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Le magazine du Credit Suisse depuis 1895 Numéro 4 Oct./nov. 2010 Consommation Au cœur de New York, la Mecque de la consom- mation, Colin Beavan, alias « No Impact Man », s’est lancé le pari fou de survivre un an sans nuire à l’environnement. Madagascar Des fonds pour préserver la forêt vierge Crise Une occasion manquée ? Shirin Ebadi Entretien avec le Prix Nobel de la paix Magazine gratuit Poster offert Le bulletin sur iPad !!à télécharger!!

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Le magazine du Credit Suisse depuis 1895  Numéro 4  Oct./nov. 2010

ConsommationAu cœur de New York, la Mecque de la con som-mation, Colin Beavan, alias « No Impact Man », s’est lancé le pari fou de survivre un an sans nuire à l’environnement.

Madagascar  Des fonds pour préserver la forêt vierge

Crise  Une occasion manquée ?

Shirin Ebadi  Entretien avec le Prix Nobel de la paix

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Editorial 3

Le 30 décembre 1991, ma future épouse et moi, alors en voyage sur la côte est des Etats-Unis, faisions innocemment étape dans une bourgade du Maine nommée Freeport. A part nous, seul un autre couple séjournait dans notre bed & breakfast au romantisme suranné. Le lendemain, après un crochet par la belle côte rocheuse, nous nous rendîmes au centre-ville. A la première maison en bois croisée sur notre chemin, ma compagne fut comme happée par l’enseigne d’une marque italienne assortie de la mention « Factory Outlet ». D’où une envie irrésistible de pousser la porte du magasin, histoire de jeter un rapide coup d’œil à l’intérieur…

Ce fut le début d’un après-midi de consommation débridée. Il faut dire qu’à l’époque, les magasins d’usine se comptaient déjà par dizaines – ils sont aujourd’hui plus d’une centaine – à Freeport. Et, avec les remises de fin d’année, les prix défiaient toute concurrence. Trois heures et neuf « outlets » plus tard, notre fièvre acheteuse culmina lorsque les haut-parleurs annoncèrent la fermeture anticipée des magasins pour cause de 31 décembre. Plus que quelques minutes, juste le temps d’attrapper un dernier jean et de passer à la caisse, où un t-shirt à trois dollars nous tendait encore les bras, et la frénésie retomba. Dégrisés et un peu honteux, nous sommes rentrés en longeant les magasins fermés, avec dans chaque main au moins quatre sacs dont les poignées fendaient nos doigts glacés.

Notre reportage sur les habitudes de consommation des Chinois (en page 6) me rappelle cet après-midi à Freeport. Dans les « Super Brand Malls » de Shanghai s’étale en effet toute la gamme des produits haut de gamme et de consommation, et le récent appétit des Chinois pour le luxe est bien compréhensible. Malgré tout, les avertissements lancés par l’Occident, qui a consommé sans compter pendant des décennies, sont légitimes lorsqu’ils mettent en avant le bradage des res-sources et la pollution ainsi générée.

La consommation nourrit l’économie mondiale et constitue ainsi l’un des principaux piliers de notre prospérité. Néanmoins, il importe de trouver un juste équilibre entre l’utilisation des ressources naturelles et la consommation effrénée de biens si nous voulons créer une prospérité durable pour un nombre croissant d’habitants de la planète.

Avant de conclure, une nouvelle réjouissante nous concernant : le succès de notre application bulletin en anglais pour iPad, lancée début août, a dépassé toutes nos espérances. A ce jour, le bulletin a été téléchargé plus de 20 000 fois de par le monde ! Et ce n’est qu’un début.Daniel Huber, rédacteur en chef du bulletin

kooabaToutes les informations disponibles sur le Web à partir de photos de CD, de livres et de journaux.

Code QRPour accéder directement au bulletin mobile.

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Sommaire 5P

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Consommation Qu’est-ce qui pousse les sportifs de l’ex-trême à dévaler les pentes, à s’élancer dans le vide ou à se suspendre aux montagnes ? Le besoin d’adrénaline, une drogue légale qu’ils consomment sans modération. Comme le montrent les photos à couper le souffle de Robert Bösch.

6 _ Chine  Les nouveaux empereurs de la consommation de luxe.

10 _ Expérience Comment vivre un an sans polluer en plein cœur de New York ?

14 _ Marketing L’évolution du marketing face à des clients toujours mieux informés et à de nouveaux médias.

16 _ Troc Le temps et la collecte de déchets, de nouvelles monnaies d’échange.

20 _ Energie L’or noir régit le monde depuis plus d’un siècle. Après l’ère du pétrole, quel avenir ?

24 _ Adrénaline Des sportifs de l’extrême à la recherche de sensations toujours plus fortes.

    Credit Suisse

31 _ Actualités Monde Nominations au Directoire du Credit Suisse

32 _ Protection de la forêt tropicale WWF et fondation Symphasis à Madagascar

36 _ Festival de Salzbourg Bilan en chiffres et en images de l’édition 2010

38 _ Sydney Symphony Un partenariat avec l’orchestre national australien

39 _ Exposition Canaletto Lorsque Venise s’invite à Londres

40 _ Actualités Suisse L’informatique au Musée Suisse des Transports

42 _ Musique classique Les festivals suisses jouent crescendo

44 _ Pablo Picasso Une rétrospective pour le centenaire du Kunsthaus de Zurich

46 _ Sommet de la modernité Le Musée des Beaux-Arts de Winterthour rouvre ses portes

50 _ myclimate Ecouter la nature pour mieux comprendre le changement climatique

54 _ Chômage des jeunes La fondation Speranza redonne espoir

    Economie

56 _ Prestations de santé Aucune différence entre villes et campagnes ?

62 _ Exportations  Le Credit Suisse et l’Osec prennent la température à l’étranger

64 _ Rendez-vous manqué ? Ces opportunités que nous offrait la crise

67 _ Pays émergents 1,2 milliard de clients bancaires d’ici à 2030

68 _ Inflation Tenants et aboutissantsAvec poster explicatif

70 _ Mythe ou réalité ? La diversification des portefeuilles clients privés

72 _ Avis d’expert Un compromis entre consommer et épargner

    Invest

73 _ Analyses et tendances

    Leaders

78 _ Shirin Ebadi Le Prix Nobel se bat pour la démocratie et les droits de l’homme

    Service

49 _ Impressum

77 _ Petit glossaire / Notes de lecture

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[gòuwù], traduction : shopping

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port du monde, deux aéroports, un circuit de Formule 1 et l’Exposi-tion universelle 2010.

Qui réussit veut le montrer

Il est chic d’être riche et de le montrer, comme en témoigne Jim Siano, CEO Asia Pacific de la marque de luxe Montblanc : « Nos clients sont souvent des chefs d’entreprise ou des cadres supérieurs qui se distinguent par un niveau de culture et d’éducation supérieur à la moyenne. Dans l’ensemble, les consommateurs chinois ont beaucoup évolué. » Les prix élevés, qui contrastent avec la réputation de pays à bas coûts rattachée à la Chine, ne dissuadent pas les clients. Au contraire : « Ces vingt dernières années, les consomma-teurs chinois ont dépensé une large part de leur revenu mensuel en articles de luxe. En Chine, la valeur accordée aux produits de luxe et à leur grande qualité est extrêmement élevée », explique ce New-Yorkais de naissance, qui côtoie régulièrement des consom-mateurs chinois depuis deux décennies. Il se dit impressionné par tous les renseignements que ces derniers prennent sur un produit de marque avant de l’acheter : « L’origine du produit, la marque et son histoire comptent beaucoup pour eux. Ils font des recherches pour connaître la signification du nom, les avantages du produit, etc. Ce n’est qu’après qu’ils décident ou non d’acheter. »

Les riches s’enrichissent

Un nombre croissant de Chinois ont largement les moyens de s’of-frir des articles de luxe comme les montres, les instruments d’écri-ture et la maroquinerie que Montblanc propose dans ses 95 maga-sins chinois. Ces dernières années, en effet, les 10% de ménages les plus riches ont vécu une ascension fulgurante. Ils gagnent au-jourd’hui 255% de plus qu’en 2005 et génèrent plus de 35% du revenu total des ménages chinois. D’ailleurs, tous les Chinois

Shanghai, un dimanche. Au Super Brand Mall, architecture ultra-moderne et marques mondiales font bon ménage. Le dimanche après-midi, dans le reste du monde, on lit tranquillement des livres ou on se promène. A Shanghai, on fait du shopping dans des centres commerciaux chics. Un peu après 13 heures, les premiers clients ayant fini de manger affluent au temple de la consommation, ouvert jusqu’à 21 heures. En Chine, faire les magasins est une activité fami-liale. Pour un nombre croissant de fashionistas, c’est même le passe-temps du week-end. Le gòuwù, le shopping à la chinoise, se fait rare-ment seul. On partage son bonheur matériel avec parents et amis.

Un Nokia coûteux mais des économies sur les légumes

Bien que le revenu annuel par habitant ne soit que d’environ 6 600 dol-lars, les Chinois achètent des produits de qualité dès qu’ils ont ne serait-ce qu’un revenu modéré. A Shanghai, le goût du luxe existe dans toutes les classes sociales. Il n’est pas rare qu’un chauffeur de taxi, qui ne gagne que 4 000 yuans (à peu près 700 dollars), s’offre le tout dernier téléphone mobile haut de gamme de Nokia. On con-somme différemment et on économise ailleurs, par exemple en mar-chandant le prix des légumes.

Shanghai s’adonne au shopping comme aucune autre ville chinoise. Là-bas, on observe déjà un phénomène qui concernera probable-ment la quasi-totalité du pays en 2020 : le boom de la consommation. Alors que Beijing est devenu synonyme de lobbying politique conser-vateur et que Guangzhou s’est taillé une réputation dans la produc-tion industrielle, Shanghai s’est établi comme le fer de lance du miracle économique chinois. C’est de là que la majeure partie des acteurs mondiaux du commerce de détail ont amorcé leur expansion en Chine. Dans cette ville au bord du Huangpu, les marques inter-nationales omniprésentes se marient parfaitement avec les im-meubles les plus hauts de Chine, la Bourse chinoise, le deuxième

Soif de luxeA Shanghai, la République populaire s’est muée depuis longtemps en un opulent  temple de la consommation. Pour les marques de luxe internationales,  la Chine est devenue une mine d’or. Plus conscients de leur image et plus  individualistes que jamais, les Chinois plébiscitent les articles de marque. 

Texte : Martin Regnet

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s’en sortent mieux aujourd’hui qu’il y a quelques années. Pour les marques de luxe internationales, ce groupe cible est de plus en plus déterminant sur le marché mondial des biens de consomma-tion haut de gamme. Jim Siano en atteste : « Notre plus grand ma-gasin dans le monde se trouve depuis 2008 au CITIC Plaza, à Shanghai. Et nous prévoyons d’en tripler la surface. » Selon lui, le choix du lieu est également essentiel : « Le marché chinois du luxe va beaucoup évoluer. La tendance s’orientera vers des boutiques nettement plus vastes situées aux emplacements les plus presti-gieux. Je prévois une intensification de la concurrence dans le commerce de détail, tant pour les marques que pour les exploitants de centres commerciaux. »

En bas de l’échelle des revenus, des « augmentations modérées » pour la Chine sont également à relever : depuis 2005, les 20% les moins favorisés touchent 50% de plus. Sur la même période, la classe moyenne a presque doublé son revenu (hausse de 98%).

Les petits empereurs marqueront la consommation

Cette tendance devrait se confirmer, car le taux d’épargne chinois baisse rapidement. Alors qu’il atteignait encore 26% des revenus en 2004, il n’est plus que de 12% à peine en 2009, d’après la Consu-

mer Survey du Credit Suisse. La consommation a un bel avenir en Chine. En raison du contrôle des naissances instauré en 1980, les enfants uniques prédominent parmi les moins de 30 ans. Les Chinois nés dans les années 1980 et 1990 ne bénéficient pas seulement des attentions de toute leur famille : avides de consommation, dis-posant d’un bon pouvoir d’achat, ils sont aussi de plus en plus dans la ligne de mire des fabricants de marques. Cette génération de « petits empereurs », comme on les appelle en Chine, a enregistré la plus forte croissance de revenus des trois dernières années. Il de-vrait en être de même au cours des trois prochaines années.

