Carnet 6 - Juin 1931, par Carlo Suarès
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7/30/2019 Carnet 6 - Juin 1931, par Carlo Suars
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CARNETJ U I N 1 9 3 1
LA FI N DU
GRAND M YTHE
( 6 )
ET TEXTES DE
KRISHNAMURTI
8 U A R E S
France : le N 4 f rs. Carnets Mensuels Et ranger : le N 5
A g e n t G n r a l : J o s C o r t i 6 R u e d e C l i c h y P a r i s
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LA FIN DU GRAND MYTHE (6)
J. KRISHNAMURTI
fragments
NOTES :
Jean Cassou et lEspagne. Le plan quinquennal et le procs de Moscou. Edouard Dujardin et larnovation de la cri t ique, par Carlo Suars.
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7/30/2019 Carnet 6 - Juin 1931, par Carlo Suars
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Carnets mensuels (sauf aot et septembre, soit dix numros par an).
AGENT GENERAL: JOSE CORTI, 6, RUE DE CLICHY, PARIS.
Adresser tout ce qui concerne ladministration et la rdaction
M. Carl o Suars, 15 , Avenue de la Bourdonnai s. Paris VII* .
Chques postaux Paris 152573.
Abonnement pour lanne 1931 :
Fiance et Colonies : 25 frs. Etranger : 35 frs.
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LA FIN DU GRAND MYTHE
VI
Le laboureur et le berger
Nous avons vu avec Can e t Abel que m ythiquem ent, le
libr tue chaque in stan t le je mythique. Cest Can le la
reur qui tue Abel le berger, afin de fconder une terre qui, rassa
mais violente, refusera de le nourrir. Le berger a un troupe
conserver et protger. Le laboureur na rien conserver protger. Disons quil nest pas sentimental. Mais les troup
veulent des bergers, des bergers qui les consolent, des bergers
charitables, qui sacrifieront quand mme, bien entendu, la cha
la graisse des premiersns du troupeau. Cela, nestce^ pas
disent quon ne peut pas lempcher. Puis tout le troupeau
moutons doit se laisser tondre, puis se laisser manger. Cela
plus on ne peut pas lempcher. Dieu, cote que cote, doit trbon berger, cest sa fonction, comme cest celle de son fils A
Pour ces troupeaux affols lEternel demeure incomprhensible
La fin comme moyen
Afin de comprendre les personnages Dieu et Eternel, nou
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l'quation jece la que virtuellem en t : aprs la cra tion
cieux et de la te rre il n y a que des tnbres sur la surface de labet lesprit de Dieu se meut audessus des eaux. Puis quand vie
lumire elle ne peut que se sparer des tnbres en devenan
des termes dune dualit. Si lquation tait vraiment rsolue le
de Dieu ne serait pas en mouvement audessus des eaux, il s
partout et aussi dans les eaux ellesmmes, les eaux procrat
de la chair et antinomiques de lesprit, car il aurait vaincu lan
mie; quant la lumire elle ne sopposerait pas aux tnbresles pouserait.
Mais lantinomie nest vaincue que thoriquement. Lespr
Dieu commence par comprendre quil y a un problme, et inv
la lum ire : q ue la lum ire so it. Il a la solution : cest de
semblant davoir la solution. Ce nest pas absurde, cest la
issue possible au problm e m taphysique : il faut utiliser l
comme moyen. Nous reviendrons plus loin sur cette voie dconnaissance laquelle sopposent la plupart des systmes relig
car ils ignorent la vraie mtaphysique. Aussitt que la lum
est, elle tombe dans lantinomie fatale o tout se spare en d
Dieu spara la lu m ire davec les tnbres..., etc...
La dualit manifeste
Comme par un sort magique, celui qui est dans la duali
peut rien toucher qui ne soit aussitt scind en deux, chaque p
tant ellemme scinde en deux, et scindant en deux ce qu
touche et ainsi de suite indfiniment, vertigineusement. Mm
nondualit que cherche celui qui est dans la dualit, mm
quil veut appeler la nondualit absolue est frapp de ce m
t ll t i if t i if t
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ce qui explique toute sa cosmogonie. Il cre et multiplie dan
temps et lespace, il est donc fm inin p ar r ap port lE ternel
est fminin comme tout ce qui multiplie la matire. Pourtant c
lui qui sest cri : Que la lum ire soit ! R em arquons que c
exclamation nest pas du tout un acte de cration, mais une inv
tion, dont le ton diffre totalement de tout ce qui suit dans le d
loppement cosmogonique. Cette invocation donne dj en ge
tout le thm e du Mythe : llm ent fm inin dem and e la lum
et marque les tapes de la victoire, une une.
Comment et pourquoi lire les textes
Notre dessein est beaucoup trop vaste pour que nous puiss
nous attarder des commentaires de textes dont la nature est d
inpuisables. Nous y retracerons rapidement le droulemen
thme mythique, en indiquant surtout des passages qui, san
fil conducteur, demeureraient toujours obscurs. Grce ce fil ducteur chacun p ou rra lire et com prendre ce thm e trs sim
linconscient humain a cr un rve qui doit tre vaincu, sou
puis transmu, puis qui doit donner naissance la Vrit abs
Ce thme est trs simple, mais il est exprim par des symb
bibliques qui peuvent et doivent tre lus sur plusieurs registres
lois; en outre chaque symbole tant lintrieur de la dualit
masculin dun ct et fminin de lautre; ainsi le thme si sidevient assez difficile dchiffrer. Ce qui importe le plus cepen
cest de comprendre le Mythe dans son ensemble, et de cons
que les individus humains, dans tout le cours de lHistoire, se
identifis aux symboles mythiques au point de jouer les rle
de sidentifier eux. Nous avons dj beaucoup insist sur ce p
et nous ne cesserons dy revenir, car il nous semble indispen
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dont on appelle la dualit primordiale. Celleci est la dfin
mme des je individuels, spars, que sont les hommesplutt les soushommes. Si nous parvenons cependant faire
ger com pltem ent de linconscient ce tte dfinition, e t tous
subterfuges que linconscient a invents pour calmer sa
de ne pas savoir, alors les rles, avec toutes leurs vale
religieuses, sociales, etc... tomberont et permettront la Vrit
surgir. Tous les systmes, toutes les croyances, toutes les convict
toutes les armatures morales o lon se rfugi pour ne pas mde dsespoir devant la donne toute nue du grand dilemne insol
doivent tomber pour que la Vrit apparaisse, qui est la V
la disparition du dilemne.
