Cahier du Compagnon - detrad.com · constitue notre recherche de la vérité. Pour paraphraser...

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Cahier du Compagnon Pages Spéciales Voyager pour la vérité ou par la vérité ? Par Patrice W. Rachline Le billet du Premier Surveillant Par Jacques Trescases N°100 ‑ Décembre 2007 Revue indépendante d’information et de documentation inter-obédientielles de la chaîne maçonnique Le maillon

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Cahier duCompagnon

Pages Spéciales

Voyager pour la vérité ou par la

vérité ?

Par Patrice W. Rachline

Le billet du Premier Surveillant

Par Jacques Trescases

N°100 ‑ Décembre 2007

Revue indépendante d’information et de documentation inter-obédientielles

de la chaîne maçonniqueLe maillon

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Cahier du Compagnon

Nous voilà au 2e petit pas de notre cheminement, et, en plus de nos travaux quotidiens de compagnons, nous recherchons

comme en toile de fond la vérité, et avec courage, nous nous refusons au confort de toute affirmation dogmatique. Double obligation qui côtoie le paradoxe : proclamer la recherche de la vérité, ce n’est pas affirmer en dogme que la vérité existe, et qu’on peut l’atteindre. Ce n’est pas non plus, au nom d’un dogme, dire que la Franc-Maçonnerie se refuse à toute affir-mation dogmatique. Il s’agit d’une position méthodologique, qui doit garantir à chacun la liberté de pensée et de conscience. Méthode, « meta hodos », selon le chemin. Nous ne disons pas pour autant qu’il y a un terme au voyage, ni même qu’il n’y a qu’un parcours et un seul. Et nous parlons de la vérité, même si certains estiment singulier que le mot « vérité » soit au singulier.Quel intérêt de prendre encore un chemin qui ne conduit peut-être nulle part ?Et si ce que le rituel me propose est avant tout d’agir avec ce que j’ai acquis, ce que j’ai acquis me pousse à continuer de voyager pour et par la vérité. Il me semble que nous, Francs-maçons, ne posons pas une parole, ni un discours.Mais alors, quel sens pour une recherche qui n’est pas motivée par une certitude, une croyance, pas même un espoir qu’il y a une vérité, alors qu’il y a déjà tant à faire ?

Voyager pour la véritéou par la vérité ?

Par Patrice W. Rachline

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Puisque les compagnons se doivent de le faire, faut-il quand même voyager ? Et si oui, voyager pour la vérité, ou par la vérité, qu’est-ce qui est essentiel, la vérité ou la recherche de la vérité ? L’une s’épuise-t-elle dans l’autre ?Je veux dire ici que la recherche, le questionnement, sont, notamment pour un Franc-maçon, de l’ordre de l’essence. Mais aussi que la vérité est indispensable au cheminement. Ou plutôt des vérités successives, comme autant d’étapes où l’esprit le compagnon, se repose pour mieux rebondir, pour mieux aller plus loin, car il y a toujours un plus loin. Et donc que la vérité nous pousse et nous permet à la fois de cheminer, car la vie, la liberté, l’existence sont des tensions entre les deux pôles de la question et de la réponse.

Comme vous venez de l’entre-voir, ne serait-ce que pour la durée de cette planche, les équi-valences sémantiques suivantes sont employées : la vérité est une réponse à la question que constitue notre recherche de la vérité. Pour paraphraser l’ar-ticle de nos Constitutions : « la Franc-maçonnerie a pour objet la question de la réponse ».