La mobilité et l’urbanisation alimentent la croissance

Actuellement, le marché chinois de l’immobilier est l’un des plus tendus au monde, notamment dans les villes à fort niveau de revenus comme Shanghai et Beijing. L’acquisition et l’équipement de loge-ments font partie des principaux moteurs de l’essor économique. Dans l’empire du Milieu, l’urbanisation progresse à grand pas : le Credit Suisse table sur une croissance annuelle de 0,8%. Si, en 2009, les Chinois étaient déjà 46% à vivre en milieu urbain, ils seront environ 60% d’ici à 2030. Les villes moyennes du centre et de l’ouest du pays, en particulier, connaîtront un fort développement. Elles

Le shopping jusqu’à l’épuisement : en Chine, faire les magasins est devenu une activité familiale appréciée. Partout, des temples de  la consommation chics et surdimensionnés attirent le client. Shanghai est l’épicentre de cette fièvre acheteuse. Un nombre croissant  de Chinois ont un pouvoir d’achat en hausse et privilégient les produits de marque haut de gamme. Lorsqu’ils sont convaincus par  un article, ils sont prêts à y mettre le prix.

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verront arriver quelque 190 millions de nouveaux habitants, qui au-ront besoin de logements et d’infrastructures. Pour les analystes du Credit Suisse, ce sont justement ces « nouveaux urbains » qui engen-dreront un boom de la consommation. Une prévision qui coïncide avec l’objectif du gouvernement chinois d’augmenter la demande intérieure en vue de réduire la dépendance aux exportations.

La consommation chinoise continuera de croître vigoureusement. Selon Dong Tao, économiste au Credit Suisse, elle bondira de 1,7 à 15,9 billions de dollars entre 2009 et 2020. Sur la même période, la part de la Chine dans la consommation mondiale passera ainsi de 5,2 à 23,1%. Le pays deviendra alors le premier marché de consom-mation au monde, devant les Etats-Unis.

Audi vend plus de voitures en Chine qu’en Allemagne

Dans certains domaines, cette évolution est déjà une réalité. Ainsi, le marché automobile chinois est le plus important du monde en termes d’unités vendues. Depuis 2004, la proportion de ménages possédant une voiture a plus que doublé, passant de 12 à 28%, et cette part devrait encore s’accroître. Dans la Consumer Survey 2009 du Credit Suisse, environ 35% des ménages ont répondu qu’ils al-laient « certainement » ou « probablement » acheter une voiture dans les trois prochaines années. Pour les constructeurs automobiles étrangers, notamment pour les marques allemandes, la Chine est devenue le marché de croissance par excellence. Dans les cinq pre-miers mois de l’année, Volkswagen Group China a vendu près de 778 000 véhicules, dépassant ainsi de 48% son record de 2009. Parallèlement, l’entreprise a lancé à Foshan la construction de sa dixième usine dans l’empire du Milieu. Au cours du premier semestre 2010, Audi a vendu environ 109 800 voitures en Chine, soit 2 000 de plus que dans son pays d’origine. Pour BMW, le taux de crois-sance des ventes sur ce même semestre s’élevait à 100%. Les constructeurs allemands satisfont volontiers des demandes spéciales, comme l’empattement très rallongé privilégié par les Chinois. Même des marques prestigieuses comme Porsche tiennent de plus en plus compte de la clientèle chinoise : en 2009, le lancement de la Panamera a eu lieu au Salon de l’Auto de Shanghai.

Les marques nationales gagnent du terrain

Des tendances similaires se dessinent pour les téléviseurs à écran plat et les ordinateurs portables. L’intérêt des consommateurs pour ces deux produits n’a cessé de croître ces dernières années. Doré-navant, l’acheteur chinois se tourne également vers les écrans haut de gamme de 37 à 45 pouces, affichant là aussi un goût prononcé pour le confort.

Si de nombreuses marques chinoises, surtout ces deux dernières années, ont gagné la confiance du public et acquis des parts de marché, les marques internationales restent très prisées : elle ont conservé leur nette avance, notamment dans le domaine des pro-duits technologiques et du luxe. Pour les biens de consommation non durables comme les aliments, les boissons et les produits de soin, les fabricants étrangers et chinois sont au coude à coude. En revanche, les entreprises chinoises sont bien mieux positionnées dans des secteurs comme l’Internet et les voyages, notamment en raison des barrières commerciales imposées par le pays.

Mais l’expansion a aussi des revers. Ainsi, les consommateurs chinois se soucient moins de la durabilité et de la responsabilité sociale que leurs homologues occidentaux. En matière d’efficacité énergétique de la production, le pays est loin de satisfaire aux normes

internationales. La pollution de l’air et de l’eau atteint souvent des valeurs critiques. La population rurale ainsi que l’ouest, le nord-est et le centre de la Chine, sont largement exclus de la croissance. Et même dans les régions en plein essor, les écarts de richesse restent parfois très importants.

Ces revers se ressentent aussi dans le reste du monde. La soif de matières premières des Chinois entraîne des perturbations sur les marchés. L’exportation de précieuses ressources naturelles comme les terres rares, essentielles dans le domaine des hautes technologies, a récemment été limitée, affectant des pans entiers de l’industrie. Le pays fait aussi désormais partie des principaux émetteurs de gaz à effet de serre du monde. Enfin, l’accusation de manipulation monétaire plane encore sur la Chine, qui se serait ainsi assuré des avantages compétitifs.

Pourtant, nombre de fabricants, investisseurs et employés occi-dentaux espèrent que la fièvre consommatrice chinoise ne retom-bera pas et que des clients prêts à dépenser continueront d’affluer dans les temples de la consommation comme le Super Brand Mall de Shanghai. Et pas seulement le dimanche après-midi. <

« Ces vingt dernières années,  les consommateurs chinois ont  dépensé une large part de  leur revenu mensuel en articles  de luxe. » Jim Siano, CEO Asia Pacific Montblanc

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Comment devenir un super-héros de l’écologieL’homme pille sans vergogne les richesses de la planète, ne lui donnant en échange que déchets et pollution. Se sentant co-responsable, l’écrivain Colin Beavan a décidé  d’agir : pendant douze mois, sa famille et lui ont tenté de vivre à New York sans nuire  à l’environnement. Une expérience difficile, mais enrichissante.

Texte : Claudia Steinberg

A l’ombre d’un érable, au Washington Square Park, un jeune homme tout de noir vêtu joue des valses de Chopin sur un piano. Le jazz langoureux d’un saxophone se mêle aux sons exaltés du piano, tan-dis qu’en arrière-fond résonnent le bruit et les sirènes de la circula-tion new-yorkaise. Colin Beavan est allongé au milieu d’étudiants studieux et de touristes fatigués sur la pelouse qui, pendant l’été 2007, lui a servi de salon : avec sa femme Michelle, leur petite fille Isabella et le terrier Frankie, il fuyait presque tous les soirs la chaleur et l’obscurité de son appartement de la Fifth Avenue où, dans le cadre d’une expérience radicale, il avait renoncé à l’électricité et à de multiples autres avantages de la civilisation. Au lieu de s’affaler, comme auparavant, avec une pizza toute prête devant l’écran de télévision de son appartement climatisé au neuvième étage d’un im-meuble cossu d’avant-guerre, il composait, cet été-là, des pique-niques à base de pain fait maison et de légumes frais provenant d’un potager de dix mètres carrés qu’il possède dans un jardin commu-nautaire, à quelques rues de là, et qu’il partage aujourd’hui encore avec quelques cultivateurs de subsistance urbains. Et pendant qu’Isabella jouait avec ses amis dans la fontaine, Colin et Michelle faisaient la connaissance d’autres excentriques qui avaient égale-ment transposé leur salon dans le parc, le tout au son « d’une mu-sique bien meilleure que celle qu’on peut écouter ailleurs moyennant beaucoup d’argent ».

Une ferme dans le Montana ou un jardin familial à Manhattan ?

Avant d’entamer, à 42 ans, son expérience d’écologiste pur et dur et de réussir à convaincre son épouse, fille de millionnaire du Dakota du Nord et véritable accro du shopping, Colin Beavan était « très déprimé ». Par le rapide réchauffement planétaire et ses menaces apocalyptiques, par la guerre menée en Irak pour des raisons falla-cieuses et dont le but n’était autre que de garantir notre mode de vie tributaire du pétrole, par l’immense île de déchets qui ne cesse de s’étendre dans le Pacifique, par les innombrables enfants du Bronx souffrant d’asthme en raison de la pollution atmosphérique. « Nous vivons dans un état d’urgence », se lamentait-il tout en conti-

nuant à vivre comme si de rien n’était. « Lorsque, à l’occasion d’un dîner par exemple, vous prenez les autres convives à partie pour dénoncer les dysfonctionnements de ce monde, ceux-ci finissent vite par ne plus vous écouter. » L’idée lui est donc venue un jour de se transformer d’un dénonciateur passif en héros du quotidien. Un peu comme les idoles de son enfance, Superman et Spiderman, il voulait défendre la planète. Mais pour lui, « No Impact Man », l’objec-tif était de polluer le moins possible sans pour autant renoncer aux plaisirs terrestres. « Je ne suis pas un ascète », souligne-t-il. S’il s’était retiré pendant un an sur une île lointaine ou dans une ferme du Montana, on aurait pu le qualifier d’écologiste en rupture. Mais Colin Beavan tenait à réaliser son expérience en plein cœur de Manhattan, c’est-à-dire sur une île qui, à elle seule, produit près de 1% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Après tout, plus de la moitié de la population mondiale vit aujourd’hui dans des villes qui, grâce aux systèmes de transports publics et au partage des ressources, possèdent un fort potentiel utopique. Et ce n’est que dans la capitale mondiale du commerce, entouré de tous les attraits imaginables, que Colin Beavan a pu trouver un éditeur intéressé par ses aventures d’anti-consommateur solitaire.

Le zéro déchets est une utopie

New York produit chaque année trois milliards de tonnes de déchets. Aussi était-il logique que No Impact Man commence son programme écologique en sept étapes en prônant le zéro déchets. Mais dès les premières minutes de sa nouvelle vie, Colin Beavan enfreint la règle qu’il s’est lui-même fixée. Un kleenex pour se moucher, une couche en plastique pour Isabella, du papier toilette : en un rien de temps, la marge de tolérance est dépassée. Entrevoyant alors l’étendue des changements de comportement exigés par le nouveau régime, il procède à une collecte et à un tri systématique des ordures ména-gères. « Les archéologues obtiennent bien des informations essen-tielles sur les habitudes de vie des civilisations disparues en étudiant leurs déchets », argumente-t-il. D’après son analyse, sa famille ac-cumulait en quatre jours environ 400 mètres cubes de détritus, et >

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ses journées à faire les courses, la cuisine et la lessive. Néanmoins, c’est elle qui prend l’initiative de faire enlever l’immense écran de télé vision, un « ennemi public » qui non seulement leur fait perdre du temps, mais qui les incite aussi avec ses nombreuses publicités à consommer et gaspiller. Solidaire, elle remplace ses produits cosmétiques parfumés par du bicarbonate de soude et tolère même la présence de vers dans sa cuisine pour transformer les restes alimentaires en compost. Au lieu de parcourir les grands magasins en insatiable accro du shopping, elle explore son armoire et y dé-niche des trésors depuis longtemps oubliés. Mais la règle d’or du « sans impact », qui consiste à n’acheter que le strict nécessaire sans jamais s’offrir du neuf, a sur Colin un effet inattendu : « Même si je renonce volon tairement à acheter des objets, je me sens comme un perdant, un exclu. C’est humain de vouloir se sentir membre d’un groupe. Nous devons juste changer les critères d’appartenance. »

Plus facile à dire qu’à faire lorsqu’il s’agit de sa propre famille. Dans le cadre du programme sans impact, tous les déplacements

ce sans une seule pelure de pomme de terre, un trognon de pomme ou un reste de carotte. En fait, les sacs étaient remplis de gobelets en carton et de boîtes en polystyrène provenant de repas achetés et consommés à la hâte. D’où la conclusion amère : nous jetons sans y prêter attention des objets que nous n’utilisons que pendant quelques minutes et qui, par la suite, subsistent presque indéfiniment dans une décharge ou dans l’océan. Dans son livre paru récemment en français (sur du papier recyclé, bien sûr), il cite une statistique du Worldwatch Institute selon laquelle jusqu’à cinq trillions de sacs en plastique sont jetés chaque année et fait remarquer qu’aucun autre produit ne sort des marchés et des magasins en de telles quantités. No Impact Man achète même les noix et le muesli dans  ses propres sachets en mousseline, bannit les bouteilles d’eau, refuse les tisanes servies dans des gobelets en carton et résiste aux bouchées chocolatées enveloppées dans du papier alu-minium.