Se faire coup er le prpu ce po ur fa ire en trer Dieu da
chair , ou communier pour la mme raison, ou se soumettre
morale, une hirarchie sociale, ou possder de largent, ou
dan s la famille, sans le savoir, les rles my thiques du pre , du fila mre, de la fille, ou jouer dans la vie sociale ces mmes rles
mmes personnages mythiques sous des aspects diffrents, etc...,
tout cela et jusqu la faon dont on satisfait ou dont on t
les dsirs sexuels, cest assumer des rles inconscients dans
pice que lon ne connat pas, cest vouloir prolonger la
quand elle est finie.
Cest ainsi quil faut lire les textes bibliques, mythologiphilosophiques et historiques : po ur voir com ment tout cela
jou, comment tout cela n a t quune reprsentation, pour
enfin spectateur, pour cesser de jouer cette Comdie soushum
qui a assez dur, pour ramener to ut ce pass dans le prsent,
l'amener les sicles dans linstant ternel o tout est consomm
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1 le je progressif ind ividuel, compos dtats succe
dont chacun est la rsultante de tous ceux qui prcdent et do
mouvement gotiste est centripte, correspond la femme,
deux lments, la terre et leau; la chair, la matire; tou
qui est produit matriellement, la machine, etc... tout ce q
donn na issance ce je isol : au somm eil qui cause la frag
tation de la conscience; donc au principe mme de la dualit
connaissance du bien et du mal, etc...) au sens analytique; au d
nir, etc...
2 le principe cela, impersonnel, absolu, ternel, less
permanente des choses, absolument immuable et dont cepen
mane un mouvement centrifuge qui sextriorise en univers, co
pond lhomme et ses deux lments lair et le feu; au
reprsentation du feu; au vin, reprsentation du sang; etc...
Les personnages humains, fem m es e t hommes, sidentif
selon leur sexe, lun de ces deux ples, et jouent travers celon appelle les vnem ents historiques, les rles que lquation
thique primitive leur a assigns, et cela jusqu la fin des te
cestdire jusqu la rsolution totale de lquation mtaphys
En lisant les textes bibliques et mythologiques, nous nous
cevons que chaque pisode o sont en scne les symboles du M
contient lui seul la totalit du thme particulier qui se joue
momentl. Cest ce que nous tcherons dexaminer. Nous trons aussi les situations o se trouvent les diffrents personn
entre eux suivant quils appartiennent une quation ou lautr
les changements qui se produisent dans ces situations au fur
mesure que se rsout lquation, tout au long de lhistoire.
verrons alors se rsoudre lquation par une admirable synt
Le principe manant masculin qui jusqualors sobstinait to
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terre a toujours t un point du ciel sans haut ni bas, que
en fan t lE tern it, que lhom m e est n, et quil entend vivre
sans cauchemars, heureux, en pleine possession de sa raison d
^vainqueur de la dualit soushumaine, libr mme de la consci
Dieu meurt dans lEternel
Rptons cependant que lquation primitive est inconscien
rappelons la loi du renversement de ralit, qui, dans le th
judochrtien donne naissance aux deux principaux personn
bibliques : Dieu e t lEte rnel. De tous les personnages ce son
plus importants, parce quils personnifient lquation ellemm
Le Dieu de la gense est le rsultat dun cela, moins
moins senti que le principe je, et qui, absorb par le je
dsire le connatre) fait aussitt semblant davoir rsolu lqu
que je ne peu t rsoudre. En som me Dieu, dans la Comdie m
physique, est la solu tion virtuelle de lquation, qui devient lin
sonnage. Ce personnage utilise la fin comme moyen. Ce
quelque sorte un bluff, mais un bluff indispensable, puisqui
la solution en puissance. La puissance est le bluff m ta
sique qui n a en m ains que ce quil n a pas : lacte en lequ
se transformera.
Nous avons m on tr p lus ha u t que ce personnage Solu
virtuelle pre nd en mains les deux term es de lquation, je
cela. Nous avons dit que parce quil prtend connatre les
termes, il devien t de ce fait plus r el que le seul term e je
rel et connu) dont il apaise ainsi la peur de linconnu tou
tablissant pour lui le seul mode de vie qui sadapte sa vo
femelle, de durer dans le temps au moyen de crations succes
Si tt ti d t l d l
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pourrons quindiquer quelques traits des cosmogonies asiati
celaje, dont le processus de cristallisation est exactement
pos du jecela).
Comme consquence de ce premier personnage pseudog
siaque, Dieu, nous voyons surgir le second personnage, lEt
qui, lui, est dans la Comdie mythique, la solution relle de l
tion, mais qui devient personnage aussi. Notons ici un point e
tiel : si la solution relle de lquation dev ient un person
cest parce que lquation tant mythique sa solution lest a
Nous avons dj dit que la Vrit ne se compose pas d
quation flanque de sa solution, mais que dans la V
l'quation a disparu, ainsi que sa solution. Nous pouvons donc
quune fois que lquation est pose sa solution existe rellem
nous pouvons galem ent et p a r dfinition dire que lE ter
est la solution relle de lquation. Mais noublions pas qu
lqua tion n i sa solution divine ne son t vraies. Nous verron
effet plus loin comment, comme dans un dcor de thtre,
peut tre la fois rel mais pas du tout vrai. Une fo
reprsentation termine, les dcors de carton et les accessoires
toujours l mais ne transmettent plus rien. Ainsi est, la fi
Mythe, toute conception dune divinit, quelle quelle soit.
LEternel, ou solution relle, nintervient jamais, aucun
ment, dans le premier chapitre de la Gense (o Dieu, solvirtuelle, fa it sem blan t de c rer le Monde) ; dans les ch apitres 2
(sur la formation de lhomme) lEternel et Dieu sont mls;
le chapitre 4 ils se sparent, Dieu demeure avec Seth qui rem
A bel , lE terne l sen va, disp ara t avec Gain. E t cest alor
le texte en terminant ce chapitre, que lon commena invoqu
nom de lE tern el .
