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AUTONOMISATION DES FEMMES NOUS AVONS TOUS UN RÔLE À JOUER carrefour international c DONNEZ DEVENEZ VOLONTAIRE CINTL.ORG Coopération internationale ANOUK TREMBLAY/MONTAGE LE DEVOIR La bédéiste Anouk Tremblay a réalisé Fwontié apre fwontié, qui dépeint la réalité des migrants haïtiens ayant demandé l’asile au Canada l’été dernier. LES SAMEDI 3 ET DIMANCHE 4 FÉVRIER 2018 CAHIER SPÉCIAL C Pérou L’agroécologie pour améliorer les pratiques C 2 Sénégal Favoriser l’entrepreneuriat au féminin C 7 La Semaine du développement international, organi- sée au Québec par l’Association québécoise des orga- nismes de coopération internationale (AQOCI) et ses 67 partenaires sur le terrain, s’intéresse cette année aux droits de la personne en matière de migration. Parce que c’est d’une grande actualité, estime la direc- trice générale de l’association, Michèle Asselin, « et parce que nos membres se heurtent à cette réalité sur le terrain et qu’elle les interpelle en tant que réseau de coopération et de solidarité internationale ». HÉLÈNE ROULOT-GANZMANN « Q ui n’a pas vu un reportage sur des migrants presque réduits à l’escla- vage et qui prennent des risques inouïs pour fuir leur pays ? demande M me Asselin. Nos membres qui tra- vaillent sur le terrain à l’international se heurtent à cela. Mais la question des migrations s’invite aussi ici, au Canada et au Québec. Parce que lorsque des milliers d’Haïtiens traversent la frontière en provenance des États-Unis pour demander l’asile au Canada, on devient forcément très concernés. On voulait poursuivre cette réflexion avec la population. » Or, insiste la d.g. de l’AQOCI, les droits de la personne sont les grands oubliés des politiques migratoires. Et il n’y a pas qu’elle pour le dire. Le message est porté par Louise Arbour elle-même, cette Québécoise ex-juge à la Cour suprême du Canada, ex-haute-commissaire des Na- tions unies aux droits de l’homme devenue, au printemps dernier, représentante spéciale pour les migrations interna- tionales à l’ONU. Depuis, elle interpelle les États et prépare la signature de deux nouveaux pactes. « Elle a lancé un vibrant appel pour que ces pactes soient robustes, indique Michèle Asselin, et articulés autour du principe fondamental de la garantie des droits des per- sonnes en déplacement. » Le droit à la protection, à la santé, à l’éducation pour les enfants, de même que la garantie que les demandes soient traitées avec diligence. Les droits de la personne, ces grands oubliés des politiques migratoires Une semaine pour réfléchir à la situation des populations déplacées dans le monde et au Canada VOIR PAGE C 8 : DROITS

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Page 1: C Coopération internationale - Le Devoir...C 2 LE DEVOIR, LES SAMEDI 3 ET DIMANCHE 4 FÉVRIER 2018 ... Narciso Calderón Parada est un éleveur de vaches de la ré-gion d’Ancash.

AUTONOMISATION DES FEMMES

NOUS AVONS TOUS UN RÔLE À JOUER

ca r r e f o u r i n t e r n at i o n a lc DONNEZ

DEVENEZ VOLONTAIRE CINTL.ORG

Coopération internationale

ANOUK TREMBLAY/MONTAGE LE DEVOIR

La bédéiste Anouk Tremblay aréalisé Fwontié apre fwontié,

qui dépeint la réalité desmigrants haïtiens ayant

demandé l’asile au Canadal’été dernier.

LES SAMEDI 3 ET DIMANCHE 4 FÉVRIER 2018

CAHIER SPÉCIAL C

Pérou L’agroécologiepour améliorerles pratiquesC 2

Sénégal Favoriserl’entrepreneuriatau fémininC 7

La Semaine du développement international, organi-sée au Québec par l’Association québécoise des orga-nismes de coopération internationale (AQOCI) et ses67 partenaires sur le terrain, s’intéresse cette annéeaux droits de la personne en matière de migration.Parce que c’est d’une grande actualité, estime la direc-trice générale de l’association, Michèle Asselin, « etparce que nos membres se heurtent à cette réalité surle terrain et qu’elle les interpelle en tant que réseaude coopération et de solidarité internationale».

H É L È N E R O U L O T - G A N Z M A N N

« Qui n’a pas vu un reportage sur desmigrants presque réduits à l’escla-vage et qui prennent des risquesinouïs pour fuir leur pays? demandeMme Asselin. Nos membres qui tra-

vaillent sur le terrain à l’international se heurtent à cela. Maisla question des migrations s’invite aussi ici, au Canada et au

Québec. Parce que lorsque des milliers d’Haïtiens traversentla frontière en provenance des États-Unis pour demanderl’asile au Canada, on devient forcément très concernés. Onvoulait poursuivre cette réflexion avec la population.»

Or, insiste la d.g. de l’AQOCI, les droits de la personnesont les grands oubliés des politiques migratoires. Et il n’y a pas qu’elle pour le dire. Le message est porté parLouise Arbour elle-même, cette Québécoise ex-juge à laCour suprême du Canada, ex-haute-commissaire des Na-tions unies aux droits de l’homme devenue, au printempsdernier, représentante spéciale pour les migrations interna-tionales à l’ONU. Depuis, elle interpelle les États et préparela signature de deux nouveaux pactes.

«Elle a lancé un vibrant appel pour que ces pactes soientrobustes, indique Michèle Asselin, et articulés autour duprincipe fondamental de la garantie des droits des per-sonnes en déplacement. »

Le droit à la protection, à la santé, à l’éducation pour lesenfants, de même que la garantie que les demandes soienttraitées avec diligence.

Les droits de la personne, ces grandsoubliés des politiques migratoiresUne semaine pour réfléchir à la situation des populations déplacées dans le monde et au Canada

VOIR PAGE C 8 : DROITS

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C O O P É R A T I O N I N T E R N A T I O N A L EL E D E V O I R , L E S S A M E D I 3 E T D I M A N C H E 4 F É V R I E R 2 0 1 8C 2

Dessinons un autre avenir à ceux qui sont exclus à cause de leurs différences.

hi-canada.org

M I R I A N E D E M E R S - L E M A Y

Collaboration spéciale

C omment faire pour luttercontre les changements

climatiques et protéger les fra-giles écosystèmes des Andes,tout en dynamisant l’agricul-ture et l’économie des régionsrurales au Pérou? Avec le pro-jet FORMAGRO, l’organismequébécois de coopération in-ternationale SUCO tente detrouver des solutions viables àces défis, avec des formationsen en t r epr eneur ia t e t enagroécologie — une solutionde rechange écologique àl’agriculture intensive.

Au début de l’année 2017, lephénomène cl imatique ElNiño s’abat sur le Pérou, en-traînant les pires inondationsdes 30 dernières années dansle pays et faisant des dizainesde milliers de sinistrés. Unépisode qui pourrait bien serépéter au cours des pro-chaines années, avec les évé-nements climatiques extrêmesattendus à la suite des change-ments climatiques. Pour luttercontre ces aléas du climat, l’or-ganisme SUCO mise sur le sa-voir traditionnel des popula-tions locales et l’agroécologie.

« Pendant plusieurs sièclesd’interactions avec leur envi-ronnement, les petits agricul-teurs ont dû apprendre à gérerune grande variabilité clima-tique pour pouvoir cultiveravec des conditions extrêmeset à dif férentes altitudes »,opine la chercheuse du Centreinternational de rechercheagro-forestal (ICRAF) et duCentre pour le développementet l’environnement (CDE) del ’Universi té de Ber ne, enSuisse, Sarah-Lan Mathez,dans un bulletin de nouvellessur le projet FORMAGRO.

Le système ancestral de« terrasses de cultures », dessurfaces horizontales aména-gées dans les pentes abruptesdes montagnes, est un exem-ple de cette adaptation aux dé-fis climatiques des Andes, se-lon le coordonnateur du projetFORMAGRO dans la régionde Lima, Duver t Ventocilla.Cette technique ancestrale estutilisée pour éviter l’érosiondu sol des champs avec lapluie.

