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VÉGÉTAUX

La canne à sucre résisteen Guadeloupe

Marie-Françoise ZÉBUSFrançois CAUSERET

INRA Antilles-Guyane Unité

agropédoclimatiquede la zone Caraïbe

Malgré une perte d’importance, le secteur de la canne à sucre garde uneplace significative dans l’agriculture et l’industrie agroalimentaire enGuadeloupe.Cette filière présente de nombreux avantages en termes de multifonc-tionnalité dans le cadre d’un développement rural comme dans celui del’ensemble de l’économie : revenu du travail élevé (activité de pluriactif),revenu d’appoint, revenu sûr, entretien du paysage. L’importance de laprestation de service dans cette filière particulièrement organisée luiconfère un rôle structurant pour le milieu rural en termes de création derevenu et de prestation de services aux autres productions agricoles. Desurcroît, la culture de canne à sucre ne présente pas de problèmes envi-ronnementaux majeurs, y compris pour les industries associées.Cette filière apparaît ainsi intéressante à maintenir y compris dans le cadred’une diversification de l’économie. Cependant, elle est fortement fragi-lisée par sa dépendance aux soutiens publics, par la libéralisation encours du marché communautaire du sucre et du rhum.

La canne : culture n° 1

La canne à sucre est la première espècecultivée de l’archipel guadeloupéen par l’espacede production et l’emploi associé : en 2005,elle occupe 27 % de la surface agricole (34 %en 2000) et toujours 41 % des agriculteurs, soit4 250 planteurs en 2005. Cette culture vivrièreprocure un revenu à un nombre important detravailleurs, salariés ou non, pour des travauxallant de la culture et de la prestation de ser-vice au transport et à la transformation.La production annuelle de canne à sucres’établit à 902 milliers de tonnes en 2005 ;entre 1990 et 2000, elle a oscillé entre

480 000 et 800 000 tonnes et la moyenne étaitde 670 000 tonnes. Le rendement a augmentéau cours des vingt-cinq dernières années pas-sant de 44 tonnes par hectare en moyenneentre 1981 et 1985 à 63 en moyenneentre 2000 et 2006 ; l’année 1990 a connu unrendement exceptionnellement bas de 30tonnes à l’hectare. Le rendement le plus élevéest de 77 tonnes à l’hectare en 2004. L’amé-lioration structurelle est due à l’utilisationd’engrais et l’irrigation pour une partie de larécolte ; mais les fluctuations assez fortestémoignent des aléas climatiques (cyclone,sécheresse). L’irrigation permettrait de régu-ler les rendements en cas de sécheresse.

AGRESTE CAHIERS 1

* Cet article a été rédigéavant le passage ducyclone « Dean » qui afait des dégâts impor-tants.

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2 AGRESTE CAHIERS

La Guadeloupe et la Martinique, d’anciennes « îles à sucre »

L’exploitation de la canne dont le sucre est extraitcommence, dans toute la Caraïbe insulaire, auXVIIe siècle. Elle est intensive pour répondre àl’engouement pour le café dont la saveur amère estadoucie par le sucre ainsi que pour le cacaoconsommé sous forme de chocolat.En Guadeloupe et à la Martinique, le cycle de lacanne à sucre a succédé, au XVIIe siècle, à ceux del’indigo et du tabac. La culture de la canne a côtoyécelles du café, du cacao et de la vanille cantonnées,alors, aux terres impropres à la canne à sucre. Lacanne est la seule culture pour le sucre jusqu’à laconcurrence par la betterave sucrière métropolitaineau milieu du XIXe siècle.Ces « économies de plantation » connaissent la sur-exploitation de la main-d’œuvre et des sols (plusieursrécoltes annuelles). Ces économies extraverties oùles ressources sont monopolisées pour la productionde biens à exporter vers l’Europe, se sont dévelop-pées jusqu’à la moitié du XXe siècle. L’objectif de laminimisation du coût de la main-d’œuvre y est pri-mordial que ce soit avec l’esclavage ou par la consti-tution de véritables « sociétés de plantation ». Celles-cimaintiennent une organisation sociale de type colo-nial et exercent une domination écrasante, voire tota-litaire, du secteur agro-exportateur [11].

Pour la première fois de son histoire, après unepériode de croissance dans l’immédiat après-guerre,le secteur sucrier des Antilles françaises a subi dèsles années soixante une crise qui s’est soldée parune régression apparemment inexorable. En effet,l’intégration des secteurs sucriers coloniaux à l’éco-nomie sucrière métropolitaine imposait désormaisla déconnexion complète du prix du sucre des condi-tions de production du sucre de canne. La forteconcurrence de la betterave en métropole et l’exten-sion des lois sociales accompagnant la départe-mentalisation des Antilles changent les conditionsd’exploitation. De surcroît, le choix laissé enfin auxtravailleurs ruraux de leurs activités aboutissent à ladiversification de l’agriculture voire de l’économie,dans son ensemble [11].

