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CANNES, LE 25 MAI 2019 Jour 10 : Intermezzo brûlant, corps désirants, deux cents personnes sur un seul tapis volant. Je sors ce soir. par Philippe Azoury, Romain Charbon, Toma Clarac, Constance Dovergne et Olivier Séguret (aka Vanity 5). 1 h 35 Nous sommes tous encore ici. Tous pour la pre- mière fois réunis, abasourdis, unis ou divisés, peu im- porte... Un film vient, enfin, de créer quelque chose. Est-ce un film ? Sont-ce nos vies ? Est-ce la fin du festival ou son début ? Mektoub, my love : intermezzo remet les pendules à l’heure, brouillant tout ce qu’on croyait savoir de l’espace et du temps, réussit à faire communauté – c’était devenu si rare à Cannes que l’événement est his- torique. Il est même parvenu à créer deux communautés rivales. (Suite page 2 ) NE PAS JETER SUR LA VOIE PUBLIQUE QUOTIDIEN #10 Margot Robbie (photographiée en Chanel par Julien Mignot) une de nos étoiles de Cannes 2019. Les autres sont page 3.

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CANNES, LE 25 MAI 2019Jour 10 : Intermezzo brûlant, corps désirants, deux cents personnes sur un seul tapis volant. Je sors ce soir.par Philippe Azoury, Romain Charbon, Toma Clarac, Constance Dovergne et Olivier Séguret (aka Vanity 5).

1 h 35 Nous sommes tous encore ici. Tous pour la pre-mière fois réunis, abasourdis, unis ou divisés, peu im-porte... Un film vient, enfin, de créer quelque chose. Est-ce un film ? Sont-ce nos vies ? Est-ce la fin du festival ou son début ? Mektoub, my love : intermezzo remet les pendules à l’heure, brouillant tout ce qu’on croyait savoir de l’espace et du temps, réussit à faire commu nauté – c’était devenu si rare à Cannes que l’événement est his-torique. Il est même parvenu à créer deux communautés rivales. (Suite page 2 )

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QUOTIDIEN #10

Margot Robbie (photographiée en Chanel par Julien Mignot) une de nos étoiles de Cannes 2019. Les autres sont page 3.

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Que s’est-il passé, vendredi soir, entre 22 heures et 1 h 30 du matin ? Un film a troué le ciel de Cannes. Son passage a suscité le même type de fièvre que La Maman et la Putain (de Jean Eustache) en 1973. Même feu, même haine, même ferveur à la vie à la mort pour ceux qui surent y voir un chef-d’œuvre. Et comme La Maman et la Putain, Mektoub, my love : intermezzo n’est pas le film d’un scan-dale ou d’une scène ; c’est un film qui vous absorbe dans sa globalité, vous porte à l’extase – ou vous choque.

Sa déjà « fameuse scène », où un homme lèche une femme (la belle affaire !) en long, en large et en tra-vers des toilettes d’un club (dans lequel le film s’enferme trois heures durant), n’est d’ailleurs, au fond, qu’un pré-texte offert comme sur un plateau à ceux qui n’aiment pas que le cinéma soit la vie en mieux. Tous ceux donc qui n’ont rien à dire au cinéma peuvent se cacher der-rière cette scène, son scandale supposé, aussi bêtement qu’ils le firent avec Le Diable au corps de Marco Bel-locchio en 1986 ! Ça leur évite de se connaître tels qu’ils sont : aveugles et sourds. Par ailleurs, le film n’est pas plus « grand » d’avoir osé cela : il est grand dans chacun de ses instants, dans sa façon d’être érogène entièrement ; grand car c’est un film impossible à faire, à tenir et qu’Ab-dellatif Kechiche pourtant a fait, et longuement tenu, et

ENFIN, LE FEUCannes n’avait pas connu ça depuis longtemps : le scandale, mais surtout la majesté avec laquelle Abdellatif Kechiche a remis hier tout le cinéma à sa place. Mektoub, my love : intermezzo est grand, radicalement grand.Critique Philippe Azoury et Olivier Séguret

qu’il aurait pu le tenir plus longtemps encore. Mais sur cette longueur, ne croyez pas ce qu’on vous raconte : Mektoub 2 est un haïku. Il n’a que quatre vers. La fille, la plage, le club et l’aube. Voilà, c’est fini : quatre séquences et au revoir. Ça n’a pas duré trois heures et demie : cela dure depuis 1994, époque que le récit se choisit, ou de-puis l’éternité, puisqu’il n’est question ici que de corps, de vie, de fertilité, de destin, d’amour... Et nous savons tous, à cette échelle, que notre passage ici-bas ne dure que le temps d’une étincelle. Alors, on recompte : ce film a duré douze mille secondes d’éternité, douze mille étincelles en quatre temps et des millions de plans.

