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Mb!WPJY! eft!GSBUT !!Bwsjm!3128!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!O·21 Journal des fraternités laïques dominicaines des Hauts de France Chers frères et sœurs en Saint Dominique, Chers lectrices et lecteurs de la « Voix des Frats », Notre ami, Pierre–Marie Courtin, membre éminent du comité de rédaction, nous avait prévenus : 75 % des journaux internes d’entreprise ou d’association ne passent pas le numéro 5. Or voici qu’en cette semaine pascale, nous avons la grande joie de vous proposer le numéro 10, accompagné d’un hors-série, qui vous sera offert le 17 avril ! Cette joie ne serait pas complète si nous ne vivions pas également la grande joie de la Résurrection dont nous pourrons lire une superbe méditation qui nous est proposée par Jean-Marie Dujardin. A cette joie, s’ajoute également celle de voir que nous avons réussi notre pari, celui de vous faire ressentir que notre journal est celui de tous. Le nombre impressionnant d’articles écrits par chacun de nous témoigne de nos liens fraternels et les renforce, car, à travers nos écrits, nous pouvons mieux nous connaître et mieux nous aimer en frères et sœurs dans la spiritualité dominicaine. Merci au comité de rédaction pour son enthousiasme et le sérieux de son travail, merci à vous, chers lectrices et lecteurs pour cette belle fraternité que nous vivons à travers le journal avec une joie profonde et authentique. Le comité de rédaction 1 Page 2 : Engagements dans les fraternités laïques dominicaines Pages 3 - 4 : Méditation pascale Pages 5 - 6 : Retraite de carême au Mont des Cats Page 7 : Lu pour vous Vu pour vous Laïc dominicain, qui es-tu ? Mb!WPJY!eft!GSBUT Rédacteur en chef: Stéphane Roussel Maquette : Pascale Rigot Ont participé à ce numéro : Caroline Bodart, Annick Courtin, Jean-Marie Dujardin, Christophe Rigot, Stéphane Roussel, Sophie Stutel Douce est la lumière de tes yeux, qu'il me plaît de contempler aux jours heureux. Mais ils sont nombreux les jours sombres, soudain Tu te caches, Jésus, Joie de mes yeux, passion de mon coeur. Mais si je ne Te vois, Tu me regardes encore. Poème écrit par une moniale

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Journal des fraternités laïques dominicaines des Hauts de France

Chers frères et sœurs en Saint Dominique,

Chers lectrices et lecteurs de la « Voix des Frats »,

Notre ami, Pierre–Marie Courtin, membre éminent du comité de rédaction, nous avait prévenus : 75 % des journaux internes d’entreprise ou d’association ne passent pas le numéro 5.

Or voici qu’en cette semaine pascale, nous avons la grande joie de vous proposer le numéro 10, accompagné d’un hors-série, qui vous sera offert le 17 avril !

Cette joie ne serait pas complète si nous ne vivions pas également la grande joie de la Résurrection dont nous pourrons lire une superbe méditation qui nous est proposée par Jean-Marie Dujardin.

A cette joie, s’ajoute également celle de voir que nous avons réussi notre pari, celui de vous faire ressentir que notre journal est celui de tous.

Le nombre impressionnant d’articles écrits par chacun de nous témoigne de nos liens fraternels et les renforce, car, à travers nos écrits, nous pouvons mieux nous connaître et mieux nous aimer en frères et sœurs dans la spiritualité dominicaine.

Merci au comité de rédaction pour son enthousiasme et le sérieux de son travail, merci à vous, chers lectrices et lecteurs pour cette belle fraternité que nous vivons à travers le journal avec une joie profonde et authentique.

Le comité de rédaction

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Page 2 : Engagements dans les fraternités laïques dominicaines

Pages 3 - 4 : Méditation pascalePages 5 - 6 : Retraite de carême au Mont des Cats Page 7 : Lu pour vous

Vu pour vous Laïc dominicain, qui es-tu ?

