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Les Cahiers de l'Entre-deux-Mers - N°93 - Mars-Avril 2010 Depuis cette année, le 6 février, le jour de la Saint-Gaston a pris du galon. C’est devenu la « journée sans portable » ! Ob- jectif : sensibiliser les addictifs de « T – où » et du « Tufékoa » à abandonner pendant 24 heures leur appendice technologique. Vous n’étiez pas au courant ? Normal ! Difficile de savoir ce qui se passe lorsque l’on est suspendu en permanence « au télé- fon qui son » ! N’est pas si loin le temps où la société était rythmée par la célébration des Saints. Chaque village, chaque profession avait son saint-patron, ce qui donnait lieu le jour de sa fête à réjouissances, agapes et libations. On s’y préparait à l’avance, on en parlait ensuite jusqu’à l’année suivante. Les jeunes frayaient sous l’œil indulgent des vieux qui racontaient leurs souvenirs ! C’était la vie, si ordinaire. Aujourd’hui, nous avons les journées : sans Pub, sans consommation, pour le dévelop- pement durable, pour la défense des zones humides, pour la sécurité routière, pour le téléthon… la liste n’en finit pas de s’allon- ger sans oublier dans cet inventaire à la Pré- vert « La journée des Femme ». Cette année, le 8 mars, elle a eu pour thème « 100 ans de féminisme ». Voilà qui laisse perplexe. Il aura fallu un siècle de manifestes, luttes, défilés, revendications, pour avoir le droit de voter, d’ouvrir un compte en banque, user de la contraception, pouvoir avorter, travailler sans autorisation patriarcale ou maritale, être in- dépendante économiquement. 100 ans pour constater qu’en 2010, tous les trois jours, en France, une femme meurt sous les coups de son compagnon, que les femmes à compétences égales continuent à être scandaleusement sous-payées, que les emplois précaires leur sont toujours réser- vés, qu’elles assument seules les gamins quand le géniteur s’est évanoui en se rendant insolvable. Il a fallu 100 ans pour que l’on s’interroge sur la parité ou pas dans les conseils d’administration d’entreprises, dans les instances politiques. Là où officient ces mâles souvent machistes qui digressent en ce moment sur la burqua, ou le voile dont certains se servent comme d’un étendard électoraliste. A les voir, à les entendre si suffisants, si plein d’assurance et de com- ponction, on se demande s’il ne serait pas temps de créer la « Journée des C… solen- nels » ! Colette Lièvre EDITO La Saint-Gaston 4 N° 93 MARS-AVRIL 2010 ÉDITO NATURE Le tilleul, un arbre précieux C’ÉTAIT HIER Histoire de l’enfermement à Cadillac ENVIRONNEMENT Dordogne, un sourire en berne… ACTUALITÉ La querelle des vacants ou l’histoire édifiante d’une ligne à grande vitesse CHERCHEZ L’ERREUR Français d’origine d’appellation contrôlée LES GENS D’ICI • Une petite mousse, sinon rien ! • Histoires de pierres… DES IDEES POUR EVITER LA TELE 1 Identité nationale.

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Les Cahi e r s d e l 'Entr e -d eux-Mer s - N°93 - Mars-Avri l 2010

Depuis cette année, le 6 février, le jourde la Saint-Gaston a pris du galon. C’estdevenu la « journée sans portable » ! Ob-jectif : sensibiliser les addictifs de « T – où »et du « Tufékoa » à abandonner pendant24 heures leur appendice technologique.

Vous n’étiez pas au courant ? Normal !Difficile de savoir ce qui se passe lorsquel’on est suspendu en permanence « au télé-fon qui son » !

N’est pas si loin le temps où la sociétéétait rythmée par la célébration des Saints.Chaque village, chaque profession avait sonsaint-patron, ce qui donnait lieu le jour desa fête à réjouissances, agapes et libations.On s’y préparait à l’avance, on en parlaitensuite jusqu’à l’année suivante. Les jeunesfrayaient sous l’œil indulgent des vieux quiracontaient leurs souvenirs ! C’était la vie,si ordinaire.

Aujourd’hui, nous avons les journées : sansPub, sans consommation, pour le dévelop-pement durable, pour la défense des zoneshumides, pour la sécurité routière, pour letéléthon… la liste n’en finit pas de s’allon-ger sans oublier dans cet inventaire à la Pré-vert « La journée des Femme ». Cette année, le8 mars, elle a eu pour thème « 100 ans de

féminisme ». Voilà qui laisse perplexe. Il aurafallu un siècle de manifestes, luttes, défilés,revendications, pour avoir le droit de voter,d’ouvrir un compte en banque, user de lacontraception, pouvoir avorter, travailler sansautorisation patriarcale ou maritale, être in-dépendante économiquement.

100 ans pour constater qu’en 2010, tousles trois jours, en France, une femme meurtsous les coups de son compagnon, que lesfemmes à compétences égales continuent àêtre scandaleusement sous-payées, que lesemplois précaires leur sont toujours réser-vés, qu’elles assument seules les gaminsquand le géniteur s’est évanoui en se rendantinsolvable. Il a fallu 100 ans pour que l’ons’interroge sur la parité ou pas dans lesconseils d’administration d’entreprises, dansles instances politiques. Là où officient cesmâles souvent machistes qui digressent ence moment sur la burqua, ou le voile dontcertains se servent comme d’un étendardélectoraliste. A les voir, à les entendre sisuffisants, si plein d’assurance et de com-ponction, on se demande s’il ne serait pastemps de créer la « Journée des C… solen-nels » !

Colette Lièvre

E D I T O

La Saint-Gaston

4 €N° 93

MARS-AVRIL 2010

ÉDITO

NATURELe tilleul, un arbre précieuxC’ÉTAIT HIER Histoire de l’enfermement àCadillacENVIRONNEMENTDordogne, un sourire en berne…ACTUALITÉLa querelle des vacants oul’histoire édifiante d’uneligne à grande vitesseCHERCHEZ L’ERREURFrançais d’origined’appellation contrôléeLES GENS D’ICI• Une petite mousse, sinon rien !

• Histoires de pierres…

DES IDEES POUREVITER LA TELE

1

Identité nationale.

Tout le monde connaît l’effet laxatifdes tisanes issues de la floraison gé-néreuse du tilleul. Ces qualités

pharmaceutiques proviennent presque ex-clusivement du tilleul à grandes feuilles,beaucoup moins du tilleul commun et dutilleul à petites feuilles. Tilleul à grandesfeuilles (Tilia platyphyllos), tilleul des boisnommé également tilleul à petites feuilles(Tilia cordata), et l’hybride naturel des deuxprécédents, le tilleul commun (Tilia inter-media), ce sont, là, les trois espèces sponta-nées de notre flore, les seules qui ferontl’objet de cette étude.

Le monde des tilleuls Devant la grande facilité d’hybridation

des tilleuls entre eux, les botanistes ont pen-dant longtemps affublé les tilleuls de trèsnombreux noms, souvent fantaisistes. Je vaisessayer de faire simple et donner en gras lescaractères essentiels pour identifier les es-pèces, ainsi que les noms les plus usités dansle tableau comparatif. Quelques précisionsd’ordre général.- Les fleurs de tilleul sont mâles et femelles(hermaphrodites), d’un blanc teinté de jaune.Elles ont 4 ou 5 pétales, autant de sépales,un grand nombre d’étamines, chaque éta-mine à deux anthères qui s’ouvrent chacunepar une fente. - L’ovaire contient cinq loges renfermant

chacune deux ovules. Le haut de l’ovule estsoudé de plusieurs styles.- Les fruits secs (les carcérules) ne s’ouvrentpas à maturité. Ils libèrent une ou deuxgraines par délitement de la coque. La ger-mination du tilleul n’est donc pas chose fa-cile à observer.- Les feuilles sont simples, cordiformes, plusou moins velues, alternées sur les tiges.- La lamelle proche de chaque fleur est unefeuille modifiée par la proximité de la fleur(la bractée). Le tilleul à grandes feuilles estle plus mellifère, le tilleul hybride l’est unpeu moins et le tilleul à petites feuilles,même s’il attire de nombreux butineurs, nel’est que très peu. Les tilleuls se plaisentdans tous les sols pourvus, qu’ils soient hu-mides, à l’exception des terrains trop acides.Le tilleul sauvage (Tilia cordata, T. sylves-

tris, T. parviflora, T. ulmifolia, T. microphyl-la). Arbre de plaines et de collines, son aires’étend sur tout le nord de l’Europe jusqu’àl’Angleterre et l’Oural. Il aime les sols fraisavec une lumière modérée dans son jeuneâge. Il peut atteindre 30 m de hauteur, sesfeuilles sont assez petites, cordiformes. Lesbourgeons et rameaux du tronc sont presquesans poils toute l’année. Les fruits sont mûrsen octobre, donnent des graines qui sontcelles qui germent le mieux de tous lestilleuls. S’il rejette vigoureusement desouche, la litière provenant de la décompo-sition de ses feuilles contient deux fois plusde matières minérales que celle du chêne,trois fois plus que celle du hêtre. L’écorce,grise et lisse, se gerçure en long vers 20 ans.En bas du tronc apparaît des plaquessaillantes : c’est là que se formeront les re-jets en cas de rupture de la tige principale.C’est le tilleul que l’on trouve le plus faci-lement en Aquitaine.

Le tilleul à grandes feuilles (Tilia platy-phyllos, T. grandifolia) est un tilleul de mon-tagne (de 800 à 1 300 m dans les Pyrénées),beaucoup plus méridional que le tilleul desbois. Il a le potentiel pour atteindre 40 à50 m de haut. Ses feuilles sont plus grandesque celles du tilleul des bois. Foliaison etfloraison sont également plus hâtives. Lesfeuilles provenant des rejets de souche sontplus grandes (15-20 cm) que les feuilles duhouppier (6-12 cm).

Le tilleul, un arbre précieux Des 35 espèces de tilleuls distinguées comme telles, seules trois sont présentes à l’état spontané dans la flore française. C’est peu par le nombre, beaucoup par l’importance prise par cet arbre béni des dieux dans le folklore et les usages.

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N A T U R E

Feuilles et fruits avec bractées du tilleul des bois.

Espèces Feuilles Fleurs Fruits

Tilleul des bois (tilleul franc, tilleul des bois)

4-7 cm de long ; dessus vert foncé, dessous plus oumoins velu avec des petites touffes de poils roux àl’aisselle des nervures. Bourgeons et rameaux dutronc sont glabres.