Tout se tient : le cinéma d’Abdellatif Kechiche est quan-tique. Son espace et son temps ne répondent pas aux lois de la physique générale du « film ». Il dilate, réfracte, densifie à l’extrême, puis fait disparaître jusqu’à la notion même de scène, produisant un continuum de transe sco-pique qui nous donne comme jamais le sentiment que la nuit – cette nuit – est à nous.

Il incruste aussi, dans cette glaise palpitante malaxée autour des fes-siers et des poitrines, les pierres pré-cieuses de dialogues souvent fémi-nins et formidablement féministes, même quand ce sont de beaux ba-lèzes musculeux qui les chantent. Les femmes de Kechiche sont formi-dables. Personne, cette année, ne joue techniquement mieux la tra-gédie et sa danse qu’Ophélie Bau, Lou Luttiau, Marie Bernard, Alexia Chardard et Hafsia Herzi. Ne pas le voir, ne pas l’entendre, sous pré-texte qu’il y a des culs à l’image, c’est ne rien deviner de ce qu’un

film fabrique entre ses grandes lignes, dans le pli de ses détails. Et ce film-là n’est que minutie, il teste sur nous chaque sensation, mixe la fatigue et le sentiment d’ex-tase. Rien ici qui ne soit pas contrôlé. Désolé mais le pro-cès précuit en « male gazing » ne tient pas. Non, dans la nuit, tous les chats ne sont pas gris, et c’est le féminin qui se distingue ici. Ne pas le voir, c’est ne rien avoir appris dans le noir du club.

Ici, sous le martèlement extrême de bronze et d’or que fait pleuvoir Kechiche sur nos cristallins, dans ce déluge d’éclats, il finit par se produire une suspension, ou une trouée, par où s’échappe le cinéma lui-même. Si l’art de demain est celui de la fuite, Kechiche en est déjà le prophète qui produit au cœur de Cannes une évasion générale du cinéma, de la séance, vers quelque chose de neuf, durable, impossible à contenir dans la bulle d’un film. �Mektoub, my love : intermezzo d’Abdellatif Kechiche. Sélection officielle, en compétition.

Des couples risquent de se déchirer, des amitiés de trente ans se fissurer avec ce film. Quand vos potes ont réussi à entrer et que vous vous êtes fait refouler à l’entrée de la boîte, à qui faut-il en vouloir ? Au physio ? Au club ? À vos amis ? Ou à vous-mêmes ? Kechiche aura posé la seule question existentielle qui vaille. Chargé de désir, le groupe (entre cent et deux cents personnes, pas mal d’amis) se dirige vers le Vertigo. Mektoub 3, nous voilà !

2 h 02 Au bar, Toma C s’entête à décrire à une inconnue les mille et une merveilles de notre appartement connecté. « Même les toilettes ! J’te jure... » Elle fait semblant de cher-cher quelqu’un du regard. « Tu sais, c’est comme dans le film de Benoît Forgeard à la Quinzaine : l’histoire d’Yves, un réfri-gé ra teur intelligent. Nous, on a Bruno, c’est un four. Il est doté d’un écran pour observer la cuisson des aliments. » La fille, sur un ton rica neur : « Comme un four normal, quoi... » Elle ne comprend pas. Dans Yves, le four vit chez Jérém’ (William Lebghil), un rappeur pavillon naire minable. Il fait les courses et la conversation. Surtout, il anticipe les désirs de son hôte. Absurde ? Pas vraiment : voyez YouTube et ses algorithmes personnalisés. La domination des robots n’est pas une menace lointaine ; elle est notre quotidien, dans toute sa bouffonne trivialité. Ça vaut bien une nouvelle tournée de vodkas-to’. « Finalement, la limite du Forgeard, c’est que la palette de jeu d’un frigo, c’est pas exac tement un buffet illimité », lance un aspirateur aigri qui avait postulé pour le rôle : « Tati avait su faire des anomalies du progrès un levier burlesque. Yves me fait plus penser à une compil’ de pastilles humoristiques.

– Ouais, mais une très bonne compil’. On va danser ? »

2 h 20 Une assis-tante fatiguée à son photographe : « Tiens, y a Schwarzie.