Avec un plaisir non dissimulé, Michelle assiste à la transforma-tion de son mari en une « ménagère des années 1950 », qui passe

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en véhicules à moteur étaient interdits. « Je ne comprends pas pour-quoi tu ne peux pas venir en train – ça ne l’empêchera pas de par-tir ! », s’était plainte la mère de Colin lorsqu’il s’était décommandé pour Thanksgiving. Mais les calculs du climatologue James Hansen, selon lesquels nos émissions de dioxyde de carbone dépassent déjà le point de non-retour en termes de réchauffement planétaire, avaient suscité chez Colin un sentiment d’urgence qui lui interdisait même l’usage de moyens de transport verticaux : dans la ville des gratte-ciel et des ascenseurs, il a monté et descendu des centaines de marches par jour, plus d’une fois avec Isabella sur ses épaules. Michelle, elle, a bénéficié d’une autorisation exceptionnelle pour son bureau situé au 43e étage d’une tour dans le Midtown. Mais comme les Etats-Unis émettent 25% des gaz d’échappement pour seulement 5% de la population mondiale, elle a elle aussi abandonné le taxi et le métro au profit du pousse-pousse qu’un bricoleur ingénieux avait construit pour la famille avec du matériel de récupération. Seul le vélo lui paraissait trop risqué, si bien qu’elle se rendait à son travail en rollers, en restant sur le trottoir.

Grâce à leurs moyens de transport mus par la simple force muscu-laire, la famille No Impact a pu réduire notablement son « empreinte carbone ». En continuant toutefois de s’accorder un petit plaisir : consommer du café venu de très loin. Les ingrédients d’un repas américain type effectuent en moyenne 3 000 km. Les Beavan, eux, ont limité cette distance à un rayon de 400 km maximum et ont consommé exclusivement des fruits et légumes issus de la culture biologique. A plus forte raison lorsque No Impact Man a découvert la terrible histoire des engrais industriels. Après la Seconde Guerre mondiale, les produits chimiques riches en azote qui entraient dans la composition des bombes ont été utilisés comme nutriments pour les sols. Et l’origine des pesticides est tout aussi morbide. Comme il n’existait pas à New York de boulangerie bio n’important pas sa farine de pays lointains, Colin a appris à faire lui-même son pain. Une activité méditative dont il ne peut plus se passer. Il s’est habitué à ne manger des baies qu’en été et à rayer totalement les fruits exotiques de son alimentation. Néanmoins, le thé con cocté à base de menthe fraîche cultivée sur le rebord de la fenêtre n’a jamais pu remplacer un bon expresso et, au bout d’un moment, le vinaigre fait maison à partir de restes de fruits n’a plus fait le poids face à un vinaigre balsamique italien. Pour de telles petites entorses, le couple se rachetait, par exemple, en ramassant des déchets en plastique sur les plages de la ville ou en plantant des arbres.

Laver des montagnes de draps à la main ? Non merci !

La mesure la plus radicale, la famille No Impact l’a prise en tout dernier : un soir d’été, Colin a invité des amis sympathisants et a remis à chacun d’eux une bougie en cire d’abeille. Après un compte à rebours comme au nouvel an, la lumière a été coupée. « C’était un moment romantique », se souvient-il. Un panneau solaire qu’il avait emprunté et installé en cachette sur le toit de l’immeuble ali-mentait en électricité son ordinateur et quelques lampes à DEL suf-fisant tout juste à lire. Les jours de grisaille, son humeur s’obscur-cissait à mesure que la nuit tombait. « Cette année-là, le plus diffi-cile a été de nager à contre-courant de notre culture », explique-t-il. Suite à un article paru dans le New York Times, il devient célèbre et tout le monde lui demande ce qui a été le plus pénible. « De loin, la lessive à la main », répond-il en admettant avoir capitulé face à des montagnes de draps, serviettes et langes qu’il a fini par fourrer dans la machine à laver. Il avoue aussi que les voyages, l’huile d’olive et un ordinateur toujours opérationnel lui ont manqué. Colin Beavan ne veut endosser ni le rôle de l’« éco-martyre » ni celui de l’« éco-gourou », même s’il a fondé entre-temps une organisation à but non lucratif qui oriente les gens souhaitant adopter un mode de vie éco-logique (www.noimpactproject.org).

Le principal enseignement qu’il tire de cette année centrée sur les économies d’énergie, d’argent et de calories est le suivant : le gas-pillage de matières premières au profit de conforts modernes ne nous donne pas plus de temps que lorsque l’on plante, récolte et cuisine soi-même sa nourriture. Le temps s’envole aussi avec les embou-teillages ou les heures supplémentaires que l’on effectue pour main-tenir son niveau de vie urbain. D’où une certaine insatisfaction que l’écologiste perçoit aussi dans les traces d’antidépresseurs désormais décelables dans l’eau potable (et qui ne parviennent pas à consoler qui que ce soit). Dès les premières semaines de son expérience comme No Impact Man, Colin Beavan a acquis une certitude : « Ce qui nous paraît normal dans notre société du jetable est en réalité totalement insensé. » <

Un potager pour lutter contre les gaz à effet de serre : l’année  de son expérience, Colin Beavan (debout) a commencé par cultiver lui-même ses légumes dans un jardin communautaire de Manhattan. Depuis, il fait aussi son propre pain, une activité méditative dont il ne peut plus se passer. Il a seule ment capitulé face à la lessive à la main.

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14 Consommation  Marketing

bulletin : De manière quelque peu caricaturale, on peut dire qu’il 

y a dix ans, les responsables du marketing tentaient d’accroître 

les ventes de leurs produits principalement à l’aide de spots 

télévisés et d’annonces dans les journaux. Ce bon vieux temps 

est-il révolu ?

Marcus Schögel : A l’époque déjà, cela ne fonctionnait vraiment que dans de rares cas. Prenons l’exemple du soda le plus célèbre du monde. Cette boisson était inconnue en 1850. Il a donc fallu recou-rir à une communication de masse du genre : « Je suis là, cher client, achète-moi ». Cela ne marcherait absolument pas aujourd’hui, car les clients sont bien trop émancipés. Il faut être plus proche d’eux. 90% des nouveaux biens de consommation proposés font un bide. Les entreprises le savent, mais n’en parlent pas volontiers.

A votre avis, comment un nouveau produit peut-il faire partie 

des 10% qui s’imposent sur le marché ?

Il doit s’adapter aux modes de consommation et aux habitudes des clients, présenter un avantage indéniable et être compréhensible. L’innovation tant louée par tous peut se révéler à double tranchant en la matière : d’un côté, le client souhaite quelque chose de mieux et de nouveau, de l’autre, il recherche ce qu’il connaît déjà. Par exemple, il acceptera plus facilement un rasoir avec de nouvelles lames plutôt qu’une lingette de rasage basée sur la nanotechnologie et qui éliminerait les poils.

En somme, le client tient à ses habitudes, et les innovations 

trop importantes l’effraient.

Ce n’est pas aussi simple. L’innovation est un plus pour les jeunes, alors que le terme « nouveau » doit être employé de manière plus prudente avec les seniors. Même si un produit offre une meilleure utilisation, il ne faut pas forcément le préciser.

Un marketing moderne peut-il ou doit-il avoir une dimension 

mondiale ?

Je suis persuadé que l’expression « penser globalement, agir locale-ment » est une invention du marketing, la première discipline à avoir acquis de l’expérience grâce aux marchés internationaux. Recourir à un slogan et à un message uniques dans le monde entier marche peut-être pour Coca Cola, mais même les chaînes de restauration rapide s’adaptent désormais très fortement aux us et coutumes locales.

Nous sommes aujourd’hui inondés d’informations. Le client 

est-il mieux ou moins bien informé qu’il y a vingt ans ?

Nous parlons toujours d’un excès d’informations. Il est vrai que le

client ne perçoit réellement qu’environ 1% de celles mises à sa dis-position. Les responsables du marketing devraient en prendre con s-cience. Cela dit, la plupart des messages sont inintéressants. Sur le marché de l’eau minérale, par exemple, la majorité des fournisseurs soulignent la clarté, la pureté de leurs produits et leurs effets béné-fiques sur la santé. Très peu utilisent d’autres arguments pour se dé-marquer de manière plus pertinente auprès de leur clientèle. Le pro-blème comporte également un autre aspect : proposer seize variétés de yaourts ou de confitures déconcerte le client. Plusieurs études ont montré que celui-ci achète alors moins que si les variétés se limitaient à quatre. Tout simplement parce qu’il est dépassé. Si la sélection est vaste, il n’en prendra que deux, puis de nouveau deux, etc. Avec quatre variétés, il se dit qu’il les connaît déjà et constitue des réserves. Dans certains cas, la clientèle recherche néanmoins ce choix, et si je peux lui en proposer un adéquat, c’est le succès assuré.

Mais pas pour les yaourts ?

Pas vraiment. Plutôt pour les fruits, les vins ou les fruits de mer.Un bijoutier de Lucerne m’a raconté que les touristes chinois 

arrivaient parfois avec des listes détaillées et achetaient 

des montres précises, sans demander aucun conseil. Internet 

remplacera-t-il bientôt les vendeurs ?

Le client est aujourd’hui mieux informé, c’est un fait. Les cons-tructeurs automobiles le constatent également. Avant, un acheteur potentiel se présentait trois ou quatre fois dans la concession avant de se décider. Désormais, il vient en général une fois. Cette tendance semble se confirmer.

Comment évolue le marketing face aux nouveaux médias  

de masse ?

Pendant des années, nous avons occulté le fait que les clients se parlaient, alors que ces discussions ont toujours eu lieu. Nous ne l’avons simplement pas remarqué. Désormais, ils communiquent ouvertement sur des plates-formes, ce qui a permis aux entreprises d’en prendre conscience. Grâce aux nouvelles technologies, les clients disposent d’autres possibilités d’échanger activement leur avis, voire de l’imposer. Et ils le feront de plus en plus. Je pense néanmoins que le battage autour des réseaux sociaux est exagéré. Il y a cinq ans, tout le monde parlait des communautés. L’année dernière, on appelait cela le marketing viral et, dans l’intervalle, il y a eu Second Life. Les modes cycliques sont de plus en plus courtes.

