Catalogue Women in Yemen

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Femmes, artistes et yéménites notre monde notre dignité notre avenir 2015 Année européenne pour le développement Catalogue de l'exposition

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Femmes, artistes et yéménites

notre mondenotre digniténotre avenir

2015 Année européenne pour le développement

Catalogue de l'exposition

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Sana’a, Ruchard MessengerCC Attribution 2.0Flickr.com

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Aujourd’hui, le conflit qui fait rage au Yémen place le pays à la une de l’actualité.

Morts, blessés, déplacés, enrôlés de force dans les combats ou affamés, les yéménites

souffrent. Le pays est au bord du gouffre humanitaire. Les femmes et les enfants en

paient le plus lourd tribut.

Avant cette vague de violence, le Yémen faisait déjà pâle figure en matière de droits

des femmes. Le pays apparaît à la dernière place du rapport mondial sur les inégalités

entre les sexes. À travers son film, Khadija Al-Salami met en lumière l’un des symboles

les plus forts de ces inégalités, le mariage précoce. Près de 32% des femmes yéménites

en sont victimes avant l’âge de 18 ans et 11% avant d’atteindre 15 ans.

Après les soulèvements de 2011, les femmes ont joué un rôle de premier plan dans

la Conférence du dialogue national pour faire évoluer leurs droits. Elles ont obtenu

l’élaboration de recommandations ambitieuses, dont la reconnaissance de l’égalité

entre les sexes et des droits des femmes, la criminalisation des violences dont elles

sont victimes ou l’âge minimum du mariage à 18 ans. Le projet d’une nouvelle

Constitution n’a pas abouti mais ces recommandations ne pourront pas disparaître de

futurs accords.

Depuis mon arrivée au Yémen en 2012, j’ai sillonné le pays à la rencontre des femmes.

C’est leur courage et leur soif de changement qui m’ont touchée. L’art participe au

changement. Ainsi, l’Union européenne s’attache à soutenir les initiatives de jeunes

artistes yéménites à l’occasion de l’Année européenne pour le développement.

Préface

Bettina Muscheidt, Ambassadeur de l’Union européenne au Yémen

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Sommaire

« Moi Nojoom, 10 ans divorcée » un film de Khadija Al-Salami. 5

« Je suis une femme » exposition collective de Rooj Al-Wazir,

Bushra Al-Fusail, Arwa Al Hubaishi, Maha Senan et Thana Faroq, photographes. 10

« Les séries du Hijab » de Boushra Almutawakel,

photographe plasticienne. 28

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« Moi Nojoom, 10 ans divorcée »un fi lm de Khadija Al Salami

Prix de la Meilleure Fiction au Festival International du Film

de Dubaï en 2014.

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“Une revendication cinématographique contre le mariage précoce et pour

mettre fin à cette pratique”.

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Premier long métrage yéménite, ce film est inspiré du best-seller autobiographique « Moi Nojoud, 10 ans divorcée » de Nojoud Ali et Delphine Minoui paru en France en 2009 aux éditions Michel Lafon.

Le film raconte l’histoire d’une enfant yéménite en quête de justice. Mariée de force à un homme de 30 ans, elle mène seule et avec détermination son combat de petite fille courageuse contre les pratiques archaïques de sa famille et d’une tribu. Nojoom s’échappe des griffes parentales pour exiger son divorce qu’un juge finit par lui accorder. Le combat de Nojoom est celui de la liberté. Figure de proue du droit des jeunes filles et des femmes de son pays, elle devient l’emblème de la lutte contre une pratique toujours légale au Yémen et dans d’autres pays.

Basée sur une histoire vraie, « Moi Nojoud, 10 ans divorcée » fait également écho au vécu de sa réalisatrice qui a elle-même, grâce à son courage, réussi à se soustraire à un mariage précoce à l’âge de 11 ans. En tournant avec des acteurs yéménites sur les lieux mêmes où se situe l’action du drame, Khadija Al Salami nous aide à mieux appréhender les fondements de telles pratiques pour nous inviter à les analyser et mieux les combattre.

