Atours et détours de « l’info 2.0 »A nouvelles technologies, nouvelle communication institutionnelle ?

Pascal LARDELLIER, Professeur (Université de Bourgogne) et auteur (Fnac.com)

- L’objectif : décrire le nouveau statut de l’information, ses circuits (la métaphore du « flipper »), les contraintes et potentialités des messages numériques

- La multiplicité des approches possibles et les impasses, à mon sens

- Méthode, sources et plan

- La question stratégique : une information crédible, très bien. Mais comment rendre celle-ci d’abord visible, puis lisible ?

- Partons d’une schéma de communication classique pour vous…

Pour cadrer le propos….

Afin de bien s’entendre sur les mots….

- Dans le contexte de l’administration publique, nous considérons comme « information » toute donnée pertinente dont la collecte, le traitement, l’interprétation et l’utilisation concourent à la réalisation d’une mission gouvernementale, régionale et départementale

- Un message est un ensemble de signes impliquant donc un codage par l’émetteur, et un décodage par le récepteur, d’où la nécessité d'un code commun

- Crédible : qui peut être cru, digne de foi

Quelles sont les conséquences de la rupture d’étanchéité des tuyaux médiatiques ?

- Historiquement, la communication institutionnelle plutôt fondée sur un modèle top/down

- Ce schéma « émetteur/récepteur(s) » se trouve remis en question par les réseaux numériques, avec des implications fortes. Désormais, le pull complète le push

- Les médias traditionnels ne sont pas remplacés, mais complétés par les nouveaux médias. Une consommation médiatique sélective, augmentée et frustrante…

- Nous sommes entrés dans une ère de « désintermédiations », ou de « dés-institutionnalisation »

Quelques constats d’usages sur perceptions et pratiques d’Internet et des TIC

- Le Net, est un formidable « accélérateur de particularités » : en vertu des affinités socio-culturelles, homophilie et endogamie numériquement assistées

- Essor du « narcissisme numériquement assisté »

- Un nouveau paradigme émerge « en ligne » : le « ludisme ». Et plus largement la gamification

- Peu d’Internautes produisent du contenu. La TRES grande majorité regarde des images, recherche de l’info, la trie et la lit : 1%/8%/89%

De même…

- Des médias chronophages et addictifs

- Un gap entre autres générationnel s’est fait jour dans l’utilisation des TIC. Ou les trois fractures…

- Du culte de l’amateur à une certaine « délégitimation » de la parole professionnelle

- Une auto-formation généralisée, des processus de « rétro-socialisation » à l’oeuvre…

- … et le grand succès de la « communication masquée »… Un nouveau paradigme relationnel s’est mis en place

Les spécificités des « infos 2.0 »

- La valeur de l’information subit une paradoxale inflation et dévaluation : au centre de multiples enjeux, « elle n’a pas de prix » (cf. la « veille ») et pourtant elle est gratuite….

- Une information désormais largement désymbolisée (Le Figaro)

- surabondante (l’« infobésité »), se donnant en deux clics, et de plus en plus difficilement accessible. Et donc mal (ou pas) lue

- Sur l’utilisation de Google : 36% des Internautes s’arrêtent à la première référence, 2% vont jusqu’à la 10%!

- Partielle, souvent partiale et surtout pas hiérarchisée…

- collaborative, interactive et participative : l’éditorialisation comme outil d’empowerment des citoyens

- personnalisable : le « sur mesure » du Net

- à taux d’obsolescence très élevé

- volatile techniquement : à saute-mouton sur les médias. Et maintenant le clouding…

- Inscrite dans une temporalité radicalement différente : immédiateté, instantanéité, hyper-réactivité

Une information qui est aussi…

- … souvent juste vraisemblable : la question de la confiance posée là. Car beaucoup de données numériques se promènent sans domiciliation fixe. Et puis les fakes, trolls et la parodisation numérique

- une nouvelle ère du soupçon ouverte en ligne, des infos peu vérifiables et de toute façon peu vérifiées…

- « SMS-isation » et « Tweetisation » de l’info : pour être lue, l’info doit être courte, synthétique, visuelle, ludique…

- Les modalités cognitives, les rythmes et la temporalités sont différents, face au papier et à l’écran

- Des bouteilles à la mer aux bouteilles à l’encre…

Flots et flux, rythmes et rites d’information

- En fait, notre rapport à l’information s’est trouvé déritualisé (cf. le Hegel du journal quotidien)

- Alors, la « théorie du flipper » ? En tout cas, les « robinets à infos » nous saturent et nous désorientent

- il me semble important – et stratégique - de remettre de la distance, de la hauteur et de la lenteur dans la diffusion des informations, afin de ne pas les dévaluer, et de rendre les messages remarquables

- Ceci semble correspondre à un mouvement sociétal plus large

En guise de conclusion…

- Le territoire, miroir de la culture, du cœur et de l’identité

- Relevons la grande appétence des publics pour l’information de proximité (PQR), et la résistance du papier et de la diffusion traditionnelle

- De même, l’institution est garante de stabilité, dans un monde en métamorphose accélérée

- De nécessaires compromis, mais pas trop de compromissions au « technologisme », afin de garder le cap des missions impartissant aux agents publics…

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