« J’ai offert un iPad à ma mère pour ses 70 ans »Les clients ont toujours communiqué entre eux, mais les entreprises ne l’ont  remarqué que grâce aux plates-formes Internet, explique Marcus Schögel, professeur  de marketing. Il plaide pour un recueil actif des expériences au lieu de documents  de stratégie détaillés. « Le développement des nouveaux médias est en marche, mais ceux-ci ne remplacent pas les anciens. »

Interview : Daniel Huber

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groupe de consommateurs. L’iPod a été lancé sur un marché qui était saturé ou qui est soudainement redevenu attrayant grâce aux nouvelles possibilités de ce lecteur. Il en va de même pour l’iPad. C’est le premier appareil à utiliser passivement Internet. Je ne peux publier activement aucun contenu sur la toile, qui est employée comme une simple plate-forme me permettant de m’informer et de découvrir des applications entièrement nouvelles. Je pense que pour beaucoup, cet appareil comble un vide entre l’ordinateur portable et le smartphone. D’une manière générale, je crois que de nombreux acheteurs d’iPad s’interrogent eux aussi sur l’utilisation qu’ils doivent en faire. Il s’établira vraisemblablement quelque part entre les livres, les journaux et les ordinateurs. Il a donc sa raison d’être et bénéficie dès lors d’un marché.

Comment évolue le profil professionnel de l’expert en marketing ?

Il doit en savoir davantage sur les nouvelles technologies. A mon avis, de nombreux spécialistes en marketing ignorent encore le fonction-nement réel de Google. Beaucoup affirment comprendre Twitter, mais je crois que Twitter ne connaît même pas son propre modèle d’af-faires. Le besoin de développement est donc important. <

Pouvez-vous illustrer cette idée ?

Pour caricaturer, disons que de nos jours, les dirigeants d’une entreprise exploitent une nouvelle idée par semaine. En fait, la dis-cussion actuelle sur les réseaux sociaux est similaire à celle qui a été menée il y a quelques années sur les avantages éventuels d’In-ternet. 76% de la population suisse accède plusieurs fois par jour à Internet. Celui-ci constitue donc indéniablement un média de masse. Dans le même temps, la frontière entre les mondes virtuel et réel s’amenuise. Il ne s’agit plus d’affirmer que l’on a affaire à un nouveau monde virtuel, car Internet occupe une place croissante dans notre quotidien. C’est un processus quasiment imperceptible. Il n’y aura donc aucune révolution virtuelle soudaine.

Comment les entreprises doivent-elle réagir ?

Je crois que le principal, c’est d’essayer. On sait ainsi ce qui se passe dans ces nouveaux médias, tout en recueillant des expériences concrètes. Notre institut collabore depuis longtemps avec BMW. Lorsque Second Life a fait les gros titres il y a quatre ans, BMW a été parmi les premières entreprises à s’y engager activement. A l’apogée du battage médiatique, le constructeur automobile s’est retiré, car il avait compris le mécanisme sous-jacent.

Et que faisait BMW sur Second Life ? Ils vendaient des voitures ?

Absolument pas. Une salle de réunion de BMW, qui pouvait être louée, était très appréciée. Cette expérience a permis au construc-teur d’anticiper et de comprendre plus facilement ce qui viendrait par la suite. Tenter de définir une stratégie à partir d’une feuille blanche ne sert à rien.

Qu’en est-il de la publicité classique, comme les annonces 

publiées dans le bulletin ?

Je pense que cela continuera en partie, car les annonces bien conçues véhiculent une image de qualité. Si elle correspond au groupe cible, cette forme de publicité conservera son utilité à l’ave-nir. De manière générale, je reste fermement persuadé que rien ne disparaît malgré l’apparition de nouveaux supports. Nous continuons à écouter la radio, la plupart des bureaux sont encore équipés de fax. Le développement des nouveaux médias est en marche, mais ceux-ci ne remplacent pas les anciens. Un budget identique est ré-parti entre des postes toujours plus nombreux. L’important, c’est de savoir comment procéder au mieux. En même temps, on sent bien qu’il faudrait changer quelque chose.

Quel impact ont les nouveaux supports sur le paysage 

médiatique ?

La concurrence s’en trouve, bien évidemment, renforcée, ce qui n’est pas mauvais en soi, car cette situation recèle également des oppor-tunités. Par exemple, le groupe de presse allemand Axel Springer Verlag a enregistré le meilleur résultat de son histoire au premier trimestre 2010. Il est parvenu à concilier les nouveaux et les anciens médias de telle sorte que les thèmes régionaux soient davantage mis en évidence. Certains journaux américains, notamment, ont joué un rôle de précurseur en la matière en accentuant les actualités locales dans les quotidiens régionaux. Ils se sont ainsi démarqués avec succès. Je ne lis plus la presse pour les nouvelles internatio-nales.

Qu’en est-il de l’iPad ? En possédez-vous un ?

Non, pas encore, mais j’en ai offert un à ma mère pour ses 70 ans. Depuis, elle surfe davantage sur le Net qu’avec un ordinateur normal. Je suis convaincu que les avantages de l’iPad ne sont actuellement pas appréciés à leur juste valeur. Cet appareil cherche encore son marché, tout comme l’iPod avant lui, qui a attiré un tout nouveau

Marcus Schögel, 43 ans, enseigne à l’institut de marketing de l’Université de St-Gall, où il a sou tenu sa thèse sur les systèmes de distribution mul ticanaux  en 1997. Codirecteur de la publication du magazine spécialisé « Thexis » et membre du conseil éditorial du « Journal of Organizational Virtualness », Marcus Schögel a étudié l’économie d’entreprise à l’Univer-sité libre de Berlin. Ses re cherches concernent le marketing stratégique, la gestion de la distribution, les coopérations en marketing et l’utilisation des tendances dans ce domaine.

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Des allées de gravier impeccablement ratissées bordent un bassin silencieux où nagent des carpes koïs. Quelques hirondelles tra-versent le ciel en trissant. Entouré d’arbres à thé et de bonzaïs savamment taillés, Ryuichi Kawai, 92 ans, savoure la paix de son jardin, une oasis qui est à la fois la fierté et la passion du vieil homme. Monsieur Kawai vit seul et n’a pas d’enfants. En Europe, ce retraité plein d’énergie aurait plus de « chances » d’être pensionnaire d’une maison de retraite que propriétaire de ce paradisiaque jardin. Mais au Japon, le système des « Fureai Kippu », qui signifie tickets de soin, permet aux personnes âgées de bénéficier de l’aide de volontaires pour pouvoir rester aussi longtemps que possible dans leur environ-nement habituel.

Tosho Agato, 23 ans, est étudiant. Il vit dans le même quartier que Monsieur Kawai et l’assiste pendant plusieurs heures chaque semaine en entretenant son jardin, en lui apportant chaque soir un dîner, et en l’aidant pour le rituel du bain. Chaque jour, ce sont ainsi

deux heures de son temps que le jeune étudiant consacre à son aîné – deux heures créditées sur son compte Fureai Kippu. Tosho Agato peut ensuite faire bénéficier ses parents de son crédit temps, ou l’épargner en prévision de sa propre retraite.

Vieillissement de la population au Japon

15% des Japonais ont déjà plus de 65 ans. Dans à peine quarante ans, ils seront près de 33%. Comme la plupart des pays d’Europe, le Japon connaît un allongement de l’espérance de vie, avec un vieillissement de sa population. Même si l’idéal de la grande famille rassemblant plusieurs générations sous un même toit reste assez répandu au pays du soleil levant, l’essor de la famille nucléaire se poursuivra inexorablement. Ce qui signifie, comme d’ailleurs sous nos latitudes, que le nombre de personnes ayant besoin de soins ou d’aide pour assumer leur quotidien augmente par rapport au nombre de ceux qui seraient susceptibles de les leur apporter, que ce soit

Vers un monde sans argent ?Au Brésil, des habitants des favelas collectent des déchets et les échangent contre tickets de bus, cahiers ou denrées alimentaires. Au Japon, des étudiants s’occupent  de personnes âgées et se font rémunérer en temps qu’ils peuvent épargner en  prévision de leur propre retraite. Les nouvelles monnaies d’échange permettent  de régler des problèmes que l’argent peine à résoudre.

Texte : Hannes Hug

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il y a 3 500 ans. Il s’agissait généralement de coquilles cauris, de perles ou de pierres. 1 000 ans plus tard, le roi Crésus inventa les pièces. L’ancien souverain de ce qui est aujourd’hui la Turquie fit battre monnaie à partir de l’or trouvé dans le fleuve Pactole et im-prima sur les pièces son sceau, un taureau accompagné d’un lion. Crésus entendait faire la démonstration de sa richesse pour impres-sionner les autres souverains. Car depuis toujours, le pouvoir lié à l’argent ne se réduit pas à sa valeur comptable, mais dépend aussi de la manière dont on le présente et le met en scène. A la même époque, les Egyptiens initiaient le premier système monétaire dual : ils utilisaient l’or et d’autres métaux précieux pour les relations commerciales lointaines, mais monnayaient en blé les transactions locales. En effet, le blé est une denrée périssable, donc mal adaptée aux longs voyages en bateau, tandis que l’or conserve toute sa valeur. Le commerce local fut ensuite complété par une autre innovation. Pour améliorer la conservation du blé, celui-ci fut stocké dans des entrepôts frais. Quiconque voulait prouver qu’il en possédait réelle-ment devait présenter des éclats de terre cuite, qui remplacèrent le blé comme monnaie locale. Ce système associant or et terre cuite, ou blé, montre à quel point l’idée de monnaies complémentaires a toujours été séduisante.

Comme l’argent ne représente que la convention, au sein d’une société, d’utiliser quelque chose comme moyen d’échange, il ne doit pas s’agir obligatoirement de pièces ou de billets. L’argent est donc une expression des relations entre les hommes. Il a un caractère normatif qui participe de notre culture, et nul ne peut nier que l’ar-gent sous forme de papier ou de métal régente le commerce mondial, comme le rappellent d’ailleurs les expressions « monnaie forte » ou « faible ». Mais comment réguler tout ce qui résulte du fait que l’être humain ne se réduit pas à un mécanisme d’offre et de demande ? Bernard A. Lietaer, ancien directeur de la Banque centrale de Belgique et co-inventeur de l’écu (précurseur de l’euro) est

parce que ceux-ci doivent gagner leur vie pour continuer à faire tour-ner l’économie, ou parce que la cohabitation sur le modèle du clan ou de la tribu n’existe plus.

S’il est vrai que les assurances prennent en charge les prestations les plus indispensables, aucune d’entre elles ne fait du facteur temps un argument majeur de vente. C’est précisément dans cet entre-deux, où désirs et réalités entrent en conflit, que Tsutomu Hotta, juriste à la retraite, a ancré sa réflexion. Il y a quinze ans, Monsieur Hotta a créé la fondation Sawayaka, qui a lancé les Fureai Kippu. Aujourd’hui, une centaine de services locaux opèrent au Japon avec cette mon-naie alternative de soins. Ils offrent ce dont les soignants profession-nels manquent cruellement : du temps, de la disponibilité, de l’écoute.

L’idée de cette monnaie alternative de soins est doublement in-téressante, d’une part parce que les petits soucis des personnes âgées n’en font pas forcément des candidats immédiats à une place en maison de retraite (ce qui n’est pas sans importance pour l’éco-nomie du pays), et d’autre part parce que ce système permet aux seniors d’achever dignement leur existence dans un environnement familier, en toute indépendance, même s’ils n’ont pas les moyens d’adapter leur logement à leur condition physique. Autres atouts non négligeables : le Fureai Kippu crée un lien social entre générations, renforce le sentiment d’appartenance à la collectivité et sensibilise les individus à la signification du don et du contre-don, matrice de toutes les relations commerciales d’individu à individu.

Des coquillages aux pièces

L’argent, au sens de monnaie d’un pays, est une trouvaille relative-ment récente. Ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle, dans le sillage de l’apparition des Etats-nations, qu’on a inventé des monnaies censées souligner le caractère et l’autonomie de la nation. Comme unité de mesure, destinée à exprimer la valeur relative d’une marchandise ou d’un service à donner ou à prendre, l’argent était déjà utilisé en Chine

Ticketde bus

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Recyclage à la brésilienne Là où les camions poubelles ne passent pas, les carrinheiros (trieurs) prennent le  relais en collectant cartons et autres déchets recyclables. A Curitiba, les ordures  favorisent le développement, car des milliers d’enfants aussi ramassent et  trient des déchets qu’ils échangent ensuite contre des tickets de bus, des cahiers ou des denrées alimentaires.

convaincu que nous devons aborder les défis à venir (évolution dé-mographique, tarissement des ressources naturelles et avènement d’un monde multipolaire) en créant un modèle plus durable et per-formant que la circulation monétaire classique.