– Non, c’est Stal-lone, chérie »

Ni l’un ni l’autre  : c’était Bryan. Ah non ! Brandon, du Vertigo.

2 h 42 « Le tapis volant avec Brandon qui fait Aladdin en lipdub bant Ce rêve bleu, ça reste le grand moment de ce festival. C’est hyper bien fait. »

3 h 28 Olivier, encore ému par cette réinterprétation drag d’Aladdin, essaye de nous convaincre de la beauté du dernier Bel-locchio : « Malgré sa cruciale importance

historique, sa machi ne rie narrative surpuissante, ses vagues d’émotions fortes, la rage, le désespoir politique que le film nous fait partager et, surtout, malgré l’impériale incarnation de Pierfrancesco Favino dans le rôle du parrain défroqué Tom-maso Buscetta, Le Traître nous laisse d’abord et avant tout avec une grande question critique : c’est quoi, le réalisme ? » Les yeux plongés dans une piscine, on se souvient l’avoir entendu poursuivre : « Toute la force du film à la fois crépusculaire et lu-mineux de Marco Bellocchio tient peut-être dans le degré inouï et presque magique de réalisme obtenu avec tant de dextérité dans le maniement des arti fices. Archives télé, reconstitution au millimètre, mimétisme des acteurs, mais aussi scènes res-tituées selon des chorégraphies imaginaires : le ruban du réel n’est jamais rompu par la frénésie du film. Même lorsque ce-lui-ci est fini, ce ruban semble se prolonger hors les murs de la salle et il nous redépose sans hiatus sur le tapis roulant de nos vies. »

3 h 35 Entendant parler d’Italie, le coiffeur transalpin Ro-berto D’Antonio s’approche. Il se sait menacé, mais tient à bra-ver l’omerta : « À Cannes, vous savez, les actrices n’ont pas for-cément le temps de se laver les cheveux entre deux interviews. »

3 h 59 Constance envoie un SMS sincère à Ophélie Bau : « Le film nous a laissés sur le cul ! »

4 h 08 La Chocha, la génialissime directrice artistique du Vertigo et réalisatrice du culte et lesbien Qui a peur de Vagina Wolf ?, nous raconte que la police est venue la veille : « C’était génial ! »

4 h 20 La gobeuse d’ecsta’ est de retour, plus perdue que jamais. Ce n’est pas comme si on ne l’avait pas prévenue.

4 h 29 Sur la scène du Vertigo, une armée de journa-listes chauffés à blanc par le Kechiche qui, choix pas très catho lique, s’ouvrait sur cette citation du Livre de Jéré-mie : « Ils ont des yeux et ne voient pas ; ils ont des oreilles et n’entendent pas. » Nous, on a des yeux et des oreilles, mais on se passerait bien de voir et d’entendre les rapproche-ments physiques improbables, voire contre-nature de nos confrères de la presse parisienne qui, se croyant protégés par le relatif anonymat de la lumière stroboscopique, sont à deux doigts de rejouer la scène des chiottes de Mektoub.

4 h 32 Le DJ, les voyant, joue French Kiss de Lil’ Louis : « Huuuummmmmmmmmmmmmmm. »

4 h 47 Adrien, qu’on avait rencontré chez Agnès B un jour où traînaient aussi Isabelle Huppert et Jeanne Added, nous ra-conte à quel point il est amoureux de son mec. Jeanne Added avoue un crush pour Adrien : « T’es sûr-sûr qu’il est pas hétéro ? »

5 h 02 Le nez en l’air et les yeux mi-clos sur la piste, Jacky G, extatique : « Je viens de me rendre compte que ça fait plus de six heures qu’on danse dans un club ! » Je viens de me rendre compte que ça ne fait que six heures que je danse dans un club.

5 h 17 Conversation hispanique au sommet entre Albert Serra et Elena López Riera : « Le plus grand mystère de la mise en scène, la seule difficulté, c’est de diriger les acteurs. Le reste, c’est du vent. »

5 h 20 Sosie de Michel Onfray aperçu à une table du Vertigo. Il a dû confondre l’endroit avec l’université populaire de Cannes.

5 h 29 #jesuiscuni

6 h 37 Tant que Philippe A est là je reste, se dit-on les yeux endormis en le repérant au bar du dancefloor dans un somp-tueux kimono. Mais quand a-t-il trouvé le temps de se changer ? « C’est pas Philippe », souffle Theo R en robe de soirée. Faut croire que ce n’était pas Theo non plus. Dans la rue, on a du mal à reconnaître Cannes. Ça fait combien de temps qu’on est là, déjà ? Et on est où au fait ?