Groupées par 4 à 10 ;en juillet, peu odorantes

Globuleux, durs, gris, côtes peu visibles

Tilleul à grandes feuilles(tilleul à grandes feuilles,tilleul de Hollande, tilleulfemelle)

6-12 cm ; dessus vert foncé et pubescent, dessousavec de touffes de poils blancs à l’aisselle de nervures saillantes. Bourgeons et rameaux du tronc sont velus.

Groupées par 3, rarement plus ; juin-juillet, très odo-rantes, mellifères

Piriformes, durs, gris, velus, 5 côtessaillantes

Tilleul commun(tilleul hybride, de Hollande,d’Europe)

Dessous vert pâle, à poils roux ou blancs à l’aissel-le des nervures ; feuilles et rameaux glabres ;tronc avec boules.

Groupées par 7-11,très odorantes, mellifères

Allongés, à 5 côtesmoins saillantes que le tilleul à grandes feuilles

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�Le tilleul commun (Tilia intermedia, T.europaea, T. vulgaris) est un hybride natureldes deux espèces précédentes. Ses feuillessont peu luisantes et tous ses caractères sontintermédiaires aux deux espèces précédentes,ses parents. Sa taille est modérée (15-25 m),mais il rejette abondamment de souche. Plusrésistant à la sécheresse que ses géniteurs,il a été très souvent planté en ville dès quesa culture a permis de figer ses caractères.Rare à l’état spontané, il se ressème très peu.Son tronc à tendance à former des borgneshérissées de nombreuses ramifications.

Les tilleuls sont rarement cultivés seuls,hormis quelques régions où la récolte desfleurs est une activité économique (Car-pentras, Buis-les-Baronnies). On trouve par-fois quelques ares plantés en tilleul des boisautour des ruches, mais en général le tilleuln’est pas planté pour son bois, seulementau titre de l’enrichissement forestier pourdeux raisons essentielles : la qualité del’humus de ses feuilles et sa grande plasti-cité face à l’élagage qui lui permet de bienrejeter de souche pour former une bonnestrate buissonnante quand l’étage supérieurest occupé par des chênes destinés à pro-duire de beaux fûts (taillis sous futaie). Ace titre, quelques plantations forestières sefont dans l’Est de la France où le tilleul estplanté en mélange avec du hêtre et du chêne.

Le bois de tilleul, classé dans les boistendre, est peu utilisé en charpentes, assezpeu en combustible. Son intérêt réside dansl’ébénisterie, le tournage et la sculpture etd’autres activités marginales comme la fa-brication de cadres, moulures, charbon de

bois (bonne capacité filtrante). La Suède etla Russie ont été de grands producteurs defibres d’écorce de tilleul (la tille) servant àfabriquer des toiles, nattes, paillassons, filetsde pêche et cordes. Une autre utilisation,beaucoup plus marginale, est la productiond’huile obtenue à partir de graines décorti-quées, macérées et distillées. L’huile de tilleulest jaune et de goût et d’utilisation sem-blables à celle de l’olive. (Voir tableau page 2).

Une autre espèce, le tilleul argenté (T. to-mentosa), est devenu très commune en mi-lieux urbains pour sa capacité de résistance àla sécheresse, sa vitesse de croissance et ses

qualités décoratives (faces inférieures desfeuilles couvertes de duvet blanchâtre). Il s’agitd’une espèce originaire de Grèce et de Tur-quie, introduite à la fin du XVIIIe siècle. Il aété très employé pour les commémorationsdu bicentenaire de la Révolution, en 1989.

Tilleul et folkloreLe tilleul compte peu dans les usages et

traditions de la Gironde, ni des Landes oùil se fait rare. Il faut descendre vers le pié-mont pyrénéen pour le trouver en concur-rence avec le hêtre des bois, ou remontervers l’Aunis et la Saintonge au nord, la Dor-dogne au Nord-Est pour qu’il y prenne unusage de premier plan. En Gironde, le tilleula été planté aux XVIIe et XVIIIe siècles dansles cimetières pour la vente des fleurs quipermettait, au même titre que la vente desnoix, une rentrée d’argent en faveur des fa-briques. Un usage ancien était d’ombragerles sorties de messe en plantant un ou plu-sieurs tilleuls près des porches des églises.

La coutume de planter des arbres dans lescimetières est très ancienne car elle remonteaux Romains qui ombrageaient les leursavec diverses essences sempervirentes (tou-jours vertes) comme les cyprès de Provencepour symboliser la survie après la mort, lapérennité de la vie en période hivernale, lesqualités imputrescibles de son bois. Plustard seront ajoutés le buis, essentiellementpour l’utilisation de son bois dans les ob-jets du culte et l’if pour les mêmes raisons.L’origine des plantations de tilleuls est malconnue car il est probable que cet arbre s’est

Une variété à tiges rouges de tilleul, à grandes feuilles,ombrage l’église romane Saint-Pierre de Givrezac(Charente-Maritime).

Des tilleuls pour ombrager les sorties de messe : ceux de Monbadon et d’Omet (Gironde) illustrent cet ancien usage.

fait rapidement remarquer pour son abon-dante floraison, l’attraction des abeilles pourses fleurs et, bien sûr, les boissons et médi-cations que l’on a tirées. Il est probable quel’obligation de planter des arbres sur lesroutes et chemins, notamment les édits deFrançois Ier, Henri II et Henri IV, ont per-mis la valorisation du tilleul dans les villeset villages, et donc près des églises et surles places de marché, lieux de rassemble-ments et de rencontres, en concurrence avecles chênes et les ormes qui ont une touteautre histoire. L’Entre-deux-Mers, commele Bordelais, sont des régions traditionnellesdu chêne et de l’orme, mais pas du tilleul.

Comme il est dit plus haut, les planta-tions de tilleuls près des églises et près desmaisons paysannes sont d’époques assez ré-centes. Par contre, on trouvait de gros tilleulsen Saintonge pour des usages plus variés etdans une symbolique très différente. Ainsile tilleul de Torfou, près de Saint-Porchaire(Charente-Maritime), était un de ces arbresdont on disait volontiers qu’ils avaient une

histoire. Celui-là passait pour commémo-rer la bataille de Taillebourg remportée le21 juillet 1242 par l’ost de Louis IX surl’armée anglaise d’Henri III le Plantagenêtalliée aux soldats du comte de Toulouse Rai-mon VII.

Dans tous les pays charentais on rencon-trait les fameux tilleuls dits de Sully ou deRosny, devant les entrées d’églises, sur lesplaces des bourgs et dans les principaux car-refours. Leurs plantations furent encoura-gées par les ordonnances de 1583 et 1599qui semblaient prévoir également l’utilisa-tion des fleurs à destination des hôpitaux.On retrouve encore quelques uns de ces arbresdans les communes de La Forêt de Tesse (Cha-rente), Taizé-Aizie (Charente), Angoisse (Dor-dogne), Esse (Charente) où le tilleul de laplace de l’église est orné d’un mégalithe ser-vant de mausolée aux soldats morts à la guer-re de 1914-1918 ! Si l’on s’en tient à la car-rière du Ministre, les arbres porteurs du nomde Rosny seraient plantés entre 1593 et 1602puisque l’intéressé ne devint duc de Sully

qu’en 1602. Mais il estprobable que cette sub-tilité n’ait pas été rete-nue par les usages po-pulaires. . . Tous cesarbres sont des tilleulsdes bois. D’ancienstilleuls se trouvent surles places de Trémolat(Dordogne), Saint-Jus-t in d ’Armagnac(Landes), Saint-Pé-Saint-Simon (Lot-et-Garonne)… Au XVIIIe

siècle on en plante beau-coup le long des alléesdes gentilhommières et

châteaux comme au XIXe sur le bord desaccès aux domaines mais il s’agit là d’uneautre espèce, le tilleul commun (Tilia inter-media). En pays Bordelais on lui préfère lecèdre, le chêne et le platane, plus imposants.A Bordeaux, les promenades de Tourny na-quirent en 1744 et furent achevées en 1751.Elles comprenaient quatre rangées d’arbresplantés sur le glacis du château Trompette,une cinquième entre la chaussée et les mai-sons construites à partir de 1745. D’autresplantations se voyaient rue du Chapeau-Rouge et à l’entrée du Château-Trompette ;place de la Comédie, un triangle d’arbres fai-sait joindre les deux ensembles. L’arbre choi-si était l’orme mais le tilleul n’avait pas uneplace négligeable puisque, entre 1708 et1709, 700 à 800 tilleuls de Hollande, pro-bablement le tilleul commun (Tilia interme-dia) seront plantés au Jardin public inau-guré en 1756, accompagnés de 500 ormes(Paul Courteault. Les arbres de Tourny, RevueHistorique de Bordeaux, tome XI, 1918).

On plante le tilleul commun aux XIXe etXXe siècles un peu partout sur les places,en concurrence avec le marronnier et le pla-tane dans la région, à des fins décoratives.

Presque partout se maintiendra l’usagede posséder un tilleul sauvage communal,signe de son intérêt pharmaceutique. Pourle bicentenaire de la révolution de 1789, laCommission du bicentenaire avait proposéà toutes les communes de France de planterun tilleul. En Gironde, environ 60 %d’entre-elles adopteront un tilleul, très sou-vent un tilleul argenté (Tilia tomentosa, T.argentea) planté sur la place près de la Mai-rie ou près de l’église, deux lieux symbo-liques du pouvoir local.Usages médicinaux

Les vertus des fleurs du tilleul à grandes

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Deux grands tilleuls charentais. Le tilleul de Torfou au mieux de sa forme dans le premier tiers du XXe siècle. Il passait pour avoir 800 ans… (à gauche). Le tilleul de Ess est resté tel qu’il était à l’époque de cette photographie.

A Fouras (Charente-Maritime), avec les embruns, les tilleuls adoptent un portparticulier dit « drapeaux».

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feuilles sont connues depuis l’Antiquité, etprobablement bien avant, car son aspectmellifère prononcé a certainement attiré l’at-tention puisqu’il était considéré attirer lessorcières (chose constatée chez toutes lesplantes médicinales majeures). Les fleurs,cueillies à mi-floraison sont antispasmo-diques, sédatives, rafraîchissantes, émol-lientes, mais pas les bractées (ou très peu)contrairement à ce qui est souvent écrit.

Elles sont utilisées sous forme de décoction(deux poignées/l d’eau) dans un bain contretous les méfaits de l’hiver (courbatures, fris-sons, fébrilité, fièvres), en cas d’insolationet de migraines violentes. La décoction estaussi utilisée pour les soins de la peau et duvisage. En tisane, on peut la boire seule (unepincée ou plus /tasse) ou en mélange enquantité égale avec des fleurs d’oranger, devalériane, de passiflore, ou même y rajou-ter quelques pétales de coquelicot pour ac-croître son effet soporifique.

