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55 C CAB: Or philosophique. ( 7 ) CABALE PHONÉTIQUE: Fulcanelli fut le premier Adepte a parler clairement de cette «tradition cabalistique» évoquée par Flamel et à en révéler les principes qui reposent sur le jeu des sons. La «cabale phonétique» joue avec les mots de toutes les langues de la terre, dans chacune desquelles elle peut constituer un langage secret. ( 50 ) CACUS: Fils de Vulcain selon la Fable, est, suivant l'explication des Alchymistes, le feu commun. Cacus représenté comme un monstre terrible, demi-homme, et vomissant toujours du feu, ce sont les fourneaux des Chymistes ordinaires et des Fondeurs, qui vomissent sans cesse un feu contre nature, qui ravage tout ce qu'on lui présente, qui le détruit, et en change toute la nature. Ce Cacus est vaincu par Hercule, le symbole du mercure des Philosophes, qui dans la transmutation corrige ce que Cacus avait gâté, en enlevant les troupeaux d'Hercule, c'est-à-dire en rendant les métaux ordinaires sans vie, et en leur ôtant cette qualité générative que l'on trouve dans la matière métallique qui sert de base à toutes les opérations du grand œuvre. Quelques Alchymistes donnent à leur soufre le nom de Cacus, et celui d'Hercule à leur sel. ( 7 ) CADAVRE: C'est le règne de Saturne; la matière est en décomposition, elle affecte une coloration noire et une odeur âcre. CADMIE: Est un des noms que les Philosophes Hermétiques ont donné à la matière de leur pierre. Quelques-uns ont aussi nommé Cadmie les parties hétérogènes de cette matière, qu'il ne faut point faire entrer dans l'œuvre. C'est proprement la pierre au rouge. ( 7 )

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C CAB: Or philosophique. (7) CABALE PHONÉTIQUE: Fulcanelli fut le premier Adepte a parler clairement de cette «tradition cabalistique» évoquée par Flamel et à en révéler les principes qui reposent sur le jeu des sons. La «cabale phonétique» joue avec les mots de toutes les langues de la terre, dans chacune desquelles elle peut constituer un langage secret. (50) CACUS: Fils de Vulcain selon la Fable, est, suivant l'explication des Alchymistes, le feu commun. Cacus représenté comme un monstre terrible, demi-homme, et vomissant toujours du feu, ce sont les fourneaux des Chymistes ordinaires et des Fondeurs, qui vomissent sans cesse un feu contre nature, qui ravage tout ce qu'on lui présente, qui le détruit, et en change toute la nature. Ce Cacus est vaincu par Hercule, le symbole du mercure des Philosophes, qui dans la transmutation corrige ce que Cacus avait gâté, en enlevant les troupeaux d'Hercule, c'est-à-dire en rendant les métaux ordinaires sans vie, et en leur ôtant cette qualité générative que l'on trouve dans la matière métallique qui sert de base à toutes les opérations du grand œuvre. Quelques Alchymistes donnent à leur soufre le nom de Cacus, et celui d'Hercule à leur sel. (7) CADAVRE: C'est le règne de Saturne; la matière est en décomposition, elle affecte une coloration noire et une odeur âcre. CADMIE: Est un des noms que les Philosophes Hermétiques ont donné à la matière de leur pierre. Quelques-uns ont aussi nommé Cadmie les parties hétérogènes de cette matière, qu'il ne faut point faire entrer dans l'œuvre. C'est proprement la pierre au rouge. (7)

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CADUCÉE: Les Philosophes chymiques ont donné à leur dissolvant le nom de Caducée de Mercure, parce qu'ils prétendent que les inventeurs de la Fable avaient intention d'indiquer ce dissolvant par le Caducée. C'est pourquoi Abraham Juif met dans sa première figure hiéroglyphique un Mercure tenant son caducée, et Saturne avec sa faux qui semble vouloir couper les jambes et les ailes à Mercure. Voyez son origine, ses propriétés et son usage dans les Fables Égypt. et Grecques dévoilées, article de Mercure, liv. 3. ch. 14. On a aussi donné le caducée à Bacchus. Le caducée était composé de trois parties, de la tige d'or surmonté d'une pomme de fer, et de deux serpents, qui semblent vouloir le dévorer. L'un de ces serpents représente la partie volatile de la matière philosophique, l'autre signifie la partie fixe qui se combattent dans le vase; l'or philosophique dont la tige est le symbole, les met d'accord en les fixant l'un et l'autre, et en les réunissant en un seul corps inséparable. (7) CADUCÉE DE MERCURE: Le caducée de mercure, emblème hermétique par excellence, symbolise