7 h 01 Check matinal, au sortir du club, des commentaires sur la page Facebook de Vanity Fair à propos de la couverture Ophélie Bau (qui nous avait accordé sa seule et unique inter-view cannoise) : « Treize minutes de cunnilingus en gros plan à Cannes ! En plein ramadan ! »

8 heures Le dernier numéro de ce premier Vanity Fair quotidien Cannes sort de l’imprimerie. Vanity 5 ne veut pas rentrer. Vanity 5 ne veut pas se quitter. On recommence ? �

Au Vertigo, une armée de journalistes chauffés à blanc.

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Marie (Bernard) et les garçons dans le club de Kechiche.

2 VANITY FAIR 24 MAI 2019

CRITIQUES

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« ELLE EST OÙ, LA MER ? (FIN) »C’était l’avant-dernier soir. En entrant dans la suite Chanel, à la vue des vêtements Barrie, du bleu d’une veste, on se disait que le festival s’était écoulé comme le rêve d’une vie. On se souviendra longtemps des discussions sur la terrasse, surtout le soir où les refoulés de la projo du Tarantino s’y étaient installés. Le soleil revenait, les palmiers étaient calmes, la mer réapparaissait d’entre les nuages. Alors, elle est où, la mer ? Elle est là.

UNE SAISON CANNOISE par Julien Mignot pour Vanity Fair Retour en images sur nos moments forts du festival : 1. Mais oui, c’est sûr, de dos, c’est Elle (Fanning). 2. Mati Diop (Atlantique) croise Damien Bonnard et Alexis Manenti (Les Misérables). 3. Leïla Bekhti (La Fameuse Invasion des ours en Sicile) a trouvé la voix. 4. Léa Seydoux illumine Roubaix. 5. Bravo au gagnant du concours de sosies de Rami Malek imitant Freddie Mercury. 6. Ophélie Bau, chez nous et nulle part ailleurs. 7. En hommage à Tarantino, les Vanity 5 rejouent Reservoir Dogs à Cannes. 8. Le bonheur de Xavier Dolan après la présentation de sa maman à Julien Mignot sur la terrasse d’Albane.

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Le top 5 des Vanity 5, toutes sélections confonduesWILD PALMS

PHILIPPE AZOURY1. Mektoub, my love : intermezzo d’Abdellatif Kechiche 2. Liberté d’Albert Serra 3. Roubaix, une lumière d’Arnaud Desplechin 4. Douleur et Gloire de Pedro Almodóvar 5. Parasite de Bong Joon-hoROMAIN CHARBON 1. Douleur et Gloire de Pedro Almodóvar 2. Parasite de Bong Joon-ho 3. Les Siffleurs de Corneliu Porumboiu 4. It Must Be Heaven d’Elia Suleiman 5. Chambre 212 de Christophe HonoréTOMA CLARAC1. Bacurau de Kleber Mendonça Filho 2. Douleur et Gloire de Pedro Almodóvar 3. Le Daim de Quentin Dupieux 4. Mektoub,

Votre rencontre avec Justine Triet a été comme un coup de foudre. Votre amitié a-t-elle bouleversé votre manière de travailler ?Notre rencontre est simple comme une évidence. J’ai eu aussi-tôt envie de connaître son monde, de lui voler tous ses amis ! À l’époque de Victoria, c’était le travail qui nous avait réunies. La relation s’était bâtie sur le film et son héroïne nous avait servi de lien. Là, c’est un peu l’inverse. La question était : « Qu’est-ce qu’on va faire de notre relation maintenant ? » Ça s’est dessiné très facilement, même si j’ai eu peur, un temps, qu’elle ne me confie plus ses envies. Je lui disais souvent : « Telle actrice est géniale. Tu devrais travailler avec elle », comme s’il fallait exor-ciser quelque chose. J’avais peur que le projet qu’elle pourrait porter avec une autre soit une affaire taboue entre nous, alors

un truc en commun avec Sibyl. Dans les rôles qu’elle joue, tout a beau être complètement défait, ses cheveux restent incroyables – et ce n’est pas anecdotique. Sibyl va mal, mais sa situation n’est pas catastrophique. Son mec n’est pas navrant ; les enfants sont cools : on pourrait considérer qu’il y a pire. Mais c’est justement là que se joue quelque chose de moins lisible. Un truc que Justine ne laisse pas filtrer. Elle est dans la drôlerie tout le temps. C’est un vrai personnage burlesque qui pose des questions absurdes aux gens, mais ce n’est pas non plus le prototype de la fofolle.