Un usage très ancien était de planter letilleul au sud, près des maisons, pour béné-ficier de son ombrage, d’une récolte de fleursdestinées aux tisanes et de la présence desinsectes butineurs pour améliorer la polli-nisation du jardin et du potager et pourvoiraux besoins de l’apiculture.

Le Grec Théophraste, au IIIe siècle avantJ.-C. signale deux variétés de tilleul, le mâleet la femelle, débat qui sera interrompu seu-lement au XVIIIe siècle car tous les tilleulssont mâles et femelles (hermaphodisme).Au Ier siècle après J.-C., Pline insiste sur lespropriétés de l’écorce, en fait l’aubier, dontles propriétés curatives sont employées poursoulager les migraines, coliques hépatiqueset rhumatismes. Un de ses contemporains,

De nombreux tilleuls argentés (T. tomentosa) ont servi d’arbres du bicentenaire de la Révolution, en 1989 : à Monségur, Montignac, Castillon-la-Bataille.

le médecin Grec Dioscoride, glisse l’emploide l’aubier de tilleul dans les 1 600 pro-duits, dont l’usage est cité dans son ouvra-ge monumental (De materiæ medica). Plustard, il sera reconnu à l’aubier pris en dé-coction une action sur la fluidité du sang, ladiminution du cholestérol dans les artères,et confirmé son efficacité dans la réductiondes lithiases de la vessie et des reins. Si lepoète Ovide vante ses frais ombrages (LesMétamorphoses, livre X), feuilles et rameauxont servi de fourrage de bonne qualité dansles Pyrénées, en taillant les arbres en têtardou tête de chat.

Jean-François Larché

Bibliographie sommaireBardeau (F.). La pharmacie du bon Dieu. Stock,1973.Brosse (J.). Arbres d’Europe occidentale. Bordas,1977.Tordjman (N.). Le tilleul. Actes sud, 1995.Vanden-Berghe (M.). Produits commerciauxdu tilleul. Revue des sciences naturelles appli-quées n°14, 1891.

R E P E R E S

Parmi les cultivars (variétés cultivées)obtenus, il est facile de reconnaître Rubra,obtenu vers 1755, par ses rameaux rou-geâtres, de même que Corallina. Cet as-pect décoratif les font planter dans lesvilles. Laciniata, cultivé en 1835, a desfeuilles profondément découpées. Aurea,cultivé en 1838, se distingue par des ra-meaux jaunes brillants. Fastigiata, culti-vé depuis 1864, présente un port pyra-midal étroit. Le Bénivet et Le Vone, àcîmes très florifères sont recommandéspour l’apiculture.

C’est au cours d’une conférence quele Professeur Michel Bénézech aabordé cette question, encore sen-

sible et pourtant souvent méconnue, dugrand nombre de décès survenus dans leshôpitaux psychiatriques pendant la Secon-de Guerre mondiale.

« La question n’est pas nouvelle », dit-il enpréambule, évoquant divers ouvrages parussur ce problème, mais préférant se référerpour l’essentiel à la recherche d’Isabelle vonBueltzingsloewen : « L'hécatombe desfous : la famine dans les hôpitaux psychia-triques français sous l'occupation », où l’hô-pital de Cadillac est cité à plus de 10 re-prises.

Michel Bénézech évoque, pour commen-cer, le contexte général des établissementspsychiatriques pendant l’occupation, avantd’aborder plus précisément la situation del’hôpital psychiatrique de Cadillac, au tra-vers de la thèse de médecine soutenue en1942, à Bordeaux, par Guy-René-JeanPapet, interne dans le service du Dr de Bou-caud, médecin-chef.

Le contexte général Il est d’abord caractérisé par les restrictions

établies par les services du ravitaillement, lesrations accordées étant fonction des réquisi-tions prélevées par l’occupant. Il en ressortune situation grave et durable de crise ali-mentaire. Cette crise, qui a frappé l’ensemblede la population, a pu être atténuée par dessuppléments pour certains, la débrouille pourd’autres… Mais, ces échappatoires n’étaientpas possibles aux malades mentaux qui, desurcroît, ne bénéficiaient pas des supplémentsaccordés aux patients des hôpitaux généraux ;quelques malades seront libérés, dont cer-tains, minoritaires, démontreront des capa-cités d’adaptation insoupçonnées, il sera éga-lement fait appel aux familles sous forme decolis alimentaires. Mais c’est, estime-t-on,quelques 45 000 d’entre eux qui sont décé-dés de carences alimentaires dans les hôpi-taux psychiatriques français pendant cettepériode.

Concernant la situation de ces établisse-ments elle-même, on comptait en 1940, dansles hôpitaux psychiatriques français,110 000 « aliénés » (telle était encore la ter-minologie officielle jusqu’en 1952).

D’une part la Sécurité sociale n’existaitpas. Nombre de malades étaient placés souscontrainte ou « placements d’office » et ce,pour des raisons économiques : eux seuls eneffet pouvaient bénéficier de la gratuité to-tale, contrairement aux placements « vo-lontaires partiellement payants », d’autrepart l’univers psychiatrique était déjà sous-médicalisé quantitativement et qualitati-vement.

Aux difficultés initiales, se sont ajoutés,avec l’avance de l’invasion allemande, lestransferts de patients entre établissements.

Concernant la situation elle-même del’« aliéné », ces sujets étaient « par nature des

exclus ; plus faibles socialement, physiquement,psychiquement… Le patient était transparent. Samort sociale préfigurait sa mort biologique. Il nebénéficiait pas des solidarités du monde externe ».Et de se demander comment a été

gérée cette situation de carence. Y-a-t-il eu des protestations ?

Le Professeur Bénézech fait référence àplusieurs textes législatifs, dont une circu-laire suite à une enquête menée en février1941 par le Secrétariat d’Etat à la santé. Ils’agit de la circulaire dite Bonnafous du 4 dé-cembre 1942, prévoyant « d'allouer aux in-ternés les suppléments prévus pour les cantinesd'usines et restaurants à prix réduit et le régimede suralimentation à 25% de leurs effectifs ».Quelle était la situation à Cadillac, d’aprèsla thèse de Guy Papet ?

Il est à noter que l’œdème de famine estune pathologie déjà observée en France, no-tamment pendant le siège de Paris (1870-71) et pendant la Grande Guerre (1914-18).Plusieurs études ont déjà été consacrées àcette pathologie, parmi lesquelles on peutciter « La pathogénie des œdèmes » (1936) et« Les œdèmes par déséquilibre alimentaire »(1941) de Pierre Mauriac, frère de l’écrivain.Celui-ci tentera de proposer une thérapeu-tique.

Dans sa thèse Guy Papet expose les spé-cificités de la situation à Cadillac : les ma-lades, comme les habitants de la ville y sontconsidérés comme des ruraux, c'est-à-direprivilégiés, sensés disposer des produits agri-coles issus de la production locale.

L’établissement compte alors 1 660 indi-vidus, répartis entre les services de Mada-me le Docteur André, pour les hommes etles femmes, et le service du Docteur de Bou-caud, pour les hommes uniquement.

Les transferts concernent 374 patientsvenus de Sarreguemines et 64 de Mont-de-

C ’ E T A I T H I E R

Histoire de l’enfermement à CadillacEtre fou, aliéné et mourir de faim

Ou La surmortalité par famine dans les hôpitaux psychiatriques français et à Cadillac durant la Seconde Guerre mondiale.

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E R R A T U M

Dans le n° 92, une erreur de trans-cription s’est glissée dans l’article de PierreBazouin concernant la lessive. La lessiveen occitan se dit « la bugada » ou « bu-gado » selon que l’on choisit la graphienormalisée ou phonétique et non « la bri-gade », comme écrit…

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Marsan et il est à noter que la commune deCadillac est elle-même en zone occupée.

L’hôpital dispose certes de la Colonie Agri-cole, le Château Lassalle, sur la communede Laroque, mais cette dernière, consacrée àla monoculture de la vigne, ne permet pasde ravitailler l’établissement. Le « commisde l’économat », à qui incombe la lourdetâche de ce ravitaillement, doit donc effec-tuer 70 km chaque jour pour se rendre àBordeaux, avec des moyens de transportsaléatoires et précaires.

Guy Papet ajoute, au nombre des cir-constances aggravantes, que « l’aliéné est ungros mangeur»… Il décrit comme « vertigi-neuse » la chute de la ration alimentaire dejuin à novembre 1940. Il souligne qu’il y acarence par manque, mais aussi par désé-quilibre.

Grâce aux documents mis à sa disposi-tion, il a pu faire les calculs qui mettent enévidence les valeurs quantitatives et quali-tatives des rations quotidiennes. Pour lesmois d’avril et mai 1941, ces rations s’éta-blissent respectivement à 1 162 et 1 062 ca-lories, alors que le simple maintien de la vied’un homme au repos absolu en exige 1 500,et passe à 2 000 dès que le sujet vient à selever ! Une amélioration relative survienten octobre 1941 : 1 618 calories… La faimaboutit chez les aliénés à des comportementsextrêmes : vols entre patients, consomma-tion d’épluchures, voire de détritus… cap-ture de moineaux consommés crus, d’un rattombé dans une fosse d’aisance, d’un chat…

Dans ce contexte, il était normal que lamortalité frappe un grand nombre d’indi-vidus. Dès le début de l’hiver 1940-41,Papet note « l’amaigrissement considérable d’uncertain nombre de nos malades ». Puis nombrede décès surviennent frappant « brusquementet apparemment sans cause apparente » notam-ment dans le quartier surpeuplé et malchauffé des aliénés évacués de Sarregue-mines… les œdèmes apparaissent fin marset leur nombre ne cesse de croître… L’idéed’une « épidémie d’œdèmes de guerre ou de famine». On note 279 décès en 1941, contre 83en 1940 et 200 de ces 279 figurent sur laliste des œdémateux.

Cette situation est à ce point alarmantequ’elle fait l’objet, le 28 juin 1941, d’une vi-site par la Commission d’enquête présidéepar Monsieur le Doyen Mauriac. Il en résul-tera le diagnostic « d’œdèmes de famine »,mais non suivi d’une amélioration insuffi-

sante de la situation.Guy Papet se livre donc à une description

méthodique et minutieuse des formes cli-niques de ces œdèmes qui envahissent pro-gressivement le corps des patients, et d’évo-lution le plus souvent irréversible. Le décèspeut intervenir sous trois formes : - sous forme brutale : syncopale ;- après un coma de quelques heures ;- sous l’effet de maladies intercurrentes :

abcès, tuberculose… Par contre, on ne note pas parallèlementd’aggravation de l’état mental ni d’agita-tion chez ces sujets très affaiblis.