l'union indissoluble et harmonieuse des principes opposés. (41) CAGLIOSTRO (Alexandre de): Le «comte de Cagliostro», venant de Strasbourg, arrive à Paris le 30 janvier 1785. Il s'installe au numéro 1 de la rue Saint-Claude (hôtel de Bouthilier) et y aménage un «sanctum» ainsi qu'un laboratoire alchimique. Miséricordieux envers les pauvres gens, il les soigne avec dévouement, sans accepter de rémunération. En revanche, il fait payer très cher ses consultations aux nobles et aux traitants. Ainsi guérit-il d'un mal mystérieux le prince de Soubi frère de son disciple et protecteur, le cardinal de Rohan. Ses contemporains ont été frappés par son étonnante vitalité et sa durable jeunesse. Il laissa dire qu'il avait découvert l'élixir de longue vie et la pierre philosophale. Il convient de dénoncer ici une fâcheuse erreur historique, qui s'est installée dans l'esprit du public depuis Alexandre Dumas et qu'une récente émission de télévision a malheureusement entérinée. L'authentique initié que fut Cagliostro est souvent confondu avec un audacieux charlatan qui avait pour nom Joseph Balsamo; il s'agit, en fait, de deux personnages bien distincts qui ont pour seul point commun le fait que leurs épouses portaient toutes deux le double prénom de Lorenza Seraphina. C'est à Joseph Balsamo qu'il faut attribuer la légende d'un initié ne dormant jamais, ressuscitant les morts, se déclarant le contemporain de Jules César et de Jésus-Christ. Cagliostro fonde une loge maçonnique de tradition ésotérique égyptienne, qu'il dirige sous le titre de «Grand Cophte». Dans son Tableau de Paris, Sébastien Mercier écrit: «Cagliostro possède toutes les sciences humaines, il est expert dans la transmutation des métaux, et principalement de l'or; c'est un sylphe bienfaisant, qui traite les pauvres pour rien...» Cagliostro se trouve inculpé dans l'affaire du «collier de la reine» ainsi que le cardinal de Rohan. Le cardinal est arrêté et Cagliostro est aussi incarcéré. Mais il est bientôt acquitté après un procès plus politique que juridique. A la sortie de la Bastille, il est accueilli par une foule en délire qui le ramène en triomphe rue Saint-Claude. Du haut de son balcon (que l'on peut encore voir aujourd'hui),

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Cagliostro remercie avec ferveur le peuple de Paris. Mais Louis XVI décrète un arrêt d'expulsion immédiatement exécutable, et le mage doit gagner l'hospitalière Angleterre. Quatre années plus tard, il se trouve injustement emprisonné, d'abord au château Saint-Ange à Rome, puis au château de Léon, saisi par la Sainte Inquisition dont il est la dernière victime. Cagliostro meurt le 1er octobre 1795 à cinquante-deux ans. Sa femme, condamnée à la réclusion à perpétuité au couvent Sainte-Apolline, lui survit de quelques années. (51) CAHOS: Matière seconde des alchimistes, dans laquelle sont emprisonnés les principes sulfureux et mercuriel. CAÏN: Nom que les Philosophes ont donné à leur matière en putréfaction et parvenue au noir, peut-être à cause de la malédiction que Dieu prononça contre lui au sujet du meurtre qu'il avait commis envers son frère Abel, ou parce que les désordres de ses descendants furent la cause du déluge, qui fit périr presque tout le genre humain. Ce déluge est figuré par la dissolution de la matière, et ses effets par la putréfaction. (7) CALCINATION: C'est la purgation de notre Pierre, la restaurant par sa propre chaleur naturelle, de sorte néanmoins qu'elle ne perde rien de son humeur radicale. (52) Si l'on fait un feu lent où il faut un feu de fusion, la matière, au lieu d'être ouverte, ne sera qu'effleuré, et ne pourra jamais être débarrassée des parties terrestres sous lesquelles la quintessence est caché. Il faut calciner la matière auparavant; car sans cette calcination, il n'y a point de dissolution a espérer. Les Philosophes ne travaillent que sur un seul sujet métallique qui contient leur véritable mercure; mais pour faire paraître ce mercure philosophique, il faut calciner la matière où il est renfermé. Pour s'assurer et se convaincre qu'on travaille sur la véritable matière, il faut la soumettre à l'épreuve du feu; car elle est incombustible. Les Philosophes disent, qu'on peut la calciner ou préparer dans un fourneau de réverbère, ou dans un four de verrier sans craindre qu'elle pût y recevoir aucun dommage; car le feu ne peut avoir d'impression que sur les parties étrangères dont on doit la délivrer. Cela prouve clairement que la matière de la pierre ne peut exister que dans les métaux, et même dans les plus parfaits. (11)