C’est à lui que l’on doit le concept des monnaies yin et yang. Les monnaies yang sont les monnaies des pays, dollar en tête. Les mon-naies yin sont utilisables pour les échanges comportant une part sociale et régulant notre vivre-ensemble. Pour comprendre comment une monnaie yin peut permettre à des personnes défavorisées, ayant peu de chances de connaître une vie meilleure, de participer à une économie prospère, il suffit de se pencher sur l’exemple de Curitiba.

Curitiba, la quatrième dimension du recyclage

Curitiba est la septième ville du Brésil. Cette métropole, située dans le sud du pays, s’est hissée à la troisième place des villes les plus vertes du monde. Grâce, notamment, à l’action de son ancien maire, Jaime Lerner.

Au cours de ses trois mandats, dont le dernier a commencé au début des années 1990, Jaime Lerner a promu une gestion durable de la ville en matière d’architecture, d’infrastructures et de formation, mais il a aussi quasiment réglé le problème du ramassage des déchets dans les favelas. Comme dans tous les pays émergents, la population brésilienne migre vers les villes en espérant y trouver du travail. C’est aussi le cas à Curitiba, qui compte aujourd’hui 3,5 mil-lions d’habitants. Conséquence : les favelas, logements de fortune dont l’architecture n’obéit à aucune logique, se sont entassés aux abords de la métropole. Les monceaux d’ordures générés par ces favelas à l’organisation anarchique menaçaient la santé de leurs ha-bitants aux conditions de vie déjà précaires. Les camions poubelles ne pouvaient pas passer dans les ruelles de terre battue des favelas. Et l’argent manquait pour raser ces bidonvilles et construire de nou-velles routes.

Le maire a alors inventé un système simple mais ingénieux. Aux abords de ces quartiers, on a installé des conteneurs de couleurs différentes destinés au tri des déchets. Toute personne apportant un sac de déchets triés reçoit en échange un ticket de bus. Ces tickets peuvent ensuite être échangés contre des cahiers ou des denrées alimentaires. Très vite, des milliers d’enfants se sont mis à collecter des déchets afin de les échanger contre des tickets de bus, contribuant ainsi à la salubrité du quartier.

Une monnaie qui renforce l’estime de soi

En l’espace d’un an, 11 000 tonnes de déchets ont été échangées contre un million de tickets de bus et 1 200 tonnes de biens alimen-taires. Aujourd’hui, le revenu moyen de Curitiba est trois fois plus élevé que dans le reste du Brésil. Curitiba montre comment des gens « sans argent » deviennent des acteurs économiques grâce à la création d’une monnaie locale, et améliorent leurs conditions de vie. Dans cette micro-économie, beaucoup d’entre eux ont été pour la première fois actifs, et non plus simplement récipiendaires de l’aide sociale. Vue sous cet angle, la création d’une monnaie complé-mentaire ne sert pas uniquement à compenser un manque de connexion aux circuits monétaires normaux, ou à faire œuvre de charité. Elle crée des perspectives réelles et redonne confiance en eux aux habitants des favelas, qui vivent littéralement en marge de la société.

Dans les régions aux structures défaillantes, les monnaies alter-natives ouvrent de nouvelles perspectives et font en sorte que la valeur créée localement reste sur place.

Leurs formes sont multiples. Elles peuvent être le fruit de ré-flexions idéologiques ou pragmatiques, mais sont toujours conçues pour compléter la circulation monétaire officielle et dénouer des pro-blèmes sociaux irrésolus en offrant une alternative aux personnes exclues des circuits économiques dominants. <

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Albert Einstein a légué au monde la théorie de la

relativité. Même si vous n’êtes pas physicien et lauréat

du prix Nobel, vous pouvez faire quelque chose de

durable pour la postérité. Un testament ou un legs

en faveur de l’UNICEF pose les bases d’un monde

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20 Consommation  Energie

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PROMOTION

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Energie Consommation 21P

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Au commencement était le feu. Mais aussi ses fables et ses lé-gendes : nous connaissons notamment, dans la mythologie grecque, l’histoire de Prométhée. Trompé par celui-ci, Zeus avait décidé de le punir en privant les hommes de feu. Prométhée cependant, armé d’une torche, parvint à dérober une étincelle au char du soleil du dieu Hélios, la ramena sur la Terre et enflamma une pile de bois.

Quelle que soit l’origine de l’apparition du feu sur la Terre (certai-nement la foudre), une chose est sûre : en apprenant à le dompter et à s’en servir, l’homme s’est clairement démarqué du reste du règne animal pour amorcer un développement fulgurant. Sans lui, nos an-cêtres n’auraient jamais pu quitter les zones « chaudes » de notre planète et coloniser le Nord. Sans lui, les hommes n’auraient jamais pu fondre des métaux et pratiquer la cuisson de l’argile.

A toute vapeur

Dès le Ier siècle de notre ère, le physicien grec Héron d’Alexandrie décrit la force motrice de la vapeur d’eau. Mais c’est à l’ingénieur écossais James Watt qu’il reviendra de lancer notre monde sur de nouveaux rails : en 1769, après lui avoir apporté toute une série d’in-dispensables améliorations, il fait breveter une machine à vapeur de l’inventeur anglais Thomas Newcomen. La fabrication en série de cette machine marque l’entrée dans l’âge industriel. La maîtrise de la vapeur va se traduire par la construction de locomotives, lesquelles

vont à leur tour révolutionner le monde des transports et par consé-quent avoir une influence décisive sur l’économie.

Le pétrole, au cœur de nos économies

Depuis l’époque de l’industrialisation, le pétrole est l’une des prin-cipales sources d’énergie de notre civilisation. La première raffi-nerie a vu le jour dès 1859, aux Etats-Unis, où les forages de l’Américain Edwin Drake ramenaient à la surface des quantités considérables du précieux liquide. Après le coup d’arrêt lié à l’apparition de la lumière électrique, le pétrole a vite regagné le devant de la scène avec le développement de l’automobile et les besoins en essence qu’il a soudain engendrés. Depuis, l’or noir est partout. Impossible d’imaginer un monde sans celui qui couvre le tiers de ses besoins énergétiques. Très pratique pour faire le plein de sa voiture ou chauffer sa maison, la matière première énergétique n° 1 de notre planète n’en reste pas moins délicate à transporter : les naufrages de pétroliers nous le rap pellent régu-lièrement.

Les côtés sombres de l’or noir

En Europe, l’une des plus grandes catastrophes de ce type remonte au 12 décembre 1999, lorsque l’Erika, pétrolier à simple coque bat-tant pavillon maltais, avait fait naufrage en pleine tempête au large

Texte : Andreas Walker

Homo energivorusLa quête de l’énergie est une constante de l’histoire de l’humanité. Pour répondre  à ses besoins croissants, l’homme n’a eu de cesse de rechercher de nouvelles  sources d’approvisionnement. Avec, à chaque découverte, des conséquences majeures  sur  l’évolution de nos civilisations et de nos sociétés. 

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bulletin 4/10 Credit Suisse

22 Consommation  Energie

de la Bretagne avec à son bord 30 000 tonnes de fuel lourd. Bilan : 400 kilomètres de côtes souillées et pas moins de 75 000 oiseaux mazoutés.

Encore plus dramatique, le 20 avril dernier, suite à une fuite mal contrôlée, la plateforme pétrolière Deepwater Horizon explose et sombre dans les eaux du golfe du Mexique. Le pétrole qui s’échappe à 1 500 mètres de profondeur va provoquer la plus grave marée noire de l’histoire des Etats-Unis.

On estime que dans les seuls trois mois qui ont suivi la catastrophe, près de dix millions de litres se sont déversés dans le golfe.

Et pourtant… Malgré l’ampleur incroyable de la pollution, les quantités rejetées pendant ces trois mois auraient à peine suffi à couvrir une heure de la consommation mondiale de pétrole ! Par ailleurs, même si cette marée noire a longtemps fait les gros titres sur tous les continents, il serait totalement erroné de croire que la mer n’est polluée qu’à la suite d’accidents spectaculaires ou de nau-frages tragiques. Les fuites dues ici à la vétusté d’un trépan, là-bas à la mauvaise étanchéité d’un pipeline, s’additionnent pour atteindre à l’échelle mondiale des volumes gigantesques.

La situation dans le delta du Niger en est la triste illustration. De-puis cinquante ans, des groupes étrangers s’y emploient à exploiter le pétrole nigérian, qui a l’avantage d’offrir un raffinage facile. Si l’on en croit les spécialistes, quelque deux milliards de litres se sont déjà déversés dans le delta dans le cadre de ces forages. Cela équi-vaut chaque année à un nouvel « Exxon Valdez », du nom de ce pé-trolier qui s’était échoué en 1989 au large de l’Alaska, vomissant 40 000 tonnes de brut dans les flots et polluant 2 000 kilomètres de côtes vierges.

L’or bleu, avantages et inconvénients

Avec le vent, l’eau est l’une des sources d’énergie les plus anciennes de l’histoire de l’humanité. Dans la Grèce et la Rome antiques, on utilisait déjà des roues à aubes pour moudre le blé. Au Moyen-Age, de grandes roues hydrauliques en bois faisaient fonctionner diverses machines dans les mines, les forges, les scieries, les ateliers de polissage ou de foulage. L’énergie hydraulique a également joué un rôle essentiel dans le développement des premières villes indus-trielles, en Europe comme aux Etats-Unis. Les premières centrales hydroélectriques sont apparues en 1880 en Angleterre, dans le Northumberland. Depuis, la technique n’a pas fondamentalement évolué, mais elle s’est perfectionnée : l’électricité est désormais produite par des générateurs alimentés par différents types de tur-bines. A l’heure actuelle, l’hydroélectricité représente environ le quart de l’énergie produite dans le monde. Propre et naturelle, elle exige néanmoins, du fait d’une demande en hausse constante, la construc-tion de barrages toujours plus imposants et de centrales toujours plus performantes.

Bien que l’on connaisse aujourd’hui beaucoup mieux les réper-cussions que peuvent avoir ces ouvrages surdimensionnés, leur taille ne cesse de s’agrandir. Le barrage des Trois-Gorges, en Chine, est l’un des plus grands au monde. Le chantier, lancé en décembre 1994, aura mobilisé jusqu’à 18 000 ouvriers. Et si ce projet pharaonique a fait parler de lui, c’est avant tout en raison de la retenue d’eau ainsi créée sur le Yangtsé, au niveau des trois gorges de Qutang, Wu et Xiling. Avec ses 6 380 kilomètres, le Yangtsé est le premier fleuve de Chine, le troisième dans le monde. Le remplissage de la retenue, qui a véritablement commencé en mai 2006, a noyé d’innombrables

321 000térawatts-heure

en 2060

160 500térawatts-heure

en 2030

107 000térawatts-heure

en 2010

Orgie énergétiqueLa consommation mondiale d’énergie devrait tripler d’ici à 2060. Cette hausse viendra notamment des pays émergents et des pays en développement, dont le niveau de vie est en train de rattraper 

celui des pays occidentaux.

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Credit Suisse bulletin 4 /10

Energie Consommation 23

villes, villages et usines. Au final, près de deux millions de personnes ont dû être déplacées.

L’énergie de la matière

Depuis les années 1960, le nucléaire joue un rôle important sur la scène de la production énergétique. Découverte en 1938 par les Allemands Otto Hahn et Friedrich Wilhelm Strassmann, la fission nucléaire s’accompagne d’un dégagement de chaleur, laquelle est transformée en énergie électrique par le biais de turbines et de générateurs.