Le Professeur Bénézech qui poursuitl’étude des registres des décès tenus dansl’établissement, (sachant que ceux de 1939et 1940 auraient été perdus ?), précise lenombre de décès survenus à l’hôpital de Ca-dillac pendant ces années noires.

Ces registres permettent de mettre en évi-dence l’augmentation significative des décèsen 1941, 1942, 1943…- en 1938 : 90 décès - en 1941 : 599- en 1942 : 299- en 1943 : 136- en 1944 : 81- en 1945 : 70- en 1946 : 38Des 374 malades transférés de Sarregue-mines, 282 sont morts : plus de 75 %.So i t , d e1941 à 1945 , un t o t a l d e1 185 morts, inhumés vraisemblablementpresque tous dans « Le Cimetière des fous. »Les anciens cadillacais se souviennent encoreque le menuisier n’en finissait pas de fairedes cercueils !En conclusion : le professeur Michel Bene-zech tient à préciser , « …qu’il n’y a pas euen France de volonté génocidaire comme en Alle-magne, que ces drames résultent des circonstancesde guerre et de l’occupation allemande… ».Et peut-être aussi, de la part des Français,

d’une certaine méconnaissance, voire uneindifférence sur ce qui se passait derrière lesmurs de l’enfermement.

Nota : dans le numéro 87 des Cahiers del’Entre-deux-Mer , un article avait paru sousle titre : Les psychoses de ravitaillement « contri-butions à l’étude des œdèmes de famine », écritpar Martine Bajolle, et portait déjà sur cesujet. Au moment où les membres de l’as-sociation Les Amis du Cimetière des Oubliés at-tendent le verdict de Monsieur le Préfetpour savoir si ce cimetière sera inscrit autitre des Monuments historiques, commele recommandent les membres de la Com-mission des sites, il semble important derappeler combien ce cimetière est lourdd’histoire, et à ce titre mérite toute consi-dération..

Courrier des lecteurs

« Cimetière des fous »Journal de l’écrivain Paul Claudel du21/09/1943, frère du sculpteur CamilleClaudel, internée. « …Le directeur de l’asiled’aliénés de Mondevergues (près d’Avignon),me dit que ces fous meurent littéralement defaim : 800 sur 2 000 !... » (In « CamilleClaudel, catalogue raisonné »).Nul doute qu’à Cadillac plusieurs cen-taines d’aliénés ont fait partie de ces co-hortes de martyrs, dont le nombre est es-timé à 40 000 pour la France en 39-45 !La terre du cimetière des oubliés de Ca-dillac est sacrée, pénétrée qu’elle est, desouffrance.Ceux, du malheur se doivent de reposeren paix, à l’abri de leurs croix, cailloux,leurs seuls biens. Troubler leur quiétudeau profit d’un parking est plus qu’indé-cent.

Mme Marthe D-L de Pessac

Nota : le maire de Cadillac se défend au-jourd’hui d’avoir eu même l’idée d’unparking ? Vraiment ? Mais alors pour-quoi s’opposer, par tous moyens, à l’ins-cription du cimetière des Oubliés au titredes Monuments historiques et ainsi luiassurer une vraie protection dans letemps ?

Un « bouchon vaseux » : telle estl’expression scientifique consacréepour désigner ce tas de m… qui

vogue dans les profondeurs de l’estuaire, re-montant les fleuves de Garonne et de Dor-dogne ou s’infiltrant vers la Gironde au grédes marées fortes et petites. Asphyxiant lespoissons et autres espèces aquatiques, le bou-chon est le premier barrage qui empêche laremontée vers le Nord-Est.

Faire sauter les barrages ?L’une des causes en est la présence et le fonc-

tionnement même des barrages qui, par laconstitution de lacs artificiels gigantesqueset des étiages violents et très fréquents, em-pêchent le cours d’eau de couler. Qu’un coursd’eau ne puisse courir, voilà qui est en effetun problème. Une dizaine de projets de bar-rages supplémentaires voient le jour sur lapartie supérieure de la rivière. Fabuleux, sedit-on : le gouvernement a sans doute décidéde privilégier les énergies « renouvelables »– et l’eau, si l’on ne regarde point de trop prèssa composition chimique, en est bel et bienune… – afin de préserver les générations fu-tures du legs irréversible et terrifiant des dé-chets atomiques. Sacrifier le sourire de la Fran-ce pour supprimer des réacteurs nucléaires,voilà une politique certes pragmatique, mais

sans doute cohé-rente . Mai squ’apprend-on ?Le nucléaire nefait pas l’objet desdiscussions « gre-nelliques », et la

République poursuit son programme à lamême vitesse que celui des autoroutes, à ladifférence près que nous ne vendons pas en-core nos autoroutes aux dictateurs, seulementnos T.G.V.. Qu’apprend-on de plus ? Que labelle rivière s’apprête à recevoir un systèmerévolutionnaire de barrage, qui fera remon-

ter le liquide parpompage durant lesheures creuses pourrevendre l’eau élec-trifiée durant lesheures pleines, réus-

sissant le tour de force de gagner de l’argentsans produire d’électricité ! Nul n’a non plusentendu parler de la politique drastique d’éco-nomies d’énergie qui fait tant défaut à notrebeau pays, illuminé jusqu’à la lune par deslampadaires et des ordinateurs dont une bonnegrosse moitié est aussi inutile qu’illusoire. Aquand les décorations de Noël sur les nou-veaux barrages, créés à ce seul effet ? Rappe-lons-nous que la Loire ne se contenta pas d’in-terdire les constructions de digues : elle fitsauter ses barrages…

Tirer la chasse, le bébé dedans…Mais notre bouchon n’est point en liège : le

seul effet mécanique ne suffit pas à l’expli-quer. Si l’on regarde d’un peu plus près sacomposition, on y retrouve les éléments phy-sico-chimiques que notre société « grenelloi-se » y rejette. Ah, cette belle promenade au« Roc Grand », entre le fameux barrage deBort-les-Orgues et la retenue de Marèges, pre-mière du nom : le petit ruisseau se faufileentre les blocs de granit millénaire, entouréde ces chênes séculaires et des mousses quicohabitent avec des lichens d’une pureté aé-rienne. Asseyons-nous en son bord, contem-plons et respirons le bon air corrézien ! Tiens,c’est curieux, une odeur de lessive ? Jetons unœil moins distrait sur cette eau coulante. Hor-reur ! Des mousses, il n’y en a pas que desvertes, continentales, mais aussi des blanches,qui voguent au fil de l’eau comme une maréenoire venant s’échouer sur nos côtes. Il est vraique le système d’assainissement du secteurn’est point au point… Et que les réglemen-tations en matière de régulation des effluents

agro-chimiques ne sont guère contraignantes.Bah, un peu de lessive ne peut pas faire demal : cela doit sans doute nettoyer les bar-rages, qui ont bien besoin d’un coup de pin-ceau. Nous n’évoquerons pas même ici les20 % de produits phytosanitaires employéspar le monde viticole pour une surface avoi-sinant les 2 % de la surface nationale agrico-le utilisée : nous ne sommes pas à un bou-chon près. Nous n’évoquerons pas non plusl’ancienne carrière de Jeandillon, réserve na-turelle girondine abritant plusieurs espècesd’orchidées ; pour accueillir le visiteur, pointde panneau explicatif : seulement les tracesd’un herbicide total appliqué par l’Equipe-ment au printemps, sur la rivière tangente àla carrière. Examinons tout de même ce petitaffluent de la Dordogne appelé « Engranne »,qui se jette au lieu-dit Saint-Jean-de-Blai-gnac dans cette rivière dont l’image de marquen’est plus à démontrer. Comme c’est bizarre: l’eau n’y est jamais claire ! Pourtant, les fa-bricants de pesticides ont fait des efforts ; cer-tains depuis quelques temps, afin de rendre lesmolécules empoisonneuses – à ne pasconfondre avec les molécules « empoisson-neuses »– transparentes. Mais oui, bien sûr :c’est notre terre nourricière qui va nourrir lespoissons… Force d’engins toujours pluslourds, compactage, force de nos diaphanesmolécules, faiblesse de nos apports organiques,lessivage, destructuration du complexe argi-lo-humique, érosion : l’Engranne est une gran-de lessiveuse. Chasse d’eau emportant avecelle tant la mort que la vie, elle jette à la merqui n’en veut pas, ces particules si précieusesqui demain manqueront à l’humanité. La mortdes sols n’est donc pas seule sur le bassin ver-sant de la Dordogne : elle s’accompagne decelle de l’eau.

Constructivisme aiguHeureusement, nos élus locaux veillent au

grain, et tentent de trouver des solutions pour

E N V I R O N N E M E N T

Dordogne, un sourire en berne…« La vallée de la Dordogne, c’est le sourire de la France », peut-on lire sur une affiche éditée par EPIDOR – établissement public territorial de bassin –et représentant la rivière fleuve, de sa source à son embouchure. Naviguons unpeu, tels les gabariers d’antan, descendant le bois corrézien vers le vignoblebordelais, afin de découvrir ce que vomit ce triste sourire.

8 Les Cahi e r s d e l 'Entr e -d eux-Mer s - N°93 - Mars-Avri l 2010

Les Cahi e r s d e l 'Entr e -d eux-Mer s - N°93 - Mars-Avri l 2010 9

que la mort programmée de l’agriculture s’ac-compagne d’une nouvelle vie campagnarde,au gré des berges fluviales. Et ce maire desgorges de la Haute-Dordogne, piteux de s’êtrevu refuser sa carte communale par la préfec-ture, ne voyant point pourquoi il n’est passouhaitable de construire des lotissementssur la zone Natura 2000 ou sur les berges dulac de la Triouzoune, réputées inconstruc-tibles par la loi Montagne. Eh bien, puisquec’est comme ça, la réunion publique propo-sée par le sous-préfet, en sa présence, se fera– peut-être – lorsque ledit sous-préfet aurachangé de poste. En espérant que le prochainsera plus collaborant avec les projets com-munaux. Et cet autre, qui projetait de faireconstruire une superbe zone artisanale sur lessources de l’Engranne, elle aussi classée Na-tura 2000 ? La parcelle avait certes un dé-faut : abritant pas moins de trois vilainscouples d’oiseaux de mauvais augure, dontl’Engou levent d’Europe, classée sur la listerouge nationale des espèces menacées… Bah,

les oppositions rencontrées ne savaient pasqu’on transforme rapidement un projet né-cessitant un permis de construire en un pro-jet n’en nécessitant point : le champ de pan-neaux solaires sera donc le chant du cygne denotre affluent. A moins que l’énergie ainsicréée, au prix de la défiguration d’un site ex-ceptionnel en Entre-deux-Mers, ne permet-te la fermeture d’un réacteur du blayais.

