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EDIT·OH.IAL

Depuis l'~doption d 'une nouvelle orgnnisation, l'acti ­

vité de "Nous sommes en r:tarche" a 6 t& surtout consacrée

au bulletin. Aussi bien le travail de pr~paration th~o­

rique, ~ue le travail d e r6daction, que les tSch es pra­

tiques de réalis a tion on t occupé l'ess entiel du temps

que chacun, explicitement ou impliciternent 1 consacre

c~u groupe.

Evidemment, se trouve pose le problème de snvoir si

NSEL est un groupe qui fait , entre autres choses, un

bulletin ou bien si le bulletin est la r~ison d'être

àu groupe. Actuellem~nt, c'est implicitement vers l a

deuxième sol ut ion cn.1e le grou:·J e semble s' (:Cheminer,

mais la question m&rit e r a it d'atre discut &e .

Dans le m8me te~ps, le probl~nc des objectifs du bulle­

tin se p ose d'une mani~re identique. Dans le pr~céctent

num &ro, nous a v ions p r6cis 6 qu e nous ne vouli ons p~ s

nroduire un crg c:.~ne d e - ~ lus de l a presse e a uchiste, mais

que nous voulions r 6nliser une sorte de · bulletin de

'liaison, un courrier int ~~ieur entre les mecbres pass~s,

p résents o u potentiels de NSIDl. C'est pourquoi, nous

ne nous é tions guère Gttnch ô s à ln clnrté ot t:1 l a com­

pr6hensivit~ de nos textes c ui &tnient plus des textes

de travai l, des r apnorts de coru~ission ~ue des artic les.

Or, avec le· recul du temps, les n eMb rcs du groupe se

sont demand& si un t e l ~anque Œe clarté ne rendait pas

vaine l'existence rn~ne du bulletin, dans la mesure o~

les me mbre ext6rieurs, n'ayant pas particip ~ ~ux tr a ­

v a ux d o co nmission, pouvaient soi t ne rien coc~prendre,

en ~articulier ~ n os ~otivetions, soi t @tre rebu~bs

par un certain vocabulaire, lanGage interne aue tûut

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- 2 -groupe secrète en s on sein. Ceci fut corroboré par les

~uclques critiques reçues de l'extérieur dont la maja­

rit~ rejoignait nos propres doutes.

Ces critiques et ces doutes ont provoQué une remise en

question se traduisant par m1 effort accru dans l'expli­

cit~tion des notivat ions de tel cu tel texte et dans ln

clart é de la rédnction .. On s'est effor·cé, sans peut-être

tbujours se l'avouer tout ~ fait, d' ~crire de vérita­

bles articles, pouvant ~tre lus et compris par une sor­

te de lecteur moyen, dont les caractéristiques ne furent

pas exprcss6ment d~finies. Le problème est alors de sa­

voir si le bulletin doit rester un courrier intérieur

refl~tant 1 J ail actuel du groupe mais avec tout

ce que celA conparte d'imperfections, d'hésitat±ons,

d'obscurités ou bien s'il doit devenir un journal avec

des articles bien l éché s, dans le fond conme dans la

forme, oais avec le danger de verser soit dans la revue

pédante, 3oit dans ln feuille de chou groupusculaire.

En particulier·~ ces h 6sitat ions ncus ont fait ajourner

l a publication d'un ensenble èe te:-:: tes sur les rapports

de ln science, de l'i d6o l bgie at ~e l a pcli tiqu~, textes

dont nous nvons dé:cid6 ou' il sel'i:L.:. t diffusé à part,

ce c~1 :: i es t une r::1nnièr(~ de c ontourner le problème o Il

semble ce~)endn.nt c r: ' il fnudr u. un jour ou l 'autre le

trancLer. i'>ais péut-t+.re 0ue 1e cheminenent de nos tra­

vaux n'int6resse personne d 1 autr~ que nous? Evidemment,

ln m1 i lleure n a nière de l e ~nvoir ser2it de disposer

èe suffisa.nuent de critigues de l 0. part de ceux qui re­

çoivent le bulletin, sans ouoi nous risquons de pour­

sui vrè notre che :-\·.~·· en aveugle " D'un autre' côté, il

est peu t--être U"'l peu tô;: 1 après seulement L.:..n numéro,

nour attendre rles lecteurs des ~~actions sign~ficatives.

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- 3 -

Pour ce nu~~ro, nous ur&scntons trois textes. Tous les

trois sont des textes de commission, mais nous nous som­

mes efforc6s, ~ans d es styles diff&rents, de ne pas foi­

re transparaître les é tGpes . de notre réflexion pour pré­

senter un 6tat final, bien ~ue peut ~~ tre provisoire,

aussi cohérent aue possible . En particulier, nous avons

suppr i~:TIÉ: , aut.:1nt que i~Dire se ~eut·, les références sur

lesbu~lles nous nous é t ions n~puy6s . Tous les trois ne

sont cependant que des noments de démerches plus géné-

rn.les ii con.tre l'université déL1ocratia-:.1.e 11 s'insère

d a ns un travail sur le s cvoir et sn tr nnsnission (lui­

r:! ê m.e se rnttachont nux textes sur la science, 1 'idéolo­

g i e et le. :) o 1 i ti c; u e ) , " co 11 e ct i f s " d e:n s un t r a v ni 1 sur

la .sexuu:li té e t "tra vailleurs i mr::' igrés 11 ( c::.ui cons ti tue

une sui te ·du text e sur les ébo u eurs dan s {~~ ,,, ,...~,~~~"'6·;;; .. -...,.,.,, .. ,,. '------·~~~-~~·~, o:<--....i;.';;. ~•'"" •'""""'' '"" "''-1>~ -~ (.\.t•·' ...... ~~ ·, · ··~"''"'---~, ... ;:,:;·,~- ·· · ~ - -.<\<'· .... · -: ''""' ·····!.~ .•• ,,.,"' "'~•· ~"'"---~-.,.,,~,-·"'"''" ''~"'··~ ·- ,.,....,,...,...,. .• ~.,,...-,..,.., .

c6dent) dan s u n travail sur le tiers monde et les p ro-~

bl~ncé du d~velopncoent économique.

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CONTRE L' U1\f iVERSITE "DEl'-'iOCRATIQUE"

En cette pfriode de ln rentr~e,ce serai t oanquer

à nos devoirs de "ni li tnnts '' que de ne pas parler

de cette noble institut~on en dfcoMposition qu'est

l'universi t é .Il s ' agit bi e n d'un devoir car,sans

f a ire de l 'ouvriérisne,l 'universitô ne nous inté-

resse pas.

Elle ne nous int~resse pns car,s'il s'agit de

sGlection et de d6Docrntisation,elle n'e st qu'au

sor:1r1et d'une p yrnnide où tout est d éjà joué .

Que l'on nous parle d e s6lection et dé~ocratisation

à l'école pri~aire et dans les C.E.S. et l à,nous

conne ncerons ~ nous intéresser à l a chose.

L'univer s it6 n e nous int&res se pas plus coMne

bastion de ln 11 C"t:l tur e ",ce qu'elle tend à ne plus

&tre (heureusenent),non plus que cornn e sanctuaire

de l a r~volution fu tur e . Ln s eul e chos e A la rigueur

anusDntc ,c' est çue le s "réa c s " de l n culture sont

pas.s(:s à 1.:::-:. contre-nttnque et que le s "révolution­

naires "sont ~-;ur la d éfensive ePour notre part nous

nous rJe ttrons les deux d a ns le L1ê r.1e sn. c s tratégique

c'est à dire dans l'arri~r c -garde.

Il est cep endnnt du plus gr nnd intérêt que l'uni­

versit~ soit d& truite,coune Carthage diraient cer­

tains "honnête s honnPs" ou L~ Gorz (fort honnête

honne lui nussi .)

L'universit é doit ê tre détruite car e ll e n'a

plus a ucune justification, sinon de participer ~ la

r eproduction du syst~oe , oêoe si sn fonction n'e st pa s

uniquenent cette reproduction (oerci à ffi< . Bourdieu

et Passeron p our cette subtile distinction).Mais la

destruction in&vitable de l'universit6 a ctuelle

(bourgeoise et socialiste) n'est pas rendue nécés-

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- 5 -saire par c e tt e sinpl e fonction car on se d G~ande bien

comment un quelconque systè.rn e de trnnsr.-1ission du savoir

ne serait pas intégré et ne participerait pas à la repro­

duction du sys t ~me elobal (merci ~j~ . les structural~ ~os) :

L'université doit périr et p6rira sinplement parce qu'

elle est desuette (frap p&e d 'obsolesce~ce tardive).Bour­

dieu et Fnsseron ont tr&s bien montré que l'universit~

de J.Ferry ~tait une ~nscarade ,l a d6wocratisation un

myt he et l .a ~ronotion so cial e , un autre nythe ~l 'usage

des classes labor iouses . hais tout resterait dans l'or-

dre et chacun (ouvrier, paysan ,petit bourgeois) se con­

tenterait de son &gnlit6 de chances th6or~cue si l'uni­

versit6 gar d ai t e~corc sa fonction principale d'usine ~

privil6giGs du savoir et ~ cadres en tout genre.halheu­

reusement depuis quelques temps,il y e soi-disant trop

d'aspirants, :;es pe a ux d 'âne devenant trop nonbreuses

perdent de leur valeur sur le narch& (sans que la dif­

ficulté et l'investi ssoment t~nvaii pour les obtenir

aient diminué en proportion).C 1 est pourquoi il s'est

déjà crée une "Univer s ité !.Jarallèle'! plus rentable et

p l us rap ide (I~U. T . et instituts sn tous genre s ) qui ,

c:!lliÇ.:; e à la r::ronotion i;I.'lterne ct à l P;. for rr.ation "maison"

V8 enlever a l 1 univcrsit~ tradi tionnelle se raison d'

5tre principale:le renouvellen~t des cadres de la nation ~

'' pour

laquelle,il est vrni,le syst~ne est pr&t à s~crifier rle

nonbreuJr ui l 1iards o

Ainsi le " g r und p_crt_u is 1; à.o 1.:.-: c-:. i 68 cu'est l 7 autonor.1ie '-Ji. .r. '

permet -i l rnaintennnt de diff6rencier ins titutionnel lement

les universités celles o~ l'on apprend que l que chose

(entendons d'utile et de rentable), et celles o~ l 'on

"recherch~:.;- 11 où l 1 on "expérime nte", Ces recherch es c1iver-

ses ont au rnoins l'avantage de servir d'alibi au sys-

tène, tout en lui permettant de transoettre l'idéologie

dooinnnte dont il a beso in pour garder le statu quo ante

sous d 'outres for~es.

