L’AUTEURE

Enseignante, chercheuse en sciences et histoire de l’éducation, Laurence De Cock travaille sur l’histoire scolaire et sur les pédagogies alternatives. Elle a publié Sur l’enseignement de l’histoire, Libertalia, 2018.

Adapté du dossier « L’énigme Magellan », Juan Gil, Michel Chandeigne, Rui Manuel Loureiro, Romain Bertrand, Carmen Bernard, Olivier Thomas, L’Histoire n° 476,octobre 2020.

n° 7Décembre 2020

Magellan et le tour du monde

Juniors

L’Histoire en ligne pour les 10-14 answww.lhistoire.fr

DR

- U

LM

, M

US

EU

M B

RO

T U

ND

KU

NS

T-F

OR

UM

WE

LT

ER

NÄ

HR

UN

G/

AR

TO

TH

EK

/L

A C

OL

LE

CT

ION

- B

YG

DO

Y,

VIK

ING

SH

IP M

US

EU

M ;

WE

RN

ER

FO

RM

AN

/S

CA

LA

Magellan Portrait réalisé par Charles Philippe Larivière vers 1834.

RM

N-G

P (

CH

ÂT

EA

U D

E V

ER

SA

ILL

ES

)/G

ÉR

AR

D B

LO

T

Ce numéro t’a plu ?

Tu pourras bientôt découvrir

Manger de la viandeLes vikings

L’Histoire, 8, rue d’Aboukir, 75002 Paris courrier@histoire.presse.fr - Tél. : 01 70 98 19 51

Directrice de la rédaction :  Valérie Hannin - Directrice artistique : Marie Toulouze - Rédactrice en chef de la rédaction :   Héloïse Kolebka - Rédacteur en chef adjoint de la rédaction : Olivier Thomas - Rédactrice en chef de L’Histoire Juniors :   Julia Bellot - Rédaction-révision-correction : Hélène Valay - Activités numériques :  Bertrand Clare

© L’Histoire 2020

2  / MagellanJuniors

Qui est Magellan ?Fernand de Magellan est né vers 1480 dans une famille de la petite noblesse portugaise. C’est un commerçant, un navigateur, et un soldat qui séjourne longtemps en Inde puis au Maroc. Il a une connaissance précise de la géographie de l’Asie. Grâce à cela, il apprend où se situent les fameuses « îles aux Épices » dont tout le monde parle :

l’archipel des Moluques. Ces îles (Ternate, Tidore, Banda) sont célèbres car c’est le seul endroit où poussent la noix muscade et le girofle, une plante qui donne le clou de girofle, une épice très convoitée pour ses vertus aromatiques et thérapeutiques.

Antonio Pigafetta Marin et chroniqueur,  il a participé à ce premier tour du monde et l’a raconté et dessiné dans un Journal  que l’on a retrouvé.

À SAVOIR

Un tour du monde imprévuPar Laurence De Cock

A partir du xve siècle les Européens explorent des endroits du monde qu’ils n’ont encore jamais vus. C’est ce qu’on a longtemps appelé les « Grandes Découvertes », dont l’une des plus connues est celle de l’Amérique en 1492 par Christophe Colomb. Les hommes qui se lancent dans l’aventure sont animés par plein de raisons : la curiosité, la recherche de la richesse, le plaisir cruel de la conquête et la foi. Et parmi eux, le Portugais Magellan.

Dessin d’un manuscrit de Pigafetta, xvie siècle.

Un monde partagé

Depuis le voyage de Christophe Colomb en 1492, les Espagnols et les Portugais ont conclu

le traité de Tordesillas : une ligne de séparation divise verticalement le globe terrestre, comme une pomme. La moitié à l’ouest revient à l’Espagne, l’autre moitié, à l’est, au Portugal. Pour éviter les conflits, chaque puissance a le droit exclusif de la navigation, de la découverte et du commerce dans sa zone et ne doit pas naviguer dans la zone adverse. Les Portugais commencent ainsi à s’implanter sur les côtes de l’Afrique et de l’Inde.

