CAROUGE - LA PRAILLE / Archétypes & Atmosphères

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HABITER GENÈVE EUROMÉTROPOLE ENSAL_SPAA UGO RIBEIRO 2012_13

description

La zone industrielle de Carouge – La Praille s’annonce comme l’un des projets manifestes de Genève Agglo 2030, notamment en raison de son envergure (230ha) et des potentialités qu’elle renferme. Au sein d’un contexte industriel sur le déclin, nous avons cherché à mettre en place une stratégie urbaine pour révéler aux genevois et carougeois l’esprit, l’atmosphère et les qualités spatiales d’un tel lieu. Cette planification urbaine distingue trois phases concomitantes préparant le site à une pluralité d’activités : aux industries, viennent s’ajouter, loisirs, culture, services et logements. L’opération de logements est partie intégrante de cette stratégie et doit être exemplaire. Elle est l’une des premières pierres de ce nouveau centre urbain que sera Praille-Acacias-Vernet et doit faire preuve d’une qualité certaine. Au-delà de la recherche d’une logique de plan et d’un mode d’habiter qui intègre espaces et atmosphères industriels, la question s’est portée sur l’écriture architectural

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Que signifie aujourd’hui «habiter», et qu’est-ce qu’un «grand territoire» ? Quels territoires pour quels mo-des de vie ?Devant l’accroissement des mobilités, comment aborder la planification urbaine inscrite né-cessairement dans la démarche du développement durable ? Comment ne pas oublier celles et ceux qui désirent résister au mouvement de globalisation ? Quelles formes d’ha-biter(s) peuvent coexister dans un respect mutuel ? Ces questionne-ments nourriront des propositions architecturales allant de l’échelle du grand paysage à celle de l’archi-tecture, ancrées sur le territoire de Genève Eurométropole, en tentant d’en définir les échelles et les li-mites. Elles seront été enrichies des échanges préalables avec l’Agence d’Urbanisme de Genève et la SIA (Société Suisse des Ingénieurs et des Architectes).

Habiter Genève Eurométropole

HABITER GENÈVE EUROMÉTROPOLEENSAL_SPAA

UGO RIBEIRO2012_13

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2013

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HABITER GENEVE EUROMETROPOLEUgo Ribeiro

Studio SPAA ENSAL2013

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Studio Stratégies et Pratiques Architecturales Avancées

PFE - Ensal - 2013Ugo Ribeiro

CAROUGE - LA PRAILLE : ARCHéTyPEs & ATMOPsHèREs

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HABITER GENEVE EU-ROMETROPOLE

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Ce mémoire s’organise en quatre parties et reflète la méthodologie du studio. Il présente une réflexion continue sur la notion d’Habiter Genève Eurométropole, thématique commune développée par l’ensemble de l’atelier tout au long de cette année.

La première partie1 est une analyse territoriale de l’eu-rométropole genevoise. Celle-ci conduit à faire émerger trois aires d’études plus réduites sur un axe Sud qui va du quartier Jonction à Collonges-sous-Salève en passant par Carouge – La Praille.

Dans une seconde partie2 nous avons plus particulièrement étudié deux de ces trois aires d’études (Carouge – La Praille et Collonges-sous-Salève). Cette analyse plus resserrée tend à faire apparaître des questionnements transversaux sur les deux sites qui vont établir deux situations de projet.

La troisième partie présente le manifeste s’appuyant sur les enjeux et les potentiels révélés lors des deux phases d’analyses précédentes sur Collonges-sous-Salève ainsi que l’ensemble de la réflexion menée conjointement avec Laurent Boutin-Neveu.

Enfin la dernière partie présente également le manifeste établi pour Carouge – La Praille ainsi que la stratégie ur-baine développée et le projet de logements.

1. Cette partie a été réalisée avec

cinq autres étudiants : Eliane

Billon, Léa Grange, Laurent

Boutin-Neveu, Alex Perret et Yan

Roche.

2. Cette partie a été réalisée en

binôme avec Laurent Boutin-

Neveu.

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GENEVE EUROMETROPOLE1. Genève Agglo 2030, pour une métropole lémanique2. Data3. Récits métropolitains

CONTEXTEs - sITUATIONs1. Collonges-sous-Salève 2. Carouge - La Praile

HABITER COLLONGEs-sous-sALEVE1. Manifeste2. Ressources & références 3. Recherches & Stratégie

HABITER CAROUGE - LA PRAILLEARCHETYPES & ATMOSPHERES

1. Manifeste2. Ressources & références3. Recherches & Stratégie urbaine4. 140 logements5. Retour critique

BIBLIOGRAPHIE

REMERCIEMENTs

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GENEVE EURO-METROPOLE

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« Dans ce paysage magnifique du bout du lac Léman, entouré des crêtes du Jura et des Alpes, les populations française, genevoise et vaudoise prennent en mains leur destin commun : dans le respect de l’individualité de chaque territoire, certes, mais avec la ferme volonté de tirer un meilleur avantage de leurs solidarités »1.

Genève, connue internation-alement pour l’ensemble des institutions qu’elle accueille, constitue avec Lausanne l’une des deux grandes aires ur-baines du Léman. Néanmoins, elle reste une « petite » ville connaissant actuellement un problème territorial important en raison d’une forte croissance lors de ces dernières décen-nies. L’étalement urbain s’est tenu bien au-delà des limites du canton (246 km²) sur les cantons de Vaud et du dis-trict de Nyon ainsi que sur les communes françaises (Pays de Gex, Vallée de l’Arve, Genevois, bas-Chablais et Annemasse). Cette urbanisation, comme ailleurs, s’est opérée de façon incontrôlée, impactant néga-tivement transports, urban-isation, environnement et conditions de vie. Les frontières, nationale et cantonales, rendent complexes l’émergence d’une

1. GENEVE Agglo 2030, pour

une métropole lémanique

1. Etienne Blanc, Jean-

Claude Mermoud, Mark

Muller, Préface, Genève

Agglo 2030.

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Ferdinand Hodler. Le Lac Léman et le Mont-Blanc à l’aube - extrait - 1918

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logique territoriale d’ensemble: « les convergences à organ-iser entre centre et périphérie doivent régler non seulement des problèmes d’intercom-munalité, « d’intercantonalité » - l’agglomération s’étale sur deux cantons suisses -, « d’interdépartementalité » - elle implique deux départements français -, mais aussi et surtout « d’internationalité » - non pas avec le monde mais avec ses voisins français immédiats »2.

HistoireGenève depuis le Moyen-Age, porte plus d’importance à son développement international qu’à son développement local. La campagne morcelée qui l’entoure ne présente guère d’intérêt, bien au contraire, elle est source de conflits quant aux limites qui séparent réellement la France et la Suisse (ce n’est qu’en 1815 que des limites franches seront arrêtées). Genève obtient de donner un statut de « zones franches » à ces campagnes afin de s’en servir pour en exploiter les ressources tout en en restant séparée politiquement. Pour ces raisons et bien d’au-tres encore, Genève représente une exception au sein de l’état fédéral suisse. Les communes genevoises disposent de peu de pouvoir par rapport au Canton de Genève. Cela lui permet d’ailleurs de conduire une politique de promotion

internationale forte. Genève, par exemple, lance un pro-gramme de construction de logements après la seconde guerre mondiale afin de mener à un renouveau économique (production annuelle de 6 000 logements dans les années 70). C’est également durant les années 70 que les premières collaborations transfrontalières voient le jour.

La croissance des Trente Glorieuses conduit à deux politiques de développement urbain différentes : le renouvel-lement des quartiers anciens ou l’extension sur la campagne. Finalement, le Canton de Genève donne le mot d’ordre de « construire la ville en ville » et cherche à limiter l’étalement et à densifier les zones déjà urbanisées afin de préserver les zones agricoles. En réalité, ces intentions vont freiner sensi-blement l’évolution urbaine et la construction de logements, en 1980 elle tombe à 2 000 logements par an, et contin-ue de décroître jusqu’à 1 083 logements construit en 2008. Paradoxalement, Genève continue à attirer des emplois, 29 000 emplois entre 2005 et 2008 pour 5 000 logements construits, point de départ de la crise du logement qu’on lui con-naît aujourd’hui. La hausse du foncier et de l’immobilier amène à un étalement urbain incon-trôlé dans des territoires qui n’y

2. Genève Agglo 2030,

Richard Quincerot,

Michèle Tranda-Pittion,

Christoph Loetscher.

Marseille, Editions

Parenthèses, 2010.

216 p.

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1930

2000

4000

6000

8000

1940

1950

1960

1970

1980

1990

2000

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0.20

0.60

1.00

1.40

1.60

1985

1990

1995

2000

2005

2010

Nombre de logements construits dans l’agglomération genevoise en fonction du temps

Taux de vacance (en pourcent) des logements dans l’agglomération genevoise en fonction du temps

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Le lignon. Genève. Georges Addor. 1963 - 1971

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Cité satellite Meyrin. Genève. Georges Addor. 1960 - 1963

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sont pas préparés (2% à 3% de croissance) conduisant à une dégradation de l’environnement et du paysage ainsi qu’à une explosion de la mobilité trans-frontalière quotidienne qui se fait majoritairement en voiture (saturation des axes majeurs aux heures de pointes).

La crise du logement devient encore plus aigüe dans les années 90 (taux de vacance de 0,2%) suite à une autre crise immobilière. Les emplois restent concentrés au cen-tre de Genève mais l’habitat se disperse hors du centre, notamment en France ou le prix de l’immobilier atteint des sommets. Les flux entre la périphérie urbaine (suisse ou française) et le centre s’in-tensifient conduisant à un « renforcement de la ségrégation sociale : l’écart se creuse entre les villes centres qui assu-ment bien des équipements d’agglomération et abritent les populations aux plus bas rev-enus, une première couronne genevoise agricole et résiden-tielle fortunée, un district de Nyon opulent et des périphéries françaises aux prix d’autant moins élevés qu’on s’éloigne du centre »3.

Genève, si elle veut garder son aura internationale, doit aussi se préoccuper de son bien être local et reprendre en main son développement territorial, ce

que nourrit le projet Genève Agglo 2030.

Intentions territoriales

« Genève a changé d’échelle. Désormais, l’agglomération ur-baine s’étend sur plusieurs terri-toires aux constitutions, législa-tions, normes, administrations, cultures…hétérogènes»4 .Un projet « d’harmonisation » d’urbanisation et des réseaux de transport et de l’environne-ment (Projet d’agglomération franco-valdo genevoise) est lancée en 2007 par le biais de la Charte Transfrontalière ratifiée par dix-huit parte-naires transfrontaliers. Ce projet connaît depuis ce jour des approfondissements par le biais d’études localisées et thématiques, les PACA5. Cinq points sont fondateurs du Projet d’agglomération :

1. Le périmètre. Il s’agit de maî-triser l’urbanisation sur plus de 2 000km², côté Suisse : canton de Genève et District de Nyon, côté Français : l’ensemble des intercommunalités frontalières (dix au total). On peut comparer cette aire urbaine à celle de Paris ou Londres où seulement 20% seraient occupés par l’urbanisation. Dès lors, le Projet d’agglomération pose la question de la place des terres agricoles, du paysage et de la nature ainsi que de la gestion

3. Genève Agglo 2030,

Richard Quincerot,

Michèle Tranda-Pittion,

Christoph Loetscher.

Marseille, Editions

Parenthèses, 2010.

216 p.

4 Ibid.

5. Périmètres

d’aménagement coor-

donnés d’agglomération

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6. Genève Agglo 2030,

Richard Quincerot,

Michèle Tranda-Pittion,

Christoph Loetscher.

Marseille, Editions

Parenthèses, 2010.

de ces trois entités.2. Diversité des partenaires. Ceux-ci sont investis dans une démarche commune les inci-tant à coopérer. Ils interviennent à des échelons différents, afin de cofinancer l’ensemble des investissements nécessaires à la mise en place d’un tel projet.3. Une tâche commune. Elaborer un Projet d’aggloméra-tion partagée qui organise le développement territorial de façon durable pour l’aggloméra-tion franco-valdo-genevoise à l’horizon 2030. 4. Le pilotage. Il est consti-tué d’un « comité paritaire » France-Suisse désormais partie intégrante du Comité régional franco-genevois.5. Le calendrier. La temporal-

ité fixée pour le Projet d’ag-glomération est totalement indépendante des temporalités propres aux différents terri-toires. Il détermine des objectifs à court, moyen et long termes, qui se font suite et doivent être respectés pour le bon dérou-lement du projet.

« Une solide attractivité mon-diale, mais un problème de territoire : tel est le contexte très particulier dans lequel intervient le projet d’agglomération fran-co-valdo-genevois, médiateur et levier d’une solidarité territo-riale transfrontalière »6.