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c ert2ins se bercent encore nu sein d 'unive r s it 6s

11 r 6vol utionnnire s 11 ou n eX~!C:: rir..1entnles 11 d ' ill usions non

nnives telles aue l 'université "critique è2 ln Eoci€té 11 ,

voire l ' -:J.ni ver s i té " b .:H:> G rouge 11 , où quelc;ues ouvriers

"syr:1L olic.ue~ 11 vioT1èrnier.i?e :foru cr et r~ c. qu 6 1~ir une cona­

c i en c c ct e cl.:_: f; se 11 soli d c " ( 2 r.:. t Gn c: ons uni ver si taire )

Leissons ces quelques nun~nrins et aspirents nendnrins

d6chus a leurs raves qui se r aientinoffensifs si l e ur

cont es t ation en vnsc c los ~e s ervoit pas oussi nu

syst~oe d ' ~ lib i ct f e d(douanenent,

et à c c·ux qui ont u cc. e·::>t(~ cc è. u:;,.~ destin è' c pe:.ria , de

bonne c o:: 1 s c. i f~ E c e •

En fnif ~G prob l ~ne n'e st ~ ~s 1~. Il frut remercier

une f'o i s de p l TB E o 1.1r c1. i eu et P 2 s seron d ' n "'IO ir D is en

luu ière les c: :L ~: · f&rentes h-:/pocrisies cl•..::. systène o Il est

vr2i ~ue l os bour ses ne sufriront ?~S ~ donner ~ tout

le nonde 1 ' :~ g2l :i. t é d e n c.:t.ancen, e t qt::~ ' il fc_ ;..,_t nbnndonner

d&fini t i veucnt l'idéoloGie :Cer:r-·yste de lr: rônova t ion

de la soci6t& ~ar l'ensei~nement, en g~n6rn l, et pnr

l 1 lL'!!.i vers i t é en p [".r t i cul i cr • Il e s t "".rr r: i a. u s s i c: u e 1 e s

ré~nova t eurs de cet <:.e id6 olc sie , les 11 révol u tionnnires n,

c:ui , croyant -oouv ·; i r .sf: servir r~ c l 1 u niversit& , :::-;oit

co .. . :no bas e rcugc , soit Cü t"'lr:., c rJc ycn de pc:rn li.ser le sys­

tèrte ~~loba i , p roc .:- d,-::-.nt de 1.:.: rJ@ne naïvet é , ne sont pê.s

d u tout d~ns l~ c our sa .

Cu cette uni v ersi t6 r[volutionnoire e st bidon , et alo r s

o lle ne Îé~i t c,:l1C conserver "ob j ec.ti vement 11 lo système

en l u i c~onnnnt ses oeil lcurs a l i bi s, ou cette uni ver si -

t é r i:volutionn.:::tre ,jo'L:e vr0inent le rôle c~u 1 elle prétend

2.voir, n.êoe ;~ une t~:> ~:to pcti te &che lle , et il est nlors

inf~nti le de croire que la sys t ~ce 1~ supportera .

On nc~s dirn n lors q ue nous so~nes toujours devant le

n&ne dil emme : soit ne r i en fair e du tout, au non d'une

cr i tic:uo re~é~ icD.lc et "ir_transigenntc il, soit essnyer de

~ auger de l'int6rieur , et atre ainsi taxCs de r&formisrne .

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~-,

- 1

Ce dilemn e est U4 des proèuits les p lus Éclatants de

l'ièéolot:;ie bourz;eoise et de son corrélat "révolution­

nariste 11 • Chacun, soit pour ln souhaiter, soit pour 1 ::1

craindre, croi t en une r 6volution totale de t6utes les

structure.s rJnrtielles et èa tout' c~e umière instantanée'

d~ns une grande fl~o~6 e oui bnlayernit les vestiges du

"vieux nonde" .

Il en est de l'universit6 com~e des autres secteurs

lo "révolut i on 11 ne se fer â IJas par elle, et 1' idée

d'université 11r~volutionnnire" est un pur non-sens.

En revanche le r6fornisne n ce grand nvantage strat~gi-~ d. - . q u e sur le ra lCélll s oe r6volutionn2ire de pouvoir pro-

c~der pnr secteurs. La 5olut ion est donc 1~ suivante:

bien loin de se lancer dans une 90litique du pire dans

tous les secteurs, et dans l' u.ni ver si t~ en po.rticulier,

il fnut repenser le tout, et a ccepter, voire encourager

~es r6foroe s oui puis sent &tre int ~gr~es telles quelles

à un autre syst~nev

-"Vite dit", diront le s esprits chngrins et les petits

nandt::1.rins.. - 11 A f;:::.ire", , répondrono nous, si vous avez

encore quelque c; ::. ose à è.ire.

L ' univers i t [; , n von s-nous di ·c , 1:.:. e no u .s in te res se pas •

C'est v rai et c'est parpJoxalernent pour cela que nous

avons ~JerC:u tnnt de te rl~)S à en parler.

Ce dont il s'e~git en effet, c 1 est de repenser dans sa

totalit& la transoiss~on des savoirs, nussi bien ~ans

leur nspect pra tique q u e dans leur ~spect th&orique, et

ce, depuis le maternelle~

Il est bien ~vi~ent que la sectorisation et le cloison­

neoent des en.seignenentsnn sontpns 9our faciliter la

tAche. Quoi de conr:.1un entre 1 'instituteur de ca:-::.pngne

qui a perdu tout son p restige de la troisi~oe r6publique,

et llonsieur le t}rofesseur {:'Uni ver si té, qui nalgré quel­

gues co~testations dans la foroe, reste le seul d~ten­

teur du Eavoir ultiue, et l e seul juge de ses "héritiers"

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(,1-·--,

à oui il tr nnsr1ettra en O O!l "père", non s 0 -ecler:Ù::lnt sa

science , nais oussi ses privil~ges rl 'intouchab le. *

Cependùnt c' e st l à qL ' il faut se battre et se battre de

r.:1nn i è re cohé rente. I l n e suf:f'i t pas de_ dé rrystifier à 1 'aide

de fnu.sses évidence s 11 1 'ur.l.i ver si t é bourgeoise" et ses

l ~quaiD, c o n n e si les apprentis laqu ais ne participaient

p ns de la nêr1e bourgeoisie, cono e si déJns une société

bourgeoise i l ~ t ait po s sib l e Ce transne t t re autre chose

q_u ' u n savoi r bo 1.::rgeoi s •••

})our ceux qui :r.u:~ voiünt .,.~~ ns de L anière très évidente, à

cour ou à long terr.1e ,le :;::-Jouvoir "nu bout des fusils'',

le p ro "l.Jl è ne es t donc de restru cturer le snvoir bourr;eois

de telle ~a ni~re q u ' i l p uisse ino6 dinten ent s'inté~rer

nu u oment voulu dnns une structure _globnle nutre .

Coopromi s! ~irn- t -on; peut-Stre . l~is a -t-on d6jd vu

prenèx~ e le p o-;_:.voir a utrer1ent , q uo q -u.and on 1 'nvai t d é j &?

Lë p rise t h &crique c,_l.-:. r;ouvoir_ - par les arnes- n 1 n aucun

sens si les pouvoirs n'ont p ns d& j â ~ t & investis un ~

un. Ce n'est ici ni Lao, Ei Ca str o,. ni l â r é volution

s ovi~t i que qui d oivent servir ee no d~le, bien ~vi deooent;

nc..is c'es t lr" révolution -:)ourg_eoise c1e 1789 qui :?eut

servir d'exemple, p o u r s 12 ssurer tout ~u moins que, cela

aynnt d6j~ 6 t6 fu i + , cel 2 e s t ~ossib le.

Il s'agi t donc ici d ' i :1vestir le sz.voir de r.:. e ni è re

acce p tab le p our aue l e syst~ne actuel le tol~re, et ~e

oani ~re accept~b le auss i pour qu'il pu~sse 6ventuelle ­

o ent s'int&grcr ~ une nutre s truc t ure glcbalee

l' our cel2 i l fa u t n bnn d 8nner quelques C' , • 11

~ aussos c v1aences

dites "de gelll.CbLe".

En prenie.i- E'ê t:. t co :r::dauner ou c.bandonner le :Caux di-

l ecn e entre l o. 11 d(~oocratis ation 11 et l<À

"rentnbilitô. Il e st .::~bsolur.1nent inèmi s sib le ou'un

"bien [;OCial 11 soit d é t ourné nu pre fit de ln pror:1otion

individuel l e.DisoLs l e tout n e t dans l ' état 2ctuel de

l~ soci [ t6, l a gratuit ~ ~e l 'ans eisnecer~ sup &rieur en

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- 9 -part iculier est parf~it cnent nnti - d&oocratique. Four­

quoi l ' ensenble de lE: société pniernit-ell e p our qu'une

~inorit6 bour~ecise pui sse perp&tuer ses privil~ges?

P ourquoi, coopte - tenu d 0 l~ s& lection pr6-universitaire

et des norr-:es qui le.. ~~ouvernem(:: .. t la r1é-::.j o ri té des "in-

b ô ci 1 es 11 · payer nit- e 11 G po ur ln -'-1ino rit é des "doués 11 ?