On se demande à qui ses personnages ressemblent le plus.Dans Victoria, il m’est arrivé d’imiter Justine par moments, mais je dois bien être là, quelque part. Ça vaut aussi pour le film de Paul Verhoeven [Benedetta, sortie prévue en 2020], même si je ne suis pas une nonne lesbienne de la Renaissance obsédée par Jésus. Ou pour Un amour impossible. Le film de Catherine Cor-sini trimbale une mélancolie et j’ai pu puiser dans la mienne.

Sibyl est-il un film de famille ?Si c’est l’idée que notre propre intimité est intéressante et qu’elle se suffit à elle-même, alors non. On était souvent entre proches sur le tournage. Ça donne des choses amusantes, mais la ques-tion c’est plutôt : à quel moment ça peut être intéressant et à quel moment ça devient dangereux ? En règle générale, ça nous a facilité la vie. On s’est débarrassé des politesses superflues. Ce qui ne veut pas dire qu’on se parlait mal, mais qu’on pouvait se dire les choses. Et dans les scènes avec Niels [Schneider, son compagnon], on a pu s’appuyer sur une confiance préexistante.

Le film s’est construit au montage. Comment avez-vous navigué dans cette chronologie éclatée ?À l’instinct. L’avantage, dans ce cas, pour un acteur, c’est qu’il n’est jamais vraiment en position de trop penser son personnage. Quelque chose de lui reste étranger. Il faut avoir confiance dans le metteur en scène, bien sûr. La séquence au Stromboli, par exemple, était extrêmement floue pour moi. Pourquoi arrive-t-elle dans cette fête ? Pourquoi couche-t-elle avec Gaspard Ulliel sur la plage ? Mais, après tout, Sibyl le sait-elle elle-même ? Il y a du plaisir à se perdre dans ses méandres.

Stromboli, le volcan, c’est pour Rosselini/Bergman ?Justine voulait un lieu qu’on ne voit pas souvent dans le cinéma français. Elle voulait une plage très exotique, des palmiers, une eau claire... L’occasion de tourner à Stromboli est arrivée plus tard, mais ça a ouvert quelque chose. On sent que c’est un en-droit chargé. Le lieu ouvre une correspondance possible, mais le but n’était pas de dire : « Regardez comme on est intelligents. »

C’est votre première en compétition dans un rôle principal. Ça veut dire quelque chose ?Victoria, à la Semaine de la critique, avait été une expérience marquante. J’avais surtout fait des films de marché jusque-là, avec des choses très chouettes dedans, mais d’un coup, on me disait que j’avais fait un film anormal, ce qui répondait à un désir profond. Je suis mal à l’aise dans les moments chargés de sym-boles, mais le rite cannois avait un sens. Là, j’imagine que c’est un peu la même chose, avec une exposition dix fois plus forte. �Sibyl de Justine Triet. Sélection officielle, en compétition.

que ça ne me pose aucun problème... Enfin, je crois (rires). On a un rapport équilibré. Avant le film, je lui avais suggéré qu’on reprenne un peu de distance ; je ne sais pas si on l’a vraiment fait. Le regard qu’elle a porté sur moi a changé ma vie de manière très concrète. Elle pourrait tout me demander ou presque. Je ne connais pas ma limite avec elle.

Victoria n’allait pas très bien. Sibyl va encore plus mal…Vous voulez dire qu’on a franchi un cap ? Il ne faudrait pas qu’on en fasse un troisième : ça va finir en corbillard... Justine est très attirée par l’idée de la chute. C’est quelque chose d’existentiel, mais aussi de physique. On a beaucoup discuté de la manière de chuter de Gena Rowlands. On a revu Opening Night. Il y a

Virginie Efiraà Cannesle 24 mai.

« On a beaucoup discuté de la manière

de chuter de Gena Rowlands »

Avec Sibyl, Virginie Efira retrouve Justine Triet pour

un nouveau portrait de femme au bord de la crise nerfs.

Interview Toma Clarac Photographie Julien Mignot

Édité par Les publications Condé Nast SA (3, avenue Hoche, Paris VIII e).

