Carhaix-Plouguer (29). Impasse de l'aqueduc romain ...

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Impasse de Vaqueduc romain (parcelles AD. 239, 420, 421) CARHAIX-PLOUGUER (29 024 377) (Finistère) DFS de sondages archéologiques 20/09 - 24/09/1999 Sous la direction de Gaétan Le Cloirec A.F.A.N. RENNES : S.R.A. Bretagne 1999

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Impasse de Vaqueduc romain (parcelles AD. 239, 420, 421)

CARHAIX-PLOUGUER

(29 024 377) (Finistère)

DFS de sondages archéologiques 20/09 - 24/09/1999

Sous la direction de

Gaétan Le Cloirec

A.F.A.N.

RENNES : S.R.A. Bretagne 1999

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FICHE SIGNALETIQUE 1 4 OCT. 1999

LOCALISATION DE L'OPÉRATION

SITE n° 29 024 377 Département Finistère COMMUNE : Carhaix-Plouguer

Lieu dit ou adresse : impasse de l'aqueduc romain

Année cadastre : Section(s) et parcelle(s) : AD. 239, 420, 421 Coordonnées Lambert Zone : Altitude :

x1 = 162,075 x2 = x3 =

y1 = 1081,25 y2 = y3 =

IDENTITE DE L'OPERATION

Autorisation n° 1999/081 valable du 20/09 au 30/09/1999 Nature: EV SP SU

TITULAIRE (nom et prénom) : LE CLOIREC Gaétan Organisme de rattachement : AFAN

Propriétaire du terrain : M. et Mme Ollu Protection juridique :

Motif de l'opération : évaluation préalable à un projet de construction d'une maison individuelle

Maître d'ouvrage : Coût global de l'opération :

Contraintes techniques particulières :

Surface fouillée : 80 m2 Surface estimée du site : m2

( dans la ou les parcelles concernées par l'opération)

Emprise menacée entièrement fouillée : OUI NON

Fouille menée jusqu'au substrat : OUI NON Sinon, altitude du fond de fouille :

RÉSULTATS SCIENTIFIQUES

MOTS CLES : (3 à 5 par rubrique)

- Chronologie : époque romaine

- Vestiges immobiliers : chaussée, cour, fossés, fosse, drain ?, sol en argile

- Vestiges mobiliers : céramique (couvercle et peson notamment)

COMMENTAIRE . Vestiges d'une probable chaussée antique séparant une cour (au nord) et un espace nivellé présentant des traces d'activités artisanales (au sud).

LIEU DE DEPOT : du mobilier : des fonds documentaires : SRA Bretagne

N° des 10 à 20 diapo. les plus représentatives, fouille et mobilier) :

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES DU DFS

ANNEE : 1999 AUTEUR (nom, prénom) : Gaétan LE CLOIREC

TITRE : Impasse de l'aqueduc romain (parcelles AD. 239, 420 et 421)

Sous-titre DFS de sondages archéologiques (23/03 - 26/03/99)

Nombre de volumes : 1 nbre de pages : 20 nbre fig. : 13 nbre planches : -

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SOMMAIRE

Générique de l'opération p.2

1 . Cadre de l'opération p.3

1.1 - Cadre administratif et technique p.3

1.2 - Environnement archéologique p.6

1.3 - Méthode et problématique p. 8

2 . Résultats p. 10

Sondage 1_ p. 10

Sondage 2_ p. 14

Sondage 3 p. 15

Sondage 4 p. 18

3 . Conclusion P-19

Bibliographie p. 20

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GENERIQUE DE L'OPERATION

Direction :

Gaétan LE CLOIREC (AFAN, responsable de l'opération, titulaire de l'autorisation de fouille)

Intervenants :

Personnel :

Françoise LABAUNE (AFAN)

Terrassements : Jean-Yves TANGUY (municipalité de Carhaix-Plouguer) Soutien technique : M. QUENAON (municipalité de Carhaix-Plouguer)