Rédacteur en chef: Stéphane Roussel

Maquette : Pascale Rigot

Ont participé à ce numéro : Caroline Bodart, Annick Courtin, Jean-Marie Dujardin, Christophe Rigot, Stéphane Roussel, Sophie Stutel

Douce est la lumière de tes yeux,qu'il me plaît de contempleraux jours heureux.

Mais ils sont nombreux les jours sombres,

soudain Tu te caches, Jésus,Joie de mes yeux,passion de mon coeur.

Mais si je ne Te vois,Tu me regardes encore.

Poème écrit par une moniale

Page 2: .C 81+: FGU (4#65 - laics-dominicains.orglaics-dominicains.org/wp-content/uploads/2015/10/... · Nous étions 3, ce samedi 25 mars 2017, pour faire nos engagements définitifs : Catherine

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Engagements dans les fraternités laïques dominicainesNous étions 3, ce samedi 25 mars 2017, pour faire nos engagements définitifs : Catherine Dacquin-Minnaert, Chantal Leroy, Christophe Rigot et 2 pour les engagements temporaires : Marie-Josée Herman et Daniela Oddo.

Cette cérémonie a eu lieu dans l’église du Couvent des Dominicains de Lille au cours des premières vêpres, en la présence du Fr. Alain Riou, assistant religieux pour la région qui assurait la prédication, de Catherine Masson, responsable provinciale, de Sophie Stutel, responsable régionale, des différents assistants religieux et responsables des frats. De nombreux frères et amis entouraient les futurs engagés.

Un moment fort en émotion

C’est toujours un moment fort en émotion. Après la traditionnelle question : « Que demandez-vous ? », nous répondons : « La miséricorde de Dieu et la vôtre. » C’est bien de commencer par cette affirmation car nous sommes petits devant le Seigneur, loin d’être parfaits et sans cette miséricorde de Dieu, nous ne pourrions pas faire grand-chose.Ensuite, chacun à tour de rôle, nos mains dans celles de notre responsable de frat, en présence de notre assistant religieux respectif qui représente le Maître de l’Ordre des Prêcheurs, nous promettons de vivre selon la règle des laïcs de Saint Dominique pendant toute notre vie.Contrairement aux Frères qui font des vœux jusqu’à leur mort, les laïcs s’engagent toute leur vie : cela parait moins violent…

L’homélie, un autre moment fort

Au cours de son homélie, le Fr. Alain Riou a commenté l’évangile de l’aveugle-né. Voici les passages importants que j’ai retenus…Notre engagement dans les fraternités nous rappelle notre engagement chrétien. Cet évangile de l’aveugle-né aurait pu s’appeler « l’évangile des regards », tant un regard peut blesser, annihiler ou, au contraire, peut faire exister. Le premier de ce regard est celui de Jésus : il vit un homme.

Mais quel est donc le regard de Jésus sur la souffrance ? Les pharisiens et les disciples sortent une énormité : le malheur et la souffrance sont la punition directe d’un péché : ils nient la réalité des faits : ils ne veulent pas voir, ils ne veulent pas croire. Ce regard fait de Dieu un monstre. Heureusement, le regard de Jésus détourne notre regard du passé et le propulse vers l’avenir. Il n’y a

pas de réponse de Jésus sur le mal et la souffrance mais il a été envoyé pour nous sauver.

Il envoie l’aveugle à la piscine de l’Envoyé. Mais qui est cet « Envoyé » ? C’est le nom de la piscine qui devient le nom de l’aveugle. C’est Jésus lui-même et c’est, enfin, le nom de l’apôtre, de chacun d’entre nous appelé, choisi, aimé

par Dieu et envoyé au monde. Notre mission aujourd’huiNotre mission est donc de « voir » - « savoir », « faire voir et faire savoir » que Dieu nous regarde comme ses enfants à qui il a tout donné. Belle mission qu’est la nôtre aujourd’hui et merci au Fr. Alain pour cette belle homélie.