Nous autres Maçons estimons généralement que, s’il y a une vérité ultime, s’il y a une grande réponse, elle est de l’ordre de la transcendance, donc hors de notre portée. Pourquoi alors ne sommes-nous pas dissuadés de nous diriger dans ce sens-là, dans celui d’une étoile flamboyante

La Vérité sortant du puitsPeinture d’Édouard Debat‑Ponsan, musée de l’Hôtel de ville d’Amboise, dépôt du musée 

d’Orsay © Ville d’Amboise

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qui serait réelle, comme s’il y avait une grande lumière effective ? C’est parce que notre réalité d’homme fait qu’il est de notre essence de chercher. J’aime à cet égard le mot que l’hébreu – langue que les Francs-maçons aiment à utiliser comme tremplin de la méditation – emploie pour désigner l’essence des choses et de l’homme, ce qui réside au plus profond, ce qui reste quand on s’est dépouillé de tous les métaux, lorsque le centre de l’homme-oignon est à nu : « Mahout ». Or la racine de ce mot, « mah », signifie « quoi ? », comme dans Mah Ne – manne, la nourriture essentielle, signifie qu’est-ce que c’est ?J’aime qu’au cœur de notre être réside une aptitude essentielle à questionner, une « quoibilité » comme l’appelle joliment Marc Alain Ouaknin. L’être de l’homme maçon est d’abord question, qui ouvre à des possibles sans encore s’y résoudre, qui permet un futur, un à venir. Par la question, l’homme maçon est transporté, transformé, élevé vers ses possibilités, au-delà de ce qu’elles sont dans l’instant. Comme je suis question, mon être actuel n’est qu’un passage, l’étape d’un instant d’un voyageur dont l’essentiel réside dans le voyage. Le compagnon en chemin est celui qui devient, celui qui sort de l’état statique, de « l’ex-sistant ».Par conséquent, il n’est pas dans l’essence de l’homme, et encore moins d’un Franc-maçon, d’être dans la permanence. Il n’est pas de l’ordre de l’homme d’Être, avec un E trop majuscule pour nous. L’homme n’est pas, mais devient, existe, c’est-à-dire vit, ou meurt, c’est-à-dire cesse d’exister.La réponse est donc en quelque sorte, comme l’écrit Ouaknin, « le malheur de la question ». Répondre, c’est figer l’être. C’est l’empêcher de devenir ce qu’il peut encore être. C’est être au bout du chemin. C’est être à la fin de la vie. La vérité éternelle, c’est le repos éternel, l’Orient éternel d’où le soleil ne se lève jamais. Après, au-delà, le chemin n’est plus dans l’ordre maçonnique.

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Réponse-malheur, réponse parfois meurtrière, réponse comme étape indispensable cependant, car si la question est de l’ordre de l’essence, la réponse est de celui de la nécessité. Il faut bien, de temps à autre, de loin en loin, mettre le sac à terre, même si la « cayenne » se doit de rester ouverte vers la sortie.

Le chemin, le questionnement, est un exercice enthousiasmant mais épuisant et douloureux, puisqu’il remet « en question » certaines de nos habitudes de pensées, convictions, théories reçues sans vérification, opinions, préjugés, décisions toutes faites, qui décrètent ce que sont le monde, les choses, les personnes, la connaissance, etc. Le questionnement est destruc-teur de certitude, mais ne peut être simplement une négation du sens, comme le concluent les nihilistes, car il serait en même temps affirmation d’un non-sens, et le voyage s’arrêterait en même temps qu’il commencerait. Si rien ne peut avoir de sens en effet, il est insensé de le prétendre. Le questionnement, la recherche sont aussi un moment du chemin, un passage vers la réactivation du sens. Mais à partir et au nom de quoi ?

Au nom d’une vérité acquise, même provisoirement. D’une vérité gagnée, d’une vérité bien méritée, d’une vérité étape. D’une vérité qui réactive pour nous le sens, pas un incertain sens fondamental, initial. Il ne s’agit pas de chercher le sens de la première fois, mais, comme le dit Levinas, de construire l’anarchie, l’an-arché, sans origine. Il s’agit d’innover, d’aller toujours au-delà du sens pré-donné. En osant la question, nous reconnaissons à nouveau « le pouvoir du mot ou de la chose de signifier encore et au-delà ». Il existe dans la recherche de la vérité une volonté impérieuse de construire le sens pour construire la suite de l’Histoire. La pensée, c’est une remontée de l’affirmation vers le questionnement : j’interroge donc je suis, et l’objet de la Franc-Maçonnerie, c’est la question de la réponse.

