.

L’application des principes de la lutte antiparasitaire intégrée danscertains contextes (l’entretien des pelouses, par exemple) a étéfort critiquée par ceux qui pensent qu’elle crée la fausseimpression qu’on utilise moins de pesticides ou qu’on n’en utilisepas du tout. Même si on adopte l’approche hiérarchiquesusmentionnée, les pesticides restent au « menu ». Le seulchangement dans les pratiques dans certains cas se situe auniveau des relations publiques — on se contente de dire qu’onapplique les principes de LAI mais on continue finalement àutiliser autant de pesticides qu’avant.

Suggestion pour protéger la santé environnementale desenfants : Si vous entendez dire qu’on applique les principes deLAI à des endroits où les enfants vivent, apprennent ou jouent,méfiez-vous et posez des questions. L’approche la plus préventiveconsiste à ne recourir aux pesticides que si les parasitesreprésentent un danger pour la santé humaine et que lesméthodes non toxiques n’ont pas permis de les éliminer.

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passent beaucoup de temps dans cescentres et plus tard dans les écoles,sur les terrains des écoles et dans lesautobus scolaires, les expositions aucours de cette période peuvent êtreimportantes. La qualité de l’airintérieur, particulièrement dans lessalles de classe préfabriquées, est unproblème de taille. Certainescommissions scolaires ont adoptédes politiques progressives en vue deréduire les expositions aux produitschimiques.

La participationcommunautaire

Les groupes de défense de l’intérêtpublic à travers le Canadainterviennent sur la question de lasanté des enfants et l’environnementde diverses façons. Qu’il s’agisse d’unpetit groupe local ou d’une grandeorganisation provinciale ounationale, les groupes d’action descitoyens continuent à jouer un rôleclé dans la protection de la santéprénatale et infantile.

De nouvelles alliances sont nées enréponse aux besoins, notammententre les fournisseurs de soins desanté et les organisations vouées à laprotection de l’environnement. Enfait, on ne risque pas de se tromperen disant que de telles alliances ont

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Écoles vertes etcommunautés vertes

La Fondation Evergreen(www.evergreen.ca) un organismesans but lucratif qui a pour missionde faire vivre la nature en ville sousforme d’espaces extérieurs sains,durables et naturels. Son programme« Classe verte » invite les élèves, lesenseignants et les résidents desquartiers à travailler ensemble àtransformer les cours d’école ensalles de classe en plein air où lanature reprend ses droits. En aidant àcréer des prés couverts de fleurssauvages, des étangs et des carréspotagers, les enfants apprennent àapprécier la valeur de la nature ettout ce qu’elle peut apporter à leursanté et à leur bien-être.

L’Association des éco-collectivités (ou Green CommunitiesCanada) est une association nationaled’organismes sans but lucratif quipropose des solutions écologiquesnovatrices et pratiques aux familleset aux communautés à travers leCanada (www.greencommunitiescanada.org).

Parmi les programmes del’Association des éco-collectivités quicontribuent directement à la santédes enfants, notons Sans pesticides ...naturellement!, Aller-retour actif etsécuritaire pour l’école(www.goforgreen.ca/araspe/home_f.html) et Well Aware(www.wellaware.ca).

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été les principaux catalyseurs du changement aux États-Unisdans les années 1990. Plusieurs grandes réformes législativescomme les modifications apportées aux lois américaines surla protection de la qualité des aliments (Food Quality ProtectionAct) et sur la salubrité de l’eau potable (Safe Drinking WaterAct) afin de mieux tenir compte des problèmes de santéinfantile sont le fruit de ces alliances et de la rechercheconcertée des professionnels de la santé et des organisationsécologistes. Ces alliances ont également stimulé d’importantsprojets de recherche au sein des organismes publics etparallèlement à eux, de même que dans des universités et deshôpitaux à travers les États-Unis. Le vaste mouvement enfaveur de la sécurité environnementale dans les écoles auxÉtats-Unis est né dans la foulée de toutes ces activités.

Au Canada, nous avons aussi une longue histoire decollaborations entre les organisations qui s’intéressent auxrisques environnementaux pour la santé des enfants. Citonsentre autres la campagne menée dans les années 1980 pouraccélérer l’élimination du plomb dans l’essence au Canada,qui doit son succès à la collaboration entre Troublesd’apprentissage — Association canadienne, l’Associationcanadienne du droit de l’environnement, Pollution Probe, l’Institutcanadien de la santé infantile, le South Riverdale CommunityHealth Centre (à Toronto) et plusieurs autres groupes qui ontparticipé à la Coalition canadienne pour l’essence sans plomb. Lesobjectifs en matière de santé infantile de ce mouvement enfaveur de la réforme de la législation sur l’environnement ontaussi bénéficié de l’appui de l’Association médicale canadienne,de la Société canadienne de pédiatrie, de l’Association pour la santépublique de l’Ontario et d’autres organismes actifs dans lesdomaines de la santé et de l’environnement.

Beaucoup de ces organisations ont continué à jouer un rôlede leadership tout au long années 1990, notamment encontinuant à travailler ensemble pour faire ressortir lesrelations entre les questions de santé et les questionsenvironnementales. Par exemple, en 1997 l’Institut canadien de

CHAPITRE V : QU’EST-CE QUI EST FAIT POUR PARER AUX DANGERS?

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99CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

Interface Inc. : Interface Inc. est le plus importantfabricant de tapis commerciaux au monde et compte desbureaux dans plus d’une centaine de pays. L’entreprises’est explicitement engagée à chercher activement desmoyens d’augmenter la viabilité écologique de sesactivités et elle considère que les normes d’applicationde la réglementation constituent le minimum qu’on doitviser. Interface s’est dotée de programmes d’écoapprovisionnement qui ajoutent des critèresenvironnementaux aux critères plus traditionnels del’efficacité, de la qualité et du prix de revient desmatières et des produits qu’elle achète. La conception deses produits est axée sur l’utilisation de matièresrenouvelables qui sont faciles à récupérer et à recycler.En combinant ces programmes avec d’autres outilsd’accroissement de la viabilité écologique, Interface aréalisé des économies de 120 millions de dollars US dansle monde entre 1995 et 2002. Pour de plus amplesinformations, rendez-vous àwww.interfacesustainability.com

SC Johnson : Ce grand fabricant de produits denettoyage respecte son engagement à protégerl’environnement en diminuant ses émissions desubstances potentiellement nocives dans l’air et dansl’eau et en combattant le gaspillage. Dans les années1990, l’entreprise a adopté les principes de l’eco-efficacité et s’est mise à profiter de toutes les occasionsde réduire, de réutiliser, de recycler et de réremplir. Une

Des initiatives progressives prises par et pour les entreprises

de ses innovations est le Greenlistmc, un processus quiinflue directement sur la chaîne d’approvisionnement del’entreprise. En élaborant et en appliquant des critèresde sélection de ses matières premières, SC Johnson faitles meilleurs choix de matières premières possibles, lestransforme en produits plus sains et moins toxiques etrécompense ses fournisseurs en leur achetant davantage.C’est ce qu’on appelle « l’écologisation de la chaîned’approvisionnement. »

Pour de plus amples informations, rendez-vous au site duCentre canadien de la prévention de la pollution àwww.c2p2online.com, de la Chlorine-Free ProductsAssociation à www.chlorinefreeproducts.org, de CleanProduction Action à www.cleanproduction.org et duLowell Center for Sustainable Production àwww.sustainableproduction.org.

Crop Life Canada est une association qui représenteles fabricants, les concepteurs et les distributeurs depesticides et qui encourage ses membres à adoptervolontairement des programmes de gérance visant entreautres la promotion de normes d’entreposage strictes, lacueillette et le recyclage des contenants à pesticide(à 1 200 points de cueillette à travers le Canada) et lacueillette et l’élimination en toute sécurité des produitspérimés (et souvent interdits). Pour de plus amplesinformations, rendez-vous à www.croplife.ca.

99CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

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la santé infantile et Pollution Probe ont parrainé lapremière conférence (What on Earth?) sur lasanté des enfants et les problèmesenvironnementaux. Les actes de la conférenceont été réunis dans un supplément de la Revuecanadienne de santé publique. L’Associationcanadienne du droit de l’environnement et l’OntarioCollege of Family Physicians ont entrepris unprojet de recherche conjoint sur les liens entre lasanté des enfants et l’environnement au Canadadont un volet visait à déterminer de manièredétaillée si les lois canadiennes protégeaient lasanté des enfants. Les résultats de l’étude ontinflué sur la révision des lois fédérales quitouchent les pesticides et sur d’autres initiativeslégislatives et politiques relatives à la santé desenfants. Qui plus est, la même étude a servi dematériel de base à l’Association canadienne desmédecins pour l’environnement pour la création dedocuments didactiques accessibles sur Internet.Ce ne sont là que quelques exemples.

Partout au Canada des groupes trop nombreuxpour qu’on les nomme tous ici centrent leursactivités de recherche et d’éducation du publicsur des questions de santé environnementale, enmettant souvent l’accent sur les enfants. Danscertains cas, un message plus général au sujet dela santé environnementale est communiqué auxenfants par le biais de programmespédagogiques novateurs dans les écoles. Parexemple, la Labour Environmental Alliance Society(LEAS) de Vancouver s’adjoint les élèves et lesenseignants pour réaliser des « auditsenvironnementaux » qui caractérisent lesproduits dangereux utilisés à l’intérieur et àproximité des écoles et propose des produits deremplacement moins toxiques. On encourage les

enfants à faire le même genre de vérificationchez eux. Pour de plus amples information etpour télécharger le LEAS CancerSmart ConsumerGuide, rendez-vous à www.leas.ca.

Les efforts en vue de coordonner et deconsolider le travail des divers groupes à traversle pays se poursuivent au sein du Partenariatcanadien pour la santé des enfants etl’environnement (PCSEE). Formé en 2001, lePCSEE (www.healthyenvironmentforkids.ca)regroupe un large éventail d’organismes quioeuvrent pour la protection de la santé desenfants contre les polluants de l’environnement.

La liste des membres du PCSEE, qui figurentparmi les voix les plus écoutées en matière desanté environnementale des enfants au Canada,comprend :• Association canadienne des médecins pour

l’environnement (www.cape.ca)• Fédération canadienne des services de garde à

l’enfance (www.ccf-fcsge.ca)• Association canadienne du droit de

l’environnement (www.cela.ca)• Institut canadien de la santé infantile

(www.cich.ca)• Sunnybrook Environmental Health Clinic and

Women’s College Health Sciences Centre(www.sc.ca/programs/wcacc/clinicsandservices/environmentalhealth)

• Troubles d’apprentissage — Associationcanadienne (www.ldac-taac.ca)

• Ontario College of Family Physicians(www.ocfp.on.ca)

• Association pour la santé publique de l’Ontario(www.opha.on.ca)

• Pollution Probe (www.pollutionprobe.org)

CHAPITRE V : QU’EST-CE QUI EST FAIT POUR PARER AUX DANGERS?

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101CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

• South Riverdale CommunityHealth Centre(www.srchc.com)

• Toronto Public Health(www.city.toronto.on.ca/health)

Le site Web du PCSEEpropose une abondantedocumentation et des liens àdiverses ressources en santéprénatale et infantile. C’estaussi un portail qui offre unaccès centralisé aux ressourcesdes membres du PCSEE.

Un exemple de collaborationentre les partenaires est unprojet mené par le SouthRiverdale Community HealthCentre (SRCHC) (à Toronto)conjointement avec TorontoPublic Health, le SunnybrookEnvironmental Health Clinic etle Women’s College HealthSciences Centre. Ces groupesont préparé un module deformation prénatale sur les« expositions cachéesaffectant la santé génésique etla grossesse ». Les partenairesont produit une série defiches d’information qui sontdiffusées auprès despersonnes qui offrent descours prénataux lors derencontres éducatives etinteractives. Cette initiative

Quelques estimations des coûts des maladiescausées par des expositions environnementales

Les études sur le fardeau économique des maladies et des troublescausés par l’exposition aux risques environnementaux révèlent que laprévention des expositions pourrait se traduire par des économiesénormes sur le plan des soins de santé, de la productivité humaine etdes multiples coûts sociaux.

• On évalue à 54,9 milliards de dollars la somme dépensée chaqueannée pour soigner les maladies écogéniques chez les enfantsaméricains (Landrigan et al, 2002). Ce chiffre comprend 9,2 milliardsde dollars pour certains troubles neurocomportementaux(déficience intellectuelle, autisme et paralysie cérébrale), 43,4milliards de dollars pour l’intoxication par le plomb, 0,3 milliards dedollars pour les cancers infantiles et 2 milliards de dollars pourl’asthme infantile. Ces estimations restent sans doute en deçà de laréalité, car les auteurs de l’étude en question ont employé deshypothèses prudentes en plus d’exclure les coûts liés à la maladieet assumés par les familles et les coûts des complicationsultérieures. Par ailleurs, l’étude devait forcément se fonder sur lesconnaissances encore incomplètes sur le rôle des contaminantsenvironnementaux dans l’évolution de l’état de santé des enfants.

• Une autre étude situe les coûts sociaux et économiques cumulatifspar année aux États-Unis et au Canada entre 568 milliards et 793milliards de dollars pour une série de maladies touchant les adulteset les enfants qui sont considérées comme ayant fort probablementune étiologie environnementale (Muir et Zegarac, 2001). Les coûtsestimatifs pour le Canada sont de 46 à 52 milliards de dollars parannée. Si on suppose qu’au moins 10 % et jusqu’à 50 % de cescoûts sont liés à des maladies écogéniques, les coûts estimatifs pourles États-Unis et pour le Canada se situeraient entre 57 et 397milliards de dollars.

• En 2005, l’Ontario Medical Association a calculé de manière prudenteque deux polluants atmosphériques (l’ozone troposphérique et lesmatières particulaires fines) causent plus de 5 800 décèsprématurés, plus de 16 800 hospitalisations, presque 60 000 visitesà l’urgence et plus de 29 millions de jours perdus en raison demaladies bénignes qui coûtent à l’Ontario près d’un milliard dedollars pour une seule année.

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les sensibilise et elles renseignent à leur tour lesfemmes et les familles qui veulent un enfant ouqui en attendent un sur les risques d’expositionaux divers contaminants environnementaux demême que sur les moyens à prendre pourminimiser ces risques. En 2002, ce projet a reçuun prix pour la promotion de la santé etl’innovation de l’Institut canadien de la santéinfantile. L’ensemble du matériel sera disponibleen 2005 au site Web du SRCHC(www.srchc.com) et des liens seront établis auportail du PCSEE.