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Yves Bougon DIRECTEUR DES RÉDACTIONS Joseph Ghosn CONSEILLER ÉDITORIAL Michel Denisot ÉDITEUR Francesca Colin RÉDACTEUR EN CHEF Philippe Azoury RÉDACTRICE EN CHEF MODE Camille Bidault-Waddington DIRECTION ARTISTIQUE Géraldine Richard, Yorgo Tloupas ICONOGRAPHIE Rémy Pasquier ÉDITION Vincent TruffyJOURNALISTES Romain Charbon, Toma Clarac, Constance Dovergne, Olivier Séguret PHOTOGRAPHIE Julien Mignot avec Ava du Parc, Camille Vivier (poster) PRODUCTION PHOTO DE MODE Marie Champenois FABRICATION ET DIFFUSION Francis Dufour, Anna Graindorge, Romain Marty, Fabien Miont, Cécile Revenu IMPRESSION Riccobono (Le Muy, Var) PAPIER Origine Pologne. 0 % de fibres recyclées. Ptot 0,27 kgtonne COMMISSION PARITAIRE 0723K91918.

QUOTIDIEN

Dix ans : c’est le temps qu’il aura fallu à Elia Suleiman pour revenir au cinéma. La dernière fois, c’était en 2009 avec Le Temps qu’il reste. Benjamin Netanyahou venait d’être élu à la tête d’Israël et, depuis lors, on ne peut pas dire que la situation se soit arrangée. Son pays, la Pales-tine, Suleiman l’avait déjà quitté pour s’installer à Paris, après un passage à New York. Aujourd’hui, c’est donc entre Nazareth, sa ville natale, Paris (le film est tourné dans son propre appar tement) et New York que se dé-roule l’action d’It Must Be Heaven, journal d’exil à la sauce burlesque : du Buster Keaton explosif, ou peu s’en faut. La Palestine est un pays qui n’existe pas, ou à l’existence rela-tive, empêchée, encerclée. Mais c’est toujours à la Pales-tine comme nation qu’Elia Suleiman est ramené : « Vous

PARADIS PERDUDepuis dix ans, Elia Suleiman, le Buster Keaton de Nazareth, ne filmait plus. Il cherchait une terre d’exil, avant de s’apercevoir que le monde entier est devenu palestinien. It Must Be Heaven est une bonne nouvelle.Critique Romain Charbon

êtes le premier Palestinien que je rencontre ! Karafat is my man ! » s’extasie un chauffeur de taxi à New York. Dans une scène hilarante et amère, un producteur français (joué par Vincent Maraval, le patron de Wild Bunch) lui donne une excuse (« Votre film n’est pas assez palestinien ») pour ne pas participer à son financement. Pas assez ou trop, com-ment trouver une juste mesure quand on sait à peine com-ment être tout juste Palestinien ? Elia Suleiman est devenu, comme le dit une formule niaise, « citoyen du monde ». Il pourrait en crever. La violence du conflit israélo-palesti-nien qui émergeait dans ses précédents films, on la retrouve désor mais partout : le monde entier est devenu palestinien.

À Paris, les flics font la course aux vendeurs de roses ; à New York, les gens font leurs courses armés jusqu’aux dents. Le Temps qu’il reste s’achevait sur un constat déses-péré – Suleiman et sa vieille mère restaient assis, impas-sibles, devant une cocotte-minute prête à exploser. Cette fois, il choisit de finir son film sur la jeunesse pales ti nienne qui danse dans une boîte de nuit, peut-être le dernier re-fuge pour les utopies futures. Ou peut-être une allégorie des Palestiniens, « les seuls qui, sur cette terre, boivent pour se souvenir ». �It Must Be Heaven d’Elia Suleiman. Sélection officielle, en compétition.

my love : intermezzo d’Abdellatif Kechiche 5. Parasite de Bong Joon-ho

CONSTANCE DOVERGNE1. Mektoub, my love : intermezzo d’Abdellatif Kechiche 2. Parasite de Bong Joon-ho 3. Douleur et Gloire de Pedro Almodóvar 4. Les Misérables de Ladj Ly 5. Portrait de la jeune fille en feu de Céline « Canon » Sciamma

OLIVIER SÉGURET1. Mektoub, my love : intermezzo d’Abdellatif Kechiche 2. Liberté d’Albert Serra 3. Douleur et Gloire de Pedro Almodóvar 4. To the Moon de Laurie Anderson et Hsin-Chien Huang 5. Tlamess d’Ala Eddine Slim

6 VANITY FAIR 25 MAI 2019

RENCONTRE

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C ’est bien gentil, le festival, mais sur sa fin, un seul désir me dévaste : le quitter, et, si possible, au plus vite. Infor­ma tions propédeutiques : les différents « supports »

de presse ayant peu à peu resserré les cordons de la note de frais jusqu’à l’étranglement, les économies sur les transports sont devenues une priorité. Donc au début des années 2000, fin des retours en avion de Nice. Et début des exodes en TGV.Comme aux débuts du cinéma, tout commence par l’arrivée d’un train en gare de Cannes.