Khadija Al Salami a fait face à de grandes difficultés politiques et financières pour rendre son film réaliste en le tournant au Yémen. Les paysages du Yémen sont à couper le souffle. Son peuple, sa musique, sa culture sont des sujets peu traités au cinéma. « Moi Nojoud, 10 ans divorcée » est une revendication cinématographique contre le mariage précoce et pour mettre fin à cette pratique. Cette œuvre constitue également une ode à la femme créatrice d’espoir et au renouveau du Yémen.

Le combat de Nojoom est celui de la liberté. Figure de proue du droit des jeunes filles et des femmes de son pays, elle devient l’emblème de la lutte contre une pratique toujours légale au Yémen.

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Khadija Al-Salami, première femme réalisatrice et productrice au Yémen, est née à Sana’a en 1966.

Forcée par son oncle à se marier à l’âge de 11 ans avec un homme de 20 ans son aîné, elle s’est rebellée contre les valeurs tribales de sa famille. Elle a osé quitter son mari et réclamer un divorce. Elle a ensuite échappé à la pression sociale grâce à un travail à la télévision locale tout en continuant à aller à l’école le matin. A 16 ans, elle reçoit une bourse qui lui permet de réaliser son rêve : suivre des études universitaires aux États-Unis. Elle obtient brillamment un Master en production et direction de fi lm de l’American University de Washington.

Khadija réside en France depuis de nombreuses années. Elle a réalisé plus de 25 documentaires, la plupart d’entre eux ont pour sujet les femmes et les jeunes fi lles dans le Yémen contemporain. Elle a remporté de nombreux prix internationaux pour son œuvre, dont le dernier en 2014 au Dubaï International Film festival pour Nojoom. Elle est Chevalier de l’Ordre des Art et des Lettres et détentrice de la Légion d’Honneur.

Crédits Photo : Hoopoe Film

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“Le combat de Nojoom est celui de la liberté” .

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« Je suis une femme » exposition collective de jeunes femmes yéménites

En mars 2015, alors que le Yémen s’apprête sans le savoir à plonger dans la guerre, des jeunes femmes yéménites décident

d’exposer pour la première fois dans les cafés de Sana’a leurs photos décrivant la vie de tous les jours des femmes. A travers

leurs photos, elles montrent qu’il n’y a pas d’arme plus forte que la liberté d’expression pour redonner de la couleur à celles à qui

on impose de plus en plus de se couvrir totalement de noir.

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Rooj Al-Wazir 27 ans

Le travail de Rooj se concentre sur l’exploration des questions du genre et de l’identité dans son pays natal. Elle est avec d’autres jeunes artistes yéménites à l’origine de la campagne « Support Yemen » qui vise à soutenir la création d’un État civil et démocratique à travers la réalisation de films et photos engagés. Le travail de Rooj a été récompensé par plusieurs prix, dont celui de l’école de Manhattan arts, à New York. Elle a été publiée dans de nombreuses revues, dont le « Rolling Stones ».

La couseuse, Sana’a, Yémen, avril 2013

Une jeune femme apprend à coudre à la coopérative « les femmes qui cousent » dans la vielle ville de Sana’a. Une

machine à coudre lui sera remise à la fin de sa formation et lui ouvrira la route vers son indépendance économique.

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Les villageoises, Sayyan, Yémen, juin 2014

Tous les jours, les femmes du village de Sayyan dans le centre ouest du pays parcourent les 10km qui séparent leur village de la station essence pour ravitailler leur générateur, qu’elles transportent sur leur tête. Dhamar, Yémen, 2012

Les femmes sont le pilier de l’agriculture au Yémen, réalisant environ 70% du

travail à la ferme.

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Bani Mater, Yémen, mars 2014.

Deux femmes transportent le fruit d’une journée de travail dans la région des cascades de Bani Mater.

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Bushra Al-Fusail28 ans

« À travers mes photos, je cherche à soulever l’attention du public au Yémen et ailleurs sur les différentes conditions dans lesquelles les femmes vivent dans mon pays. Mon regard se porte sur ces femmes qui, dans une société où elles sont de plus en plus appelées à se couvrir entièrement de noir, cassent les coutumes et aspirent à une vie plus colorée. En ce moment, je travaille depuis Sana’a sur une série de photos sur les femmes sous les bombes, visant à montrer comment les femmes et les enfants font face à la guerre actuelle au Yémen ».

Sana’a, Yémen, février 2012

Une femme guidant son mari. Un autre point de vue sur le mariage au Yémen.