La concentration industrielle à l’œuvre depuis le milieudu XIXe siècle a permis le maintien d’une sucrerie enMartinique et de deux sucreries en Guadeloupe. EnGuadeloupe, la petite usine sucrière de l’île de MarieGalante ne doit son existence qu’à l’impossibilité detransporter la canne en Guadeloupe « continentale »depuis cette île pour laquelle la canne à sucre est lepilier de l’agriculture.

Régression depuis les années soixante puis tendance au maintien

Évolution de la production de sucre et du nombre d’usines en Guadeloupe (1951-2004)

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20 000

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Sucre (tonnes) Nombre d'usines

200520001995199019851980197519701965196019551950

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16UsineTonne de sucre

Source : Insee, Chambre d’Agriculture, CTICS, SCEES

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AGRESTE CAHIERS 3

La filière canne-sucre-rhum

La première utilisation de la canne est l’ex-traction du sucre : deux usines transforment85 à 90 % de la récolte. De 100 tonnes decannes, on extrait en moyenne 8,8 tonnes desucre roux, rendement relativement constantdepuis les années 1950. En 2005, les usinesproduisent 72 800 tonnes de sucre brut l’andont 95 % sont exportés et raffiné en Francehexagonale, contribuant à environ 20 % de lavaleur des exportations de l’archipel. Laconsommation locale de sucre représente8 000 tonnes.

L’existence de cette filière dépend fortementdes aides publiques. Le prix à la productionde la canne est subventionné à hauteur d’envi-ron 41 % par l’État. Le prix de la canne livréeaux sucreries est fixé par une convention quin-quennale et ne varie qu’avec la richesse sac-charine, alors que les distilleries fixent leur prixplus librement. Les industriels reçoivent aussistructurellement des aides conséquentes.Dans le cadre de l’Organisation Commune duMarché du Sucre (OCM sucre), la Guadeloupebénéficie d’une garantie de prix et de com-mercialisation pour un quota A fixé, parexemple, à 113 000 tonnes en 2006 ; ce quotan’a pas été atteint. La quantité commerciali-sée reste durablement inférieure au quotadepuis le début des années 1970.

Le rhum agricole, second débouché, est pro-duit par neuf distilleries tandis que lesmélasses sont transformées en rhum indus-triel dans les deux sucreries et une distillerieindustrielle.La production annuelle moyenne de rhumdepuis 1996 est de 23 800 hectolitres d’alcoolpur (HAP) en rhum agricole et de 34 200 hec-tolitres (HAP) en rhum industriel. Environ 9 100hectolitres (HAP) de rhum léger ont été pro-duits annuellement jusqu’à 2000, année d’arrêtde fabrication de ce produit. La consomma-tion locale absorbe les quatre cinquièmes dela production du rhum agricole : elle s’élève àenviron 19 300 hectolitres (HAP) par an.Tout en étant contingentées dans le cadre dela réglementation communautaire, les expor-tations des DOM vers l’hexagone bénéficientjusqu’en 2006 d’une réduction du droitd’accise afin de soutenir la concurrence desrhums des pays tiers. Le rhum représente 6 %des exportations guadeloupéennes en valeur.La valeur de la canne à sucre dans la pro-duction agricole finale (15 % en moyenne) laplace au second rang après la bananed’exportation (25 %) ces dernières années(1999-2003). La fabrication de sucre et derhum compte pour 17 à 24 % de la valeurajoutée du secteur agroalimentaire selon lesannées. La filière canne-sucre-rhum comptepour moins de 1 % de la valeur ajoutée totaledu département [3].

Persistance des soles cannièresdans une commune sur deux

La canne à sucre est cultivée de manière signi-ficative dans 18 des 34 communes de l’archi-pel guadeloupéen, essentiellement dans leszones les moins accidentées et de basse alti-tude. Quatre bassins canniers entourent lesquatre usines les plus récentes dont deux sontencore actives : Gardel en Grande-Terre etGrand-Anse à Marie-Galante. Neuf com-munes, ayant la plus grande sole cannière,consacrent près de la moitié de leur surfaceà la canne.