Avec le projet FORMAGRO,on tente de valoriser et d’amé-liorer les techniques ances-trales, comme celle des ter-rasses. « On incorpore, parexemple, le compostage et la

culture de différents types deplantes fourragères, dont cer-taines sont résistantes à la sé-cheresse », explique M. Vento-cilla. Toutefois, toutes les tech-niques ancestrales ne sont pasnécessairement des panacées,selon le coordonnateur du pro-jet pour la région d’Ancash,Pedro Estrada. « S’il faut amé-liorer la technique ancestrale,on l’améliore, si la techniquene fonctionne pas, on le ditaux agriculteurs», dit-il.

Le projet FORMAGRO miseainsi sur l ’éducation pouraméliorer le rendement et ré-duire l’impact environnemen-tal des pratiques agricoles.« C’est un processus de déve-loppement humain et collectifà long terme, croit M. Es-trada. L’éducation est néces-saire… Elle est un outil. » Dif-férents modules de formationtraitent de thèmes comme lagestion des pâturages, lecontrôle biologique par les in-sectes ou l ’élevage de co-chons d’Inde — un mets popu-laire au Pérou —, etc. Les for-mations sont données en espa-gnol et en quechua.

L e p r o j e t F O R M A G R O

a ainsi comme objectif de for-mer plus de 2000 cultivateurs,par des formations avec desinstitutions éducatives locales,mais également avec des ser-vices-conseils sur les parcellesdes cultivateurs.

Accent surl’entrepreneuriat

Les changements clima-tiques ne sont pas le seul fac-teur af fectant les régions ru-rales péruviennes. Ces der-nières sont marquées par un

fort exode rural. « La ville deLima est un puissant aimantpour les jeunes », obser veM. Ventocilla. De plus, lesjeunes associent l’agriculture àla pauvreté, ajoute la représen-tante de SUCO au Pérou et di-rectrice du projet FORMA-GRO, Anne Loranger-King.

De fait, la production agri-cole au Pérou est principale-ment réalisée par de petits cul-tivateurs, qui possèdent enmoyenne moins d’un demi-hectare de terrain et ont une

très petite production agricole.Et cette agriculture familialeest dif ficile à financer, selonMme Loranger-King. Or, ces ré-gions rurales jouent un rôlecrucial dans le pays. « C’estcette agriculture qui nourrit80 % de la population pér u-vienne», explique-t-elle.

Le projet FORMAGRO viseainsi à stimuler l’entrepreneu-riat des jeunes agriculteurs, detelle sor te que ces dernierspuissent vendre leurs produitset améliorer leurs sources derevenus. Les jeunes peuventainsi suivre des formationspour leurs projets, mais ilspeuvent également vendreleurs produits dans des foireslocales et écologiques.

« Grâce à cette formation,j’ai appris à faire de la confi-ture de corossol avec ma pro-pre marque », témoigne la Pé-ruvienne Flor María Rivera.« C’est très intéressant de pro-duire un produit sain et orga-nique, qui permet au client depréserver sa santé », renchéritle producteur horticole Chris-tian Ramos Carhuavilca.

Narciso Calderón Parada estun éleveur de vaches de la ré-

gion d’Ancash. Sa femme pro-duit des fromages avec le laitde ses vaches. Avec la forma-tion, ils ont appris comment di-versifier leur production defromage. «On faisait pendre lefoin pendant l’hiver, témoigne-t-il. Avec la formation, on saitmaintenant comment le cou-per et le faire sécher. »

« Les jeunes sont très inté-ressés par les thèmes tou-c h a n t l ’ a g r o é c o l o g i e » ,t é moigne M. Ventocilla, quiajoute qu’ils ont même dû limi-ter le nombre de places face àla grande demande pour lesformations. Il explique que laplupar t des étudiants étantseulement pour vus de di -plômes de niveau primaire ousecondaire, la certification à lafin de ces formations peutaméliorer leurs chances d’ob-tenir un travail.

Une approche«horizontale»

« Pendant des années, lespopulat ions andine et au-tochtones n’ont pas eu beau-coup d’oppor tunités… Ellesont socialement été mises decôté », explique M. Estrada.Mais avec le projet, elles fontpar tie intégrante du proces-sus, en étant consultées plu-sieurs fois par mois par lesONG régionales travaillantavec SUCO. Les femmes for-ment un peu plus de la moi-t ié des élèves des for ma-tions. Pour Pedro Estrada,ces formations sont des es-paces où elles sont respec-tées et valorisées.

« On essaie d’impliquer leplus de monde possible, avecdes tables de concertation parexemple », explique Mme Lo-ranger-King. Les objectifs duprojet et la méthodologie ontainsi été créés après un longprocessus de consultation, quia duré plus de deux ans. Un in-vestissement qui a toutefoisété profitable lors de la miseen œuvre du projet, qui s’estfaite de façon très rapide, ob-serve-t-elle.

Le projet FORMAGRO estfinancé jusqu’en 2021 par legouvernement canadien. Parla suite, Mme Loranger-Kingsouhaite que le projet conti-nue avec les ONG régionaleset les ministères péruviens.« Ce sont des infrastructuresqui vont rester avec le temps,et qui vont profiter de la mé-thodologie par ticipative etdes modules de formation duprojet. »

PÉROU

L’agroécologie pour améliorer les pratiquesUne solution de rechange écologique à l’agriculture intensive

PHOTOS SUCO

Pour lutter contre les aléas du climat, l’organisme SUCO mise sur le savoir traditionnel des populations locales et l’agroécologie.

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Ce cahier spécial a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, grâce au soutien des annonceurs qui y figurent. Ces derniers n’ont cependant pas de droit de regard sur les textes. Pour toute informationsur le contenu, vous pouvez contacter Aude Marie Marcoux, directrice des publications spéciales, à [email protected]. Pour vos projets de cahier ou toute autre information au sujet de la publicité,

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C’est en octobre 2012 qu’une première en-tente est signée entre l’Union des produc-teurs agricoles (UPA) et l’Organisation desNations unies pour l’alimentation et l’agri-culture (FAO). Aujourd’hui, on se réjouit desa reconduction pour cinq ans, qui consoli-dera la mise en œuvre d’actions communesvisant à promouvoir le développementd’une agriculture familiale performante,économiquement viable, socialement soli-daire, équitable et durable.

M A R I E - H É L È N E A L A R I E

Collaboration spéciale

«C ette reconduction vient valider le résul-tat qu’on obtient dans les actions qu’on

pose », lance fièrement Marcel Groleau, prési-dent de l’UPA. Il a raison d’être fier, puisquel’UPA a été la première organisation du genreavec laquelle la FAO a signé une entente.«C’est un travail de longue haleine», ajoute-t-il,puisqu’il a fallu changer les habitudes, les com-portements et les façons de faire, et démontrerqu’à la fin, c’est une manière de faire qui fonc-tionne. «À la base, on travaille avec les humainsplus qu’avec la terre, et c’est ça que la FAO areconnu », raconte le président. Mais quel estdonc ce mandat que l’UPA aura à relever en-core pour les cinq années à venir ?

Un lien entre la société civile et l’ÉtatIl existe à l’UPA, depuis 1993, une branche

de développement international, l’UPA DI, etAndré Beaudoin en est le secrétaire général :« On a commencé en appuyant la formation deproducteurs dans la mise en marché des pro-duits agricoles », explique-t-il. Après quelquesannées, ce qu’on soupçonnait s’avère : les poli-tiques influencent directement le résultat desactions : « On peut bien travailler pendant desdécennies à améliorer une situation lorsque,tout à coup, une décision politique peut anéan-tir le travail de dix ans de coopération. » C’estpourquoi l’UPA DI s’applique à travailler sur unplan très concret auprès d’organisations lo-cales, régionales et nationales, tout en appuyantles États dans le développement des politiquesagricoles.