Christophe RigotFra Angelico

« Comme tu m’as envoyé

dans le monde, moi aussi,

je les ai envoyés dans le monde. »

(Jn 17, 18)

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MÉDITATION PASCALE

Que fêtons-nous à Pâques ? Curieux, pourrait-on dire, de poser une telle question. Tout le monde sait que nous célébrons la résurrection du Christ (et la nôtre à venir). Il ne faut tout de même pas nous prendre pour des ignorants…

Le Christ est bien ressuscité, mais…

Certes, Christ est vraiment ressuscité, et c'est bien ce qui nous met en joie à Pâques en Église. Il nous a assuré le passage vers le Père par sa mort et sa résurrection. Résurrection victorieuse de cette issue immonde qu'est la mort de l'homme, dans laquelle le Sauveur s'est engouffré en sa chair livrée et son sang versé pour nous. Nous le professons dans notre credo.

Mais il est un aspect particulier qui me frappe, sur lequel je voudrais spécialement m'arrêter dans cette méditation, aspect qui colle à la fête de la résurrection comme notre peau colle à notre chair.

Je citerai d'abord un exemple extraordinairement dramatique, qui peut illustrer de façon forte ce que je voudrais mettre en exergue, parmi tant et tant d'autres points se rattachant à la fête de Pâques, sur lesquels il y aurait beaucoup à dire, ce qu'ont fait de nombreuses voies très autorisées dans l'Église.

Au cours de la dernière guerre mondiale, le Père Maximilien Kolbe, franciscain conventuel polonais, canonisé par le saint pape Jean-Paul II il y a quelques années, s'est offert, à la place d'un père de famille, pour mourir dans le bunker de la faim au camp de concentration nazi d'Auschwitz. Après avoir soutenu ses compagnons de souffrances jusqu'au bout, il fut achevé le 14 août 1841 par une injection de phénol.

Pâques, un triptyque fondamental.

Ce que je voudrais souligner constitue un triptyque : vérité, amour, liberté, étroitement lié à la fête de Pâques.

Le Père Kolbe, dans sa prison, répétait à ses compagnons de souffrances, pour les soutenir et les garder de céder à la haine dans leur cœur : « seul l'amour est une force de création ». L'amour de Jésus au nom duquel il va librement à la mort ne recrée-il pas notre vie ?

Et comment le Père Kolbe pouvait-il professer ainsi sa foi dans de telles circonstances ? Il était acquis, de toute évidence, de toute la fibre de son être, à la Vérité. Cette Vérité à laquelle Jésus, devant

Pilate, affirmait qu'il était venu rendre témoignage. Cette Vérité qui est le fait même du Père que Jésus est venu nous révéler. Cette Vérité qui nous affirme que le Père est tout amour, qu'il nous a créés libres, et qu'il nous veut libres et debout.

Saint Jean, au chapitre 8 de son Evangile, nous dit ces paroles de Jésus : si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples. Vous connaîtrez la vérité (c'est à dire le Père), et la vérité vous rendra libres. Et encore : Si donc le Fils vous libère, vous serez réellement libres.

Le Père Kolbe était réellement libre, de la vraie liberté de Dieu donnée à l'Homme, et c'est là qu'était sa force. La liberté de l'amour plus fort que le mal, que la haine, que la violence, que la mort, comme Jésus nous l'a montré.

Saint Paul écrit, dans sa lettre aux Galates que c'est pour la liberté que le Christ vous a affranchis.Saint Thomas, par ailleurs, écrit ceci : la loi de crainte fait de ses sujets des esclaves. La loi d'amour les rend libres. Celui qui n'agit que par crainte, agit comme un esclave. Celui qui agit par amour agit en être libre. C'est l'amour de charité qui fait la liberté des Fils. …/…

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Nous sommes donc des êtres libérés. Libres à cause de l'amour manifesté en Jésus-Christ de la part du Père qui est Vérité. Nous voici face au triptyque évoqué tout à l'heure : Vérité, Amour, Liberté.

