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Cahiers Nanta i s n° 28 , pp 113- 119 113 LES BLEUETIERES DE LA SAGAMIE : UNEF ACON ORIGINALE DE VALORISERL'ESPACE Maje/la.J. GAUTHIER Professeur - Université du QUEBEC à CHICOUTIMI S'il est courant de dire que les cartes d'utilisation du sol en milieu rural sont le reflet de 1 'économie qui anime les populations qui y vivent , la Sagamie, notamment dans la partie nord de la région du Sague- nay - Lac - Saint - Jean au Québec , révèle un trait particu l ier . En effet , nulle part ailleurs au Québec l'on verra autant de grandes surfaces consacrées à la production commerciale de bleuets sauvages ("V accinium Angustifolia") . Comment comprendre la présence de ces bleuetières, l'organisation de la production et leur impact dans 1 'économie locale et régionale ? Voilà des interrogat ions auxq u elles il serait bon de répondre. Egalement , quelle fut la participation des populations locales dans l'implantation des bleuetières ? Leur rôle s'est - il confiné à être les spectacteurs d'un développement traditionnel ou s'est - il inspiré d'une volonté d'être les acteurs de leur propre développement , c'est - à-dire de celui qui propose des voies originales proches des communautés et qualifié de local accendant (HOUEE 1984) . 1 • UNE CULTURE RECENTE Au début des années 60 , sous l es pressions du milieu rural du Sague - nay - Lac - Saint - Jean, demandant la mise sur pied de solutions devant contrer l'exode de la population , d'améliorer le revenu des familles , de lutter contre le chômage , l ' Etat fournissait l'aide nécessaire à la création de bleuetières commerciales . Il faut dire que depuis toujou rs la cueillette de bleuets, ces m myrtilles, fa isait part ie des coutumes régionales . Des familles entières quittaient la maiso n durant près d'un mois, souvent à plus de 200 km , pour parcourir les aires forestières aya nt été l'objet de feux r écents; car la product i on de fruits est à son maximum au cours des trois ans qui su iven t le passage du feu. Il n'en fallait pas plus pour que les grandes terrasses paléodel- taiques sableuses des basses terres du lac Sa int-J ean deviennent le si te de l'implantation de ces grandes fermes puisque c'est justement sous ces latitudes que l'on retrouve l'optimum écologique de cette pla nt e (GAUTHIER 1975 et 1981) . L 'o pération a si bien marché que plus d'une vingtaine

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LES BLEUETIERES DE LA SAGAMIE : UNEF ACON ORIGINALE DE VALORISER L'ESPACE

Maje/la.J. GAUTHIER Professeur - Université du QUEBEC à CHICOUTIMI

S'il est courant de dire que les cartes d'utilisation du sol en milieu rural sont le reflet de 1 'économie qui anime les populations qui y vivent , la Sagamie, notamment dans la partie nord de la région du Sague­nay - Lac - Saint - Jean au Québec , révèle un trait particu l ier . En effet , nulle part ailleurs au Québec l'on verra autant de grandes surfaces consacrées à la production commerciale de bleuets sauvages ("V accinium Angustifolia") .

Comment comprendre la présence de ces bleuetières, l'organisation de l a production et leur impact dans 1 'économie locale et régionale ? Voilà des interrogat ions auxq uelles il serait bon de répondre. Egalement , quelle fut la participation des populations locales dans l'implantation des bleuetières ? Leur rôle s'est - il confiné à être les spectacteurs d'un développement traditionnel ou s'est - il inspiré d'une volonté d'être les acteurs de leur propre développement , c'est - à-dire de celui qui propose des voies originales proches des communautés et qualifié de local accendant (HOUEE 1984) .

1 • UNE CULTURE RECENTE

Au début des années 60 , sous l es pressions du milieu rural du Sague ­nay - Lac - Saint - Jean, demandant la mise s ur pied de solutions devant contrer l'exode de la population , d'améliorer le revenu des familles , de lutter contre le chômage , l ' Etat fournissait l'aide nécessaire à l a création de bleuetières commerciales .