La réglementation des risquesenvironnementaux : Avons-nous appris quelque chose deserreurs du passé?

Le plomb — une histoire lourde deconséquences et riche en leçons

La réglementation du plomb dans l’essenceillustre on ne peut mieux la conclusion qu’il fautagir avec prudence face à l’incertitudescientifique et à la possibilité de torts graves.C’est aussi une illustration classique de lacomplexité des problèmes de santéenvironnementale. Même si on connaît certainsdes effets nocifs du plomb depuis l’Antiquité, il afallu attendre longtemps avant qu’oncomprenne bien les effets subtils des expositionsde faible intensité.

Le plomb est naturellement présent dans lacroûte terrestre, mais il y est fortement lié àd’autres minéraux. La contamination de

l’environnement par le plomb et l’exposition deshumains au plomb sont presque entièrementattribuables aux activités humaines.L’industrialisation au 19e siècle a augmenté defaçon spectaculaire les concentrations de plombdans l’environnement, mais c’est en ajoutant duplomb à l’essence que les populations humainesont provoqué une contamination par le plomb àl’échelle de la planète. Le gradient decontamination ainsi créé suivait de près lesvariations de la densité de la circulationautomobile. Le plomb contenu dans presquetoutes les peintures a contaminé lesenvironnements intérieurs et le sol des terrainsrésidentiels. Les autres grandes sources étaient lasoudure à base de plomb dont on se servait pourfermer hermétiquement les boîtes à aliments, lestuyaux en plomb et d’autres produits employésen plomberie.

Ces emplois plutôt historiques du plomb,surtout dans l’essence et la peinture, ont créé unbassin de contamination par le plomb quiconstituera un sérieux risque d’expositionpendant des décennies à venir.

Le saturnisme infantile (« saturnisme » vient de« saturne », qui désignait le plomb dans lelangage alchimique) existait comme diagnosticclinique dès 1892. Dans les années 1920, desexpériences sur des animaux ont révélé que leplomb exerçait ses effets en empoisonnant lecerveau et le système nerveux. Dans les années1940, on a commencé à obtenir les premièresdonnées sur les effets plus subtils desexpositions moins intenses sur la cognition et lecomportement. En dépit des preuves de plus enplus nombreuses de la toxicité des expositions

CHAPITRE V : QU’EST-CE QUI EST FAIT POUR PARER AUX DANGERS?

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103CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

Les Figures 14 et 15 donnent deux exemples de la constante révision à la baisse des niveaux d’exposition jugésnocifs à la lumière des résultats des études scientifiques, y compris des études qui ont mesuré les effets dans desgroupes d’enfants exposés.

Figure 15 : Baisse du seuil de nocivité pour lemercure

Source : Schettler, T. et al. 2000.

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Figure 14 : Concentrations de plomb dans lesang considérées comme élevées

Source : Centers for Disease Control. 1991.

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de faible intensité au plomb chez les enfants, leplomb n’a pas été éliminé de la peinture avant lafin des années 1970 et de l’essence avant ledébut des années 1990 (dans la plupart des paysmais pas tous). C’était déjà trop tard pour lesmillions d’enfants qui avaient été touchés. Or,les sources nouvelles ou toujours présentes deplomb dans les produits de consommation nesont pas contrôlées de manière adéquate.

Dans les années 1960, le plomb dans l’essenceétait indissociablement lié à une longue chaîned’intérêts commerciaux qui s’étendait del’extraction et du raffinage jusqu’à la fabrication

des automobiles en passant par le recyclage, laproduction d’additifs à base de plomb et leraffinage du pétrole. Les sociétés qui avaient desintérêts commerciaux, et surtout celles quiétaient directement liées aux industries del’extraction et de la transformation du plomb,ont énergiquement rejeté les allégations selonlesquelles la contamination environnementalepar le plomb pouvait avoir des incidences sur lasanté des enfants.

À la fin des années 1980, 20 ans de recherchesscientifiques avaient confirmé les dangers desexpositions de faible intensité. Peu de gens

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contestaient l’idée que le plomb pouvaitendommager le cerveau d’un enfant. Mais peude gens se rendaient compte qu’on a pucomprendre ces effets parce qu’on a accepté queles expositions au plomb se généralisent etqu’on en a soigneusement documenté les effetsensuite. Ce n’est qu’au moment où le déclic s’estfait qu’on a enfin adopté les règlements qui ontéliminé le plomb dans l’essence.

Les études scientifiques les plus récentesindiquent qu’il n’y pas de niveau d’exposition àcette puissante neurotoxine développementalequi soit sans danger. Certains éléments del’histoire du plomb se répètent bien tropsouvent dans les débats sur les questionsenvironnementales. En voici quelques-uns :• le refus de prendre au sérieux les premiers

signaux d’alerte (données expérimentales surles animaux, accidents du travail ou autresexpositions de forte intensité);

• des débats à n’en plus finir sur les preuves denocivité, alimentés par ceux qui ont desintérêts commerciaux dans la production etl’emploi du plomb;

• la nécessité de procéder à des étudesscientifiques extrêmement complexes etcoûteuses pour expliquer comment lesexpositions de faible intensité peuvent avoirdes effets subtils et difficiles à mesurer sur lasanté;

• un long processus d’accumulation dedonnées qui ne font que confirmer etétendre les inquiétudes initiales, y comprisles avertissements que des effets nocifs sur ledéveloppement du foetus et de l’enfantpeuvent entraîner des dommagespermanents;

• l’inaction sur le plan de la réglementationjusqu’après que les preuves de nocivités sontconfirmées à la suite d’expositions touchantdes millions d’enfants.

L’évaluation des risques : Quefait-on pour rattraper le retard?

L’histoire du plomb montre aussi combien detemps on peut mettre pour s’attaquer à desproblèmes aux racines profondes. La croissanceindustrielle et les autres changements qui se sontproduits au cours du 20e siècle nous ont légué,entre autres choses, un nombre tout simplementahurissant de produits chimiques.

La société n’a ni le temps ni les ressources pourétudier chaque produit chimique comme on l’afait dans le cas du plomb, pas plus qu’on ne peutattendre d’être sûrs de ses effets avant d’agir. Lesorganismes de réglementation au Canada etailleurs dans le monde font face à un énormedéfi. Il y a toute une accumulation de substancesutilisées à des fins commerciales, y compris despesticides, dont on n’a pas complètement oumême partiellement évalué la toxicité, et surtoutles impacts sur la santé prénatale ou infantile. Lacompréhension des effets sur le développementdu cerveau est sans doute la lacune la plusimportante dans ce vide informationnel.

Comme dans l’histoire du plomb, les substancesqui présentent les plus grands défis sont cellesqui sont produites en très grande quantité et ontsouvent une très grande valeur sur le plan desbénéfices réalisés sur les ventes, les emplois

CHAPITRE V : QU’EST-CE QUI EST FAIT POUR PARER AUX DANGERS?

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105CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT 105

L’évaluation des risques des substances toxiques

L’évaluation des risques est un outil de prise de décisions important.Le risque est la mesure (a) du danger pour la santé et (b) de laprobabilité d’exposition au danger. L’évaluation des risques combine lespreuves scientifiques des impacts sur la santé ou sur l’environnementavec des données sur l’exposition ou des modèles d’exposition(lorsqu’on ne dispose pas de données sur l’exposition en tant quetelle). On fait aussi appel à l’opinion d’experts, souvent parce que lesdonnées scientifiques sont insuffisantes ou incomplètes. Ainsi, il y a unélément d’« intuition éclairée » dans l’examen de toutes lesinformations disponibles en vue de faire un calcul estimatif des risques.L’évaluation des risques est intégrée à une étape ultérieure, celle duprocessus de gestion des risques, où on examine les risques relatifsposés par différentes options. L’étape de la gestion des risques chercheaussi à tenir compte des considérations plus générales telles que lescoûts et les impacts sociaux. La décision finale sur la caractérisationdes risques pourrait minimiser le danger pour la santé des enfants ou,comme c’est le plus souvent le cas, être tempérée par desconsidérations relatives aux conséquences financières de la décisionsur tel ou tel secteur de l’économie.

En tant qu’outil de prise de décisions évolutif, l’évaluation des risquescontinue à souffrir de quelques limites de taille. L’emploi de donnéesscientifiques complexes peut créer l’illusion de la certitude alors quela base d’information est en réalité très limitée. C’est aussi un processuslent qui, jusqu’à maintenant, examine presque toujours les substancesune à une. Des progrès récents permettent désormais de procéder àdes examens complexes de groupes de substances dont le moded’action toxique est semblable. Mais il n’existe pas de techniques pourévaluer les effets combinés de combinaisons dans le monde réeld’expositions chimiques multiples dont les modes d’action toxiquessont dissemblables. Les nombreuses complexités inhérentes à lacompréhension du développement humain peuvent constituer desdéfis scientifiques importants pour toute évaluation des risques. Pendantque les longs processus d’évaluation se poursuivent, parfois des annéesde temps, les expositions se poursuivent, elles aussi. Cette approche« attentiste » est difficilement compatible avec l’approche préventive etprotectrice de la gestion des substances toxiques dont nous avons besoin.

L’absence de la preuve d’un effet n’équivaut pas à la preuve del’absence d’un effet.

générés ou d’autres biens etservices perçus comme utilesvoire essentiels.

La nécessité de faire quelquechose par rapport aux nombreuxtypes d’émissions polluantesproduites par nos sociétésindustrialisées est un défi nonmoins difficile à relever. AuCanada, plus de 23 000substances utilisées à des finscommerciales n’ont pas encoreété complètement évaluées. Deplus, environ 50 % des matièresactives dans les pesticides (il y ena des milliers sur le marché)doivent être réévaluées. La bonnenouvelle dans cette situation forttroublante, c’est que depuis lemilieu des années 1990, alorsqu’on commence à mieuxcomprendre les risques pour lasanté prénatale et infantiles, lesgouvernements ont modifié lesméthodes d’évaluation demanière à assurer une meilleureprise en compte des problèmespour la santé des enfants.Certaines de ces modificationsfont désormais partie des texteslégislatifs.

La mauvaise nouvelle, c’est leprocessus de traitement de tousles cas accumulés est d’unelenteur pénible. Santé Canada estchargé d’examiner les risques

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Qu’est-ce qui est« toxique » selon laLCPE?

Selon l’article 64 de la Loicanadienne sur la protection del’environnement de 1999 (LCPE), est« toxique » toute substance quipénètre ou peut pénétrer dansl’environnement en une quantitéou concentration ou dans desconditions de nature àa) avoir, immédiatement ou à

long terme, un effet nocif surl’environnement ou sur ladiversité biologique;

b) mettre en dangerl’environnement essentielpour la vie;

c) constituer un danger auCanada pour la vie ou la santéhumaines.

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pour la santé posés par les substances nouvelles et existantsutilisées à des fins commerciales au Canada. EnvironnementCanada en évalue les risques environnementaux. Lesévaluations combinées de ces deux ministères déterminentquelles mesures de réglementation ou autres mesures de gestionle gouvernement fédéral choisira. Les ministères del’environnement des provinces ont eux aussi des mandatsd’évaluation des risques d’exposition environnementale etd’établissement de normes. En fait, la plupart des normes enmatière de protection de l’environnement ayant forceexécutoire au Canada sont des normes provinciales. Legouvernement fédéral se contente généralement de fixer deslignes directrices, comme il l’a fait pour les contaminants del’air, de l’eau et du sol. En ce qui concerne les pesticides, lesnormes sont fixées par les deux paliers de gouvernement.

Dans tous les cas, les organismes de réglementation emploientdes outils d’évaluation des risques et de gestion des risques(voir l’encadré) pour fixer les normes relatives aux expositionsenvironnementales.

Beaucoup de choses dépendent de la volonté desgouvernements fédéral et provinciaux d’agir et traiter les casaccumulés pour que des mesures de réduction des expositionsaux substances toxiques au Canada puissent enfin être prises. Laplupart des normes provinciales de qualité de l’air et de l’eauont besoin d’être mises à jour ou attendent d’être mises enapplication. Au niveau fédéral, trois lois sont d’un intérêtparticulier : la Loi canadienne sur la protection de l’environnement,la Loi sur les produits antiparasitaires et la Loi sur les produitsdangereux.

La Loi canadienne sur la protection de l’environnement (LCPE)stipule que toutes les substances utilisées au Canada doiventêtre soumises à une évaluation de leurs impacts surl’environnement et sur la santé humaine. Des dates limites ontété fixées pour le traitement des cas accumulés de substancesqui n’ont pas encore été évaluées. Les 23 000 substances

CHAPITRE V : QU’EST-CE QUI EST FAIT POUR PARER AUX DANGERS?

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107CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

doivent être classées d’ici la fin de 2006 enfonction de critères relatifs à leur toxicité (ycompris leur persistance dans l’environnementet leur capacité de se bioaccumuler) et leurpotentiel d’exposition. Il s’agit essentiellementd’une mesure d’efficacité destinée à ouvrir la voieà des évaluations plus détaillées des substancesqui soulèvent les questions les plus sérieuses.

Une fois qu’une substance a été complètementévaluée (et l’exercice est souvent très long), unedécision est prise quant à savoir si la substanceest « toxique » au sens de la LCPE. Si on jugequ’une substance ou un groupe de substances est« toxique selon la LCPE », on procède au choixd’une des options possibles, qui peuvent allerjusqu’à la réglementation mais ne vont pasnécessairement jusque là. En 2004, seulement69 substances ou groupes de substances avait faitl’objet d’une évaluation complète au Canada.

La réévaluation des pesticides a attiré beaucoupde critiques selon lesquelles elle avance à unrythme qui n’est guère plus rapide. La Loi sur lesproduits antiparasitaires a subi certaines révisionsrécemment, mais les nouvelles dispositionsn’entreront pas en vigueur avant le mois dejanvier 2006 au plus tôt. La loi révisée exigeraque tout nouveau pesticide et tout pesticide àréévaluer le soit selon des méthodes nouvellesqui sont plus protectrices des enfants. Les dateslimites pour la réévaluation des pesticides sur lemarché depuis plus longtemps varient, sur lesquelques années à venir, pour les différentsgroupes de pesticides; elles sont coordonnéesavec les dates limites pour ces mêmes groupesfixées en vertu de la Food Quality Protection Actdes États-Unis.