Voilà ce que nous célébrons dans l'allégresse avec la fête de Pâques. Le Christ ressuscité, le libérateur, le roi de gloire vainqueur de la mort qui vient nous délivrer de nos asservissements.

La porte du jardin fermée à cause de l'homme est désormais ré-ouverte. Elle ne se refermera plus parce que la victoire du Christ est définitive, et qu'elle apporte à tout homme de bonne volonté de décider, en toute liberté retrouvée, de se diriger vers elle dans la lumière de la résurrection, pour la franchir et être accueilli dans la vie qui ne finit pas.

La célébration de Pâques est la plus grande fête de la liberté qui se puisse imaginer.

En hommage à celui qui en est le seul et irremplaçable artisan, infiniment Saint, nous pouvons redire, en communion les uns avec les autres et dans une grande allégresse, les paroles de ce chant pascal :

Jean-Marie DujardinJourdain de Saxe

Pâques nous révèle notre liberté

Voilà où je veux en venir. La victoire de Jésus sur la mort nous révèle la vérité du Père. Elle nous fait découvrir son amour. Et si nous adhérons de toute notre foi à cette révélation, elle fait de nous des êtres libres, dégagés de l'esclavage du mal, remis par le Christ sauveur sur le chemin de la vie en Dieu, ce Dieu de miséricorde qui ne se lasse pas de jeter loin derrière lui toutes nos chutes.

Le Père n'a pas voulu la mort du Fils sur la croix. Dieu a créé l'homme libre, mais celui-ci a mal usé de cette liberté en se détournant de son créateur.Et comment Jésus, vrai Dieu mais aussi vrai homme, n'aurait-il pas, lui aussi, été totalement libre dans son humanité ?

Il a reçu du Père la mission de sauver l'homme perdu, et de lui faire, par conséquent, retrouver la liberté des enfants de Dieu, telle que celui-ci l'avait voulue à l'origine.

Pour ce faire, il s'est incarné en notre chair. Oui, le Verbe de Dieu s'est fait Homme, ainsi que nous le rappelle St Jean dans le prologue de son Evangile.

Il a répandu la parole que le Père lui a donnée, cette parole de vie indispensable à l'Homme qui ne vit pas seulement de pain, nous dit Jésus, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.

Face à l'hostilité de l'Homme, à son rejet par le monde dominé, asservi, enchaîné par le prince des ténèbres, il n'avait pour seule issue conforme à la liberté qu'il est lui-même, que d'aller jusqu’au don total de sa vie, afin que le monde sache la puissance de l'amour et de la miséricorde de Dieu.

Jésus a agi en pleine liberté, celle-là même dont il avait comblé le Père Kolbe. Il a choisi librement de donner sa vie, dans le plus pur amour et le plus grand abandon entre les mains du Père, qui se puisse imaginer.

Pâques, glorification du Fils de Dieu, liberté de l’homme

Et le Père a accueilli cet acte de liberté dans le don total, en le glorifiant par la résurrection du Fils, Prince de la vie face au prince de la mort qu'est le mal. Rappelons-nous cette parole de Jésus avant sa Passion : Père, l'heure est venue, glorifie ton Fils.

Cette glorification de Jésus, vainqueur de la mort, nous vaut de bénéficier du fruit de sa victoire, et donc d'être associés à sa résurrection, et réintroduits dans la vie en plénitude, la vie en Dieu.

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Il est vraiment ressuscité,Pourquoi chercher parmi les morts ?

Il est vivant comme il l'a promisAllelujah !!!

Rendez-vous le lundi de Pâques, le 17 avril…JOURNEE DE RENCONTRE INTERFRATERNITES

Nous vous attendons à 14 heures au parking Asnapio, salle des sports de Canteleu, rue du 8 mai 1945,

à Villeneuve d’Ascq, pour une balade au cœur de la nature.