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mythique. In vo qu er le nom de lE tern el , d ire que FEt
est Dieu , cest comprendre que la solution virtuelle, Dieu, nes
virtuelle, et lamener devenir relle en se conformant au
mythique, qui est le thme de la Comdie,
Cette marche en avant de races entires vers la rsolutio
Fquation prim ord iale jecela comm ence donc sex prim er
un monothisme qui vou dra it tendre vers lE ternit ds lin
o le je saperoit que la prem ire solution (tous les d
ntait que virtuelle, et quil commence en tre inquiet.
tourne alors aussitt vers la solution relle, que dans son lan
mythique il appelle lunique, FEternel, etc...
Inquitudes
Le je commence sinq uite r lorsque la solution virt
parvient lui imposer le sentiment que lui, qui se sentait so
ment rel, pourrait ne ltre pas. Nous avons vu comment et quoi seffectue ce changement, ce renversement de ralit. On
prend bien cependant quil ne seffectue pas dun coup. Il lui fa
contraire une longue priode historique. Nous voyons mme
pour saccomplir ce changement a eu besoin pendant longtemp
deux expressions complmentaires, bien quappartenant toute
deux au mme Mythe : la branche grecque et la branche ju
chrtienne. Toutes deux partent de la mme souche gyptiennse runissent dans le Christianisme; cependant la branche gre
tant fminine dans un cycle fminin se dveloppe et m
aussi sans inquitud e sauf dans sa crise dyonisiaque que
tudierons plus loin; tandis que la branche judochrtienn
mle dans un cycle fminin, et exprime par consquent une
tion trs dramatique... Dieu, solution virtuelle, entrane lhom
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dro nt les dernie rs, et ainsi de suite indfiniment. Le je se tr
pris dans une aventure insense dont il ne peut sortir, dont
peut pas ne pas sortir, o il ne cesse de mourir et de ressusc
Ce quil y a de plus certain cest quil ne peut pas revenir en arr
ce qui apparat moins, cest quil ne peut mme pas avancer...
Nous arrivons ici dcouvrir un des caractres les plus m
rieux de lE tern el : si en effet la solution virtue lle, D ieu, sef
par tous les moyens possibles de parvenir sa ralit, la solu
relle, lEternel, se drobe constamment, se refuse, semble bru
ment vouloir dmolir tout ce qui a t fait, puis de nouveau
grande hte, exige des efforts inous pour que tout sachve,
encore une fois, au dernier moment, tenter de tout dtruire d
propres mains.
Linquitude de lhomme ct de celle de lEternel nest
langoisse dun enfant. Parfois lEternel a lair dtre complte
fou. Ainsi, il apparat Mose, il lui parle, il lui explique sa misil le pousse aller en Egypte pour arracher son peuple du jou
Pharaon; quand Mose hsite il lencourage; quand Mose h
encore parce quil na pas la parole facile, et cause de mille a
difficults, il le rassure encore; Aaron parlera sa place; toute
difficults seront vaincues... bref Mose se dcide. Va, lui dit V
nel, car tous ceux qui en voulaient ta vie sont morts. Mos
rassur, il est enfin confiant, il est sur le point de partir. Sa miest de demander Pharaon de laisser partir ce peuple auquel l
nel tient tellement. Alors lEternel, comme dernire promess
dit : Vois tous les prodiges que je mets en ta m ain : tu les f
deva nt Pharaon. Et m oi f endurcirai son c ur, et il ne laissera p
aller le peuple .
Cest admirable, et trs clair : lEternel a un pouvoir sur
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quille, ce que je veux que tu demandes Pharaon, je ferai en s
qu il ne te laccorde pa s . Dune p a rt il pre nd une peine inpour combiner des prodiges, qui forceront un consentement, da
part il prend la mme peine pour quil y ait refus. Et tout cela n
encore rien, car aprs avoir pris Mose sous sa protection, a
lavoir dsarm en lui disant que tous ceux qui en voulaient
vie sont m orts, que com mencetil im m diatem ent p a r fa ire ?
dant le voyage, en un lieu o Mose passa la nuit, VEternel latta
et voulu t le faire m ou rir !Nous reviendrons plus loin sur la faon ahurissante dont S
ra sauva Mose. Tout cet pisode qui pourrait se passer dan
asile dalins est au contraire sublime quand on sait le lir
tout instant lEternel joue un double jeu. Nous lavions dj vu
Gain et Abel, et maintenant, que nous le savons cela ne peut
nous chapper.
Les deux fonctions de lEternel
Nous avons dit que le Mythe est le devenir qui transform
solution virtuelle de lquation humaine en solution relle. Ce m
dveloppe une modalit Temps, dont la dure est dtermine
les masses humaines en prsence. Or si dune part la rsolu
virtuelle (Dieu) tend uniquement vers sa rsolution relle (PEter
il apparat que le rle de lEternel est double. En effet, sa prem
fonction est damener Dieu lui, de montrer la voie, dtr
somme lauteur, le metteur en scne et lanimateur de la p
Mais sa deuxime fonction est dempcher par tous les moyens
sibles que le dnouement se produise trop tt. Ce serait en effe
catastrophe pouvantable, un accouchement avant terme, un
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Eve larbre de vie, car lavortement aurait t certain, cest a
quil confond tous les langages d es homm es, qui, unis dans une ad
rable fraternit avaient entrepris, avant terme, de construire
tour jusquau ciel, quil transforme en tour de Babel.
Dans les premiers chapitres de la Gense, lorsque Dieu et lE
nel sont encore des personnages trs distincts, ce rle de l Ete
est trs clair. Le geste dfinitif ce nest jamais Dieu qui le fait, m
cest lui. Dieu ordonne No de construire larche, mais cest lE
nel qui lui dit dy entrer. Ensuite Dieu ordonne No de fen tre r avec lui de toute cha ir deux deux ayan t souffle de v
et cest lEternel qui ferme la porte sur lui. Dieu remplit son
de devenir fminin, lEternel marque lacte. Cest Dieu, ce n
jam ais lE ternel qui d it soyez fcond, m ultip liez et rem plisse
terre, car cette fcondationl est femelle. Ce nest que gradu
m ent que les deux personnages se confondent, jusqu ce que lE t
soit remplac par Dieu, dans la violente affirmation des vangA ce m om ent il semble que le rle de re ta rd a teu r nait plu
raison dtre, car si laccomplissement nest pas encore l, du m
le dernier acte atil commenc, Dieu et la femme ayant dfini
ment cess dtre femelles.