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2. Data

Territoire : 2 000 km²Pays : Suisse - FranceCantons suisses : Genève - VaudRégion française : Rhône-AlpesDépartements français : Ain - Haute SavoieCommunes : 212

Population : 918 000Population (GVA) : 465 000

Occupation du territoireHydrographie : 13%Espaces bâtis : 13%Espaces agricoles : 33%Forêts : 41%

Emplois : 400 000Genève : 68%Vaud : 7,5%France : 24,5%

Nouveaux logements (2000 - 2010) : 65 460Genève : 15 400Vaud : 7 350France : 42 710

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Centre régionaux

Centre locaux

Genève

Annemasse

St - Julien

Bellegarde

St - Genis

Bernex

Ferney

Nyon

Chêne - BourgLancy

Onex

Mica

Meyrin

Vernier

Coppet

Thonon

Ornex

Gex

Divonne

Cranves -Sales

Reignier

La Roche

Bonneville

Machilly

Bons

Perrignier

DouvaineSciez

Prangins

Gland

Rolle

Plan-les-Ouates

Archamps

ViryValleiry

Thoiry

La Praille

Versoix

Etrembières

Collonge - BellerivePrévessin -Moëns

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Villages

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Nouveau Quartiers

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3. Récits métropolitains

A la suite d’une analyse territo-riale et d’une prise de connais-sance du Projet d’aggloméra-tion, nous avons cherché à développer notre propre image de cette eurométropole. Celle-ci intègre bien entendu les com-plexités transfrontalières mais cherche avant tout à révéler la constitution en archipel –aux identités différentes - du bassin genevois, qualité qu’il faut selon nous révéler et non effacer dans ce projet territorial.

Récits métropolitains

« Si la ville coextensive au territoire semble renverser la formule de Pascal pour figurer un univers où la circonférence est partout et le centre nulle part, si elle n’est pas saisissable par les sens en tant qu’en-semble, si elle est dépourvue de structure hiérarchisée et susceptible d’être parcourue en tous sens, si l’hyperville nous répugne, si elle incarne pour la plupart des gens l’abomination de la désolation, bref, si nous la percevons comme un espace de pure dispersion, homogène à force d’hétérogénéité, comme l’a dit Alain Charre, c’est, je crois, en raison d’une notion implicite, qui détermine comme instinctivement notre vision de la ville - du moins chez les per-sonnes, disons, au-dessus de

50 ans : la notion « d’harmonie». [Cette] notion d’harmonie est périmée »7.

C’est par ces mots qu’André Corboz conclut sa vision de la métropole suisse. Au début du XXIè siècle, l’enjeu métro-politain dépasse une lecture homogène de la ville. A l’image de la constitution moyenâgeuse en archipel d’unités autonomes face aux villes, la lecture des métropoles suisses contempo-raines se complexifie, se dilue dans la constitution insulaire de ses parties. Ce n’est pas un récit mais plusieurs qu’il est nécessaire de faire pour saisir la ville de Genève ; hétérogénéité de situations qui conduit à une lecture non linéaire. La métropole Genevoise est celle d’une juxtaposition d’entités qui bien qu’autonomes, entretien-nent des relations.

« La relation à la fois écologique, technique et symbolique de l’humanité terrestre ». Voilà ce à quoi Augustin Berque fait référence dans son ouvrage Écoumène (2000). C’est de cette relation que naît la singu-larité des lieux et des situations géographiques qui définissent la ville dans sa nature carto-graphique et existentielle : au «topos aristotélicien» se mêle la «chôra platonicienne» (A.Ber-que, 2000). Comment, dès lors,

7. André Corboz, “La

suisse comme hyperville”

in Le Visiteur numéro 6,

2000, page 112-129.

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Collage Jonction

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appréhender la complexité qui se dessine.

«As geographers we view ‘space’ as an order of con-comitance. Different and often conflicting rationalities, eco-nomic systems, and cultures exist simultaneously, often also in close proximity. This situation urges us to examine the interrelations of diverse phenomena and their often-un-expected resulting emergent properties. Notions of complex-ity help us tracing the manifold relations of technology, space and human action, and their roles in shaping the trajectories of city regions and economic systems»8.

Cette complexité décrite par Joris Van Wezemeal, c’est celle que nous souhaitons révéler. C’est au travers de trois récits qu’elle se dessine et définit par extension l’identité de l’eu-ro-métropole. Loin d’être des récits objectifs, encore moins exhaustifs, ces trois situations sont l’image des singularités de la métropole ; car ces situations s’inscrivent dans un contexte, celui du bassin Franco-Val-do-Genevois. Le contexte, la cartographie et la topographie, voilà peut-être les dernières choses qui lient entre elles ces différentes identités, essaimées « jusqu’aux glaciers sublimes » si chers à André Corboz.

Dispositif

« L’art contemporain devrait nous avoir préparé à ne plus percevoir en termes d’har-monies, mais en termes de contrastes, de tensions, de dis-continuités, de fragmentations, d’assemblages, etc, bref, selon un système dynamique qui ne relève d’aucune esthétique précédente »9. Le dispositif se compose de deux éléments : une maquette topographique du bassin sud de Genève, et de trois collages.

La maquette de site cadre sur le sud de Genève, de la zone de la Jonction jusqu’au Salève. Elle exprime la richesse topographique de la zone et représente le lien qui unit les différents récits métropolitains. Elle sert également à les situer.

Chaque collage, issus d’une méthodologie commune, représente un récit métropolit-ain. Leur constitution provient, au départ, d’un amoncellement d’éléments qui témoigne de leur identité. Dans un second temps, c’est leur composition qui révèle leurs potentiels et évidences.

Enfin, loin d’être anecdotique, la question de l’encadrement de ces récits à son importance. En sapin brut, il témoigne de l’intérêt à porter à ces récits métropolitains, aux potentiels

8. Professeur docteur

Joris Van Wezemeal in

Univeristy of Fribourg.

Department of Geosci-

ences’s website.

9. André Corboz, “La

suisse comme hyperville”

in Le Visiteur numéro 6,

2000, page 112-129.

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Collage Carouge

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qu’ils possèdent. Cependant, jamais le cadre ne touche le collage. S’il le met en valeur, il ne le confine pas. Ces récits métropolitains sont l’expres-sion d’une situation dans un contexte, jamais une tentative d’uniformisation.

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Collage Collonges-Sous-Salève

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Collages. Par ordre d’apparition: Genève, quartier de la Jonction - Format 40x60cm. Collage sur toile coton, technique mixte. Cadre en sapin.Carouge - Format 40x60cm - Collage sur toile coton, tech-nique mixte. 40x60cm. Cadre en sapin.Collonges-sous-Salève - Format 40x60cm. Collage sur toile, technique mixte. Cadre en sapin.

Maquette topographique. Nord à gauche Bassin Genevois - Echelle 1:5000. Format 250x50cm. Carton RAL1024 0.5mm. Carton gris 3mm. Socle en sapin.

Maquette de l’axe sud : Collonges-sous-Salève, Carouge, Jonction. 1/5000

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sITUATIONs -CONTEXTEs

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A la suite ce cette analyse ouverte sur la métropole genevoise, notre regard se porte sur deux sites en frange de celle-ci. Bien que ces deux sites présentent une même situation urbaine, ils n’en restent pas moins différents. Effective-ment, leurs localisations sont la résultante de deux dynamiques distinctes, l’une (périphérie urbaine) étant d’échapper à l’ur-banité frénétique, l’autre (zone industrielle) étant une mise à distance des espaces moins « nobles » qui malgré tout sont nécessaires au bon fonctionne-ment économique d’une ville et à plus grande échelle d’un pays. Néanmoins, nous avons

cherché à poser des questions transversales sur les deux sites afin d’avoir un regard à l’échelle de la métropole. Très vite notre attention s’est portée sur les modèles/archétypes en présence sur les sites qui leurs donnaient identité et atmosphère. S’intéresser aux archétypes, c’est d’une certaine façon poser la question de la construction d’un lieu, puisque l’archétype représente l’idéali-sation d’une construction, d’une œuvre. C’est un moyen d’ap-préhension du contexte. Nous avons souhaité comprendre les mécanismes de ces modèles pour en faire une critique quant à leur validité, pour une

Bassin franco-genevois

COLLONGES SOUS SALEVES

CArOUGE / LA prAiLLE

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COLLONGES SOUS SALEVES

construction contemporaine. Un intérêt également particulier est porté sur le rapport au sol, à la topographie, nous l’avons souligné, seule réalité phy-sique qui assure la continuité du territoire genevois. Enfin, nous ne pouvions non plus nous affranchir d’une étude en profondeur des projets en cours notamment sur le site du PAV.

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Insularité

Située dans la partie Sud-Est de la Métropole Genevoise, la commune de Collong-es-sous-Salève entretient un rapport privilégié avec le relief du Salève dont elle a emprunté le nom. Bordée à l’est et au sud par ce relief, la commune est isolée au nord et à l’ouest par l’autoroute A41 qui la traverse.

Collonges-sous-Salève, à l’inverse de Saint-Julien en Genevois ou d’Annemasse,

se présente comme une ville se tenant à l’écart de l’impact que Genève pourrait avoir sur elle. De par sa situation géographique, la commune a su garder l’insularité historique du hameau sur la base duquel elle s’est développée.

Archétype

Chercher à comprendre l’urban-isation et les façons d’habiter qui sont liées à une com-mune rurale comme Collong-es-sous-Salève, c’est avant tout

1. Collonges-sous-salève

FrONtièrE FrANCO-SUiSSE

AUtOrOUtE A41 / A1

insularité de collonges-sous-salève au sein de l’agglomération genevoise

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AUtOrOUtE A41 / A1

COmmUNE dE COLLONGES SOUS SALèVE

LAC LEmAN

COmmUNE dE GENèVE Et SES COmmUNES VOiSiNES

AUtOrOUtE BLANCHE (A40)

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Autoroute A41

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s’intéresser à l’archétype de la maison individuelle. L’étude du site nous emmène avec évidence sur les traces de cet habitat en présence majoritaire sur le terrain d’étude. Suivant un processus analogue à celui employé sur le second site d’étude (Courouge - La Praille), nous allons explorer cet archétype.La désignation du modèle pavillonnaire comme archétype est aujourd’hui légitimé par le fait que ce modèle est amené par beaucoup comme une évi-

dence contextuelle, c’est-à-dire attaché au lieu. La singularité des vues, l’omniprésence du végétal, la proximité de grands espaces vierges de construc-tion, etc attribuent à ce lieu, en plus d’une valeur marchande évidente, une valeur symbolique à laquelle on attache un idéal : la maison.

L’analyse de cet idéal de l’hab-itat péri-urbain (en reférence aux cases study house) débute ainsi par un regard croisé entre l’habitat et l’urbanisation qu’il

Case Study House #22, Two Girls (Pierre Koenig, architect, 1960). © Julius Shulman

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développe. Consommatrice de sol, la maison individuelle est aussi gourmande en infrastruc-ture routière. La trame viaire et d’une façon plus générique les dispositifs d’accès et d’ascen-sions sont aujourd’hui décon-nectés de l’habitat.

L’automobile est à reconsidérer non comme comme une valeur matérielle, liée à l’objet mais comme une valeur d’usage. La pratique des territoires ruraux marqués par le relief comme celui de Collonge-sous-Salève

ne peut pas être dissociée de l’automobile. Au delà de requestionner la valeur du lieu de stationnement, il nous permet de porter un regard neuf sur cette question d’accès, soulevant au passage les questions relatives à l’art de vivre en territoire péri-urbain.

Représentation paysagère

La question du paysage est une question primordiale dans ce site car la représentation

Everyday California. © Julius Shulman

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que l’on se fait de Collong-es-sous-Salève est attachée à l’esthétique que véhiculent les paysages ruraux. Les peintures d’artistes régionaux telles que celles de Ferdinand Hodler ou encore le Collongeois Gustave de Beaumont témoignent de ces références identitaires inscritent dans la conscience commune.

Pour saisir le sens de cette question, nous allons dans un premier temps écarter les paramètres sociaux et poli-tiques pour nous concentrer sur une conception moins cultur-aliste du paysage, attachée à l’esthétique du lieu et à sa représentation picturale. Paradoxe de la course à la propriété, ce paysage primitif et naturel tant convoité est au-jourd’hui rongé par l’urbanisme diffus. L’analyse d’un échan-tillonnage de l’habitat pavil-lonnaire illustre le mécanisme d’urbanisation qui place l’habitat au centre d’un espace privatif. Cette mise à l’écart du contexte se réalise au profit d’un isolement dans un paysage personnel : celui du jardin.

Jardin

Le jardin est aujourd’hui un lieu de moins en moins pratiqué. Cet anneau vierge de construc-tion et presque exclusivement végétalisé encercle l’habitat

pavillonnaire et l’isole dans la forme paysagère qu’on lui a donné. C’est un lieu de limite, un entre deux entre intériorités. Le jardin est avant tout un lieu de contemplation. Sa pratique et son usage étant principale-ment liée à cette question de contemplation, lorsqu’il est en-tretenu, taillé ou encore étoffé. Dans l’archétype de la maison pavillonnaire, le paysage n’a pas construit l’habitat, il est au con-traire une résultante program-mée de celle-ci.

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Ferdinand Hodler, At the beginning of mont saleve, 1888

Ferdinand Hodler, At the foot of the Salève, 1890

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L’idéal pavillionnaire au sein de sa parcelle

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2. Carouge – La Praille

1. Pierre Feddersen,

architecte-urbaniste

et membre du jury

du concours PAV

(Praille-Acacias-Ver-

nets) 2007 .

« Il s’agit d’une zone impor-tante, en pleine ville, forte d’un potentiel immense, et c’est là et non à l’extérieur qu’on doit développer en priorité la ville de demain […] Toute la diffi-culté opérationnelle, c’est qu’il faut trouver une vraie stratégie pour l’en sortir, pour révéler une potentialité, pour faire que cela devienne un véritable morceau de ville et pas simplement une zone industrielle de la qua-trième génération. Aujourd’hui, le projet lauréat offre comme principal résultat, non pas un plan rigide, mais avant tout une stratégie d’aménagement, une stratégie de mise en valeur du terrain »1.