P arce que la s oci ét~ , quelle qu 'ell e so i t a besoin de

cadr es , dirn - t-on? Bian é vi demnent; à c ondit i o n que

l'on ne soit pas 11 c nd:t·e 11 de pè:ce on :fils . Ou bien il

faudrait nlors accepter de ~ire qu '~ l y a une sorte de

tare hér édit n ire p our ceux qui n'ont p~s nccès à 11 l'in-

t e l ligence " 0

Cel a signifierai t·-il QUG .:.. ' parrJi tou;s l es "inte lligc ntsn

potei'ltiels ,no tre ensoi · "Yler"l e r. t dôr:~o cr at ique choisit cel:'...,"'C

q u i on t un~? espèce de d.:r~oi t nt::turel à être inte l ligent,

et p<l.r con::; é que nt <.?: e::L pTo :fi ( ~ , ·: 1· : 1 cs b i c: .. 1 n(:; ;::; , f! ui ont

nent dans l ' enseignon2nt ,::::;.ux ïr,::'.. i s de la

so ci ôté

Bourdieu et· f as:Jerc;n i3 di~::;.s:nt t?_·è .:J ~::d. cn 1 q unnd ils

lul. r1e~r:1e 'l f ... , 1! ·- A""., .... ... -~ -i- ~, .., ':!."l. e· u ·, - ·'")o.-· - .J • ....:..."':} .... r-1 ..,.·"" , . _,;; ~ -.L • -- · ... ; • ..L 1 u . .... :'.·~li. .._c.L ·~ (.L Ao · · ·" • ~.- , :::L ( 1.-• .. : .<J. '. ,~ ... e J:..â. [,·..:.ner a i,..lün

sui vo.nte pou~~ .. retrouveY cr~tte 11 é~~ c. ... l i té théoriq·ce n, c o

qui signifie que de . toute façon i l f uut p2ss er par 1 ~

" dér:-;o c rat ie 11 de l'héritaecî cp..1 7 i.l no it éconor:zique , s o-

cial ou c ul turel 0

C'~st pour quo i il nous parni t n~ces suire da s uppriner

c et t e gratuit & pseudo-d6oocratique de l ' eTis~igne~ent

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- 1 0 -

supérieur, qui ne tcuc ~e, de toute înçon, oue quelques

exceptions, bien là pour confiro er cette r~gle imnuable:

on ne prête qu ' e ux riches.

Ce pr~t, c'est l'e~se~bl e de la soci~t6 qui le fait à

ses rstaîtres, pour que cetiX-ci puissent transmettre leurs

pouvoirs et leurs pr ivi lèges à leurs f ils, nises à part

quelq~es exceptions q~i devienne nt des dls spirituels

ser vant d' nlibi idéclo~ic:ue "dér.1ocrnt ique".

Il est bien bvi dent que cette seule oesure ne ferait

que suppriner ces quel ques exceptions, et n 1 enpêcherait

pa s la b ourgeo isie de se perp&tuer.

Il n e s'agit pas en effet de sioplenent c onserver le s

universit~s et de supprin er leur grntuit6. Il s'agit

tout siopleoent de supprioer les universit &s, ou tout

a u n ains cette p~riode d e forontion non-productive,

de 4 ans o u plus, dont la fonction essentielle est de

peroettre à des individu s de se cr6 e r un capi ta l aux

frais de la scci6t6 , ca~ital d0nt les int~rêts directs

seront r~colt6s ensuite p a r les o~oes i n dividus ,

s i l a soci6t& en profi te indirectenent.

,. ::ene

Ce d~tournenent privé d'un investisseu ent social n'est

qu'une de s raisons qui nilite en Îé1Veur de la suppression

è.e l 'univerc.it6 et de l .;;. re :::;trc ct1.:ration du snv o ir ·

èès la p l us ten dre enf~nce.

Il nous f8ut ic i n border ce probl~ce tant à l n node des

c lnsscs ri 'Sge , et, lâ enc o re, b a leyer QUelques fausses

tvi ~ence s . On a pris l ' h n b itude d e p ui s quel ques nnn&es

de couper ln vi e èe 1 ' l:coone en r:lus ieurs r.:orcenux, et

de fo.ire de cette coupure un problène de classe, donc,

cela va d e soi, un probl~ne so ci 2 l. En gros, il y a les

JEŒJES, les VIEŒ{, et les autres. Les jeunes et les vieux

so~t les inproductif et les classes ~ probl~oes. Les

jeunes consonQent snns produire encore . Les vieux ne

pro~uisent plus et ne consonnent plus, f nute de moyens.

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11

Les "autres 11 sont ceux qu"i rapportent plus qu 'ils ne cou­

tent et ~t::. i doivent ::)renc'_re en charge les "jeunes", de

plus en plus nor.1breux, et les vieUJc, c"Ld r.1eurent de

noins en moins viteœ Celn devient crucial. halheureuse­

nent, on c besoin des jeu.nes, c.s.r ils sont un investis-

senent , et l ' o n n'ose Dns se débarnsser physiquement

des vieux ••• On se cont ent e de les r:.1ettrc st:::.r la touche .

Qu'est~ce que celô n 2 voir avec l'Université et l'E~­

scignenent , en g6n&ral ? Rien, en effet, sinon que tout

notre syst~ne de transniss i o n du savoir est fond~ sur

cette divisicn , division dont les deux ternes extrêmes

tendent a se gonf ler, acssi bien en noMbre d'individus

qu ' en noobre ~ 'ann6es, pnr rapport au ter~e c entral.

Notre systèrJe est [~insi :fr1i t que c h acun et tous (le pro­

blène est cussi bien social qu ' hunnin et individuel)

est d'abord une bouche :.nutile en forr:.1a.tion, puis une

bouche utile, et enfin, une bouche inutile en d&cr &pi­

tude.

Le probl~ce ce~tral n'est donc ni un probl~nc d'univer­

sité, ni un p~oblÈ:r:-e d. ' onseignenent, ' ?E1 i s bien un nro ­

bl~ne de forn~tion g& n 6rale , sur l ecuel se greffe le

problènc p~rtic1.1licr d e 1::::. -t rc.ns L1ission du savoir.

Que chaq uG inCividu ar~artienne d'abord â ~classe des

"jeunes", 11uis à ce lle d.cs D.cti:Cs , et enfin è.. celle des

"inutil o s", est -:,.J.n nur ;;:;candnlc . Sc,:;:nde.le huc~ : ir:. , certes,

bons senti:.:"er..ts , ni è ':n~nnnisne bien pensnnt .(e gEluche.

Ce scBn~nle est un scandale au sein u~we de l 'i ~~ologie

do~inant e de 1 2 rent nbilit& et ~e l'~conomisne . De ce

point do vLe, il est ab 0rrant çue c hnqlie individu p asse

les deux t iers c:c sc·: vie c n ét.s.t do mincrit2 é conomique.

De plus,~ .moins d'~tre d ' u ne naivetC totnle, il est bien

6virlent qua tout syst~rne social quel q~' il soit, ne trou-

ve ~Qs so subsistance , ni rn~·1e sa justificntion dGns

la c harit&. Si le probl~uc de la vieillesse est nu con-

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- 12 -

tre des préoccupations "sociales", ce n'est guère

qu'en p~riode électorale.

On a déjà vécu beaucoup "d'années sociales" qui voyai­

ent l'augmentation de la retr2.ite des v ieux sans que,

pour autant , le stAtut des "vieux" soit chanr;é.

Quant au p roblème des "jeunes", s'il appare.it moins

"humain' 1 , moins trc.gique av~ sein de la "condition

hum.oine ", il n' en est :':> a s r..1oins crucial.Que de telles

clnsses n ient nu être nscientifiquer1ent t h érnntis&es",

que l n guerre des "clësses d'âge" soit à l'ordre è.u

jour comme ln guerre des 11 sexes 11 , celn relève d'une

8 nladie sociale chronique qui va bien cu-del~ de la

simple hunanit é chrèt i enne, narxiste ou zoulambato-

rienne •••

Il s 1 agit cl 'un systèu c r.1alade parcGqu' il ne répond

plus ~ ses propres noroes ( d6nocratiques ,en particulier).

A l'iLégnlit& &conoui c ue, sociale et culturel!~, est

venucs'njouter l'in&galit& des ~Ges, ce tissu d'

inégalités créant pour chacun un lieu géonétrique en

fonction de Sfl p osition sociale , de ses ressources

é cono:-:tiqv·.cs, de ses "compétences culturelles" et de ..... son nge.

Q'l4e ce la "ait toujours existé" et que cela fass e pnrtie

de l a condition hunaine, nul n'en doute qualitat ivenent.

Nous ne " rcvons l'J é1 s d'une société idéale mais quantati-

venent, il y & u.r..e narge qui nous parait inquiétante.

Disons-le to~t net, une fois de p lus: ce qui est en

question, c'est le. fnr~euse "condition hunaine 11 que

seuls certeins privilégiés ort le loisir de saisir

conne un 11ual méto..physiq:ue".

La consolation c étaphysique, poéti0ue et esthétique ne

suffira :J?"s et il n ' ~~ ,":)ura THJ.s assez de cas sandres l_:J our

annoncer notre destin tragique.

Ln "nouvelle sociétô" c~ébloguée, le front uni de la

"gauche", le s valeurs juc'.éo -chré tiennes, l e socialisne

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- 13 -hur.1ar.iste et le gauchis:::1e r..1crgina.l assê.isonné de

libération sexuel le n'y suffiront pas non plus .

Il s 1 agit de repenser, içi, la forr.1ation et la trans­

nission du savoir.Il s'agira ensuite ~c re~enser le

travail inte llectue l et nanuel en les supprinant nu

profi t d'une activité autre que nous appellions

"libre et nécéssaire" è.u tenps où il ôtait p err..1is de

rgver (entendons du t ecps o~ le pensable était possible

et non ~?ns se"L~ler : ent "rénlisable").

Il s'agirc. aussi de repenser ces faneux 11 :r'npports

sexuels", non pas cor.tc,e une guerre des sexes ou une

"libération de le1 fent.1e" mais cot~1me un véritable

rapport où la différence ne sern pas saisie corc1r..1e une

inégalit& et o~ les inégalit~s ne seront pns trans-

foro&es en diff6rence.