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CALCINATION IMPARFAITE: Première et la plus violente opération de l'œuvre. Elle demande de l'artiste beaucoup de savoir faire. Cette phase se situe dans les travaux préparatoires ou travaux d'Hercule proprement dits. Elle a pour but de détruire les parties hétérogènes de la matière et de favoriser la libération de l'esprit. CALCINATOIRE: Le vaisseau calcinatoire porte différents noms. Les uns l'appellent feu secret, d'autres, Esprit universel et Fulcanelli le désigne sous le nom de Lait de la vierge ou mercure commun. CALEBASSE: Renferme le breuvage et vertus dissolvantes de ce mercure. (19) Symbole féminin et solaire chez les Dogons, dont le système symbolique est à prédominance lunaire. C'est un substitut du vase de terre culte, matrice du soleil autour duquel s'enroule la spirale de cuivre rouge à huit tours qui est symbole de la lumière, du verbe, de l'eau, du sperme, des principes fécondants. (1) CALED: (VIIe siècle). C'est le fameux «Roi Caled» à qui, selon la légende, le sage Moriennus enseigne les mystères de l'alchimie. Il s'agit du roi d'Égypte Chalid Ibn- YAZID. (5) CALICE: Même signification que le Graal. CALICE DES FLEURS: Réceptacle naturel de la rosée. Elle symbolise en alchimie le vase des philosophes, qui reçoit en son sein l'esprit Universel. CALICHE: Minerai dont on extrait le nitrate de sodium. CALID: Auteur musulman ; Liber secretorum alchimiae. - Liber trium verbum, tous deux dans J.J. Manget, Bibliotheca Curiosa. (21) Calife ou sultan du XIe siècle environ, qui se serait adonné à l'alchimie. (45) CALIDITÉ: Qualité de la matière fixe des Philosophes. Ils ont donné ce nom de calidité à leur mâle, ou fixe. Le premier est appelé calidité et siccité, ou soufre; le dernier, argent-vif, ou frigidité et humidité. Flamel. (7)

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CAMBRIEL (Louis-Paul-François): Alchimiste et écrivain hermétiste, né le 8 novembre 1784 à la Tour-de-France (Pyrénées-Orientales), mort vers 1850, à Paris. Fabricant de draps à Limoux, il commença d'étudier l'alchimie dans les traités du Moyen Âge, notamment dans ceux de Nicolas Flamel. En 1819, il fit insérer, dans les Petites affiches, l'offre d'un grand bénéfice, «permettant vingt-cinq mille francs or, pour chaque millier de francs prêtés, à celui qui consentirait à lui en avancer six milles, pour poursuivre ses expériences». Son cours de philosophie hermétique, publié en 1843, traita des opérations conduisant à la pierre philosophale: purification de la matière, fusion, pulvérisation, distillation, trituration, blanchiment, sublimation et calcination. Il donne l'explication de quelques passages des cinq premiers chapitres de la Genèse et voit en l'homme l'animal parfait. La pierre philosophale, selon Cambriel, est aussi une médecine universelle, guérissant tous les maux. Il ne déclare pas en avoir l'exclusivité et cite notamment le maréchal-ferrant hermétiste Leriche qui, sous le règne de Louis XV, aurait ressuscité, grâce à cette panacée, un jeune homme qui venait de mourir et qui, selon certains témoignages, était encore en vie, à Paris, à l'époque de Louis-Philippe. L'œuvre de Cambriel provoqua un renouveau des essais alchimiques au milieu du XIXe siècle. (4) CANCER (ou ÉCREVISSE): Dans le zodiaque, cet animal représente le premier signe d'eau. Il symbolise ainsi la matrice universelle où prend naissance toute vie terrestre et d'où sortira le signe de Feu, le Lion, de même qu'Aphrodite, symbole du Feu élémentaire, naîtra de l'onde dans la légende grecque. L'écrevisse vit dans l'eau, a des pinces et se déplace de travers. Elle nous donne ainsi une image du monde matériel, apparaissant dans les eaux primordiales de la sphère sublunaire et animé d'une soif d'exister qui la fait se cramponner à tout ce qui est illusoire. Cet animal, vorace de viande putréfiée, tire sa vie de la désintégration d'une autre vie, rappelant ainsi que la vie corporelle est une mort à la vie de l'esprit. L'astrologie indique ce caractère astral et inconstant en adoptant le Cancer comme unique domicile de la Lune dans le zodiaque. (4) CANCRE OU CANCER: La pierre des Philosophes fixée au rouge, ainsi nommée à cause de la complexion chaude et sèche, et de sa vertu ignée, qui l'a fait nommer Pierre de feu, Minière