Afin de com prendre ce rle de re ta rd a teu r nous voici
traints dabandonner provisoirement Dieu, lEternel, Adam,
et toute la Bible, et daller chercher encore plus loin que nou
lavons fa it jusquici lorigine de lquation hum aine. Le rle
reta rdem en t est en effet essentiel car il em poisonne encore
conscient de presque tous les hommes, alors que le Mythe est term
Le d sir de re tard er m arqu e au jou rdhui, aprs lenfan tem
la volont dtouffer le nouveaun en le faisant rentrer dan
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serait quemprunt et illusoire, nous voyons en chacun ce p
mne naturel se dformer du fait quil devient artificiel et sappuie sur des donnes inconscientes et des solutions irrelle
Le complexe du retardement
La volont que chacun a de drober ceux quil estime
faibles ce quil considre comme une v rit dan gereuse
les autres), cette volont de retarder la rvlation de cette v
ju squau m om ent o les autres devront la rracher est ce que
appellerons le complexe du retardement, dont nous recherche
la cause originelle antrieurement mme la formation de l
tion p rim ord iale jece la.
Ce complexe ne provient ni de lesprit dautorit ni de lorg
mais il est antrieur eux, ainsi que nous le verrons plus lo
ne sappuie pas sur certains traits de caractres, mais sur des
nes psychologiques qui symbolisent un tat de choses inhren
nature humaine. Il existe donc indpendamment de toutes le
constances, mais chaque individu le possde en germe, au poi
le retourner non seulement contre les autres mais aussi contre
mme. Nous voyons ainsi selon la loi habituelle du renversem
que ce qui tait une vrit devient le pire obstacle de la vrit
Nous avons dj dit que ce qui alimente constamment le M
est la peur. La peur qua lindividu de vivre au sein dune qu
non rsolue deviendrait intolrable au bout de quelques seco
si cette mme peur ninventait aussitt des raisons pour se rass
Or la meilleure de toutes les raisons possibles de se rassurer e
la Vrit est dangereuse, donc quil vaut beaucoup mieux ne
encore tenter de la conqurir car on nest pas encore prt! De
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bouleverser lexistence entire. Parce quon ne veut pas vivre da
reusement on explique pourquoi on ne connat pas la solu
de son tre: on nest pas prt!... Cette pression de la
maintient lindividu dans son modus vivendis provisoire (sa fam
ses occupations, ses distractions, ses lois civiles, morales, religieu
etc...) en apaisant son esprit, et littralement refoule lindividu
une position o il demeure endea de luimme, en lui impo
lide que cest bien .
Or, tout modus vivendi, quel quil soit, est en somme
solution provisoire de lquation, un pis aller, mais un pis
possible, dont la base, le sol, est un substratum inconscient,
dont nous avons dj parl plus haut, qui identifie lindividu
choses (objets, ides, sentiments, etc...) qui le rassurent parce qu
sont familires.
En somme tout individu que lon rencontre, au lieu de s
creus profondment jusqu son quation primordiale et irrtible, sest repos un moment donn sur des explications secon
des causes secondes, sy est install, a refus daller plus loi
refus de se labourer encore, est devenu le berger de tous
troupeaux inconscients. Il est arrt au moment o le iabour la
vraiment drang, o il aurait commenc larracher ses po
sions, ses amours, son sens personnel, voire son propre
Si ce momentl il navait trouv une excellente raison de sarril aurait t contraint, pouss par son affolement, de dtruir
propre ralit, au bnfice de la ralit que malgr lui cherche
imposer la solution virtuelle de lquation jecela (ainsi que
lavons dj vu avec la loi du renversement de ralit). Et
raison que cherche lindividu, il la trouve prcisment dan
volont de retardement qui appartient la solution relle avec
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Il app lique ainsi un principe vra i en le renve rsan t, cest
en sop posan t lui. Cest ainsi que les catas trop hes finissent paproduire, car il est impossible daller indfiniment reculons.
a une limite la compression : lorsquon a trop comprim, que
chose clate quelque part; et cest prcisment au moment o
clate que cesse la marche reculons, dans des rvolutions.
Il nest point ncessaire de stendre sur des exemples d
complexe du retardement. Appliqu aux autres : on le trouve
les pa ren ts qui indfinim ent pro tgen t leurs enfants e t dgu
pour eux tout lunivers afin de retarder le plus possible le mom
o ils verront les choses face face; on le trouve dans tous les gr
Mystres religieux o des initis conservent avec le plus grand
des secrets quils ne peu vent pas d ivulguer, car les foules, n
pas prtes, ne pourraient pas les recevoir sans danger; o
trouve dan s toutes les Eglises dont le bu t est de distrib ue r q
que chose, mais en retardant le plus possible lavnement dfi
de la Vrit qui rendrait inutiles toutes les Eglises; on le tro
chaque fois quun pays en gouverne un autre en dclarant que c
ci nest pas encore assez mr pour se gouverner tout seul; o
trouve chez tous les politiciens qui ne dosent les vrits des bud
et des situations politiques en gnral, que dans la mesure o
public acceptera ces situations sans trop protester; on le trodans tous les communiqus de tous les pays tous les jours, de
Aot 1914 jus qu la p rocha ine gu erre; on le trouve pa rtou t et touj
chaque fois que quelquun croit possder une vrit quelcon
et que pour une raison quelconque, goste ou altruiste, il sima
devoir la doser, ladutrer, la diminuer, la voiler, afin den reta
leffet. Cest une des donnes inconscientes les plus enracines
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fois que sous un prtexte quelconque un individu retard e le mom
o enfin il vivra conformment ce quil croit tre la vrit
se trouve trop faible; il a des devoirs envers les autres; il ne
pas faire de la peine ceux quil aime; il nest pas assez vo
les autres ne sont pas assez volus; on ne le comprendrait
il ne comprendrait plus les autres; il a besoin davaler dabord to
la Somme thologique; il a lu trop de livres, il doit les oub
011 a besoin de lui; il a besoin des autres; la Vrit est inhuma
indfiniment; chacun peut ajouter cette liste ses propres rais
(excellentes) ; cela revient tou jou rs ceci : on se protge soim
con tre une vrit qui si elle arriv a it trop vite p rodu irait les p
calam its .
Le complexe du retardement na quun mot pour qualifie
vrit : elle est intem pestive. Nous allons essayer de re tracer
origine.