Girondins et montagnards s’accordent doncsur l’essentiel : la « promotion d’une politiqueéquilibrée de gestion de l’eau » et la « miseen valeur de l’espace rivière et du patrimoinefluvial », missions affichées par EPIDOR, fe-ront de la Dordogne une « rivière solidaire »,dans la négligence. On a d’ailleurs demandé àEPIDOR de rester sage en ne se proposant pascomme opérateur de Natura 2000 sur la ri-vière. Laissons donc tous ces scientifiques dansleur vase. Et réjouissons-nous : le tourismeculturel et naturel sur la Dordogne a de beauxjours devant lui ! Et avec le sourire s’il vousplaît. La France en a bien besoin.

Jean-Christophe Mathias

Pourquoi rappeler cette histoire quisemble n’intéresser plus que quelquesérudits locaux ? Parce qu’elle a lais-

sé des traces dans la mémoire collective etlorsqu’il a été question de revenir sur certainsdroits de passage, lors du projet de créationd’une L.G.V., un vent de jacquerie a soufflésur les Landes et Coteaux de Gascogne.

Association de Sauvegarde des Landes etCoteaux de Gascogne, c’est le nom de lajeune association qui s’est constituée en dé-cembre 2009, mais qui est déjà forte dequelques centaines de membres, pour poserdes questions embarrassantes, aux promo-teurs de ce projet.

Après tout, la population avait été consul-tée sur le principe d’une telle ligne et unemajorité s’y était montrée favorable. Qui re-fuserait de gagner du temps lors d’un voyageet qui pourrait s’opposer à un développe-ment des transports ferroviaires en une pé-riode de pétrole cher ? Personne, à l’imagedes politiques qui, du PS à l’UMP en pas-sant par le PC et quelques autres, présen-taient la L.G.V. comme l’occasion de désen-claver (?) la région, de créer des emplois,d’impulser le développement économique.

Quel fut donc le déclencheur de la révol-te ? La découverte que R.F.F. (Réseau Ferréde France) avait décidé de ne pas suivre le cir-cuit existant mais d’en créer un de toutespièces – ce qui allait entraîner la destruc-tion de 3 600 hectares de coteaux et de forêt.Sans raisons valables. Suivons l’argumen-taire que présente l’Association :

1- La L.G.V. est inutile : en effet, le T.G.V.passe déjà entre Bordeaux et Hendaye,entre Bordeaux et Toulouse. Il s’agit sim-plement de le faire aller plus vite. Onpourrait raisonnablement penser qu’ilsuffit de transformer les voies existantespour y parvenir. Tous calculs faits, lesnouveaux tracés ne feraient gagner, res-pectivement que 5 et 15 minutes sur lestracés existants et rénovés. On peuts’étonner à juste titre.

2- De surcroît la L.G.V. est ruineuse. Qu’onen juge ! 13 milliards d’euros pour Tours/Bordeaux/Hendaye (l seul milliard pourl’aménagement des lignes déjà existantes).Bordeaux/Toulouse : 7 milliards. (Ceschiffres nécessairement approximatifs,personne, n’étant, à l’heure actuelle, ca-pable de dire quelle sera l’addition fina-le.) Sans compter que la facture grimpe-ra nécessairement au fil des ans. (A titrede comparaison je rappelle que l’on esti-me à 14 milliards de dollars le coût dela reconstruction de Haïti !!!).Ruineuse donc pour l’Etat, mais égalementpour les collectivités locales qui devrontparticiper à hauteur de 50 % au prix deces investissements. Pour exemple, le Lot-et-Garonne, qui ne roule pas sur l’or, devras’acquitter d’une centaine de millionsd’euros, soit plus du quart de son budgetannuel qui est de 380 millions d’euros !(Combien de maisons de retraite auraientpu être construites, combien d’établisse-ments scolaires et sportifs, combien de lo-

A C T U A L I T É

La querelle des vacantsou l’histoire édifianted’une Ligne à GrandeVitesse (L.G.V.)

Au Moyen Âge, les pauvres avaient le droit de fairepaître leurs quelques animaux sur des zones de terresdes Landes qui n’appartenaient à personne.Vint une époque où les riches propriétairess’indignèrent de cet obstacle à la rationalisation de l’agriculture et, puisqu’ils étaient les plus forts, ils s’emparèrent des « vacants ». Il y eut des procès.Certaines communes purent se porter acquéreurs de ces terrains. Les conflits durèrent longtemps.

gements sociaux ?).Le contre-argument avancé par les pro-moteurs de la L.G.V. est qu’elle va per-mettre le développement des T.E.R. quis’y raccorderont. Belle réponse qui ou-blie seulement que ce sont les régionsqui ont en charge les T.E.R. – que leur dé-veloppement donc ne peut s’effectuer quepar l’augmentation de l’impôt et la dis-parition des lignes de proximité et deslignes réservées au frêt.

3- La L.G.V. est dévastatrice pour l’environ-nement : 3 600 hectares de coteaux, forêts,vignes, terrains fonciers, ce n’est pas rien.A quoi s’ajoutent les atteintes portées àl’envi ronnement, les nuisances sonores im-portantes qu’atténueront peu les murs debéton que l’on édifiera pour s’en protéger,les obstacles apportés à la circulation desanimaux sauvages, les risques encouruspour des zones marécageuses riches en floreet en faune. Grenelle de l’environnement,qu’es-tu devenu ? On a vite oublié que sile développement du trafic ferroviaire yétait prôné, il était bien spécifié qu’il de-vait se faire par les voies existantes.Le contre-argument se veut imparable :la L.G.V. va avoir des retombées écono-miques pour les régions qu’elle traverse-ra et elle va créer des emplois. Pour lesemplois, on sait que les grandes entre-prises qui vont s’occuper du chantier vien-nent avec leurs propres ouvriers. Quantaux retombées économiques elles restentà démontrer.

4- Cette ligne représente une conception du

développement et du progrès qui date dusiècle dernier et elle ne fait aucun cas du contexte de crise que nous connaissons ence début de siècle et qui va nous contraindreà repenser tous nos modèles. Défendre desinfrastructures aussi lourdes et dispendieusesest un véritable « contre-sens », alors quece sont les autoroutes informatiques qu’ilfaudrait développer. L’important n’est pasd’aller plus vite, mais de multiplier les in-teractions – et cela, seul, le Net le permet.D’ailleurs, les cadres qui seraient les prin-cipaux utilisateurs de la L.G.V., se dépla-cent de moins en moins et le développe-ment des vidéo-conférences en est la preuve.On va favoriser une minorité qui aura unaccès facile à la L.G.V., sans penser que lereste de la population devra, pour rejoindreles gares L.G.V., pendre sa voiture ! On pré-sente comme modèle de développement ur-bain une concentration de la populationdans des métropoles où la vie va devenir viteimpossible et qui ont pour conséquence unassèchement, une désertification des cam-pagnes. On a vraiment l’impression que lesexperts, une fois de plus, foncent, tête bais-sée, dans le mur.5- Enfin, dernier point, mais qui n’est pas

le moindre, les décisions prises l’ontété au mépris du respect des pratiquesdémocratiques les plus élémentaires.Tout se passe comme si la consultationn’était que de la frime. On parle devagues principes, mais on évite soi-gneusement de dire quels seront lesmoyens utilisés. Et lorsqu’on les dé-

couvre, on se heurte à la toute-puissancedes experts, qui représente, en notre âgetechnoscientifique, l’incarnation mêmede la Raison. Lorsqu’ils ont rendu leurverdict, le peuple émerveillé et soumisn’a plus qu’à se prosterner. L’ennui est queles experts se trompent souvent – longuehistoire qui reste à écrire – et qu’en l’oc-currence, les experts sont ceux-là mêmes,qui seront chargés du chantier. R.F.F. està la fois le premier intéressé à l’affaire etcelui qui a été chargé de réaliser les seulesétudes sur lesquelles s’appuient les poli-tiques.Raison pour laquelle les différentes as-sociations et un nombre croissant d’élusdemandent que soient faites des étudesréellement indépendantes. Car de nom-breuses questions demeurent en suspens.Quels sont les intérêts en jeu ? Pourquoiune telle obstination ? Quelles pressionss’exercent sur les décideurs ?La discussion est lancée. Elle mérite d’êtrepoursuivie dans toute la lumière nécessaire. Elle va être un des points es-sentiels de la campagne des régionales.

Patrick Rödel, philosophe, écrivain

PS : Cet article reprend une conversation que j’aieue avec Alain Dewerdt, qui est un des membres decette Association des Landes et Coteaux de Gascogne.Qu’il en soit remercié. Tout ce qui est du domainedu vérifiable vient de lui. Les oublis et les mauvaisesinterprétations (éventuelles) viennent de moi.

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Les Cahi e r s d e l 'Entr e -d eux-Mer s - N°93 - Mars-Avri l 2010 11

Depuis plusieurs semaines, le peuplede France est appelé à s’exprimersur l’identité française. Une idée

lumineuse portée avec panache par le félonde service, selon la gauche, ou le fayot de laclasse selon la droite, mais revendiquée parMonsieur Besson, ministre de l’Immigra-tion, de l’Intégration, de l’Identité natio-nale et du Développement solidaire, dontle patronyme, tout comme ceux de Dupont,Durand ne devraient laisser aucune ambi-guïté sur ses origines franco-françaises !

Pour la génération qui a grandi sous un ré-gime, où tous les matins, les enfants, masqueà gaz en bandoulière, commençaient leurjournée d’écolier en chantant « Maréchal,nous voilà… », où dans les rues des ombresfurtives, la peur au ventre, éclairées par leurétoile jaune, étaient les cibles repérablespour de sinistres corbeaux, chargés de bassesœuvres mais inscrits au catalogue des « sivrais Français », cette démarche de retouraux sources de l’identité française, a des re-lents nauséabonds et ne peut que susciter, aumieux, l’étonnement, alors même que lamondialisation est le credo universel quinous est chanté en permanence !

Jusqu’à ce jour, je ne me posais pas vrai-ment la question. J’avais une carte d’identi-té, cette sorte de certificat qui atteste offi-ciellement de ma nationalité. Je l’ai sortie demon sac, je l’ai regardée attentivement,comme jamais : « République française, Cartenationale d’identité française, numéro… »et je me suis posée la question, : « Est-ce queje mérite vraiment ce précieux sésame ? N’y a-t-ilpas eu, à un moment donné une erreur d’apprécia-tion de la part de l’Administration ? » Et ducoup je m’interroge, d’où viens-je ? Quisuis-je ?