C’est ainsi qu’au tournant des années 2000,l’UPA DI propose à sept pays d’Afrique del’Ouest un projet d’initiation aux règles com-merciales internationales. «Le projet réunissaitles leaders agricoles, les hauts fonctionnairesdes ministères de l’Agriculture et ceux du mi-nistère du Commerce… Tout un défi ! » rap-pelle André Beaudoin.

L’opération est un succès ; non seulement a-t-elle mené à une meilleure compréhension desenjeux, mais elle a aussi donné naissance à unréseau de contacts. «Toute l’expérience nous apermis de nous faire reconnaître comme uneunion capable de discuter avec les organisa-tions paysannes ainsi qu’avec les gouverne-ments », explique le secrétaire. C’est à ce mo-ment que la FAO remarque l’UPA. C’est cette

prémisse qui a permis de signer la fameuse en-tente quelques années plus tard.

Au Niger ainsi qu’au BéninDepuis quelques années, le gouvernement

nigérien développe une politique de souverai-neté alimentaire. Les autorités ont vite réaliséque, pour appliquer cette politique, la collabora-tion des paysans était indispensable. C’est alorsque le pays fait appel à la FAO, qui, elle,s’adresse à l’UPA : « On a réuni neuf organisa-tions agricoles pour qu’elles soient capables dedévelopper une position commune face à l’Étatqui, lui, était représenté par le Haut-commissa-riat de la sécurité alimentaire. Ils ont tous tra-vaillé ensemble pour trouver des manièresd’améliorer la productivité de l’agriculture lo-cale avec des politiques plus favorables. »

Dans ce projet, l’UPA a voulu mettre en avantla capacité des acteurs à comprendre les poli-tiques, à les adapter à la réalité du pays. «C’estun rapprochement entre la base et les autoritésgouvernementales. Autrement, les réalités fonc-tionnent en vase clos», affirme André Beaudoin.

Malheureusement, pour l’instant, le Niger afort à faire avec le mouvement terroriste Boko

Haram qui sévit dans le pays, et même si l’UPA« a fait un travail louable, on n’est pas allés aubout de ce qu’on aurait pu faire… », déplore lesecrétaire.

Toujours dans le cadre de l’entente avec laFAO, l’UPA est présente au Bénin, où elle a vé-ritablement mis sur pied un observatoire despolitiques agricoles à l’aide d’une présence deterrain très concrète. « On est à même de voirsi les politiques répondent réellement aux pro-blématiques pour lesquelles elles ont été pen-sées», précise André Beaudoin.

En novembre dernier s’est tenu un premier sé-

minaire avec des agricultrices béninoises. Un desproblèmes alors soulevés est l’accès à la terre :parce qu’apparemment, là-bas, les femmes,contrairement aux hommes, ne pourraient pasdevenir propriétaires ou même locataires d’uneterre. «Pourtant, les élus présents ont affirméaux femmes que les lois étaient changées et que,dorénavant, les femmes avaient les mêmes droitsque les hommes », raconte le secrétaire. Lesfemmes ont alors rétorqué que les lois étaientpeut-être bien changées, mais jamais elles n’enavaient été informées et que, de plus, des loisécrites en français sont illisibles pour une majo-rité d’entre elles. Au-delà de ces affirmations, letravail de l’UPA a été de valider l’information surle terrain avec chiffres à l’appui. «Dans le mondeoù l’on vit, même si on a de bonnes idées, si leslois et les pratiques ne nous permettent pas de lesréaliser, on ne fait rien avancer», conclut-il.

Marcel Groleau imagine les cinq prochainesannées comme une période de consolidation.Cette entente est une véritable vitrine pour l’or-ganisation : « Pour l’UPA DI, c’est un visa spec-taculaire. De plus, comme la FAO a des fondspour inter venir dans les pays en développe-ment, ça ne nuit pas ! » lance le président.

La sécurité alimentaire, une affaire collectiveL’UPA joue les facilitateurs entre les paysans et les États

ISTOCK

L’UPA DI s’applique à travailler auprès d’organisations locales, régionales et nationales, tout en appuyant les États dans le développement des politiques agricoles.

À la base, on travailleavec les humains plusqu’avec la terre, et c’est çaque la FAO a reconnuMarcel Groleau, président de l’UPA

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C O O P É R A T I O N I N T E R N A T I O N A L EL E D E V O I R , L E S S A M E D I 3 E T D I M A N C H E 4 F É V R I E R 2 0 1 8C 4

MARTINE LETARTE

Collaboration spéciale

L e Canada rejoignait en juinla liste des signataires de

la Charte pour l’inclusion despersonnes handicapées dansl’action humanitaire proposéepar l’organisation de coopéra-tion Humanité et inclusion(auparavant Handicap interna-tional). Plus que jamais, leconcept d’inclusion a la cote etcela se traduit sur le terrain dedifférentes façons.

Depuis le début de la guerreen Syrie, près de 5,5 millionsde personnes ont fui le pays.Ces réfugiés se trouvent prin-cipalement dans les pays voi-sins comme le Liban, l’Irak etla Jordanie. Humanité et inclu-sion (HI) est présente dansces pays pour ratisser lescamps de réfugiés.

« Nous créons des cellulesmobi les qui entrent danschaque abri, chaque tente, afinde repérer les populations lesplus vulnérables, comme lesenfants seuls, les femmes en-ceintes et les personnes avecun handicap», affirme JérômeBobin, directeur général de HI.

Lorsque la vulnérabilité estdue à un handicap, l’organisa-tion inter vient directement.« On peut fournir à la per-sonne une orthèse ou une pro-thèse et lui faire faire une réa-daptation fonctionnelle pourlui permettre d’apprendre às’en ser vir, explique JérômeBobin. Il faut bien accompa-gner ces personnes. C’est lecœur de nos actions. »

HI, qui a changé de nompour son 35e anniversaire afinde mieux refléter ses valeurset sa mission d’inclusion, fait

aussi tout un travail dans le do-maine de l’accessibilité despersonnes handicapées dansles camps. Par exemple, il fauts’assurer qu’il y a des toilettesaccessibles aux gens en bé-quilles et en fauteuil roulant,ainsi que prévoir l’approvision-nement du camp en produitsparamédicaux, notamment enbandages.

«Nous regardons toute la lo-gistique qui tourne autour des

besoins des personnes en si-tuation de handicap, expliqueJérôme Bobin. C’est impor-tant, parce que sinon, ces per-sonnes n’auraient pas accès àplusieurs biens et services quisont essentiels à leur survie. »

HI dirige vers d’autres orga-nismes les personnes vulnéra-bles qui ont besoin d’autrestypes de services, comme del’accompagnement financier, unechirurgie ou des médicaments.

De plus en plus de crisesLe même genre de travail

dans l’urgence est réalisé parHI auprès des réfugiés rohin-gyas au Bangladesh. Lesmembres de cette minoritémusulmane apatride du Myan-mar sont environ 650 000,d’après le Haut-commissariatdes Nations unies pour les ré-fugiés, à s’y être exilés depuisaoût pour fuir la violence.

«Depuis quelques années, lapart de notre travail qui se faitdans l’urgence a beaucoup aug-menté avec tous les conflits, demême que les catastrophes na-turelles qui sont de plus en plusviolentes en raison des change-ments climatiques», affirme Jé-rôme Bobin.

HI est active dans une quin-zaine de pays en situation decrise actuellement et dans unequarantaine de pays en déve-loppement. Alors qu’il y a mil-liard de personnes handica-pées dans le monde, 80% d’en-tre elles sont dans des pays endéveloppement ou en crise.

«Dans les pays en développe-ment, plusieurs maladies et dif-ficultés, lors de la grossesse oude l’accouchement par exem-ple, peuvent entraîner des han-dicaps, tout comme les acci-dents, qui sont nombreux, que

ce soit sur la route ou au travail,alors que les normes de sécu-rité sont loin d’être les mêmesqu’ici, affirme M. Bobin. C’estaussi dans ces pays qu’on re-trouve le plus grand risque decatastrophes naturelles, alorsles populations sont particuliè-rement à risque.»