Lquation cosmique
P ou rtan t lEte rnel biblique na pas ces mmes raisons p
exercer son rle de re ta rd ateu r . Aussi bien lexercetil tou t
autrement. Ce rle dpasse considrablement les diffrents po
de vue individuels. LEternel semble vritablement devoir enfa
et semble dcid ne pas enfanter trop tt. Ce quil doit enfacest la ralisation de la solution, cestdire quil doit senfa
luimme, et le fait de retarder cette ralisation nest pas a
chose que la cration du Temps. Ainsi il cre du temps, il inter
toujours du temps entre lui virtuel et lui rsolu, afin que lui vir
le rattrape en dvorant ce temps, en le dtruisant. Si donc la cra
du temps est une sparation dans la conscience, elle est auss
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loppant en ellemme le pouvoir de courir assez vite pour la ra
per. Cest ce pouvoir qui a de la valeur : une conjonction artificoctroye par la solution relle qui consentirait sarrter ne se
ce quun instant dans sa fuite ne donnerait aucun rsultat.
Nous voici lin trieur d un problm e tem ps qu de
nous navions pas encore envisag jusquici. Nous navions consi
le tem ps que comm e un e notion de d ure lint rieu r des
spars, individuels, soushumains. Ici nous nous trouvons l
rieur dun temps prmythique, puisque les personnages en sence (les deux solutions, virtuelle et relle, de lquation) nexi
d j q uen fonction dune m odalit tem ps dont lhistoire m
que ne sera que la projection. La comdie psychologique et his
que don t le thm e est jecela ou celaje n est donc ellem
que la p rojection d une comdie purem ent m taphysique don
personnages, rduits leurs noms les plus simples, ne peu
cette foisci que sap peler qu elque chose et ? .
Le ?, ce point dinterrogation (qui ressemble assez
serpent) englobe toutes les questions que chacun p eu t se po
il y a quelque chose, soit, mais quoi? pourquoi? comment?...
Ce ? veut dire po urq uo i n y atil pas un n an t ? Simple
un nant, qui, nexistant pas, naurait pas chercher sa r
d tre ? Le na n t est la seule chose (si lon peut a insi sexpri
que nous puissions comprendre et quil nous soit impossibl
concevoir, tandis que quel que soit lobjet que nous concevio
nous est impossible en fin de compte de le comprendre. En
ceux dont le dsir de connaissance est insatiable ne peuven
aucune faon se repose r en pa ix d ans une cause Nm e ou
mire, car celleci, parfaitement indiffrente lnorme gym
il f ll f i i ll d
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sommes de rsoudre linconnu mtaphysique ne servent rien
plus, car si en quelque mesure elles nous dcrivent les rsultat
certains phnomnes, elles laissent intact le ? originel.
L'homme ou le ?
Si nous navons pas pos, ds le dbut de cet expos, le prob
fondamental de cette faon, mais si nous lavons dabord prs
sous sa forme mythique je et cela cest dabord parce
chacun porte en soi ce problme sous son aspect mythique, enpour que nous puissions situer les mtaphysiques, les philosop
les religions que nous connaissons, ainsi que toute lhistoire hum
lintrieur de leur vritable cadre, qui est mythique. Nous na
jusquici donn que quelques illustrations du Mythe, et que
cls qui permettront ceux que ce point de vue intresse de d
vrir des aspects nouveaux de lhistoire de linconscient. Mais
voici parvenus un point o il nous est possible dentrer dandomaine do lordre chronologique nest plus tout fait ab
les personnages bibliques nous obligent remonter lEg
lEgypte aux priodes totmiques, les totems aux priodes incal
blement lointaines des nombreuses prhistoires, et cellesci
gine de lhomme.
La p rem ire question qui se prsente nous est : quel e
temps chronologique qui intervient ici et qui existerait mmlon balayait de la surface de la Terre tous les tres humains? Q
ce que cest que le temps dune montre?
Or il est vident que nous ne trouverons pas la rponse
question en remontant les sicles. Les res innombrables au
desquelles sest droule lvolution du globe ne nous font
assiter la naissance du phnomne Temps : le commence
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pendamment du fait que des tres quelconques aient prouv
non cette dure , et voici que surgit de no uveau le ? ironique,
ductible : quest donc cette dure qui existe par ellemme, ind
damment du fait quelle se sait ou non? pourquoi quelque ch
pourquoi ces sicles? Ainsi, bien que nous ayions dpersonn
lqu ation celaje (ou je ce la ) bien que nous ayions rem
le je p a r ? et le cela ob jectif p ar quelque chose
nest ni objectif ni subjectif mais les deux la fois ou aucun
deux, nous revoici, aprs un plongeon o nous avons voulu dratre , en tra in dm erge r du ? de lquation m taphysique
personnelle en nous identifiant linterrogation. Nous voici en
d affirm er qu e mm e si le ? ne sex prim ait pas luim m
ta it l en puissance, cach dan s que lque chose , pr t se
mer. Or q ue l est ce ? sil nest encore qu elque chose
pourquoi donc se sparetil de luimme? Pourquoi soppos
luimm e quelque chose (comme sil tait en dehors dquelque chose) si ce nest pour se constater luimme? Le
veutil dire, en se pla an t endehors de quelqu e chose ,
nest rien? Non, au contraire, il ne se pose que parce qui
quelque chose , il est donc ce quelque chose luimm e,
en se constatant il se nie.
Nous venons de voir que notre nature nous oblige nous
tifier toujours, en fin de compte, ce ? jusqu son anan
ment. Nous nous identifions lui sur tous les registres de
pense, depuis le quel est lhorloger qui a fait cette mont
jusquau ? prim ordial, inexprim able, irrductible, jusqu
? qui dep uis longtemps a renonc po ursu ivre indfinim en
effets et des causes, jusq u ce ? de contem plation qui dp
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chose pour co nsta ter que qu elque chose cest lui; ce ?
sinterroge pour se contempler et se contemple en se niant; ce qui a toujours t l, dans quelque chose , puisquil est que
chose ; ce ? d oit cons tater quil est la fois linterro gat io
la rponse, lhomme et lunivers entier : lunivers cest lhomm
Devant une constatation aussi simple nous nous sentons pres
obligs de nous excuser. Nous sommes presqu e confus : ce
mme pas nouveau! A la rigueur une combinaison tonnante
Brahma, de Jhovah et de Einstein nous aurait permis de runiune religion toutes les religions de la terre; en un vangile unive
tous les livres sacrs de tous les pays y compris la philosophie
science et les arts; en un culte universel tout le bien , le bea
etc..., etc... Excusonsnous donc en disant que nous ne cherchon
ni le bien ni le beau mais la Vrit, et passons une prem
conclusion que voici :
Le ? ternel d un quelque chose ternel, est ternment rsolu. En e ffet le ? qui est ce quelque chose luim
ne peut trouver sa rponse quen luimme, donc la possde d
Cette rponse est en dehors de la notion de dure, en dehor
Temps compltement, cette rponse est la Vrit ternelle
nous avons dj parl au dbut de cet expos, Vrit extramythi
inconditionne, absolue.