Mon grand-père maternel, Jean-Baptis-te, est né dans les années 1880 en Moselle.La Lorraine ayant été en partie annexée avecl’Alsace par l’Allemagne de Bismarck aprèsle désastre de Sedan de la guerre de 1870,Jean-Baptiste était-il Allemand, ou Fran-çais ? L’histoire familiale ne le dit pas ! De-venu un homme, Jean-Baptiste s’est éprisde la belle Augustine, belle mais aussi Belgeauthentique. Il est vrai que dans les régionsfrontalières, l’amour n’a que faire des limites

administratives !Jules, c’était mon grand-père paternel.

Sur les photos il a fière allure dans son uni-forme de dragon, avec son port altier et sesmoustaches à l’horizontale. C’était le tempsoù l’histoire maintenait les hommes sous lesdrapeaux quelques sept à huit ans pour ser-vir la France. A la réflexion, si Jules se te-nait si droit, n’était-ce pas aussi pour prou-ver qu’il existait, lui l’enfant trouvé,vagissant dans un panier, sur un quai duport du Havre. Qui se ressemble s’assembledit-on, c’est peut-être pourquoi, il a épou-sé un jour une orpheline, répondant au dé-licieux prénom d’Aimée ! Ces deux-là firentdeux garçons, qui devinrent tous deux mi-litaires au service de la France, de sa gran-deur, de ses déboires et servitudes. L’un d’euxétait mon père !Qui suis-je, d’où viens-je ? De ma Lorraine natale, d’où je fus expulséeun certain 10 mai 1940 (les Allemands, unenouvelle fois passaient la frontière malgréla fameuse ligne Maginot), jusqu’à ce quecet exode me conduise à ce qui paraissaientles confins de la France, les bords de la mé-diterranée. L’accueil fut rude, nous étionspour « ces vrais Français-là » les « bochesde l’Est », et ce titre justifiait que ma mère

ne puisse acheter chez l’épicier du coin, quiles lui refusait, les quelques pommes de terreà laquelle nous avions droit avec nos cartesd’alimentation. Ces « vrais Français-là »déjà, avaient peur que l’on vienne mangerleur pain ! C’est bien connu : estomac creuxn’est pas enclin au partage.

C’est à ce moment que la Suisse, qui n’estpas que celle des banquiers, mais aussi cellede la Croix Rouge, s’est émue du sort deplusieurs milliers d’enfants de toutes na-tionalités, de toutes confessions qui avaientdes points communs : la déshérence, la mal-nutrition… et c’est ainsi qu’un jour je fusaccueillie par une famille et débarquais surles bords du lac de Constance, à la limite dela frontière autrichienne, face à l’Allemagne :une enclave de paix dans un monde de feu !C’est là où j’ai appris à lire et à écrire en Al-lemand et en gothique. C’est là aussi où j’aidécouvert l’humanité, la tolérance et cequ’était le respect de l’autre.Qui suis-je, d’où viens-je ?Les années sont passées, le hasard de la vieou plutôt, déjà, pour une histoire de délo-calisation d’entreprise, mari, enfants et moi-même nous sommes posés sur cette terre deGascogne ? D’Aquitaine ? D’Entre-deux-Mers, ce territoire atypique de la Gironde,cerné par Dordogne et Garonne et paraît-ilen quête d’identité si l’on en croit les sa-vants colloques qui ont lieu tous les deuxans à la recherche de celle-ci(1).Qui suis-je, d’où viens-je ?Je me souviens qu’un jour, lors d’une réunionpublique, je fus interpellée par le maire d’unvillage : « Madame, me dit-il, vous êtes commeles tourterelles, vous arrivez, vous vous posez etcomme elles vous repartirez… » Je ne sais si c’étaitune invite à partir à tire d’aile avec ma valisepar ce Monsieur qui se vantait d’être le re-présentant de six générations ancrées dans ceterroir de l’Entre-deux-Mers : un « vrai Fran-çais d’appellation d’origine contrôlée » ! Maisla référence à la tourterelle, cet oiseau mi-grateur n’avait rien d’innocent ! Toutefois, cejour-là, je pris du plomb dans l’aile et com-pris que si j’étais bien en France, je ne serais

C H E R C H E Z L ’ E R R E U R

Français d’origine d’appellationcontrôlée

Le débat bat son plein, estampillé made in France. Il étonne nos voisins européens,au-delà… la France n’est plus un vrai sujet quoiqu’en disent nos dirigeants.

(1) Organisé par le Clem, comité de liaison Entre-deux-Mers.

L’identité nationale en colère !

jamais de ce terroir-là. Je n’avais pas cinq gé-nérations d’ancêtres qui attendaient que jeles rejoigne au cimetière du village.Qui suis-je, d’où viens-je ?Je suis dans le tramway, ligne A, celle quidessert les banlieues de Lormont, Cenon aumilieu de tous : minorités dites visibles,jeunes « issus de l’immigration », cepen-dant Français reconnus et authentifiés de-puis deux ou trois générations déjà et jem’interroge : se posent-ils souvent les mêmesquestions que moi au moment où ce débatsur l’identité nationale est sur la place pu-blique ? Que savent-ils de leurs origines ? Deleurs parents venus un jour reconstruire uneFrance ravagée par la dernière guerre, quit-tant ces colonies qui s’appelaient il y a cin-quante ans à peine A.O.F. (Afrique occi-dentale française), A.E.F. (Afrique équatorialefrançaise) ou protectorats comme la Tuni-sie et le Maroc, ou encore l’Algérie dépar-tement français depuis près d’un siècle etdemi. Pendant 132 ans, les pères blancs lesont catéchisés, les hussards de la Républiqueleur ont appris que « leurs ancêtres étaientles Gaulois… », et lorsqu’ils sont venus re-trouver la « mère patrie de leurs ancêtres »,la France ingrate n’a su les accueillir quecomme des Français de seconde zone ou-bliant les valeurs de la République inscritesaux frontispices de nos mairies « Liberté,Egalité, Fraternité ».

Il semble bien que ce débat sur l’identi-té nationale, aux relents de campagne élec-

torale, parte en quenouille, et soit en trainde tourner court. A peine 22 % de « vraisFrançais » ont répondu à l’appel, pas de quoivraiment pavoiser, mais pas de quoi nonplus vraiment décourager notre zélé ministrequi persiste et signe, nous promettantquelques mesures et directives propres à dis-soudre, à terme, chacun de nous dans legrand corps national.

Tant de persévérance peut aussi poser ques-tion : « et si, à travers cette vaste consulta-tion, Monsieur Eric Besson, inconsciem-ment, cherchait à résoudre ses propresproblèmes identitaires ? » Comme personne,il n’est à l’abri des deux questions fonda-mentales : Qui suis-je, d’où viens-je ?

N’est-il pas né à Marrakech, trois moisaprès le décès accidentel d’un père français,pilote instructeur de l’armée française et d’unemère libanaise ! Celle-ci se remariera avec unLibanais qui sera un beau-père attentif etl’élèvera avec sa nouvelle fratrie de cinq frèreset sœurs. Cependant, ce sera le seul, qui dèsl’âge de dix ans, sera pensionnaire et dontl’éducation sera confiée aux Jésuites, de quoivous formater un jeune esprit !...

Sylvie Brunel, son ex-épouse, vient d’écri-re un livre autobiographique où elle racon-te ses trente ans de vie commune avec sonex. Elle évoque à plusieurs reprises ce ques-tionnement sur cette difficulté identitaire :« …parce qu’il a grandi sans racines, privé de sonpère naturel par la force des choses, puis de sa mèrepar un exil dont je n’ai toujours pas compris le

sens, mon mari a toujours été un homme aux se-melles de vent, un homme qui a grandi dans unpays de sables où l’on ne peut s’arrimer, et de dé-serts où l’on cherche en vain son havre. Il ne res-pecte que les engagements qu’il se donne à lui-même. Aucune institution ne peut le contraindre.Aucun parti. Aucune famille non plus apparem-ment… »(1). Tout est dit !

Colette Lièvre

PS : Entre l’écriture de cet article et la parutionde ce numéro, le grand débat sur l’identité na-tionale a été enterré, discrètement, par notre pre-mier Ministre, Maître de cérémonie en l’occur-rence, tâche dont il s’est accompli avec le tact, lacomponction d’un grand chambellan. Il semblebien que la messe soit dite !

(1) Citation pages 79 et 80, « Manuel de guérilla à

l’usage des femmes ».

Le s Cahi e r s d e l 'Entr e -d eux-Mer s - N°93 - Mars-Avri l 2010

A C T U A L I T E

R E P E R E S

Sylvie Brunet est professeur de géo-graphie à la Sorbonne. Elle a passé delongues années au service de diversesO.N.G. Elle est également l’auteur d’unevingtaine d’ouvrages : romans, essais.Son dernier livre « Manuel de guerilla àl’usage des femmes », édition Grasset - 2009.

R E P E R E S

Le site internet « écovoiturage » a étéofficiellement lancé ce 8 février dernieren présence de Madame Colette Scott,présidente de la Communauté de com-munes du Vallon de l’Artolie accompa-gnée d’Emmanuel Corcket, conseiller mu-nicipal à la ville de Paillet et membre duconseil de développement .

Ce conseil de développement a été crééen décembre 1997 par la Communautéde communes du vallon de l’Artolie.Composé de représentants de la sociétécivile du territoire (citoyens, associations,acteurs socio-économiques), ainsi qued’élus, c’est une instance de concertationet de propositions sur des thématiquesen lien avec le développement durable.C’est dans cet esprit qu’est né le « covoi-turage » du vallon de l’Artolie.

Une grande première au sein de la Com-munauté de communes de l’Artolie, le « co-voiturage » devient une réalité et bien oui !Depuis le 8 février dernier, le co-voiturageartolien a son site internet à consulter sivous souhaitez participer à ce qui peut pa-raître une petite nouvelle aventure.

Mais d’abord l’écovoiturage c’est quoi ?L’écovoiturage consiste, pour les usagers, àréaliser ensemble des trajets pour des dé-placements aussi bien réguliers (de type do-micile-travail), qu’occasionnels (marché, sor-ties culturelles, etc.).L’écovoiturage, pourquoi ?L’écovoiturage permet de limiter la pollutionet les nuisances automobiles en réduisant lenombre de véhicules sur les routes, de ren-forcer la solidarité entre les habitants et demaîtriser les dépenses liées au transport au-tomobile en partageant les frais.L’écovoiturage, comment avec internet ?

Le site internet d’écovoiturage s’adresse àtoute personne souhaitant partager ses dé-placements en tant que conducteur et oupassager. Pour cela , il suffit de se connec-ter sur : http://ecovoiturage.cc-artolie.fr

Après inscription, les internautes peuventconsulter les différents itinéraires proposés,d’effectuer des recherches à partir d’un lieude départ et / ou d’arrivée ainsi que decontacter directement les personnes dont letrajet correspond le mieux à ce qu’ils re-cherchent. Ils ont aussi la possibilité de pro-poser un ou plusieurs trajets, de le modifierou encore de le supprimer.