Une forte décroissance s’observe dans sixcommunes avec une perte de surface can-nière de près de la moitié depuis 1981 : l’urba-nisation a généralement touché en priorité lesterres à canne souvent les plus planes. Cesont les communes de la conurbation poin-toise (Abymes, Baie-Mahault) ou limitrophes(Morne-à-l’Eau, Petit-Bourg) ou de la côte tou-ristique (Gosier, Sainte-Anne). La canne a

Définitions

OTEX : orientation technico-économique de l’exploitation.Les exploitations sont classées selon leur orientation prin-cipale : celles classées en « OTEX Canne à sucre » tirent dela production de canne à sucre au moins les deux tiers deleur marge totale.

MBS : marge brute standard. Cette notion, proche de cellede valeur ajoutée, est à la base du classement des exploita-tions, selon leur production dominante (OTEX ou orienta-tion technico-économique des exploitations) et selon leurtaille (CDEX ou classe de dimension économique des exploi-tations). La MBS totale d’une exploitation est obtenue enappliquant à chaque hectare de culture (ou de jachère) et àchaque tête d’animal un coefficient, dit « cœfficient MBS »,puis en sommant ces MBS partielles. Elle peut s’exprimeren UDE (unité de dimension européenne) ou en « équiva-lent-hectare de blé ».

UGB : unité-gros-bétail. Unité employée pour comparer ouagréger des effectifs animaux d’espèces ou de catégoriesdifférentes. Les équivalences sont basées sur les besoinsalimentaires de ces animaux ; par exemple, une vache lai-tière équivaut à une UGB, un veau de boucherie ou une truieà 0,5 UGB.

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même quasiment disparu de l’une d’entreelles, Gosier (187 hectares en 1981).

Pour deux communes, Sainte-Rose et Port-Louis, la diminution, importante entre 1981et 1989, est suivie par un « rattrapage » par-tiel lors de la deuxième période 1989-2000.Cette évolution coïncide avec les difficultésde fonctionnement des sucreries locales deGrosse-Montagne et Beauport, avant leur fer-meture (respectivement en 1995 et 1990), ainsique par les difficultés d’acheminement descannes vers les sucreries maintenues. La réor-ganisation du traitement de la canne après lafermeture de ces usines expliquerait le retourd’une partie des surfaces à la culture de lacanne.

Les communes de l’île de Marie-Galante(Grand-Bourg, Saint-Louis et Capesterre) secaractérisent par une grande stabilité de lasole cannière, cette dernière ayant mêmegagné en importance au cours des ans. Ladouble insularité, les limites à l’irrigation et la

nécessaire dépendance entre l’existenced’une sucrerie et la continuation de la culturede canne à sucre dans l’île ont rendu difficilel’émergence d’alternatives à la canne à sucre.La culture est réapparue de manière signifi-cative dans deux communes bananièrescomme assainissement des sols (Capesterre-Belle-Eau et Goyave). Près de 80 % de la sur-face en canne de ces deux communes estlocalisée dans des exploitations bananières.La monoculture de la banane d’exportationfait place à la rotation avec la canne. Cettedernière permet, dans l’alternance, d’assainirles sols infestés par les nématodes, principalfléau de la monoculture.

Diversification agricole mais lacanne résiste

Entre 1981 et 2000, la surface de culture dela canne à sucre s’est réduite d’un tiers. Dansle même temps, la surface agricole a diminuéd’un quart, celle de la banane de 41 %. La

Carte 1Dans 9 communes, la canne est cultivéesur la moitié de la surface

Source : Agreste, Recensement agricole DOM, 2000

Surface de la sole cannière localiséeau siège de l’exploitation, en 2000

Graphique 1Résistance de la sole cannière à Sainte-Rose et Port-Louis etmaintien à Marie-Galante

Source : AGRESTE, Recensements agricoles DOM, 1981, 1989, 2000

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Hectare

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200019891981

Surface de la sole cannière localisée au siège de l'exploitation

600 ha

100 ha

1 500 ha

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AGRESTE CAHIERS 5

surface de production légumière a fortementdiminué. Seules les cultures florales et frui-tières permanentes ainsi que celle de l’ana-nas se sont développées. L’évolution de larépartition des terres cultivées est donc limi-tée. La diminution des surfaces cultivées aaugmenté le poids de la superficie toujoursen herbe (36 à 41 %) et celle de la jachère.La structure, en valeur, de la production agri-cole finale montre une baisse sensible de lacontribution de la canne à sucre (21 % à15 %) alors que la part des autres culturess’accroît passant d’environ 30 % à 39 %, lepoids de l’élevage oscillant entre 20 et 25 %.Les canniers ont mis en place des culturesalternatives de melon, d’ananas… ou consa-crent une part de leur activité à l’élevage.