Voila notre horizon cui n'est ni 70 ni 80 mais qui

doit ~tre dit pour que la part ie ~ l aquelle nous nous

sonrnes attech~s pour le oooent puisse avoir un sens

en s 1 intégrant cians un systène IJlus global. Il ne

servirait à rien, en effet, de penser une université

id~ale, un ensoignenent mod~le, une transoissi on ~es

savoirs si elle ne se ::;Jrésentai t que cor.1ne une "prise

de pouvoir partielle'', et de plue utopique parceque

partielle.

Nous voulons supprioer l ' universi t& pnrceque nous

voulons aussi suppriuer les cl~sses d'âge ;..

- nene si

nous n'avons p ns 1& pr6tention d'enpacher chaque

individu de vieillir Gt de ressentir le taon s co~MG

une à.égradntion inexor n ble, f 2 isâ.nt p artie de sa

"condition d'honne".A tout le nains, nous voulons

éviter que ce s diffÉrences s'identifient avec des

inégalités sociales dans los rôles et les ,fonctions

socinls.Il raudra a bolir , par tous les moyens, les

privilèges de ln "force de l'âge 11 , rJêne si cela dai t

nous priver de certaines oeuvres path~tiques - nous

Page 15: c:•~~;~ 'f . . , .-., .'archivesautonomies.org/IMG/pdf/mai-68/noussommesenmarche/...Evidemment, se trouve pose le problème de snvoir si NSEL est un groupe qui fait, entre autres

qui avons le tenps , le loisir et la culture ee nous

co~plair e dans le ?ath&tique et de l'admirer.

Nous n'avons pas l'illusion de pouvoir &chapper ni ~

notre classe ni â notre 6ducation et, encore nains, i

notre "classe d'âge" n~is nous avons la ;;>rétention de

d&passer ces in&galit6s, sans nier le s différences •

.::-·our ce ln, net tons-nous en chenin et conr..1ençons par le

snvoir ..

aappellons d'abord quelques évidences troublantes.

Un récent sondage 2. const.c:té que 80% des connaissances

6taient acquises hors ees institutions scolaires tradi­

tionnelles . l 'lêr.1e si la pratique des sondages n'est pas

à l'abri de toute critique, il n'en est pas nains trou­

blant que les 800.000 fonctionnnires eoployés de pr~s

ou de loin à transnettre les savoirs et les savoirs-faire

c2e toute sorte aient une "utilité" si relative. ·

Qu'un individu soit nobilisé pendant 16 ans au r:!inir:!un ,

VOire 25 GllS, pour ac~uérir une si infioe proportion

de ce qu'il sait, est un autre s cnndale.Force est de

croire que ces 25 ans ont quand c goe une u tilité qui

n'est pas quantitative oais ~ualitative.Cette p~riode

est donc une p(;riode de fornction bien :plus qu'une

p~riode e •accuoulation de connnissnnces (t&te bien

faite plutôt que bi e n pleine, conDe disait l'autre).

Cette foroation est-elle adéquate?

Peut-on encore penser ~ue l'on puisse acqu&rir des con­

naissances ou bien @tre foro6 une bonne f ois pour tout e ?

Evidenr.1ent , il y a le recycl n .ze, voire la 1iformation

peroanente" qui ne sont nnlheureuse!:1ent que des pallia­

tifs.Il y a tout lieu de croire que cette division entre

une période de f'orna tion plus ou rJoins longue, une

pér iode d 'activit[, ( ngrér:!ent(~e de recyclages) et une

p6riode de repos forç&, est non seulement scandaleuse

et arbitraire oais de plus, parfaitenent impraticable.

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. t~

- 15 -Nous laissons aux tec~niciens de ln pbdagogie le soin

~'eLvisnger les nodalit~s pratiques oais il est 6vident

que cette division doit ~trc nbo lie, qu'il doit y avoir

des différences qu~ntitatives qunnt à l'activit6 vais

eue tout lü nonde èoit être âCtif et ce, f Ossible ~ La ~ornut io~ th~ori que ne doit pas ~tre s6par6e

d 'une activit6 productrice quelle qu 'el le soit.

Le" jeune" ne è.oi t p l us être nain tenu dnns une 11nincri té

6 cononique 11 ~)arce c:u 'il est en dehors è.u proc.:.~s cie

p roducti:_ on .. :J e r1 ê '·1e: , le "vi eux n ne doit plus être Dis

nu rehtiS p .:::rce qu 'il :r:e npeut plu::::; 11 ou parce qu'il

doi t c~der 1~ plnce.Pa radoxnleoent, ln retraite est

n 6cessaire pnrc e qu 1oL n trop tr~vaill 6 oeis . l e

retrni té r:-:c1:rt 1 e pl us souvent :vc.r nb s cence d' a c ti vit & •

Fas besoin d'être un gr~n~ th&o~i cien de l'activit&

hu~:-l nine pour co:- '}'re:.t-:t c~rc r;u ' il s' ,:J.git d'un prob l ène de

répGrti~ion des efforts dGns le t enps .Il e s t loin, en

effet, le tenps des LtC h o~~r e s .

Farallèlc!:··ent , le " .. ;eune" passe son tenns à ronger son

::t.re lr~, ~. vouloir être :)r is au. sérir::;ux, à utiliser ses

"connç issanc e:.>s '; ( pour lo. :::'lupart p n .T fni toment inutilisa bles} •

Cr: nous dirr·, r·. u.' il s' a ::~ i t " d 1 exigences é conor:1ic.: ues".

IJo;.:u3 répondrons e.l. ·.Jr s , ,~t:s si ferr.1er.1en t , C;U. ' i l est

nÉ.'C·r~s sc ire -··:t.:.o 1 1 éconor:ie change ses exigences, un

point c'e st tout .Cc n'est pcs nussi siople, ~irons les

érudits ... .,Qu 'i ls tr o uve1~ t l e s olution ou ~u'ils prennent

leur retraite pour jouir des douceurs de la non

a ctivi té .....

On peut dor.:.c envisager se r ein e n ent l n suppression de

l ' universit6, des cit& s univ er s itaires et restaurants

ëu r1êr:~e nor1 . Nou s eule~1ent, tout cela n'est pas

né ce s ~:;aire r1n.is , de }Jl us, par:Cc~i ter~ entf inutile et

anti-d~co crnti que ~L' 6 tudiant libre est un ana c hroni sue.

Pourqaoi lë. société :) a y er .::-: i t -el l e à un fil s de bourgeo is

quatre ans de ''fo rr.1ation" qui lui pe1.::·r::~ ettront de jouir

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-l ê -des o~oes privil ~~es que son papa-avocat-u~de cin-

notaire ••• alors que les rares fils d'ouvriers qui

arrivent ~ ce niveau doivent travailler pour payer

leurs ôt-u.è.es ..

CoD~ent se f ait -il que de f uturs ens e ignants nrrivent

dans leur vie a ctive apr ôs cinq e.ns ôe f ornation

th&crique , sans aucune for~ation pratique et sans

n~ne savoir si la p rofess ion leur convient alors ~u'

t.i.n e partie c~ ' entre c u.x pr a t i q u erd:~ , co Llr:: c: na i tres

dans l'ins6curit6 to t ale qucnt â leur enploi e t donc

quant à lr. possibi l i -t.f: d ' u :': e fcr :::,ation t l: é.: orique

sérieuse?

On :;}urre.i t c.llont;o r l t~ ,J i st e des pourquoi et è.es

Il suff irn ~c ~ire c u 1 il est nbsolunent d ~ suet de

;:.\ r; 1:~ e l que 11 nive ac" ~J t: C' ce s o i t e t à q u e 1 que 5. g G que

ce soit ..

Il e s t tout aussi nnnch roni que 5 cocue no u s l' a vons

d & j~ ~i t , .qu 'un inve st~ s senent sc c ia l sous fcroe de

forontion soit J & tourn~ au seul profit de le plus-

"".rt::lue individuelle ct n ê r :o de l 2. "pronation socic.len

(coooe e n dit che~ les d 6Mocr it0s ) .

Enf in, il est p~r fniteocnt stup i de ~e croire, A

n er.e

si d'autres r~isons ne nilit2ien t ?&s en faveur de

cette nbolition, q~l rune fornati o n ~b ~or ique, dnns

ç~el ~ue dc o 2ine ~ue ce soit , p u i sse ~tre suffisante

pour toute une vi e cuo.:::1d elle 2 8t2 2.cqui se une bonne

fois pour toute . Le bonne volonté de c:-!acun de "se

tenir n.v. courant'' n' y suffit pns .A tout ;)rendre,

il vc.udrni t cd e u x é liL1iner les incou pétcnts de toutes

sortes qui pull1..-~lent dâns tous les dor:1e.ines que de

oettre â l2 retr a ite s ur ~es crit~res d ' flge . Pas besoin

d 'gtre proph~te pour cooprendre qu 'une oeilleure

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1 '"' -- 1 -- 1

ré~_) nr titi o E (1 o s t ~cI l es dit e s c.-:. ct i v es p e rr:.1 et tr a it une

din ir!.utior ... ( GU n oins de n oi tié) c'1.e s t e c:p s de tré!vail

~ our une pro ~uc t ion i~entique .