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Zone industrielle - Carouge - La Praille

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Superfice du projet Praille-Acacias-Vernets

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L’intérêt de cette partie est de comprendre les mécanismes urbains et politiques qui ont amené la construction et le développement de Carouge pour mieux saisir les enjeux actuels. Nous présentons également l’ensemble des projets urbains qui ont reçu validation de la commission du PAV à savoir un masterplan, un plan paysager et un PLQ2.

Histoire

La ville de Carouge date de la fin du XVIIIs. Elle a été construite ex-nihilo sur la rive gauche de l’Arve par la monarchie sarde (Victor-Amédée III) dans le but de concurrencer Genève. Saint-Julien en Genevois qui était jusqu’alors la seconde ville la plus influente de la région, se voit destituée de sa judicature au profit de Carouge qui possède de plus une réelle liberté de culte vis-à-vis de Genève. Elle souhaite également être le nouveau lieu des échanges commerciaux de la région.

Carouge et Genève entretiennent alors des rapports conflictuels (notamment en raison de la place qu’occupe Carouge entre Savoie et Genève) qui ne se termineront qu’en 1760 avec la signature du traité de Turin fixant ainsi les limites entre la Savoie et

Genève telles qu’on les connaît aujourd’hui. La ratification de ce traité va sensiblement redynamiser l’économie carougeoise, puisque dès lors, elle rentre dans les objectifs économiques de Turin. Cela conduit à l’élaboration de différents plans directeurs notamment par l’ingénieur Garella, pour pallier à son développement anarchique.

Ces plans directeurs s’étalant sur une décennie (1760-1770), entraînent la construction du Vieux-Carouge et de son atmosphère singulière, d’une « petite ville dans la ville ». Les principes demeurent similaires, l’urbanisation s’articule autour d’axes de circulation qui génèrent une grille régulière d’îlots. La seule irrégularité de ce plan en damier se trouve dans la rue Ancienne (axe antique). L’écriture architecturale du Vieux-Carouge, nous le verrons par la suite est typiquement néoclassique.

Durant cette période, Carouge est française et ce n’est finalement qu’en 1816 que Carouge devient suisse en intégrant le Canton de Genève. Ce n’est qu’au début du XXs. qu’historiens, politiques et citoyens portent de l’intérêt à cette héritage nommant ce centre historique : « Vieux-Carouge » et en mettant en

2. Plan localisé de

quartier.

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Bassin franco-genevois au XVIIs

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Frontières entre Savoie et Genève à l’issue de la signature du traité de Turin en 1760

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Carouge à l’issue du plan directeur de Garella

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Rue ancienne. Vieux-Carouge. 2012

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place des lois en faveur de sa préservation.

Nous l’avons dit en introduction de cette partie, l’un des souhaits que Victor-Amadée III a placé en Carouge lorsqu’il l’a bâti et celui d’en faire la place économique de la région devant Genève. Carouge hérite donc de cette envie et est reconnue comme ville de commerce. Cependant, bien que les tanneries et les ateliers d’horlogerie soient nombreux, ils ne concurrenceront jamais les industries genevoises. Le développement économique de Carouge stagne alors quelque peu et il faut attendre les années 50 pour qu’un nouvel élan économique se fasse ressentir. C’est à cette époque que les industries se multiplient en frange de la ville menant à la construction de la zone industrielle de la Praille en 1958, lui permettant d’affirmer sa vocation industrielle. Cette zone est placée sous le giron de la FIPA (Fondation pour les terrains industriels de la Praille-Acacias), désormais appelée la FTI. Ce « boum » économique, pose la question du logement des nouveaux travailleurs, suisses ou immigrés avec le leitmotiv suivant : loger beaucoup de personnes rapidement. La France a été confrontée à un problème similaire avec la pénurie de logement qu’elle a connu à l’issue de la

deuxième Guerre Mondiale. Les contextes, certes différents, ont amené à la même réponse architecturale, la construction des grands ensembles. Néanmoins, l’investissement français ne fût pas aussi appliqué que l’investissement suisse (construction dans l’urgence mal maîtrisé, mauvais traitement des rez-de-chaussée, à l’écart du centre-ville…) ce qui a créé un véritable traumatisme dans la culture française. A l’inverse, nos voisins suisses n’ont pas connu de tels problèmes et supportent beaucoup mieux le temps qui passe, preuve en est avec les Tours de Carouge (1958 – 1970) ou encore le Lignon, qui restent des espaces urbains appréciés et entretenus des genevois et carougeois. Ces années 50 sont donc charnières dans l’histoire de Carouge puisqu’elles donnent à la ville deux nouveaux archétypes : le premier, industriel avec les entrepôts de La Praille et le second moderne, avec les tours de Carouge.

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Bassin franco-genevois en 1928

Bassin franco-genevois en 1958

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Bassin franco-genevois en 1967

Bassin franco-genevois en 1980

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Tours de Carouge. 2012

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Zone industrielle La Praille. 2013

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Archétypes

La constitution de Carouge due à son histoire atypique amène un résultat urbain surprenant où différents archétypes archi-tecturaux se juxtaposent pour former la ville actuelle.

Parler d’archétype c’est avant tout évoquer un modèle idéalisé qui renvoie à des principes con-structifs, spatiaux, de langage, de valeur et d’atmosphère. Cela fait également appel à une idée de permanence au travers le lègue d’un modèle qui traverse le temps. Ces arché-types peuvent participer d’une situation de projet contextuelle

ou transhistorique à l’image des postures de Valério Olgiati ou des frères Aires Mateus. Ces derniers défendent le fait qu’il faut aller chercher d’autres procédés conceptuels et matériels au-delà de notre propre culture (dans leur cas la culture portugaise). Ainsi dans les images de référence qui les suivent au quotidien, on retrouve côte à côte la carrière de Monsaraz, les pyramides de Gizeh ou encore le Temple de Mercure. Toute renvoie à l’idée de masse mais la véritable matière manipulée est le vide laissé par l’érosion ou l’excava-tion.

Archétypes formant la ville de Carouge

début XIX°sfin XVIII°smilieu XX°s milieu XX°s

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début XIX°sfin XVIII°smilieu XX°s milieu XX°s

Dans le cas présent, Carouge présente des archétypes con-textuels. On en distingue trois qui renseignent sur l’histoire et le développement de la ville. Ces archétypes sont une évidente matière à projet, dans la recherche d’une réponse urbaine et architecturale con-textuelle.

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Temple de Mercure. Baia. Italie

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Carrière de Monsaraz. Monsaraz. Portugal

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Vieux-Carouge

Ecriture architecturaleLes maisons proposent généralement un voire deux étages avec un rez-de-chauss-ée donnant directement sur la rue. La modénature de ces rez-de-chaussée sur rue combine les entrées et fenêtres des maisons et les entrées et/ou vitrines des commerces. On les distingue les unes des autres par leurs formes. Les portes et fenêtres sont rectangulaires alors que les ouvertures des commerces sont dotées d’arcades. Enfin, parfois, ces arcades permettent également d’accéder au cœur d’îlot, qui participe donc dans certains cas de l’espace public. On retrouve généralement sur ces intérieurs d’îlots un escalier (propre à chaque maison) qui assure la desserte depuis une galerie en bois (au RDC) jusqu’aux différents étages. Les façades sont de fait beaucoup moins lisses que côté rue.

Rapport au solLe rapport au sol est en réalité soit un rapport à la rue soit un rapport à la cour. Sur rue, la façade du rez-de-chaussée cherche à se distinguer de ce sol public de façon très légère et systématique par le biais d’une ou deux marches marquant ainsi le seuil entre l’extérieur et l’intérieur. Ce

rapport est aussi questionné dans le dessin des ouvertures, qui suivant leur type l’affirme (entrée de logement ou fenêtre) ou l’annule (vitrine).

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Maison néoclassique. Carouge.

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Rapport à la rue

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Rapport au coeur d’ilôt

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Entrepôts

« Ce qui donne à cette archi-tecture toute sa signification, à savoir l’unité provenant du fait que tant le hangar entier que chacune de ses formes sont déterminés par la meilleure util-isation possible des matériaux, travaillés avec les outils et les connaissances – c’est-à-dire le métier – nécessaire »3.

Ecriture architecturaleA juste titre les entrepôts peu-vent largement être qualifiés de rationalistes et de fonction-nalistes. L’objectif est de libérer le maximum d’espace au sol pour y entreposer matières et ressources afin de les protéger de l’extérieur. Les structures sont faites d’IPN ou autres poutres métalliques, parfois en béton, pouvant supporter de grandes portées sur lesquelles vient se poser une enveloppe la plus économique possi-ble. Dans certains cas, cette enveloppe devient remplis-sage entre structure, mais c’est sans aucun doute pour des raisons économiques et rationnelles plus que pour des questions d’esthétique. Leur grande dimension et leur faible hauteur les font apparaître comme énigmatiques. Cette atmosphère mystérieuse est accentuée par le rapport struc-ture/remplissage pas toujours évident et le fait que l’enveloppe

ne soit parfois pas totalement opaque et laisse entrevoir l’ac-tivité intérieure. Rapport au solLe rapport au sol ne représente pas un questionnement en soit pour la conception des entrepôts. Souvent rationnel ou résiduels, il permet dans le pre-mier cas d’avoir des parkings et dans le second de mettre un arbre ou deux. Le sol est parfois le même à l’intérieur et à l’extérieur et aucun seuil n’est ménagé au-delà des accès dessinés dans l’épaisseur du complexe « structure/envel-oppe ». La structure entretient finalement un rapport extrême-ment brutal avec le sol et plus largement avec l’environnement extérieur, ce qui participe à générer un espace intérieur protecteur.

3. Michael Alder, «

Elementare Architektur

», archithese,n°1, 1980,

p.18-19.

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Entrepôts. Zone industreile La Praille

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Archétypes carougeois. Maison néoclassique, Tours de Carouges, Entrepôts

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Tours de Carouge

Ecriture architecturaleLes six Tours de Carouge peu-vent largement être pris comme exemple de l’architecture mod-erne qui a participé au dévelop-pement de la ville au XX° s.

Le plan y est ici aussi éminem-ment fonctionnel et rationnel et conditionne le dessin de façade. Les distributions verticales permettent d’accéder à deux ou trois (lorsqu’ils sont en angle) logements. L’entrée dans les logements se fait par un sas sur lequel donnent les pièces humides et rangements. Les chambres sont orientées au nord et le séjour/cuisine au sud où l’on retrouve également une loggia. Les logements se répètent entre la structure en béton préfabriqué et subissent une modification lorsqu’ils sont en angle. Cet étage courant se répète sur une dizaine de niveaux. Au rez-de-chaussée on retrouve des commerces ou des services et en entresol des services ou des bureaux. L’ac-cès aux distributions verticales se fait par l’arrière du bâtiment.

Rapport au solLe fait de construire en hauteur permet de libérer un espace au sol considérable qui assure une cohérence à l’ensemble du plan et participe de la structuration urbaine et du raccordement

au tissu existant. On y trouve également des services (telle une bibliothèque) dans des bâtiments indépendants ou des espaces d’agréments qui viennent ponctuer le plan de rez-de-chaussée.

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Tours de Carouge

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Stratégie d’aménagement du secteur Praille – Acacias –

Vernets

« La stratégie d’aménagement retenue privilégie une flexibil-ité dans le développement de ce site, en tenant compte des équipements déjà existants. Ce secteur est appelé à devenir un quartier central et contem-porain, mélangeant emploi et logement et doté d’un envi-ronnement de qualité, notam-ment en matière de mobilité, d’espaces verts et d’équipe-ments publics »4.

Le secteur de La Praille est au-jourd’hui rattrapé par le dével-oppement urbain de Carouge et de Genève. La politique de Genève tend à repousser l’ur-banisation aux frontières voire du côté de la France avec le gel de terrains agricoles rendus non constructibles. La crise du logement est très importante, il faut sans attendre y remédier de façon sérieuse. Le projet Genève agglo 2030, fait de ce secteur industriel une des zones prioritaires à réinterroger et le qualifie de « projet d’en-vergure exemplaire » en raison de sa superficie (230 ha) et de sa situation géographique (au cœur des réseaux de transport avec notamment deux arrêts du CEVA. Le projet PAV est à « l’image de l’agglomération, compacte, multipolaire et verte, inscrit dans une nouvelle con-

stitution de Genève ».

Les enjeux majeurs auxquels doit répondre le PAV ont été clairement énoncés depuis 2006, par un groupe de travail qui avait pour objectif de révéler les potentialités du projet. On retrouve notamment ceux de la densification en réponse à la demande croissante de logements et au faible taux de vacances de la métropole genevoise (0,2 %), la valorisa-tion de son identité, la prise en compte de l’accessibilité au site et de sa relation avec les quart-iers environnants (Carouge, Genève et Lancy). Il s’agit égale-ment de favoriser l’implantation de l’emploi (le PAV projette la création de 40 000 emplois) en réponse aux 10 000 logements prévus et de créer des espaces verts de qualité afin d’atteindre les objectifs environnementaux fixés.