A 16 h 30, goûter au couvent de Lille, puis présentation festive du numéro hors-série de La Voix

des Frats, à l’occasion de la sortie de son n° 10. RSVP : [email protected]

06 60 75 342 06

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Retraite de Carême au Mont des Cats, du 10 au 12 mars 2017Dieu plus grand que notre cœur. Le cri de Dominique, s’inquiétant pour les pécheurs, est, de nos jours, d’actualité : comment apprendre à aimer, à accueillir, et ce, dans l’esprit de la première Epitre de Saint Jean ? Compte rendu de la retraite par Caroline Bodart (Frassati) et Stéphane Roussel (Fra Angelico)

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Cet article ne se veut pas un compte-rendu exhaustif de la retraite vécue au Mont des Cats mais plutôt un ressenti de phrases fortes qui ont pu nous interpeler.

C’est l’Ecriture qui nous libère…

Tout d’abord un très grand merci au f r . Jean-P ier re Mér imée qui a accepté, en dernière minute, de bien vouloir animer cette retraite du fait de l’indisponibilité de Sœur Emmanuelle et dont il nous a lu et commenté les notes qu’elle avait préparées.

Le début de l’Epitre nous fait proclamer « que notre joie soit en plénitude » (1Jn1,1-4), car entre l’Ecriture et notre âme se situe une co-naturalité qui nous invite à nous nourrir de la Parole, à la ruminer. Le P. de Lubac disait que « si j’ai besoin de l’Ecriture pour me comprendre, je comprends aussi l’Ecriture quand je lis en moi-même ». La Parole nous libère des idoles et nous fait ainsi comprendre que Dieu est plus grand que notre cœur.

Nous libérer des idoles, c’est ôter le péché du monde, ce qui produit la puissance qui s’oppose au Christ, et qui préfère les ténèbres car « quiconque fait le mal redoute la lumière » (1Jn 2,9).

Le temps du Commencement, de la Promesse

Le commencement, c’est celui de Pâques où les disciples voient et croient en ce Jésus qui fut « logé dans un corps semblable au nôtre ». Nous sommes invités à contempler le Mystère de l’Incarnation et ainsi à revisiter nos vies, à repérer s’il y a un « avant » et un « après ».

Goûtons cette joie qui est un don de l’Esprit : notre Dieu, celui d’Isaac et de Jacob, nous interpelle personnellement à sortir de notre terre, à nous ouvrir vers une vie nouvelle.

Mais c’est également la « promesse » qui nous fait tenir dans notre foi : elle est différente de la fausse promesse : je m’engage dans un futur imprévisible qui dépend de mon engagement, et la Promesse de Dieu est la Parole qui se jette en avant, qui est le don inconditionnel qui nous oblige.

Prendre la mesure des dons de Dieu

La Promesse, les dons de Dieu représentent un trésor déposé dans les vases d’argile que nous sommes (2 Co 4,7). St Jean ne peut que souligner l’importance vitale du don de l’Esprit qui nous fait adhérer pleinement au plan de Dieu (1Jn3,24) et qui est proposé à tous (1Jn5,6-8). L’Esprit nous aide à rendre témoignage de notre foi et nous fait ainsi « passer de notre vétusté à la nouveauté du Christ qui réalise en nous la volonté du Père ». Le « Veni Creator » n’est pas réservé uniquement au temps de la Pentecôte.

Emerveillons-nous également du don de la filiation divine (1Jn3) qui nous transforme par cet appel à devenir des fils. Cet appel s’est concrétisé par la Résurrection qui nous fait connaître, peu à peu, l’absolu de Dieu et son altérité, qui nous aide à supporter sa « radicale absence ».