Suivi de l'opération :

Michaël BATT (SRA Bretagne)

Identification du mobilier :

Françoise LABAUNE (AFAN)

Réalisation du DFS :

Gaétan LE CLOIREC (AFAN)

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1. Cadre de l'opération

1.1 - Cadre administratif et technique

Les parcelles cadastrales AD. 239, 420 et 421 ont fait l'objet d'une évaluation archéologique réalisée entre le 20 et le 24 septembre 1999. Cette intervention préalable à la vente du terrain visait à déterminer si des contraintes liées à la présence de vestiges seraient imposées dans le cadre d'une future construction.

Localisée dans la partie est de la ville (fig. 1), l'emprise concernée ne dépasse pas 510 m2. Elle se compose d'un terrain quadrangulaire de 400 m enclavé dans un îlot urbain et d'un espace allongé de 110 m2 permettant d'y accéder (fig. 2). Le simple jardin privé qui occupe cette surface est équipé d'allées périphériques en ciment et d'un chenil construit en parpaings dans sa partie ouest. Alors que ces aménagements restent très modestes et peu fondés, le reste du terrain ne semble avoir subi aucun bouleversement.

Deux archéologues de l'Association pour les Fouilles Archéologiques Nationales ont réalisé ce diagnostic dans des conditions climatiques difficiles (averses violentes pendant toute la durée de l'intervention).

Le tractopelle municipal a été mis à disposition pendant 5 heures pour ouvrir les tranchées.

Le relevé des structures et la fouille ponctuelle de certaines d'entre elles ont ensuite été réalisés en 3 jours.

Enfin, le conditionnement des données de fouille et la rédaction du DFS ont été effectués par le responsable d'opération pendant deux semaines de post-fouille.

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Fig. 1 : localisation du site sur la carte IGN au !/25000e

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Fig. 2 : localisation des sondages dans le cadastre actuel (section AD, parcelles n° 420, 421 et 239).

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1.2 - Environnement archéologique

Le terrain se trouve dans la partie est de l'emprise supposée de la ville antique, entre les deux collines qui en marquent le relief dans sa partie est (fig. 3).

Plusieurs mentions signalent ici des découvertes anciennes (fig. 4). La plus spectaculaire concerne l'ensemble des terrains limité par la rue Poincaré, la rue de l'aqueduc romain, l'impasse de l'aqueduc et la rue Clémenceau. L'abbé Roland indique en effet « des pierres rangées les unes sur les autres jusqu'à une grande profondeur, formant ainsi un superbe travail d'art. De plus, les rangées supérieures formaient une immense surface plane. Ce qu'il y a également de remarquable, c'est que les pierres de la couche supérieure portaient des traces bien visibles de scellement ». Ces blocs auraient été utilisés dans les fondations de l'église Saint-Trémeur construite en 1882. Rolland affirme également qu'il y a «dans ce même champ un très grand réservoir circulaire mesurant 1,40 m ou 1,50 m de profondeur et environ 7 ou 8 mètres de diamètre, suivant ce qu'on a pu en juger approximativement, après quelques tentatives de fouilles ; les rebords intérieurs de cette vasque sont en briques, tandis que le fond du bassin est en ciment» (Rolland 1900, 67, 82-83). La localisation de ces éléments reste malheureusement imprécise et la surface indiquée est trop vaste (anciennes parcelles n° 59, 60 et 61 ) pour privilégier aujourd'hui tel ou tel terrain.

Des observations relativement récentes confirment toutefois que le secteur est bel et bien urbanisé pendant la période romaine.

La fouille du cabinet médical, réalisée en trois interventions successives, a notamment dévoilé l'existence d'une riche domus équipée d'hypocaustes et décorée d'enduits peints (Sanquer 1979, 61-65 ; Sanquer 1981, 323 ; Galliou 1987, 28, 30, n° 8.8, n° 8.10 ; Cotten 1985,146, n° 345 ; Galliou 1989,46,49, 50-54 ; Batt 1992,29).