Cette fission est effectuée à partir d’atomes lourds et radioactifs d’uranium, contenus dans des barres de combustible. Un kilogramme d’uranium permet de produire 350 000 kWh d’électricité, contre seulement 12 kWh pour un kilogramme de pétrole. Aujourd’hui, la part du nucléaire dans la production mondiale d’électricité s’élève à environ 16% (39% en Suisse et 23% en Allemagne).

Aux premières heures de l’énergie atomique, les centrales nu-cléaires avaient la réputation d’être propres, performantes et éco-nomiques. Mais cette belle confiance a été sérieusement ébranlée en avril 1986 par l’accident de Tchernobyl, qui a exposé 600 000 per-sonnes à de fortes émissions radioactives et fait plusieurs milliers de victimes (le chiffre exact reste inconnu). L’autre problème majeur du nucléaire réside dans le stockage des déchets radioactifs, qui restent dangereux sur une très longue période. Le plutonium, par exemple, a une demi-vie de 24 110 ans. Autrement dit, il a besoin de toutes ces années pour voir son activité radioactive décroître seulement de moitié.

Du vent dans les pales

Si le vent n’avait pas été là pour gonfler les voiles des navires, l’Amé-rique n’aurait sans doute été découverte que beaucoup plus tard. Eole, qui faisait tourner les moulins à céréales dès le haut Moyen-Age, continue de mettre sa force au service des hommes. Mais les petites tours d’antan, animées par la lente ronde de leurs voiles en tissu, ont cédé la place à de grands mâts effilés, au sommet des-quels vrombissent des rotors à trois pales : l’énergie du vent est ainsi transformée en énergie de rotation, laquelle est convertie en électricité par un générateur.

La seule année 2009 a vu l’installation de 37 466 mégawatts de nouvelles capacités éoliennes, dont 13 000 MW en Chine, 9 922 MW aux Etats-Unis, 2 459 MW en Espagne, 1 917 MW en Allemagne et 1 271 MW en Inde. Fin 2009, la capacité mondiale totale s’élevait à plus de 150 000 MW.

L’humanité engloutit toujours plus d’énergie

Les besoins mondiaux en énergie se chiffrent aujourd’hui à quelque 107 000  térawatts-heure (un térawatt correspond à mille mil-liards de watts) par an et continuent de progresser fortement. Les spécialistes estiment que la consommation d’énergie devrait passer à 160 500 térawatts-heure d’ici à 2030, puis doubler pour atteindre 321 000 térawatts-heure à l’horizon 2060. Une envolée à mettre avant tout sur le compte des pays émergents et des pays en dé veloppement, dont le niveau de vie devrait nettement se rap-procher de celui des nations industrialisées occidentales dans les cinquante  années à venir. D’après les dernières statistiques de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la consommation éner-gétique de la Chine en 2009 se situait déjà 4% au-dessus de celle des Etats-Unis.

Depuis le début de l’ère industrielle, nos économies se sont essen-tiellement bâties autour de l’exploitation d’énergies fossiles. Or on estime aujourd’hui que les réserves connues devraient s’épuiser dans 40 ans pour le pétrole, 50 ans pour l’uranium, 60 ans pour le gaz naturel et 220 ans pour le charbon.

L’heure du grand tournant a sonné

Des bouleversements majeurs sont sur le point de modifier radica-lement le paysage de l’approvisionnement énergétique de l’huma-nité. Nouvelles découvertes et progrès technologique pourraient amener des modifications ciblées. Il faut également s’attendre à ce que le changement climatique et la rapide croissance d’une popula-tion mondiale toujours plus énergivore induisent une évolution des modes de pensée. Deux grandes tendances semblent aujourd’hui se dessiner avec, d’une part, la quête d’économies d’énergie et de l’efficience énergétique et, d’autre part, le développement de sources alternatives comme le solaire.

Si l’énergie photovoltaïque pèse pour l’heure bien moins de 1% dans la production mondiale d’électricité, elle affiche des taux de croissance très encourageants. Depuis 1988, les nouvelles instal-lations photovoltaïques représentent chaque année 35% de puis-sance en plus. En 2009, ces nouvelles installations ont apporté à l’échelle mondiale une puissance supplémentaire de 5 000 MW.

Quoi qu’il en soit, la grande question reste de savoir si l’huma-nité a vraiment intérêt à poursuivre sur la voie d’une consommation énergétique toujours plus gloutonne et à perturber ainsi de plus en plus le fonctionnement des écosystèmes naturels. <

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Le base-jumper Marco Büchel  s’élance dans le vide depuis  le Champignon, sur la face nord  de l’Eiger.

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Robert Bösch travaille depuis plus de vingt ans comme photographe indépendant. Les sportifs de l’extrême en  

pleine action constituent l’un de ses sujets de prédilec-tion. Il capture des instants dont la simple vue fait monter l’adrénaline chez la plupart d’entre nous. Rien  de surprenant quand on sait qu’il pratique lui-même depuis longtemps l’alpinisme et l’escalade. La montagne est son autre grande passion. Ce guide de montagne chevronné et géographe diplômé n’hésite pas à prendre des risques pour un bon cliché. Il a gravi l’Everest  pour répondre à une commande de documentaire et de photographies. Et ces dernières années, il a photo gra-phié de nombreuses randonnées extrêmes d’Ueli Steck. Robert Bösch travaille aussi pour les secteurs indus - triel et publicitaire. Il est l’auteur de nombreux livres de photographies, et ses œuvres sont exposées dans  des galeries et des musées. Il se consacre également de plus en plus à la photographie de paysage et d’art.

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Le freerider Tarek Rasouli  dévale les pentes des montagnes  d’ocre en Provence.

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Le kayakiste Simon Hirter lors d’une plongée spectaculaire dans les eaux tumultueuses de la Verzasca au Tessin.

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Descente en rappel dans une grotte  de glace à la langue du glacier de Morteratsch en Engadine.

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Ueli Steck escalade en solo intégral, c’est-à-dire sans aucune protection,  le pilier Excalibur au col du Susten.

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Monde Credit Suisse 31

Credit Suisse – MondeBusiness / Sponsoring / Corporate Citizenship

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Manifestation caritative à Zurich

Match Federer – Nadal en  faveur de l’Afrique

Bien que rivaux sur les courts et au classement ATP, les deux titans du tennis mondial sont aussi deux amis qui poursuivent un objectif com-mun : venir en aide aux enfants dé-favo risés. Le 21 décembre, au Hallenstadion de Zurich, ils se livre-ront donc un duel amical dont la recette sera versée à la Roger Federer Foundation, laquelle pro-meut l’éducation scolaire, le sport et les jeux en Afrique.

www.credit-suisse.com/rogerfederer

Aide d’urgence

Inondations au Pakistan

Les pluies diluviennes de la mous-son qui se sont abattues cette année sur le Pakistan ont causé des inondations qui ont ravagé près d’un quart du pays. Selon les

estimations, il y aurait vingt millions de sinistrés dont six millions sans abri. Face à cette situation de détresse, le Credit Suisse a immé-diatement débloqué un don de 250 000 CHF et lancé, à l’échelle internationale, une action de soli-darité qui a permis de collecter plus de 600 000 CHF auprès de ses collaborateurs. Le fonds d’aide en cas de catastrophe de la Credit Suisse Foundation a doublé le mon-tant des dons des collaborateurs de sorte qu’un montant total de plus de deux millions de francs a pu être remis directement aux Sociétés de

la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge pour soutenir les secours d’urgence et répondre notamment aux besoins de soins médicaux, d’hébergement et d’eau potable.

Nominations au sein du Directoire

Eric Varvel, nouveau CEO d’Investment Banking

Entré au Credit Suisse en 1998, David Mathers est le nouveau Chief Financial Officer (CFO) de Credit Suisse Group AG depuis le 1er octobre. Renato Fassbind de-vient Senior Advisor : Autre chan-gement intervenu début octobre : Osama Abbasi a été nommé CEO de la région Asie-Pacifique. Il suc-cède à Kai Nargolwala, désormais au poste de Chairman.

Dès le 1er juillet, Eric Varvel a repris la direction d’Investment Banking, fonction qu’il occupait jusque-là par interim ; Paul Calello lui apporte son soutien en sa qualité de Chairman d’Investment Banking. Walter Berchtold et Robert Shafir demeurent respectivement CEO de Private Banking et d’Asset Manage-ment. Pour décharger Robert Shafir, Antonio Quintella devient CEO de la région Americas. Fawzi Kyriakos-Saad succède à Eric Varvel en tant que CEO pour la région Europe, Middle East and Africa.

Formation continue

Des certificats pour les conseillers clientèle

Dans le secteur bancaire aussi, c’est avant tout la qualité du per-sonnel qui permet de se démarquer dans la compétition internationale. Ce constat vaut notamment pour les 4 000 conseillers à la clientèle pri-vée employés par le Credit Suisse dans le monde. D’ici à fin 2012, ceux-ci devront avoir suivi le pro-gramme ambitieux de perfectionne-ment FLT (Front Line Training) et obtenu le cer tificat correspondant. La phase pilote a été clôturée en août, à Singapour, par la remise des trente premiers cer tificats.

Economies d’énergie et confort

Le climat, l’affaire de tous

Le Credit Suisse a atteint la neutra-lité carbone au niveau mondial cet été, mais les mesures prises et planifiées ne peuvent être efficace-ment appliquées qu’avec le con-cours des collaborateurs. La sensi-bilisation du personnel est donc au cœur de l’initiative « Credit Suisse Cares for Climate » lancée en 2007. Des experts internes et externes,

dont Thomas Vellacott, respon-sable de programme au WWF Suisse, ont animé un débat à ce sujet fin juin à Zurich. Par ailleurs, un nouvel outil de formation a été développé pour donner aux col-laborateurs des conseils simples sur la façon de réaliser des écono-mies d’énergie dans leur vie pro-fessionnelle et privée sans faire de grandes concessions en termes de confort.

www.credit-suisse.com/responsibility/fr/

Avec le soutien du Credit Suisse, le Davos Festival accueille chaque année depuis 1986 de jeunes  musiciens talentueux venus du monde  entier. Le concert d’ouverture de sa 25e édition a réuni Martin Helmchen (piano), Antoine Tamestit  (alto) et Nicolas Altstaedt (violoncelle), les trois derniers  lauréats du Credit Suisse Young Artist Award,  accompagnés par le violon virtuose de Daishin  Kashimoto.

Textes : Mandana Razavi, Stefanie Schmid, Andreas Schiendorfer

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bulletin 4/10 Credit Suisse

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La protection de  la forêt tropicale, une question de survie 

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Credit Suisse bulletin 4/10

Monde Credit Suisse 33

La forêt abrite deux tiers des espèces animales et végétales de notre planète. Avec la pro-gression de la déforestation, c’est la survie de la faune et de la flore qui est menacée et, au final, la nôtre. Nous avons besoin d’un poumon vert qui fonctionne. D’où l’engagement de la Fondation Symphasis pour la préservation de la forêt vierge à Madagascar.

Les scientifiques sont plus sûrs du nombre d’étoiles de notre galaxie que du nombre d’espèces vivant sur notre Terre. Quelque 1,7 million d’espèces ont été classifiées, mais il en existerait entre 8 et 15 millions selon les estimations. Seuls les mammifères, les plantes supérieures et les oiseaux ont fait l’objet d’études approfondies. La proclama-tion de 2010 comme l’Année internationale de la biodiversité n’y a pas changé grand-chose, même si elle a permis, avec le débat sur le réchauffement climatique, de sensibi-liser un large public. Une chose est sûre néanmoins : les dommages infligés à l’envi-ronnement me nacent un nombre record d’es-pèces animales et végétales et peuvent en-traîner leur disparition. Or l’homme est le principal responsable de cette destruction.