La sole cannière moyenne par exploitation can-nière est passée de 2,2 hectares à 2,8 hectaresentre 1981 et 2000. La surface moyenne desexploitations a diminué quand leur taille dépasse10 hectares, elle reste stable pour les exploita-tions de 5 à 10 hectares et augmente pour lesplus petites. La très forte croissance du nombre

Graphique 2La culture de la canne résiste

1981

Jachères 1 %

Canne à sucre37 %

STH 36 %

Banane15 %

Légumes/Ananas8 %

SAU : 57 323 Ha

Cultures fruitièrespermanentes 1 %

Jardins et vergersfamiliaux 1 %

1989

Jachères 2 %

Canne à sucre37 %

STH 35 %

Banane16 %

Légumes/Ananas8 %

SAU : 46 648 Ha

Cultures fruitièrespermanentes 1 %

2000

Jachères 3 %

Canne à sucre34 %

STH 41 %

Banane12 %

Légumes/Ananas8 %

SAU : 41 662 Ha

Cultures fruitièrespermanentes 1 %

Évolution de la structure de la superficie agricole utilisée (SAU)

Source : AGRESTE, Recensements agricoles DOM, 1981, 1989, 2000

Graphique 3Distribution plus équilibrée en 2000des surfaces d’exploitation

Source : AGRESTE, Recensements agricoles DOM, 1981,1989, 2000

0

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200019891981

50 hectareset plus

10 à moins de50 hectares

5 à moins de10 hectares

Moins de5 hectares

Hectare

Sole cannière selon la taille des exploitations

Tableau 1La culture de la canne perd un tiers de sa surface

Surface SurfaceÉvolution de la surface

en 1981 en 2000

hectare hectare %

Canne à sucre 20 992 14 058 – 6 934 – 33Banane 8 470 5 009 – 3 461 – 41Ananas 106 237 131 + 124Production légumière 4 756 2 938 – 1 818 – 38Production fruitière et florale 492 801 309 + 63Jachère 816 1 142 326 + 40Surface toujours en herbe 20 717 16 952 – 3 765 – 18Surface agricole utilisée 57 323 41 662 – 15 661 – 27Surface agricole totale 70 242 46 942 – 23 300 – 33

Source : AGRESTE, Recensements agricoles DOM, 1981, 2000

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des exploitations de 5 à 10 hectares contribueà la hausse de la surface moyenne. La dernièreréforme foncière a consisté dans le lotissementau cours des années 1980 de 6 724 hectares.Quelques 680 lots d’environ 9 hectares ont étécréés et, pour chacun des lots, une part de lasurface, d’au moins 60 %, est théoriquementconsacrée à la canne à sucre pour assurer lasauvegarde de l’industrie sucrière. Ainsi, lenombre des exploitations de 5 à 10 hectaresde canne passe de 103 à 508 entre 1981et 2000 et la surface qu’elles exploitent est mul-tipliée par cinq au cours de la vingtained’années. Les exploitations de 5 à 10 hectaresprennent une place déterminante dans la pro-duction de canne avec une surface totale égaleà celle de l’ensemble des producteurs installéssur des surfaces supérieures à 50 hectares. Lesgrands domaines, peu nombreux, ont perdubeaucoup de surface et ont cédé du terrain àl’urbanisation.

Le paysage des exploitations a ainsi beau-coup changé en 20 ans : la distribution forte-ment bipolaire des surfaces, en 1981, avecde très grandes exploitations et des trèspetites a fait place à une répartition plus équi-librée. En 2000, les exploitations de moins de5 hectares restent toujours majoritaires etoccupent presque la moitié de la sole totale,celles de 5 à 10 hectares de canne occupent23 % de la surface et les 14 exploitationscultivant plus de 50 hectares de canneconcentrent, aussi, 23 % de la sole totale.

« Les canniers »

En 2000, les exploitants cultivant plus d’unhectare de canne à sucre, que nous nomme-rons « canniers » sont au nombre de 3 688travaillant une surface agricole (SAU) de13 356 hectares de canne, soit les 2/3 desterres arables. Leur activité s’exerce dans desexploitations spécialisées ou non.