Au début de cette année, une évaluation archéologique dirigée par Catherine Hervé-Legeard a révélé la présence de constructions antiques au-delà de la rue de l'aqueduc romain repoussant ainsi les limites de l'agglomération encore plus à l'est.

Du côté ouest, les mentions de découvertes sont plus laconiques mais l'observation de quelques murs (Sanquer 1976, 37), la mise au jour de blocs de pierre rectangulaires (éléments architecturaux ?) (Sanquer 1978, 41-50) et la présence de statues et de mosaïques supposent pourtant l'existence d'un bâti conséquent. On nous a également signalé la découverte de « colonnes » dans une cave toute proche mais nous n'avons pas pu vérifier la valeur de cette information lors de notre séjour à Carhaix. Nous tenterons de réaliser cette visite à l'occasion d'une prochaine opération dans la capitale du Poher.

Plus au sud, un empierrement repéré dans une zone humide (parcelle AD. 262) pourrait signaler le passage d'une rue.

Pour finir, n'oublions pas de signaler la proximité du tronçon d'aqueduc classé Monument Historique dans le haut de la rue de l'aqueduc romain. Le terrain concerné par notre intervention se trouve à environ 150 m en contrebas. A ce niveau, l'eau circule dans des conduites raccordées au château d'eau principal qui est supposé se trouver dans le haut de la rue de Bazeilles.

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fig. 3 : localisation du site dans l'emprise supposée de la ville antique

1. Tronçon de l'aqueduc classé Monument Historique 2. Domus du cabinet médical 3. Vestiges de constructions antiques 4 et 5. Murs repérés lors de la construction d'immeuble 6. Blocs architecturaux et bassin signalé au XIXe siècle 7. Fragments de statue et mosaïque 8. Empierrement dans une zone humide

fig. 4 : localisation du site parmi les découvertes réalisées dans le secteur

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1.4 - Méthode et problématique

Dans la parcelle 239, la présence des allées en ciment et du chenil représentait une contrainte qui empêchait de sonder les bords de l'emprise. La présence d'arbustes dans la partie centrale du terrain limitait également les déplacements de l'engin. Une destruction de ces végétaux aurait engendré des problèmes de stockage des branchages et gêné les manoeuvres. Nous avons donc pris le parti de réaliser des tranchées qui contournent cet obstacle en utilisant l'espace central pour stocker les déblais. L'épaisseur importante de terre végétale rencontrée ne nous a pas fait regretter ce choix.

Dans la parcelle 421, le sondage a été effectué le long de la limite orientale de la parcelle afin de ne pas déstabiliser les fondations du mur mitoyen qui se trouve du côté ouest.

Bien que la configuration actuelle des lieux ait largement influé sur la disposition des sondages, la réalisation de grandes tranchées orientées selon les points cardinaux pouvait laisser espérer la mise en évidence d'indices linéaires susceptibles de préciser l'organisation urbaine de ce secteur de l'agglomération.

On notera pour finir que le nivellement réalisé n'a pu être raccordé au NGF. Le point de référence le plus proche se trouve effectivement au niveau de la rue des Martyrs, ce qui exige un cheminement conséquent que nous n'avons pu effectuer pendant la durée de la phase de terrain et que rendait difficile les mauvaises conditions météo. Un point de référence correspondant à une altitude 0 a donc été fixé à la base du pilier oriental de l'entrée piétonne qui permet l'accès à la maison placée dans la parcelle AD. 230.

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TRANCHEE 1

substrat

A -1,89 m

A - 1.03 i

1,60 m chaussée

'. A - 1,52 W& ' " o O °

espace de circulation empierré

oO 6».