Le temps et lobservateur
Quil y ait ou non un observateur du temps cela ne chang
rien la question, puisque lobservateur nest quune modalit
temps luimme.
Si lon se souvient de ce que nous disions au sujet du te
d d d i
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son propre quilibre (sens du je , sens dtre, sens de dure, e
se penche vers lobjet quil sagit dexaminer, et le fait cons
par la modalit mme autour de laquelle sest tabli lquilibr
lobservateur. Cest ainsi (nous lavons dj indiqu) que toute
ontologies sont mythiques, ainsi que toutes les cosmogonies,
que toutes les sciences objectives, ainsi que les philosophies :
sappuient sur une pseudorsolution inavoue de lquation pe
nelle de lobservateur.
Le point de vue extramythique ne peut se laisser bluffe
des philosophies de ce genrel qui, si elles ne rsidaient entire
davance dans une position prise par linconscient ne pourraien
mm e sexprim er. E n disan t lun ivers est rel ou le tem p
rel, quil y ait ou non un observateur pour le constater, nou
faisons que dire si luniverstempsespace se pense comme j
pense m oimme, il ne peut que se trouver rel ; ce qui revidire une chose la fois vidente, puisque sil se pense comm
pense ce je qui se base sur sa propre ralit il ne peu
penser quen fonction de luimme, et inutile puisque sil ne se p
pas ce ne sont que des je qui peuvent le trouver rel e
attribuant la notion quils ont euxmmes de leur ralit prop
Un je qui se trouve irrel dit de la mme faon que lun
est irrel, et que le temps est irrel, mme sil y a un observpour le constater objectivement. Cette constatation nexprime
le re fus de ce je de se cro ire plu s re l que cela (qu
Orient).
En repre na nt m aintena nt no tre p rem ire dfinition de lho
(lhomme est la dualit au moment o elle constate lantinom
ses deux term es a u m oyen dun je indiv idua lis et isol),
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antinomiques, rien car elle ne peut jamais rien ajouter e
mme. Quil y ait ou non observateur la situation est donc la m
car lobservateur, ainsi que nous lavons vu, ntant quune modde la donne primordiale, ne peut rien apporter qui ny soit
entirement. Donc la dualit primordiale ne peut travers le te
et lespace dvelopper la vie sur la terre et crer le type humai
plus parfait possible que pour se dire ellemme quelle nex
pas cause mme quelle se pose. Cette dualit primordiale
partie de sa propre fin, qui est lhomme universel, et cest ainsi
les deux dfinitions se rejoignent.Nous venons de voir que cette dualit primordiale (dont n
avons dj indiqu quelle soblige prendre conscience d
mme par une reprsentation sexuelle) lorsquelle est rduite
essence, ne peut en sinterrogeant ou en dautres termes e
constatant que se nier puisquelle est ternellement rsolue
toute vrit, elle existe de ne pas exister, ou lon peut dire en
quelle nexiste pas du fait mme quelle existe. Ce point, la
point de dpart et point darrive, la fois point de conscienc
espace, est commun tout devenir , celui des je individ
comme celui de la plante qui leur donne naissance : lhum
qui est laboutissement, est ds lorigine de sa propre reprsenta
totalement prsent, intgralement rsolu. Ds linstant o la T
a commenc se condenser et dvelopper la vie, elle na
fait autre chose quamener le problme constater sa propre r
lution ternelle. De ce fait, en vrit, le problme nexiste pa
tant que problme, mais il est luniversel humain; et sa pr
constatation najoute rien cette suprme Vrit, ainsi que
Javons vu de toutes les constatations.
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non mythique du dveloppement de la vie sur la plante doit
compte de cet absolu mtaphysique, sous peine dtre une m
que tournant vide. Nous constaterons, en fait, que la science a
avoir pass par des priodes dhypothses puriles rejoint au
d hui, dans le dom aine rigoureusem ent scientifique, lindestruc
ralit mtaphysique. Nous donnerons titre dexemple un ap
extrm em ent rap ide de la nouvelle doctrine biologique dE
Daqu, professeur lUniversit de Munich, dont M. Hans M
stein a donn un rsum dans Cahiers dArt (N 10 de 1930).
doctrine, dont M. Mlilestein nous dit quelle est base sur
tudes palontologiques trs rigoureuses (mais ceci dpasse n
comptence et dailleurs nous ne lindiquons ici, nous le rp
que comme exemple dune fusion possible de la science ex
m entale et de la m taphysique) cette doctrine qui dm ontre
possibilit du point de vue de lhistoire de la nature e
ncessit du point de vue de la philosophie de la nature d
hum an it prdiluvienne, oppose au rationalism e prim itif qui
blit une volution progressive depuis le protozoaire jusqu lho
moderne... le concept plus profond de ladaptation intrieure
fin, concept de vraie raison, dorigine mtaphysique. Au sei
chaque genre de type, selon Daqu, il ne peut y avoir de prog
mais des spcialisations successives. Le reprsentant du type le
parfait qualitativement en ce quil comporte la totalit de
possibilits, doit donc toujours se trouver au dbut de son ap
tion.
En se basant sur des indices que donnent des poques go
ques extrmement anciennes, le prof. Daqu reconstruit un a
gnalogique, et fait partir lhomme immdiatement de la fo
primitive hypothtique de toute la srie des vertbrs. De c
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entrer en ligne de compte comme ses anctres, mais ne sont que
branches latrales sans prolongement, spcialises outrance
tronc commun... Dans la mesure o nous pouvons tablir un rap
gntique entre lhomme et les mammifres, ils apparaissent com
des spcialisations plus limites. Mais cela rev ient dire
l 'homme est plus proche de la forme idale primitive, que lhom
est plus ancien, et que par consquent bien que la crature supr
il nest certainement pas une crature trs spcialise parmi
pareils .