Seule une exploitation sur troisest spécialisée

La canne est cultivée surtout dans des exploi-tations non spécialisées ; elles ont plusieursorientations agricoles : soit « Polyculture »(27 %), soit « Grandes cultures, herbivores »(23 %). Seuls, 1 600 « canniers » (38 %) sont spécialisés dans l’« OTEX Canne àsucre », c’est-à-dire qu’ils tirent de la pro-duction cannière plus de 2/3 de la marge

Graphique 5Parmi les exploitations « cannières », les spécialisées en cannesont plus petites

Source : AGRESTE, Recensement agricole DOM, 2000

En % En % cumulé

0

5

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15

20

25

30

35

40

45

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Autres exploitations

Exploitations spécialiséesen canne à sucre

Moinsde

250 UDE

40 àmoins de250 UDE

16 àmoins de40 UDE

12 àmoins de16 UDE

8 àmoins de12 UDE

6 àmoins de

8 UDE

4 àmoins de

6 UDE

Moinsde

4 UDE

Autres exploitations

Exploitations spécialiséesen canne à sucre

0

10

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30

40

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100

Répartition des exploitations selon leur taille économique (UDE)et leur orientation (OTEX)1

(en %) (en % cumulé)

(en %) (en % cumulé)

(1) Les exploitations spécialisées sont classées en OTEX « canne à sucre » ; UDEet OTEX : voir définitionsChamp : exploitations cultivant au moins un hectare de canne à sucre

Graphique 4Deux canniers sur trois cultivent moins de 2 hectares

Source : AGRESTE, Recensement agricole DOM, 2000

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Nombre exploitations (% cumulé)

Superficie (% cumulé)Superficie

Nombre exploitations

50 hectareset

plus

10 à moinsde

50 hectares

5 à moinsde

10 hectares

3 à moinsde

5 hectares

2 à moinsde

3 hectares

1 à moinsde

2 hectares

Moinsde

1 hectare

En % En % cumulé

Nombre d’exploitations et sole cannière selon la superficie de l’exploitation

(en %)

(en %)

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AGRESTE CAHIERS 7

brute standard de l’exploitation. Avec unerentabilité de la canne à sucre faible, ces ex-ploitations spécialisées se caractérisent géné-ralement par une taille économique relative-ment faible, une surface principalementoccupée par la canne à sucre (62 % de cesexploitations ont plus de 80 % de leur SAU encanne, contre 10 % pour les exploitations can-nières ayant une autre orientation principale),un temps de présence sur l’exploitation plutôtfaible (56 % consacrent moins d’un mi-tempsà leur exploitation contre 35 % pour les autresexploitations).

La canne à sucre présente plusieurs avan-tages. Sa culture nécessite peu de moyenspour l’exploitant : aux Antilles françaises, laplupart des producteurs peuvent faire appel àla prestation de service pour les travaux du solet la récolte ; les intrants sont généralementavancés par des coopératives ; le temps detravail annuel hors récolte est inférieur à100 heures à l’hectare (moins de 16 % dutemps de travail d’un cycle de tomate). Lerevenu par hectare de la canne à sucre estrelativement faible, bien que la valeur ajoutéepuisse dépasser 2 000 €/hectare dans leszones les plus favorables. En revanche, sonrevenu horaire place cette culture dans latranche supérieure des espèces produites. Elleest également choisie pour la sécurité qu’elleprocure (prix relativement stable, ne dépen-dant que de la richesse saccharine) et l’orga-nisation forte de la filière déchargeant leproducteur de nombreuses opérations tech-niques et du financement à court terme [2].

La filière en Martinique

En Martinique, la canne à sucre est la troisième productionagricole : son poids dans la production agricole finale est de5 % quand la banane d’exportation représente 50 % et lebétail 7 % [4]. Entre 2000 et 2004, la production oscille entre180 et 239 000 tonnes et la moyenne s’élève à 215 000tonnes. En 2000, la canne à sucre est cultivée dans 4,6 %des exploitations agricoles recensées (366 parmi 8 039), sur10,3 % de la surface agricole utilisée totale (3 293 des 32 041hectares) [8]. Elle occupe ainsi seulement 4,6 % des agri-culteurs (16 % pour la banane).La canne à sucre est principalement transformée en rhum :ces dernières années 60 % de la production servent à fabri-quer le rhum dans huit distilleries agricoles (83 % du rhumproduit), une usine sucrière et une distillerie industrielle(17 %). Entre les distilleries et la sucrerie, une véritableconcurrence joue pour l’approvisionnement : la canne estpayée selon sa qualité dans les deux cas. La production rhu-mière bénéficie depuis 1996 d’une marque de qualité : uneAOC. La production moyenne de rhum depuis 2000 atteint77 700 hectolitres d’alcool pur (HAP) pour le rhum agricoleet 14 400 HAP pour le rhum industriel. La consommationlocale est de 29 %. Compte tenu de son faible niveau, la pro-duction de sucre est principalement commercialisée sur lemarché local qu’elle satisfait à un peu plus du quart [4].L’ensemble de la filière bénéficie d’un système fiscal et d’aidessimilaire à celui de la Guadeloupe.