Il faut dire que depuis toujou r s la cueillette de bleuets, ces m myrtilles, fa isait part i e des coutumes régionales . Des familles entières quittaient la maiso n durant près d'un mois, souvent à plus de 200 km, pour parcourir les aires forestières aya n t été l'objet de feux r écents; car la product i on de fruits est à son maximum au cours des trois ans qui su iven t le passage du feu.

Il n'en fallait pas plus pour que les grandes terrasses paléodel­taiques sableuses des basses terres du lac Sa int-J ean deviennent le si te de l'implantation de ces grandes fermes puisque c'est justement sous ces latitudes que l'on retrouve l'optimum écologique de cette pla nt e (GAUTHIER 1975 et 1981) . L 'o pération a si bien marché que plus d'une vingtaine

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d'exploitations 10 000 ha de ( fig ure 1) .

agricoles réparties terres gagnées sur

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dans la Sagamie les landes sèches

occupent et sur

2. DES INITIATIVES LOCALES SFRITES DANS UN CADRE REGIONAL

près de la forêt

L«~ rôle des populations locales dans cette vaste opération a toujours été de premier plan. D'abord , c'est au niveau des citoyens que l'intention de former un syndicat devait se cristalliser ; le cadre municipal convenait très bien pour rejoindre des individus, les amener à se grouper de maniere à former un syndicat responsable de l'aménagement des champs et capable par la suite de gérer et d'administrer l'exploitation.

Les fonds provenaient de l'entente ARDA ( Aménagement Rural et Déve ­loppement Agricole) entre Ottawa et Québec. L'encadrement technique était assuré par le Ministère de l ' Agric ulture et de la Colonisation du Québec (MACQ) qui, d'ailleurs, possédait le fond de terre et le louait aux syndi ­cats pour une somme nominale . La place de ce Ministère, appelé aujourd'hui Ministère de 1' Agriculture des Pêcheries et de l 'Alimentation du Québec (MAPAQ), dans l'organisation de la production demeure essentielle surtout quand i l s'agit de conseils agronomiques.

Les syndicats de producteurs, afin de pouvoir gérer des actifs, se sont transformés jur idiquement en coopératives de production en 1976 et voient ainsi à la gestion complète de la production. En moyenne, le nombre de membres par coopérative s'élève à 25 et varie de 10 à 70 . Par exemple, celle de Saint-Nazaire, située au nord-est d'Alma, compte 20 membres ayant fourni chacun une contribution de 500 $. Le profil des membres de la coopérative comprend encore des agriculteurs, des éleveurs laitiers et <l'embouche, mais leur importance diminue au profit des ruraux non agricoles occupant des métiers notamment liés à l'industrie forestière. Elle administre un budget de fonctionnement de 40 000 $ à 65 000 $ et engage de mai à octobre quatre personnes en plus d'un gérant.

L'opération agricole la plus essentielle et aussi parmi les plus coûteuses s'avère le brûlage cyclique des champs à l'aide de brûleurs moto risés car le bleuetier n'est vraiment productif que s'il est brûlé ( ou fauché) jusqu'au sol. Il est préférable pour maintenir une production régulière que les champs, une année sur trois , soient ainsi renouvelés. L'épandage d'herbicide occupe lui aussi une bonne part des dépenses annuelles. La coopérative doit aussi analyser les différentes sources de subventions offertes par les gouvernements fédéral et provincial, prépa ­rer des projets et à voir leur exécution .

Lors des premiers mois d'hiver, une sorte d'excitation s'empare de la population . Les spéculations sur la production de bleuets commencent . Les discussions s'enveniment au magasin général , au garage et autour de la table de cuisine. Y aura-t-il suffisamment de neige pour protéger les plants des grands froids et des grands vents ? Le printemps sera - t-il hâtif ? Quelque gel tardif s 'attaquera-t-il aux fleurs ? Aura-t-on le temps d e faire la ceuillette avant les premiers gels d'automne?