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La vérité-étape est un repos dans la marche, dans notre « tour de France », et c’est par étapes que nous pouvons cheminer. Ce n’est repos que parce que dans ce repos l’exigence de recherche reste vivace, comme demeure vivace la vie pendant le sommeil.De même qu’il ne peut y avoir de travail sans repos, il ne peut y avoir de question sans réponse, même momentanée, même insatisfaisante, partielle. Pas de mouvement sans point de repère. La réponse, le savoir positif, la vérité affirmation, est « cette forme cristallisée de l’intelligence », ce sol ferme sur lequel l’homme peut prendre appui pour un nouveau saut. L’effet du levier, aussi, suppose le point d’appui. Et pendant l’étape, il nous faut demeurer le temps que s’élève la moisson, que les épis deviennent nombreux comme les blés et qu’ils prennent racine pour fertiliser la terre et nourrir les hommes. Il nous faut donner du temps pour que les enfants se tiennent debout et puissent à leur tour marcher, et qu’ils maintiennent allumée la

Le labyrinthe, planté d’ifs, symbolisait au Moyen‑âge, la quête de la Vérité.Le Château de Chamerolles fut bâti par Lancelot du Lac (bailli d’Orléans sous François 1er) 

au début du xvie siècle. Durant la Renaissance, ces labyrinthes prirent une dimension ludique pour devenir espaces de distraction, prétexte à des jeux galants fort en vogue à l’époque.

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lumière de la question. Il nous faut demeurer le temps de notre devoir ici, mais, tout à notre tâche, nous pouvons continuer, dans notre tête, le chemin que nous avons laissé un moment. Et s’ébranle ainsi la cohorte des Francs-maçons en une chaîne d’union qui s’étend vers une question plus loin, une réponse de plus.Il existe ainsi un va-et-vient dialectique entre la question et la réponse, entre la recherche et la vérité, entre le voyage pour la vérité, et le voyage par la vérité. Deux pôles, et une tension qui met en mouvement la pensée de l’un vers l’autre. C’est la question qui crée la liberté, comme c’est la recherche qui nous met au travail, en tension. Tout l’homme maçon est dans cette

tension, dans cette recherche, dans ce devenir. L’homme maçon n’est pas, il est en train de devenir. Pour l’homme, être, c’est avoir à être, c’est être projet. Son identité est dans le changement perma-nent d’identités, entre deux vérités.

Le Maçon est pleinement dans cette pensée, quand il cherche une réponse en lui-même et ailleurs qu’en lui-même, quand il trouve à poser une question, le courage et la force de vivre dans l’espoir de la résoudre. Si la question est de l’ordre de « l’essence », cette force et cet espoir sont le « carburant ». Nous cheminons ainsi par la vérité renouvelée.

La vie commence au matin par une question, « donnez-moi aujourd’hui la question de ce jour ». La question surgit au lever du jour, et en même temps vient l’exigence du courage, de la confrontation. Vladimir Jankélévitch nous dit : « il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout, c’est le courage ». Car nous avons besoin de tout notre courage, ne serait-ce que pour ne pas corrompre l’authenticité de notre questionnement, en le remplaçant, lassés, par une

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L’homme maçon n’est pas, il est en train de devenir.

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contrefaçon qui nous permettrait d’appeler à une vérité enfin définitive. Tout le jour est consacré au travail à partir de cette question, et, au soir, quand l’heure du repos arrive, quand il est nécessaire de trouver un terrain solide pour s’y allonger, il est temps alors de s’appuyer sur une vérité.L’identité maçonnique du Compagnon, sa « maçonnité » en quelque sorte, prend son assise sur l’étonnement, sur la capacité à s’étonner. L’étonnement maçonnique du Compagnon n’est pas une réaction par rapport au monde, c’est un acte délibéré, volontaire, totalement actif et créatif à la fois.Selon Michel Barat :

« la recherche de la vérité a un nom : philosophie (…) celle qui commence par une rupture, un éton-nement qui fait que les choses ne vont plus de soi. »

Philosophie : n’est-ce pas là aussi le sens des 5 voyages ?