Carte 2Les élevages bénéficient des élémentsnutritifs issus de la canne

1. UGB : voir définitions.Source : AGRESTE, Recensement agricole DOM, 2000

Localisation des élevages de ruminantsen 2000

En 2000Nombre Surface agricole

d’exploitations (SAU) hectare

Tous exploitants nombre 12 099 41 662en Guadeloupe en % 100 100

Ensemble des planteurs nombre 4 951 14 000en % 41 34

« Canniers » ou producteursexploitant au moins nombre 3 688 13 356un hectare de canne en % 31 32

« Producteurs spécialisés nombre 1 599 6 857(classés en OTEX « Canne à sucre ») en % 13 48

Producteurs exploitant 10 hectares nombre 80 4 162et plus en canne à sucre en % 2 30

Tableau 2Planteurs et canniers en Guadeloupe

Source : AGRESTE, Recensement DOM, 2000

200 UGB

2 300 UGB

6 000 UGB

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8 AGRESTE CAHIERS

L’utilisation des résidus de la canne à sucredans l’alimentation animale favorise la proxi-mité de deux spéculations. Cette proximité dela culture de la canne à sucre et des élevagesd’herbivores principalement allaitants estancienne [1]. Les exploitations produisant dela canne ont plus souvent des bovins quecelles sans canne (92 % contre 83 %), avecun troupeau légèrement plus grand enmoyenne (8,5 têtes contre 7). Différentes rai-sons peuvent expliquer cette liaison, plus fortedans le sud que dans le nord de la Basse-Terre. Dans le passé, les bovins étaient lesprincipaux animaux de trait ; certains planteurseffectuent encore leurs livraisons en « char-rette à bœufs ». Historiquement les herbivoresattachés au piquet se sont avérés être lemeilleur moyen de valoriser les rares espacesdisponibles (parcours, lisières de champs…)pour les travailleurs ruraux d’un territoire vouéà la canne à sucre [6]. Cette conduite restemajoritaire pour un élevage essentiellementallaitant, basé sur une race créole rustique etmultifonctionnelle. Par ailleurs, la canne àsucre et ses sous-produits agricoles ou indus-triels constituent une source alimentaire cru-ciale pour les herbivores pendant la saisonsèche où les disponibilités en herbe se rédui-

sent dramatiquement. La combinaison de pro-ductions classique dans la zone cannière estainsi ternaire : canne à sucre - élevage deruminants - cultures légumières ou ananas.

La canne : activité de complémentou de base ?

La canne à sucre procure un revenu stablebénéficiant des aides publiques. Les culturesalternatives, par exemple, donnent la possibi-lité d’un revenu intéressant. La pluriactivitén’est pas seulement agricole. Elle prédomineparmi les « canniers » comme dans l’ensemblede l’agriculture guadeloupéenne. Elle se repèreau temps que l’exploitant consacre à la canneet au type d’emploi complémentaire même nonagricole.Environ 40 % des canniers consacrent au plusune moitié de temps annuel à leur exploita-tion, la même proportion concerne ceux pré-sents entre un mi-temps et un temps completet près de 20 % travaillent à temps completsur l’exploitation. Ces proportions ne sont pastrès éloignées de celles relatives aux exploi-tations non cannières.Deux tiers des exploitants canniers déclarentexercer leur activité à titre principal et un tiersà titre secondaire. Pour les premiers, très peuont, en plus, une autre activité d’employés oud’ouvriers (12 % du total). Ceux pour lesquelsla culture de canne à sucre est une activitésecondaire sont employés, artisans, ouvrierset assez peu retraités.Les planteurs « canniers » ont en moyenne46 ans. La comparaison des âges des « culti-vateurs » de surfaces supérieures à un hec-tare montre que les planteurs de canne sontplus jeunes que l’ensemble des agriculteurs del’archipel guadeloupéen : ils ont en moyenne5 ans de moins. En particulier, ils sont relati-vement plus nombreux âgés de 30 à 49 ans(55 % contre 46 %) et beaucoup moins nom-breux à dépasser 60 ans (12 %).Le vieillissement d’une partie des planteurss’accompagne d’une incertitude sur l’avenirpour leurs exploitations. Plus d’un planteur decanne sur quatre (28 %) a entre 50 et 60 ans.Ainsi 40 % des « canniers » cinquantenaireset plus conduisent près de 40 % de la sole« cannière ». Parmi eux, 58 % ont une suc-cession assurée et très peu d’exploitants n’ontpas de successeur (5 %). Il reste une incerti-tude pour 37 % d’entre eux qui ne peuvent direcomment l’exploitation se poursuivra.L’usage de la comptabilité est peu répandu :très peu de planteurs « canniers » tiennent