Agir en amontIl est tout de même possible

d’agir en prévention dans diffé-rents pays afin de réduire de fa-çon inclusive les risques de ca-tastrophe. Actuellement, seule-ment une personne handicapéesur cinq dans le monde pourraitévacuer les lieux sans difficultéen cas de catastrophe naturelled’après une étude de l’ONU.

HI travaille dans cer tainspays à mettre sur pied desplans de contingence avec lesautorités et d’autres orga-nismes sur place afin d’inclureles personnes handicapées. Ellele fait notamment dans la pro-vince de Santiago, à Cuba, quise trouve dans une zone sis-mique particulièrement forte.

« On prévoit qu’il y aura unséisme important dans cette ré-gion, alors nous préparons leplan de communications à dé-ployer en cas de séisme, ex-plique Jérôme Bobin. Il faut te-

nir compte, par exemple, despersonnes sourdes, qui n’enten-dent pas les sirènes, des per-sonnes aveugles, qui ne peuventpas lire des consignes et despersonnes à mobilité réduite.»

HI travaille donc d’abord àrepérer ces personnes, puisétablit un plan.

« La prise en charge de cespersonnes peut être assurée parla famille, sinon les villageois oules autorités, explique-t-il. Il fautcréer un cercle autour de la per-sonne pour s’assurer qu’ellesera prise en charge.»

Le concept a fait ses preuvesau Népal, lors du tremblementde terre de 2015.

« Nous étions présents dansce pays depuis longtemps etnotre travail de préparation apermis d’améliorer la rapiditéavec laquelle les secours hu-manitaires ont pu intégrer lespersonnes handicapées à lasuite de la catastrophe », af-firme le directeur général deHI, qui travaille toujours avecd’autres organisations quis’occupent des autres types depopulations vulnérables.

Étendre le concept HI a proposé, en 2016 au

Sommet humanitaire mondial àIstanbul, la Charte pour l’inclu-sion des personnes handica-pées dans l’action humanitaire.Précédemment, elle avait pu-blié un rapport qui révélait que,lors d’une crise, 92 % des ac-teurs humanitaires sur le ter-rain ne savaient pas commentintégrer les personnes handica-pées dans leurs interventionset que 75% des personnes han-dicapées n’avaient pas un accèségal à une aide qui répond àleurs besoins de base, tels quel’eau, la nourriture, l’abri et lessoins médicaux.

C’est l’enjeu auquel vients’attaquer la Char te. « Nousavons presque 300 signataires,qui incluent plusieurs États,organisations de la société ci-vile et agences des Nationsun ies , a f f i r me M. Bobin .C’était important que le gou-vernement canadien s’engageenvers les plus fragiles de fa-çon à ce qu’ils soient considé-rés et inclus lors de la réponsehumanitaire à une crise. Noustravaillons d’ailleurs mainte-nant avec Affaires mondialesCanada afin de voir commenton pourra mettre en œuvre lesobligations de la Charte. »

HI emploie 3500 personnes,dont 3300 dans les pays duSud. La grande majorité estembauchée localement.

AIDE HUMANITAIRE

Inclure les personnes handicapéesEn cas de catastrophe, 80 % d’entre elles auraient de la difficulté à évacuer les lieux

BLAISE KORMANN/L’ILLUSTRÉ/HI

Shahed a 12 ans et est originaire de Mossoul. Le 9 mars 2017, elle s’est retrouvée avec sa famille au milieu des combats et a été grièvement blessée.Désormais amputée d’une jambe, elle vit dans le camp de Hasansham. On la voit ici durant une séance de physiothérapie.

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PROFILS RECHERCHÉS

Pérou Nicaragua Honduras Haïti Sénégal Burkina Faso

Notre programme de coopération volontaire est réalisé

avec l’appui financier du gouvernement du Canada accordé

par l’entremise d’Affaires mondiales Canada.

PLUSIEURS MANDATS DE VOLONTARIAT

Entrepreneuriat

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Agroécologie

Nutrition

Communication

Environnement

SUCO.ORG/emploi

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H É L È N E R O U L O T - G A N Z M A N N

Collaboration spéciale

«C’ est un beau succès,admet Lore Bolliet,

animatrice de Développementet Paix pour la grande régionde Montréal, l’un des orga-nismes ayant organisé la cam-pagne pour la création de ceposte d’ombudsman. Pour lemoment, on célèbre, mais onsait qu’il va falloir très vite quel’on se remobilise afin que cebureau ne soit pas qu’une co-quille vide. L’ombudsman doitavoir des pouvoirs d’enquête.Il doit être indépendant à lafois du gouvernement et del’industrie, avoir un budget suf-fisant et pouvoir faire des re-commandations qui mènerontà des sanctions.»

Même discours du côté del’Association québécoise desorganismes de coopération in-ternationale (AQOCI). Sa direc-trice générale, Michèle Asselin,raconte qu’année après année,sur le terrain, partout dans lemonde, les membres rappor-tent des cas de violation desdroits de la personne à l’encon-tre des populations locales parles compagnies minières.

Contamination des coursd’eau, diminution de la qualitéde l’air et des sols mettant enpéril la capacité des popula-tions à produire leur alimenta-tion, déforestation abusive, cri-minalisation des défenseursdes droits de la personne,transgression du droit à la syn-dicalisation et à la négociationdes contrats… autant de casque les militants sur le terrainont pu documenter.

Première mondiale« Il y a plusieurs bonnes nou-

velles dans cette annonce,note Mme Asselin. Le fait quele mandat de l’ombudsman nesoit pas réduit aux compa-gnies extractives, mais qu’iltouche d’autres secteurs in-dustriels en est une. Je pensenotamment au textile. »

La d.g. de l’AQOCI rappellequ’en 2013, lors de l’effondre-ment d’un atelier textile ayantfait plus de 1100 morts au Ban-gladesh, le milieu s’était mobi-lisé pour que les entreprisessoient désignées responsablespar rapport aux victimes et àleurs familles. Elle souligneque la nomination de l’om-budsman facilitera ce type dedemandes.

Depuis l’annonce du minis-tre Champagne, les commen-taires se concentrent cepen-dant principalement sur l’in-dustrie minière. Parce quec’est surtout elle qui avait étémontrée du doigt durant lacampagne de mobilisation.

« La grande majorité dessièges sociaux des compa-gnies minières dans le mondeest basée au Canada, justifie

Elana Wright, chargée de plai-doyer et de recherche à Déve-loppement et Paix. Nous avonsdonc la responsabilité particu-lière d’exiger que ces entre-prises rendent des comptessur les impacts de leurs agisse-ments. Que peut un habitantdu Honduras contre une multi-nationale ? C’est pourquoinous souhaitions la mise enplace d’un système non judi-ciaire, abordable et accessiblepour les communautés lesplus pauvres. »

Mme Wright se félicite d’au-tant plus de cette annoncequ’elle af firme qu’il s’agit làd’une première mondiale.

« Il existe des réseaux desur veillance concernant lecommerce international en Eu-rope notamment, indique-t-elle, mais c’est la première foisqu’un pays nomme un om-budsman pour sur veiller lesagissements de ses entre-prises en matière de droits dela personne.»

Un bureau d’ici septembre

À l ’ é c h e l l e d u C a n a d a ,500 000 personnes se sont mo-bilisées au cours de ces dixdernières années. Deux cam-pagnes se sont succédé et ontmené à la signature de plus de230 000 cartes d’action deman-dant la création du poste d’om-budsman. Nombreux sontceux qui ont demandé des ren-dez-vous avec leur députépour évoquer la question. Etpar deux fois, les membressont allés sur la colline parle-mentaire à Ottawa pour remet-tre les fameuses cartes.