Il y a enfin notre Loi sur les produits dangereux.Rédigée vers la fin des années 1960, cette loi estpresque entièrement passive, au sens où elle necherche pas à prévenir les problèmes avant qu’ilsne se produisent et que pour l’essentiel, elle neprévoit une intervention qu’en réponse à desproblèmes très graves, y compris la mort,occasionnés par des produits de consommation.Il est extrêmement rare qu’une mesure deréglementation soit prise en vertu de cette loi, etsi une telle mesure est prise, l’intervention esttoujours d’une extrême lenteur. Beaucoup degens pensent à tort que si un produit estdisponible, c’est qu’il a été évalué et jugé propreà la vente et à l’utilisation. Non seulement cen’est pas le cas, mais la Loi sur les produitsdangereux ne reconnaît même pas augouvernement le pouvoir de retirer des produitsdu marché ou d’exiger qu’il soit retiré des rayonsdes magasins.

À une époque où on possède de plus en plus dedonnées indiquant que certains produits deconsommation contribuent à des expositions àdes contaminants ou en sont la sourceprincipale, la Loi sur les produits dangereux est unobstacle sérieux à la prise de toute mesure deréglementation progressive. Les exemples récentsde dangers associés à des produits sont légion,qu’on pense au plomb dans les bijoux, auxproduits chimiques perfluorés dans les surfacesantiadhésives des ustensiles de cuisson, auxPBDÉ dans les produits électroniques et lesarticles d’ameublement de maison, auxphthalates dans les jouets et les films étirablesqui servent à l’emballage des aliments, aubisphénol A dans les résines et les colorants ouau nonylphénol dans les détergents. Même si la

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LCPE peut jouer un rôle dans l’évaluation de cessubstances, la détermination d’une toxicité en vertude la LCPE ne change pas grand-chose à leur usagecontinu dans les produits de consommation. Parexemple, le plomb a été jugé toxique selon la LCPEau début des années 1990. Cette décision n’a eupresque aucun effet sur l’importation des produitsde consommation qui contiennent du plomb, quin’a pas cessé depuis.

Comment évaluer les effetsmultiples et les expositionsmultiples

Quand il est question de mesurer, d’évaluer et deréglementer des risques d’expositionenvironnementale, l’examen porte généralement surun effet ou un contaminant à la fois, souvent enexcluant tout autre effet ou toute autre exposition.

La capacité de mesurer des expositions multiples etd’évaluer des effets multiples existe à peine. Onpossède un certain nombre de données sur ce qu’onappelle les effets additifs ou les effets synergiques del’exposition à des substances multiples (voir lesdéfinitions dans la zone de texte). Les données surdes substances qui semblent partager les mêmesmécanismes de toxicité, dont les groupes desubstances comme les dioxines ou les BPC ouencore les pesticides organophosphorés, sont asseznombreuses. C’est justement dans le but de pouvoirévaluer des groupes entiers comme lesorganophosphates qu’on travaille à mettre au pointdes techniques qui permettent d’agréger (de réuniren un tout) plusieurs expositions (dans l’air, dansl’eau et dans les aliments, par exemple) des mêmes

Quelques définitions quis’appliquent aux expositions dansle « monde réel »

Effet additif : Deux ou plusieurs substancesinteragissent et l’effet combiné est égal à lasomme des effets individuels (p. ex., 2+2=4).Effet antagoniste : Deux ou plusieurssubstances interagissent et une ou plusieurs deces substances neutralisent partiellement oucomplètement les effets de l’autre ou desautres. L’effet combiné est moins que la sommedes effets individuels (p. ex., 2+2<4).Action synergique : Deux ou plusieurs agentschimiques amplifient les effets de l’autre ou desautres (càd. que leur effet combiné dépasse(1) l’effet additif et (2) l’effet individuel).Exposition totale : L’exposition totale à unseul composé chimique par des voies multiples(dans les aliments, l’eau potable, le sol, etc.) etdes modes d’exposition multiples (oral, cutané,inhalation).Risque cumulatif : Risques découlant del’exposition à deux ou plusieurs agentschimiques qui présente un mode d’actioncommun ou un mécanisme commun de toxicité.Mode d’action commun ou mécanismecommun de toxicité : Deux ou plusieursagents chimiques distincts produisent le mêmeeffet toxique ou un effet toxique semblable surdes organismes cibles. Par exemple, lespesticides organophosphatés tuent les insectesen perturbant l’action normale de lacholinestérase, une enzyme présente dans lesystème nerveux des insectes. Comme lacholinestérase participe au fonctionnementnormal (et au développement normal) dessystèmes nerveux des vertébrés (dont leshumains), ce mode d’action est une source depréoccupations pour les humains, et surtoutpour les enfants dont les cerveaux sont en trainde se développer.

108 CHAPITRE V : QU’EST-CE QUI EST FAIT POUR PARER AUX DANGERS?

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109CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

substances et d’obtenir ainsi une image pluscomplète de l’exposition totale.

Ces techniques d’agrégation des expositions etd’évaluation des mécanismes communs detoxicité ne seront applicables qu’aux groupes desubstances semblables comme les insecticidesorganophosphatés. Il s’agit d’un premier pas versla compréhension de la situation réelle deshumains qui sont exposés à milliers decontaminants chimiques. Cependant, elles necommencent même pas à effleurer le problèmede la mesure et de l’évaluation de l’effet combinéde maints groupes de substances dissemblablespour lesquelles des expositions multiples defaible intensité sont courantes et des effetsmultiples sont connus ou présumés.

Source de la photo : Santé Canada

Le principe de la prudence :Mieux vaut prévenir que guérir

Le principe de la prudence dit simplement qu’ilvaut mieux prévenir que guérir. Ainsi, tout lemonde — citoyens individuels, organisations,communautés, industries, scientifiques etgouvernements — peut faire preuve de prudencedevant ce qui semble être des situationspotentiellement dangereuses. En tant qu’outil deprise de décisions, il répond directement aumanque de certitude scientifique totale quirègne partout à l’égard des questions de santéenvironnementale extraordinairement complexe.Comme dit la Convention sur la diversité biologique« l’absence de certitudes scientifiques totales nedoit pas être invoquée comme raison pourdifférer les mesures qui permettraient d’en éviterle danger ou d’en atténuer les effets ».

Au Canada, le principe de la prudence et lesconcepts et moyens d’interventions politiquesconnexes (comme la prévention de la pollution)font très lentement leur entrée dans lesréflexions et les politiques en matière de santéenvironnementale des enfants. La version duprincipe de la prudence qu’on trouve dans laDéclaration de Rio (reproduite à la page 17 duChapitre I) a été incorporée d’une manièreplutôt vague dans la Loi canadienne sur laprotection de l’environnement (car il figure dans lepréambule de la Loi sans être inscrit dans letexte). Plus récemment, on l’a ajouté auxrévisions (pour certaines décisions seulement)

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au projet de Loi sur les produits antiparasitaires. Il faudraitsurveiller de près la mise en application de cette nouvelle loisur les pesticides au Canada, qui pourrait améliorergrandement la protection de la santé des enfants contre lesexpositions aux pesticides. La révision parlementaire de laLCPE, prévue pour 2006, fournira d’autres occasions derenforcer les motifs juridiques pour l’application demesures de prudence à la réglementation des substancestoxiques. La Loi sur les produits dangereux ne tient pas comptedu principe de la prudence et il est plus que temps de laréviser. Au niveau provincial, une révision semblable deslois et des politiques pour y inclure le principe de laprudence est tout à fait indiquée. Au niveau local, lesrèglements interdisant les pesticides, la cigarette et lamarche à vide des véhicules sont de bons exemples demesures de prudence. Pour de plus amples informations,voir le recueil de publications sur le principe de la prudencede l’ACDE à www.cela.ca/coreprograms/detail.shtml?x=1329 de même que le rapport de PollutionProbe intitulé « Applying the Precautionary Principle to StandardSetting » à www.pollutionprobe.org/Publications/Policy.htm.

La Déclaration deWingspread sur le principede la prudence

Il existe plusieurs définitions duprincipe de la prudence. La Déclarationde Rio (reproduite à la page 17 duChapitre I) parle de « dommagesgraves ou irréversibles » et de« mesures effectives ». D’éminentsscientifiques dans le domaine de lasanté environnementale ont formulé laDéclaration de Wingspread sur le principede la prudence qui dit ceci :

Lorsqu’une activité crée unpotentiel de dommage à lasanté humaine ou à la santéde l’environnement, desmesures de précautiondoivent être prises même sicertaines relations decausalité n’ont pas étéentièrement établies sur leplan scientifique.

La Déclaration de Wingspread parle plusgénéralement des risquesenvironnementaux en écartant l’idéequ’on doit attendre qu’il y ait dangerde dommages graves ou irréversibles.Elle omet également toute mention dela notion selon laquelle on pourraitpréférer certaines mesures à d’autrespour des raisons de rentabilité.

Pour de plus amples informations, voirle Science and Environmental HealthNetwork à www.sehn.org/wing.html.

CHAPITRE V : QU’EST-CE QUI EST FAIT POUR PARER AUX DANGERS?110So

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111CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

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113CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

Nous savons déjà beaucoup de choses sur ce qu’il faut faire pour garder les enfantsen santé et les mettre à l’abri du danger. Les éléments de base sont des alimentssains, de l’eau propre, un repos adéquat, de la sécurité au foyer et dans les aires dejeu et des soins médicaux et dentaires axés sur prévention. Dans le cas des bébés, etsurtout des tout-petits qui rampent et font leurs premiers pas, la plupart des famillescanadiennes sont habituées à prendre des mesures particulières pour assurer lasécurité des enfants.

La sécurité des enfants suppose une série de changements, à commencer par lemilieu de vie quotidienne de l’enfant (à la maison), qui sont destinés à prévenir lestraumatismes et les expositions aux poisons. On modifiera la disposition des meubleset des autres objets lourds, on placera des barrières au haut et au bas des escaliers,on couvrira les prises de courant électriques et on posera divers dispositifs deverrouillages et de couvercles à l’épreuve des enfants sur les armoires, les portes, lestiroirs et les récipients. À l’extérieur de la maison, on clôturera les aires de jeu, les

Chapitre VI : Comment créer desenvironnements sains pour lesenfants

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piscines et les étangs et on installera des siègesde sécurité pour enfants, qui sont obligatoires.Ce sont pour l’essentiel des barrières physiquesdressées devant les objets ou les situations quipeuvent causer la mort, des blessures ou desexpositions aux substances toxiques. Le conceptdes mesures particulières pour assurer la sécuritéles enfants est aussi ancien que valable, et il adéfinitivement fait ses preuves.

À un autre niveau, les mesures de prudence sontde mise pendant la grossesse et dans les conseilssur les soins prénataux qu’on donne auxfemmes. Par exemple, la pratique courante en cequi concerne les étiquettes sur les médicaments,qu’ils soit prescrits ou en vente libre, consiste àsuggérer à la femme enceinte d’éviter toutsimplement d’en prendre pendant la grossesse(et la période d’allaitement) ou d’en prendreuniquement selon les indications d’un médecin.Les médecins et les autres fournisseurs de soinsde santé incitent les femmes enceintes et lesfemmes qui essaient de le devenir à éviter lesfacteurs de risque connus tels que l’alcool, letabac et les radiographies dentaires et autres, etde manger des aliments sains, de bien se reposeret de compléter leur régime alimentaire enprenant des vitamines prénatales qui contiennentde l’acide folique (qui aide à prévenir lesanomalies congénitales de la moelle épinière).

Au niveau des expositions environnementales, leconcept de la protection de la sécurité desenfants doit être prolongé de deux façons.D’abord, on doit le prolonger sur une pluslongue période de temps, de trois mois avant lagrossesse jusqu’à l’âge adulte. Ensuite, laprotection de la sécurité des enfants, quicomprend les soins prénataux, doit êtreprolongée de manière à inclure un éventail pluslarge d’expositions potentiellement dangereuses.

Ce qu’il fait savoir sur la santé des enfants etl’environnement renferme une fouled’informations sur les expositionsenvironnementales, de suggestions pourprotéger la santé environnementale des enfantset de renvois à des sources de renseignementsplus détaillés. Ce dernier chapitre changequelque peu de registre et propose une liste desdix plus importantes suggestions pour réduireou éviter les expositions afin de garder lesenfants en sécurité et en santé. Les suggestionsrelatives aux milieux intérieurs s’appliquent toutautant à la maison, à l’école et à la garderie. Lesénumérations ne sont pas courtes, mais elles nesont pas non plus exhaustives. Comme c’est lecas pour toute technique de protection de lasécurité des enfants, la première ligne de défenseconsiste à se concentrer sur la prévention et àadopter le principe prudent de « mieux vautprévenir que guérir ». S’il y a un danger d’effetsnocifs, cherchez à éviter expositions et trouvezdes solutions de rechange moins dangereuses.

CHAPITRE VI : COMMENT CRÉER DES ENVIRONNEMENTS SAINS POUR LES ENFANTS

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115CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

Pour qui veut assurer une bonne santé prénatale etinfantile, la première priorité, dont l’évidence n’enlève rienà l’importance, est de vivre et manger sainement. Voiciune liste partielle des choses à faire et à ne pas faire :• Ne fumez pas. Si vous fumez, arrêtez. Si vous avez

déjà essayé d’arrêter, essayez de nouveau. Ne fumezpas pendant la grossesse ou dans les milieuxintérieurs fréquentés par les enfants (cela veut aussidans l’auto).

• Mangez de façon équilibrée (Voir « Aliments sains »ci-dessous).

• Évitez tout alcool pendant la grossesse.• Évitez, dans la mesure du possible, les radiographies

dentaires et les plombages au mercure pendant lagrossesse.

• Suivez les suggestions alimentaires saines afin deréduire les concentrations de contaminants dans lelait maternel (choisissez des aliments biologiques etmangez surtout moins de gras animal).

• Respectez les avis aux consommateurs de poisson— ceci est extrêmement important pour les femmesenceintes et les femmes qui allaitent, les enfants ettoutes les femmes en âge de procréer.

• Allaitez votre bébé le plus longtemps possible(exclusivement pendant les six premiers mois etjusqu’à l’âge de deux ans, si cela vous est possible).