BN

F,

FR

AN

ÇA

IS 2

42

24

FO

LIO

73

V

/7

Le retour

L’équipage atteint les îles aux Épices sans Magellan. Après avoir noué des liens commerciaux avec

les rois des Moluques, la question du retour se pose. Il reste alors deux navires et une centaine de marins. Il est décidé que la Trinidad et son équipage tenteront de revenir en Europe en empruntant la même route qu’à l’aller. Elle n’atteindra jamais son objectif. La Victoria, elle, va désobéir aux ordres du roi et continuer sa route vers l’ouest pour revenir en Europe par les eaux

portugaises. Elle passe tout au sud de l’océan Indien et contourne l’Afrique par le cap de Bonne-Espérance. La Victoria arrive en Espagne le 6 septembre 1522 avec à son bord 18 des 237 marins partis trois ans plus tôt et 3 Moluquois. « Nous avons fait le tour de toute la rotondité du monde ! » déclarent-ils. Leur voyage a en effet rendu possible la connexion entre trois continents où les Européens tentent de s’imposer non sans violence. Ils ont accompli le premier tour du monde en bateau : une circumnavigation. O

RO

NO

Z/

AL

BU

M/

AK

G

L’image du monde Ce planisphère de Battista Agnese (1543) est le premier à représenter, de manière approximative, l’itinéraire de l’expédition de Magellan (Providence, John Carter Brown Library).

6  / MagellanJuniors

La mort de Magellan

L es trois navires restants débouchent dans la « mer du Sud ». La mer est calme, c’est pour cela que

Magellan rebaptise cet océan «Pacifique ». Le nom restera. La traversée dure plus de trois mois, une éternité. L’équipage est malade, usé. L’eau douce cuite et recuite par le soleil dégage une odeur atroce, les biscuits sont gorgés de vers et d’excréments de rats. Au bout de ce périple surgissent enfin des îles aux paysages idylliques, ce sont les Philippines actuelles. Les Moluques ne sont plus très loin ! L’équipage établit son camp sur l’île de Cebu. Les marins rencontrent de nombreux habitants, et racontent qu’ils y vivent comme dans un rêve. Mais, un jour, Magellan décide d’aller se confronter au seigneur d’une île voisine, rivale de Cebu. Il meurt sous les flèches le 27 avril 1521 avec sept de ses hommes.

Vers le détroit

T rois mois après avoir quitté le port de Séville, les navires atteignent le Brésil puis longent les côtes sud-américaines. Il commence à faire très froid comme toujours en cette saison

dans l’hémisphère Sud. L’ambiance, qui n’était déjà pas très bonne, s’envenime car une partie de l’équipage ne croit pas à l’existence d’un passage. Une mutinerie éclate en avril 1520. Un navire envoyé en éclaireur fait naufrage le mois suivant.En octobre, les quatre autres navires découvrent enfin le passage qui permet de contourner l’Amérique du Sud. C’est une zone

très dangereuse, avec des rochers et des courants violents. Au loin, des fumées laissent deviner la présence d’êtres humains. Les marins appellent donc cette région « la Terre de Feu ». Plus tard, le détroit prendra le nom de Magellan. Mais les ennuis ne sont pas terminés : au milieu du détroit, un navire fait demi-tour et déserte.

MutinerieDans l’armée  ou la marine,  la hiérarchie est très stricte et on n’a pas le droit de désobéir.Pourtant, certaines révoltes ont eu lieu, c’est ce que l’on appelle une mutinerie.

MOT CLÉ

Les préparatifs du grand voyage

Magellan parvient à convaincre le roi d’Espagne de soutenir son projet. Néanmoins, l’expédition

est difficile à préparer : elle coûte cher et on a du mal à trouver des marins volontaires pour s’embarquer dans une aventure si périlleuse.

C’est pourquoi, sur les 242 participants, il n’y aura que 139 Espagnols.

Ces derniers n’apprécient guère d’être commandés par un Portugais. Finalement,

le 10 août 1519, tout ce monde embarque pour l’aventure à bord de 5 navires.

Un aller- retour vers les îles aux Épices

M agellan pense que les îles Moluques se trouvent dans

la partie du monde qui revient à l’Espagne. En conflit avec le roi

du Portugal, il décide de se mettre au service du souverain espagnol

(le futur Charles Quint) pour trouver une route navigable entre l’Espagne et les Moluques sans passer par les eaux portugaises. Pour cela, il lui faut donc rallier l’Asie en partant vers l’ouest (dans la zone espagnole). Le navigateur sait qu’entre l’Europe et l’Asie il y a un continent (l’Amérique) mais il est persuadé qu’il existe un passage au sud du Brésil qui permet d’arriver dans la « mer du Sud » (le Pacifique) puis de poursuivre vers l’Asie. Son objectif est d’emprunter ce passage pour faire un aller-retour : il n’a jamais souhaité faire un tour du monde.

Un équipage cosmopolite

Les navires au départ

/3

/54  / MagellanJuniors

Un voyage de 1 124 jours