de feu céleste. (7) CANICULE (FEU de): Quelques Philosophes hermétiques ont ainsi appelé leur troisième feu, ou degré de feu, par comparaison à la chaleur de la Canicule, qui est la plus forte de toute l'année. Ce n'est pas qu'il faille augmenter le feu extérieur au troisième degré, puisqu'ils disent qu'il doit être égal et continu pendant tout le cours de l'œuvre: cette augmentation doit s'entendre du feu intérieur. Cette équivoque a induit beaucoup de gens en erreur. (7) CANNE ENRUBANNÉE: Compagnonnage. La canne du Compagnon avec ses deux rubans de couleurs différentes noués au sommet du «jonc» serait une figuration du caducée. Selon la légende, on aurait trouvé un «jonc» mystérieux sur le corps de Maître Jacques assassiné. Ce jonc renfermait des instruments de mathématique. Il serait ainsi un symbole de la science des Compagnons. Mais une autre origine de la sacralisation du jonc pourrait se trouver dans cette partie de la légende où Maître Jacques poursuivi par ses ennemis trouve refuge dans les joncs d'un marais. (5)

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CANONIQUE: Conforme à des règles, à une norme. (2) CANSELIET (Eugène): «Fulcanelli», était-ce le nom de plume de Canseliet ? Nous sommes sûrs que non, mais l'imputation fallacieuse nous pousse à contempler brièvement certaines de ses données biographiques:1 Eugène Canseliet naît à 8 h du soir le lundi 18 décembre 1899 dans la commune de Sarcelles (banlieue Nord de Paris) au sein d'une famille modeste. Son père, Henri Canseliet, décédé en 1919, était artiste-maçon. Quatre ans plus tôt, en 1915, année fondamentale où il avait quinze ans, nous le trouvons à Marseille comme étudiant aux Beaux Arts. Selon certaines données, ce serait pendant cette année-là que la concierge de Fulcanelli qui faisait aussi le ménage de l'école des beaux-arts, lui présenta le maître. Il avait eu, peu avant, entre ses mains le traité fameux de Cyliani Hermès Dévoilé - dédié à la postérité. À vingt et un ans il gagne sa vie comme employé de l'usine de gaz de Sarcelles, où il s'initie à la pratique opératoire. A vingt-deux ans, son premier mariage (suivi d'un divorce). Une année de plus, et c'est là qu'advient la transmutation du plomb en or, effectuée dans l'usine de gaz de Sarcelles, avec de la teinture fournie par Fulcanelli, et selon ses instructions. Cela se produit en présence de Jean-Julien Champagne et de M. Gaston Sauvage qui était alors chimiste chez Poulenc. Trois apôtres pour témoigner du Tabor. Mais un seulement le fit... En 1923 (Canseliet a vingt-trois ans) Fulcanelli lui remet trois paquets cachetés à la cire. Ils contiennent des notes manuscrites avec trois épigraphes: Le Mystère des Cathédrales, Les Demeures Philosophales, et Finis Gloriae Mundi (Fin de la gloire du Monde). Ce titre d'une œuvre de l'Adepte qui ne vit jamais le jour (les temps ne seraient pas dignes de lui, dixit en quelques occasions le disciple), est en étroite connexion avec le réputé tableau homonyme de Jean de Valdés Leal qui date de 1672, exposé à l'Hôpital de la Sainte Charité à Séville. On sait que Fulcanelli, quelques années après sa disparition «publique», ayant accédé à l'Adeptat, se réfugie à Séville ville où - Jaime Cobreros le découvre dans une de ses fulgurantes intuitions - s'était construit le quartier d'Héliopolis. Fulcanelli crée ou appartient à l'éthérée «Fraternité d'Héliopolis» à qui il dédie Le Mystère des Cathédrales et Les Demeures Philosophales: «Aux frères d'Héliopolis»; jusqu'ici n'avait jamais émergé cette «coïncidence» (qui s'ajoute à celle du titre de la supposée troisième œuvre) dévoilée par Jaime Cobreros avec qui nous visitâmes récemment, en 1984, la dernière demeure de Canseliet au petit cimetière de la Neuville-Vault, à trois ou quatre kilomètres de son domicile à Savignies. Sur son sépulcre une inscription dit: «IN MEMORIA EUGENE CANSELIET F.C.H. IN HOC SIGNO VINCES». Sur la partie christique de la légende, une croix grecque, Templière. Mais «F.C.H.» est ce qui nous intéresse pour: «frère chevalier d'Héliopolis». Continuons avec nos données biographiques: en 1926 parait la première édition du Mystère des Cathédrales et en 1930 celle des Demeures Philosophales, avec des tirages de 300 et 500 exemplaires respectivement, aujourd'hui d'une très grande valeur. À cette époque, et depuis 1925, Canseliet est déjà installé à Paris au 59 bis de la Rochechouart dont il partagea une des