1. Vivez sainement, mangez sainement

1. Vivez sainement, mangez sainement2. Lavez les mains et éliminez la poussière3. Améliorez la qualité de l’air intérieur4. Réduisez la pollution atmosphérique

extérieure5. Diminuez la quantité de produits toxiques

que vous utilisez

Les dix plus importantes suggestions pour protéger la santéenvironnementale des enfants

6. Sécurisez les jeux des enfants7. Rénovez en toute sécurité8. Prenez des mesures spéciales en milieu rural

et nordique9. Soyez un consommateur averti10. Passez à l’action

• Maintenez un bon niveau d’activité physique etprenez des mesures concrètes pour réduire le stress.

Aliments sains : Heureusement, les aliments quireprésentent de bons choix nutritionnels ont en généralmoins d’impacts sur l’environnement et une plus faiblecharge de contaminants :• Un régime qui comprend des grains entiers, des

fruits, des légumes, des protéines non animales(fèves, produits de soja, etc.) et des produits à faibleteneur en gras animal réduira les niveauxd’accumulation de substances toxiques dans le corps.N’évitez pas le poisson, mais respectez les avis auxconsommateurs de poisson.

• Les aliments frais qui contiennent un minimumd’additifs et ont été minimalement transforméscontiennent moins de contaminants tels que métauxlourds que les aliments transformés. Parmi lesadditifs alimentaires dont on sait qu’ils sont malsains,il y a les nitrates qu’on retrouve dans les viandestransformées ou salaisonnées comme les hot-dogs etles viandes froides.

• Quand on achète des produits locaux en saison, ladistance entre la ferme et la table diminue et onn’est pas obligé d’utiliser autant de pesticides etd’agents de conservation. Qui dit moins de transport

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dit moins de gaz d’échappement, donc unemeilleure qualité de l’air.

• Choisissez des produits biologiques.• Variez votre choix de fruits et de légumes pour

éviter que les enfants ne soient constammentexposés aux mêmes types et aux mêmes niveauxde résidus de pesticide.

• Si votre budget d’épicerie est serré, maximisez lesbienfaits des dollars que vous dépensez sur lesaliments biologiques en achetant « bio » pour lesaliments situés plus haut dans la chaînealimentaire, dont la charge de contaminants tend àêtre plus forte (produits laitiers, oeufs, viandes,etc.), ou cherchez les aliments pour lesquelsl’écart de prix entre le bio et le non bio est le plusfaible. Choisissez les versions bio si les enfants neveulent manger qu’une variété limitée des mêmesaliments.

• Évitez les aliments brûlés, surtout s’ils ont étécuits sur le barbecue (pour éviter touteexposition aux HAP carcinogènes); n’utilisez pasles ustensiles de cuisson « antiadhésifs » à de trèshautes températures (pour éviter de libérer descomposés chimiques perfluorés).

• Ne conservez pas et ne servez pas les aliments oules boissons dans du cristal au plomb ou de lapoterie glacée au plomb (attention aux récipientsde faïence aux couleurs vives importés de laChine, du Mexique ou de l’Italie). N’utilisez quedes ustensiles de cuisson qui sont en bon état, etjetez les casseroles émaillées ébréchées, lesustensiles de cuisson antiadhésifs égratignés, lescasseroles en aluminium piquées ou usées et lesrécipients en céramiques ébréchés ou fêlées.

• Évitez de réchauffer des aliments ou des boissonsdans des récipients en plastique ou recouverts defilm plastique (surtout dans les fours à micro-ondes).

• Santé Canada conseille à toutes les femmes quipourraient devenir enceintes de prendre unemultivitamine contenant 0,4 mg d’acide foliquetous les jours. Pour réduire le risque d’anomaliesdu tube neural, on devrait commencer à prendre

Source de la photo : Mark Surman

les vitamines trois mois avant la grossesse etcontinuer pendant les trois premiers mois de lagrossesse. Pour de plus amples informations, voirwww.phac-aspc.gc.ca/fa-af/rapport/rapport_complet.html.

• Pendant la période d’allaitement, la mère doit sereposer beaucoup, bien manger (en prenant unsupplément de calcium) et boire assez d’eau pourproduire du lait en quantité suffisante. Le plomb suitle cheminement du calcium dans le corps; si lecalcium alimentaire est insuffisant, une partie ducalcium dans le os et les dents sera mobilisé etentraînera avec lui, sur son chemin vers le laitmaternel, du plomb stocké. De la même façon,pendant la grossesse, un régime alimentaire sainriche en calcium et en fer réduira l’absorption deplomb et la mobilisation du plomb stocké dans les oset les dents.

CHAPITRE VI : COMMENT CRÉER DES ENVIRONNEMENTS SAINS POUR LES ENFANTS

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117CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

Des métaux, des pesticides et bien d’autres substancessont transportés depuis l’extérieur jusque dans la maisonsur les chaussures, les pattes des chiens et des chats, lesroues des poussettes, etc.; ils finissent par pénétrer dansla poussière domestique et les tapis ou par se déposersur les surfaces intérieures, où ils deviennent des sourcesimportantes d’exposition des enfants. Les contaminantsde source intérieure, provenant dans bien des cas desproduits de consommation, sont un autre sujetd’inquiétudes croissantes. Les contaminants dans lapoussière domestique tendent aussi à se concentrer dansles sacs d’aspirateur, dans les filtres à charpie dessécheuses et dans les appareils ou outils de nettoyage.

Chez les très jeunes en particulier, les comportementsmain-bouche exposent les enfants à tout ce qui se trouvesur leurs mains souvent collantes ou sur d’autressurfaces. Le lavage régulier des mains réduit l’ingestion desubstances indésirables et la propagation des maladiestransmissibles. Le lavage des mains est particulièrementimportant avant de manger ou de préparer un repas. Lesproduits antibactériens et les désinfectants sont d’uneutilité discutable, d’autant plus qu’ils peuvent perturber ledéveloppement normal du système immunitaire. Limitezdonc leur utilisation à des situations où le danger detransmission d’agents pathogènes est très réel commelors d’un refoulement d’égout ou après avoir manipulé dela viande crue (rappelez-vous que l’eau savonneuse trèschaude et une bonne hygiène dans la cuisine peuvent trèsbien faire l’affaire).

Suggestions pour éliminer la poussière :• Enlevez vos chaussures à la porte.• Mettez des tapis d’entrée que vous pouvez laver

souvent devant les portes. (Des études ont confirméque les tapis d’entrée peuvent empêcher des quantitésconsidérables de poussière et de saleté de pénétrerdans la maison. Comme ils peuvent aussi être trèscontaminés, il est important de les laver à part.)

• Pour enlever la poussière domestique, évitezd’épousseter à sec et servez-vous d’un linge ou d’un

2. Lavez les mains et éliminez la poussière

balai-éponge humide, ou encore d’un aspirateur.• Passez un aspirateur à tête motorisée efficace une fois

par semaine sur les tapis et les planchers (deux fois parsemaine dans les maisons où il y a un bébé qui rampe).

• Évitez de changer ou de vider le sac d’aspirateur oule bac d’un système d’aspiration central si vous êtesenceinte. Ne permettez pas aux enfants d’accomplirces tâches.

• Évitez l’exposition à la poussière mettant les sacsd’aspirateur ou le contenu du bac du systèmed’aspiration central au rebut avec toutes les précautionsvoulues — ces déchets ne doivent pas être compostés.

• Jetez les chiffons à poussière en prenant lesprécautions voulues, ou lavez-les séparément.

• N’utilisez pas le même matériel de nettoyage (balais,ramasse-poussière, chiffons, etc.) dans la maison quecelui qui sert à nettoyer un atelier au sous-sol oudans le garage (où des substances toxiques peuventou ont pu être entreposées).

• Évitez de contaminer le milieu de vie de votre enfanten ramenant des contaminants de votre travail. Sivotre travail vous fait entrer en contact avec desproduits chimiques ou que vous travaillez dans laconstruction commerciale ou résidentielle, etsurtout dans la rénovation, faites particulièrementattention à isoler vos chaussures et vos vêtements.Enlevez vos vêtements et prenez une douche avantd’entrer dans des pièces ou de toucher à desmeubles où les enfants passent du temps. Rangez lesvêtements de travail souillés à part des autresvêtements; lavez-les à part aussi.

• Supposition prudente : La charpie dans la sécheuseest probablement aussi contaminée que la poussièredomestique dans la maison. Jetez-la avec lesprécautions voulues et ne vous en servez pas pourfabriquer du papier artisanal ou d’autres articlesd’artisanat avec les enfants.

• Supposition prudente : La poussière et la saleté àl’intérieur et à l’extérieur de votre voiture oud’autres véhicules sont probablement contaminéespar des substances toxiques.

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Un bon système de ventilation ou une aération régulièreaide à évacuer les substances toxiques dans l’air intérieuret à rétablir les niveaux d’oxygène. Si la poussière estenlevée avec un linge ou un balai mouillé, on risque moinsd’être de nouveau exposé pendant le nettoyage et onempêche les particules de se disperser dans l’air où ellepourraient être inhalées ou retomber sur les surfaces.

Suggestions pour améliorer la qualité de l’airintérieur :• Aérez régulièrement les espaces intérieurs, sans en

compromettre efficacité énergétique. Faites marcherun ventilateur pendant deux ou trois minutes devantune fenêtre ouverte. Servez-vous d’un minuteurpour vous rappeler qu’il faut refermer la fenêtre.

3. Améliorez la qualité de l’air intérieur

• Installez des ventilateurs d’évacuation au-dessus despoêles à gaz et dans les salles de bain.

• Ne fumez pas dans la maison ou dans la voiture(retirez l’allume-cigare et le cendrier).

• Ne laissez pas les enfants dormir avec des animauxdomestiques.

• Suivez nos conseils sur l’élimination de la poussière(voir la suggestion no 2 sur notre liste).

• Suivez nos conseils sur la diminution de la quantitéde produits toxiques que vous utilisez (voir lasuggestion no 5 sur notre liste).

• Suivez nos conseils pour des rénovations en toutesécurité (voir la suggestion no 7 sur notre liste).

• Soyez un consommateur averti (voir la suggestionno 9 sur notre liste).

• Lisez les autres informations et les suggestions pourprotéger la santé environnementale des enfants quiconcernent les moisissures, les solvants organiques,les phthalates et les PBDÉ (Chapitre III), les COV etles poussières intérieures (Chapitre IV) et les tapis(Chapitre V).

• Protégez votre maison contre le monoxyde decarbone : Ouvrez la porte du garage avant de fairedémarrer la voiture et ne faites jamais marcher desoutils à moteur à essence dans un garage fermé;assurez-vous que les gaines des appareils quifonctionnent au gaz naturel ou au propane sontnettoyés régulièrement et veillez à ce que les éventsne soient jamais obstrués; faites vérifier lescheminées, les foyers et les fournaises une fois parannée; n’allumez pas un barbecue à gaz à l’intérieurou dans un espace attenant et clos (tels qu’ungarage); installez des détecteurs de monoxyde decarbone à chaque étage et remplacez-les tous lestrois à cinq ans.

• Enquêtez sur les problèmes de qualité de l’airintérieur à l’école, à la garderie et au centre récréatif(voir « Passez à l’action », la suggestion no 10 surnotre liste).

Source de la photo : Mark Surman

CHAPITRE VI : COMMENT CRÉER DES ENVIRONNEMENTS SAINS POUR LES ENFANTS

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119CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

Vu la lourdeur du fardeau des maladies qui sévissent déjàchez les enfants à cause de la pollution atmosphérique, ladiminution de la pollution atmosphérique extérieure estd’une importance critique. Cela peut être surprenant dese faire dire qu’on contribue à protéger la santé desenfants en éteignant des lumières qui brillent inutilement,mais de telles mesures de conservation réduisent lademande d’électricité et contribuent donc à améliorer laqualité de l’air.

Comment améliorer la qualité de l’air extérieur :• Conduisez moins.• Trouvez un compagnon de covoiturage.• Servez-vous des moyens de transport en commun.• Appuyez les mesures qui limitent l’étalement urbain.• Suivez les conseils des responsables de la santé

publique pendant les alertes au smog.• Encouragez les enfants à se rendre à l’école à pied

ou à vélo. Voir à ce sujet le programme Aller-retouractif et sécuritaire pour l’école à www.goforgreen.ca/araspe/home_f.html.

• Choisissez un véhicule à faible consommation decarburant.

• Pratiquez toutes les formes d’efficacité énergétiqueet de conservation de l’eau (afin de réduire laquantité de combustibles fossiles brûlés pourchauffer les maisons, le gaspillage de l’eau et lesbesoins de production d’électricité et d’épuration etde pompage de l’eau potable).

• Ne laissez pas votre véhicule marcher à vide.• Dans la mesure du possible, évitez les rues très

passantes aux heures de pointe lorsque vousmarchez avec de petits enfants ou que vous lespromenez en poussette.

• Ne brûlez jamais des matières plastiques ou d’autresmatières synthétiques telles que les tapis ou les oumeubles qui contiennent de la mousse ou sontrecouverts de vernis ou d’autres enduits.

• Ne brûlez jamais du bois traité sous pression (teintéde vert).

4. Réduisez la pollution atmosphérique extérieure

• Optez pour une tondeuse à main ou achetez unetondeuse peu énergivore ou encore éliminez lessurfaces gazonnées sur votre terrain. Mow DownPollution, une initiative de la Clean Air Foundation,encourage les propriétaires de tondeuses et taille-bordures à essence plus polluantes à les recycler(www.cleanairfoundation.org/mow_down).

• Relevez le Défi d’une tonne (www.climatechange.gc.ca/onetonne/francais/index.asp?pid=81).

• Commandez le guide de planification 20/20 The Wayto Clean Air et apprenez à réduire la consommationd’énergie de votre maison et de votre véhicule de 20 %(www.toronto.ca/health/2020/index.htm).

Source de la photo : Mark Surman

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Les agents chimiques dans les produits d’entretienménager (liquides et poudres, produits à polir, produits denettoyage pour tuyaux) et les cosmétiques ou lesproduits d’hygiène ou de beauté produisent de la mousse,dissolvent la graisse, enlèvent les tâches, dissolvent lesminéraux, ajoutent de la couleur, parfument, et encore etencore. Le hic, c’est que beaucoup de produits denettoyage contiennent du chlore ou d’autres produitschimiques très puissants. La puissance nettoyante duproduit est souvent de loin supérieure à ce qu’il faut pourla plupart des tâches de nettoyage ménager.