A -0.96/

TRANCHEE 3

• -un

Zone recouverte d'une épaisseur d'argile verdâtre damée en surface

1 1

A -2,36/ Solin ou drain

A -2,25 m A -2,35 m Coupe • -

- A - 2.24 m Surface piétinnée du paléosol

substrat — — Coupe • Coupe _

- A -1.96 m A -1.98 m

A -2 51 m -

j A - 2:17nk 1 i- A - 2.09 m — —

j A - 2:17nk 1

A - 1.04 I

TRANCHEE 4 Fossé non fouillé dans ce sondage , 1

_ J 1

A -2.19 m A -2.26 m A -2.26 m

A -0.95/

Note : Les points altimétriques se réfèrent à une altitude 0 établie à la base du pilier ouest de l'entrée piétonne de la parcelle 230.

A - 1,11 !

2 m

Fig. 5 : plan des vestiges.

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2. Résultats

Sondage 1

Longueur : 14,5 m Profondeur moyenne : 0,70 m

Cette tranchée a été réalisée dans la parcelle AD. 239 logiquement destinée à permettre l'accès à la future construction.

Un remblai de blocs de schiste et de traces de mortier est apparu à environ 0,50 m de la surface. Ce niveau recouvre des vestiges en place sur une épaisseur moyenne de 0,15 m.

Une surface empierrée parfaitement plane a ainsi été mise en évidence dans toute la moitié nord du sondage (fig. 6). Elle se compose d'une couche de pierres tassées et compactées qui offre une surface parfaitement stable. Deux traces de rubéfactions ont été repérées contre la coupe orientale. A ces seuls endroits, la présence de fragments de tuiles laisse supposer des aménagements de foyers intentionnels. Un trou de poteau a également été repéré en nettoyant ce niveau. Sa faible profondeur (0,15 m) incite à y voir un aménagement postérieur qui aurait recoupé ici le sol empierré.

Ce niveau, qui correspond vraisemblablement à un espace de cour, est limité du côté sud par un fossé large de 1,20 m et profond de 50 cm (fig. 7). Le fond est comblé d'une couche grisâtre qui se détache difficilement sur le terrain naturel. Cette observation est symptomatique des fossés ouverts dans lesquels l'eau a stagné. Le reste du comblement se compose d'un remblai de terre marron mêlée de quelques pierres dont certaines présentent une surface usée. Ces dernières peuvent provenir de la surface empierrée qui se trouve au sud du fossé, confirmant ainsi un lien chronologique direct entre les deux aménagements.

Ce niveau de circulation méridional diffèrent du premier espace décrit plus haut par la présence de gros blocs de schiste (fig. 8). Sa largeur ne dépasse pas 2,50 m mais la présence d'une vaste échancrure dans sa partie sud suggère des bouleversements importants qui peuvent masquer son ampleur réelle. L'idée qu'elle longe le fossé permet d'y reconnaître un axe est-ouest dont il est cependant difficile d'apprécier le place dans l'urbanisme.

Le substrat est directement apparu à l'extrémité sud du sondage, indiquant ainsi que cette zone est restée vierge de tout aménagement important.

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Fig. 6 : vue générale du sondage l vers le sud. On y distingue les deux empierrements séparés par un fossé orienté est-ouest (non fouillé ici). L'espace de circulation qui apparaît au premier plan semble correspondre à une cour alors que le second niveau pourrait être interprété comme une petite voie décumane. (cliché G. Le Cloirec)

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Fig. 7 : sondage effectué dans le fossé mis en évidence dans la tranchée 1 (cliché G. Le Cloirec).

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Fig. 8 : détail des vestiges mis au jour dans le sondage 1. Au premier plan, les pierres usées de la probable voirie (cliché G. Le Cloirec).

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Cette tranchée n'a livré aucun aménagement particulier. Toutefois, le sommet du paléosol s'y distingue nettement par une surface parfaitement plane retrouvée à 0,90 m sous le niveau actuel (fig. 9). Elle est scellée ici encore par le remblai de pierres de schiste repéré dans le sondage 1. Le terrain pourrait donc avoir servi de sol extérieur avant l'épandage de cette couche. Celle-ci ne semble pas destinée à l'établissement d'une nouvelle phase d'occupation mais paraît plutôt marquer la destruction de bâtiments voisins et supposer, dans ce cas, l'abandon des lieux dans le cadre de l'urbanisme antique. Cette idée est confortée par une accumulation de terre végétale qui recouvre l'ensemble sur 0,60 m à 0,70 m d'épaisseur.