Sur les visages des voyageurs qui attendent sur le quai, la triple couche de lunettes noires est de rigueur. Pour masquer les tombereaux de cernes sous les yeux ou pour ne pas mon­trer, pire bouffissure, qu’on a pleuré. Le festival de Cannes s’apparentant à une gigantesque crise de nerfs, il y a toujours, c’est fatal, quelqu’un qui pleure. Parce que, tu sais quoi ? on en crève de ne pas se parler !

Dans une atmosphère qui n’est pas sans évoquer la dé­bâcle de juin 1940, nos bagages ont été hâtivement bouclés, voire ficelés à la diable avec un tendeur. Dans l’interstice des fermetures dépassent bien des choses, dont certaines vraiment sales. Les habitués savent qu’il faut voyager léger. Les débutants sont, eux, cernés par une malle­cabine, trois valises, un sac à dos, un nombre important de pochons en plastique où ils ont serré la farandole des produits locaux (huile d’olive première pression à froid, farigoulette « de nos gar rigues », bouquet de mimosas) et, chic oblige, un sac à main de marque, tombé du camion. Plus rare (mais ça s’est vu), le caniche abricot kidnappé sur la Croisette et malha­bilement maquillé en doberman.

En sus de leurs nombreux et encombrants bagages, certains ne conçoivent pas de quitter Cannes les mains vides. Il y a les sérieux qui ont dû tripler leur sac pour y caser la doc’, dossiers de presse et autres bidules de promotion. Il y a les pas­sérieux qui n’ont pas résisté à un ultime achat coup de cœur à prix bisou dans une boutique de la rue d’Antibes. Comment ça, il me boudine mon string Hermès ?

Il y eut aussi ce jeune gars admirable bien qu’un peu chif­fonné du Brushing, qui ne conçoit pas de rentrer à Paris sans sa chaise. Chaise longue ? Pas du tout. Chaise à porteurs ? Presque. Il s’agit un effet d’une chaise de style Louis XV, revi­si tée par une assise fuchsia et des montants en Plexiglas. On

« comme un ouragan », elle s’imaginait chanteuse, répondit à un intervieweur qui lui demandait si elle avait déjà chanté a cappella : « À Cappella ? Non, je n’y suis jamais allée. » Bruno se remet à pleurer, mais cette fois pas à cause du blues.

Le TGV de la joie, c’est aussi l’occasion de rencontrer des vedettes. Notamment certains gagnants de la palme d’or. Gus Van Sant par exemple, récompensé en 2003 pour Ele-phant. Pas fier, il fait la queue comme tout le monde au bar du TGV. Mais l’attente s’éternise par la faute d’un serveur qui s’embrouille dans les commandes. L’Américain taci­turne s’impatiente, puis s’énerve, jusqu’à sortir la palme d’or de son sac de voyage pour la poser vivement sur le comptoir du bar. Le bibelot pesant un certain poids, cela fait un bruit mat et sourd. Ce qui n’a pas l’heur d’émouvoir le barman fou­traque : « Si tu crois que tu vas m’impressionner avec ton pied de lampe ! » « Fuck you » fut la réponse de Gus Van Sant qui replia bagage et palme d’or et s’en alla bouder à sa place.

Très sympathique aussi, en 2008, toujours au bar du TGV, Laurent Cantet qui fête en famille (femme et enfants) sa palme pour Entre les murs, en tentant l’aventure de la formule entrée, plat et dessert, dite « gastronomique ». Autant dire : salade blette, croque­monsieur en caoutchouc et salade de fruits bla­fards, le tout arrosé d’une bouteille d’un vin « en provenance de différents pays de la Communauté européenne ». « C’est le festival qui rince ? » ose­t­on lui demander. « Pas vraiment ! répond Laurent. Une fois ta palme d’or dans le tiroir, tu peux toujours te brosser pour les prolongations. »

Apichatpong Weerasethakul est lui aussi en train de redes­cendre sur terre quand on le découvre, en 2010, assis en se­conde classe et pourtant palmé d’or pour Oncle Boonmee. Son film est sous­titré : « Celui qui se souvient de ses vies anté­rieures. » Le jeune Apichatpong a tout l’air d’être dans cet état. Il dort comme un enfant radieux, sa palme d’or, tel un nounours, serrée contre son cœur. À quoi peut­il bien songer, ce bel au bois dormant ? Pour le savoir, je vais dormir.