Le bureau d’architecture zurichois Ernst Niklaus Fausch a été mandaté pour réaliser le masterplan général du PAV quoi doit donner les lignes direc-trices à suivre pour le master-plan des espaces publics et paysagés (AWP) et les PLQ.

4. etat.geneve.ch.

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Zone du projet PAV. Tracé du CEVA

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Masterplan – Bureau d’archi-tecture Ernst Niklaus Fausch

Le projet lauréat du concours lancé par l’état de Genève est le seul qui ne présente ni plan rigide ni parti urbain figé. Il est contextuel et prend acte de la structuration urbaine actuelle. « Les mots importants de ce projet ne renvoient pas vraiment à une stratégie. Ils préconisent essentiellement des «Leitlinie » (entendez des lignes de force) pour une évolution spécifique. Quand on regarde le plan, on ne voit pas beaucoup de volumes finis, seulement quelques couleurs ; on voit des rues qui sont les mêmes rues que de prime abord, mais il y a de nombreuses préconisations techniques très claires. Nous avons fixé quelques thèmes qui sont dorénavant impor-tants. Il est évident que nous sommes seulement au milieu d’un premier travail. C’est seulement maintenant que cela commence. […] Dans les faits, notre projet allait de soi. Notre scénario développait essentiel-lement un processus autour de la densité. Mais attention ! Ce terme de densité ne veut pas forcément dire construire beau-coup. La densité n’est pas une histoire volumétrique. Pour nous c’est avant tout liée à l’histoire d’une forte vie urbaine »5.

Le masterplan proposé par Ernst Niklaus Fausch propose

donc cinq « lignes de force » à suivre pour le bon développe-ment du secteur :1. Une architecture innovante et des espaces extérieurs de haute qualité ;2. Donner l’exemple en notion de mobilité urbaine ;3. Donner l’exemple en matière de développement durable ;4. Rester simple tout en cher-chant la qualité ;5. Intégrer les limites du PAV pour en faire un quartier con-necté et non isolé.

La proposition s’appuie sur une analyse spatiale et structurelle globale conduisant à la con-servation de la structuration actuelle dans le but de conserv-er un développement continu et linéaire de cette zone industri-elle. Le masterplan distingue trois situations, Acacias-Ver-nets, Carouge et La Praille ainsi qu’un nouveau centre urbain : la Place de l’Etoile. Le bureau zu-richois met également l’accent sur la recherche d’une densité certaine, d’une pluralité et d’un entremêlement de fonctions aussi bien en plan que de façon « verticale » mais aussi sur l’obligation de créer de l’espace public de qualité clairement absent pour le moment qui per-mettra en plus d’agrémenter le site, d’accueillir les réseaux de transport « modes doux ».

5. Update City. A

propos du masterplan

Praille-Acacias-Ver-

nets (PAV), Genève.

Faces N°65 – Réinventer

Genève.

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Masterplan PAV. © Ernst Niklaus Fausch

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Projet d’espaces publics - Bu-reau d’architecture AWP

L’étude des espaces paysagers/mobilité proposée par le bureau AWP prône la diversité d’espac-es autour d’un axe fort : un parc ferré en lieu et place de la voie ferrée qui scinde actuellement en deux la zone industrielle de La Praille.

Projet paysager PAV. © AWP

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PLQ – Bureau d’architecture Diener & Diener

Cette proposition est par-ticulièrement intéressante puisqu’elle vient compléter à l’échelle du quartier, le master-plan proposé par l’équipe Ernst Niklaus Fausch.

« Le plan directeur de l’urban-isation de la zone Grosselin, un périmètre marqué par le développement d’une zone industrielle et artisanale au cours de ces 50 dernières années devant accueillir 3000 logements et le même nombre d’emplois dans les années à venir, n’a pas pour but de mettre en œuvre une situation défini-tive. Il définit bien plus les lignes directrices du processus per-mettant de transformer la zone. Chaque étape de ce processus de transformation aboutit à une nouvelle image tridimen-sionnelle du nouveau quartier urbain Grosselin à laquelle

il faut réfléchir. L’image ainsi créée doit satisfaire au critère de cohérence d’ensemble du nouveau quartier ; autrement dit, tout au long du processus de transformation, les aspects fonctionnels, économiques, urbanistiques et architec-turaux doivent être gérés de telle sorte que les nouvelles constructions et la vie qu’elles abriteront puissent cohabiter de façon productive avec les constructions existantes et leur exploitation professionnelle. Le plan directeur urbanistique pour la transformation de Grosselin s’appuie par conséquent sur dif-férents aspects urbanistiques, qui vont au-delà de l’organisa-tion fonctionnelle de l’acces-sibilité, de la sécurité dans les rues et de l’éclairage des nou-veaux bâtiments d’habitation et industriels, qui devront régler la cohabitation entre le quartier professionnel existant et le quartier urbain qui ne cessera de s’étendre »6 .

PLQ La Praille - secteur Grosselin © Diener & Diener Architekten

6. Extrait du manifeste,

écrit par Roger Diener

pour l’urbanisation

de La Praille (secteur

Grosselin).

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HABITER COLLONGEs-sOUs-sALEVE

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Insularité topographique

Cette analyse pose la question de la place de Collonges-sous-Salève au sein du projet d’agglomération de Genève 2030. Actuellement, Collonges-sous-Salève est extérieure à l’aire urbaine de Genève et entretient un rapport autarcique modéré avec celle-ci. Le projet urbain pour 2030 tend à l’intégrer entièrement à Genève. Pourtant, nous lisons cette future métropole non comme une manière d’unifier l’archipel genevois, mais comme un tout composé d’éléments indépendants, l’ensemble ayant un sens seulement si les parties gardent une certaine autonomie. A l’image de la Suisse, état fédéral, nous proposons une lecture fédérale de l’agglomération genevoise 2030.

Cette métropole pouvant être lue comme un archipel, elle est constituée de nombreuses communes très proches les unes des autres séparées de manière « naturelle » ou non – fleuve, colline, Salève, autoroute... Cette idée fait ainsi intervenir une notion de proximité qui est évidente mais également une notion

d’origine commune qui l’est un peu moins. Notre analyse place le paysage et l’aspect topographique comme point de convergence de cette métropole fédérale en devenir.

La question de la densité à Collonges-sous-Salève s’inscrit donc dans cette vision.L’analyse effectuée révèle un mode de vie où la voiture acquiert une réelle importance tout comme la notion de propriété privée. L’habitat y est péri-urbain, un étalement urbain contraint par la géologie du Salève.

Nous nous sommes attachés à faire émerger deux thématiques intrinsèques à Collonges-sous-Salève suivant lesquelles il est possible de requestionner le mode d’habiter de cette ville. La première concerne la topographie, extrêmement significative. La seconde requestionne les notions d’intériorité et d’extériorité au sein du modèle péri-urbain.Celles-ci représentent une porte d’entrée dans le processus formel et de réflexion afin de donner du sens à cette densité et de participer avec intelligence à la construction du paysage.

1. Manifeste

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« Le paysage est une entité relative et dynamique, où nature et société, regard et envi-ronnement sont en constante interaction »1.

L’intérêt apporté aux notions d’intériorité – extériorité font suite aux critiques que nous pouvons appliquer au mode de vie péri-urbain, comme c’est le cas à Col-longes-sous-Salève.En venant s’installer à Collonges-sous-Salève, les habitants apportent avec eux une certaine idée de la Nature et une envie évidente de la côtoyer. La représen-tation que l’on se fait de Col-longes-sous-Salève, qu’elle soit imagée ou spirituelle, est bien entendue attachée au Salève et aux paysages ruraux. De nombreux artistes comme Ferdinand Hodler ou encore le Collongeois Gus-tave de Beaumont ont figuré ces références identitaires inscrites dans la conscience commune dans leurs pein-tures. Le rapport avec des espaces agricoles, l’omni-présence du relief et la pré-sence d’une trame végétale dense font partie intégrante de l’univers Collongeois.

Dès lors, comment nier un tel paysage ?

A en lire Augustin Berque, cette vision de l’environne-

ment Collongeois comme paysage, est très subjectif. Elle appartient à « la gent cultivée qui voit la campagne comme un paysage », pour le paysan, la campagne n’est autre qu’une ressource qu’il cultive, le « proto-paysage » (A. Berque). Les citadins qui sont venus habiter le haut de Collonges-sous-Sa-lève, sont donc venus en connaissance de cause, ils recherchaient le « schème arcadien » (A.Berque). Ils ont donné vie à ce pay-sage et l’instant d’après, par leur manière de le construire, l’on détruit.Cet urban-sprawl, symbole du rêve américain, (réfé-rence aux Cases Study Houses) valorise l’isolement de l’objet architectural au sein d’un espace extérieur privatif et isolé de son contexte. Il n’y a plus d’entre-deux, soit on se trouve reclus au sein de son pavillon, soit on se retrouve dans sa voiture, sur les routes qui mènent au-de-là de Collonges-sous-Sa-lève. Une autre forme d’intériorité sous-jacente à l’extériorité puisque l’on se situe à l’intérieur de son véhicule.

L’urbanisme diffus actuel isole l’habitat et ses habi-tants dans leur culture et dans le paysage qu’ils se

1. Augustin Berque. Cinq

propositions pour une

théorie du paysage..

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sont construits en voulant s’isoler des autres. L’architecture, au lieu de révéler le territoire sur lequel elle s’est posée, a consom-mé les terres qu’elle est venu contempler.In fine, l’intériorité outran-cière obtenue est venue pervertir l’extériorité « paysagère arcadienne » recherchée à la base. Faut-il requestionner ce schème arcadien ? Berque propose une solution radicale pour endiguer l’étalement urbain. Il faut donner un décor pay-sager à la ville tout en rasant le péri-urbain. Bien entendu, il est impossible de faire la tabula rasa de cet héritage, néanmoins l’idée d’ériger le paysage recherché comme élément paysager commun mérite réflexion.

Les qualités insulaires de la commune sont ici recher-chées dans une de ses com-posantes en devenir. Pour comprendre l’enjeu d’un tel projet, il faut commencer par en comprendre ses enjeux territoriaux. Cette interven-tion de grande dimension a pour objectif de définir les limites de cette urbanisation diffuse.Le terme de « monument » est alors naturellement appelé pour désigner cet édifice ayant une valeur historique et culturelle.

Nous proposons d’inver-ser le paradigme du loge-ment pavillonnaire (entité construite plus ou moins centrée sur une parcelle qui fait environ deux à cinq fois sa superficie. Une intériorité centrifuge doublée d’une extériorité centripète) en construisant la limite de par-celle afin de rendre le jardin, le paysage, central.Notre volonté est alors de requestionner l’urbanisme d’un lieu qui doit s’identifier à la topographie sur lequel il s’est construit puis agran-di tout en réinterprétant le rapport entre intériorité et extériorité auquel est atta-ché le modèle actuel.

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Villa. Collonges-sous-Salève. 2012

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2. Ressources & références

Les références présentées ici ne sont pas exhaustives. Elles ont permis d’enrichir la réflexion sur les thématiques issues du manifeste, de les amener dans une complexité avant de pren-dre du recul en vue de faire des choix cohérents au regard de l’ensemble de la réflexion. Elle pose la question de la grande dimension, du monument, au sein d’une nature anthropisée ou non. Cette méthodologie, non linéaire, itérative, est caractéristique du travail mené durant cette année.

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Tadao Ando. Rokko Housing I, 1983

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Atelier 5. Siedlung Halen, 1955–1961

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Eduardo Souto De Moura, Courtyard houses in Matosinhos, 1993-1999

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Ines Lobo. Houses in Obidos

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Block 1 IBA, Berlin, Allemagne. Oswald Mathias Ungers. 1981-1987

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Climat de France, Alger, Algérie. Fernand Pouillion. 1954-1957

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2. Recherches & stratégie

La partie qui suit retrace sous forme d’études annotées les différentes propositions et pistes de recherches qui ont été convoquées, modifiées ou abandonnées lors de l’élabora-tion du projet. Ces différentes propositions, souvent radicales, ont fait émerger des arguments et des références. Ces derniers ont nourri la rédaction d’un texte manifeste et la réalisation du projet final associé. Celui-ci est développé par Laurent Bou-tin-Neveu dans la quatrième partie de son mémoire.

Ce premier projet aborde la question de la topographie et de la notion de Nature en milieu péri-urbain. Les premiers positionnements

tenus visaient à considérer la topographie comme la seule véritable Nature encore en présence dans le milieu - ce principe a largement été remis en question par la suite. La volonté de s’extraire du contexte proche est ici affirmée avec radicalité. Le projet livre alors un édifice continu de grande dimension, décontex-tualisé, composant avec les éléments massifs du paysage métropolitain. Le bâtiment se déploie depuis l’amont du site jusqu’à son extrémité basse en conservant une horizontalité. Maintenir cette horizontalité est un artifice particulièrement efficace pour révéler et mettre en évidence la nature convoitée ; la topographie du site.La question encore balbutiante du vide intérieur avait déjà

Maquette d’étude

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Maquette d’étude

La seule nature est la topographie, Le reste est artefact

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l’ambition de donner à voir un paysage commun.

Le bâtiment rencontre le sol en amont de la parcelle, cette zone régit l’accès automobile ainsi que les principales entrées dans le bâtiment aux angles Est et Sud.