La cueillette repose sur la participa ti on de gens de conditions variées et résidant près du lieu de production. Au début, les familles d'agriculteurs éta ien t les plus nombreuses . Aujourd'hui, leur importance diminue et elles sont remplacées par des populations rurales de divers états . Le profil actuel est constitué d'un nombre important d'assistés sociaux âgés autour de 35 -4 0 ans ; les familles constituées essentiellement de femmes et d'enfants comptent pour plus de 40 % des cueilleurs et leur journée ne dure que quelques heures. Po ur leur part, les cueilleurs "professionnels" travaillent jusqu'à 10 -1 2 heures par jour. Dans les

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bleuetières la cueillette ne débute rarement avant le 15 aout pour se terminer au plus tard à la mi - septembre , c'est -à - dire à la première gel ée . On est ime que dans la Sagamie il y a entre 2 000 et 2 500 cueilleurs au cours d'une saison .

La méthode de c ue illete la plus répandue repose sur l'utilisation du "peigne" et plus rarement de la "pat te d ' ou rs" (1) . Autrement, pou r le bleu et frais destiné à la consommation immédiate l'on préfère les fru its cueillis à la main . Il est évident que les rendements et les prix payés varient selon les méthodes de cueillettes ; par exemple un bon cueilleu r à la mai n recevra de 1 , 23 $ à 1, 43 $ le kilogramme qu'il aura ramassé au ry t hme de 33 kg à l 'heur e , alors que celui qui utilise le peigne recevra de 0 , 33 $ à 0,44 $ le kilogramme même si son rythme est quatre fois plus grand .

Au cou rs des dix première s ann ées , les syndicats de pr oducteurs , maintenant devenus des coopératives , étaient regroupés en une Fédération s' occupant surtout des qu estions de commercialisation. Il y a moins d 'un an , on assistait à la transformation de cett e Fédération en un Synd i cat des producteurs de bleuets du Québec r eg roupant no n seulement les co opératives de production mais aussi les bleuetières pr1 vees ( <. 200 ha) et les bleu etières familiales (de 4 ha à 200 ha) . Cet org anisme ne s'intéresse plus à la commercialisation et se concentre uniquement sur les questions de production .

3- UNE TRANSFORMATION ORIGINALE

D'une part, les bleuets destinés à la transformation passe à plu s de 90 % par l ' usine de congélation , pro pri été de la Société Québécoise d ' Initiatives Agro-alimentaires (SOQUIA) et située à Saint-Bruno au sud d' Alma . La congélation s'avère nécessaire car le fruit se conserve très mal à l'état frais : a u maximum dix jours dans de bo nnes cond itions . Ces dernières années, 1 'usine a congelé en moyenne de 2 , 7 à 3 , 2 millions de kilogrammes seulement une seule partie de la production est à so n tour transformée en coulis de bleuets.

D'autre part, l'entrep r ise Julac de Dolbeau est la seule entreprise qu i tra ns forme les bleuets en produit fini . Ell e utilise près de 350 000 kg de bleuets par année pour produire en moyenne 350 000 litres de vin fortifié de type vermouth et une liqueur de bleuet . Elle s'approvi ­sio nn e surtout à même sa prop r e bleuetière . L' usine fait vivre une bonne demi - douzaine de pe rs onnes sur toute l'année (GAUTHIER 1984 , DUVAL et BITNER- GAUTHIER 1982) .

4 . UNE COMMERCIALISATION RAJEUNIE ET BIEN ORGANI SEE

Faisant le pendant au Syndicat des producteurs de bleuets du Québec , vient d'être mise sur pied une nouvelle co mpagnie a pp elée les Bleuets Sauvages du Québec Inc. dont le rôle est essentiellement axé sur l'achat de bleuets et leur mise en marché. La nouvelle compa gnie , dont les actionna ir es sont à la fois des individus, SOQUIA et certaines coopératives , transige plus de 80 % de la production québécoise . Cette compagnie fait en somme le lien ent r e les producteurs et les marchés d 'éco ulement . En effet, elle achète aux producteurs . Elle a même établi des contrats de gérance avec certaines coopératives ceci ne fait pas l'u nan imité et fait froncer les so ur cils de quelques membres de coopérative qui voient dans cette affaire une occasion de se lier les mains et de vendre leur âme . En ce qui concerne l ' éco ulem ent des

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produits . L'entreprise des Bleu ets Sauvages expédie à parts égales dans tout le Canad a, vers les Etats - Unis et outre - mer, notamment en Europe et au Japon.