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deux chambres sous les combles, au sixième étage, avec l'illustrateur des «Fulcanelli», Jean-Julien Champagne, qui y décéda le 26 Août 1932. Un an plus tard, en Août 1933, Canseliet déménage au n° 10 du Quai des Célestins. À ses trente-cinq ans, Canseliet commence sa collaboration avec Atlantis qui ne s'arrêtera jamais, inaugurant une œuvre imprimée qui trouve son climax en 1945 avec l'édition des Deux Logis que nous avons déjà signalée. En 1946, il s'installe à Savignies (de là qu'il fut appelé le «Maître de Savignies») où il vivra jusqu'à la fin de sa vie. À cinquante-deux ans, ayant conquis les principes philosophiques, il entreprend une deuxième grande cuisson qui échoue aussi. À ce propos, nous devrons nous rapporter à la première cuisson, celle de 1938, qu'il mentionne dans les dernières pages de l'Alchimie expliquée: «Le brusque arrêt de la coction du troisième œuvre par l'ouverture accidentelle du vaisseau philosophal, libère une inimaginable accumulation d'énergie cosmique dont l'action catalytique peut se faire sentir, d'insoupçonnée manière, sans qu'aucune limite ne l'arrête dans l'espace. Nous eûmes à constater le phénomène, à la fois inattendu et grandiose, en 1938, quand une élaboration malheureuse...» Et on nous dit que cette formidable accumulation d'énergie qu'il avait produite, provoqua en se libérant, la fameuse aurore boréale de 1938 qui fut le prélude de la IIe Guerre Mondiale ! Canseliet s'était déjà référé explicitement à cette aurore boréale engendrée par ses expériences chimiques, à la page 131 de l'édition de 1945 de Deux Logis Alchimiques, avec une explication qu'il développe et complète à la page 274 de l'édition de 1979: «Avant-courrière - combien imprévue ! - des convulsions épouvantables qui devaient ébranler les fondements mêmes de la civilisation, nous rappellerons, en ce lieu, l'aurore boréale du 24 janvier 1938. Le météore, grandiose et effrayant, sur lequel nous nous devons de rester discret, vint de la brusque catalyse des eaux supérieures, et plus exactement des ondes, pour nous conformer au langage de la science. La conséquence, de la sorte portée dans le domaine interplanétaire, parait disproportionnée, vis-à-vis de la cause qui fut, peut-être, la faute commise dans la gradation de la température, ou celle que n'ait été respectée, la période propice à la philosophique réalisation...» La prétention canselienne d'être à l'origine même du phénomène est tellement énorme, presque une bouffonnerie, qu'Atorène dans Le Laboratoire alchimique, page 337, la décrit de cette façon: «Plusieurs notes de musique avaient déjà retenti quand, le mardi 25 janvier, vers 18h 30, pour une raison inconnue, brusquement la coction s'arrête; presque sans bruit un petit soleil s'élève de l'athanor, et disparaît dans le plafond. Tous les chiens des environs se mirent à aboyer. Ce soir-là, notre hémisphère fut recouvert d'un immense éventail rouge, aux longues branches vertes, irradiant depuis le nord: la gigantesque aurore boréale de 1938.» Quelques lignes plus loin, Atorène semble enfin vouloir démonter toute cette histoire qui peut couvrir Canseliet de ridicule: «il est impossible que ce fut l'ouverture de l'œuf (philosophal) qui eût provoqué l'aurore polaire, car elle était déjà visible en Écosse à 17 heures... (Lorsque l'œuf de Canseliet n'était pas encore cassé, une heure et demie plus tard). Mais Atorène recule: «au contraire, il semble vraisemblable que la cuisson, partiellement défectueuse, commence à libérer de l'énergie quelques heures avant, provoquant la naissance de l'aurore». Nous ne prétendons montrer aucun signe d'incrédulité, et encore moins exploser à

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grands éclats de rire. Ceci, pour que le lecteur conçoive par son esprit qu'elle peut-être, vraiment, la très grande accumulation d'énergie qui résulte de l'accouplement dans l'œuf, des très purs principes philosophiques. Mais d'un côté, nous pensons que cet océan d'énergies est d'une nature qualitative et spirituelle, qui n'est pas susceptible de composer le champ de particules nécessaire - électrons et protons - qui viendront heurter les gaz de la haute atmosphère (aurore boréale). D'un autre côté, nous croyons que, quoi qu'il en fût, un silence religieux et une discrétion pudique auraient dû couvrir ce phénomène aux connotations mystiques. Devons-nous penser que toutes les aurores