Au contraire, la crature suprme est celle en qui sont en
toutes les possibilits de spcialisation, et qui sest maintenue
vitant chaque fois de se spcialiser, ou en dautres termes
retardant chaque fois sa spcialisation, tandis que sombraient to
les branches latrales dans une spcialisation sans issue. SA
lembryon humain passe travers toutes les formes animales
en prenant bien garde de ne jamais sarrter dans ces formesen se dtachant du tronc primitif, ont tu en elles, dans le r
animal, Jes possibilits, qui par dfinition sont infinies et un
selles, du germe primordial. Le seul but du germe humain
de lutter contre ces spcialisations qui chaque instant le s
citent. Sa seule fonction en somme est de retarder sa chute ind
ment. Nous arrivons ici une des donnes les plus importantes e
plus secrtes du mythe humain, et nous voyons rapparatre icrle de re ta rd a teu r de lE terne l, sous un aspect qui ne m anq
pas de jeter de vives lumires sur le Mythe tout entier.
D aqu peut, du res te (selon M. Mhlestein) se rc lam er
lement dautres autorits importantes de lanthropologie. Cest a
que le savant dAmsterdam, Bolk, dclare que lanimal supr
na point la forme humaine non point parce quil ne latteint
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maturit; et cest prcisment en gardant cette forme de lemb
primitif, quil dpasserait justement le rgne animal... Mais D
va p lus loin et tire les deux consquences capitales suivante
I o Lhom m e est son prop re type, sa pro pre form e p
et son arbre gnalogique est termin.
2 Lhomme sous la forme primordiale la plus lointaine q
puisse imag iner, savoir sous la forme em bryonnaire, est
lhomme.
Enfin, Daqu dmontre que lhomme constitue la forme p
tive de tout ce qui vit. La crature animale se montre dautant
semblable lhomme quelle a surgi plus tard de larbre gna
que idal : en dernier lieu apparaissent les anthropopithques,
tout rcemment, lhomme de lpoque glacire encore un peu
proche du pithque, les Australiens, etc... Ainsi la doctrine d
laquelle le rgne animal serait sorti de lhomme rpondelle
coup mieux aux faits tablis scientifiquement que les doctrines
winiennes, etc... Cette doctrine fa it surg ir nos yeux dans r
tion de la vie sur la terre des ges nouveaux, des res dpassa
beaucoup tou t ce que nous tions hab itus concevoir . Au
de ces res lhomme aurait vcu sous des formes biologiques t
fait diffrentes des formes actuelles. Nous verrons plus loin
ment lhomme, entit psychique, a peuttre t reprsent pa
formes qui on t beaucoup vari. Mais toutes ces questions
encore trs sujettes discussion, et la science ne fait que comm
des investigations travers des res incalculables, quil y a que
annes encore elle ne souponnait mme pas. Retenons ceci
toute doctrine scientifique dpourvue de connaissance mtaphy
ne peut qualler se perdre dans des illusions striles, et qu
t il t i ibl d ili l h i t l
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lexamen physique de la nature) quelque chose daussi absurd
soi, savoir que le suprieur descend de linfrieur, sans qusuprieur vive dj virtuellement enclos dans linfrieur. Sil
depuis les temps de la prhistoire jusqu nos jours une volu
organique de la vie, une volution relle fonde dans la natur
faut que la forme suprme, la forme la plus parfaite, soit en m
temps le sens et le contenu de la forme primordiale ellemme
fallait donc que la cration des types primordiaux animau
vgtaux prcdt la cration de la forme humaine, en vertu dncessit interne. En dautres term es il falla it que dans le t
primitif de lhomme, dj dfinissable intrieurement dans les
physiques originels de la vie, llment animal gntique se disti
et se scinde sous une forme de plus en plus forte, de plus en
semblable l'homme, afin que la forme physique humaine
mme, finisse par apparatre de plus en plus pure, de plus en
indpendante, de plus en plus conforme au type primordial, que nous la connaissons actuellement. Et Daqu se rsume d
faon suivante : toute science la fin dune culture, offre la r
tition et la confirmation des convictions qui taient celles des
miers ges dans le domaine de la philosophie de la nature et d
religion, mais sous un nouveau costume, intellectualis .
Nous pouvons maintenant reprendre notre rcit mythique
lhomme mtaphysique vient de nous livrer le secret de sa vode retardement : il ne pouvait senfanter quen se maintenant j
sement. Nous verrons surgir dans linconscient mythique des so
nirs effroyables de chutes et de catastrophes, de Satan, du Serpe
de son complice le grand Crocodile sur lesquels dut triomph
Dieu R; mais nous verrons dabord dans les poques les plus
les comment par des totmisations successives lhomme mta
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LE CHANT DE LA VIE
(Fr a gm en t s)(1)
A im e la vie. N i le com m encem ent ni la fin ne savent d o
vient, car elle na ni commencement ni fin, elle est.
Dans Vaccomplissement de la vie il n y a pas de m ort n
douloureuse solitude. La voix de mlodie, la voie de dsolatio
rire, le cri dangoisse, ne sont que la Vie qui va vers son accom
sement.
Regarde dans les yeux de ton voisin , et rencontresy la Vie
se trouve limmortalit, la vie ternelle, immuable.
Celui qui nest pas amoureux de la Vie porte Vangoissant
deau du doute et la dtresse de la solitude. Pour lui il ny a qu
mort.
A im e la Vie, et ton amour ne connatra pas la corruption. A
la Vie, et ton entendement te soutiendra. Aime la Vie et t
tgareras pas en dehors du chemin de la Connaissance.
Comm e les champs de la terre sont diviss, ainsi lho m m e d
la Vie, et cre la douleur.
. N adore pas les anciens D ieu x avec de lencens et des fl
mais aime la Vie et ses grandes joies. Crie dans lextase de la
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Va chercher lobjet que poursuit secrtement ton dsir;
tu ne vivras plus dans lillusion.
Que peuxtu connatre du bonheur, si tu nas pas march
la valle de la misre? Que peuxtu connatre de la libert, si tu
pas cri tout haut dans tes chanes? Que peuxtu connatr
lamour, si tu nas pas cherch ta dlivrance dans les bourbiertes amours?