La maison Julac est assurée de la distribution de ses vins par la Société des Alcools du Québec (SAQ) . Son seul handicap se situe au plan du marketing. Elle manque d'agressivité et d'originalité dans l'appellation de ses produits par exemple , si "Dubleuet" identifie à merveille le premier vin mis en circulation, que dire du "Monappéro" trop banalisé, mal connu et qui devrait tirer son appelation du terroir et de l 'Histoire sagamienne, avec des noms comme Mistassini , Péribonka et pourquoi pas Maria Chapdelaine ...

5. UNE IMPORTANCE ECONOMIQUE APPRECIABLE

L'industrie du bleuet génère une activité économique non négligeable en Sagamie . De landes sèches et de pinèdes peu productives, ont surgi des exploitations agricoles rentables à l'échelle micro - régionale rapportant des revenus non seulement aux entreprises et à leurs salariés mais aussi à de nombreux cueilleurs. Ces derniers, faisant partie souvent de foyers à bas revenus, utilisent les quelques centaines de dollars, quand ce n'est pas des milliers, pour arrondir les fins d'années. A ce propos , il n'es t pas rare de constater que l'achat de manuels scolaires et de l 'h abillement des enfants pour l'école dépendent des revenus de la cueillette.

Autant au niveau de la production, de la transformation que de la commercialisation plusieurs emplois sont assurés soit à plein temps ou à temps partiel , sans compte r tous les intrants nécessaires à l'industrie . L'examen de la valeur ajoutée au ~roduit permet d'affirmer qu'en moyenne la valeur du produit est multipliée par neuf. Prenons le cas d'un kilogramme de bleuets payé au cueilleur , soit 0,44 $ il sera vendu pour la con gélation à O, 66 $ ; une fois congelé il sera vendu aux grossistes à 1 , 70 $ et se retrouvera à l'épicerie au prix de 3, 96 $. On évalue que pour la Sagamie la moyenne annuelle des revenus directs s'élève à 4-5 millions de dollars et celle des revenus indirects atteint 8-10 millions de dollars .

6. UN SCHEMA SPATIAL ET DYNAMIQUE

L'organisati on de l'industrie du bleuet et les dimensions qui sont en train de la transformer peuvent prendre la forme d'un schéma ou d'un système constitué de noeuds, de lie ns et d'aires ( figure 2) . Le schéma prend sa forme dans l'espace qui, plus est , peut être qualifié de géométriquement variable . En effet, d ' abord chaque unité de production est implantée localement alors que leur regr oup ement s'étend dans un cadre régional et même provincial . Ensuite, il y a les divers éléments du schéma qu i en ra ison de leurs fonctions et de leur distribution dans l ' espace engendrent des échanges qui dépassent les limites régionales .

Le schéma est par ailleurs dynamique à deux titres . Premièrement , à cause de sa configuration en système basé sur les échanges et de ux ième ­ment de par les modifications qui se sont operees et qui continuent de se faire dans l'organisation de la production et dans le fonctionnement de l'industrie.