Les agents chimiques dans les produits de nettoyagepeuvent laisser des résidus chimiques sur les surfaces etcontribuer à la pollution atmosphérique intérieure. Lesproduits chimiques employés à la maison pendant desrénovations, pour lutter contre les parasites et lors del’utilisation et l’entretien des véhicules ou autres outils àmoteur sont nombreux. Des produits chimiques peuvententrer dans la maison par le biais des vêtements nettoyésà sec, et les conditions de travail peuvent contribuer àdes expositions aux contaminants ramenés à la maisonsur les chaussures ou les vêtements. Beaucoup de cesproduits chimiques n’ont pas été adéquatement ou mêmeminimalement analysés pour en déterminer les effets surla santé prénatale ou infantile. Certains d’entre eux sontassociés à des dangers connus ou présumés.Heureusement, le consommateur peut souvent choisirdes produits de rechange moins toxiques ou nontoxiques.

Suggestions pour diminuer la quantité de produitstoxiques que vous utilisez :• Choisissez parmi les produits de nettoyage « verts »

ou non toxiques en vente presque partout (voir à cesujet le Guide to Less Toxic Products àwww.lesstoxicguide.ca).

• Éviter les produits de nettoyage à base de chlore(surtout dans les détergents en poudre pour lave-

5. Diminuez la quantité de produits toxiques que vous utilisez

vaisselle, afin de réduire l’exposition aux sous-produits de désinfection dans la vapeur).

• Quand il vous faut vraiment un produit de nettoyagepuissant, achetez-en uniquement la quantiténécessaire pour la tâche à accomplir et privilégiez lescrèmes et les liquides afin d’éviter d’inhaler lesparticules qui se dégagent des poudres et desproduits pulvérisés.

• Aérez bien et tenez les enfants à distance jusqu’à ceque l’odeur soit partie. Si un produit porte unsymbole de danger, suivez attentivement lesinstructions sur l’étiquette. Voir la publication deSanté Canada intitulée Sécurité en tête, lisez l’étiquetteà www.hc-sc.gc.ca/cps-spc/pubs/cons/étiquette-letiquette_f.html. Assurez-vous quetous les récipients des produits de nettoyagetoxiques inutilisés sont hermétiquement fermés,entreposés hors de la portée des enfants et (ou) misau rebut avec les déchets ménagers dangereux.

• Évitez le nettoyage à sec ou trouvez un nettoyeurqui emploie des méthodes non toxiques (demandezexplicitement s’ils évitent d’utiliser leperchloroéthylène). Si vous avez des doutes sur lesproduits chimiques utilisés, étendez tous lesvêtements nettoyés à sec dehors (ou dans un espacebien aéré) pendant au moins deux heures avant deles ranger à l’intérieur.

• Évitez d’utiliser des pesticides, à l’intérieur et àl’extérieur, et trouvez des produits antiparasitairesnon toxiques et moins dangereux. Si des pesticidessont nécessaires, pour des raisons de santé ou desécurité, choisissez ceux qui sont les moins toxiques,suivez attentivement les instructions sur lesétiquettes, entreposez-les dans des récipientshermétiquement fermés dans des endroits àl’épreuve des enfants et mettez les restes au rebutavec les déchets ménagers dangereux. Voir le guidede Toronto Public Health intitulé Pesticide Free : Guide toNatural Lawn and Garden Care à www.toronto.ca/health/pesticides/naturel_lawn_guide.htm.

CHAPITRE VI : COMMENT CRÉER DES ENVIRONNEMENTS SAINS POUR LES ENFANTS

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121CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT 121

Les insectifuges personnels

Pour faire face au risque croissant d’infection par le virusdu Nil occidental porté par les moustiques, lesorganismes de santé publique recommandent l’emploid’insectifuges personnels accompagné d’autres mesurestels que le port de vêtements protecteurs, l’installationde moustiquaires en tulle et l’abandon des activités deplein air au crépuscule. La plupart des insectifugescontiennent du DEET, une molécule associée à des effetsneurotoxiques chez les enfants exposées à desconcentrations supérieures aux limites recommandées.Lorsqu’on les utilise avec modération, ces produits sontconsidérés comme un moyen de protection efficacecontre l’infection par le virus du Nil occidental. Lesinstructions sur les étiquettes doivent être suivies à lalettre. Le DEET ne doit jamais être appliqué sur desenfants de moins de 6 mois. On recommande un produitcontenant du DEET à 10 % ou moins pour les enfantsâgés de 6 mois à 2 ans, mais avec un maximum d’uneapplication par jour. Jusqu’à trois applications sontconsidérées comme acceptables pour les enfants âgés de2 à 12 ans. L’insectifuge doit être appliqué légèrementsur la peau exposée et sur les vêtements, mais jamais surdes coupures, des plaies, des coups de soleil ou desparties de la peau qui seront couvertes (par desvêtements ou des couvertures). On doit aussi éviter lesmains, le visage et les yeux des enfants.

Toronto Public Health recommande que les parentsadoptent l’approche la plus prudente à leur dispositionet emploient un produit spécialement formulé pour les

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enfants (qui a la plus faible teneur en DEET possible, etjamais plus de 10 %) et qu’ils suivent les indications surl’étiquette quant au nombre d’applications par jour. Pourles personnes qui préfèrent ne pas mettre du DEET, ilexiste quelques nouveaux produits qui ont étéapprouvés, dont des produits à base d’huile de soja oud’eucalyptus qui semblent avoir une efficacitécomparable aux produits contenant du DEET à 10 %.

Notez que le produit à base d’eucalyptus ne doit pas êtreappliqué sur des enfants de moins de 3 ans. En ce quiconcerne les produits à base de citronnelle, legouvernement fédéral a recommandé, à l’automne 2004,le retrait du marché de ceux qui s’appliquentdirectement sur la peau en raison de l’incertitudeentourant les risques de toxicité génésique. Les bougiesà la citronnelle et les autres applications ne sont pasvisées par cette recommandation. Le DEET n’est pasconsidéré comme un risque pendant la grossesse ou lapériode d’allaitement, mais cette conclusion n’est pasfondée sur une étude détaillée sur des sujets humains etToronto Public Health recommande que les femmesemploient plutôt des méthodes non chimiques. Enfin, lesvieux produits combinant un insectifuge et un écransolaire ont été interdits. Mettez au rebut avec vosdéchets ménagers dangereux tout tube ou récipientayant contenu un de ces produits combinés. Pour de plusamples informations de Toronto Public Health, rendez-vousà www.toronto.ca/health/westnile/wnv_personalprecautions.htm.

CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

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• Pour lutter contre les poux,n’utilisez que les pédiculicides àbase de perméthrine sur lesenfants ou essayez d’autressolutions que les pédiculicides(qui sont des pesticides classéscomme des médicaments quituent les poux). On trouvera enligne des ressources proposéespar la National PediculosisAssociation àwww.headlice.org, le groupecanadien Lice Squad àwww.licesquad.com etToronto Public Health àwww.toronto.ca/health/pdf/head_lice_factsheet.pdf.

• Suivez les conseils pour unerénovation en toute sécurité(voir la suggestion no 7 surnotre liste).

• Soyez un consommateur averti(voir la suggestion no 9 surnotre liste), en particulier en cequi a trait aux instructions surles étiquettes.

• Lisez les autres informations etles suggestions pour protéger lasanté environnementale desenfants relatives aux solvantsorganiques, aux parasites, auxphthalates et aux PBDÉ(Chapitre III), aux COV(Chapitre IV) et aux tapis(Chapitre V).

• Enquêtez sur les pratiques àl’égard des substances toxiquesà l’école et à la garderie (voir «Passez à l’action », la suggestionno 10 sur notre liste).

Le plomb dans les produits de consommation

Le plomb est, de toutes les substances toxiques, celle qui a étéétudiée le plus à fond. On sait qu’il est hautement toxique et qu’ilest dangereux pour les jeunes enfants à tous les niveauxd’exposition. Et pourtant, la présence du plomb dans les produitsde consommation n’est toujours pas bien réglementée. Même s’ila été interdit dans l’essence en 1990, un flot continu de produitsde consommation presque toujours importés qui en contiennenta été découvert — parfois grâce à des cas d’intoxication par leplomb chez des enfants. Le plomb continue à être incorporé auxproduits pour les mêmes raisons qu’à l’époque des Grecs et desRomains : Le plomb est bon marché et facile à faire fondre et àfaçonner, et on apprécie ses qualités de durabilité, de flexibilité etde coloration. Des concentrations toxiques de plomb ont étérelevées dans des stores à mini lamelles en PVC, dans la peinturesur des fermetures-éclair et dans des crayons et des mèches àbougie. On le retrouve aussi certains articles de poterie vernisséet, comme on pouvait s’en douter, dans le cristal au plomb; leplomb est particulièrement présent dans les bijoux bon marché,dont certains ont fait l’objet du plus important rappel de biens deconsommation de l’histoire des États-Unis vers la fin de 2004.

Suggestions pour protéger la santé environnementaledes enfants : Jetez avec les précautions voulues tout store àmini lamelles en plastique (les mini lamelles en métal sont sansdanger) acheté avant 1997, ou tout vieux store dont vous n’êtespas certain de l’âge (faites très attention en les jetant car lapoussière de surface est fortement contaminée par le plomb).Cherchez, dans les boîtes à jouets et les coffrets à bibelots et àbijoux, les bijoux de couleur gris mat ou qui pèsent lourd comptetenu de leur taille. Faites particulièrement attention à jeter lesobjets qui laissent un trait de gris quand on les passe sur unefeuille de papier. Vérifiez les sacs d’accessoires de fêtesd’anniversaire ou les « sacs surprises » contenant divers articlesvendus à vil prix. Vérifiez si vous n’avez pas un ou plusieurs de cesarticles sur votre propre porte-clés. Ne laissez jamais un bébé ouun enfant sucer ou introduire dans sa bouche des bijoux quicontiennent du plomb ou des ornements de porte-clés. Cesobjets peuvent contenir jusqu’à 50 % de plomb pur et sont doncexceptionnellement dangereux.

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123CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

Les enfants ont besoin de jouer. Leur santé et leur bien-être sociaux, physiques et affectifs en dépendent. Quandils jouent à l’extérieur, ils doivent être protégés contreles rayons ultraviolets, leurs activités doivent êtremodifiées de manière appropriée pendant les alertes ausmog, et on doit faire très attention en utilisant desinsectifuges personnels. Ici encore, les produits deconsommation comportent des risques inattendus. Lesjouets et le matériel d’art et d’artisanat peuvent contenirdes substances nocives. Le plomb a été détecté dans descrayons de couleur, des peintures et des bâtonnets decraie dont on se sert pour faire des dessins sur lestrottoirs. Les solvants dans les colles, dans les adhésifs etdans les crayons-feutres peuvent émettre des COV. Lesjouets en plastique souple à base de PVC peuventcontenir des phthalates qui fuient du plastique quand lesjouets sont introduits dans la bouche.

Les interventions des gouvernements et les pressionsexercées par les consommateurs ont amené lesfabricants à commencer à employer d’autres types deplastiques. En 1998, un avis de Santé Canada arecommandé aux parents de jeter les jouets de dentitionen vinyle souple et les hochets en vinyle souple et a émisune liste des jouets et hochets qui ne contenaient pas lephthalate de diisononyle (DINP), le plastifiant qui était àl’origine de l’avis; or, il est possible que certains jouets ethochets dont on sait qu’ils sont dangereux soient encoreen vente et chez les gens. Les jouets peints fabriquésavant les années 1970 peuvent contenir du plomb oud’autres produits chimiques toxiques. Les jouets etbibelots bon marché importés de certains payscontiennent souvent du plomb et sont inadéquatementréglementés.

Suggestions pour sécuriser les jeux à l’intérieur età l’extérieur :• Évitez toute exposition aux rayons UV. Couvrez les

petits bébés ou restez à l’ombre; les écrans solairesne sont pas recommandés pour les bébés de moinsde 6 mois. Tous les enfants devraient porter deschapeaux à larges bords et être protégés par unécran solaire. Se mettre à l’abri ou à l’ombre, surtoutentre 11 h 00 et 15 h 00 quand le soleil estparticulièrement intense, est nettement plus sûrqu’un écran solaire.

• Organisez les activités de plein air loin des zones àforte densité de circulation.

• Prévoyez des sorties pour les enfants à des heuresoù il y a peu de circulation.

• Modifiez le niveaux des activités de plein air quand laqualité de l’air est mauvaise. Suivez les conseils dansles avis d’alerte au smog.

6. Sécurisez les jeux des enfants

Source de la photo : Santé Canada

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• Appuyez toute mesure visant à faire étanchéifier ouremplacer les structures de jeu en bois traité àl’arsenic à proximité de chez vous. Assurez-vous queles structures étanchéifiées sont régulièrementinspectées. Lavez les mains des enfants qui viennentde jouer sur des structures faites de tous les typesde bois traité sous pression (c-à-d. traité auxpesticides).

• Appliquez un produit d’étanchéité pénétrant sur lesstructures de jeu et les terrasses en bois traité àl’arsenic.

• Les adultes dont les passe-temps nécessitent ouproduisent des substances toxiques (dont la remise àneuf de meubles) devraient s’y livrer à l’extérieur dela maison dans des studios spécialement aménagéspour le type d’activité en question. Dans la mesuredu possible, choisissez des matériaux non toxiquesou à faible toxicité. Évitez de ramener descontaminants sur vos chaussures ou vos vêtementsou isolez-les et lavez les vêtements à part. Sil’activité doit se dérouler à la maison, isolez-la dureste de la maison dans un endroit auquel les enfantsn’ont pas accès. On doit toujours s’assurer quel’espace où se déroule l’activité est bien ventilé versl’extérieur là où il n’y aura pas de risques pour desenfants qui pourraient jouer dehors.

• Les femmes enceintes doivent éviter toute activitéqui les met en présence de peintures à l’huile, desolvants, de vernis, de décapants pour peinture, decomposés au plomb (dont la soudure) et touteactivité qui produit de la poussière.

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• Si les enfants ont des passe-temps, surveillez-les,utilisez des produits non toxiques, suivez lesconsignes de sécurité sur les étiquettes, gardez lesproduits dans leurs récipients d’origine (pour quevous puissiez toujours consulter l’étiquette) etrangez-les en lieu sûr. Les enfants ne devraient nimanger ni boire pendant qu’ils sont en contact avecdu matériel d’art ou d’artisanat. Voir Santé Canada àwww.hc-sc.gc.ca/iyh-vsv/prod/arts_f.html.