DelphesLe temple d’Apollon, dieu de l’harmonie, au pied du Mont Parnasse

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Cahier du Compagnon

Le premier voyage vous a invité « à vous connaître vous-même », selon la plus vieille prescription initiatique, inscrite au fronton

du temple d’Apollon de Delphes, et rappelée au seuil de la démarche entreprise, dans le cabinet de réflexion, par la devise énigmatique « VITRIOL »: visite l’intérieur de la terre et, en rectifiant, tu trouveras la pierre cachée ». Pour opérer ce travail de rectification, vous étiez munis de vos outils d’apprentis, le maillet et le ciseau, « afin, » dit le rituel, « de faire disparaître les aspérités » que le jeune maçon rencontre en lui.

Pour votre second voyage, vous êtes munis de la règle et du compas, outils indispensables à la construction de tout édifice ; le rituel vous explique que cette règle vous incite à la droiture tandis que le compas vous invite à la sagesse, la prudence et la circonspection. En effet, comme cela vous a été enseigné dès votre initiation, cet instrument de mesure vous permet de prévoir et jauger l’effet de vos actes sur votre environnement, humain, social ou naturel. Toute action projetée devra donc prendre en compte cet effet. Au-delà de cette règle « morale »� de bon sens, cohérente avec l’invitation de l’œil ouvert au centre du Delta lumineux, il convient de remarquer qu’au cours de ces deux voyages, – et il en sera de même pour les voyages ultérieurs –, le

1 Bien entendu, il ne s’agit nullement de morale conventionnelle, religieuse ou ins-pirée d’une idéologie dominante, mais des indications de notre sens moral, inné, qui résulte du fait que nous ne sommes pas seuls au monde, comme nous l’a révélé le fait que la lumière nous a été donnée dans la Chaîne d’Union.

Le billet du Premier Surveillant

Par Jacques Trescases

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Le maillon de la chaîne maçonnique

futur compagnon est toujours doté d’un couple d’outils, ayant des fonctions différentes, pour ne pas dire opposées. Ce point est essentiel dans l’enseignement dispensé.Ce rappel, maintes fois réitéré (pavé mosaïque, colonnes, etc.), qui nous indique que les oppositions apparentes sont des complémentarités fécondes et que la bonne conduite consiste précisément à savoir les marier.Dans le cas considéré, la règle indique la droite, laquelle conduit à l’infini ; c’est une bonne perspective, une aspiration légitime, mais également un danger ; aussi convient-il de la contrôler par un instrument qui permet de mesurer la juste proportion. L’oubli de l’un des outils qui contrebalance les risques de l’autre

peut s’avérer catastrophique.Ainsi, muni de cette paire d’outils, le postulant compagnon découvre les cinq ordres d’architecture.Comme il est dit ci-dessus, la règle et le compas sont des instruments indispen-sables à la construction d’un édifice. Il ne suffit donc pas de se connaître soi-même, mais il faut agir. Tout être vivant agit, inconsciemment ou non,

du fait qu’il vit, sur son entourage et sur son milieu. Et d’abord sur lui-même, pour être davantage conscient et maître de lui, car la recherche de la maîtrise est en premier lieu la maîtrise de soi, ce que rappelle la qualification de notre pratique : « art royal ». Quelle royauté conquérir, sinon la pleine souveraineté de soi ? Quel édifice construire ? Les cinq ordres d’architecture nos invitent à penser qu’il s’agit d’un Temple, puisque ces styles permettent de reconnaître les colonnes, qui sont en général les attributs de tout temple. Le fait que l’on désigne les cinq ordres d’architecture connus semble nous indiquer que l’uniformité ne constitue pas l’idéal recherché. Puisque nous-mêmes devons devenir colonnes vivantes du temple vivant de la Maçonnerie, il

Chacun doit construire son temple avec ses

qualités, ses objectifs, ses aspirations, sa culture, ses conceptions, sa

sensibilité.