Coupe de principe

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Coupe de principe

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Ce travail se poursuivit sur un second modèle d’études. La question de la structure est affirmée en façade avec force. Une série de poteaux verticaux compose façades intérieure et extérieure du bâtiment. Sa fréquence élevée et la répétition mécanique des éléments mar-quent l’emprunte du bâtiment au sol en y affirmant ses limites.

Partant du schéma d’organi-sation de la maison tradition-nelle, il reconsidère la place de l’automobile au sein de l’habitat. Les aires de stationnement se développent sur le pourtour de l’édifice sous les logements. La place de l’automobile bien que régit par une analyse rationnelle était sur- évaluée au détriment d’espaces d’habitations.

Justifiable d’un point de vue théorique, son application pratique était critiquable à plus d’un titre. Cette démarche, parfaitement à l’échelle du site dans les premiers mètres de dénivelé, affichait ses limites en aval du site lorsque l’attique de l’édifice culminait à plusieurs dizaines de mètres au-dessus du sol. Une rupture d’échelle qui, même soutenue par les théories Métropolitaine de l’OMA et la présence d’élé-ments puissants tel que le relief du Salève, n’arrivait pas à faire sens dans ce site jouant de discontinuité.

Déconnecté des principes élé-mentaires de réglementation et en dehors des réalités politique et économique en vigueur, ces

Maquette d’étude

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Maquette d’étude

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projets, présentés sous la forme d’études théoriques, ont été vo-lontairement développés avec radicalité et démesure. Au-delà d’interroger les limites du lieu, ils souhaitaient requestionner la mesure de l’intervention dans un lieu aussi complexe que vaste.

300 logements

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300 logements

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Cette seconde étude ancre le projet sur le sol de la parcelle. Quatre éléments linéaires de grande taille sont ainsi dis-posés en périphérie du site le long des limites parcellaires. Les bâtiments empruntent au contexte et à son écriture régionaliste les toits à double pente en référence au modèle de la ferme. Les angles du système, désor-mais laissés vide de construc-tion, gèrent les accès piéton et automobile des quatre entités. Ces dernières, nouvelles limites de l’urbanité, permettent d’isol-er une intériorité.

Sa fonction, longtemps débattue, avait vu apparaître des bâtiments culturels et municipaux. Ces programmes nécessitant des accès et un traitement généralisé des sols se sont avérés être pernicieux

vis-à-vis du projet qui souhaitait contenir une certaine intimité dans ce lieu intérieur. Pour nous aider à manipuler cela, nous avons regardé les architectures radicales d’Os-wald Mathias Ungers et celle de Fernand Pouillion. La notion de «monument» est alors indisso-ciable de ce projet de grande dimension qui souhaite recon-sidérer la façon de construire en milieu rural.

L’espace central fut tout d’abord envisagé comme un espace de terre partagée, où chacun se verrait attribuer une portion de terre, un jardin. Cette solution n’était en réalité qu’une réponse superficielle à la question du jardin, car elle nous faisait retomber dans les difficultés du modèle en relecture. En partageant cet espace central en une multitude

Maquette d’étude

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Maquette d’étude

La nature comme paysage partagée

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de propriétés, nous surévaluons la question de l’usage de cette portion de terre, le système ne fonctionnant que s’il est régulièrement pratiqué. Le paysage vu de tous risquait de devenir le paysage pratiqué de personne.

Le statut de l’espace intérieur trouve finalement une réponse dans son usage originel ; le champ agricole. Cependant nous verrons dans la suite du texte que cette intention qui avait pour but de verrouiller l’usage de ce vide intérieur ne répondait qu’en partie au prob-lème posé par cet espace de trop grande dimension.

En amont du site, le projet développe une typologie de maison en bande, s’accolant avec « politesse » aux cotés de maisons pavillonnaires qui bordent le site. Les barres nord-est et sud-ouest, basses, sont implantées quant à elles verticalement. Leurs hauteurs sont réglées sur les logements voisins.

300 logements

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300 logements

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La question du vide intérieur

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Le projet est principalement tourné vers le logement avec un travail porté sur les typologies.

Il souhaitait explorer la question du toit à double pente. Jusqu’à présent, cette question avait été abordée sous l’angle de l’héritage formel. Les sujets du toit et celui sous-jacent de la charpente méritaient pourtant que l’on s’y intéresse. Point de départ de notre réflexion, l’archétype de la maison indi-viduelle s’identifie par son toit en pente. Cette typologie puise sa richesse dans la variété des espaces qu’elle offre. De la cave au grenier, Gaston Bachelard parlera de la maison comme un espace physique, vécu générateur d’espaces oniriques, pensés.

Les espaces sous les toits con-centrent alors notre attention.

La charpente, de plus en plus considérée comme un objet contemplé, se voit reconsidérée comme un objet spatial. Sa hauteur et donc son inertie une fois augmentées amènent de possibles variations dans la trame structurelle. Son dessin est alors dicté par l’usage du lieu qu’elle traverse. La ferme, tantôt engloutie dans les cloisons, tantôt en dehors de celles-ci, divise l’espace en parties et complexifie notre rapport à l’espace. Ni un plein et ni un vide, la structure de grande hauteur contraint le corps jusqu’à réguler l’accès à certaines parties de la maison.

Ce travail sur l’espace va pourtant se heurter assez rap-idement aux typologies mises en place. Insérée entre des élé-ments porteurs, la ferme tend à perdre son rôle d’élément

Maquette d’étude

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constructif, réduisant l’élément à un simple rôle spatial. Une situation dommageable qui se généralise à l’ensemble du projet et qui nous poussant à requestionner ces recherches.

A l’échelle du site, ce troisième projet, mis à côté des deux versions antérieures, révèle la difficulté que vis-à-vis du trait-ement de l’habitat s’inscrivant dans la pente de part et d’autre du site.

Bien que la division des barres de logements (nord-est et sud-ouest) en plusieurs édifices de tailles réduites permette de gérer avec plus de souplesse

et de facilité l’habitat dans le sens de la pente, ceci se fait au détriment de la densité et du concept initial qui évoquait un espace intérieur isolé de l’extérieur, du contexte.

L’espace agricole intérieur était de plus en plus remis en ques-tion par les qualités exception-nelles qu’offre le lieu. N’est-ce pas là, par l’attachement trop strict à un modèle théorique, une consommation excessive de ressources utiles à l’habitat ?Il nous fallait donc reconsidérer le schéma d’implantation général.

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HABITER CAROUGE -LA PRAILLEARCHETYPES & ATMO -SPHERES

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A la suite de l’analyse de Genève eurométropole, puis de façon plus resserrée de Carouge, nous voyons avec évidence que la zone industrielle de Praille-Acacias-Vernets présente un formidable potentiel quant à la construction de la ville de demain, pour trois raisons majeures. La première est que le canton de Genève possède entre 70% et 80% du foncier, ce qui facilite les opérations bien qu’il faille néanmoins relocaliser les entreprises qui sont encore en activités actuellement. La seconde est que cette zone industrielle s’est faite rattrapée par l’urbanisation environnante. Elle se retrouve désormais à un emplacement stratégique : au centre de la métropole genevoise, et non plus en frange comme c’était le cas durant les années cinquante. Pour une métropole telle que Genève au rayonnement national et international, il faut s’emparer d’une telle opportunité et magnifier cette espace en l’intégrant au quotidien des genevois et carougeois. Enfin, c’est une grande première dans l’histoire de Carouge d’avoir la possibilité de construire la « ville sur la ville », voilà également pourquoi cette zone industrielle attire notre attention. Effectivement

nous l’avons déjà signalé, Carouge fût construite ex-nihilo et pendant plusieurs années, son développement s’est fait sur des terres maraîchères. Hors aujourd’hui avec la politique genevoise qui gèle les terres agricoles, le développement de Carouge ne peut se faire que sur elle-même ce qui la confronte donc à sa propre histoire. Cela soulève des questions intéressantes, puisqu’on ne peut prétendre à une tabula rasa comme certains auraient pu le préconiser il y a quelques années encore. Dès lors comment faire pour renouveler cette zone industrielle sur le plan des activités et du logement (comme le préconise le PAV).

Quelle stratégie urbaine et quelle architecture adopter dans un tel site ?

Selon nous la première question à aborder est celle de l’image sociale que renvoie la notion d’habiter au sein d’un site industriel. Gilles A. Tiberghein explique dans Nature, Art et Paysage que ces sites sont entropiques, c’est-à-dire que le désordre y est croissant, et qu’ils stimulent notre imagination dans la représentation que l’on s’en fait. Le site de La Praille ne s’arrête

1. Manifeste

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pas au centre commercial Migro et renferme beaucoup plus de richesse qu’il n’y paraît. Ce sont des espaces hors du commun que nous n’avons pas l’habitude de fréquenter au quotidien : des voies de chemins de fer à perte de vue, des quais de déchargement, des entrepôts sans aucunes fenêtres entretenant un rapport très archaïque avec le sol, très peu de végétation, une absence de trottoir…Cette atmosphère mystérieuse, énigmatique, souvent mise à distance du centre-ville peut ici être révélée et permettre de diversifier les perceptions que l’on a actuellement de la ville de Carouge, ce qui représente assurément des qualités sur lesquelles il faut s’appuyer.

La seconde question à prendre en considération est celle de la politique genevoise. Bien que nous soyons dans l’élaboration d’un projet pédagogique qui n’a pas pour ambition première d’être économique ou politique mais plutôt théorique, il nous faut être conscient des difficultés politiques d’un tel projet. D’une part parce qu’il engage un nombre d’intervenants extrêmement large, d’autre part parce qu’il est amené à durer dans le temps et donc à être exposé aux changements récurrents de gouvernance. Actuellement, comme nous le faisait savoir

Paolo Amaldi – architecte genevois - le premier concours d’architecture organisé sur le site de La Praille (secteur Grosselin) a été bloqué deux semaines seulement après l’annonce des résultats. Nous sommes dans un contexte où les changements n’ont pas pour habitude de s’opérer sur du court terme.

En résumé, il nous semblait intéressant de ce fait d’avoir une stratégie urbaine (dont l’échelle serait celle d’un PLQ) qui intègre ces deux dimensions : celle d’une nouvelle image sociale et d’une difficulté (politique et sociale) évidente à faire avancer les choses.

La stratégie urbaine procède d’un phasage soutenu par une approche contextuelle. Il prépare l’opération de logement qui cherchera à s’affirmer parmi les archétypes constitutifs de la ville de Carouge.

Le phasage permet au départ de façon ponctuelle de révéler les qualités que renferment les espaces industriels. In fine, cela doit conduire à intégrer ces espaces industriels dans le quotidien de la métropole genevoise en les faisant pas à pas devenir un nouveau centre urbain. Nous cherchons également à avoir un regard contextuel puisque zone industrielle et nouveau

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ETUDES THEMATIQUES

PROJET DE LOI DE MODIFICATION DE ZONES

ETUDES FONCIÈRES ET ECONOMIQUES

COMMUNICATIONS

MANDAT «ESPACE PUBLICS&MOBILITÉ»

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

2015

1 PLAN LOCALISÉ DE QUARTIER (PLQPAV) ETOILE

3 PLANS LOCALISÉS DE QUARTIER (PLQPAV) PRAILLE

1 PLAN DIRECTEUR DE QUARTIER (PDQPAV)

PROJET DE CONCOURS SIA, EN AMONT DU PLQ

3 PLANS LOCALISÉS DE QUARTIER (PLQPAV) ACACIAS

Migros

Le canton de Genève

possède l’ensemble des

parcelles dont le contour

est noir.

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centre urbain seront amenés à se côtoyer l’espace d’un temps. Etant donné que nous souhaitons révéler l’identité et l’atmosphère de ces espaces il faut que la proposition urbaine questionne ces deux notions. Nous cherchons à affirmer l’esprit du lieu et l’essence même de Carouge. Souvenons-nous que Victor-Amédée III l’a créée afin de concurrencer Genève et qu’elle n’a eu cesse de s’affirmer depuis ce jour comme ville industrielle. Les premiers projets de logements doivent être également exemplaires et d’une certaine façon manifestes quant à la prise en compte de ce contexte, de cette histoire et du tissu urbain existant, puisque comme nous l’avons dit plus haut, pour la première

fois de son histoire Carouge va devoir se reconstruire sur elle-même. Ils doivent faire émerger une nouvelle écriture architecturale qui s’affirmera comme un archétype de plus dans le quotidien carougeois symbolisant une nouvelle période de son histoire urbaine et architecturale. A ce titre, trois thématiques se sont distinguées au fil des questions soulevées durant cette année : la logique de plan, l’écriture architecturale et le système constructif. Nous le verrons dans la quatrième partie, elles ont largement guidées nos recherches.

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L’ensemble des éléments qui ont été présentés jusqu’à maintenant ont constitué pour nous un riche matériau de projet permettant dans un premier temps de mettre en place un manifeste, et in fine la posture construite et défendue durant cette année. La stratégie urbaine puis le projet de logement s’inscrivent tous deux dans la continuité de celle-ci. Cette partie est introduite par un bref récapitulatif des ressources manipulées, avant de présenter les deux réflexions urbaines puis architecturales menées sur le site de Carouge – La Praille.

Les réflexions, bien qu’intrinsèquement liées, peuvent être distinguées en deux échelles pour plus de simplicité dans la présentions des ressources et références : urbaine et architecturale.