Fig. 9 : coupe nord du sondage 2. On y distingue trois niveaux à partir de l'affleurement du substrat visible dans la partie basse du cliché (cliché G. Le Cloirec).

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Plusieurs installations sont apparues sous 1 m de terre végétale marron parfaitement homogène.

La surface piétinée du paléosol a été retrouvée dans la partie nord de la tranchée telle qu'elle a été mise en évidence dans le sondage 2. Un peu plus au sud, elle est recouverte d'une couche d'argile grisâtre de 5 à 6 cm d'épaisseur (fig. 10). Sa surface très compacte présente une fine couche de terre noirâtre dans laquelle ont été retrouvés quelques tessons. L'ensemble, dont les limites restent relativement floues, pourrait correspondre à l'aménagement d'une surface de travail extérieure telle qu'on a l'habitude d'en rencontrer dans les contextes artisanaux.

Cette couche d'argile vient combler une fosse mise en évidence dans la partie centrale du sondage. Elle n'a pu être fouillée intégralement car elle se prolonge vers l'est au-delà de l'emprise de notre tranchée 3 (fig. 11). Le fond de cette structure présente des traces de rubéfaction qui supposent le rejet de cendres chaudes (plutôt que la présence d'un foyer). Une couche de charbons de bois est d'ailleurs à signaler à ce niveau. Au-dessus, le comblement de terre brune a livré quelques tessons qui permettent d'établir une datation. L'ensemble est effectivement homogène puisqu'on y rencontre des fragments de parois fines engobées sablés, des bords d'amphore Dressel 20 et Dressel 2/4, un fond d'amphore gauloise 4, un tesson de sigillée type Drag. 29 du sud et un autre de type Drag. 18 du centre. Tout se tient dans une fourchette chronologique qui va des Flaviens au milieu du Ile siècle de notre ère. Par ailleurs, la mise au jour de quelques scories de fer et d'un peson en terre cuite supposent la proximité d'activités artisanales. On retiendra également la découverte d'un important fragment de couvercle en céramique commune à pâte sombre (fig. 12). Cet élément prend une valeur particulière au regard des modestes tessons recensés jusqu'ici.

La couche d'argile qui recouvre la structure s'y est affaissée, créant une dépression qui a été comblée par un petit remblai de terre brune.

Une structure linéaire recoupe ensuite la surface en argile (fig. 10). Orientée est-ouest, elle se compose d'une tranchée de 20 cm de large et de 15 cm de profondeur comblée de pierres de schiste, de petits blocs de granit, de fragments de tuiles et de tessons de céramique. L'ensemble est isolé et pourrait correspondre, par conséquent, à un simple drain.

Une autre structure a été mise en évidence à l'extrémité sud du sondage. Large de 60 cm, elle présente un profil vaguement semi-circulaire. La découverte d'un tesson de faïence dans son comblement permet de lui attribuer une datation très récente (probablement XXe siècle ap. J.-C.). Son orientation s'aligne d'ailleurs sur le bord méridional du terrain qui se trouve à moins de 2 m au sud. Cette limite parcellaire apparaît déjà sur le cadastre de 1819 mais son orientation suit pourtant l'alignement habituel des vestiges antiques.

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Fig. 10 : tranchée comblée de pierres dans le sondage 3 (drains ?). Sur la droite du cliché on peut voir les vestiges du niveau d'argile installé sur le paléosol. Un terrassement trop profond l'a fait disparaître dans la partie centrale de la photo (cliché G. Le Cloirec).

