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Point de vue des soldats français sur les colonies Entre 1914 et 1918, la France a envoyé au front quelque 500.000 soldats venus des colonies. Parmi eux 130 000 «tirailleurs sénégalais», dont 30.000 ne sont pas rentrés. Quoiqu’il en soit, le terme de «tirailleur sénégalais» continue à garder aujourd’hui une place à part dans la mémoire collective. Il évoque presque immanquablement le fameux chocolat Banania et la célèbre publicité «Y’a bon Banania», inventée pendant le premier conflit mondial. Cette publicité représente un Noir avec un grand sourire, portant un fez (coiffe), la main gauche avec une tasse fumante, la main droite levée, s’écriant : «Y’a bon !». Cela représente l’image caricaturale du «bon Noir», incapable de s’exprimer correctement en français, stéréotype des soldats coloniaux, qui étaient alors très populaires dans l’opinion française pour leur ardeur aux combats.

Une image de pub, mais qui résume les opinions et les préjugés des Français vis-à-vis des habitants de l’Afrique colonisée à cette période. Des habitants auxquels la «Mère patrie», en manque de  « chair à canon », n’hésitait pas à faire appel. En échange, elle leur promettait de l’argent et d’acquérir la nationalité française à la fin du conflit. Cette dernière promesse a vite été oubliée après la guerre. Malgré les appels du député d’origine sénégalaise Blaise Diagne à honorer la «dette de sang».

Illustration d’André Warnod (1885-1960) :

Parmi ces détenus figuraient aussi des Africains. Le premier dessin d’André Warnod présenté ici représente un détenu africain, habillé comme dans la pub de Banania, souriant à une caricature de (grosse) Allemande en Gretchen à nattes blondes. Laquelle est venue offrir une fleur et de la charcuterie au prisonnier, gardé par un soldat débonnaire en train de fumer. Une idylle est apparemment née entre le tirailleur et la femme. Dans

le second

dessin, le mari de la dame, un «casque à pointe», revient au pays. Et qui se précipite vers lui ? Un enfant noir qui croit voir rentrer son père… Commentaire du «casque à pointe» stupéfait: «Mein Gott !» («Mon Dieu !»). Lequel a donc devant lui la preuve vivante que sa femme a «fauté» avec un Noir.

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Il faut aussi se replacer dans le contexte de l’époque et voir là un trait d’humour, transmis par une image populaire dans l’opinion. Un trait d’humour de combat, ayant pour but de ridiculiser l’ennemi. A travers ce type d’illustration, il s’agissait de «dénoncer l’adversaire et sa barbarie».Dans celui du «galant prisonnier», l’on peut voir les préjugés vis-à-vis des peuples colonisés, assez fréquent à l’époque. Dans la même période, en Europe, tout le monde n’était pas forcément d’accord avec l’écrivain François Mauriac (1885-1970), futur prix Nobel et grande figure de la décolonisation. Lequel expliquait que «les Nègres (sic) sont doux et mystérieux, très supérieurs à leurs officiers blancs qui les regardent comme des animaux»…

Les clichés vis-à-vis des Africains sévissaient également dans le camp germanique. «Les Allemands redoutaient par-dessus tous les combattants noirs, les accusant de commettre des atrocités, de mutiler les hommes avec leur coupe-coupe», raconte Le Monde. «Cette réputation sanguinaire est largement fantasmée. Elle sera après la guerre entretenue par la propagande nazie et alimentera les racismes anti-Noirs de la Wehrmacht, en 1940».

La publicité pour le chocolat Banania apposée sur différents objets du quotidien. © AFP - Photononstop - Henri de Gueltzl