UrbainesLa stratégie urbaine proposé pour préparer le site à de nouvelles pratiques urbaines est largement connue et pratiqué en Suisse. Le quartier Zürich West représente d’ailleurs un excellent exemple de ce genre de réflexion quant au nombre d’acteurs qu’il convoque et la complexité de gouvernance à laquelle il fût exposé.

Learning from Zürich« Ces nouveaux quartier se distinguent par la vitalité de leurs espaces publics, la mixité urbaine des architectures intéressantes en termes de forme et d’usage. Ce succès de l’urbanisme suisse allemand mérite que l’on s’arrête sur ses spécificités : redistribution des rôles entre acteurs publics, semi-publics et privés, modalités de collaboration fondées sur le principe non plus de la simple information ou de la participation, mais par le principe de co-conception »1.

Ce quartier est à l’origine industriel. Il se compose majoritairement d’usines et ateliers ainsi que d’habitat et d’écoles de formation en liens avec les industries. Zürich West est un projet multiple, politique, économique et social. L’essence même de ce dernier est d’élargir le spectre des fonctionnalités du quartier en y ajoutant notamment le résidentiel, la culture, les loisirs… La singularité du projet réside dans la coopération des diverses entités, propriétaires du foncier et autorités locales. D’ailleurs, l’une des premières interventions architecturale du quartier est la mise en place du Zürich Stadtforum, une plateforme où chaque partie peut discuter des problèmes

1. Learning from Zürich,

Plan directeur, idées

directrices. Paul Marti,

Jean-philippe Schopfer,

Hamid Taied. Faces

N°65 – Réinventer

Genève. pp 36-39.

2. Ressources & références

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Maquette. Projet urbaine pour l’extension de Zürich.

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Züriche West. © EM2N architects.

Turbinenplatz. Zürich West.

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que fait émerger ce projet. Le projet Zürich West est fondé sur cinq objectifs : 1.lancer un processus au sein duquel, capacités humaines, initiatives privées, autorités locales sont mêlés en vue d’une interaction optimale afin de définir les objectifs du développement à atteindre, 2.prendre en considération l’évolution du marché de l’immobilier avec les capacités des municipalités à financer les nouvelles infrastructures, 3.lancer une réflexion urbaine en cherchant à faire émerger une nouvelle identité, qui mobilise l’intérêt des investisseurs et des citoyens touchés par la zone d’action, 4.lancer une planification économique ayant pour objectif de mettre en place une politique économique sur les différentes zones d’activités, 5.mettre l’accent sur l’attractivité des bords de la rivière et leur développement, ce qui doit constituer un lien avec la ville constituée.

La Turbinenplatz, place réalisé dans le cadre du projet Zürich West est un excellent exemple de réponse quant à la prise en compte et à l’affirmation des qualités intrinsèques aux zones industrielles. « Notre projet a été retenu pour sa singularité, en dépit d’un devis plus élevé que celui des autres concurrents », explique Marco Rampini, à l’époque

dans la trentaine comme son collègue. « Nous sommes les seuls à avoir osé ouvrir totalement la place jusqu’à en doubler la surface initiale. En prenant en considération l’ensemble de l’étendue disponible de façade à façade, en traitant le sol de manière unie, entièrement en béton, sans rupture de continuité aucune, voies de desserte comprises ». Générosité des espaces. Quels sont les caractères qui font l’attrait des sites industriels, se demandent les jeunes architectes ? En tout premier lieu, l’ampleur de leurs dimensions et la liberté d’usage qu’elles permettent. D’où la décision de supprimer les trottoirs. Suivie de celle de conserver certains éléments du passé industriel en les réinterprétant selon un usage nouveau »2.

Emscher Park : IBA 2000« Une IBA ne se limite pas à une exposition dans un site fermé, dans lequel le visiteur passe une partie de sa journée puis repart comme dans un musée traditionnel. Son étendue est bien plus vaste, sa zone d’action regroupant un territoire entier qui devient pendant une durée limitée le lieu d’expérimenta-tion d’un laboratoire innovant d’aménagement et de dévelop-pement »3.

2. Learning from Zürich,

Plan directeur, idées

directrices. Paul Marti,

Jean-philippe Schopfer,

Hamid Taied. Faces

N°65 – Réinventer

Genève. pp 36-39.

3. Agence d’urbanisme

pour le développement

de l’agglomération

lyonnaise.

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Emscher Park.

Emscher Park.

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La vallée l’Emscher n’est qu’une partie du bassin de la Ruhr. Elle a connu un dévelop-pement exceptionnel à la fin du XIX°s et au début du XX°s avec l’industrie du charbon et de l’acier. Malheureusement la crise du charbon survenue en 1957, la plonge dans le déclin. Les usines sont délaissées et ne sont plus que l’ombre d’un succès passé et révolu.

La grande question que soulève cette IBA est de redonner à cette vallée une cohérence paysagère en assumant et en s’appuyant sur son passé in-dustriel. L’ensemble des friches industrielles est donc partie prenante de ce nouveau parc et est utilisé à des fins artistiques et culturelles.

Confluence IIIl est intéressant d’étudier également le masterplan pour la mise en place de Conflu-ence II, plus particulièrement la zone du marché de gros. Effectivement, elle lègue une forte structure urbaine, due à l’implantation fonctionnelle des halles de marché et une identité toute aussi forte, par le caractère architectural des bâtiments mais également par la mémoire du travail qui s’y est déroulé pendant plusieurs décennies.

« This is a dense but permeable district comprised of a variety

of housing, offices and shops, replacing the former marché de gros. A network of streets and courtyards has been laid down on the basis of the clear, linear, repetitive structure of the old market. Some of the existing covered market structures have been retained, contributing their deeply industrial character to the identity of the new city dis-trict while at the same time pro-viding space at moderate prices available in the short term for very specific developments. The new buildings present a variety of scales and character – low-rise housing closely linked to the ground level and the remaining halls of the covered market, medium-rise construc-tion containing housing units or offices and some residential buildings, higher in certain cases, offering panoramic views while at the same time freeing open space at ground level »4.

« C’est un quartier dense mais perméable qui comprend une variété de logements, bureaux et commerces, remplaçant l’an-cien marché de gros. Un réseau de rues et de cours est mis en place en se basant sur la clarté, la linéarité et la répétitivité de la structure de l’ancien marché. Certaines halles de marché couvertes sont préservées afin que leur caractère industriel participe de l’identité du nou-veau quartier et amène dans le même temps des espaces dis-

4. www.herzogetde-

meuron.com

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Confluence II. Lyon. © Herzog & de Meuron.

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Confluence II. Lyon. Principe d’intervention. © Herzog & de Meuron.

ponibles à court terme pour des développements spécifiques à des prix modérés. Les nou-veaux bâtiments présentent une variété d’échelles et de caractères – logement inter-médiaire, proche de l’espace de la rue et des halles de marché restantes, construc-tions de hauteur moyenne où se trouvent du logement et des bureaux et enfin des bâtiments résidentiels plus haut que les autres, offrant une vue pan-oramique et créant des espaces libres au rez-de-chaussée ».

Nous avons également large-ment étudié le masterplan proposé pour le PAV ainsi que

les propositions de AWP (étude paysagère et de mobilité) et de Diener & Diener (PLQ pour La Praille – secteur Grosselin), qui sont présentés au début de cette partie.

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ArchitecturalesLes références présentées ici ne sont pas exhaustives. Elles ont permis d’enrichir la réflexion sur les thématiques issues du manifeste, de les amener dans une complexité avant de pren-dre du recul en vue de faire des choix cohérents au regard de l’ensemble de la réflexion. Cette méthodologie, non linéaire, itérative, est caractéristique du travail mené durant cette année.

Ces références ont une teneur autant urbaine qu’architecturale et elles nous ont été utiles pour définir la stratégie à adopter afin de préparer l’opération de logements et les logements eux-mêmes. Les ressources contextuelles ont guidé l’élab-oration de ce projet, de la plus large échelle jusqu’à la plus réduite.

Lake Shore Drive Appartments. Chicago. Mies van der Rohe. 1950-1951

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Lake Shore Drive Appartments. Chicago. Mies van der Rohe. 1950-1951

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Villa Moller. Vienne. Adolf Loos. 1927-1928

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Villa Moller. Vienne. Adolf Loos. 1927-1928

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La Ferriera, Locarno. Locarno. Livio Vacchini. 2000-2003

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La Ferriera, Locarno. Locarno. Livio Vacchini. 2000-2003

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RecherchesL’approche urbaine a pour objectif majeur de préparer le site à accueillir de nouvelles activités : loisirs, culturelles, services, logements... Elle doit enclencher les changements à court terme pour réintégrer cette zone industrielle/nouveau centre urbain dans le quotidien des carougeois et genevois. La stratégie urbaine requestionne également l’échelle accept-able pour de tels objectifs. Les stratégies et études du PAV sont multiples et diverses : masterplan – paysagers/espac-es verts – PLQ… Pourtant les changements ont beaucoup de difficultés à voir le jour. La conclusion que nous en tirons est donc que les modifications urbaines doivent être mesurées afin de ne pas être trop brutales mais plutôt évidentes. Un travail en maquette a permis d’appréhender les points stratégiques sur lesquels il fallait influer pour enclencher un développement à plus large échelle. Il a conduit à distingu-er les interventions en trois phases. Celles-ci, dans les premières esquisses n’étaient pas concomitantes : une phase se succédant à une autre. Ces évolutions, nombreuses et successives, n’allaient pourtant pas forcément dans la fluidité

et l’efficience recherchée, nota-mment pour le traitement des sols – non extensif - qui serait la cause d’un surcoût certain. De plus elles manquaient d’une réalité à plus grande échelle, celle de la ville, pour être cohérentes.

StratégieFinalement, le phasage proposé doit permettre la concomitance des activités au même titre que leurs renouvellements. On distingue in fine deux péri-odes d’action (reconversion de la zone industrielle : en fonctionnement et à l’arrêt) et quatre phases, apparaissant de façon chronologique pour être à terme simultanées.

Zone industrielle en fonctionne-mentPhase 1 – Traitement des solsLe parc urbain projeté du-rant cette phase doit être la première pièce à l’édifice pour la reconversion de ce quartier. Il en est également le nouveau visage en tant que lieu récréa-tif. Le caractère minéral que renvoient les voies ferrées est conservé ainsi que le dessin même de ces voies, mémoire du lieu. Les espaces verts ont deux caractères différents suivant leur situation. Lorsqu’ils

3. Recherches & stratégie

urbaine

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Maquette carouge. Etude urbaine

Maquette carouge. Etude urbaine

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Traitement des sols

Héritage

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Situation

MicroArchitectures

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PHASE 01 - TRAITEMENTS DES SOLS

PHASE 02 - INTERVENTIONS ARTISIQUES MANIFESTATIONS CULTURELLES

PHASE 03 - MICRO ARCHITECTURES EQUIPEMENTS & SERVICES

FONCTIONNEMENT DU SITE INDUSTRIEL RECONVERSION DU SITE INDUSTRIEL

PHASE 04 - PREMIERS LOGEMENTS LOGEMENTS

Principe de phasage

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PHASE 01 - TRAITEMENTS DES SOLS

PHASE 02 - INTERVENTIONS ARTISIQUES MANIFESTATIONS CULTURELLES

PHASE 03 - MICRO ARCHITECTURES EQUIPEMENTS & SERVICES

FONCTIONNEMENT DU SITE INDUSTRIEL RECONVERSION DU SITE INDUSTRIEL

PHASE 04 - PREMIERS LOGEMENTS LOGEMENTS

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P

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Pluridisciplinaire

Art Plastique

Livre

Musique

Histoire / Sciences

Cinéma

Théâtre

Activités Carouge

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Pluridisciplinaire

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Musique

Histoire / Sciences

Cinéma

Théâtre

articulent les changements de voies ferrées, ils sont constitués de graminées, arbustes et ga-zon et sont un point de départ pour la reconversion future des entrepôts qui les jouxtent. Lor-squ’ils sont au centre des voies ferrées, ils sont plantés de pins et proposent une autre façon de filtrer la lumière, comme le fait déjà la série de peupliers qui se trouve plus en aval du parc.

Phase 2 – HéritageCette phase s’inscrit dans la continuité du parc urbain et s’appuie sur l’héritage industriel, atypique, que lègue Praille-Aca-cias-Vernets. Elle a un devoir de mémoire et cherche par l’inter-

vention d’artistes (comme cela a été le cas dans la vallée de la Ruhr ou dans le quartier Zürich West par exemple) à la garder éveillée. Ce type d’opération est très ancré dans la culture suisse, prenons l’exemple des gares CFF5, qui chaque été sont investies par des artistes contemporains, afin de rendre l’art contemporain accessible à tous. A Genève se tient égale-ment chaque trimestre la « Nuit des bains », évènement très prisé des genevois. Durant cette soirée les galeries d’art ouvrent leurs portes pour faire découvrir les nouveaux artistes exposés. Nous nous appuyons donc sur l’art, « valeur sûre » de la culture

5. CFF : Chemin de

fer fédéraux

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Phase 1. Parc Urbain

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1

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4

suisse pour révéler les qualités de la zone industrielle et ainsi faire découvrir le nouveau parc aux genevois et carougeois.