Jai vu les fleurs spanouir dans les heures sombres dune
immobile.
' I IH B I
Ne te laisse pas prendre par la beaut dune branche. Son im
isole se fane dans le cur. Mais aime larbre tout entier. Tu aim
alors la beaut des branches, les feuilles tendres ou sches, les
tons timides et les fleurs panouies, les ptales tombs e
sommets ondulants, lombre splendide du plein amour.
Oh! aime la vie dans sa plnitude. Elle ne connat pas de d
position.
J. KRISHNANIURTI.
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N O T E S
JEAN CASSOU : Lit trat ure Espagnole (N ,le d. revue, remi
j our et augmente) Kra.
La rvolution espagnole na tonn que ceux qui se faisaien
lEspagne une image moyengeuse et statique. Il est trs probable q
tonne demain le monde entier, car elle ne fait encore que commence
bien quil nous soit impossible de prvoir ce quelle nous apportersplendide, soyons assurs quelle peut et quelle doit aller trs loin
fondements de notre civilisation scroulent partout. LEspagne,
linfluence est norme aussi bien en Afrique quen Amrique latine,
saisir aujourdhui une destine superbe, et dcider du sort du mond
comme la Russie, elle parvient tirer un avantage du fait mme qu
souffert dtre pendant si longtemps la proie des pires despotismes.
Aprs des sicles de despotism e, franc ou dguis, lEspagne va,
la premire fois, et en sinspirant de sa propre destine, dcider en
libert lorganisation de sa vie, disent Gregorio Maranon et Jos Ort
Gasset dans un rcent manifeste. Loriginalit parfois douloureuse de
histoire fait augurer selon tonte probabilit des solutions nouvelles que
peu souponnent aujourdhui. En tous cas, il n y a pas grand risque prtiser que lEspagne ne sera pas comme le disent certains une rpu
bourgeoise. Cest mconnatre entirement notre conformation historiqu
de croire cela... tout annonce au contraire que lEspagne arrivera sorg
comme un peuple de travailleurs... Et le manifeste termine en ex
implacablement laccomplissement du par destin espagnol, et non pasautre, invent ou emprunt .
Tout cela Jean Cassou le disait depuis bien longtemps tous ceune voulaient pas lentendre. On a sans doute lu son magnifique Homm
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Ce que lEspagne a dunique cest prcisment la notion quelle a dunique, une notion particulire et inviolable. Cassou la connat et la
Bien mieux, il nous la fait comprendre et nous entrane dans sa foi. Mencore, il nous donne le moyen de la dcouvrir. Son tude sur la littr
espagnole moderne, appuye dune prface et dun appendice qui nous inc
cette dcouverte, ne contient que le ncessaire : le stimulant qui nous po
mieux connatre lEspagne, quelques esquisses rapides, nettes, parfois
lentes; puis des noms, des titres de: livres espagnols traduits, et mm
noms des diteurs. Cette prcision me plat. Ce petit volume de deux
pages devient tout coup indispensable, surtout si lon sait quel poi
littrature (qui dans une socit platement bourgeoise nest trop sou
quune distraction strile) est, en Espagne, vivante, prs de la terre, un moine du peuple, une expression puissante et vraie non pas dune cparticulire mais de la race.
LIVRES A LIRE : Discours sur le plan quinquennal, par Stapubl. librair ie Val oi s). Le pians dint ervention contre l US. S., par Ren IWaugal (Documents de la Russie Neuve, 66 Lepic, Paris.
Deux livres de documentation : des chiffres sur la construction sovitdes dtails sur le procs des intellectuels Moscou. Ce procs lU.R.S.S. v
lui donner toute la publicit possiblq parce qu il tablissait 1 que des cent
de techniciens systmatiquement organiss, avaient fortement sabot le quinquennal; 2 quils taient appuys par une organisation internati
dont le but est de lutter par tous les moyens, y compris la guerre, c
lU.R.S.S. Le dsir de faire connatre ce procs ne rencontra dans le mentier que le silence. La seule thse officielle que lon admt partout fut
ci : ce procs ntait quune mise en scne destine camoufler lche
plan quinquennal, et les aveux des coupables ntaient que des menso
de complices ou le rsultat de tortures. M. Maugal dmontre que
thse est fausse... dailleurs six mois nont pas encore pass, et personn
peut plus croire lchec du plan quinquennal...
EDOUARD DUJARDIN : Grandeur et Dcadence de la cri t iqurnovation. Le cas de labb Turmel (Albert Messlin, d.)
P i bibli i l l b
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quon appelle les Ecritures, ne nous met pas en contact avec cet inconna aucune valeur de vrit.
Un texte authentique nest donc pas authentique du fait quil a t par X... ou par Y... mais lorsque son auteur, quel quait t son tat
la crit en prenant conscience de donnes qui jusque l navaient pas m
dans la conscience humaine. De ce point de vue l, des textes diffrents
mme auteur peuvent tre les uns authentiques et les autres non.
Dans labsurde controverse au sujet de Bacon et de Shakespeare l
dfinitif fut que si Bacon a t lauteur des uvres de Shakespeare il
qu appeler Bacon Shakespeare et ne plus en parler. Les ouvragM. Henri Delafosse sont ennuyeux, et lon est tent de rpondre plaisam
ses controverses striles que si Paul tait Marcion le plus simple
une fois pour toutes dappeler Marcion Paul, et que les livres de M.
fosse luimme sont tels quils sont, bien que nous sachions aujourdhu
M. Delafosse est labb (excommuni) Turmel.
Non. Le rle du savant est beaucoup plus grave. Certes il doit disce qui appartient tel auteur, et ce qui appartient tel autre, et ce dis
ment nous est prcieux lorsquil traite de ralits et non pas de thartificielles. Lintuition potique dun lecteur non prvenu nest certain
pas capable de dgager de textes considrablement altrs rien que ce qprcieux et tout ce qui est prcieux et de le rassembler en une unit
savant doit dcouvrir et tailler le diamant. Il doit tre la fois sav
pote, et aimer le texte quil tudie. Que M. Edouard Dujardin soit do
merci. Il est humain. Nous attendons beaucoup de lui. Nous attendons critique rnove quelle nous donne des textes authentiques et des concl
authentiques.
c. S.
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L I B R A I R I E
JOS CORTI6, RUE DE CLICHY - PARIS-IX
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LES CAHIERS DU SUD
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