Etre fils, c’est « avouer notre radicale dépendance de vie à l’égard du Père » mais c’est aussi nous inviter à « prendre à bras le corps notre autonomie que confère l’accès à cette identité filiale sans attendre quelques coups de pouce d’un Dieu interventionniste »

Garder la Parole

Seule la Parole nous permet de faire la vérité sur Celui qui habite notre cœur : si nous vivons cette Parole, alors nous cheminons dans la Vérité et la Vie. C’est par le cœur sacré de Jésus uni au cœur immaculé de Marie (notre modèle par son « oui ») que nous faisons la Volonté de Dieu en accueillant

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Amour de Dieu et amour des frères Cet Amour ne relève pas d’abord du sentiment, mais implique un engagement total de soi. Cet Amour accueilli dans la foi n’est autre que l’Esprit (Rm5). On passe alors de la crainte à l’Amour : « Nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons nos frères. Celui qui n'aime pas demeure dans la mort. » (1Jn3,14) ou encore « celui qui prétend être dans la lumière et hait son frère se trouve dans les ténèbres… et il ne sait pas où il va car les ténèbres ont aveuglé ses yeux » (1Jn 2, 9-11).

Ainsi dans le ‘Deus caritas est’ nous pouvons lire « rien au monde ne nous donnera l’accès au cœur de notre prochain, sinon le fait d’avoir donné au Christ l’accès au nôtre. »

Il nous faut bien garder à l’esprit que nous n’avons pas d’autre finalité qu’une plus grande ouverture à Dieu, donc à l’amour du prochain en qui Il demeure, un plus grand ajustement et alors une meilleure fructification des talents. «  Tout esprit qui confesse Jésus venu dans la chair est de Dieu » (1Jn 4,2) : savoir reconnaitre Jésus Christ en tous ceux qui nous entourent.

Témoignage et annonce

« Ce que nous avons vu nous vous l ’annon-çons » : Le témoin est donc celui qui a vu et e n t e n d u . I l n e s e c o n t e n t e p a s d e rapporter ce qu’il a vu et entendu, mais il en vit! Les actions sont donc indispensables mais surtout naturelles

et confirment Celui qui nous habite. Elles font partie de l’acte de témoigner afin que tous vivent de la Vie du Ressuscité. Ainsi il faut beaucoup d’humilité et aussi le désir de résister à la tentation d’être compris à tout pris et plaire à tout le monde! Les Béatitudes sont pour cela une vraie Bonne Nouvelle pour lutter contre ces tentations mondaines : « Ma grâce te suffit, car ma puissance s'accomplit dans la faiblesse. Je me glorifierai donc bien plus volontiers de mes faiblesses, afin que la puissance de Christ repose sur moi. » (2 Co 12, 9). En Dieu pas d’orgueil, mais le désir de laisser toute la place au Sauveur du monde, car c’est Lui et Lui seul qui fait toute chose, dans un corps qui accueille un cœur qui est, en Lui, en communion avec Dieu et fait Sa sainte Volonté.

Quelle espérance avons-nous à transmettre par notre témoignage ?

En guise de conclusion, je crois que nous avons à transmettre la certitude d’un Dieu qui nous aime et tient Sa Promesse, en nous sauvant, de sauver le monde, malgré notre faiblesse, par la puissance sanctifiante de Sa Parole. Notre modèle à tous est Marie qui par son oui porte en elle la Bonne Nouvelle vivante! C’est son secret et aussi le secret de Dieu… Faut-il dire ou cacher ce secret? Je pense que Marie ne réalise pas pleinement ce qui lui arrive, mais elle s’abandonne dans la confiance, car Dieu sonde les cœurs et les reins, Il la connait mieux qu’elle même! Elle aime tout simplement, sans rien attendre en retour… Sa prière peut être celle du frère Louis-Joseph Lebret op: « Ô Dieu, envoie-nous des fous! »…?!

Jésus Christ, le verbe fait chair, en nous. C’est pour cette raison que notre Sauveur nous laisse un unique commandement nouveau : celui de nous aimer les uns les autres.