Encoré. Jf2L:. : ~".r2. i t - i 1, b i en évi c~ e Di::Jer:.t, que "travail 11 ne

soit péts s y nonyce c: c l abeu.:c , èe " sueur de :front" et de

q uel q u es autr ~s poncif s ~e c c genree

On p o 1.:-:rrâi t ë,1ors ~~r':. sser d u 11 à c hn cun s .:: l o n son travail"

au s iup le n~~ c h.a cur ... s on trovDil 11 c;ui sera.i t synonyoe

d. e "à c h a c un s o :r:: b e s o in 11 •

Ut opi e ? E ie:r::. 6 "v' i <::e nr1ent. l:- our to :.: s coux qui , . content s de

.::.vnn t c~e c2e v eni::. des "vieux cons 11 <»Nous lais sons à

ceux - ln J..a respon~~ :1bi l i t é c:e leurs ~Jr opre s u t opie s

t elles que 1 ~ r~novation ~ e l a so ci &t f p a r un ensei­

gnenent 11 déu ocratique 11 r;rf'~c c à c~ 1.1. cJ-c:~ues r é forr~1es

n nivc rsi taire s è c c à a :r.oll e , ch e. c~n cultivant sa proprE':::

f'o rnt'l. t. ior~ " p ure li r.1inirlnle 1)t::.i.s une p 2 rtic ip2. tion

:_;-ro ,sre s sivc Ù. C 8 c;_u ' o:tî. c:::pp e1 le l .:J. "vie ncti·vo 11 snns

du 1 n v ic cl ' ~..:.1·:: b or .:n : G c: r i n Cj u ' i l :r :. i s n c s e cons a cr e :r ,

~~·o ruc.~t ion :Jel~r'..qhentc , 2. .s c· n jarc:ir. ou, tout sic1p leE:ent ,

à s ' ~]:')n.lH_-.:,_:.: .:-! .. 1_~· c 1 .: ~!- turcll ,::;: ~- ,~nt, scxL'.ellerH:n t 2t c •••

un ~avoir - ~&suet et j e t e r · Cn~~ l a vie a c t ive, ~ 16 ans,

c: ~ cs " jeune s n s ans .:J.l·.c u :n.G :Co r r:.\c, tion p rofes si o nnelle e·t-

sans a ucu ne fornatio r tout court , ~ ~ui l 'on reprochera

ensu ite de ë ov::~Eir dü:.J cH:: li::J.quants., On ·' .r' ' yr c ..~.. e rera. s ans

doute longter:p .s cc~ r ôal i.s ·· ··c~ il p u d ique 11 et hur:!ar~is t e. I l

layeurs , des p rix Nobel , c~.er:, v::Le -:.::.x ~ è:es gâteux ava nt

Ex c usez - nous (:~ ' êtrü <:l:::.ss i peu 11 pertinentr: n et si ~1eu

r &al i st e s . F eut - ~tre devrionb -nous voir notre psychiatre

prCf~r C ?Non ~cre~, nous r~ gl erons n o tre n~vrose aut refficnt .

nous P.Vo ns n~rJri s - è:. l vun i v e rs it0: - que l a névros e

est une n aladi e so cin lü a

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COLLECTIFS

Situation ~es collectifs .

Ils ap ~)araissent particul ière :::-, :ent dans les pays dont le

niveau de vie e st tr~s ~lev& (An~rique, Canada, Su~de,

Danemark) et sen t la ré .sul t<J.nt e c~e Ceux facteurs essen-

tiels la d&sngr t gation de 1~ famil le tradi t ionnelle

(conséquence d 1 un certai.n dével or ~~ement économique ) et

l' oppo~;i tian ' (.-. J. ] _El b our ~~ c .:J i s ic (rejet d e la propriét(-:> ,

tant économiqu e que sexuelle) .

Les collectifs E;e ve -;_(.J.. ent synthèse heureuse de la sex u­

alitÉ· et de 1 ' écono!:lie colle cti vi ste ( syn.thès e du natu­

r::!lisme hippy et d(~ 1 ' idéologie gauchiste) . Fro î ondément ,

ils concr~tisent ufie tentative de red6 f inition des be -

sc i:ns .far1i lir:HlX, sexuel s et , . e conorz:1cru.e s .

h a is, co r~r-~c toute nouve::"ITté nctueller: :c; nt , i.ls ont à su-

b ir les d~forma tions de l ' id ~ ologic do minante et , de m~ ­

me eue 1 ~ s exunlit 6 , l ' n u t cges ti on et toutes les id &es

de " gaucho 11, i l ::.' tendent è être r ô cu-r:érés lJar la mode

(meill e ur moyen de subs tituer un p ar ni t r e inessentiel

~une es s enti elle ~&ali t6 )o L es collectifs vont 8tre

bient8 t p eur t out e une 6 lite av6nt- ; ardi s te ce o ua s ont

deJa les fcstiv~ls de po? , le design etc ••• , c ' est a

dire un nouve ~u style de vie, moye n le plus efficace

~our masquc r . l ' a b s enc o totale do c~angerr ent dans l es

rap ports humains .

Coroll a irement , l ' nctu a lit ~ de s coll e cti fs rel~ve d 'une

pr6~ccupation g6n~rnl c l'interrogation sur la possi -

bilit 5 d e change r la soci6t 6 en- tran s formant en p remier

lieu les r apports e ntr e i n dividus .

Il est imnossib1 c d e ni0.r l u. validi t ô d e s collectifs en

c e oui conc erne l ' ~n6liorati on des rappor t s indivi~ue l s

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·- -· . . .

- 15' -

p uisque l'essenti el du col l ~ cti f reryos e sur l' exp~rien-

cc affe?tive v6cue au jour le jour les premiers à pou-

voi r en parl e r , sont ceux o:.I i l'ont vécu a I;Jriori,

tout a ut re discour s parD it s uspect (ln rat i onali sntion

excluant l e v6cu &tant bie~ souvent u ne fac ilit 6 , un

~r6texte, voir e une r6 gre s sion .). Nctr o but n'est pas

d e porter un jugement gl ob a l , n~anmoins le point impor~

tnnt e s t de savo·r q u e lles sont le s limi te s du collec­

ti f , que lle est son a f f ic a c i t& politi q u e ;

dos co ll•~ cti :e·s . Descri p t ion ---- ·~ ------------- - --- - .. ------- . .... -----~---··· --- -- ---·----·- ---- .. - · ----- .... ------- ··--

Tous l e s coll ec ti fs o n t un 6 1 6mont conmun, lo fondement

é:·conornic:ue ( an-togeE t ion). No u s Gl.Vons l a iss É: de côté le

coll e ctir de " nrr1duction" int ~: grô à l n société a ctue lle

(ca~i taliste ou socinli s t e - ho l k h o se , Kibboutz, commu­

ne popul~ ir e , e t c ••• )c En e~fe t, i l s contribuent au d 6-

vel oppemen t de 1 2. sociôt & qu'ils nG met t e nt r l a s en cau­

s c . En r cvrnch~ , lGs c o l le c t i fs que nous a vons consid~-

r6 se p r &tendent l ' nmoce ~ ' un e . nouvelle soci6t& Ils

croi e nt qu ' on ch<7.n g e an t l e s ra.pports soci a ux, fnmiliaux

et sexuels , ils n b cliront ln proPri~ t ~ pr iv6 e ( ~ conomi -

que, familiale e t sexuell e ). On peut distinguer trois

types princiu aux rle coll e ctifs l e s p h nlBnstères, les

coll (;cti fs :fon c 't ionnC>l s o:u d•.0 cons or~1mr.tion et les .col -

lectifs " bnse reug c ".

Nous nvons exclu l e collectif phalenst~re, autar cique

(produisant et c o n5oonant ses propres p r6duits ils

cultivent les t or res , t i ss e n t les vêtements et font

le11 r pain). ~) n.ns cc c ~s , il ne s' agit ~ns d 'une r e d é -

îi nit ion ,_~ e s be soins , mn i s c~ ' une limitation aux besoins

consi d ~r &s c o mme es s e n ti e l s c t suffis a nts. Ce pha l a ns­

t~re ne comb ~t p n s l A soci ~ t6 de consomma tion , il l ' i ­

gnore. Ce ty?e d ' Cconomie ~errn ~ e est sous-tendue par

une . éthique n at ur o.l i ste ( v t3 bi c ul CH ) p ar 1 e s hippie s ) de

r e tour ~ l a ~uret & d e la nAtur e , pnr a bolition ~u con-

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- ~~ 0 -

trat social et des r n?ports 6conomicues . Cette 6thicue

elle - ngne se confond nvcc lG vieux r~ve prou&th6 en ce

1 ' a u tosu:ffisance , r"':ir::go anr::. chronique qui implique une

attitude indivi ~uol~ cment r 6 gressive et politiquecent

rÉ:actionnnir ,_:; .

Les det-.-:x av.tres ty~}cs de collect::i_f s'insèrent é c;onor.1i-

auemen t de:ns lâ . ~ .. ...\.... ,

SOCl c-.c, l 'un e-n l'"acceptnnt", l'autre

e n la coubnttant.

Le ~re~ie~, qu e ncu s n& gligercns, es t le contre-type

d~ collecti f autqrcique . Ce c c llectif de c o nsomrnntion

est fono.é u ::n iquenent sur 1.ln c c o i:abi t ec tion é cono~:Ji_ que

p our les mod ~ li t6 s ~r~t i oues de :·la v ie c uoti d ienne. Les

p ersonnes se sont gro '~~J i:-'f~ s e n fo:1ctio:r1 d'une affini tL

cultur e lle, voire de cl n ssG ( prc~es sions lib &ra les ou

nssin il &es ). Ce tte tent 8 tive est r6gie par l'i d~o l ogie

actuelle du oi eux -8tre e t du bonheur ren~u p ossible par

l'a~6licrrti~n de s con~it ion s de viü . Au demeurnnt , les

cr &nteur s de ce t y 0e ~e c ollect if n 'ont j .ama~s envisng&

de ee d Cs tructurc:r· a:ff'ec tive :Tient, l c 5 cou:plt:s demeurent

~ ans l eur i s ole~ent.