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ne s’agit nullement de fabriquer des sardines en boîte, parfaite-ment calibrées et alignées. Chacun doit construire son temple avec ses qualités, ses objectifs, ses aspirations, sa culture, ses conceptions, sa sensibilité. Mais les colonnes, si fondamentales qu’elles soient, ne constituent pas le cœur de l’édifice dont, précisément, l’étoile flamboyante nous présente le schéma.Mais d’abord, de quel temple s’agit-il ?Les maçons regroupés en diverses obédiences, avancent trois conceptions différentes : certains prétendent qu’il s’agit d’un Temple à la gloire du Grand Architecte de l’Univers ; nos aînés opératifs en ont effective-ment construit beaucoup, et des plus magnifiques : t e m p l e s é g y p t i e n s o u grecs, synagogues, églises, mosquées, temples hindous, etc. Mais cela ne semble plus ressortir de nos moyens, sauf si nous prenons à la lettre cette prescription de Jésus-Christ2: « Ce que vous ferez au plus petit d’entre vos frères, c’est à moi que vous le ferez ». Nous sommes ainsi ramenés aux deux propos i t ions restantes ; pour les uns, le Temple à construire est le Temple intérieur, tandis que, pour les autres, ce serait le temple social, c’est-à-dire, la société à améliorer. Il s’agit évidemment de l’une et de 2 Pour la conception que je me fais de J.-C., cf. « Le maillon » n° 81, février 2003, ou Promenade initiatique : origine et actualité des mystères sacrés, Éd. Trédaniel.

Les Cinq Ordres D’Architecture1683, de Charles Perrault

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Le maillon de la chaîne maçonnique

l’autre, qui ne sont aucunement contradictoires, mais complé-mentaires. D’ailleurs, le Rite Écossais Ancien et Accepté, qui est le plus couramment suivi en France, est explicite à ce sujet : le but de la Franc-maçonnerie est en effet,� « l’union, le bonheur, le progrès et le bien-être de la famille humaine en général et de chaque homme individuellement ». Le développement du Rite nous indique comment : du �er au ��e degré, en permettant aux adeptes de se réaliser individuellement, puis, à partir du �2e degré, en participant à la construction du « Saint Empire », symbole d’une société harmonieuse et respectueuse des diffé-rentes identités qui la composent.Les deux premiers degrés du Rite sont clairs à cet égard et cohérents avec son développement ultérieur. Au premier degré, l’apprenti est invité à dégrossir la pierre brute, qui le représente lui-même. Au second, il doit la tailler de manière parfaite « pour lui donner une forme conforme à sa destination ». Il s’agit donc de se perfectionner soi-même pour devenir une personne utile à la société.

Un tel point de vue et la démarche qui en découle ne sont aucunement égocen-

tristes :Au cours de l’Initiation, la lumière nous a été donnée dans la Chaîne d’Union : la conscience de notre appartenance à une chaîne de vie, – le cercle des Frères

et Sœurs d’abord, mais, au-delà, symbo-liquement, l’humanité entière et même

« tout ce en quoi palpite la vie » –, est déjà, peut-être, l’essentiel de l’accès à la connaissance

et nous indique notre « Devoir » : être une pierre utile et féconde à l’ensemble de cette chaîne de vie dont nous sommes, de façon provisoire mais dont les prolongements peuvent être infinis, un élément constitutif.

3 Selon les Grandes Constitutions de 1786.

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Le premier enseignement du second degré attire notre attention sur nos organes vitaux qui sont les moyens de communication avec autrui et, de manière plus large, notre environnement. La vie est échange, à tous les niveaux, de toutes les façons. Mais il convient d’être fort, sage et harmonisé pour accomplir notre devoir de partenaire utile et fécond. Le temple que nous devons construire doit être un modèle de solidité, de sagesse et de beauté mais afin de demeurer ouvert, car la finalité d’un temple est de rassembler les fidèles pour y communier dans l’écoute de la Parole.Il convient de s’attarder sur la notion de Temple, élément fondamental de la symbolique maçonnique. C’est ce que nous ferons dans un prochain numéro.

Palmyre (Syrie)

ISSN 0762-8447 Pages spéciales Compagnon