boréales ou australes qui ont eu lieu dans le Monde, ont été le fait d'une manipulation maladroite d'alchimistes ou souffleurs ? Remarquons que la fission ou la fusion nucléaire n'obtiennent pas le phénomène aux dimensions hémisphériques. Voyons comme exemple l'interprétation du phénomène (qui fut sur la première page de toute la presse mondiale, c'est logique), par quelqu'un d'étranger à l'Art: «Dans la nuit du 25 au 26 janvier 1938, il y eut sur toute l'Europe une étonnante aurore boréale demeurée inexpliquée, qui semble répondre aux lignes du deuxième secret (de Fatima): «Quand vous verrez une nuit éclairée par une grande lumière inconnue, sachez que c'est le signe que Dieu vous donne et qu'est prochain le châtiment du monde par la guerre, les famines et les persécutions.»2 Nous n'hésitons pas à avouer que nous nous sentons bien plus inclinés vers cette interprétation de «signe précurseur», tout à fait en accord avec la tradition prophétique. Que le lecteur nous excuse de l'important traitement donné à ce que Canseliet induisit comme triste résultat de sa première cuisson finale. Cela fit que dans des cénacles non réduits, on surnomma (avec tendresse) le «Maître de Savignies» avec le sobriquet «Le terroriste de Savignies». Nous donnons là une première information de ce qui est inédit. À ses cinquante-deux ans, en 1952, et selon son propre aveu, Canseliet visite Fulcanelli à Séville, lequel avait alors déjà cent treize ans chronologiques, ressemblant à un homme «d'âge mûr». Nous tenons cette information de toute première main. Une après-midi, on frappe à la porte du domicile de Canseliet, à Savignies. C'est un inconnu avec un uniforme de chauffeur (il a garé devant la maison une automobile de luxe) qui lui dit avec un fort accent espagnol que Fulcanelli le réclame. L'Adepte avait «disparu» en 1930 et Canseliet ne le voyait plus depuis 1926. Une demi-heure après, les bagages prêts, il s'installe dans l'automobile qui démarre vers un lieu et un pays que Canseliet ignore. La voiture prend (c'est une appréciation, sans consulter la carte) les 1900 kms entre Séville et Savignies. À Séville le chauffeur l'abandonne en ville... À partir d'ici, l'histoire est connue. En pleine rue, un monsieur l'interpelle: « - Tu ne me reconnais pas ?» Canseliet le reconnaît, en effet, et il commente que tous deux semblaient avoir le même âge, alors que la dernière fois où il l'avait vu, vingt-six ans plus tôt, Fulcanelli était un vieillard vénérable... Fulcanelli l'accueille et met à sa disposition un laboratoire. Canseliet a raconté et publié ceci deux, trois ou quatre fois, de même qu'il raconte la transmutation de la matière vile en or, que nous décrivions tout à l'heure. Le message est clair: non seulement Fulcanelli accède à la pierre philosophale (Transmutation) mais aussi à l'élixir de longue vie. Nos propres sources sont absolument en accord avec ces faits. En ce qui concerne la visite de Canseliet à Séville, il gâche le scénario, en accédant par le souvenir à l'univers instable des perceptions psychiques (ce qu'il avait déjà dit, suffisait

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amplement). En 1956, Canseliet traduit et commente Les douzes clefs de la Philosophie du frère Basile Valentin de l'Ordre de Saint Benoît qui aura plus tard deux rééditions. En 1963, il publie son Alchimie3, compilation d'articles publiés dans Les Cahiers d'Hermès, Le trésor des Lettres et Atlantis4. En 1967, publication de son Alchimie et de son Livre Muet. En 1972 L'Alchimie expliquée par ses textes classiques (déjà citée plusieurs fois) suivie en 1974 des Trois anciens Traités d'Alchimie.5 À partir de 1977, il publie dans la revue La Tourbe des Philosophes qui vient de commencer son chemin, ses Alchimiques souvenirs qui s'appelleront à partir du numéro 4 de la revue, Alchimiques Mémoires. En 1978, il a une entrevue de trois heures avec Robert Amadou et celui-ci publie le livre Le Feu du Soleil (abusivement semble-til)6 Enfin parait en 1980, en dernier lieu, la deuxième édition très augmentée, de son premier livre: Deux Logis Alchimiques, en marge de la Science et de l'Histoire. Comme nous l'avons déjà dit, Canseliet décède à son domicile de Savignies le 17 avril 1982, étant inhumé à la Neuville-Vault, le 22 avril de la même année. Il resta donc cinq jours avant d'être inhumé, pour des raisons «ésotériques» en rapport avec les métamorphoses de la Lune. Et depuis lors, sur la conscience des épigones et des quelques «signatures», pèse d'une façon dense le silence altier d'Isabelle, qui vaut de l'or, la fille du Maître de Savignies. 