• Évitez et (ou) jetez les jouets en vinyle souple,surtout ceux qui sont destinés aux bébés qui se fontles dents.

• Passez votre maison au peigne fin à la recherche lesproduits de consommation qui contiennent duplomb (voir l’encadré).

• Essayez de dissuader les enfants de sucer ou demâcher des objets qui ne sont pas des aliments oudes jouets.

• Conseillez aux jeunes filles de ne pas mettre devernis à ongles ou d’appliquer du dissolvant devernis à ongles, car les vernis et les dissolvantspeuvent contenir des produits dangereux.

• Conseillez aux jeunes de ne pas se mettre descolorants dans les cheveux, et surtout pas lescolorants permanents et plus foncés (qui peuventavoir des effets carcinogènes et autres sur la santé).

CHAPITRE VI : COMMENT CRÉER DES ENVIRONNEMENTS SAINS POUR LES ENFANTS

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125CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

La démolition des planchers et des murs et l’enlèvementdes prises de courant, des dispositifs d’éclairage et desappareils peuvent entraîner le rejet de maintessubstances nocives dans le milieu ambiant. Là où destravaux de rénovation ont eu lieu ou sont en cours, l’airet surtout la poussière peuvent contenir de l’amiante, desfibres minérales, du plomb, des pesticides et de lamoisissure. Les nouveaux matériaux de construction, lesadhésifs, les agents d’étanchéité et autres produitsemployés et les travaux de reconstruction peuventdégager des substances dont des COV comme le xylène,le benzène et le formaldéhyde ainsi que des poussières etdes fongicides.

Le plomb est un cas particulièrement préoccupant. Plusde 60 % des habitations au Canada ont été construitesavant 1976, à l’époque où on prenait la première mesureréglementaire en vue de l’élimination du plomb dans lapeinture. Comme le plomb était incorporé à la peinturepour en accroître la résistance et la durabilité, la teneuren plomb tend à être la plus forte dans les surfaces oùces propriétés étaient les plus importantes comme lesmoulures de porte, de fenêtre et de plinthe, les armoiresde cuisine et de salle de bain, les mains courantes, rampeset balustrades de même que les cache-radiateur et leurssurfaces métalliques. Pour la même raison, les peinturesd’extérieur ont souvent des teneurs en plomb plus fortesque les peintures d’intérieur. Le plomb servait aussi àcréer certaines couleurs comme le blanc, le rouge et lejaune, ainsi, si toutes les vieilles peintures sont suspectes(y compris celles qui recouvrent les vieux meubles), laprésence de ces couleurs peut signifier que la teneur enplomb est particulièrement forte. La détérioration de lapeinture due à l’usure rend les éclats de peinturedangereux. Enfin, le plomb s’accumule dans la poussièredomestique.

7. Rénovez en toute sécurité

Les rénovations, et surtout celles qui nécessitent ledécapage ou le ponçage de surfaces peintes, peuventcauser de très fortes concentrations dans la poussière. Lesol dans les environs immédiats des constructions plusvieilles est souvent fort contaminé par le plomb en raisonde la présence historique des surfaces peintes et de leurentretien.

L’amiante est une autre substance très préoccupanteparce qu’on sait qu’il est cancérigène chez les humains etqu’aucun niveau d’exposition sans danger n’a été observé.Les maisons construites ou rénovées entre 1920 et 1970contiennent très probablement des produits renfermantde l’amiante, que ce soit des carreaux de plafond, devieux revêtements de sol vinyliques, des bardeaux, despeintures structurées ou des isolants et des calfeutragesde poêle, de fournaise et de tuyau. L’amiante est unrisque si les fibres sont déplacées et inhalées. L’âge, lesdommages et les activités de construction (ponçage,sciage, raclement) et de nettoyage conduisent à lalibération de fibres d’amiante minuscules dans l’air.

Suggestions pour rénover en toute sécurité :• Usez d’une extrême précaution en vue de contrôler

la poussière pendant les rénovations, surtout lorsdes travaux sur de vieilles surfaces peintes.

• Les femmes enceintes et les jeunes enfants doiventêtre interdits d’accès aux espaces en rénovationjusqu’à ce que les travaux soient terminés et quel’espace ait été bien nettoyé et aéré.

• Les femmes enceintes doivent éviter toute activitéde rénovation résidentielle. Elles doivent faireparticulièrement attention à éviter les peintures àl’huile, solvants, vernis, décapants de même que lespoussières ou autres résidus créés par l’enlèvementde vieilles peintures.

• Les préadolescents et les enfants qui arrivent austade de la puberté vivent un changement majeur

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dans la vie qui est modulé par des produitschimiques naturels (hormones). Entre les âges de 10à 15 ans, il serait très imprudent d’ajouter d’autresproduits chimiques (synthétiques) au mélange. Neleur demandez pas de participer à des travaux derénovation résidentielles et veillez à ce qu’ils nesoient pas exposés à des personnes qui manipulentde telles matières, notamment les peintures à l’huile,les vernis et les solvants de dégraissage connexes oules adhésifs et autres produits qui émettent desCOV.

• Évitez de faire des rénovations pendant l’hiver, quandil est difficile d’assurer une bonne aération.

• Si des matériaux contenant de l’amiante ont étélaissés intacts, n’y touchez pas. Il pourrait être bonde les couvrir pour qu’ils ne soient pas perturbés ouendommagés à l’avenir. Pour repérer et (ou) enleverdes matériaux contenant de l’amiante, faites appel àun professionnel compétent que vous pourrez sansdoute trouver dans l’annuaire téléphonique sous larubrique « Amiante — élimination des poussières ».Il faut user d’une extrême prudence lorsqu’onprocède à l’enlèvement ou à la réparation desmatériaux contenant de l’amiante. Embauchez unprofessionnel. Pour de plus amples informations,informez-vous auprès de la Société canadienned’hypothèques et de logement à www.cmhc-schl.gc.ca, de l’Institut du chrysotile àwww.chrysotile.com et de Santé Canada àwww.hc-sc.gc.ca/iyh-vsv/environ/asbestos-amiante_f.html.

• L’isolant de vermiculite (fabriqué avant 1990) peutcontenir des fibres d’amiante. Évitez de le déplaceret interdisez l’accès aux endroits où il peut êtreexposé, comme dans les greniers ouverts. Nel’enlevez-pas vous-même. Lisez les renseignementsprésentés plus haut au sujet de l’enlèvement desproduits à l’amiante et consultez la ficheélectronique de Santé Canada à www.hc-sc.gc.ca/iyh-vsv/prod/insulation-isolant_f.html.

• Choisissez des peintures, finis, adhésifs et autresproduits à faible teneur en COV.

• Respectez rigoureusement les consignes surles étiquettes de tous les produits de rénovationrésidentielle.

• Pour de plus amples informations sur la « rénovationde la maison saine », rendez-vous au site Web de laSociété canadienne d’hypothèques et de logement àwww.cmhc-schl.gc.ca.

• Supposition prudente : Les vieilles couches depeinture détériorées ou endommagées (y compriscelles qui recouvrent les vieux meubles) doiventtoujours être considérées comme une source trèsdangereuse de plomb pour les femmes enceintes, lesfemmes en âge de procréer et les enfants. Plus lapeinture est vieille, plus sa teneur en plomb seraforte. Pour des informations détaillées surl’enlèvement et l’élimination de la peinture au plomb,voir la fiche intitulée « Peinture à base de plomb » deSanté Canada à www.hc-sc.gc.ca/iyh-vsv/prod/paint-peinture_f.html, la fiche de la SCHLintitulée « Précautions concernant le plomb » àwww.cmhc-schl.gc.ca/publications/fr/rh-pr/tech/92-206.pdf et la documentation de l’US EPAsur le plomb à www.epa.gov/lead.

CHAPITRE VI : COMMENT CRÉER DES ENVIRONNEMENTS SAINS POUR LES ENFANTS

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127CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

La vie en milieu rural ou dans le nord, même quand on nefait que séjourner périodiquement dans un chalet d’été,comporte des circonstances particulières et despratiques qui sont de nature à accroître les expositionsaux risques environnementaux. Mentionnons plusparticulièrement l’incinération de déchets derrière lamaison, une habitude qui cause beaucoup de rejets decontaminants toxiques dans l’air. Un grand nombre dematières peuvent brûler, mais il y en a qu’il ne faut pasbrûler!

Suggestions pour les milieux ruraux et nordiques :• Si votre source d’eau est un lac ou un puits, faites

régulièrement vérifier la teneur en microbes etéventuellement en contaminants chimiques de l’eauque vous consommez. Faites aussi analyser lesniveaux de nitrates, car des niveaux élevés peuventsérieusement nuire aux bébés et aux petits enfants.Pour de plus amples informations, voir le programmeWell Aware coordonné par l’Association des éco-collectivités à www.greencommunitiescanada.org.

• Soyez conscients des dangers inhérents aux benneset amas de brûlage, qu’il convient d’éliminercomplètement si on ne peut s’assurer que les seulesmatières brûlées sont le papier, les feuilles, lesbroussailles ou le bois.

• Il est déconseillé de brûler du papier de couleur oudu carton, car leur combustion libère des métaux etd’autres produits chimiques qui servent à lacoloration et à l’étiquetage. Comme les emballagescontiennent souvent à la fois du papier et desmatières plastiques, si on les brûle sans les trier pouren enlever les matières plastiques, des substanceshautement toxiques comme la dioxine serontrejetées dans l’air.

8. Prenez des mesures spéciales en milieu rural et nordique

• Ne brûlez jamais ni les déchets, les plastiques dequelque type que ce soit, les tapis, les meubles, lesvieux morceaux de bois peint ou de bois traité souspression teinté de vert ou les récipients à pesticideou matières synthétiques ni les cartons ou lesmorceaux de papier aux couleurs vives comme lespapiers d’emballage. Toutes ces matières peuventdégager des substances hautement toxiques enbrûlant.

• Usez d’une extrême prudence à l’égard despesticides agricoles afin d’éviter d’exposer lesenfants, les femmes enceintes et les femmes en âgede procréer, et reconnaissez que les maisons deferme peuvent présenter des risques particuliers decontamination par les pesticides — suivez lesconsignes relatives à l’élimination de la poussière etévitez de ramener des contaminants à la maison surles chaussures ou les vêtements.

• Respectez les avis aux consommateurs de poisson etinformez-vous au sujet des problèmes decontamination éventuels posés par des alimentsd’origine locale (dont le gibier).

• Si le bois de chauffage est une de vos principalessources de chaleur, suivez les conseils relatifs à laqualité de l’air intérieur. Sachez que les cendres defoyer contiennent des matières particulaires nociveset des métaux lourds dangereux. Bien qu’on puisse àl’occasion mélanger ces cendres à de la terre decouverture, n’en épandez jamais sur les surfacesnourricières et traitez-les surtout comme desdéchets à éliminer dans un lieu d’enfouissement.

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On est porté à penser que les questions de santéenvironnementale ne sont au fond qu’une affaire de rejetsatmosphériques extérieurs provenant des cheminées desusines ou des tuyaux d’échappement des automobiles. Cesont là des sources d’exposition importantes, sans aucundoute, mais l’industrialisation et l’emploi quasi-généraliséde produits chimiques s’accompagnent aussi d’effets surla santé causés par les produits de consommation. Dansbiens des cas, ces produits sont une source d’expositionaux substances toxiques à l’intérieur des maisons et desautres édifices où les enfants passent le plus clair de leurtemps.

Beaucoup de gens se font un devoir de lire les étiquettessur les produits alimentaires. Si on se promène dans uneallée d’épicerie, on a de très bonnes chances de voirquelqu’un en train de lire une étiquette. La même vigilancedoit être appliquée à beaucoup d’autres produits deconsommation, et surtout aux pesticides et aux produitsde rénovation résidentielle. Malheureusement, les normescanadiennes en matière d’étiquetage des produits sontloin d’être uniformes et elles sont souvent incomplètes.L’obligation d’énumérer les ingrédients chimiques surl’étiquette est généralement limitée aux produits trèsdangereux. Il existe des règles d’étiquetage pour lesingrédients dangereux qui sont inflammables, explosifs,corrosifs ou hautement toxiques. Les ingrédients doiventêtre énumérés en regard des symboles de danger. Pour lavaste majorité des produits qui contiennent dessubstances dont les dangers sont connus, ou comme c’estle plus souvent le cas, de plus en plus soupçonnés, cesingrédients sont rarement énumérés sur les étiquettes etne sont généralement pas assujettis aux règlesd’étiquetage. En novembre 2006, de nouvelles règlesd’étiquetage relatives aux ingrédients dans lescosmétiques entreront en vigueur et les consommateursseront mieux informés ne serait-ce que pour cettecatégorie de produits. Pour de plus amples informations,voir www.hc-sc.gc.ca/iyh-vsv/prod/cosmet_f.html.

9. Soyez un consommateur averti

Lorsque les étiquettes donnent des instructionsconcernant des substances dangereuses telles que lespesticides, les peintures, les solvants ou d’autres produits,il est extrêmement important de les suivre. Pour prendrel’exemple des pesticides, l’Agence de réglementation de lalutte antiparasitaire de Santé Canada décide, en fonction desa détermination des risques pour la santé etl’environnement, de quelles façons et dans quellesquantités un pesticide peut être employé (c’est ce qu’onappelle les « utilisations permises »). Elle décide aussi desmesures d’atténuation recommandées, comme le port devêtements protecteurs tels que les gants et les masques.Toute cette information figure dans les instructions surles étiquettes. Dans ce cadre réglementaire, on reconnaîtqu’il y a des risques associés à ces produits, mais lesrisques sont jugés acceptables à l’intérieur d’une margede sécurité calculée et en supposant que l’informationsur les étiquettes suffit pour gérer les risques. Cettesupposition est implicite dans les énoncés du genre « ceproduit est sans danger lorsqu’il est utilisé d’une manièreconforme au mode d’emploi. »

Il est important de suivre les instructions sur lesétiquettes — si votre utilisation d’un produit dépassecelle qui est recommandée sur l’étiquette (deux ou troisapplications de DEET par jour sur un enfant d’un an aulieu de l’application quotidienne unique recommandée,par exemple), vous pourriez dépasser le niveaud’exposition considéré comme présentant un « risqueacceptable ». Pour prendre l’exemple d’un produit dedécapage, l’étiquette avertit généralement que toutcontact avec les yeux peut causer des dommages etrecommande le port de lunettes de sécurité. Si vous nesuivez pas ces instructions, vous pourriez endommagervos yeux.