« Beaucoup de personnes dela société civile ont à cœur deporter le message de justicesociale et ont soutenu le mou-vement, note Lore Bolliet.Nous vivons dans un mondeglobalisé où tout est lié. Lemouvement a aussi été l’occa-sion de se questionner sur nospropres manières d’agir ici,sur la société de consomma-tion. C’est certain que cela aun lien avec ce qui se passeailleurs. »

Dans ce dossier, le ministreFrançois-Philippe Champagnea affirmé sa volonté d’agir rapi-dement. Le bureau devraitêtre ouvert dès le mois de sep-tembre. Mais ce qui intéressele plus les associations, c’estde savoir quand les plaintespourront être déposées etquand l’« ombudsman cana-dien pour la responsabilité so-ciale des entreprises » fera sespremières recommandations.

« Nous serons alors là poursurveiller ce que le gouverne-ment en fera, assure MichèleAsselin. Les entreprises fau-tives pourraient par exemplese voir refuser des subventionsou des avantages fiscaux. Quoiqu’il en soit, il faudra trouverdes moyens de pression.»

C O O P É R A T I O N I N T E R N A T I O N A L EL E D E V O I R , L E S S A M E D I 3 E T D I M A N C H E 4 F É V R I E R 2 0 1 8 C 5

Il y a plus de dix ans que, sur le terrain, on attendait cette an-nonce, et le gouvernement libéral de Justin Trudeau l’a faite.Le ministre du Commerce international, François-PhilippeChampagne, a en effet promis la création rapide d’un posted’ombudsman pour la conduite responsable des entreprisesà l’étranger. Un bureau qui aura notamment pour mandat desurveiller les minières canadiennes, souvent accusées de vio-ler les droits de la personne dans les pays du Sud.

DROITS DE LA PERSONNE

Un ombudsman pour surveiller les entreprises canadiennes à l’étrangerLes minières sont particulièrement dans le collimateur des associations sur le terrain

SEMAINE DU DÉVELOPPEMENT INTERNATIONALCONFÉRENCE PUBLIQUE

PANÉLISTES : Denise Otis,

conseillère juridique pour le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR)

Stephan Reichhold, directeur de la Table de concertation des organismes

au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI)

Marjorie Villefranche, directrice générale de la Maison d’Haïti

7 février 19hUQAM, Pavillon J.-A.-Desève

Salle DS-R510

Pour en savoir plus: www.aqoci.qc.ca/SDI2018

les enjeux humains de la migration

illustration Anouk Tremblay

Évènement

gratuit

PHOTOS DÉVELOPPEMENT ET PAIX CARITAS CANADA

Au Canada, 500 000 personnes se sont mobilisées au cours des 10 dernières années pour réclamer la création du poste d’ombudsman. Ces militantsse sont rassemblés à deux reprises sur la colline parlementaire à Ottawa pour faire pression sur le gouvernement fédéral.

Page 6: C Coopération internationale - Le Devoir...C 2 LE DEVOIR, LES SAMEDI 3 ET DIMANCHE 4 FÉVRIER 2018 ... Narciso Calderón Parada est un éleveur de vaches de la ré-gion d’Ancash.

É M I L I E C O R R I V E A U

Collaboration spéciale

F ondé à Montréal en 2007,RPSF est un organisme

qui utilise les relations pu-bliques pour tenter d’amélio-rer les condit ions de vie,l’éducation et le développe-ment de collectivités dans lebesoin. Pour ce faire, il réa-lise des missions à l’étrangeren partenariat avec des orga-nismes à but non lucrat i f ,des organisations non gou-vernementales ou des pou-voirs publics.

« Nous of frons des appuisaux organismes de coopéra-tion internationale, préciseM. Moubarak. Nous venons à

la rescousse d’organisationsqui veulent faire débloquerune situation, mais qui man-quent d’outils pour le faire. »

Concrètement, ces interven-tions prennent la forme de ser-vices-conseils, de formationsou d’accompagnement profes-sionnel. Elles ont toujours lamême visée : augmenter la ca-pacité des organismes locauxà atteindre leurs objectifs, etce, pour le bénéfice direct despopulations.

« Mais ce n’est pas nousqui faisons la mise en œuvredes plans de sensibilisation,r e lève M. Moubarak . Cen’est pas notre rôle ; c ’estaux populations locales de lefaire. »

Direction MaliEn novembre dernier, à l’in-

vitation d’Avocats sans fron-tières, M. Moubarak s’estrendu en mission au Mali pourapporter son soutien à des ju-ristes locaux qui faisaient faceà des impasses dans deux dos-siers de grande importance.

Dans le premier cas, les ju-ristes cherchaient un moyende réanimer un avant-projet deloi qui avait été présenté au mi-nistère de la Promotion de laFemme, de l’Enfant et de la Fa-mille. Visant la prévention, larépr ess ion e t l a p r i se encharge des violences baséessur le genre, ce dernier avaitété tabletté par les instancesgouvernementales.

Dans le second, les juristesespéraient trouver une straté-gie pour faire reconnaître lé-galement le statut de paraju-riste. « L’accès à la justice estun problème impor tant auMali, souligne M. Moubarak.D’après les juristes maliens,s’il y avait plus de parajuristesqui étaient formés, on pour-rait améliorer la situation, sur-

tout au nord du Mali, qui souf-fre énormément du manqued’accès. Le problème, c’est lecaractère informel du travaildes parajuristes. »

Le bon argumentairePour aider ces juristes à

fa i r e va lo i r leurs causes ,M. Moubarak a travaillé aveceux à l’élaboration intensivede programmes de plaidoyerset à la création de plans desensibilisation pour qu’ilspuissent ensuite les mettre enœuvre.

Dans le cas du projet de loivisant la limitation des vio-lences basées sur le genre,beaucoup d’attention a été por-tée à la question de l’excision.

« On a déduit ensemble quec’était la notion d’excision quiavait freiné l’avancée du projetde loi. Le terme était trop fort ;c’est un sujet sensible au Mali.Quand on a préparé notre pro-gramme de plaidoyer, on a dé-cidé d’utiliser d’autres termes,comme mutilations génitales. »

Toutefois, M. Moubarak aaussi recommandé à ses inter-

locuteurs d’exploiter le carac-tère barbare de cette pratiquepour sensibiliser les Maliensqui la défendent à la per ti-nence d’adopter une loi limi-tant les violences basées sur legenre.

« Regarder une vidéo d’exci-sion est insoutenable. C’est unexcellent outil de sensibilisa-tion. On a donc convenu qu’ilfallait en montrer aux hommeset aux femmes qui sont pourl’excision et aussi aux reli-gieux qui ne sont pas très ou-ver ts au changement. On aaussi convenu d’en publier surles médias sociaux et d’en en-voyer sous forme de cédéromsaux décideurs. »

Dans le cas du second dos-sier, M. Moubarak et ses inter-locuteurs ont plutôt travaillé àl’élaboration d’un plaidoyermettant en lumière les béné-fices que retireraient les ins-tances gouvernementales enlégalisant le statut de paraju-riste. Ils ont notamment misésur les économies qui pour-raient être réalisées si les pri-sons et tribunaux étaient dés-

engorgés. Ils ont égalementfait valoir que l’image et la cré-dibilité de l’État s’en trouve-raient améliorées auprès debailleurs de fonds, de la com-munauté internationale et del’ensemble du Mali.

« Et surtout, que cela aide-rait le pays à respecter sesobligations internationales enmatière de justice », relève ledirecteur général de RPSF.

Pour le mettre en œuvre,les juristes maliens comptentutiliser divers canaux de com-munication. Par exemple, ilsprévoient réaliser des cap-sules humoristiques téléviséessur le thème de la parajustice.Ils envisagent également deproduire des dépliants infor-matifs destinés aux parlemen-taires et de créer des vidéoté-moignages pour sensibiliser lapopulation.

« Dans les deux cas, l’appli-cation de toutes les actions quiont été ciblées devrait prendree n v i r o n u n a n , s i g n a l eM. Moubarak. On espère doncl’adoption de lois d’ici la pro-chaine année.»