Phase 3 – Micro ArchitecturesLes changements précédents amènent une activité qui doit rayonner sur l’ensemble de la métropole genevoise. Nous ne devons pas oublier que l’un des autres enjeux majeurs du PAV est d’accueillir 10 000 logements. Il faut donc égale-ment préparer le site à ces logements. Les micro-architec-tures doivent dans un premier

temps amener des services de proximité répondants aux besoins de ces nouveaux logements tout en prenant en compte l’existence du centre commercial MParc. A l’heure actuelle, ces services sont peu accessibles puisque situés en majorité dans le Vieux-Ca-rouge où dans le quartier des Tours. Il s’agit donc d’implanter des programmes de petites et moyennes dimensions (crèche, halle de marché, équipement sportif) complémentaires au MParc. Ces nouveaux pro-grammes sont placés de façon

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Phase 2. Interventions artistiques

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Phase 3. MicroArchitectures

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Phase 4. Situations

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Parc urbain

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stratégique (généralement à la place de structures existantes) et associés aux aménagements urbains réalisés en phase 1 pour servir de levier au développe-ment futur de La Praille.

Phase 4 – Premiers LogementsLes trois phases précédentes ont conduit à faire émerger trois sites caractéristiques au sein de la zone industrielle. Chacun de ces sites bien qu’extrêmement proche des autres présente un contexte différent. La situation A, pour nous la plus manifeste, se situe à la jonction entre le parc urbain ferré et le nouvel axe piétons qui rejoint les Tours de Carouge. Il articule égale-ment les versants est et ouest de la zone industrielle marqués par leur orientation atypique en « arêtes de poisson ». La situation B, la plus complexe, se trouve au centre de La Praille, au milieu des entrepôts et bu-reaux de la Migro. La situation C est une articulation entre la fin de l’espace industriel et les quartiers d’habitations. Pour la suite de l’exercice, nous avons choisi d’étudier plus en détails la situation A.

Zone industrielle à l’arrêt/délo-caliséeLa délocalisation de la zone industrielle se fait dans une temporalité longue puisque bien que propriétaire de 80% du foncier, le canton de Genève ne possède pas les industries

qui s’y sont installées. Elle doit donc leur assurer un nouvel espace d’implantation avant de les délocaliser.Nous l’avons dit plus haut, la stratégie urbaine présente deux temporalités, à savoir : son état en fonctionnement et à l’arrêt/délocalisée. Une fois l’ensem-ble des activités industrielles délocalisées, la construction de logements doit se faire de façon plus intense puisque tout sera déjà présent sur le site pour les accueillir : parc urbain, micro-architectures, logements. De nouveaux équipements, en complément des micro-ar-chitectures et en rapport avec la métropole pourront y être implantés. De façon similaire, des manifestations culturelles adressées plus largement à la ville seront envisageables dans la continuité des précédentes interventions artistiques.

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« Faire un plan signifie s’aban-donner au plaisir de penser. Voici quelques problèmes auxquels j’aime penser : L’or-donnance. L’ordre, la logique, la mesure, la règle. La lumière, la structure. La technique, l’ar-tifice, la précision. L’idée, l’ab-straction. Le type. Le publique, le privé. La forme, le détail. Le lieu. Le passé. Le beau, la qual-ité, le chef-d’œuvre. La rigueur et l’éthique. Le langage et le métier. L’inutile »6.

Le projet est présenté suivant les thématiques majeures qui ont permis de le développer (Logique de plan, Ecriture archi-tecturale, Système constructif). Chacun de ces points reprend l’évolution du projet en fonction des questions soulevées et des réponses mises en place durant l’ensemble du semestre. Ces thématiques s’entrelacent et ne sont pas figées dans une chronologie, elles participent comme déjà dit plus haut, de la méthodologie itérative du projet.

Contexte & Questionnement

Le site du projet choisi est issu des trois sites qui ont émergé de la précédente stratégie ur-baine. La situation A est la plus intéressante quant aux potenti-els et enjeux qu’elle soulève. A

l’échelle urbaine, elle a une po-sition d’articulation en s’inscriv-ant dans une succession de places qui assurent la continu-ité de la ville. A une échelle plus réduite, elle assure la jonction entre le nouveau parc urbain (allant jusqu’au CEVA), et le nou-vel axe piéton (allant jusqu’au quartier des Tours). Il a déjà été remarqué que la structuration urbaine en « arête de poisson » est très prononcée et directe-ment héritée du fonction-nalisme d’un tel lieu. Elle est optimum pour l’implantation des entrepôts, éléments bas et peu larges se développant sur une grande longueur. C’est une résultante du fonctionnalisme et du rationalisme recherchés lors de la construction de ces zones industrielles «pensés essen-tiellement de façon technique donnant du sens à cette archi-tecture » comme ne manque pas de le rappeler Michael Alder cité plus haut.

Logique de plan & intériorité

Echelle urbaineLe site présente une différence de niveau de deux mètres entre le nouvel axe piéton et l’intérieur de la parcelle. Il est à l’inverse au même niveau que le parc urbain. La forme urbaine était quasiment évidente et s’inscrit dans la structuration urbaine ac-

6. Livio Vacchini,

Capolavori. Umberto

Allemandi, 2007.

86 p.

4. 140 logements

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Situation A AvenueVibert

Entrepôts Migros

Contexte urbain

Contexte topographique

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Insertion urbaine. 27.03.2013

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Morphologie des entrepôts de La Praille

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Morphologie du projet

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tuelle, en longueur. Les gabarits manipulés sont en rapport avec les gabarits des entrepôts mais les rapports dimensionnels sont inversés de façon à pouvoir y travailler du logement.

Pendant plusieurs semaines un seul bâtiment terminait l’axe piéton et assurait timidement le changement de niveau et l’articulation avec le parc urbain. Le fait de manipuler un seul élément renvoie à la question de monument et d’architecture manifeste. Le bâtiment acquiert de fait une force et une symbol-ique d’une part parce qu’il est nouveau, d’autre part parce qu’il est « un ». Cependant, l’espace extérieur (privé) se trouvait plein nord et bien qu’en rapport direct avec le parc urbain, avait du mal à être maîtrisé. L’ajout d’une rampe pour passer du niveau de la rue à celui de l’espace extérieur permettait d’avoir une vue d’ensemble sur le bâtiment, monument, mais ne donnait pas plus de réponse quant au statut de cet extérieur. Il semblait finalement plus intéressant d’utiliser l’espace public pour assurer ce passage d’un niveau haut, de la rue, à un niveau bas, du parc. De cette manière les aménagements extérieurs sont divisés en trois espaces avec des hauteurs et des matérialités différentes. Ces trois terrasses deviennent un passage obligé pour aller du parc à la ville ou inverse-

ment. Bien qu’elles créent deux excavations qui accueillent les bâtiments elles n’en restent pas moins un moyen de les unifier et de donner un sens aux espaces du rez-de-chaussée. Nous passons donc d’un seul bâtiment à deux. Tout l’enjeu est de ne pas perdre l’unité qui était la force des premières propositions et de la retrouver à travers deux éléments aux morphologies distinctes : la tour et la barre.

Les rez-de-chaussée sont dessinés différemment suivant les morphologies. La barre est totalement investie de services et espaces privés communs (salle commune, local vélos et poussettes, local poubelles). A l’inverse, la tour accueille un espace scénographique (expo-sition temporaire) intérieur et extérieur, totalement transpar-ent et traversant ; il cherche à être symbolique.

Echelle du logementA l’inverse du rez-de-chaussée qui marque dans sa conception et son dessin une différence, la mise en place des plans d’étages est identique sur les deux morphologies et participe du mode d’habiter qui cherche à intégrer pleinement l’espace industriel en termes de paysage mais également de matérialité. Il amène une gradation des valeurs d’intériorité et distingue trois espaces : une coursive

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Plans & typologies

11.04.2013

Plan masse. 11.04.2013

Plan masse. 25.05.2013

25.05.2013

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Vue depuis la rue. 25.05.2013

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RDC. 25.05.2013

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Maquette. 25.05.2013

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Maquette. 25.05.2013

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Maquette. 06.06.2013

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Maquette. 06.06.2013

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Maquette. 13.06.2013

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qui fait le tour des bâtiments, un espace de vie commune et les chambres. Ces espaces sont constitutifs des logements traversant et des logements d’angles.

La coursive est ambivalente, elle est à la fois espace public (continuité des distributions verticales qui mène de la rue aux logements) et espace privé puisqu’appartenant à chaque logement. Elle propose un rap-port brut avec l’espace industri-el, puisqu’elle n’est pas fermée de celui-ci.

L’espace de vie commun oc-cupe la largueur du logement et dispose d’une hauteur sous plafond plus importante que les autres pièces. Il est au même niveau que la coursive qui par-ticipe pleinement de cet espace en été lorsque l’ensemble des

baies sont ouvertes. Il est peu profond et totalement orienté sur l’extérieur puisqu’entière-ment vitré. Il est le point d’entré dans le logement et et il l’arti-cule – avec l’aide des espaces de second œuvre – dans son ensemble.

Les chambres ont un rapport largeur/profondeur inversée vis-à-vis de l’espace commun. Il faut monter deux marches pour y accéder ce qui réduit la hauteur sous plafond et pro-pose un tout autre rapport avec le paysage industriel et de fait une autre intériorité. Les baies sont également différentes, une ouvrante de petite dimen-sion qui permet d’accéder à la coursive, l’autre plus grande, qui est un cadre avec comme toile de fond la nature changeante du paysage extérieur. Dans les logements d’angle, il n’y a pas

Concept typologique

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07.03.2013

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07.03.2013

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07.03.2013

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Plan logement tarversant. 11.04.2013

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Coupe logement traversant. 07.04.2013

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Etage courant. 07.04.2013

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Plan de logement traversant. 25.05.2013

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Coupe perspective sur logement traversant. 25.05.2013

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Etage courant. 13.06.2013

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Coupe longitudinale. 13.06.2013

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Plan de logement traversant. 13.06.2013

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Coupe sur logement traversant.. 13.06.2013

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Plan de logement d›angle. 13.06.2013

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Coupe sur logement d›angle. 13.06.2013

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de différence de niveau puisque le logement travaille dans un rapport panoptique avec l’ex-térieur. Ces recherches typologiques sur la production d’intériorité par l’utilisation de décalages de niveau ont été menées en pro-fondeur. Ce travail finalement théorique propose une com-plexité qui montre des limites quant à sa validité structurelle. Il s’agit donc de trouver une logique de plan qui conserve une cohérence structurelle.

Monument & Ecriture architecturale

« Après les remarquables fab-riques urbaines du XVIII° et du XIX° siècles, celles des moder-nités des années 1930 et 1950, parfois plus critiquables mais dont les ruptures furent bel et bien là, le XXI° siècle, vagissant, a-t-il réellement une (ou des) alternatives(s) urbaine(s) à nous proposer au-delà des collec-tions disparates d’emblèmes architecturaux de prestige des-tinées à affirmer le bien-fondé des entreprises qui le sous-ten-dent ? Et si, hélas, nulle réponse nouvelle n’émerge, comment pallier le bric-à-brac urbain ? A-t-on raison de vouloir mettre à mal la culture locale des barres (surtout pour les logements) en rêvant d’éco-quartiers au-to-construits sur des parcel-laires plus petits ? Pas si sûr,

répondent les spécialistes, Bruno Marchand en tête…Quant à la troisième ville de Christian De Portzamparc destinée à réconcilier les contextuels et les post-modernes, n’est-ce pas un pis-aller pour ravaudage d’un déjà mal-à-l’aise ? Et ne parlons pas de visions de Rem Koolhaas, tant prisées par la relève, les tout jeunes bureaux des trentenaires, mais dont le bricolage faussement techno cette fois risque de ne pas davantage rassurer, voire pire, au-delà des brillantissimes analyses de Lagos ou du Se-Chouan ! De grâce, ne revenons pas au néo-classicisme ambigu de nos amis allemands, Ungers et Kollhof en tête, foin de la nostalgie berlinoise ici »7.

A l’image de cet édito de Bruno H. Vayssière pour FACES, nous nous sommes posé la question de l’écriture architecturale que devait avoir le premier bâtiment de logement d’un projet d’une telle envergure. De notre point de vue, il s’agit en réalité de construire un « monument » qui serait aussi exemplaire que possible quant à son rapport avec l’histoire de Carouge et son contexte proche à savoir la zone industrielle de La Praille. Il faut être conscient de l’épais-seur que convoque la notion de monumentalité. Aloïs Riegl, dans le Culte moderne des monuments, passe en revue l’ensemble des valeurs qui

7. Bruno H. Vayssière.

Historien genevois.

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peuvent être incarnées par un monument. Il distingue trois valeurs : historique, artistique et d’ancienneté.

Valeur historique. Tout ce qui fut autrefois et qui aujourd’hui n’est plus. Tout ce qui a succédé est déterminé par ce qui est antérieur et n’aurait pas pu se produire comme de fait cela est arrivé, si ce maillon-là ne l’avait pas précédé.