CHAPITRE VI : COMMENT CRÉER DES ENVIRONNEMENTS SAINS POUR LES ENFANTS

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129CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

Comment être un consommateur averti :• Rappelez-vous qu’il y a presque toujours un produit

de rechange qui est non toxique ou moins toxique.Informez-vous. Faites le tour des commerces. Posezdes questions.

• Les demandes et les opinions des consommateurspèsent d’un poids certain sur l’évolution du marché.Dites aux détaillants que vous appréciez le fait qu’ilsvous offrent le choix d’acheter des produits sansdanger ou moins dangereux; exprimez vosinquiétudes aux détaillants qui ne vous donnent pasle choix.

• Limitez l’utilisation des téléphones cellulaires par lesenfants.

• Consultez les fiches d’information en ligne de SantéCanada sur les cosmétiques et beaucoup d’autresproduits dans la section « Produits » du site WebVotre santé et vous à www.hc-sc.gc.ca/iyh-vsv/prod/index_f.html.

• De nos jours, les options en matière de recyclagesont nombreuses — réfléchissez avant de jeterquelque chose, surtout s’il s’agit d’un « déchetélectronique » (téléphone cellulaire, ordinateur ...)ou d’un article connexe (cartouche d’imprimante,etc.). Informez-vous des possibilités de recyclageoffertes par votre municipalité et des programmesde reprise chez les détaillants comme lesprogrammes de reprise des piles rechargeables chezCanadian Tire, Zellers, RadioShack et d’autresdétaillants, et vérifiez en ligne àwww.call2recycle.com.

• Évitez les produits dont les étiquettes portentbeaucoup de symboles de danger.

• Les étiquettes sur les produits donnent le nom et lescoordonnées du fabricant ou du distributeur.Communiquez avec l’un ou l’autre si vous avez desquestions concernant un produit.

• Supposition prudente : Au Canada, la plupart desproduits de consommation n’ont sans doute pas étésoumis à un processus d’approbation publique ou deréglementation.

• Supposition prudente : Les produits très bonmarché importés des pays en voie dedéveloppement ont de fortes chances de contenirdes substances dangereuses en raison de l’absencede normes professionnelles, environnementales etsanitaires dans le pays d’origine. Les pratiques peuscrupuleuses sont courantes dans les pays quiaccueillent des « zones franches de transformationpour l’exportation » où de grandes quantités demarchandises sont produites par une main-d’oeuvrefaiblement rémunérée.

Source : Santé Canada. www.hc-sc.gc.ca/hecs-sesc/cps/staysafe/preschool/get_ready.htm#2

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Les gestes individuels posés par des parents et descitoyens soucieux de la préservation de l’environnementsont importants. Cependant, la responsabilité deremédier aux nombreux cas de contamination del’environnement et de réglementer les substancestoxiques présentes dans les produits de consommationdoit être partagée par les entreprises, les fabricants, lesdétaillants et tous les paliers de gouvernement, quidoivent souvent être poussés à changer leurs pratiquesou leurs politiques. Ils doivent entendre la voix du public,des parents et des groupes organisés qui défendent desintérêts des enfants.

Le cas de la contamination du lait maternel est sansdoute le meilleur exemple de la nécessité de passer àl’action pour résoudre les problèmes environnementaux.Au niveau personnel, les futures mères et les femmesenceintes ont certes la possibilité d’apporter deschangements à leur mode de vie afin réduire lesexpositions aux produits chimiques, en achetant desaliments biologiques, en mangeant moins de gras animalet ainsi de suite. Ce sont des pas importants dans labonne direction. Mais les conditions qui déterminentbeaucoup d’expositions échappent complètement à lavolonté de telle ou telle personne. Et même ceschangements de mode de vie ne feront rien pourdiminuer la charge corporelle cumulative de produitschimiques chez ces femmes. (N’est-il pas ironique quel’allaitement soit le meilleur moyen qu’on connaisse pourfaire sortir les réserves de POP du corps humain?) Onne peut pas non plus demander aux femmes qui allaitentd’assumer la responsabilité de résoudre à elles seules unproblème d’envergure proprement planétaire.

D’où la nécessité de l’action politique. Les étudesmontrent clairement que lorsque les substancespersistantes sont interdites, leurs concentrations dans lelait maternel finissent par diminuer. Les signes d’uneélévation spectaculaire des niveaux de PBDÉ dans le laitmaternel ont suscité des débats, mais aucune mesure de

10. Passez à l’action

réglementation claire n’a été prise par les gouvernementsfédéraux au Canada ou aux États-Unis. Entre-temps,l’exposition d’une génération entière d’enfants continueet continuera pendant bien des années à venir.L’expérience des BPC et du DDT nous a chèrement etclairement appris que l’élévation des niveaux desubstances persistants et toxiques semblables dans le laitmaternel appelle une réponse réglementaire rapide. Nousdevons suivre l’exemple de l’Union européenne et interdireles PBDÉ. Plus encore, nous avons besoin de règlementset de politiques qui imposent plus généralement l’emploide produits dont l’innocuité est intrinsèque afind’éliminer de telles contaminations à la source.

Comment passer à l’action :• Après avoir examiné les problèmes éventuels de

qualité de l’air intérieur, de poussière et d’utilisationde produits toxiques chez vous, faites de même à lagarderie, à l’école et au centre récréatif. Collaborezavec d’autres parents, le personnel et les instancesadministratives. Existe-il des politiques relatives à laqualité de l’air intérieur, à la diminution des risquessur les terrains de jeu, à la sécurité des jouets, à lalutte antiparasitaire et aux méthodes de nettoyage?Servez-vous du matériel diffusé par Santé Canadasous le nom de « Qualité de l’air intérieur — Outils dela trousse d’action pour les écoles canadiennes »(www.hc-sc.gc.ca/ewh-semt/pubs/air/tools_school-outils_ecoles/backgrounder-information_2_f.html).

• Insistez pour que les industries, les fabricants et lesdétaillants adoptent des principes de conception deproduits sains, de gérance et de gestion du cycle devie et de la chaîne d’approvisionnement, qu’ilstrouvent des solutions de rechange aux processus etaux produits toxiques et qu’ils offrent des produitset services non toxiques et qu’ils informent le publicque ces produits et services existent.

• Travaillez dans votre milieu sur les questions quivous préoccupent. Si vous ne vous pouvez participer

CHAPITRE VI : COMMENT CRÉER DES ENVIRONNEMENTS SAINS POUR LES ENFANTS

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131CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

directement à des initiatives d’ordre plus général,appuyez les groupes qui le font.

• Il n’y a pas de pénurie de choses à faire ni de choixd’actions possibles. On parvient à mieux protéger lasanté environnementale des enfants et à en obtenirles bienfaits à long terme pour toute la sociétéquand on crée des pressions en faveur d’unchangement des politiques. Insistez sur :• la réduction et l’élimination à terme de la

pauvreté chez les enfants;• des réductions encore plus importantes des

émissions de tous les polluants atmosphériquestoxiques et génératrices de smog;

• la mise au point et la promotion de solutions derechange moins dangereuses et non toxiques auxproduits chimiques et aux pesticides toxiques;

• l’élimination progressive de toutes lessubstances persistantes toxiques telles que leplomb, le mercure et les PBDÉ et la réductiondes autres substances toxiques connues et

présumées présentes dans les produits deconsommation;

• l’évaluation obligatoire des impacts sur ledéveloppement du cerveau de toutes lessubstances potentiellement dangereuses;

• la multiplication des recherches sur lesquestions de santé infantile et environnementale(y compris un programme de biosurveillancenational et des études longitudinalescanadiennes semblables à la National Child Studyaux États-Unis);

• la révision complète de notre très archaïque Loisur les produits dangereux;

• l’incorporation du principe de la prudence et demesures obligatoires de protection de la santédes enfants dans la Loi canadienne sur laprotection de l’environnement; et

• l’adoption de règlements sur les pesticides partoutes les municipalités au Canada.

Source de la photo : Mark Surman

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Principales références

Nota bene : On trouvera une liste beaucoup plus complète des références pour les recherches scientifiquesrésumées ici dans un rapport complémentaire préparé par Toronto Public Health, dont Ce qu’il faut savoir santédes enfants et l’environnement est une version abrégée et vulgarisée. Environmental Threats to Children :Understanding the Risks, Enabling Prevention sera disponible en version électronique dès le mois de septembre2005 à www.toronto.ca.

132 PRINCIPALES RÉFÉRENCES

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134 PRINCIPALES RÉFÉRENCES

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135CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

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135CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

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136 PRINCIPALES RÉFÉRENCES

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137CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

Anomalie congénitale: Toute anomalie présentechez un enfant au moment de la naissance, qu’ellesoit attribuable ou non à un facteur génétique ou àdes événements prénataux non génétiques. Figurentau nombre des anomalies congénitales courantes lescardiopathies congénitales, le bec-de-lièvre ou lafissure du palais, le syndrome de Down, le spina-bifida et les malformations des membres. Lesanomalies congénitales sont la principale cause demortalité infantile au Canada.

Antigène: Substance (protéine, toxine, enzyme,corps étranger...) capable de provoquer une réponseimmunitaire spécifique, y compris le développementd’anticorps.

ARLA: Agence de réglementation de la lutteantiparasitaire. Agence au sein de Santé Canadachargée de l’inscription des pesticides employés auCanada.

Association: Relation entre une exposition et unemaladie. Une association ne signifie pasnécessairement qu’il existe une relation de cause àeffet.

Avis aux consommateurs de poisson: Avis publicsémis par les autorités environnementales ousanitaires locales, provinciales ou nationales pourinformer les consommateurs qu’ils doivent limiterou éviter la consommation de certaines espèces depoisson d’eau douce ou de mer, le plus souvent despoissons prédateurs situés au sommet des chaînesalimentaires aquatiques. La plupart de ces avis sontdestinés aux femmes enceintes, aux mères quiallaitent et aux jeunes enfants de même qu’auxfemmes en âge de procréer.

Glossaire

Barrière hémato-encéphalique: Ensemble demécanismes multiples qui régissent l’accès deséléments constitutifs du sang au cerveau; la barrièrehémato-encéphalique foetale et néonatale est plusperméable aux petites molécules lipophiles que cellede l’adulte.

Bioaccumulation: Certains polluants étant excrétésplus lentement qu’ils sont absorbés, ils s’accumulentdans le corps avec le temps. La quantité totale depolluants dans le corps (ou «charge corporelle») peutaugmenter si l’organisme est exposé de manièrerépétée à des substances bioaccumulatives pendantune longue période.

Bioamplification: Processus d’augmentation de laconcentration de polluants qui se produit lorsquedes animaux consomment des plantes ou d’autresanimaux qui contiennent des contaminants. Parexemple, quand des polluants contenus dans desplantes sont absorbés par des animaux qui enmangent régulièrement, ils peuvent finir pars’accumuler dans les corps des animaux à des niveauxplus élevés que dans les plantes elles-mêmes. Lephénomène s’explique par le fait que les animauxmangent beaucoup de plantes sans excréter plus depolluants qu’ils en absorbent. Les concentrations decontaminants peuvent augmenter de maillon enmaillon en montant dans la chaîne alimentaire.

Biomarqueur: Matière, enzyme, hormone ou autresubstance biologique susceptible de changerlorsqu’elle est exposée à des contaminants. Voir aussi«Biosurveillance».

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138 GLOSSAIRE

Biosurveillance: Mesure et analyse de la présence desubstances chimiques, hormonales ou autres dans lesmatières biologiques (sang, urine, air inspiré) dans lebut d’estimer les niveaux d’exposition ou de détecterdes changements biochimiques chez le sujet exposéavant ou pendant l’apparition d’un effet nocif. Leterme «biosurveillance» est parfois employé commesynonyme d’un indicateur précis pour une maladieou un trouble fonctionnel en particulier (p. ex, uneanalyse de plombémie, soit la concentration deplomb dans le sang).

BPC: Biphényles polychlorés. Ces composés destinésaux huiles de refroidissement de transformateurs et àde nombreuses autres applications ne sont plusfabriqués et leur utilisation est restreinte en raison deleurs propriétés cancérigènes et de leur persistancedans l’environnement.

Cancer infantile: Dans tous les groupes d’âge, lescancers infantiles les plus sont fréquents sont laleucémie, le lymphome et le cancer du cerveau. Aufur et à mesure que les enfants progressent dansl’adolescence, l’incidence de l’ostéosarcome (cancerdes os) augmente. Les parties du corps qui sonttouchées diffèrent selon le type de cancer; lestraitements et taux de guérison sont égalementdifférents pour chaque type de cancer. Dans presquetous les cas, les cancers infantiles semblent êtrecausés par des mutations non héréditaires dans lesgênes des cellules en croissance.

Carcinogène: Substance (tel un produit chimique)ou agent (la radiation ionisante, par exemple) quicause le cancer.

Chaîne alimentaire: La chaîne alimentaire est uneséquence d’espèces vivantes dans laquelle lesorganismes cités en premier lieu sont mangés parceux qui les suivent, qui seront à leur tour mangéspar les suivants. Au bas de chaque chaîne alimentairese trouvent des plantes vertes (chlorophylliennes)qui convertissent la lumière du soleil en énergie

alimentaire pour tous les autres organismes dans lachaîne alimentaire. Comme les organismes à chaqueniveau de la chaîne alimentaire utilisent la majeurepartie de l’énergie qu’ils consomment, il en résulteune perte d’énergie à chaque niveau qui limite lalongueur de la chaîne. La poussée de l’eau étant plusgrande que celle des autres milieux, une partie decette énergie peut se conserver, ce qui expliquepourquoi il peut y avoir plus de niveaux dans leschaînes alimentaires aquatiques. Plus il y a deniveaux, plus les contaminants peuvent se concentrer(bioamplification). D’où la plus grandecontamination des poissons par le méthylmercure etla nécessité d’émettre des avis aux consommateurs depoisson. Dans la nature, les chaînes alimentaires secombinent généralement pour former des réseauxalimentaires.

Charge corporelle: Quantité totale d’une substancechimique dans le corps. Certaines substanceschimiques s’accumulent dans le corps parce qu’ellessont retenues dans les matières grasses ou osseuses et(ou) qu’elles sont éliminées très lentement.