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Lu pour vous

Voici un espace, votre espace, pour que chacun, dans nos fraternités, puisse se présenter. Notre souhait étant de toujours mieux nous connaître.

Alors, n’hésitez pas. A vous la parole ! Soyons des témoins de nos vies.

Merci d’adresser vos articles à Stéphane Roussel :[email protected]

Le clos St Maur, 10/19, avenue de Mormal59000 LILLE

Laïc dominicain, qui es-tu ?

Vus pour vousTrois saisons d’orage,par Cécile Coulon – Ed. Viviane Hamy

Quelle merveille ! Quelle magnifique écriture ! Quel bonheur que de découvrir cette histoire si humaine mais décrite avec tant de délicatesse. Dans un petit village reculé, mais pas

trop éloigné de la « grande ville », vivent des familles simples, discrètes et laborieuses dans ce lieu où la Nature devient une personne vivante à laquelle on ne peut échapper. L’aventure qui nous est proposée ici s’étend sur trois générations et concerne aussi bien le monde rural que le monde plus raffiné d’une famille de médecins. L’entente entre les habitants est parfaite, chacun se respecte, chacun s’estime. Cependant, on le pressent peu à peu, le drame arrive et vient briser ce beau Paradis terrestre auquel on commençait à croire. La passion vient déranger, bouleverser la douce quiétude de ce monde imaginé un moment « comme un cube dont les faces changeaient d’aspect, de couleur, d’opacité ». Tout s’écroule, tout devient subitement question sans réponse. Et pourtant la vie continuera dans cette vallée qui « ondulait légèrement et remuait, frissonnante et splendide ».

Stéphane RousselFra Angelico

La Confession avec Romain Duris et Marine Vatch

Tiré du célèbre « Léon Morin, prêtre » écrit en 1952 par Béatrix Beck, ce film restitue très fidèlement les journées qui ont suivi la fin de la seconde

guerre mondiale. Mais l’arrivée d’un jeune et beau prêtre dans la petite ville vient faire tourner les têtes et devient le sujet de conversation privilégié. La rencontre entre lui et Barny, une jeune employée des postes, communiste, est un choc et reprend, à l’occasion d’une première confession, la citation bien connue « la religion, c’est l’opium du peuple ». La réponse, quiète, inattendue et délicate du prêtre, va entraîner toute une série de dialogues bien mis en valeur par le cinéaste. La prière, la foi, la messe, l’existence de Dieu, ces questions, et d’autres encore, seront abordées au cours de nombreuses discussions, de nombreuses lectures que fera Barny ; elle pense se convertir, mais le discernement nécessaire n’est-il pas douloureux ? A l’issue de ce film, nous sentons bien que le cheminement de cette femme pourrait, un jour ou l’autre de notre vie, être notre propre cheminement.

L’autre côté de l’espoir de Aki Kaurismaki

Quand l’illégalité permet la vie, la légalité alors la casse. Un homme, très ordinaire, change de vie et de métier et sa

rencontre brutale avec un jeune réfugié syrien vient chambouler tous ses plans. A une administration bornée qui complique le quotidien des réfugiés, s’oppose le royaume de la débrouillardise (pas trop légal !) et celui de la solidarité. Dans ce pays où l’on ne sourit pas, seuls ceux dont le quotidien est difficile sourient à la vie. Le sujet, grave et sérieux, est abordé avec, à la fois, un humour grinçant et une tendresse débordante pour ces personnages qui veulent prendre leur destin en main et tenter d’un peu mieux survivre dans un monde décidément peu accueillant. L’image est grise, terne et reflète avec justesse les difficultés de la vie de chaque jour ; il est vrai que ce n’est point une publicité pour la ville d’Helsinki où se déroule l’action. On pourrait quitter ce film avec nostalgie et morosité. Et pourtant on en retient un message drôle et terriblement optimiste.

Stéphane RousselFra Angelico