Seul nou s l1 ,~r n 1 t ':'.,..1 o ir un i nt ·~: rêt l e: c cl }. r; ct if ~ue nous

appelloroll.L- id(~ ologique , c-c.. " br.3c ro1..1ge ", qui inclucr,'1i t

è c nt l' a r·:) i tion ~~er ']. i ·t ;'J ll.: :::: gl obale et r éponc'r ai t e.u

+. . ' .. C vlVll::eS de la co l l ~ ~ tivi t6 ,

2 ussi i l r illt e a l 1 ext Cricur, luttant. c entr e l 2 s oci6-

t ô c: e c 0 n s o mn .:-:ti on . L 1 in <Ji vi du ;::.. o s G Dent -~J 1 us u.n n con-

testa.t:""lir c è2ns le grou-

p e dont il est "is ol~:nen.t 11 ·c::.:n re _:;rôse:!l. t c.nt . Ce la lui p cr-

met, e :r: o-r..~.tr c , de r (::si s tcr à l e· ·) r es s ien sociale, s ur

('Ue ~ cue Dl a n c:uo c c s e i t , -=: n }_"J:""~, r tic1.1li cr s ur c 0rl ''pre-

mi ère s l i ,sne s d ' a t t ao u e " q u 2 s o :-::. t 1 a nor~ 1 i t C: , 1 cs v ê-

ter.1cnts e;tc ••• Par lui-:-1êne , ~') D.r sa seul e e xi stence , ce

type de collect if sc veut exeMpl8ire et a~parait comme

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. ~.

- 21

une condaGnation en 8Cte de l a soci&t6. C'est cette der-

nière c ~tégoric èe collocti = qui seoble a priori être

la plus efficace p olitiqueuent .

Cepenè o.rit , r.1êne le collectif "be:.se r o uge" n'est pe.s à

l' abri des contrndi~tions, et ccci i c nuse de son sta-

t,~:t de groupe •

Le colle ctiî peut o voir une vertu thérnpeuti que , c 2,r

il est pour certains une mc:.niôr e do s'insérer d2ns la

soci6t&. s~ prot6ger contr e la soci&t~ en s'int&grant

~ un groupe, c'est se donner un statut, celui du groupe

que ln soci6t& ~c ceDta en t 0 nt que tel. Le ph~non~ne

est plus net quand il s ' agit d'un homosexuel ou d'une

?:Jère célibat<?tire. Ils soEt en sécurité dans un groupe

qui repr~s ente te l c apit2l et tel notentiel hunain. L'

indivi du ~ erd rlors son statut de p ar ia pour devenir

un représentant du [;J.~oupe dont il prélève une part de

puissan ce. Il esi alors reconnu par la soci6t6, et,

tout naturellerJ.ent, i:ntôgré ou redouté. Au ni ve au de

la coll ecti vit~, 1 e g l 'cu,;: 2 pr enc~ le relais de la so ci­

~t~ , en institutionnalisant les ·marginnux et en subve -

nant &ventuellenent ~ leurs besoins. Le collectif se

charge de tous les i mpr oductifs e t autres marzinaux

(enfants, inac~. 0ptés s ocinux 2t c ••• ). Lis à prirt les n-

vantage s ~rati~ues, on peut inaginer tr~s f~cilement

1 'nE-;enuiseDent èe ·désDvan.ta[ses majeurs sur le plan af-

f ectif ( Oe(!ip8, ... .

HH:'re flOS SG .S S lVC , enf~nts sans pere

ütc ••• ).

D'autres ambigui t&s s ' &lavent le collectif est une

entreprise de lib&rat ion, de ~&structuration afin que

les r~pports huMains soient modifi~s. La fE~mille est

th , . t . , . ~ · e or1 ~uemen s u ppr l me e, n a1s fi le ~ lace de la cellule .

familiale bourgeoise ne cr~o une ~nmill e plus grande,

con~renant plusieurs p~res et ~:usieurs mères, et res­

semblant étr~ngeme:J.t eux fc;.r:Ji lle s trib2les à pnrenté

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- 22 -

spirituelle ~ s p sychanalyst es oui sont c'e grar..ds récu­

pérateurs ( par fois) p ourrê ient nême e x pl i quer que ces

personnes sont en nuête d'un père et d'une oèrc). Sur

l e ~l~n scx~cl, la contr ~d ict i on e s t nette. Il y a cer­

tes 2.b oli t ian de rapports exclus i fs , nais cela. est ren­

du rclativen ent a is 6 a c a use de l'intioit ~ du groupe.

En effet la constitution du collectif se fait p~r affi­

nit és .. L e scxualit éo: sc dÉ:pl o i e selon une é cono:-· ie de

l• &chan ge ( ou du troc), e t non en fonction d'une 6 cono­

u ie du don. Chacun s a i t,par cons 6 cuent, ~ue le don de

se ~ersonhe n' est pas sans contre partie. Ici se repro­

c'lui t le si16r~ e. de la soci é t ô , r:-tais ar~ é lior (~ .

Le collec t if-r-icrocosr1.e .

Lé collectif es t, en fa it, un r:~onde clos, constitué de

p ersonnes c h oi sies (dnn s b eaucoup de collecti fs , on dis-

c:ute longt e r;p s le s u ot i vat i ons oui p oussen t les indivi­

~us ~ d&sirer v ivre en collecti f ). To ute exp6rience est

donc fauss& e a p riori. A la licite, on peut dire que la

conp o s ition du collectif aboutit ob j ectivepent à l a cr é -

1

Bien quü tous les é l é~:1 ent s du grou.pe soient t ll é orique-

nent sur un p~ 2n d' &galit &, tr~s vite cette c as te secre-

te un cbef ., Il est désign é inr~édiatecent p our c~ es rai-

sons è' ordr e pratique ou s ' i n s t itue r::~l e fni t, na. is è.e

toute fnçon, lt', :fonction re s te nt tachée à s e p ersonne.

Il en r &sul te l' nlternative suivaute ou bien le chef

n 'e s t ::=>as un s i r i:=· 1e çoordinateur èon t l e rôle se borne­

rait stri ct ecent A n e t tre e n ~rat ique les d é cisions du

groupe , ou b ien ln coorfinaticn nécessite certnines . ap­

titudes (rapidité de d6cision, esprit particuli~reoent

nDte ~ synth6tiser les volontés .latente s ). C'est ainsi

que sc r e constitue à l'intér i eur du groupe l e shéma

trn~it~onnel du p ouvoir, charisoatioue dans 1~ ~rernier

C8s , ~e s~~cialiste d2ns le second .

De n êr::e , si le. propriété • ,_ 1l prlV(:e Cü ang e d e forr-:e, elle

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....

. -

- ~~J -

ne se transforne pas c u&nt au fon~ elle se déplace

entre deu.X :pôles : une r~ul tip l icDtion de le: propriété

priv6e (surabondance d' n ctes notariés garantissant à

chacun sa part de p ossession) et 1e statut juridique

de ln p ersonne r.:;ornle.

Le collectif est d onc un nicrocosoe oui a tous les in-

convénients du oonde clos, sans en avoir la puissance

d'un état dans 1 'é tn't ~ Le passn,;:;e du E'l icrocosr:-:e nu ma-

crocosM~ , outreuent ~it les a pplications du collectif

au nive e.u c~e ln s oci é t é , sont en butte aux r.1êm.es cri-

tiques q u e celles 0ue l'on peut adresser awc universi­

tés "base Touge". Transforcer u:n.e pr:.rcelle de la socié-

t ' ~ L f' ~ . ~ ,, . e ne peu~ Lrons oroer Ln s ocl c ~e, èt r1oins que cette

parcelle ne soi t une pi~ ce essen t i e lle dans l'appare il

de production. D "' e Der::te que l as étudiants restent tou-

jours des étud.i 2rits privilégiés, de par leur st a tut d'

é tuâiant ., de coJl e - -'- :~ fs rest.ent

tou j ours ( , ·-= · .. · .~ .."l :· .. ;.-1 ·. ·· ·_ :~" r~ :i :c . é o dé s ar.. sy s t è n e , mai s ,

de p ar le ccllectif, i l s sont privil&gi&s par rappr rt

a ux autres travail l eur s o L0 c ·.)llecti f "bas e rouge" suc­

c c nbe c'!onc eu r~ythc d e 1 1 s xp é ri en c e- c o ntesta t ion conr:1e

d6tonateur de ~r6vo lution, re~due p ossible par le chan-

geoent des rapp orts hucn ins, affectifs et sexuels . Le

changement d e ses ~a~~or t s apparait conoe ce qui d~pend

uniquec!ent d e soi, cor:E:L9 ce qui :pa ut être modifié lo­

caleo ent. Il devient ain s i le ood~le susceptible de d&­

clencher la révolution .. ·C'est un.e des ra::: sons (et, sem­

ble-t-il, la fondau entale) pour les q u e lles les collec­

tifs se nultiplient dans le contexte p ol i t ique actuel •

l ~8me si l'on admet que la sexualit6 est plLs &panouie

dans un collectif, la multiplication des · rapports sexuels

t d . . . .se . t 1 . • •

en re e s personne s qul son cno1s1es n e p eut conduire

au changement radical d es r apports sexue ls eux~u~rnes.

Far exemple, le far1eux d é bat dans le collectif sur la

n&cessit& du nonbre pair ou iopair de personnes est

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- 2~:: -

très révélateur.

Le passage du groupe a la soci&t6 se fon~e aussi sur le

mythe des g~n&rations futures les enfants élev6s d~ns

les collectifs ne sont plus la propri6t6 des parents

(et ce serait un r~s~lt~t positi f ), ils ccnstitueraient

la g6n6ration gu! devr a it ~ettre en pratique le uod~le

des p ~res et o~res du collectif (et le cycle se r6p~te).

En tout 6tat de c2use, celi supposerait que ces enfants

n'aient L a s ~ t~ touch[ s par l'idGologie aobiante qu'on

leur distille â l 1 6cole et qu'on leur i c pose ensuite

sur leur lieu de travail. On peut o@ce se ~emander si

cette ouverture d'esprit des enfants cr66e par l'id6o­

logie du collectif n'est pas u~retoob6e sournoise de

l'id&ologie des pays industrialis6s, dans lesquel 1'~­

ducation traditionnelle ne correspond plus aux exigences

de 1 1 éconorJie (cf. la pluridisciplinari té dans les t.~ni­

versit6s, la p olyvGlenc e chez les travailleurs).