L’abattage des arbres nécessaire à l’ex-tension des surfaces cultivées et l’exploita-tion des produits forestiers ont, des siècles durant, été des moteurs essentiels du déve-loppement économique et social. Mais cet équilibre a connu un bouleversement radical au cours de ces dernières années. L’Indoné-sie a ainsi perdu un quart de ses forêts entre 1990 et 2006. A Madagascar, quatrième île du monde par la taille, les surfaces boisées ont déjà régressé de 90%. Un recul qui non seulement signe la disparition de l’habitat de multiples espèces animales et végétales ainsi que la lente dégradation du poumon vert de la planète, mais qui entraîne aussi, avec la pratique du brûlis, la production de près de 1,5 milliard de tonnes de carbone par an, soit un cinquième des émissions d’origine hu-maine. Chaque jour, la déforestation génère donc autant de CO2 que le feraient des mil-lions de personnes voyageant par avion entre Londres et New York.

« Si l’on observe la carte des réservoirs de  biodiversité, on constate qu’ils sont

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34 Credit Suisse  Monde

surtout concentrés dans les pays émergents ou en voie de développement. C’est là que nous devons agir », assène Dieter Imboden, professeur émérite de physique environne-mentale à l’EPF Zurich et président de la commission d’attribution du fonds Protection des forêts tropicales. « Mais la sauvegarde de la nature ne peut pas uniquement passer par des interdictions. Dans ces pays, où les moyens de subsistance de la population sont limités, les interdictions au profit de l’envi-ronnement doivent s’accompagner de nou-velles opportunités de revenus. »

Il faut donc lancer des initiatives en ce sens, lesquelles exigent, du moins durant la phase de transition, des ressources consi-dérables. C’est là qu’interviennent les fon-dations clients soutenues financièrement par le Credit Suisse. En dix ans, celles-ci ont accompagné 82 projets touchant à la nature et à l’écologie, dont cinq consacrés à la pré-servation de la forêt vierge à Madagascar, au Brésil, au Pérou et à Bornéo.

« Nous coopérons avec des partenaires compétents et fiables de manière à utiliser chaque franc le plus efficacement possible », commente Daniel Otth, directeur de la Fon-dation Symphasis. Pour les projets sur la forêt vierge, il s’agit du WWF Suisse, qui tra-vaille avec les organisations locales. « L’ar-gent affecté aux différents projets est versé par acomptes, au rythme des avancées ac-complies. »

Naissance d’un parc national 

Symphasis a entamé son activité à Madagas-car dans le cadre d’un projet pilote d’un an. Compte tenu des bons résultats obtenus et de l’évolution encourageante de la situation, elle s’est engagée à cofinancer un prolonge-ment de ce projet jusqu’en 2013.

L’objectif poursuivi s’inscrit dans la « vision Durban » publiée en 2003 par le gouverne-ment malgache, et qui prévoit de rétablir la part des aires protégées à 10% de la super-ficie du pays. Le projet actuel, lancé avec l’organisation Madagascar National Park en mai 2008, vise à transformer un corridor fo-restier presque intact de 180 kilomètres de long en un parc national de 80 000 hectares dans la région de Fandriana-Marolambo. 500 à 800 hectares sont en cours de reboi-sement, tandis qu’une surface de 5 000 hec-tares est laissée intacte en vue de sa régé-nération. Là, à 150 kilomètres au sud-est de la capitale Antananarivo, cohabitent 13 es-pèces de lémuriens, dont le lémur catta (1)

et le sifaka (2), 30 espèces de petits mam-mifères, 29 espèces de reptiles, 64 espèces d’amphibiens et 280 variétés de plantes. Ces espèces sont à plus de 80% endémiques (elles ne vivent qu’à Madagascar) et sont pour la plupart gravement menacées d’extinction.

Des perspectives pour la population

Outre la sauvegarde de la faune et de la flore, le projet de parc national entend garantir du-rablement la survie de la population locale. Il est porté directement par une centaine de foyers et d’associations et aura des re-tombées sur la région tout entière et ses 120 000 habitants. « La priorité est d’offrir des perspectives de développement à une population que les limites posées à l’exploi-tation des ressources du parc privent de ses sources de revenus traditionnelles, souligne Doris Calegari, responsable de projet au WWF Suisse. Sans cet accompagnement, le parc ne parviendrait pas à s’imposer et per-drait sa raison d’être. »

Des techniques de culture innovantes et de nouvelles variétés de riz ont donc été adoptées sous l’impulsion de paysans au-dacieux, ce qui a permis de doubler les ren-dements. La production a été diversifiée avec la vanille et la pomme de terre, et les premières pépinières de village ont ouvert leurs portes. Prochaine étape : transmettre ce nouveau savoir à l’ensemble de la popu-lation grâce à des cours qui traiteront aussi de la fragilité et de l’utilité de la forêt. Une lueur d’espoir à l’approche de 2011, procla-mée par l’ONU Année internationale des forêts. schi

Cuisiner à l’énergie solaire La Fondation Symphasis a égale-ment accompagné à Madagascar un projet de l’Association pour  le Développement de l’Energie  Solaire Suisse (ADES). L’ADES vend aux populations démunies des fours solaires fabriqués sur l’île. Ces appareils, proposés à  bas prix, sont amortis en six mois seulement. Ils ont le double avantage de favoriser la création d’emplois et de promouvoir  un mode de cuisson écologique et économique. Plus d’informations sur www.adesolaire.org

Protection de la forêt vierge  Tout a commencé à l’automne 2007, lorsqu’un client sensible à la cause environnementale a fait part au Credit Suisse de sa volonté  de contribuer à la protection de la forêt vierge selon des modalités aussi simples que possible.  La fondation d’utilité publique Symphasis lui a fourni le cadre idéal. Le client a pu créer en son sein le fonds Protection des forêts tropicales. Les donations substantielles en faveur de ce fonds ont déjà permis de financer  une part importante de cinq pro- jets du WWF Suisse consacrés aux forêts tropicales de l’Amazo-nie péruvienne et brésilienne, de Bornéo et de Madagascar (voir article ci-contre).

Le transfert de savoir-faire a permis aux riziculteurs malgaches de doubler leurs rendements.

   www.symphasis.ch ; www.wwf.ch

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Credit Suisse bulletin 4/10

International Credit Suisse 35

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Hautes distinctions pour le Credit SuisseLe Credit Suisse s’est fixé pour objectif de devenir la banque la plus renommée du monde. Selon le magazine spécialisé Euromoney, une étape importante vient d’être franchie en ce sens. La banque a reçu seize distinctions au total, parmi lesquelles « Best Global Bank 2010 », « Best Emerging Markets Invest-ment Bank » et « Best Bank in Switzerland ».

Le Credit Suisse a très bien surmonté la crise. Grâce à la réduction des risques dans l’investment banking et, surtout, à sa grande orientation clientèle, il s’est encore rappro-ché de son objectif, être la banque la plus renommée du monde, comme l’a confirmé le célèbre magazine spécialisé londonien Euro-money à la mi-juillet.

Une des meilleures gestions au monde

Euromoney a déjà primé le Credit Suisse plusieurs fois et lui a décerné le titre très convoité de « Best Bank in Switzerland » en 2007, en 2008 et en 2009. Mais c’est en 2010 pour la première fois qu’il lui a attribué la distinction suprême de « Best Global Bank ». Et les rédacteurs du magazine de préciser : « Grâce à la mise en œuvre efficace de sa nouvelle stratégie et à la réalisation de rendements élevés selon un modèle com-mercial à faible risque, le Credit Suisse est sans doute aujourd’hui la banque la mieux gérée au monde. Son modèle fait partie de ceux que beaucoup de banques cherchent désormais à imiter, que ce soit en totalité ou en partie. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : au premier trimestre 2010, le ratio des fonds propres de base était le plus élevé du secteur (16,4%) et les actifs pondérés en fonction des risques étaient les plus bas du groupe de pairs (218 milliards de dollars). »

Avec le titre de « Best Emerging Markets Invest ment Bank », Euromoney a salué la forte présence du Credit Suisse dans les pays émergents. Il considère d’ailleurs l’in-troduction de l’Emerging Markets Council (conseil des marchés émergents) au sein de la banque en 2009 comme essentiel à l’in-terconnexion des marchés.

Toujours leader en Suisse

L’afflux net de nouveaux capitaux, la colla-boration accrue et l’intermédiation réci-proque entre les divisions Private Banking, Investment Banking et Asset Management ont permis au Credit Suisse d’obtenir le titre de « Best Bank in Switzerland » pour la quatrième année consécutive. S’y ajoutent les distinctions « Best Debt House in Switzer-land » et « Best M & A House in Switzerland », cette dernière venant récompenser son

excellent bilan dans les opérations nationales et transfrontalières.

Au total, le Credit Suisse a reçu une douzaine de récompenses régionales et na-tionales, en plus des titres « Best Investment Bank », « Best M & A House » et « Best Equity House », qui lui avaient déjà été décernés plusieurs fois auparavant.

Hans-Ulrich Doerig, président du Conseil d’administration, et Urs Rohner, vice-prési-dent, avaient donc toutes les raisons de se réjouir face aux quelque 49 000 collabora-teurs de la banque, même s’ils ont souligné que cette reconnaissance concernait les prestations fournies au cours des exercices précédents : « Pour maintenir notre succès à l’avenir, nous devons rester concentrés et continuer à réagir avec souplesse aux muta-tions de notre secteur. »

Réalisation d’objectifs élevés

« Nous contribuons activement aux efforts déployés pour instaurer un système financier plus robuste et plus stable, tout d’abord en aidant nos clients dans des conditions de marché défavorables et, ensuite en partici-pant à un dialogue ouvert et constructif avec les régulateurs destiné à promouvoir une approche de la surveillance bancaire coor-donnée au niveau mondial », précise le CEO Brady W. Dougan dans son commentaire sur le deuxième trimestre.

Au premier semestre (les résultats du troisième trimestre seront présentés le 21 octobre), le Credit Suisse a réalisé un bénéfice net de 3,7 milliards de francs suisses, obtenu un rendement des fonds propres de 20,1% et enregistré un afflux net de nouveaux capitaux de 40,5 milliards. Les revenus générés jusqu’à présent par les activités interdivisionnelles dépassent les 2 milliards de francs. schi

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bulletin 4 /10 Credit Suisse

36 Credit Suisse  Monde

Nouvelle édition mythique en 2010« Wo Gott und Mensch zusammenstoßen, entsteht Tragödie » (La tragédie naît de la rencontre entre Dieu et les hommes) – tel était l’intitulé de l’édition 2010 du Festival de Salzbourg, placée sous le signe d’un double anniversaire : les 90 ans du Festival et les 50 ans du Grand Palais. Si des tragédies étaient à l’affiche, le bilan est, lui, tout sauf tragique : les 250 représentations ont ainsi toutes donné lieu à une belle fréquentation (95%) et remporté un écho extrêmement positif. Côté finances aussi, les chiffres sont réjouissants : avec 249 730 visiteurs issus de 73 pays, et notamment d’Asie et du Pacifique, les recettes totales ont atteint 24,5 millions d’euros, soit un excédent de 8 millions pour les quatre années présidées par Jürgen Flimm. Une représentation en faveur de la population durement touchée du Pakistan a par ailleurs permis de recueillir 300 000 euros.

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Credit Suisse bulletin 4/10

Monde Credit Suisse 37

1  Dionysos : L’opéra « Dionysos » de Wolfgang Rihm, dont la première a eu lieu le 27 juillet, a dépassé toutes les attentes – et celles-ci étaient pourtant élevées. Les 15 années consacrées par le compositeur allemand à cette œuvre ont porté leurs fruits. La musique moderne a donc également son public, puisque la salle était à 85% pleine lors des quatre représentations. Johannes Martin Kränzle a conquis les spectateurs dans le rôle de « N. » (Nietzsche).

2  Soprano : Déjà remarqué en 2009 dans « Theodora » de Haendel, Johannes Martin Kränzle a impressionné Mojca Erdmann (1re soprano), qui a la faveur du public depuis 2006 et ses rôles de Zaïde, dans l’opéra éponyme de Mozart, et de Zelmira, dans « Armida » de Haydn.