C O O P É R A T I O N I N T E R N A T I O N A L EL E D E V O I R , L E S S A M E D I 3 E T D I M A N C H E 4 F É V R I E R 2 0 1 8C 6

Dans les communes de Léogâne et de Gres-sier, en Haïti, une équipe de L’Œuvre Léger,par l’entremise du projet Prosami, financépar Affaires mondiales Canada, travaille àaméliorer l’accès aux soins de santé et à ré-duire le taux de mortalité chez les femmesenceintes, les nouveau-nés et les enfants demoins de cinq ans. Le programme, amorcéen 2016, donne déjà des résultats.

S T É P H A N E G A G N É

Collaboration spéciale

L es besoins en santé maternelle, néonataleet infantile en Haïti sont criants. À preuve,

c’est dans ce pays qu’on trouve le taux de mor-talité maternel le plus élevé dans les Caraïbes,soit 380 décès pour 100 000 naissances. Encomparaison, ce taux est de 7 décès pour100 000 naissances au Canada. L’équipe de Pro-sami a notamment pour objectif d’amenuisercette différence.

Naissance du projetLe projet a été créé à la demande du minis-

tère de la Santé publique et de la Populationd’Haïti (MSPP) et de la coopération internatio-nale. Puisque L’Œuvre Léger est déjà présenteà Léogâne depuis plus de 30 ans (elle y possèdel’hôpital Cardinal-Léger), il lui a été naturel derépondre à cette demande.

Les problèmes d’accès aux soins de santé àLéogâne et Gressier ont été accentués par leséisme de 2010. Ces deux communes en étaientl’épicentre. À la suite de cet événement, Méde-cins sans frontières (MSF) s’y était installée pouroffrir des soins de santé gratuits à la population.Or, le départ de MSF en 2015 a créé un vide, car«la population s’était habituée à recevoir des ser-vices gratuits et elle y recourait de plus en plus»,raconte Frédérique Thomas, directrice des pro-grammes internationaux à L’Œuvre Léger. Leprojet Prosami est venu combler ce vide en 2016en offrant des soins de santé gratuits, au mêmetitre que la défunte initiative de MSF.

Un bilan positifEn deux ans, plusieurs avancées ont été ac-

complies en matière d’accès aux soins de santé.« Le projet a permis le renforcement en res-sources humaines et en équipement dans huitétablissements de santé, affirme Michel Car-roll, chef du projet Prosami. Grâce à lui, les dé-penses de fonctionnement, d’acquisition et deréhabilitation de ces établissements ont bénéfi-cié d’un financement, et la construction d’infra-structures sanitaires dans trois maternités a puse réaliser. »

L’autre point positif est l’amélioration des ser-vices of fer ts dans cinq centres communau-taires de santé (les centres Flon, Dufort, Baga-dères, Croix-des-Pères et LaSalle).

Mme Thomas tient aussi à souligner la trèsbonne collaboration entre le MSPP et L’ŒuvreLéger. «C’est un projet qui se fait en partenariatavec des gens qui connaissent bien les besoinsdes populations locales. »

Une évaluation en coursRendu en 2018 à mi-parcours (le projet se ter-

mine en 2020), un bilan est en voie de réalisa-tion. « Les chiffres préliminaires indiquent unediminution du taux de mortalité infanto-juvénilede 88 décès sur 1000 naissances à 81 décès sur1000», affirme Michel Carroll, qui tient à préci-ser cependant que cette baisse n’est pas uni-quement attribuable au projet. Le taux de mor-talité maternelle, aussi très élevé, n’a pas étéévalué pour l’instant.

De plus, « les évaluations internes du projetdémontrent une amélioration du taux d’utilisa-tion des services, une amélioration de la presta-tion de ses services et un accès accru aux ser-v ices de santé mater nel le » , a f f i r me laDre Chancy Santia, conseillère en gouvernanceet en suivi-évaluation pour Prosami.

L’année 2018 sera une année impor tantepour le projet. « Nous allons construire uneunité de soins obstétricaux et néonatals d’ur-gence attenante au Centre materno-infantile de

Léogâne, où pourront être réalisées des césa-riennes et où on pourra traiter des complica-tions médicales en santé maternelle et infantile,dit M. Carroll. Les habitants des communes deLéogâne et de Gressier auront ainsi accès à demeilleurs services. »

Similitudes avec les CLSC québécoisLe projet Prosami a un volet santé commu-

nautaire qui se rapproche du modèle des CLSC.«Ce volet est assuré par les centres communau-taires de santé (CCS), ajoute Michel Carroll.Cela permet d’offrir des services de santé ma-ternelle de proximité aux nouveau-nés et auxenfants et d’offrir des soins de première ligne.»

Afin de promouvoir les services offerts parce réseau, une équipe de 44 agents de santécommunautaire polyvalents (ASCP), supervi-sée par des professionnels de soins et rattachéeaux centres de santé, a été mise en place. « Ilsfont le pont entre la communauté et les centres,assure la Dre Santia. Ils parcourent notammentles zones éloignées pour y réaliser, par exem-ple, des campagnes de vaccination, des séancesd’information et d’éducation et pour repérer lesfemmes enceintes. »

Faire connaître les services de soins de santéofferts par le projet Prosami représente par ail-

leurs un défi dans cette région montagneuse,dont l’accès est parfois difficile. Pour y parvenir,«nous travaillons avec des comités de santé, desgroupements de femmes, des clubs de jeunes etles élus locaux», affirme la Dre Santia.

L’après-2020Le projet Prosami, qui vient directement en

aide à plus de 30 000 personnes dans les com-munes de Léogâne et de Gressier, a-t-il deschances de se prolonger au-delà de 2020 ?M. Carroll le souhaiterait, car selon lui, les be-soins à combler sont importants, les défis à re-lever sont énormes pour obtenir des résultats,et quatre ans pour y parvenir, c’est peu. Il esttoutefois optimiste, car « le projet cadre avec lesorientations de la politique canadienne d’aideau développement de même qu’avec la straté-gie du MSPP en matière de santé maternelledes nouveau-nés et des enfants, dit-il. Si cesorientations demeurent, si les conditions socio-politiques restent propices et que les résultatsproduits par le Prosami sont jugés satisfaisants,une seconde phase devient envisageable. »

Le projet Prosami ne représente qu’une desnombreuses initiatives internationales deL’Œuvre Léger, une organisation présente enAfrique, en Asie et ailleurs dans les Amériques.

PROJET PROSAMI

Réduire la mortalité à la naissanceL’Œuvre Léger s’implique dans l’amélioration des soins de santé en Haïti

Grâce à l’appui de Relations publiques sans frontières(RPSF), un organisme de bienfaisance établi à Montréal, desjuristes maliens pourraient bientôt parvenir à convaincreleur gouvernement d’adopter deux nouvelles lois visant res-pectivement la limitation des violences basées sur le genreet l’amélioration de l’accès à la justice. Son directeur géné-ral, Louis Moubarak, nous éclaire sur le rôle qu’a joué l’orga-nisation dans le dossier. Entretien.

Le plaidoyer comme outil de changementRelations publiques sans frontières apporte son appui à des juristes maliens

JONATHAN BOULET-GROULX L’ŒUVRE LÉGER

Le projet Prosami vient directement en aide à plus de 30 000 personnes dans les communes de Léogâne et de Gressier, en Haïti.

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C O O P É R A T I O N I N T E R N A T I O N A L EL E D E V O I R , L E S S A M E D I 3 E T D I M A N C H E 4 F É V R I E R 2 0 1 8 C 7

Pour favoriser l’autonomisa-tion des femmes et encoura-ger leur leadership, l’organi-sation Carrefour internatio-nal s’est fait le tiers d’un par-tenariat entre l’entreprisecanadienne de cosmétiquesnaturels Green Beaver etune union de productricesde savons sénégalaises.

A L I C E M A R I E T T E

Collaboration spéciale

Lorsqu’en mai 2016, ThioroFall, la coordonnatrice de

l’Union nationale des femmescoopératr ices du Sénégal(UNFCS) s’est rendue à Haw-kesbury, dans l’Est ontarien, ellene pensait pas que cela change-rait autant sa façon de fabriquerdes savons. L’union qu’elle coor-donne soutient dix unions régio-nales et compte près de 15000femmes membres. La savonne-rie représente une activité trèsimportante pour ces Sénéga-laises, qui produisent des painsde savon vendus localement.