La charte de bonne conduite : elle a étéélaborée afin de définir les droits et obliga-tions des « écovoitureurs » entre eux et na-turellement doit être reconnue et acceptéepar tous les utilisateurs du service.

Quoi encore ? l’écovoiture c’est écono-mique, convivial et « branché », tout pourplaire, à consommer sans modération !

Dernière minute

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Les Cahi e r s d e l 'Entr e -d eux-Mer s - N°93 - Mars-Avri l 2010 13

En fait, en écoutant Karine Riocreux-Forrer, rien de tout cela ! Par contre,un fort désir de créer une entreprise,

et pourquoi pas une unité de production debières sur ce territoire voué depuis des sièclesà la viticulture. Et pourquoi la bière ? Commesouvent un ensemble et un concours de cir-constances qui déterminent un parcours. Ka-rine est pharmacienne de formation, doncscientifique et elle souhaitait mettre à profitses connaissances au service d’une activitéqu’elle pourrait exercer à domicile ! Ensuiteelle a, peut être aussi, été orientée par sonhistoire familiale : son mari est mosellan, avécu à Trèves, en Allemagne. Tous deux onttravaillé également pendant deux ans auLuxembourg, de quoi subir une imprégna-tion culturelle, celle de ces pays du Nord-Est où la bière est la boisson omniprésente.

Mais ne devient pas brasseur qui veut. C’estpourquoi la jeune femme a suivi une forma-tion spécifique à l’université de La Rochelleafin d’être apte à créer cette brasserie artisa-nale. Elle a donc révisé la chimie, la biochi-mie, revu la microbiologie, s’est penchée surle rôle essentiel des enzymes « gloutons », etmunie de ce bagage s’est lancée dans cetteactivité, si atypique en notre Bordelais.

Karine explique que chaque pays a sa bièreet que celle-ci dépend des céréales produiteslocalement (orge, malt, sorgho, riz, etc…),mais en Gironde point de céréales, à part lemaïs dans quelques palus, c’est pourquoi,la matière première : l’orge bio et le malt,arrivent de Belgique. Les levures, si essen-tielles, car ce sont elles qui vont détermi-ner l’arôme, sont fournies par un groupefrançais.

La Brasserie Entre-Deux-Bières propose àses clients des bières dites de garde carvieillies en fûts de chêne, et élaborées à par-tir de la méthode belge, avec cependantquelques spécificités qui les rattachent à ceterritoire de Gironde.

Il existe trois bières Une blonde, une rousse, une brune. Il faut

savoir que la couleur dépend de la torréfac-tion du malt – plus il est torréfié, plus lacouleur est foncée. Mais ce qui fait toute laparticularité de chacune de ces bières, c’estleur saveur qui a été particulièrement étu-diée par notre « Dame brasseuse » pour leurdonner un goût de notre terroir.

Ainsi, les amateurs de brune s’étonnerontde ses saveurs d’iode : ce sont celles d’une in-fusion d’huîtres du Bassin d’Arcachon quiont été ajoutées au moût, selon une méthodequi se pratique aussi en Ecosse, et qui, à unmoment donné, a contribué à l’alchimie duproduit enrichi également par un apport deraisins rouges. Quant à la blonde et à la rousse, elles doivent leurs goûts à l’ajout dejus de raisins de cépages bordelais et de sucre.

Chacune d’entre elles a ses moments dedégustation privilégiés. La blonde, si légè-

re, si fraîche est particulièrement désalté-rante ; la rousse aux arômes plus complexespeut se boire en solitaire ou se partager entreamis ; enfin la brune, toute de subtilité ac-compagne à merveille les fruits de mer maisaussi… le chocolat !

Si la bière à l’origine, parce qu’elle est éner-gétique, est une boisson « d’ouvriers », c’estdevenue aussi une boisson plaisir. Telles sontcelles de la brasserie Entre-Deux-Bières, desboissons conviviales, joliment présentées enbouteilles de 33 cl, aux noms évocateurs :« L’Entre 2 » est la blonde, « La Baïne » larousse, et « La Tchanquée » la brune et ti-trent respectivement 4°-4,5° et 7°.

Cet été, si vous fréquentez les marchésnocturnes des producteurs de Pays (ce quenous vous recommandons chaleureusement),vous avez de sérieuses chances de rencon-trer « Dame Karine, brasseuse de l’Entre-Deux-Bières, en Entre-deux-Mers ». Sinonallez directement à la source, à Mauriac (aupassage, ne manquez pas d’aller voir la ma-gnifique petite église romane). Karine vousaccueillera avec le sourire, et si vous le sou-haitez, vous expliquera par le menu tout leprocess de fabrication qui fait que vous re-partirez avec vos bouteilles de bière artisa-nales en sachant tout sur leur origine.

RenseignementsBrasserie de l’Entre-Deux-BièresLes Blanchet Nanot33540 MauriacTél. : 05 56 71 17 - 06 68 55 78 74Courriel : [email protected] internet :www.entre-deux-bieres.com

L E S G E N S D ’ I C I

« Une petite mousse » sinon rien !Il fallait oser. Avoir du culot ! Un brin d’inconscience, peut-être ? Mais certainement l’énergie de la jeunesse pour se lancer dans la création d’une brasserie de bières artisanales en plein cœur du vignoble de l’Entre-deux-Mers !

Qu’il s’agisse d’un château oud’une maison bourgeoise,d’une église ou d’un bâti-

ment industriel, toutes ces construc-tions portent en elles une histoire ouplutôt des histoires : celle deshommes et des femmes qui y ontvécu ou travaillé, de ceux qui lesont construits, rénovés, agrandis,ruinés. Autant d’étapes qui ont lais-sé dans les murs des traces plus oumoins nombreuses, tantôt expli-cites, tantôt énigmatiques.

Certains de ces bâtiments on été longue-ment étudiés, d’autres n’ont eu droit qu’àquelques lignes et la masse des demeuresanonymes, elle, reste dans l’ombre. Toutesces constructions appartiennent à notre pa-trimoine, ce patrimoine que nous avons reçuen héritage et gageons que nous le trans-mettrons aux générations futures. Mais pourcela, faut-il encore le connaître, s’y intéres-ser, le comprendre.

C’est ici qu’intervient Histoires de pierresqui se positionne comme un médiateur entrele grand public et ce patrimoine. Lorsquele bâtiment a donné lieu à des études, nousen proposons alors une synthèse avec desmises à jours et au besoin une « traduction »pour rendre ces écrits compréhensibles auplus grand nombre car parfois (souvent ?),le langage du spécialiste est ardu et fasti-dieux pour le non-initié !

Quant aux bâtiments qui n’ont pas ou peuété étudiés, nous réalisons nous-même lesrecherches en archives (dans les dépôts d’ar-chives publics ou dans des fonds privés) etsur le terrain (analyse du bâti, relevés, réa-lisations de plans,…) afin de retrouver leurhistoire et celle de leurs propriétaires.

Nous proposons de la vulgarisation scien-tifique (en l’occurrence concernant l’histoireet l’architecture) au sens noble du terme. Il nes’agit pas ici de recherche au rabais, bien aucontraire, nous nous imposons une rigueuruniversitaire dans notre travail, tout en gar-

dant à l’esprit que le résul-tat de l’étude devra êtrecompréhensible, intéressantet même si possible pas-sionnant pour un large pu-blic ; du spécialiste au néo-phyte et même pour celuiqui de prime abord ne s’yserait pas intéressé.

Au-delà d’assouvir la cu-riosité intellectuelle de per-sonnes passionnées et

convaincues par la richesse de notre patrimoi-ne (ce qui, me direz-vous, est déjà une bonnechose !), Histoires de pierres se place égalementdans une démarche citoyenne. En effet, pourpouvoir transmettre ce patrimoine, faut-il en-core le protéger, le restaurer, le valoriser. Si nosrecherches peuvent mettre en évidence la beau-té d’un lieu, la richesse de son passé (mêmeparfois assez récent), sa place et son rôle dansle paysage et sur un territoire ; tout cela consti-tue autant de chances offertes à cette construc-tion de poursuivre son existence ou au moins,le cas échéant, d’en conserver le souvenir.

Si les châteaux et les églises sont les témoi-gnages les plus nombreux et les plus ostenta-toires de notre patrimoine, ce ne sont pas pourautant les seules constructions qui doivent fo-caliser notre intérêt. Les maisons, fermes, mou-lins, anciennes fabriques et tout le petit pa-trimoine (lavoirs, puits, cabanes de vignes,…)font aussi partie de notre patrimoine archi-tectural. Tous ensemble, ils sculptent et ca-ractérisent nos paysages ; ces beaux paysagesde l’Entre-deux-Mers que nous avons décou-verts et appris à aimer voilà quelques annéeslorsque nous étions étudiants en histoire.

Aujourd’hui, la principale de nos activitésconsiste à réaliser des études historiques et/ouarchitecturales pour des particuliers, des pro-priétés viticoles ou des collectivités locales. Ilne s’agit pas nécessairement d’imposants châ-teaux vieux de plusieurs siècles, les demeuresplus récentes et plus modestes ont aussi leurhistoire et leurs énigmes. Nos recherches ne

concernent pas que le patrimoine bâti, elless’intéressent aussi aux hommes. Ainsi, nousavons récemment recueilli la mémoire de per-sonnes âgées qui nous ont livré leurs souve-nirs sur la vie quotidienne et les pratiquesviticoles qui avaient cours au milieu duXXe siècle dans et aux environs d’une pro-priété viticole de l’Entre-deux-Mers. Les té-moignages des anciens propriétaires, d’an-ciens employés et de voisins ont apporté unregard singulier sur ce passé récent, mais àla fois déjà très lointain.

L’histoire des mentalités et des techniquesest tout aussi importante que celle de l’ar-chitecture et des événements politiques pourcomprendre notre patrimoine. Chaque nou-velle recherche, à chaque fois sur des sujetset des périodes très différentes, complète etenrichit nos connaissances que nous nousattachons à faire partager par d’autres biaiségalement.

Ainsi, à côté de nos activités de recherches,nous intervenons également en milieu sco-laire et auprès des centres de loisirs (en par-tenariat avec plusieurs associations) pourfaire découvrir le patrimoine local aux en-fants de la région afin qu’ils se l’approprient,le respectent et le transmettent.