Do.ns le r_")_eilleur des ens, en cdnettant que ces générn­

tions parviennent a i~poser leur s idées, com~ent s'ef­

fectuerait la transpo~ttion des r~gles tacites liant

les oe~bres du groupe, au stade de la soct6t~? Il faut

se souvenir que le nombre optivJal pour un collectif

avoisine 12 personnes, et culnine autour de 20.

Autrenent dit, coo nent b asser a it-on du Dicrocosrne au

nacrocosco?

En dernier ressort, oi les collectifs se multipliaient,

la soci6t& en serait-elle fonda~entaleoent chang6e? ou

bien assisterr.i t-on aux mênes a ffronte:~1ents, r~a.i s entre

collectifs d' i d~ologie diff&rente?

En tout cas, ils n'aboliraient pas la lutte des classes

ou'ils tehdent pour l'instant ~ d~vier, mais risqueraient,

en revanche, d'ent6riner ce que les porteurs de l'id~o­

logie doninante ont fabriqu6 et BXploit~ pour Masquer

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- 25 -le v&ritable coobat l~ dichotonie vieux-jeunes (hos-

pi. ces except é s, où sont les c~llectif's des vieux?) ..

En fait, cette fuite en nvnnt des collectifs est gou•

vern&e Dar 4 nythes r ~volutionnaires

- le mythe de li'! révolution é conor::1ique

le Dy the de la révolution ::sychologique

- le Dy the de la r6volution de la"quotidienneté"

- le mythe de la révolution sexuèlle.

Ces mythes n'en sont que parce qu'ils sont disjoints

les uns des autres. Aucune révolution ne peut se faire

â partir d'un seul de ces ~ythes et aucune r~volution

ne se fera si un seul de ces secteurs est négligé.

Il n'y a pas de priorit&.

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LES TRAVAILLEURS IMMIGRES

D'expulsion en distrï9ution de foie gras, les immigrés

pr~occupent beaucoup nos gouvernants et nos id~ologues.

Cependant, entre l'humanisme (de droite ou de gauche)

et le cynisme (politique ou 6conornique), il y a place

_pour ces quelques réflexions.

1 ) .. ?-~-~~-~-~-~2_!!-~.!__!'_§_~_e d ~-~--___! nm i _gré_? ____ ~~~~!_ a - --~9-~i é_ té Fr an-

çaise.

Les imnigr&s sont plus d8 4 millions, c'est ~ dire plus

de 9% de la population.Dans ce nombre, 1 1 eatimation des

travailleurs permanents varie entre 1 200 000 (suivant

le gouvernement) et 3 000 000 (suiv ant -la CGT soit

15% des travailleurs), Ils consti_tuent donc une force

dont il est impossible de ne pa3 tenir compte.

Le- ~.:: ... rôle da:r1s 1a société s c si ,_·. ue à plusieurs niveaux

- Démo gaphiquement, .--1. ' une p a,r t ils réduisent le dés~qui-

libre chronique de la po:;Jul ation active par rapport a

la population non a ctive (p lt..1 S d • un érnigré sur deux tra­

va~lle, contre s eulement un français sur trois) ; d'au­

tre part, ils atténuent l es conséquences du faible taux

de natalit 6 (1& goit~-~ de l'accroissement de la popula­

tion est du aux im~igrés) ~

- Du point de vue de ]:_ 'enplci, ils consti t,.] ·.: .. ::! -:C un vo-­

lant de main d'oeuv r e facile ù manipule. · (il suffit d'

en renvoyer c hez eux ou d 'en faire venir p lus) et une

main d'oeuvre tr~s n6bile, passant facilement d'un lieu

de travail à un at.,_tre ,· d'un secteur économique à un au­

tre.

- Du point de vu.e d.E:s condi tians de travail, ils sont

. peu exigeants (hygiène, s~curité, etc.o.) n'ayant que

peu de moyens de se faire entendre.,

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- 27 -- Socialement ils sont peu coûteux, que ce soit pour

les charges sociales directes (ch8mage, allocations fa­

miliales, retraites, etc ••• ) ou pour les charges soci­

ales indirectes (~ducation, logement, etc ••• ).

- Politiquenent, ils sont dociles, car ils n'ont aucun

droits ·politiques et leurs droits syndicaux sont r~duits,

légalement autant que pratiquement.

Les innigrés constituent donc une masse de travailleurs,

. dans une sociét .é encore fondée sur 1 'exploitation de la

force humaine de travail, facile à nanoeuvrer sociale­

ment, économiqu~ment et politiqueuent. C'est UJle . for_ce

< ~ .. "~~ppoint, certes, L~nis essentielle, ·ne fût-ce que par­

ce qu'elle joue par rapport à l'ense~ble des travailleurs

un rôle de "j.aune", en "détendant le r.aarché du travail",

c'est à dire en acceptant de "casser les prix du travail"

sur le plan d es salaires, du coût social, des conditions

de travail.

2) Position politique à l'égard des im~igrés.

La plus iMportante,~u niveau de l'idéologi~ ambiante,

est le pot-~ Jado-cartiérisDe, r:1élange b ien connu de ra­

cisme, de xénophobie, et de chauvinisme ("Ils mangent

not r e pain, ils remplissent nos hôpitaux, ils prennent

nos femnes").

La po s ition du gouvernement est un discret cynisme éco·­

noraique et p oli tique : los ir.:uni~rés sont indispensables

à la bonne o arch c du pays ; dans la perspective d'un

èéveloppenent rapide et aux Doindres :frai.s, il faut aug-

menter leur nor.1bre L'a is qu'ils restent ce qu'ils sont,

c'est à d1ro des travaille~rrs dociles et maniables.

Pour ce fai r e, on évite de les assimiler (moins de 1o/o de naturalisa tions par an) et on entretient discrète­

ment la x~nophobie. En outre le gouvernement truque les

chiffres sur l'importance de l'immigration en France.

La position du F C et de la CGT est plus ambigüe. Au ni­

veau th~orique, 1es d~clarations de solidarité ne man-

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- 28 .-

quent pas, et m&oe f1curissent cooplaisaornent. Au niveau

prati~u~, les choses sont un peu diff&rentes. Le PC et

la CGTne luttent que très u ollement contre les :nettes

tendances xénophobes de leurs oilitants. Dans les reven­

dications ~es probl~ses des innigr6s sont soigneusement

séparés de ceux des français. D'ailleurs cot:lnent pour­

rait-il en ~tre autreneat avec ln strat~gie . politique

nationaliste du PC ?

Catine bel exenple de cette anbiguité, on pourrait citer

un pclssage du discours de I·iarchuis consacré aux inmigrés,

le 12 Janvier 1970, ~ MONTREUIL :

. "En luttant pour que les travailleurs icuigrés bénéfi­

cient des n~mes drqits et avantages que les tr a v a illeurs

frança~s, en agissant dans le pays et nu Parleoent pour

un véritable statut déoocratique et social des irnrnigr6s,

nous d~fendons les int~r&ts ~ la fois des travailleurs

inmigr és et de s travailleurs françnis".

Ajoutons que si cette égalité des droits politiques et

syndicamc figurent paroi les déclarations d'intention

~ri PC et de l~ CCT , elle n'a jan~is, ~ notre con~aissan­

ce, fig~r& parni le s revendications 6oncr~tes. No tamment

aux négocintions de Grenelle on 1968, 1 ~ CGT n'en é'.. pas

souffl~ mot, nalgré la part prise par les incigr~s au

r.1ouvenent de l.~ai.

Ln p osition d~fendue par les Maoistes est fond~e sur des

intentions et un point de départ théorique différents.

Elle peut ~tre r 6sun~ e par le raisonnenent suivant : les

trava illeur s les p l us

faire le révolution ;

plus exploités ; donc

exploit&s sont les plus aptes A.

l es tra v a illeurs imnigrés sont les

les travailleurs i onigrés sont les

plus aptes à faire l a révolution. Raisonne~ent rigoureux,

nais rigoureuseDent faux~ cnr leo d e ux premières propo­

sitions ne s ont pas justifièes.

La preoi~re ne se justifie pas historiquenent c'est

toujours la n&ne couche rel a tiveoent pr~vilégiée du pro-

,,

" "1 v

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....

- 29 -l~tariat qui c jou~ le r8le actif dans les r~volutions

et les mouver-1ents sociaux (r évolution russe, révolution

chinoise, gr&ves de 1936, rnouvenent de Mai).

Les naoistes semblent avoir tin nodèle idéal et abstrait

du prolétariat. Secr~teoent d~çus par 1'6volution his­

torique des prolétair os, ils s e~blent chercher désespé­

rénent une catégorie .socinle correspondant à leur mo­

dèle et cons ti tuant lli"'l "prolétariat pur". Cependant,

e n bonne théorie narxiste, les couches les plus exploi­

tées constituent le lmâpen prolétariat qui, par défi­

nition, n'a pas de conscience de classe et donc n'est

pas précis6~ent le plus apte â faire la r~volution.

La seconde proposition ne se justifie pas plus : les

travailleurs innigrés ne sont pas les plus exploités. ·

En effet, il n'y a p~s de différence qualitative entre

l a situation du prolétariat français et celle du pro­

létariat i r.1nigré. La répartition par CJ ·Jalification pro­

fessionnelle nontre que l& najorité des travaillet.rrs

inmigrés n'est pas constitu~e de non qualifi&a et que

leur quali f ication est cooparable à celle des travail-

.. leurs frança is o

Chez les ir:nigrés, on conpte 32% de nanoeuvres, 36% d'

ouvriers spécinlisés, 26% d'ouvriers qunlifiés, 3,5% è.' eL1ployés, 1, 5% d'agents de naîtrise et de techniciens,

1,2% de cadres. Chez les français, on coo pte 45% de ma­

noeuvrçs et d'ouvriers spécialisés, 36% d'ouvriers qua­

lifiés, 10% d'enploy&s, 6,5% d'agents de maîtrise, et

2,5% de cadres~ n~ ~illeurs la qualification profession­

nelle des français es ost exactenent la o~ne que celle

des i r.1r1igr é s.