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a) Délaissement gr a duel de la cueillette en fo r êt

Le schéma , ceinturé par la limite supérieure des basses terres , montre un mouvement de recul de la cueillette en forêt, autant en termes absolus qu'en termes relatifs, au profit de la zone dans laquelle se retrouve la plupart des producteurs . La figure 3 indique que de 1984 à 1985 sur 100 kg de bleuets cueillis en Sagamie, respectivement 33 et 20 prove n aient de la forêt ; dire , qu'il y a 5 ans , les proportions s'élevaient à 80 %. C'est un phénomène nouveau relié aux conditions de travail en forêt, aux distances et aux prix dérisoires payés aux cueilleurs .

b ) Un e Fédé r ation r e mplacée par un Sy nd i cat profess ionn el

Le Syndicat des producteurs maintenant exclusivement sur les tous les producteurs du Québec .

de bleuets questions de

du Québec se production et

concentre regroupe

c) Conce nt r atio n dan s le s bl eu etièr e s commercia l es

La concentration de la production dans les bleuetières commerciales est due à plusieurs raisons dont la proximité des lieux de cueillette pour les populations locales, aux meilleures conditions de travail, aux prix avantageux payés et à une meilleure gestion des champs de la part des producteurs. L'année 1985 a marqué un momen t dans l'histoire de la cueillette de bleuets en Sagam i e en effet, pour la première fois , plus de 50 % de la cuei l lette totale proviennent des bleuetières commerciales.

/

RECDL TE DE EiLEUET'3 EN '.3AGAMIE *

Bleuetière commerciales sous bail Ei1 eu 8 t i ères fa rn i 1 i a l e ::; B 1 eu e t s f ra 1 s Fonit.

Tota i ,~ L

1964-19i35

1964

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300 000 300 000 9i31 J ')'1 --954 545

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530 000 100

* Les chiffres compre nnent une petite production de la Côte - Nord du Saint - Laurent surtout cueillie en forêt .

d) Des initiatives locales qui éclatent

Cet éclatement prend deux visages. L 'unse traduit par 1 ' ouverture du " membership" des coopératives non seulement aux agriculteurs

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mais aussi et de plus en pl us au x rurau x non agricoles . L'autre concerne l'extension, au - delà des limites de la municipalité , de l'ai re de provenance des cueilleurs .

e) Une ato mis at i on par l' app arit ion de pe tites explo it atio ns

La réussite réalisée par les grandes entrepr i ses de production a servi d'exemple à de nombreux individus qui ont fait éclater dans 1 'espace le concept de bleuetières aménagées . Ainsi, plusieurs dizaines de ble uetières familiales ont récemment vu le jour . De taille modeste, c'est-à - dire en géné r al inférieure à 40 ha , elles ont adopté un système de culture déjà éprouvé.

f} Une tr ansform at ion à deux volets

D'abord, une usine qui congèle et transforme les bleuts elle est le noeud le plus impor tant et le plus essentiel garantissant des approvisionnements réguliers et un pr oduit de qual i té. Puis, il y a Julac dont les vins sont distribu é s par la SAQ.

g) Créa t ion d'un nouv e l organi sme de c ommerc iali s at i on

L'entreprise Les Bleuets Sauvages le canal quasi exclusif par lequel sont transform é s sous leur initia t ive et se retrouvent sur le marché

du Québec Inc . constitue maintenant les bleuets fraichement cueillis dans l'usine propriété de SOQUIA

h) Impl ica tion de la r e cherch e univer s itair e

Depuis 1979, un groupe de chercheurs de l'Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) s'est impliqué , à la demande des producteurs , dans un projet dont l'objectif principal est l ' amélioration des rendements dans les bleuetières commerciales. C' est ainsi que des biologistes, des géographes et des physiciens ont contribué à l'inventaire biophysique des bleuetières, ont procé dé à l ' analyse des problèmes de production et sont en train de préparer des devis de réamanagement qui seront utiles aux producteurs ( FRANCOEUR 1982) (GAUTHIER, LEMIEUX et al. 1984} .

i ) Un enca dr ement e t une vul garisa tio n a ss ur ée par l 'E tat

Le Minis t ère de l'Ag r icultu r e , des Pêc he s et de !'Alimentation du Québec assure non seulement l'encadrement au niveau des producteurs mais aussi le mandat d'extension et de vulgarisation de la recherche scientif i que auprès des prod ucteurs .