Graphique 660 % de la sole des canniers conduitepar des producteurs de moins de 50 ans

Source : AGRESTE, Recensement agricole DOM, 2000

0

5

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Nombre de canniers (en %)

65 ans et plus

60 à64 ans

55 à59 ans

50 à54 ans

40 à49 ans

30 à 39 ans

Moins de 30 ans

En % En % cumulé

Selon l'âge du chef d'exploitation, comparaison, en nombre d'exploitations et en surface,des exploitations « cannières » et de l'ensemble des exploitations

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Toutes les exploitations (en % cumulé)

Nombre de canniers (en % cumulé)

Toutes les exploitations (en %)

Champ : exploitations cultivant au moins un hectare.

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une comptabilité (12 %), voire un simple enre-gistrement des recettes et dépenses (5 %), àl’image de l’ensemble des exploitants agricoles(respectivement 9 % et 6 %).

Conduite de la canne à sucre :mécanisation et irrigation

Les exploitations agricoles sont généralementfaiblement capitalisées en Guadeloupe : moinsde 6 % d’entre elles possèdent un tracteur àroues. La plupart des agriculteurs font appel

à des prestataires de service pour les travauxdu sol. Le recours à la prestation de serviceest plus important pour la canne à sucre quepour les autres cultures ; il est mêmesystématique pour la récolte sauf à Marie-Galante, il peut également s’étendre à d’autrestravaux. Un tracteur relativement puissant nepouvant s’amortir théoriquement que sur unminimum de 20 hectares de canne, sa pos-session, en l’absence de production légumière,implique le plus souvent la vente de presta-tions en travail du sol, en travaux d’entretienou de transport de canne. Ces travaux sont

Productions de sucre, betterave et canneLe sucre provient de la canne (77 %) et de la betterave(23 %). Il peut aussi être extrait de l’érable (Canada), du pal-mier et du cocotier (Thaïlande) et des dattes (Pakistan),actuellement en quantités faibles. Les principaux produc-teurs de sucre sont aussi les grands producteurs de canne :

le Brésil, l’Inde, la Chine, la Thaïlande, le Mexique et l’Australie.Plusieurs pays produisent du sucre provenant des deux ori-gines : les deux premiers sont la Chine et les États-Unisd’Amérique. La France, pour sa production de sucre, se classeau 9e rang mondial et au 1er rang européen.

La production mondiale de la plante de canne à sucre est de1 282 millions de tonnes. Les principaux producteurs sontle Brésil (qui transforme une part en carburant automobile),puis l’Inde suivis par la Chine, la Thaïlande et le Pakistan. Laproduction mondiale de plante de betterave est de 252 mil-

lions de tonnes. Les 4 principaux producteurs sont la France,l’Allemagne, les États-Unis et la Fédération de Russie. L’Unioneuropéenne à 27 pays contribue pour un peu plus de la moi-tié à la production mondiale (136 millions de tonnes).

RangPays

Origine2006

en 2006 du sucre

1 Brésil Canne 29 5002 Inde Canne 21 0703 Chine Betterave + canne 12 2744 États-Unis d'Amérique Betterave + canne 8 4455 Fédération de Russie Betterave + canne 5 8436 Thaïlande Canne 5 4257 Mexique Canne 5 2828 Australie Canne 5 1089 France y c DOM2 Betterave + canne 4 49310 Allemagne Betterave 3 25411 Ukraine Betterave 2 82312 Pakistan Canne 2 81313 Afrique du Sud Canne 2 51214 Colombie Canne 2 44815 Turquie Betterave 2 25016 Philippines Canne 2 16217 Argentine Canne 2 13918 Indonésie Canne 2 10019 Guatemala Canne 2 015

Union européenne à 27 Betterave + canne 17 975Monde Betterave + canne 155 399

Production mondiale de sucre1

Millier de tonnes

1. Sucre brut centrifugé.2. La Guadeloupe produit 64 milliers de tonnes, la Martinique 4 et la Réunion 225.Source : FAO, FAOSTAT