Fig. 11 : fosse du 1er siècle ap. J.-C. fouillée contre la coupe orientale du sondage 3.

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Fig. 12 : couvercle et peson recueillis dans la fosse fouillée dans le sondage 3 (dessin et DAO F. Labaune).

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La seule structure mise au jour dans ce sondage correspond au prolongement du fossé découvert dans la partie méridionale du sondage 3. Il est apparu contre le côté nord de la tranchée sous une épaisseur de terre végétale d'environ 1 m (fig. 13). Sa parfaite lisibilité dans le substrat nous a permis de relever son orientation avec précision.

Fig. 13 : vue générale du sondage 4 vers l'ouest. Le comblement d'un fossé orienté est-ouest s'y distingue nettement au niveau du substrat de schiste altéré (cliché G. Le Cloirec).

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3. Conclusion

Les vestiges mis en lumière lors de ce diagnostic ne trahissent pas l'existence d'ensembles urbains très importants malgré la proximité de constructions antiques parfaitement attestées. Ils soulignent néanmoins une occupation de cette zone dès le 1er siècle de notre ère et confirment ici encore le respect des axes habituels de la trame antique. A ce titre, la découverte d'une petite chaussée orientée est-ouest est un indice supplémentaire pour nous aider à comprendre l'organisation mise en place par l'autorité romaine.

Les quelques structures retrouvées au sud témoignent d'activités artisanales de la même époque. Leur ampleur semble toutefois limitée à la vue de nos découvertes. Celles-ci pourraient éventuellement se rattacher à des travaux limités en relation avec un habitat tout proche. L'épandage de matériaux qui recouvre les sols anciens dans la partie nord de l'emprise suppose d'ailleurs la destruction de constructions maçonnées.

Dans la parcelle AD. 239, l'épaisseur moyenne de terre végétale étant d'environ 1 m, les vestiges ne seront pas menacés si l'impact des travaux n'atteint pas ce niveau. Dans la parcelle AD. 421, les aménagements apparaissent légèrement plus haut et concernent presque toute l'emprise du terrain. Considérant cette observation, il convient de prêter une attention particulière à la parcelle voisine (AD. 423) aujourd'hui en friche.

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BIBLIOGRAPHIE

Batt 1992 : BATT (M.) - Carhaix-Plouguer. Rue de l'Aqueduc romain (maison médicale), Bilan Scientifique de la région Bretagne, 1991. Rennes : 1992, p. 29.

Cotten 1985 : COTTEN (J.-Y.) - Les fibules d'Armorique aux âges du fer et à l'époque romaine. Rennes : Université de Haute Bretagne-Rennes II 1985. Mémoire de maîtrise inédit.

Galliou 1987 : GALLIOU (P.) et al. - Catalogue de l'exposition : Aux origines de Carhaix. 1987. 58 p.

Galliou 1989 : GALLIOU (P.) - Carte archéologique de la Gaule : Finistère 29, sous dir. PROVOST ( M). 1989, p. 43-55.

Hervé-Legeard 1994 : HERVE-LEGEARD (C.) - Carte archéologique de la commune de Carhaix-Plouguer. Inédit. Rennes : Service Régional de l'Archéologie, 1994.

Rolland 1900 : ROLLAND (L.) - Aqueduc romain de Carhaix. BSAF, T. XXVII, 1900, p. 55-96.

Sanquer 1976 : SANQUER (R.) - Chronique d'archéologie antique et médiévale : Carhaix. BSAF, T. CIV, 1976, p.37-39.

Sanquer 1978 : SANQUER (R.) - Chronique d'archéologie antique et médiévale : Carhaix. BSAF, T. CVI, 1978, p. 41-50.

Sanquer 1979 : SANQUER (R.) - Chronique d'archéologie antique et médiévale : Carhaix. BSAF, T. CVII, 1979, p. 61-65.

Sanquer 1981 : SANQUER (R.) - Notice : Carhaix, informations, Gallia, T. 39, 1981, p.323.