Enfin, nous proposons également pour lesgroupes (locaux ou de passage) des visitesdes châteaux et villes anciennes de la région.Ici, nous nous attachons à offrir une ap-proche différente des visites guidées tradi-tionnelles en plaçant le visiteur dans « lapeau de l’historien » et en lui transmettantles clés pour découvrir l’histoire du lieu autravers de l’architecture, mais égalementgrâce à des plans et dessins anciens que nousprésentons au fil du parcours. Notre pro-pos, qui se veut le plus interactif possible,s’adapte aux différents publics.

David Souny

(1) L’entreprise Histoires de pierres a été créée en 2008

par David Souny, diplômé d’une maîtrise et d’un DEA

d’histoire du Moyen Age, à l’Université Bordeaux III.

L E S G E N S D ’ I C I

Histoires de pierres, un bureau d’étude au service du patrimoine régional(1)

« J’ai créé Histoires de pierres car j’ai voulu faire, de la médiation et de la valorisation du patrimoine, mon métier en mettant mes compétences et mon expérience au service du plus grand nombre : particuliers, collectivitéslocales, scolaires, touristes.

14 Les Cahi e r s d e l 'Entr e -d eux-Mer s - N°93 - Mars-Avri l 2010

Les Cahi e r s d e l 'Entr e -d eux-Mer s - N°93 - Mars-Avri l 2010 15

C U L T U R E

D E S I D E E S P O U R E V I T E R L A T E L E

On dirait qu’on habiterait un villa-ge nommé Pellegrue, et qu’on ai-merait à la fois vivre à la campagne

et tâter de la scène ou aller au spectacle.On dirait que ce serait vrai !On irait dans une petite rue appelée « du

poète Monmereau », cela ne s’invente pas.Au cœur de cette rue, il y aurait une salle deconcert, son nom ? : « Comme à la maison »,et aussi un studio d’enregistrement indé-pendant « E2M Audio Production ». Si vousne me croyez pas, lisez plutôt la page dusite: www.myspace.com/ccommealamaison

Venez enregistrer en live.En ces temps d’univers sales, de lissage

culturel, de toujours plus grand, de toujoursplus cher, où l’on « stadise » les concerts,de petites fourmis, avec leurs petites pattesessaient, malgré tout, de résister.

Comme à la maison, association Loi 1901,a donc souhaité, à sa manière, aider la créa-tion en imaginant un lieu de rencontres etde partage, entre artistes de talent et publicaverti, loin des grosses machines.

Notre spécificité ? Proposer à des artistesde venir se produire en concert acoustique(chanson française, folk, jazz, classique...)dans notre petite salle de spectacles d'envi-ron 80 places, que nous avons aménagéeavec tout le confort technique nécessaire.

La prestation sera enregistrée live, en col-

laboration avec le studio d'enregistrementprofessionnel attenant à la salle, par le biaisde son ingé/son.

Nous prenons en charge la post-produc-tion, le mixage, le mastering, le pressage etla diffusion des albums produits.

Nous assurons également l'hébergementdes artistes. A l'issue du spectacle, artisteset public se retrouveront autour d'un buf-fet-rencontre afin de prolonger la soirée.

N'hésitez pas à nous contacter pour toutesinfos complémentaires, et nous aurons à cœurde vous accueillir… Comme à la maison !

En ce lieu, j’ai déjà applaudi quelques ovnis,de ces artistes qui se méritent, qu’il faut allerdénicher dans des endroits atypiques et entout cas lieux de résistance s’il en est ! J’y aientendu Joël Favreau, qui pour avoir été ledernier guitariste du grand Georges n’en apas moins son style propre, l’inénarrable tou-lousain Michel Vivoux, le landais poète JeanMouchès qui sera le premier CD enregistré,Calise et ses chansons réalistes, Bertrand Lei-ris, défenseur de la mémoire des grands chantsde révoltes et de passions, il y eu Didier Gui-gnard et ses moments de vie en chansons etBarry Scofield et sa guitare complice. Toustalentueux et tous conquis par le profession-nalisme de François et l’accueil d’Annie, aucombien rassérénant pour des artistes. Je saisde quoi je parle, j’hésitais à le dire, je ne parle

pas de ce lieu pour parler de moi, mais j’y aiaussi « racco-conté », à ma grande fierté, meshistoires, accompagnée par Lucas Rolland.Tous ceux qui œuvrent tant bien que mal dansla littérature, la poésie, la musique, le textechanté ont connu les galères des lieux in-adaptés ! A « Comme à la maison », l’artiste estentouré, protégé, accompagné. De plus, lessoirées se terminent comme dans les maisonsheureuses, celles des grandes familles uniesqui se réconfortent à la chaleur et à la convi-vialité d’une table bien garnie. Car dégusterune merveille (dénomination éponyme), dela maman de François, avec un verre d’un vindu cru, la tête encore pleine de chansons c’estencore de la poésie ! Puis chacun rentre chezsoi, à travers bois et futaies, on peut bien rêvernon ! Surtout quand c’est vrai !Quelques prévisions de soirées : 20 mars : le concert des filles 29 mai : Michel Vivoux12 juin : Accoustic 4

« Comme à la maison » est fruit de ce vil-lage qui en possède d’autres, il s’y organiseune journée 1900, un éco festival, à deuxportes de « Comme à la maison », il y a « L’Ate-lier Zef » et ses créations, sculptures et pein-tures entre autres. Suivez toutes ces actuali-tés sur le site « animations Pellegrue ».

En tout cas, moi j’y retourne !Lysiane Rolland

« Comme à la maison », à Pellegrue

M A R S

Lignan-de-Bordeaux

Les 20 et 21, salle polyvalente, près de la mairie de 10 h à19 heure

Salon de l’énergétique,dont ce sera la seconde édition, il y aura ex-position-vente de peintures, minéraux, di-vers travaux réalisés par des artistes en ate-liers, des conseils et des diagnostics par desénergéticiennes pour se sentir mieux dansson corps et dans sa tête, de la chromothé-rapie et réflexochromie…, du bio pour serestaurer, de la convivialité sur tous lesstands.Pour en savoir plus :Tél. : 05 56 78 37 96 ou 06 80 23 24 72Courriel :[email protected]

A V R I L

BordeauxLa 1ère Semaine Nationale du Développement Durable

« Par- delà les Etoiles »

Film à 18 h, Athénée Municipal

« de l’Astronomie à l’Ecologie », avec BenoîtReeves, conférencier et Nathalie Brouillet,astrophysicienne. Suivi :

à 21 h, Temple du Hâ

Concert : « Cantates de H. Sauguet »

Ensemble Vocal d’Aquitaine avec MarionRaiffé, soprano - Stanislas de Barbeyrac,ténor - Martin Trembremande, orgue - Sté-phane Alvarez, récietant sous la direction

musicale d’Eliane Lavail.Prix : film 5 € - concert 10 € - film+concert12 €.

Communauté de communes

du Vallon de l’Artolie

Du 2 au 17 avril ce sera :

Le 7e « Printemps des Arts en Artolie »

Ou la découverte culturelle près de chezvous.Comme pour la nature, c’est l’éclosion dela culture en Artolie, avec la septième édi-tion du Printemps des Arts. Cette année,nature et culture seront encore liées car du1er au 7 avril, a lieu la semaine nationale du

16 Les Cahi e r s d e l 'Entr e -d eux-Mer s - N°93 - Mars-Avri l 2010

Rédactrice en chef : Colette LIEVRE

Comité de rédaction :

Philippe ARAGUAS - Lysiane ROLLAND -Muriel ICARD - Jean-François LARCHE

Ont participé à ce numéro :

Jean-Christophe MATHIAS - Patrick RÖDEL -David SOUNY

Abonnements :

Les Cahiers de l’Entre-deux-Mers

112 rue de la Benauge 33100 Bordeaux.

Fax : 05 57 77 83 84

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Imprimerie : Magnier à Langon.

Directeur de la publication : Alain GROSS.

Photos :

Marco PALADINI - Myriam BOIROUX CLEM -Colette LIEVRE - Jean-François LARCHÉ -

Stephan FERRY - Félix ARNAUDIN (La Grande Lande)

Les Cahiers de l'Entre Deux Mers ne sont pas responsablesdes opinions, des analyses et synthèses émises par les auteurs.Toute reproduction, même partielle, des textes ou illustrations

est soumise à une autorisation écrite de l'éditeur.

N° de commission paritaire : 1010 G 87157

ISSN : 1252-5235Retrouvez les Cahiers de l’Entre-Deux-Mers

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P O U R E V I T E R L A T É L É

développement durable. Ainsi, cette annéeseront associés bien-être de notre corps enharmonie avec notre environnement : uneréflexion sur la santé, l’alimentation bio.

Du 2 au 17 avril,

artistes professionnels, amateurs, associa-tions, se mobilisent pour vous faire décou-vrir un éventail de l’action culturelle locale.Cette année, musique et danse sont à l’hon-neur avec de nombreux concerts (classique,chanson, jazz manouche…) et la tradition-nelle soirée consacrée à la danse contempo-raine : Parole de Corps.Mais le Printemps des Arts, ce n’est pas seu-lement une accumulation de spectacles…Trois week-ends de rencontres et d’échangesfavorisent ce lien indispensable entre les per-sonnes qui composent ce territoire : familles,artistes, acteurs associatifs. Alors venez fêterle Printemps, les Arts…

Programme à suivre :

A Langoiran

Le 2, à 18 h 30, au Splendid

Conférence-débat« Manger bio… vivre mieux ? »

A Cardan

Le 3, en l’église, à 18 h 30

Concert « Guitares plurielles »,avec Randall Avers et Benoît Albert

Tabanac

Le 9, à 20 h 30, en l’église

Concert avec le « JeuneOrchestre de Chambre »,

de Léognan sous la direction de Michel Mou-reau

A Langoiran

le 10,

Ateliers-conférences :« Histoires de mers, histoires

de fleuves »

Le 10, à 20 h, « Le Splendid »

Musique et chanson française :« Julie et le vélo qui pleure »

le 16, à 20 h, « Le Splendid »

Danse : soirée « Paroles de corps… et vous ? »

6e édition avec la Cie Vita Nova et RichardCayre et Stéphane Lechit

Lestiac

Le 17, à 20 h, salle des fêtes

Concert : « Les pèrespeinards », jazz manouche

Pour en savoir plus :Toutes les infos sur www.cc-artolie.frCommunauté de Communes du Vallon de l’Ar-tolie Tél. : 05 56 72 56 50

A Saint Ferme

Du 23 au 25, en l’abbaye

Exposition artisanale dont l’inauguration aura lieu le vendredi 23à 18 heures et qui réunit chaque annéequelques talents.Concert le samedi 24, à 21 h avec le Chœurd’hommes Basques Oldarra.