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effectués en tant qu’indépendant ou en sous-traitant d’une coopérative d’utilisation de maté-riel agricole ou d’une entreprise de travauxagricoles privée. Cette forme de pluriactivitéexplique que la proportion de propriétaires detracteurs soit plus élevée parmi les canniersque parmi l’ensemble des agriculteurs. Lavente de prestations de service fournit sou-vent un revenu significativement supérieur àcelui de la production cannière ; elle est éga-lement une manière de créer un travailattrayant pour des fils. Cette activité est géné-ralement considérée comme un prolongementnaturel de la production de canne à sucre, ycompris par les tenants d’une agriculture « pro-

fessionnelle » s’appuyant sur des agriculteursà temps plein.En 2000, seuls 365 « canniers » sont pro-priétaires d’un tracteur, soit 10 %. Ce ratio étaitestimé à plus de 15 % pour les installés de laréforme foncière en 2001 [2]. Certains peu-vent amortir ce matériel dans la productionlégumière (118 en OTEX « Légume ouPolyculture »), bananière (16 en OTEX« Banane ») ou sur une surface suffisante decanne (11 avec plus de 20 hectares de canne).Pour les 134 autres « canniers » (3,6 %), onpeut penser qu’ils travaillent à façon, comptetenu de la possession de matériel de récoltespécifique ou du nombre de leurs tracteurs.

Une plante rustique et multifonctionnelle

La canne à sucre, Saccharum Officinarum, est une graminéepluriannuelle. Elle s’implante par boutures et se récolteannuellement aux Antilles, pendant la saison sèche où sontaux de sucre est maximal. Sa durée d’implantation va de 5à 7 ans généralement en Guadeloupe. C’est une plante rus-tique dont la conduite est relativement simple. Elle présentepeu d’inconvénients pour l’environnement, elle empêchel’érosion des sols et facilite la pénétration de l’eau vers lesnappes phréatiques. Elle joue même le rôle de culture assai-nissante pour les cultures vivrières ou maraîchères et labanane d’exportation.

Ses tiges contiennent du saccharose qui est transformableen sucre par cristallisation. La canne à sucre est une desrares plantes en « C4 », caractérisées par un rendement pho-tosynthétique et un rendement de croissance remarqua-blement élevés. Aux Antilles françaises, les produits dérivésprincipaux de la canne à sucre sont le sucre et le rhum agri-cole ; ce dernier résulte de la transformation du jus de canne,(non des mélasses comme pour le rhum industriel) et estune spécificité des DOM dans la Caraïbe. Les sous-produits(dont la bagasse) sont utilisés comme source d’énergie élec-trique, comme matière première du rhum industriel ou dansl’alimentation animale. D’autres applications existent : phar-maceutique, agricole (culture de champignons).

La filière de la canne à sucre aux Antilles françaises

* À Marie-Galante, la bagasse est utilisée directement par la sucrerie pour produire une partie de ses besoins énergétiques.Il n’y a pas de centrale bagasse-charbon en Martinique.

Distillerie agricole

DistillerieindustrielleCa

nne

àsu

cre

Sucre

Bagasse

Ruminants

Jus decanne Rhum

industriel etléger

Mélasse

Rhumagricole

Jus de canne à boireCanne de bouche

Sirop batterie

Centralebagasse-charbon*

Électricité

TigeRésidus récolte

Jus decanne

Sucrerie

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Le fait que seulement 87 exploitants canniers(2,4 %) aient déclaré effectuer des travaux àfaçon hors de l’exploitation suggère que cetteactivité peut être le fait de membres de lafamille distincts du chef d’exploitation ou seréaliser dans une structure juridique différente ;la rétention d’information n’étant pas à écarter. Parmi les 405 « canniers » qui utilisent l'irri-gation, 231 seulement irriguent la canne àsucre (respectivement 11 % et 6 %). Cettetechnique n’est rentable que dans les zonesà saison sèche marquée. En Grande-Terre, ilexiste des périmètres irrigués essentiellementpour les terres de la sucrerie et dans certaineszones de la réforme foncière. L’eau d’irriga-tion est une ressource rare, sa disponibilitédiminuant justement pendant la saison sèche,dont l’utilisation implique des coûts importantsen termes d’investissement et de main-d’œuvre. Les exploitations qui irriguent la

canne comptent, en moyenne, 8 hectares soit86 % de leur sole cannière. De surcroît, parmiles « canniers » qui irriguent leurs cultures, unpeu plus du tiers seulement, soit 81 « can-niers », n'irriguent que la canne. Cette pro-portion corrobore nos observations de terrainlaissant à penser que l’irrigation a été utiliséejusqu’en 2000 en priorité soit pour des pro-ductions à haute valeur ajoutée comme lemaraîchage et les tubercules, quand la tech-nicité et l’aversion au risque de l’agriculteur lepermettaient, soit pour les prairies naturellesdont dépendait la survie des herbivores. Ainsil’irrigation de la canne permettait souvent devaloriser du matériel d’irrigation utilisé princi-palement pour d’autres cultures. La relancedu dispositif de soutien à l’irrigation en œuvredepuis le recensement a diminué le seuil derentabilité de l’irrigation de la canne.

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