Mais il est déjà trop tard pour rêver. Soudain un aver tis­sement primesautier grésille à nos oreilles : « Vous êtes arrivés à Paris­gare de Lyon, assurez­vous que vous n’avez rien oublié à votre place... » Tous les ans, dans les haut­parleurs du TGV, c’est le même rappel à l’ordre en forme de déconfiture. Ça y est, c’est fini. Et comme au dénouement d’une colonie de vacances , sur le quai les adieux sont bouleversants et humides. On promet de s’envoyer des cartes postales ; on se fait un ul­time selfie ; « tu me redonnes ton 06 ? » Pour ma part, je conclu­rais comme je concluais toutes mes rédactions au temps de la communale : « Nous rentrâmes fatigués mais contents. » �La Foire aux vanités de Gérard Lefort (éditions Hors Collection).

comprend sa détermination. C’est exaltant, et je le lui dis. Ce qui encourage le jeune esthète aux prises avec un employé de la SNCF qui n’est pas du tout d’accord pour qu’il voyage avec sa Louis XV. « Vous voyez, dit le jeune homme, monsieur m’approuve ! » (« Monsieur », c’est moi.) Et il se met à hurler dans une gamme de suraigus tout à fait singulière. De guerre lasse et les tympans vrillés, l’employé de la SNCF lâche sa proie. Le jeune homme aura ainsi le bonheur exclusif, sourire béat aux lèvres, de trôner sur sa Louis XV jusqu’au terminus de la gare de Lyon où son débarquement sera triomphal, salué par les youyous de son copain venu l’accueillir : « Putain, la chaise ! J’hallucine ! »

À l’occasion de ces exodes, il y a aussi un cher collègue qui, chaque année, remporte la palme d’or du faux départ, soit parce qu’il ne s’est pas réveillé, soit parce qu’il s’est laissé enfer mer dans un appartement dont il a perdu les clés, soit parce qu’il s’est trompé de direction. Ce qui ne l’empêche pas de bombarder ses amis de textos enthousiastes : « Venez, c’est génial, qu’est­ce que vous foutez ? Il y a un max de place ! » Oui, sans doute, on arrive, mais pas tout de suite. Tu vas d’abord descendre vite fait de ce train qui ne va pas à Paris mais vers la frontière italienne.

Cet égarement de parcours étant résolu, nous voilà enfin partis dans le bon sens, celui de la capitale, plus ou moins entas sés les uns sur les autres. Certains incorrigibles conti­nuent à éditorialiser sur le festival, d’autres s’absentent dans les mots croisés du Monde. Mais la majorité des passagers ci­devant festivaliers entament une sieste roborative qui s’achèvera cinq heures trente plus tard à la gare de Lyon.

Rupture de caténaire oblige, il est aussi arrivé que notre TGV soit très en retard. Et même détourné sur une voie de garage. Un haut­parleur nous prévient que la halte impromp­tue risque de durer. Tout le monde descend. Dans une gare ru­rale en forme de cul­de­sac. Mais la partie de campagne s’an­nonce sous l’heureux auspice d’un bistroquet tenu par un sosie de Barbara. Ce qui m’incite à réviser a cappella « Dis ! Quand reviendras­tu ? / Dis ! Au moins le sais­tuuuuuuuu ? » Cette improvisation met les larmes aux yeux de Bruno Icher, mon compagnon de zinc, lui aussi toujours sous l’emprise lacry­mo gène du festival. C’est à peine si j’arrive à ravoir Bruno en lui racontant comment Stéphanie de Monaco, à l’époque où

L’auteur sous son meilleur profil.

Partir, c’est revenirQuand tu aimes, il faut finir... Au terme de ce périple

de trente-cinq ans de festival et dix numéros de Vanity Fair quotidien, il est temps, pour Gérard Lefort, de prendre

le train du retour en espérant faire mieux l’année prochaine.

7VANITY FAIR 25 MAI 2019

EN MÉMOIRE

Page 7: CANNES, LE 25 MAI 2019merlin.vogue.fr/uploads/mediafiles/201921/daily_cannes...3 h 35 Entendant parler d’Italie, le coiffeur transalpin Ro - berto D’Antonio s’approche. Il se