1 - On peut trouver une chronologie très complète dans le livre Le Laboratoire Alchimique, par Atorène. Ed. Guy Trédaniel. Ed. de la Maisnie, Paris 1981 - page 332 à 347. 2 - Le Troisième Secret de Fatima, par Daniel Réju. Ed. du Rocher, Monaco 1981 - page 94. 3 - Les Douzes clefs de la Philosophie - Traduction, introduction et explication des images, par Eugène Canseliet. Les Éditions de Minuit, Paris 1956. 4 - Alchimie - études diverses de symbolisme hermétique et de pratique philosophale par Eugène Canseliet. F.C.H. Ed. Jean-Jacques Pauvert, Paris 1964 (réédité en 1978). 5 - Trois anciens Traités d'Alchimie - Calligraphie et prolégomènes d'Eugène Canseliet F.C.H. Ed. Société Nouvelle des Éditions J-J. Pauvert, Paris 1975. 6 - Voir pages 30 et 31 de la deuxième édition de Deux Logis Alchimiques, tout au moins les premiers exemplaires qui sortent de l'imprimerie (parmi eux, le nôtre) si l'on tient compte d'une note de l'éditeur qui apparaît superposée et collée à l'angle supérieur, où il s'engage à supprimer dans les tirages postérieurs les passages entre la ligne 10 de la page 31 et la ligne 19 de la page 32. (53) CAPE SOMBRE DE LA PIERRE: Correspond à la Phase au noir de l’œuvre. CAPRICORNE: Manget dit que quelques Chymistes ont donné ce nom au plomb. Il aurait dit vrai s'il l'avait expliqué du plomb ou Saturne des Philosophes; et ils l'ont ainsi appelé, parce que le Capricorne désigne le solstice d'hiver, comme la matière de l'œuvre parvenue au noir, ou Saturne des Philosophes, indique leur hiver. (7) CAPTER: Recueillir l'esprit universel au fur et à mesure de son émission hors de la matière dans le stade préparatoire. CAPTURE: La capture consiste à unir l'esprit avec le corps dont tu as effectué la préparation au début, car dans ce corps l'esprit est capturé et empêché de fuir vers ce qui est au-dessus. (28)

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CAPUT MORTUUM: Expression latine qui veut dire: tête noire ou tête de Mort. (27) CARCASSE: Correspond à la fin du stade préparatoire. Une fois que l'alchimiste a soustrait les matières (soufre et mercure) hors du chaos primordial, il ne reste plus qu'une masse de matière hétérogène impropre à l'œuvre. CARMIN: Matière parvenue à la rougeur. CARO (Roger): Les alchimistes ont voulu tenir soigneusement caché le point de départ même de leurs travaux en tenant secret le nom de la substance qui - convenablement préparée - doit être utilisée pour espérer travailler avec succès à l'obtention de la pierre philosophale. Pourtant, des alchimistes modernes se sont montrés, à l'inverse de leurs ancêtres, bien moins discrets sur leur choix de la matière première. D'où faut-il donc partir, selon eux, pour espérer «Œuvrer» victorieusement ? Roger Caro semble attirer notre attention, après les alchimistes de la vieille Chine, sur le cinabre, ce curieux minéral qui, combinant le soufre et le mercure, semblerait donc allier en lui les deux principes hermétiques opposés mais complémentaires. (54) OUVRAGES DE ROGER CARO: Succès Pendulaires 1953. Traité de Thaumaturgie pendulaire. 1954 Cours de Thaumaturgie en 7 leçons. 1955 De la valeur des lois en radiesthésie. 1955 Les Miracles ont aussi leur loi. 1966 Pléiade Alchimique 1967. (55) CARRÉ: Sur le plan Chrétien et symbolique, le carré est aussi la représentation de l'Évangile avec ses quatre auteurs, comme aussi des quatre saisons nécessaires à l'élaboration alchimique ou des quatre éléments constitutifs de la matière. CASTAIGNE (P.P. de): Alchimiste du XVIIe siècle; Œuvre écrites: Canons Hermétiques de l'esprit et de l'âme. (19) CATHÉDRALE (la) DE PARIS: La cathédrale de Paris, ainsi que la plupart des basiliques métropolitaines, est placée sous l'invocation de la benoîte Vierge Marie ou Vierge-Mère. En France, le populaire appelle ces églises des Notre-Dame. En Sicile, elles portent un nom plus expressif encore, celui de Matrices. (9) CATHÉDRALE GOTHIQUE: Sanctuaire de la tradition, de la Science et de l'art. (9) CAUSTIQUE: En alchimie, il représente le dissolvant secret des Sages. C'est ce menstrue qui dissout, brûle et calcine la matière tout en la spiritualisant. CAUTÈRE: Agent physique ou chimique, destiné à brûler les tissus, les convertir en escarres. Dans la science hermétique c’est l’Agent primordial.