« Nous savons que lorsquel’on encourage les femmes etqu’on leur donne un pouvoiréconomique, nous leur donnonsaussi accès à des droits», lanceCarine Guidicelli, directrice gé-nérale de Carrefour internatio-nal, qui œuvre à la réduction dela pauvreté et à la promotiondes droits des femmes partoutdans le monde. Pour Mme Guidi-celli, il n’est pas possible de tra-vailler sur l’espace droit sanségalement chercher à donnerdes pouvoirs économiques.C’est pourquoi instaurer unéchange entre le secteur privécanadien et une union coopéra-trice au Sénégal constituait unesolution pour favoriser l’entre-preneuriat féminin sur place.

Échange deconnaissances

« Ce partenariat nous inté-ressait beaucoup, car nousavons le savoir-faire, mais noussouhaitions diversifier nos pro-duits », explique Thioro Fall.Dans le cadre de ce premiervoyage d’études au Canada enmai dernier, rendu possiblegrâce à des subventions gou-

vernementales, elle a notam-ment appris comment faire dubaume à lèvres, un produit quilui était inconnu avant. « Nousfaisions déjà du pain de savon,mais nous avons testé lesbaumes à lèvres avec des pro-duits naturels que nous avonsau Sénégal, comme la cired’abeille», raconte-t-elle.

Du côté de Green Beaver, ac-cueillir ces femmes a été uneriche expérience, autant sur leplan humain que professionnel.«Nous voulions partager notresavoir-faire, leur montrer com-ment nous fabriquons nos cos-métiques, et la rencontre a étéexceptionnelle», raconte AlainMénard, cofondateur et p.-d.g.de la compagnie, qui n’hésitepas à parler des femmes del’UNFCS en termes amicaux.

Le partenariat a d’ailleurs étégagnant-gagnant, car GreenBeaver a aussi découvert la sa-ponification à froid, tradition-nellement utilisée au Sénégal.«Nous faisions tous nos savonsà chaud, mais elles nous ont ex-pliqué comment les faire àfroid et cela a été une surprisepour nous », se souvient-il.Cette façon de faire lui permetd’utiliser moins d’énergie et li-bère du temps à ses employés.Grâce à ce procédé, auquel ilavoue ne jamais avoir penséavant, il a ainsi augmenté saproduction sans acheter denouveaux équipements.

Femmes leaders«Au départ, le projet était de

soutenir des activités généra-t r i ces de r evenus e t , au -jourd’hui, nous constatons quec’est devenu un projet à part en-tière d’entrepreneuriat fémi-nin », lance Carine Guidicelli.Dans le cadre du partenariat,les femmes ont aussi pu suivreune formation en entrepreneu-riat, donnée par Papillon MDC,une entreprise canadienne tra-vaillant sur les programmes dementorat. Elles ont aussi reçude précieux conseils de la partde Green Beaver. «Par exem-ple, Alain nous a expliqué cequ’était le cash flow [flux finan-cier], et nous avons appris destechniques pour gérer lesstocks de façon rentable, ra-conte Mme Fall. Nous avons

changé nos façons d’acheter, denous approvisionner et de gé-rer ; c’est un partenariat qui aété essentiel pour l’UNFCS.» Ladiversification des produits etles nouvelles techniques de ges-tion acquises ont permis defaire fructifier leurs recettes ensavonnerie. « Le partenariat a

été bénéfique autant sur le plandes recettes que sur ceux del’efficacité économique et de lamotivation», avance Thioro Fall.

Aujourd’hui, l’UNFCS estpresque victime de son succès.«Nos contraintes sont surtoutque nos équipements ne sontpas les mêmes qu’au Canada,

nous n’avons pas de laboratoirescomme ceux de Green Beaver»,explique la coordonnatrice. Deson côté, Carrefour internatio-nal souhaite continuer à soute-nir l’union et cherche une façond’installer de nouveaux équipe-ments sur place. La compagnieGreen Beaver aimerait elle aussi

continuer ce partenariat en serendant sur place.

En outre, comme pour célé-brer ce précieux partenariat etfêter du même coup les 60 ansde Carrefour internationnal,un savon en comarquage avecGreen Beaver devrait êtrelancé d’ici la fin de l’hiver.

Favoriser l’entrepreneuriat au fémininAu Sénégal, Carrefour international aide les femmes à devenir leaders et autonomes

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CARREFOUR INTERNATIONAL

La savonnerie représente une activité très importante pour ces Sénégalaises, qui produisent des pains de savon vendus localement.

GREEN BEAVER

Un savon en comarquage avec Green Beaver devrait être lancé d’ici la finde l’hiver pour fêter les 60 ans de Carrefour international.

Page 8: C Coopération internationale - Le Devoir...C 2 LE DEVOIR, LES SAMEDI 3 ET DIMANCHE 4 FÉVRIER 2018 ... Narciso Calderón Parada est un éleveur de vaches de la ré-gion d’Ancash.

A L I C E M A R I E T T E

Collaboration spéciale

«Nous avons encore beau-coup de défis même si

on dit que la planète va mieux»,lance d’emblée Richard La-casse, directeur général de laSocodevi, qui croit plus que ja-mais au modèle coopératif etmutualiste. Pour lui, le regrou-pement des forces est ce quicompte avant tout. «Cent sacsde café, ce n’est pas énorme,mais 1000 personnes qui met-tent 100 sacs de café ensemble,là, nous commençons à parlerde volume, de capacité de négo-ciation, de prix, de réduction ducoût de transport et donc de lapossibilité de trouver des solu-tions pour réduire la pauvreté»,explique-t-il.

En plus de 30 ans, la Soco-devi a accompagné près de 700organisations et entreprisescoopératives à travers plus de40 pays du Sud. Les secteursd’intervention et les expertisessont multiples : l’agroalimen-taire, le développement écono-mique local, la foresterie dura-ble et l’agroforesterie, les ser-vices financiers et les assu-rances, l’habitation, la gestiondu changement, l’égalité entreles femmes et les hommes,l’environnement et les change-ments climatiques. Au Guate-mala, au Vietnam ou encore auMali, le développement « decoopératives en milieu rural afait ses preuves en tant que mo-teur de création d’emplois dé-

cents et de croissance écono-mique durable et inclusive ».L’organisation vise la prise encharge par les populationselles-mêmes. « Finalement, onest heureux lorsqu’on peuts’en aller », constate RichardLacasse avec un sourire.

Alors que l’histoire des coo-pératives et des mutuelles estdéjà longue, elle ne va pas s’ar-rêter tout de suite. « Si on re-garde le passé des coopéra-tives et des mutuelles au Qué-bec, nous avons appris de l’his-torique des Européens au dé-but du siècle dernier. Cela acontribué à mettre en place unréseau très fort ici, qui a per-mis de régler des problèmessocioéconomiques locaux »,commente M. Lacasse. En1985, au début de la Socodevi,l’idée était donc de refaire celaavec les partenaires du Sud.

Objectifs durables et défisParmi les 17 objectifs défi-

nis par l’ONU en août 2015, laSocodevi travaille sur six d’en-tre eux en particulier : l’éradi-cation de la pauvreté, la luttecontre la faim, l’égalité entreles sexes, l’accès à des em-plois décents, la réductiondes inéga l i t és e t l a lu t tecontre le changement clima-tique. « Il reste du travail àfaire, mais nous avançonsdans la bonne direction »,croit M. Lacasse.

En outre, plus que jamais en2018, la Socodevi va mettrel’accent sur le leadership au fé-

minin. « Les femmes sont desactrices importantes du déve-loppement, nous voulons nousassurer qu’elles ont accès à latechnologie et au financementet qu’elles ont du contrôle surles décisions économiques »,développe le directeur. Sur leterrain, la Socodevi travaillepour offrir des formations pro-fessionnelles et techniquesainsi qu’à mettre en place desprogrammes de financement.