Le prolétariat français et le prolétar1at io~igrés sont

aussi exploités l'un qu l 1 autre dans le r.1êne systène.

Il existe si:opler.1ent une couche que certains appellent

"pauvre" et d'autres "sous prolétaire ·", couche dans la­

quelle on trouve et des innigrés et des français, rnais

que les naoistes ont abusiveoent voulu étendre i l'en-

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- 30 -senb'le. de .la population innigrée.

3) Conséqu-ences de ces positionso

La position du PC a pour conséquence d'institutionnali­

ser 1 'isoler.1ent des ir:r.:1igrés déjà soigneusenent entre­

tenu par le gouverner1ent. En dressant ainsi une partie

du prol&tariat contre l'autre, non seule6ent on favori­

se toutes l~s tendances xértophobes et racistes, mais

on conduit à une allianc~ de' fait entre le prolétariht

hational et le patronat, elliance aboutissant à ·l'inté­

gration· de c~ prol6tariat dans le syst~oe, cocne cela

s'est passé aux Etats Unis, et coor.:1~ · cela se pc.sse en

~ngleterre actuelleoent.

L~ position des riaoistes n'est pas noins grave de con­

séquences : pri~ilégier le caractère révolutionnaire

des ionigrés ne les isole pas ooins et p~~te flanc à

toutes les sp~culntions ra~istes et x6nophobes~

Inaginons l'hypothèse utopique è'un soulèveDent des tra-~-

va:i:-lleurs i n nigré.s : ils seraient écrasés avec la conpli-

cité, au noins passive, du re s te de la population. Pour

bien s'en persuader i l suffit d e se souvenir de l'atti­

tude . des français pendant la guerre d'Alg~rie. Le gou­

vernement aurait beau jeu d'exciter le pbujadisce et

le ~acisne latents de la populatione La campagne ac­

tuelle sur les trava.ille1...\rs inr:2igrés ne peut avoir com-

· ne résultat, exception faite d'une distribution de foie

gras et de la disparition synbolique de quelques bidon­

·villes, que de d:lviser le prolétariat entre "prolétaires

bien de chez nous", et prolétaires étrangers.

4) Contexte de l'ionigration.

Le phénonène . d' ir.1n igrn tion e st la sui te logique de 1 1

exode des paysans vers les villes. Jusqu'i la fin du

19~ne siècle, la paysannerie a constitué pour le capi­

talisne français ce que Narx a appelé "l'arr:~ée de ré­

serve industrielle", c'est à . dire le réservoir de main

j ,/

{

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- 31 -d'oeuvre dont le capitalisee a besoin pour se d~velop-

per. L'exode rurnl a ét6 freiné p our des raisons poli­

tiques : ln troisièoe république surtout, et en }:Jartie

ln quatrième, se sont appuy~s sur le conservatisme des

Dass es paysannes. Pro fi tant de son eL1pire colonial, le

cepitnlisoe français a ioporté , dès le début du siècle,

des 6trangers africains et ~sieti~ues~ Il a 6galeoent

inport6 des européens belges, polonais, itnliens et es­

pagnols. Zn 1901~ il y avait d6jà 2,6% de la population

qui étai t constitu&~ d'ionigr~s~ Ce te poli tique n'a fait

que s'accentuer jusqu'à nos jours, oalgr~ les fluctua­

tions conjoncturelles6 L'exode rurale s'est cependant

poursuivi p rogressiven ent et lentement: J% des exploi­

tations disparaissent chaque année et le. gouverneoent

n'envisnge pas dans s es prévisions d'augnenter ce chif­

fre, constant depuis J. a guerre o Les ~t 350 000 personnes

qui représentent l'eîfe cti f de la population paysanne

actuelle parviendrait tout juste à renp lacer la popula­

tion inoigr &e, qui est de plus de 4 000 000. Conne le

sixi~ce plan pr&voit que la diff~rence entre la·decande

de nain d'oeuVre pr6visible et l'accroissenent . natur~l

)

i

!

de la p opulation a ctive sera de 1 300 GOO, l'inportation

de travailleurs étrnnge:r·.s reste une r.d~ cessi té du système,

conpte tenu des o ptions 6conooiques e t politique s du

capitalis~e français~

o ~ le fait que l e cnpitalis>.J e français ait choisi '· d'a­

bord d' inporter des travailleurs·· dè.puis des pcys placés

dans sa zone d'influence; plut6t que de rerionvertir les

na sses pnysannes, n 1 est p as un hv.sard ,. f..1a is relève du

sou~i constant de naintenir ·sa donination 6conomique ~

tous les ni veaux, en évitant q ue· 1' écart· de développe­

nant entre l a France e t les p ays exportateurs de nain

d'oeuvre ne se r ~drii se . En éffet, alors que l'on pense

cor:1r:tunér:1ent que 1 'exporetion de nain d'oeuvre est un

avantage pour le pays d'origine, jl s'av~re que l'opé-

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- 32 -

ration est totalenent bénéfique seulenent pour le pays

inportateur. Cette nain d'oeuvre se négocie au même ti­

tre que n'inporta quelle narc~nndise : par exe~ple la

France n'accepte la n ain d'oeuvre algérienne qu'en échan­

ge de contreparties &canoniques, ce qui conduit i cett e

situation aberrante que l'Algérie paie pour exporter

ses travailleurs. Certains pays corn4e la Tunisie ont

poussé les choses plus loin encore, en for~ant des tra­

vailleurs spécialeoent destinés à l'exportation (voir

le l'Ionde 28/8/70). Ce trafic international de la nain

è 'oeùvre (à côté duquel le trafic des bonnes soeurs in­

diennes est peu de cho~e) n'est pas une spécialité fran-

çeise, ni rJêne une . spécialité des relations ·entre pays

développés et pays sous-développés. P.nt exemple un .très

lucratif trafic des c e rveaux s'es t développé entre l'

· Europe et les Etats Unis

veloppé de quelqu'un. De

on est toujours le sous-dé-.... nene entre pays plus ou noins

sous-développés : la Tunisie exporte des cadres au Tchad,

nu Gabon, et en Arabie Séoudite.

Cette Dain d'oeuvre ~rrive dans les pays inportateurs

' ' .... , ' a l .age adulte et ayant deja reçu une for~ation au coins

r.1inir:1ale . Le coût social du trelvailleur, et en particu­

lier ~e sa foroation, est enti~reoent A l a charge du

pays fournisseur. ~uand on voit la part inportante que . d' , ' 'd . .. les poys sous- evelopp c s consacrent a l'e ·u cnt1on, on

voit qu ' ils n'en tirent aucun profit et qu'ils . s'apau­

vrissent d'aut a nt. Leur d&veloppernent est alor~ impos­

sible faute de cadres et de travailleurs qualifiés (on

oeut citer coome cas cxtr8rne le Dah oney, qui en 1965 a

produit 70 o6 decins, dont 54 exercent en France). L'ar­

gunent selon lequel les travailleurs reçoivent une for­

mntion dans le pays d'acceuil est faux car bien évidel!l­

nent ces p ays choisissent de préférence des travailleurs

ayant déjà une fornation . Ln najorité è.e ceux qui ren­

trent scit p rofitent du pécule anassé, soit vont gonfler

_-;_ -

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1 '

- 3J -un secteur tert iaire d6jà pl6thorique~ Reste la contre-

:?artie essentielle dont devraient profiter les pays four-

.nisseurs l'n~gent que rapatrient les travailleurs (en

noyenne 5G ~ 70% du salaire)o Cet avantage est rninice

~ cause de l'in6galit6 des syst~ces non~taires et des

d&s~quilibres &canoniques entre les pays~

Dans ce syst~ne,les pays nains d~ve lopp&s ne peuvent

que se paup6riser par rapport aux pays d6velopp&so Sh~-

natiqueoent, le processus est ~e suivant le pays r:1nn-

qu2nt de devises,donc de capit nux pour d4velopper son

&cononie, exporte sa ressource la plus abondante la

Main d'oeuvr e ; les devises ~insi r6cup~r~es servant d'

une part à nourir une population d 1 inactifs ( chômeu:rs,

secteur tertiaire etcoc.), d"au~re pnrt à acheter des

produits trnnsforn.és au_x pays développôs) qui si enrichis-~

sent d'autant au bout du cor.1pte, le pnys exportnteul-

n'a toujours pas l0s capitam: n6 c e3saircs ~ s on d~velop­

peoent, et n'a plus ln nain d'oeuvre qunlifi~e (de l'ou-

vrier sp6cinlis~ au cadre), tout aussi n~~essaire ~son

6cononie~ Ce proc e ssus e s t un des facteurs de la paup~­

risation des pays scus-d6velcpp~s! probl~ne qui o&ri te

d 1 &tre approfondi ult6rieurcnento

CONCLUSION

Le prob lène le plus in}Jortant posé par l'existence des

travailleurs innigr 6 s est leur isolenent. Celui-ci con­

duit directe6ent ~ la constitution d'une sous classe

du prolétariat pernettant enfin J.a réalisation du vieu...'C

r~ve de la bourgeoisie, le d~passement de la lutte des

classes par l'alliance d0 fai t du prol6tariat indig~ne

et du patronat contre les portagnols, les ritals 1 les

n~gres, et autres bougnouls tout juste bons ~ balayer

les ordures des nanti s , avec un seul droit, celui de se

tairee Il faut donc lutter contre toutes les tendances,

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1 1 1 !

- Jl_,;; -

nê~e pavées de b onnes intentions~ fav ori sant cet isole­

ment. L'exis t ence de 4 COO 000 d~ 6 trangers parmi nous,

s erait l'oceasion de o ettre e n p rat i que c e t internatio­

nr~list:1e q Ue nous sonnes si f iers è.e bra ndir .. Ce serait

peut-&tre ~galenent l'occasion, grBce au trafic inter­

national de la force de travail de dépasser la querel-' le entre 1·évolution dans les p ays développ é s et révolu-

tion d a ns les p a ys sous-développ é s.

.. ~J