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CAVERNICOLE: Ce sont les deux principes, sulfureux et mercuriel, qui sont enfouis au plus profond du Chaos des Sages. CEINTURE D'OFFERUS: La ceinture d'Offerus est piquée de lignes entre-croisées semblables à celles que présente la surface du dissolvant lorsqu'il a été canoniquement préparé. Tel est le Signe, que tous les Philosophes reconnaissent pour marquer, extérieurement, la vertu, la perfection, l'extrême pureté intrinsèques de leur substance mercurielle. Nous avons déjà dit plusieurs fois, et nous le répétons encore, que tout le travail de l'art consiste à évertuer ce mercure jusqu'à ce qu'il soit revêtu du signe indiqué. Et ce signe, les vieux auteurs l'ont appelé Sceau d'Hermès, Sel des Sages (Sel mis pour Scel,), - ce qui marque la confusion dans l'esprit des chercheurs, - la marque et l'empreinte du Tout-Puissant, sa signature, puis encore Étoile des Mages, Étoile polaire, etc. Cette disposition géométrique subsiste et apparaît avec plus de netteté lorsqu'on a mis l'or à dissoudre dans le mercure pour le ramener à son premier état, celui d'or jeune ou rajeuni, en un mot d'or enfant. C'est la raison pour laquelle le mercure, - loyal serviteur et Scel de la terre, - est nommé Fontaine de Jouvence. Les Philosophes parlent donc clairement l'orsqu'ils enseignent que le mercure, dès la dissolution effectuée, porte l'enfant, le Fils du soleil, le Petit Roi (Roitelet), comme une mère véritable, puisque en effet l'or renaît dans son sein. «Le vent, - qui est le mercure ailé et volatil, - l'a porté dans son ventre», nous dit Hermès dans sa Table d'Émeraude. Or, nous retrouvons la version secrète de cette vérité positive dans le Gâteau des Rois, qu'il est d'usage de partager en famille le jour de l'Épiphanie, fête célèbre qui rappelle la manifestation de Jésus-Christ enfant aux Rois Mages et aux Gentils. La Tradition veut que les Mages aient été guidés jusqu'au berceau du Sauveur par une étoile, laquelle fut, pour eux, le signe annonciateur, la Bonne Nouvelle de sa naissance. Notre galette est signée comme la matière elle-même et contient dans sa pâte le petit enfant populairement dénommé baigneur. C'est l'Enfant-Jésus porté par Offérus, le serviteur ou le voyageur; c'est l'or dans son bain, le baigneur; c'est la fève, le sabot, le berceau ou la croix d'honneur, et c'est aussi le poisson «qui nage dans notre mer philosophique», selon l'expression même du Cosmopolite. Notons que, dans les Basiliques byzantines, le Christ était parfois représenté comme les Sirènes, avec une queue de poisson. On le voit ainsi figuré sur un chapiteau de l'église Saint-Brice, à Saint-Brisson-sur-Loire (Loiret). Le poisson est l'hiéroglyphe de la pierre des Philosophes dans son premier état, parce que la pierre, comme le poisson, naît dans l'eau et vit dans l'eau. (9) CEINTURE DE VENUS: C'est le cercle diversifié de toutes couleurs qui se termine au rouge. CÉLESTE: C'est la partie volatile et spirituelle de la matière.