Valeur artistique. Diffère suivant le point de vue partagé. Selon les plus anciens points de vue, une œuvre possède une valeur d’art si elle répond aux exigenc-es d’une esthétique prétendue objective mais jamais encore formulée de manière irréfutable. Le plus récent point de vue admet que la valeur d’art d’un monument est appréciée si elle est conforme aux exigences du vouloir d’art moderne (les formulations de ce dernier sont

très peu claires). Valeur d’ancienneté. L’objet est réduit entièrement au rôle du mal nécessaire. Le monu-ment n’est plus qu’un substrat inévitable qui évoque pour l’observateur contemporain le cycle nécessaire de la genèse et de la disparition. Elle est uniquement provoquée par une perception et s’exprime comme un sentiment. Cette prétention à l’universalité entretient des points communs avec le senti-ment religieux.

« S’il n’existe pas de val-eur éternelle de l’art, mais seulement une valeur relative moderne, la valeur d’art d’un monument n’est plus une valeur de mémoire mais une valeur d’actualité »8.

Cette valeur de monument dans notre cas présent peut être portée par une valeur historique ou plutôt de mémoire du lieu et

8. Aloïs Riegl, Le

culte moderne des

monuments, Editions

L›Harmattan, 2003.

124 p. Principe de façade. 11.04.2013

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Elevation SudEst. 11.04.2013

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Extrait d’élevation SudEst. 11.04.2013

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Façade

1. Elevation SudOuest. 11.04.2013

2. Elevation NordEst. 11.04.2013

3. Elevation SudEst. 11.04.2013

4. Elevation NordOuest. 11.04.2013

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Plans & typologies

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Elévation SudEst. 13.06.2013

Elévation NordOuest. 13.06.2013

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une valeur d’actualité relative (une fois que l’ensemble des logements seront constru-its, seule persistera la valeur historique du monument). Il faut également comprendre qu’un monument ne présente pas forcément des dimensions hors normes comme on pour-rait aisément le croire. Cette question de monument rentre en résonnance avec la question d’écriture que soulève Bruno H. Vayssière. A savoir comment mêler valeur historique et valeur d’actualité pour construire l’eu-rométropole genevoise.

Les premières propositions avaient du mal à s’emparer de cette dimension et avaient une écriture très moderne qui répondait à la question de la densification. Un plan d’étage courant était répété sur une quinzaine de niveaux avec un jeu de vitrage qui s’avançait ou se reculait suivant les étage. La valeur historique d’un tel monu-ment était très prononcé et bien que la culture Suisse n’ait pas connu de problèmes similaires aux émeutes des banlieues françaises, cette écriture est référencée et pour notre part mal assumée. Il semble plus ju-dicieux de questionner la forme de l’archétype local (tout en posant celle du mode d’habiter et de la densification), l’entrepôt, qui a généré l’ensemble de la structure urbaine de La Praille. L’entrepôt est une réponse es-

sentiellement formelle, il met à distance et protège des ressou-rces de l’extérieur. Sa structure est faite d’éléments porteurs (généralement métalliques) et de remplissage et/ou d’une enveloppe (métallique). Une fois que ces couches sont super-posées on peut retrouver une ambiguïté dans la lecture de la façade et la lecture construc-tive n’est plus si évidente. Il y a également une différence entre l’extérieur très austère, qui a priori ne laisse entrer la lumière ou très peu, et l’intérieur où l’on lit les poutres métalliques baignées de lumière.

C’est par cette question de structure que nous avons pu régler la question à la fois de l’écriture et du monument. Un même principe répété sur une tour et une barre : une double grille structurelle (métallique et béton) qui permet de porter l’es-pace de coursive. Cette grille de trois mètres par trois mètres est directement empruntée de la structure des entrepôts et permet d’intégrer la notion de densité en s’affranchissant des écritures existantes à Carouge. Elle participe aussi de la démonstration qu’une même écriture, logique de plan et système constructif (abordé ci-après) peuvent unifier un système dont les morphologies sont différentes.

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Système constructif & Hiérar-chie des ouvrages & Matière

La question du système con-structif amène à deux « sous-thématiques » : la hiérar-chie des ouvrages et la matière. Elles permettent d’amener de la cohérence à la logique de plan établie ainsi que l’écriture archi-tecturale des bâtiments. Dans les premières esquiss-es, trop de matières étaient manipulées : béton (structure porteuse), métal (garde-corps), bois (fenêtre et remplissage de façade), enduit blanc sur placo (second œuvre)…et le système constructif était extrêmement complexe suite au recherch-es menées sur l’intériorité. Système constructif, hiérar-chie et matière étaient issus de logiques différentes. Cette thématique est sous-jacen-te aux deux premières, elle travaille dans l’ombre et permet de vérifier les hypothèses théoriques qu’affirme le projet en les organisant et en leur donnant du sens. C’est donc sur l’organisation qu’il faut clarifier jusqu’à l’évidence.

Le site est empreint de deux matières dominantes, le métal et le « béton/enrobé». Celles-ci génère espaces publics, espac-es privés, écriture architecturale en somme de la zone indus-trielle. Atmosphère et arché-type de ce lieu peuvent être

finalement réduits à ces deux matières. Le projet cherche ainsi à les réinterroger pour utiliser ces matériaux de façons différentes.

Le projet distingue donc deux grilles structurelles, la première métallique (couleur sombre), la seconde en béton (couleur claire). Les deux matières sont originellement mises sur le même plan pour la construc-tion des entrepôts mais seul le métal est porteur. Le projet af-firme les qualités à part entière de ces deux matériaux en les mettant sur deux plans distincts ce qui apporte une richesse langagière dans le dessin de façade. Les différences de couleurs permettent également de donner aux bâtiments une double lecture selon que l’on soit loin (seule la grille métal-lique, sombre se dessine, on ne lit qu’un plan) ou au pied (les deux grilles donnent de l’épais-seur aux édifices). Cette double grille porte la coursive et dans certains cas (logement d’an-gles) les dalles des logements. Son accroche au sol permet de mettre à distance public et privé puisqu’elle génère une galerie, seuil avant de rentrer dans les espaces intérieurs en rez-de-chaussée. Ceux-ci sont aussi marqués par la structure mise en place pour les rendre libres: des noyaux centraux en béton brut accueillant les espaces de distributions.

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Lorsqu’elle est utilisée à des fins structurelles, la matière joue de son « esthétique struc-turelle» la réalité de la mise en œuvre reste apparente. A l’in-verse, comme le projet cherche à décliner une même matière (le béton) dans son utilisation (à l’image des entrepôts qui décli-nent le métal), lorsque celle-ci n’est pas structurelle elle est esthétisante et utilisée comme finition. Cette finition est une façon de laisser l’énigme quant à ce qui est structure et ce qui ne l’est pas. Ainsi dans les logements, la chape reçoit une finition béton cirée et légère-ment colorée.

Les murs de second œuvre sont en « stampfbéton ». Il questionne de façon identique que précédemment sur leur teneur structurelle, puisque bien que différents dans leur granulométrie et leur texture, ils n’en restent pas moins en béton comme les murs porteurs.

Enfin un troisième niveau de lecture est donné par l’en-semble du mobilier qui est fait dans un bois clair. Il amorce la transition avec l’espace de la chambre ou le béton ciré au sol est remplacé par un parquet bois dans la recherche d’une intériorité différente que celle des espaces de vie communs.

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2

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Détail. 25.05.2013

1. Composition dalle intérieure:Dalle de compression. 4cmIsolant compact. 10cmDalle alvéolaire. 16cm

2. Composition dalle ex-térieure:Chappe de finition. 5cmDalle de compression. 5cmEtanchéitéIsolant compact. 10cmDalle alvéolaire. 16cm

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10.57.0 3.5

7.03.59.0

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Plan de structure & axonométrie constructive. 1. Murs porteurs. 2. Dalle alvéolaires. Prédalles. 25.05.2013

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Vue intérieure. Logement. 11.04.2013

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Vue intérieure. Logement. 25.05.2013

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Grille métallique pré-montée.35x35cm. Poteaux Béton. 30x30cm

Mur de refend. Béton. 35cm.

Axonométrie constructive. 13.06.2013

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Bordure béton

GravierTerre végétale

Grille métallique

Composition du mur sous-sol.

-Plaques drainantes. 60 mm-Etanchéïté-Mur béton. 350mm

Composition du plancher logement.

-Chappe de finition cirée. 20mm-Isolation acou�ique. 100mm-Prédalle béton. 230mm

Détail. Accroche grille. Accroche sol. 13.06.2013

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Axonométrie de la grille. 13.06.2013.

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Vue depuis le parc

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La méthodologie mise en œuvre pour le développement du pro-jet a conduit à axer le travail sur trois points cruciaux relatifs au manifeste. Ils ont permis d’en-trer rapidement dans le projet et d’atteindre un certain niveau de définition. Néanmoins, ces questions n’ont pas émergées de manière instantanée et elles ont été traitée « timidement » dans les premières semaines de réflexion peut être en raison de la difficulté et de l’épaisseur qu’elles renfermaient. La ques-tion de l’écriture en est l’exem-ple même, pour une raison diffi-cilement identifiable – peut être culturelle ou de l’ordre de l’au-tomatisme – elle était toujours issue d’une pensée moderne. Bien que la réponse actuelle (double grille) ne soit pas non plus totalement désintéressée d’une histoire moderne de l’architecture elle est beaucoup plus en adéquation avec les ressources contextuelles ma-nipulées. Nous pourrions faire la même analyse sur les deux autres thématiques, qui se sont affirmées au fur et à mesure des recherches. Au terme de ces itérations, on peut regretter d’avoir moins de complexité sur les plans finaux par rapport aux recherches menées durant le semestre. Cependant, l’objectif était aussi de faire émerger un propos cohérent. Ce fût, in fine la plus grande difficulté rencon-

trée durant cette année. Loin d’être exhaustif, dans le sens où il ne répond pas à toutes les questions posées, il s’emparer d’une, deux ou ici trois ques-tions et cherche à les affirmer comme intéressantes vis-à-vis du site, par le biais de la con-struction d’une posture. Cette méthodologie, non-linéaire et atypique, bien qu’extrêmement « coûteuse » (en terme de temps et d’énergie) est sans nul doute l’un des plus grands apprentissages de cette année.

5. Retour critique

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BIBLIOGRAPHIE

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Revues

FACES Journal d’architecture. N°71. Hors-Ville. Eté 2012.FACES Journal d’architecture. N°65. Réinventer Genève. Hiver 2007-2008.

Ouvrages

Adolf Loos, Works and Projects. Edition Skira, 2007. 300 p.Aires Mateus 2002 – 2011, El Croquis N°154. El Croquis, Madrid, 256 p.Berque Augustin, Les raisons du paysage. Hazan, 2000. 120 p.Loetscher Christoph, Quincerot Richard, Tranda-Pittion Michèle, Genève Agglo 2030. Marseille, Editions Parenthèses, 2010. 216 p.Riegl Aloïs, Le culte moderne des monuments, Editions L›Harmat-tan, 2003. 124 p.Risselada Max, Raumplan versus plan libre. Delft University Press, 1991. 198 p.Steinmann Martin, La Forme Forte. Bâle, Birkhäuser, 2003. 304 p. Tiberghein Gilles A., Nature, Art et Paysage. Actes Sud / E.N.S.P., 2001. 229 p.

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REMERCIEMENTs

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Merci à l’ensemble des personnes qui de près ou de loin m’ont permis de mener à bien cette longue année.

Plus particulièrement, je remercie l’ensemble des enseignants : Christophe Boyadjian, Boris Bregman et Christophe Widerski et des professeurs invités, pour leurs critiques avisées et la transmission de leur savoir sur l’ensemble de cette année. Merci à l’ensemble du studio et plus particulièrement à Eliane Billon, Léa Grange, Alex Perret et Yan Roche pour le travail d’analyse collaboratif réalisé avec eux. Merci à Laurent Boutin-Neveu pour les réflexions menées ensemble sur les sites de Collonges-sous-Salève et de Carouge – La Praille. Merci au laboratoire MAP-Aria pour la mise à disposition de la découpeuse laser. Merci également à Jean-François Perret pour l’impression de la couverture de ce mémoire.

Enfin merci à tous ceux qui ont soit été critique face au projet soit ont fait preuve de soutien, tout particulièrement : Leslie Bouille, Paolo Amaldi, Adélie Collard et ma famille.

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Titres Akzidenz-Grotesk BQ. Bold. 30ptSous - titres Akzidenz-Grotesk BQ. Bold. 12ptCorps de texte Suisse BP. Regular. 9ptTitres des paragraphes Suisse BP. Antique. 9ptNotes Akzidenz-Grotesk BQ. Italique. 7ptLégendes Akzidenz-Grotesk BQ. Medium. 6pt

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Que signifie aujourd’hui «habiter», et qu’est-ce qu’un «grand territoire» ? Quels territoires pour quels mo-des de vie ?Devant l’accroissement des mobilités, comment aborder la planification urbaine inscrite né-cessairement dans la démarche du développement durable ? Comment ne pas oublier celles et ceux qui désirent résister au mouvement de globalisation ? Quelles formes d’ha-biter(s) peuvent coexister dans un respect mutuel ? Ces questionne-ments nourriront des propositions architecturales allant de l’échelle du grand paysage à celle de l’archi-tecture, ancrées sur le territoire de Genève Eurométropole, en tentant d’en définir les échelles et les li-mites. Elles seront été enrichies des échanges préalables avec l’Agence d’Urbanisme de Genève et la SIA (Société Suisse des Ingénieurs et des Architectes).

Habiter Genève Eurométropole

HABITER GENÈVE EUROMÉTROPOLEENSAL_SPAA

UGO RIBEIRO2012_13