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Sana’a, Yémen, 2012

Alors que l’on attend de plus en plus de la femme

qu’elle adopte le noir et le niqab entier au Yémen, le

tissu est une nouvelle forme d’expression, où le moindre

signe de couleur ou de motif devient un signe discret de

contestation.

Sana’a, Yémen, mars 2015

Une femme des villages environnant vient faire ses courses dans la vielle ville de Sana’a. Elle repartira à midi au plus tard pour être de retour chez elle avant la nuit.

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Sana’a, Yémen, mars 2014.

Un vieil adage dit : « les femmes sont la moitié de la société ». Mais aujourd’hui, les femmes semblent totalement exclues de la société et du système éducatif au Yémen.

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Arwa Al Hubaishi25 ans

« J’ai toujours été fascinée par la photographie et cette capacité de capter et geler des moments de vie. Pour moi, une belle photo est moins une prise réussie, qu’un instant de vie dont la portée perdure à travers l’objectif ».

Sana’a, Yémen, 2014

Alors que le printemps arabe a paradoxalement plongé peu à peu le Yémen et les femmes dans le noir, son message originel d’émancipation résonne encore pour des centaines de femmes

qui ont décidé de briser le silence.

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Sana’a, Yémen, 2014

Jeune fille dans les rues de Sana’a.

Sana’a, Yémen, 2014

L’appel de la liberté.

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Maha Senan25 ans

« Après le lycée, j’ai décidé de me lancer dans des études de mode, qui m’ont initiée à la photographie. La violence qui a traversé le pays depuis les événements du printemps arabe m’a distraite de mes études, que je n’ai jamais finies. Je vis maintenant dans le sud de l’Arabie saoudite. J’ai continué à découvrir par moi-même la photographie. Ce que j’aime particulièrement est de me transformer en « messager » d’un moment capturé. »

Description des photos

« Nous portons toutes et tous des images au sein de nous, des moments et des endroits qu’on regrette, qui

prennent parfois la forme de l’obsession. Mais lorsque

cette obsession porte sur notre identité, notre pays,

elle devient une obsession salutaire, qui nous rattache à ce que l’on est. À travers mes

photos, je veux montrer ce que je garde de plus profond en moi, l’amour de mon pays

et de ses merveilles qui ont fait la femme que je suis ».

Obsession 1

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Obsession 4

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Obsession 3

Obsession 2

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Thana Faroq26 ans

« J’ai eu la chance d’étudier la photographie et les relations internationales à la Clark University à Boston. En tant que photographe des rues, j’aspire à créer des images directes et audacieuses relatant de vraies histoires de vie. Photographier des scènes de rue est ma plus grande passion. Pour moi, les gens que je photographie ne sont jamais des étrangers – leurs histoires me touchent directement et sont le moteur de mon inspiration ».

Description des photos

« En tant que photographe de rue, j’ai appris à saisir les moments de vie à travers mon appareil et mes yeux ouverts à toutes les possibilités que mon pays a à offrir. Je suis particulièrement touchée par ces instants d’ironie où les situations les plus noires laissent soudainement place au rire et à l’affection. Cette série est inspirée de la vie de tous les jours au Yémen et de ces femmes qui vivent cachées par un voile ou des traditions tribales. Je veux par mes photos souligner la couleur et l’intimité des femmes, que seule leur persévérance permet de garder ».

Cuisine de rue 1

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Cuisine de rue 2

Au Marché

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Le regard de la sagesse

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« Les séries du Hijab » de Boushra Almutawakel, photographe plasticienne « C’est après avoir assisté à une conférence de l’écrivaine féministe égyptienne Nawal Elsadawi que j’ai commencé à travailler sur la question du hijab/voile. La vision du voile d’Elsadawi m’a profondément touchée et j’ai décidé de l’interpréter photographiquement. Elle assimile la femme portant un voile ou le niqab à celle qui se maquille, dans le sens où toutes deux cherchent à dissimuler leur identité.

Mon début de réflexion sur le voile coïncide avec le 11 septembre. J’avais toujours été réticente à aborder un tel sujet, trop souvent galvaudé ou suscitant de fortes émotions, mais la sur-médiatisation soudaine de l’islam et des musulmans m’a conduite à changer d’avis. J’ai trouvé que nous, les Arabes et les musulmans, étions soit diabolisés, soit romancés. Ce paradoxe s’observe particulièrement au sujet de la femme au moyen orient, qui dans l’imaginaire populaire du nord est à la fois l’image de l’exotisme, de la beauté et du mystère, mais aussi celle de l’impuissance, de l’oppression et de la laideur. Une partie de cette représentation est liée au hijab.