Cognition/cognitif: Acte ou faculté de connaître oude percevoir/capable de connaître ou qui concerne laconnaissance.

Composés organiques: Agents chimiques quicontiennent du carbone, généralement combiné àl’hydrogène et à d’autres éléments tels que l’oxygène,l’azote ou le chlore. Les matières végétales, le pétroleet les matières plastiques sont des exemples dematières organiques, tout comme le sont lesbiphényles chlorés (BPC), le DDT et le polychlorurede vinyle (PVC).

Composés organochlorés: Composés organiquessynthétiques très variés contenant du chlore qui sedistinguent pas leur persistance et leur stabilité.Certains ont été fabriqués à dessein (dont despesticides tels que le DDT et les PCB qui de nos jourssont interdits ou frappés de restrictions importantes).

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139CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

D’autres sont des produits de fractionnement ou deréaction comme les dioxines formées lors del’incinération de produits tels que les plastiques àbase de PVC. Tous ces composés sont désormaislargement répandus dans l’environnement.

Contaminants: Substances étrangères à un systèmenaturel ou présentes dans des concentrations nonnaturelles; substances indésirables qui ont pénétrédans l’air, les aliments, l’eau ou le sol. Uncontaminant peut être un agent chimique, un êtrevivant (bactérie ou virus) ou un produit de laradioactivité. Certains contaminants sont créés pardes activités humaines (contaminants industriels...)tandis que d’autres résultent de processus naturels.

Cotinine: Métabolite majeur de la nicotine considérécomme le meilleur biomarqueur (chez les fumeursactifs et les non-fumeurs) de l’exposition récente à lafumée de tabac ambiante (FTA).

COV: Composés organiques volatils. Il s’agit de gazet de vapeurs organiques dans l’air qui proviennentnotamment la combustion de carburants, del’utilisation de produits de nettoyage à sec et del’évaporation de composés organiques contenus dansdes solvants, des peintures ou d’autres enduits.

DDT: dichloro-diphényl-trichloréthane. Insecticidepersistant utilisé dans le monde entier jusqu’à cequ’il soit interdit dans la plupart des pays dans lesannées 1970.

DEET: N,N-diéthyl-m-toluamide. Insectifugepersonnel employé pour éloigner les moustiques.

Déficience intellectuelle: Trouble caractérisé par desinsuffisances importantes sur le plan dufonctionnement intellectuel et des comportementsadaptifs tels qu’exprimés par les aptitudesconceptuelles et sociales et les capacités d’adaptationpratiques. Ce trouble, qui se manifeste avant l’âge de18 ans, est le plus souvent défini par un quotient

intellectuel inférieur à 70, mais des critères autres queles capacités intellectuelles sont généralement pris encompte.

Dioxines et furanes: Substances chimiques parmiles plus toxiques connues de la science. Il existe denombreux types de ces substances chimiques quisont des sous-produits de la combustion, de ladégradation d’autres produits chimiques et decertains procédés industriels.

ÉBDC: Les éthylène-bisdithiocarbamates forment ungroupe de fongicides non systémiques(superficiellement actifs).

Enfance: Suite de stades de la vie s’étendant de lapériode prénatale jusqu’à la fin de l’adolescence.

E-coli: Organisme coliforme (aux souchesnombreuses) présent dans les intestins des humainset des animaux.

Épidémiologie: Étude des rapports existant entre lesmaladies ou tout autre phénomène biologique etdivers facteurs susceptibles d’exercer une influencesur leur fréquence, leur distribution et leur évolutiondans les populations humaines. Branche de lamédecine qui cherche à déterminer les causes exactesd’épidémies infectieuses localisées (telles quel’hépatite), de troubles de toxicité (tels quel’intoxication par le plomb) ou de toute autremaladie d’origine connue.

Faible poids à la naissance: Poids à la naissance demoins de 2 500 grammes. Voir aussi «RCIU».

FTA: Fumée de tabac ambiante (fumée secondaire).LA FTA est la fumée se dégageant de produits detabac (cigarettes, cigares, pipes) qui brûlent sans êtreinhalée ou qui est exhalée par les fumeurs aprèsinhalation. La FTA contient des centaines desubstances toxiques, dont plus d’une quarantaine decancérigènes.

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140 GLOSSAIRE

HAP: La famille des hydrocarbures aromatiquespolycycliques comptent un grand nombre d’agentschimiques toxiques, y compris plusieurscancérigènes, issus de la combustion de matièresorganiques, dont les combustibles fossiles.L’exposition passe par la pollution atmosphérique,mais la plupart des HAP sont agglutinés à desparticules fines; à la différence des COV, ils sont peuvolatils.

Incidence: Nombre de nouveaux cas d’une maladiedans une population donnée pendant une périodedonnée. Souvent présenté sous la forme du nombrede nouveaux cas par 1000 ou 100 000 personnes parannée.

Lipophile/hydrophobe: Adjectifs signifiantlittéralement «aimant la graisse» et «fuyant l’eau»employés pour qualifier des substances qui se lientaux molécules de graisse et qui, par le fait même, seconcentrent souvent en montant dans la chaînealimentaire pour atteindre leurs niveaux les plusélevés dans les aliments à forte teneur en matièresgrasses telles que le lait entier, les fromages, lesviandes grasses et les poissons huileux.

Lipophobe/hydrophile: Adjectifs signifiantlittéralement «fuyant la graisse» et «aimant l’eau»employés pour qualifier des substances qui restent ensolution dans l’eau et qui n’ont pas tendance à se lierà des particules ou à des molécules de graisse.

Mélanome: Dangereux cancer de la peau.

Métabolisme: Ensemble des processus biochimiqueset énergétiques, dont la conversion d’un composé enun autre, la formation de molécules plus grosses àpartir de molécules plus petites (anabolisme) et ladécomposition de composés (catabolisme) demanière à libérer l’énergie essentiel au maintien envie des organismes.

Méthylmercure: Composé organo-mercuriqueproduit par des moisissures et des bactéries.

Napthalènes polychlorés: Composés chimiquesincorporés aux isolants de câbles qui sont persistantset bioaccumulatifs et qui ont été proposés par laCommission européenne (en 2004) commecandidats à l’inclusion à la Convention de Stockholmsur les polluants organiques persistants.

Neurotoxine: Substance ou agent biologique ouchimique qui a un effet nocif sur la structure ou lafonction du système nerveux central (dont lecerveau) et (ou) périphérique. Les toxines quiexercent des influences néfastes sur le développementdu cerveau ou du système nerveux s’appellent desneurotoxines développementales.

Organophosphates: Composés organiqueschimiques qui contiennent du phosphore, dontcertains participent au métabolisme cellulaire. Le gazneurotoxique (qui n’est plus fabriqué) et lespesticides organophosphatés (encore utilisés maissoumis à une réglementation de plus en plus stricte)partagent une même structure chimique et peuventaffecter des aspects importants du métabolismecellulaire dans les tissus du système nerveux, ycompris le cerveau.

PBDÉ: Polybromodiphényléthers. Largementemployés comme ignifugeants dans les produits deconsommation.

PCCC: Paraffines chlorées à chaîne courte. Cesproduits chimiques employés dans le travail desmétaux et l’apprêtage du cuir ont été proposés par laCommission européenne (en 2004) commecandidats à l’inclusion à Convention de Stockholm surles polluants organiques persistants.

Période de latence: Période de temps entrel’exposition à un agent pathogène et l’apparition despremiers signes ou symptômes de la maladie.

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141CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

Persistance: Propriété des substances ou agentschimiques qui restent longtemps présents dansl’environnement. Par exemple, le plomb et lemercure persistent dans l’environnement parce quece sont des éléments stables; Les BPC sont descomposés chimiquement stables qui résistent à ladégradation. Le mercure et les BPC sont transportéspar des supports environnementaux comme l’air etl’eau et cheminent le long des chaînes alimentaires.

Perturbateurs endocriniens (ou dérégulateursendocriniens): Substances chimiques synthétiques (ycompris certains produits pharmaceutiques) etcomposés végétaux naturels susceptibles de nuire aufonctionnement du système endocrinien (système decommunication composés de glandes, d’hormones etde récepteurs cellulaires qui régule les fonctionsinternes du corps). Beaucoup de ces substances ontété associées à des problèmes de développement, dereproduction et autres chez des animaux sauvages etdes animaux de laboratoire. Il y a lieu de craindrequ’elles aient des effets semblables chez les humains.

Phthalates: Composés servant à rendre certainesmatières plastiques souples et flexibles. Plastifiants.

POP: Polluants organiques persistants, soit descomposés organiques chlorés se caractérisant par unerésistance à la dégradation naturelle qui entraîne leurpersistance et leur bioaccumulation dansl’environnement. Souvent hautement toxiques.

Prévalence: Nombre d’événements (ex.: cas d’unemaladie ou autre affection donnée dans unepopulation donnée à un moment donné). À ne pasconfondre avec un taux. Voir aussi «taux» et«incidence».

Produits chimiques inorganiques: Produitschimiques qui ne contiennent pas de carbone telsque des métaux comme le plomb, le mercure et lecadmium de même que le sel et l’amiante.

Radiation ionisante: Ions constituant un agentphysique qui sont libérés par la désagrégationradioactive spontanée en petits nucléides radioactifsémis lors de la prise de radiographies et dufonctionnement normal des centrales nucléaires et,en quantités potentiellement énormes, lors d’unaccident nucléaire ou de la mise à l’essai et del’utilisation d’armes atomiques.

Radiation UV: Rayons ultraviolets émanant du soleilou utilisés à des fins industrielles (comme lastérilisation).

Réseau alimentaire: Réseau dans un milieu naturelformé d’un grand nombre de chaînes alimentairesinterconnectées. Chez les humains, qui se trouventau sommet de beaucoup de réseaux alimentaires, lesjeunes enfants nourris au sein se trouvent au niveaule plus élevé.

Retard de croissance intra-utérine (RCIU): Étatd’un enfant dont le faible poids à la naissance estinférieur au plus petit décile pour l’âge gestationnel.Voir aussi «Faible poids à la naissance».

Toxines développementales: Agents qui ont deseffets nocifs sur le développement de l’embryon, dufoetus ou de l’enfant. Ces effets résultentgénéralement de l’exposition de la mère à dessubstances toxiques avant ou pendant la grossesse,mais ils peuvent aussi être causés par des expositionspaternelles. Le contact avec des toxinesdéveloppementales dans les premières phases de lapériode postnatale peut également nuire audéveloppement normal.

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142 GLOSSAIRE

Troubles d’apprentissage: Troubles de naturediverse susceptibles de nuire à l’acquisition, à laconservation mnésique, à la compréhension ou àl’utilisation d’informations verbales ou non verbales.Ces troubles affectent la capacité d’apprendre depersonnes qui manifestent à d’autres égards desaptitudes moyennes essentielles à la réflexion et (ou)au raisonnement. Les troubles d’apprentissagedécoulent de l’altération d’un ou de plusieursprocessus de perception, de réflexion, demémorisation ou d’apprentissage. Variables quantleur sévérité, ils peuvent affecter l’acquisition etl’utilisation d’une ou de plusieurs des capacitéssuivantes:• langage oral (ex.: écoute, élocution,

compréhension)• lecture (ex.: décodage, connaissance phonétique,

reconnaissance des mots, compréhension)• langage écrit (ex.: orthographe et expression écrite)• mathématiques (ex.: calcul, résolution de

problèmes)

SMSN: Syndrome de mort subite du nourrisson. Lacause exacte de la mort soudaine et inattendue debébés apparemment en santé n’est pas connue, maisles facteurs de risque sont entre autres l’exposition àla fumée de tabac ambiante (pendant la grossesse ouaprès la naissance) et le fait pour l’enfant de dormirsur le ventre.

Substances génésotoxiques: Substances ou agentschimiques qui ont des effets nocifs sur les systèmesde reproduction mâles et femelles. La toxicité peuts’exprimer par des modifications des comportementssexuels, la diminution de la fécondité, la perte desfoetus ou le développement anormal des organesgénitaux du foetus pendant la grossesse. Laperturbation des fonctions sexuelles peut se produireà partir de la puberté et tout au long de l’âge adulte.

Substances toxiques: Substances capables de nuire àla santé des humains, des animaux ou d’autresorganismes vivants. L’expression est communémentemployée pour désigner les substances chimiques quisont capables de nuire à l’organisme à de très faiblesconcentrations tout en ne procurant que peu ou pasde bienfaits.

Taux: En épidémiologie, ce terme désigne lafréquence à laquelle une circonstance donnée (telque l’asthme chez les enfants) se produit dans aucours d’une période de temps données, dans unepopulation fixe ou par rapport à une autre normeétablie. L’emploi de taux plutôt que de chiffres brutsest essentiel lorsqu’on veut comparer l’expérience depopulations différentes à des moments ou desendroits différents.

Tératogène: Substance ou facteur susceptible deprovoquer des malformations structurelles oufonctionnelles chez dans un embryon ou un foetuségalement appelés malformations congénitales ouanomalies congénitales. La liste des tératogènesconnus comprend certains produits chimiques, desvirus et la radiation ionisante.

THADA: Trouble d’hyperactivité avec déficit del’attention.

US EPA: United States Environnemental ProtectionAgency.

US FDA: United States Food and Drug Administration.

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143CE QU’IL FAUT SAVOIR SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ET L’ENVIRONNEMENT

Quelques sources terminologiques consultées

Dr. Graham Chance, pédiatre, président du Conseilconsultatif de l’Institut canadien de la santé infantile,professeur émérite, University of Western Ontario

Dorland’s Illustrated Medical Dictionary. 2003. 30th Ed.Philadelphia : WB Saunders. www.dorlands.com/wsearch.jsp

Santé Canada. 1998. Manuel sur la santé et l’environnementà l’intention des professionnels de la santé. Ottawa :Santé Canada.

Last, J M. 2001. A Dictionary of Epidemiology, 4th Ed.Oxford University Press.

Wigle, D.T. 2003. Child Health and the Environment.Oxford : Oxford University Press, communicationpersonnelle.

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MEMBRES DU PCSEE

LEARNINGDISABILITIESASSOCIATIONOF CANADA(LDAC)

CANADIAN ENVIRONMENTALLAW ASSOCIATION

Canadian Instituteof Child Health

partenariat canadien pour la sante

des enfants

Partenariat canadien pour la santé des enfants et l’environnement (PCSEE)

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