En guise de conclusion pourrait - on affirmer dans le prolongement de cet -.::? incur sion au Pays des "Bl euets " que la création des bleuetières de la Sagamie relève de deux modes de développement antinomiques (1)? Le premier serait proche des communautés, presque inventé et toujours animé par les populations locales , et la réponse à un type d'aspiration de valorisation de l'espace à partir duquel la réappropriation du paysage municipal s'effectue .

Le second mode de développement relève r ait plutôt d ' un modèle descendant largement inspiré de l'Etat et récemment teinté d'une vision

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productiviste défend ue récemment par l ' industrie privée . On serait enclin à risq uer l'hypothèse que le processus de prise en charge de l'industrie du bleuet par les acteu r s locaux et regionaux l'emporte l argement pour l'instant sur le processus inverse . L ' Etat y joue un rôle "facilitant" qu'on ne peut ass i mi ler au dirigisme à la limite on pourrait même lui reprocher, par sa politique fisca l e égalitaire au niveau national , d'étouffer l'industrie bleuetière privée en r égion .

L'aventure des bleuetières en Sagamie se mble un bel exemple de développement ascendant car les populations locales y ont j oué un r ô l e de premier plan . Leur pa rticipatio n ne se se r ait pas limitée au démarrage de l'opé r ation b l e uetièr e mais se serait également conti nuée, prolongé e dans les truct ures de l' in dustrie du bleuet . Autrement dit , le développement de cette industrie a pris naissance de plusieurs initiatives locales devant se r vie de base à l'édification d'un mouvement régional .

Notes

(1) Le "peigne" est constitué d ' une boite de 20 à 30 cm de large dont le bas de l'ouverture est muni d ' un pe i gne à dents de métal qui ar rache les fruits de la tige . La "patte d'ours" est un manche de bois dont une extrémité est aplatie en forme de patte et munie de griffes métalliques on balaye les plants et les fruits sont projetés dans un grand contenant .

(2) On appel l e familièrement "Bleuets" les habitants de la Sagamie .

Réfé r ences bib l i ographi ques

DUVAL, Dani el et Mic hèle BI TTNER- GAUTHIER 1982, Esquisse de 1 'industrie du bleuet au Saguenay - lac Saint-Jean, Univ ers i té du Québec à Chicoutimi, Module de géographie, 37 p .

FRANCOEUR, André 1982, "Un prog r amme de recherc he sur les bl euetières Université du Québec à Chi coutim i, Groupe de recherche sur de la Sagamie, Vaccinia, n° 3 , 10 p.

de la Sagami e", les bleuetières

GAUTHIER, Majell a- J. 1975, l 'agricu l ture au Lac-Sa i nt-Jean , Université du Québec à Chicoutimi, Travaux géographiques du Saguenay , n° 1, 331 p.

GAUTHIER, Majella-J. 1984, Le Bleuet en Sagamie : son rôle dans l'économie, la nécessité de la recherche scientif i que, Université du Québec à Chicoutimi, l es laboratoires de géographie, 13 p .

GAUTHIER, Majell a- J. 1981, L'évolution récente de l'espace rural au Saguenay - Lac-Sa i nt-Jean, provinve de Québec , Université de Caen (France), Thèse de doctorat du 3ème cycle , UER Science de l a Terre et aménagement rég i onal, 332 P.

GAUTHIER, Maj ella - J., Gilles - H. LEMIEUX et al. 1984, "Le réaménagement intégré des bleuetières de la Sagamie le cas de la bleuetière de Saint-Nazaire", Université du Québec à Chicoutimi, Groupe de recherche sur les bl euetières de la Sagamie, Vaccinia , n° 8, 32 p. (A paraître également dans les Cahiers de l 1ACFAS).

HOUEE, Paul 1984, Pour une démarche de développement local ascendant, Saint- Malo, Colloque Lebret .

Les laboratoires de géographie 1981, Atlas régional du Saguenay- Lac-Saint-Jean , Chicoutimi, Gaétan Morin éd ., Université du Québec à Chicoutimi, 98 planches.