En tant que femme musulmane arabe ayant vécu jusque récemment au Yémen, qui a une expérience de première main du hijab, j’ai un avis partagé sur le sujet. Il y a certains aspects du hijab qui me plaisent et d’autres pour lesquels je n’ai pas particulièrement d’intérêt.

Dans mon projet en cours sur le hijab, je cherche à explorer les nombreux visages et facettes du voile en fonction de mes propres expériences: le confort, la liberté, la force, la puissance, la libération, les limites, le danger, l’humour, l’ironie, la variété, les aspects culturels, sociaux et religieux, ainsi que la beauté, le mystère et la protection. Le hijab comme une forme d’expression de soi; le voile comme un phénomène dépassant son aspect purement religieux et arabe.

Je veux aussi m’assurer de ne pas alimenter les images stéréotypées et négatives trop souvent répandues qui dépeignent le hijab comme un symbole de faiblesse et d’oppression. Je veux questionner, contester et comparer les stéréotypes des deux côtés de la méditerranée ».

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Boushra AlmutawakelNée à Sana’a en 1969, Boushra Almutawakel a fait ses études aux Etats-Unis et au Yémen, durant lesquelles son intérêt pour la photographie s’est développé. De retour à Sana’a, elle crée en 1996 Al-Halaqa, une association d’artistes visant à créer un espace ouvert d’art et de culture dans la vieille ville. A partir de 1998, elle s’adonne entièrement à sa passion, la photographie, et travaille pour des organisations et entreprises internationales au Yémen. Elle effectue un second séjour aux Etats-Unis en 2001 pour étudier le photo-journalisme au Portfolio Centre d’Atlanta.

Drapeux (2010)

Mouvement de l’oeil (2008)

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Mère, fille et poupée (2010)

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Et si… (2008)

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Le vrai soi (2001)

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Ce catalogue reflète deux soirées culturelles organisées à Paris et à Bruxelles, par la Délégation de l’Union européenne au Yémen en présence de Madame Bettina Muscheidt, Ambassadeur de l’Union européenne au Yémen et dans le cadre de l’année européenne pour le développement. Ces événements visent à sensibiliser le public aux droits des femmes et des jeunes filles au Yémen à travers les œuvres d’artistes femmes yéménites.

Ces soirées se déroulent autour de trois temps forts :

• Projection en avant-première du film « Moi Nojoom, 10 ans divorcée ». Premier long métrage entièrement tourné au Yémen, ce film a été réalisé par Khadija Al Salami qui a obtenu le Prix de la Meilleure Fiction au festival international du film de Dubai 2014.

• Un échange avec la réalisatrice, en présence de Madame Amat Al Alim Alsoswa, ancienne ministre des Droits de l’Homme au Yémen, des comédiens et des artistes yéménites.

• Inauguration autour d’un cocktail et d’une exposition collective réalisée à Sana’a en mars 2015 par des photographes femmes yéménites - Rooj Al-Wazir, Maha Senan, Bushra Al-Fusail, Arwa Al Hubaishi, Thana Faroq et Boushra Al-Mutawakel - sur le statut des femmes et leur rôle dans la crise actuelle que traverse le pays

Remerciements particuliers àL’Institut du monde arabe pour son soutien,Aux artistes pour avoir prêté leurs œuvres,À Jack Lang, Président de l’Institut du monde arabe et Michèle Alliot-Marie pour leur parrainage, Député européen, Présidente de la délégation du Parlement européen pour les relations avec la péninsule arabique.À Sheikha Prohaska et Alain Massé pour leur engagement au côté de l’Union européenne dans la réalisation des ces événements

Délégation Européenne au YémenBettina Muscheidt, Chef de DélégationClaude Noyelle, Attachée de coopération, Responsable de l’événementJulien Bourtembourg, ancien Chef adjoint de la section politique, Responsable artistiqueAbdelaziz Cherradi, Attaché finance et contrat, Responsable financier

Imprimé en Bruxelles, Belgique

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