«L’autre point très importantpour nous et sur lequel noustravaillons très fort est l’agricul-ture et les changements clima-tiques », note M. Lacasse. Ilmentionne l’exemple des pro-blèmes liés au déboisement auGuatemala il y a quelques an-nées. Le réseau avait alorscherché des solutions inno-vantes pour l’aménagement fo-restier. Après une quinzained’années, près de 23 millionsd’arbres ont été replantés. Celaaméliore la productivité dupays, en plus de constituer uneactivité de diversification et degénération des revenus. « Au-

jourd’hui, nous ne travaillonsplus au Guatemala, mais le re-boisement continue. Nous rece-vons des rapports, des mem-bres sont venus au Québecpour en témoigner dans un sé-minaire, ils font maintenant par-tie d’organisations solides», ra-conte le directeur général.

Par ailleurs, la Socodevi faitface au défi de l’intégration denouvelles technologies dansles différents pays d’interven-t ion. « Nous travai l lons àl’adaptation de technologiessimples pour améliorer la va-leur ajoutée des produits », ex-plique Richard Lacasse. Parexemple, la Socodevi chercheà rapprocher des compagniescanadiennes de café commeKeurig ou Van Houtte des coo-pératives productrices de caféen Amérique latine. Ainsi, ilspeuvent déterminer ensemblequels sont les critères de qua-lité du marché québécois etfaire en sorte d’améliorer lestechnologies pour obtenir demeilleurs prix sur les marchésmondiaux.

C O O P É R A T I O N I N T E R N A T I O N A L EL E D E V O I R , L E S S A M E D I 3 E T D I M A N C H E 4 F É V R I E R 2 0 1 8C 8

Économie solidaire - HAÏTI

Production locale

Préparation de repas par des groupements féminins oeuvrant en cuisines collectives

Gestion et exploitation de cantines scolaires par des femmes entrepreneures

Hausse de la demande pour des

produits locaux

Agriculture durable

25 ansNous cultivons l’économie sociale et solidaire

25 ans!depuis

La communication pour le développement

10 ans | 40 missions | 20 pays

VOLONTAIRES RECHERCHÉS pour des projets en Afrique

et en Amérique Latine

RPsansfrontieres.org

L’objectif ultime de la Société de coopération pour le déve-loppement international (Socodevi) est l’amélioration desconditions de vie des populations. Depuis 2015, grâce à sonréseau coopératif et mutualiste, elle met le cap sur plusieursdes objectifs de développement durable définis par l’ONU.

DÉVELOPPEMENT INTERNATIONAL

Construire un monde meilleurLe modèle coopératif et mutualiste permet de réduirela pauvreté et les inégalités dans les pays du Sud

PHOTOS SOCODEVI

En plus de 30 ans, la Socodevi a accompagné près de 700 organisations et entreprises coopératives à travers plus de 40 pays du Sud.

10% obtiennent l’asile«Le Canada sélectionne ses

migrants selon un pointage, ex-plique Marjorie Villefranche, di-rectrice générale de la Maisond’Haïti et par ticipante à plu-sieurs tables rondes durant lasemaine. Il faut rentrer dans descases, et les migrants qui quit-tent leur pays pour chercher unendroit sécuritaire n’y parvien-nent pas. La seule solution poureux, c’est de demander l’asile.Mais très peu l’obtiennent.»

Car il leur faudrait correspon-dre aux dispositions des accordsde Genève en matière de persé-cution. Résultat, seulement 10%environ des personnes deman-dant l’asile reçoivent une ré-ponse positive de la part du gou-vernement canadien, et ce, aprèsde longs mois de procédures.

Mme Villefranche fait valoirque ce n’est pas parce que ça lesamuse que des centaines de mil-liers d’Haïtiens quittent leur îlepour aller se réfugier en Amé-rique du Sud, aux États-Unis ouau Canada. Elle revient sur le casdes migrants haïtiens ayant tra-versé la frontière à Saint-Ber-nard-de-Lacolle l’été dernier, rap-pelant que c’est la menace duprésident Trump de ne pas re-nouveler les décrets permettantà 60 000 Haïtiens de trouver re-fuge aux États-Unis, depuis leséisme de 2010 ayant fait 300 000morts et 1,2 million de sans-abri,qui les a poussés à faire cevoyage vers le nord. Et elle cri-tique le manque d’anticipation dela part du gouvernement.

«Ça faisait des mois que nous

le prévenions, raconte-t-elle.Nous étions intervenus, notam-ment pour demander à ce quele protocole mis en place pourles réfugiés syriens soit réac-tivé. Mais rien n’a été fait avantl’arrivée massive à la frontière.»

Ce manque d’anticipationaccroît l’incompréhension dela population, croit-elle par ail-leurs. Elle note particulière-ment que l’on parle communé-ment de personnes rentrées il-légalement sur le territoirealors que ce n’est pas le cas.

«C’est un dispositif prévu parla loi que de traverser la fron-tière et de se rendre aux autori-tés pour demander l’asile, rap-pelle-t-elle. Ce sont des per-sonnes irrégulières. Mais ellesne font rien d’illégal.»

Michèle Asselin insiste poursa part sur le fait que les mi-grants sont d’un grand apportéconomique pour le Canada etqu’ils contribuent à l’aide auprèsde leurs familles dans le monde.Elle rappelle également que cene sont pas les pays occiden-taux qui reçoivent la plusgrande part de migrants, maisbien les régions limitrophes desÉtats que les déplacés quittent,à savoir l’Afrique, notamment leNord, et le Moyen-Orient.

«Le Canada est un pays riche,qui n’est pas en crise écono-mique, note-t-elle. Il pourraitfaire beaucoup plus. Il pourraitnotamment accueillir bien plusd’Haïtiens qu’il le fait. C’est unepopulation qui s’intègre trèsbien du fait que la diaspora estdé jà t rès présente . Noussommes une société solidaire etaccueillante, mais nous pour-rions l’être plus encore, car celane nous menace en rien. Çanous renforce au contraire.»

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DROITS

Marouchka est Haïtienne.Après plusieurs années pas-sées aux États-Unis, elle choisitde partir au nord avec sa fille,pour ne pas risquer d’être ren-voyée dans son pays par le gou-vernement Trump. On la re-trouve dans un bus reliant Bos-ton à la frontière canadienne.Comme plusieurs de ses com-patriotes, elle a décidé de pas-ser la frontière et de se rendreaux autorités afin de demanderle statut de réfugié.

Marouchka, sa fille, Pierre,ouvertement gai et ne pouvantdonc pas retourner en Haïtidu fait des lois homophobes,ou encore la tante Mirlande,installée à Montréal depuisune trentaine d’années, sontdes personnages fictifs issusde l’imagination de la bédéisteAnouk Tremblay. Pour unequatrième année, l’AQOCI adécidé d’utiliser la bande des-sinée pour faire passer sonmessage. «C’est un média quitouche aussi bien les adulteset les adolescents et qui per-

met de partir de la petite his-toire pour raconter la grande,explique Marie Brodeur Géli-nas, qui a coordonné la pro-duction de Fwontié apre fwon-tié à l’AQOCI. On évoque lesenjeux tout en les personnali-sant, et on y joint des fichesd’informations complémen-taires pour apporter des élé-ments plus factuels. Ce maté-riel est très prisé par nos mem-bres pour leurs ateliers et au-tres tables rondes.»

Il y a deux ans, le sujet por-tait sur les réfugiés syriens.Cette année, 1000 exemplairesavaient été tirés, mais il a falludepuis refaire plusieurs impres-sions pour répondre à la de-mande, de la part notammentde certains cégeps et de biblio-thèques. L’AQOCI espère quecette nouvelle mouture rem-portera le même succès, afind’intéresser le plus grand nom-bre au sort des demandeursd’asile haïtiens ayant passé lafrontière l’été dernier, et quisont toujours sans statut.

Mobiliser les citoyens par la bédé