3  Rencontre d’été : Consacrée cette année à l’opéra « Dionysos », la rencontre d’été organisée par le Credit Suisse avant chaque première avait lieu à la « Maison pour Mozart ». Excellent orateur, le compositeur Wolfgang Rihm (au centre) a conquis plus de 100 représentants des médias. A ses côtés (de gauche à droite) : Jürgen Flimm, intendant, Ingo Metzmacher, chef d’orchestre, Jonathan Meese, concepteur des décors, et Pierre Audi, metteur en scène.

4  Young Singers Project : Le Young Singers Project a pour vocation d’aider les jeunes à acquérir une expérience pratique de la scène. Il est dirigé par la célèbre chanteuse d’opéra Marjana Lipovšek, qui succède à Michael Schade. Nous la voyons ici diriger la mezzo-soprano américaine Emily Righter.

5  Master classes : Outre de nombreux cours à l’écart du public, les Young Singers ont également pu suivre quatre master classes bien fréquentées – avec Christa Ludwig, Marjana Lipovšek, Sir Thomas Allen et Jürgen Flimm. La promotion de la relève est une mission qui tient à cœur à l’intendant. On le voit ici observer la soprano allemande Regine Isabelle Sturm et le baryton italien Andrè Schuen.

6  Concert de clôture : Comme en 2009, le concert de clôture donné au « Mozarteum » par l’Orchestre Mozarteum de Salzbourg sous la direction d’Ivor Bolton s’est révélé un événement inoubliable, également pour la soprano irlandaise Claudia Boyle et le ténor italien Antonio Poli.

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Sydney Symphony :  dans la cour des grands L’engagement du Credit Suisse pour la musique classique en Asie et dans le Pacifique concernait jusqu’à présent le Beijing Music Festival, le Hong Kong Arts Festival et le Bangkok Symphony Orchestra. S’y ajoute désormais le Sydney Symphony Orchestra.

John Conde, chairman du Sydney Symphony Orchestra, sourit. L’œil rivé sur le programme, il se décrit en quelque sorte comme un émis-saire de Beethoven. A juste titre ! Le concer-to pour piano n° 5 (« Empereur ») fait incon-testablement partie des temps forts du Lucerne Festival. Hélène Grimaud, artiste étoile, interprète cette œuvre composée pendant le bombardement de Vienne par Napoléon sans emphase héroïque, mais tout en légèreté et en retenue. Grâce à la magie

de ses notes les plus douces, elle fait s’ar-rêter le temps, en parfaite harmonie avec l’ensemble. Rien de surprenant à cela, le chef d’orchestre Vladimir Ashkenazy étant lui-même un pianiste virtuose.

Mais le Sydney Symphony Orchestra aime et maîtrise aussi le pompeux, comme il l’a prouvé à Lucerne avec la symphonie « Manfred » de Tchaïkovski ou les concerts dédiés à Mahler. « Le fait que Vladimir Ashkenazy enregistre avec nous, lors des

deux années consacrées à fêter ce compo-siteur, toutes les symphonies et les principaux lieder de Mahler nous remplit de fierté. C’est un projet extraordinaire », explique Rory Jeffs, Managing Director, en contemplant le pro-gramme fraîchement imprimé de la « Sympho-nie des Mille ». Une comparaison s’impose avec le cycle Gustav Mahler de l’Orchestre de la Tonhalle Zurich, tout aussi exceptionnel, sous la direction de David Zinman.

Ambassadeur des J. O. de 2000

Fondé en 1932 en tant qu’orchestre radio-phonique national et connu depuis 1946 sous le nom de Sydney Symphony Orchestra (SSO) ou Sydney Symphony, l’ensemble s’est agran-di et amélioré au fil du temps. Pendant long-temps, il s’est concentré presque exclusive-ment sur l’Australie, ne se rendant en Europe qu’en 1974 et 1995. C’est pourquoi il n’a accédé à la notoriété mondiale qu’en 2000, en tant qu’ambassadeur culturel des Jeux olympiques de Sydney. Néanmoins, après l’immense succès des concerts de Stresa, Lucerne, Londres, Wiesbaden, Brême, Amsterdam, Edimbourg et Grafenegg, une prochaine visite ne devrait pas tarder, même si l’orchestre se tourne tout autant vers l’Asie.

Promotion exemplaire de la relève

Le 17 août, juste avant le début de la tour-née, David Livingstone, CEO de Credit Suisse Australia, a annoncé le lancement d’un Premier Partnership avec le Sydney Symphony Orchestra, premier engagement important du Credit Suisse en Australie. « Ces dix dernières années, l’orchestre a réalisé d’immenses progrès, se transfor-mant progressivement en un ensemble de niveau mondial, explique Tony Krein, res-ponsable Sponsoring culturel du Credit Suisse. Il possède également un excellent programme de promotion de la relève que nous soutenons volontiers. »

Dans le cadre du Sydney Symphony Fellowship, neuf des meilleurs jeunes mu-siciens australiens sont formés pendant un an à toutes les disciplines qui caractérisent un musicien d’orchestre. Bien qu’il n’y ait aucune garantie d’embauche, les partici-pants n’ont aucun mal par la suite à trouver une place dans un bon orchestre. schi

1 Le Sydney Symphony Orchestra devant le célèbre Opéra de Sydney. 2 Lors de sa tournée européenne, avec Hélène Grimaud, l’orchestre a brillé au Lucerne Festival.

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Monde Credit Suisse 39

Credit Suisse bulletin 4/10

Rendez-vous à Londres avec les meilleurs « photo-graphes » de la SérénissimeCanaletto est un peintre si apprécié en Angleterre qu’il paraît surprenant qu’aucune exposition sur le thème « Venise en images » n’y ait encore été organisée. Un oubli aujourd’hui réparé par la National Gallery de Londres.

Puissance commerciale et financière, la République nobiliaire de Venise a joué un rôle important sur la scène diplomatique dès le VIIe siècle et jusqu’à sa défaite contre Napoléon Bonaparte en 1797. A la Renais-sance et à l’époque baroque, Venise a éga-lement façonné l’histoire de l’art, en raison notamment de sa rivalité avec Florence. C’est ce que rappellent des noms tels que Carpaccio, Giovanni Bellini, Le Titien, Le Tintoret ou Jean-Baptiste Tiepolo. Sans oublier Canaletto, un nom d’artiste porté par deux peintres : Giovanni Antonio Canal (1697–1768) et un peu plus tard son neveu Bernardo Belloto (1721–1780), un peintre de moindre envergure.

Renommé pour ses « vedute », Canaletto peignait à ses débuts des décors de théâtre, avant de se spécialiser dans la réalisation de vues très détaillées, presque topographiques, de sa ville natale, s’aidant parfois d’une chambre obscure. Lors de leur Grand Tour, un voyage éducatif obligatoire faisant étape dans les principales villes culturelles, de nombreux fils de la noblesse européenne ont fait l’acquisition de « vedute » de Venise, de précieux souvenirs de la cité, à une époque où les cartes postales n’existaient pas

encore. Les Anglais ont découvert les œuvres de Canaletto grâce à Joseph Smith, consul à Venise particulièrement doué pour les affaires, mais aussi lors des dix années que Canaletto passa en Angleterre, où le Duc de Richmond devint son mécène.

Lorsque l’on regarde ses tableaux, le temps semble s’être arrêté, car le cœur de la cité des Doges n’a guère changé. Tel était peut-être le désir de Canaletto : suspendre le temps, à une époque où le déclin de sa république s’annonçait.

En cela, les tableaux de Canaletto repré-sentent bien plus que des photographies peintes, et leur fort contraste entre l’ombre et  la lumière les rend uniques. L’exposition « Venice : Canaletto and His Rivals » met en valeur le rayonnement magique de ces œuvres. schi

Canaletto, Le bassin Saint-Marc, vers 1738–1739, huile sur toile, 124,5 × 204,5 cm, Museum of Fine Arts, Boston. Abbott Lawrence Fund, Seth K. Sweetser Fund, and Charles Edward French Fund.

   « Canaletto and His Rivals ». Œuvres de Canaletto, Luca Carlevarijs, Gaspar van Witell, Michele Marieschi, Bernardo Belloto, Francesco Guardi, Antonio Joli, Pietro Belloti, Francesco Tironi et Giambattista Cimaroli. National Gallery, Londres. Du 13 octobre 2010au 16 janvier 2011. National Gallery of Art, Washington, du 20 février au 30 mai 2011. Le Credit Suisse est partenaire de la National Gallery.

www.credit-suisse.com

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bulletin   mobile

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bulletin 4/10 Credit Suisse

40 Credit Suisse  Suisse

Credit Suisse – SuisseBusiness / Sponsoring / Corporate Citizenship

Partenariat avec Zurich Vie

La prévoyance complétée par les assurances-vie

« Pour répondre à l’évolution des besoins de ses clients en ma-tière de conseil en prévoyance, le Credit Suisse a conclu un par-tenariat avec Zurich Vie Suisse le 1er octobre, explique Hanspeter Kurzmeyer, responsable Clientèle privée Suisse du Credit Suisse. Nous ciblons avant tout les pro-duits d’assurance intégrant l’épargne et les fonds de place-ment et qui respectent notre prin-cipe de conseil global. » Ce parte-nariat permet de proposer les assurances vie Life Invest, Live Classic et Life Plan à des condi-tions très avantageuses.

www.credit-suisse.com/prevoyance

i-factory au Musée des Transports

i-days 2010 : l’informatique fait bouger la Suisse

Le Musée Suisse des Transports, qui accueille à Lucerne près d’un million de visiteurs par an, ouvre avec « i-factory » une exposition qui présentera les principes de base de l’informatique pendant une période de cinq ans au moins. Elle sera inaugurée par les journées de l’informatique (« i-days ») du 18 au 20 novembre. « En sa qualité de Presenting Partner, le Credit

Premier symposium et vernissage de la Fondation Alfred Escher

Lettres d’Alfred Escher bientôt sous forme électronique

Il se peut qu’un jour, les gens ne correspondent plus que par e-mail et SMS, ignorant ce qu’est une lettre. Pourtant, pour comprendre les per-sonnalités et les événements du XIXe siècle, il faut étudier les lettres de cette époque. La Fondation Alfred Escher, pour laquelle Joseph Jung, son gérant, a déjà fait éditer par la Neue Zürcher Zeitung des biographies réputées d’Alfred Escher et de Lydia Welti-Escher, poursuit actuellement un projet ambieux de publication de lettres. Au premier volume thématique « Alfred Escher zwischen Lukmanier und Gotthard » (Alfred Escher entre Lukmanier et Gothard) de 808 pages a succédé en août le premier ouvrage chronologique « Alfred Eschers Briefe aus der Jugend- und Studentenzeit. 1831–1843 » ( lettres de jeunesse d’Alfred Escher) de 324 pages, révisé et commenté par Bruno Fischer. En dépit des six volumes prévus au total, il ne sera possible d’éditer (commenter) qu’un cinquième des lettres à dis-position, rédigées ou reçues par Alfred Escher. Voilà pourquoi l’annonce de leur publication intégrale sous forme électronique dès 2011 a été sa-luée au premier symposium de la Fondation Alfred Escher.

Vous trouverez davantage d’informations sur les publications de la  Fondation Alfred Escher sur le site www.credit-suisse.com/bulletin.

Suisse souhaite susciter l’enthou-siasme des enfants et des jeunes de 11 à 18 ans et rappeler qu’il est l’un des principaux employeurs de ce secteur en Suisse avec plus de 4 000 collaborateurs IT, ses besoins étant encore supé-rieurs », explique Karl Landert, responsable IT. Le fait que ce der-nier soit membre du Directoire de la banque démontre d’ailleurs l’im-portance que la banque accorde à l’informatique. Le Credit Suisse affecte plus de dix millions de francs par an aux technologies de l’infor mation, investissant par exemple dans le « Quartier de l’in-novation », centre de développe-ment de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), dans lequel quelque 250 emplois seront créés d’ici à fin 2011.

www.ictswitzerland.ch ; www.verkehrshaus.ch

Venture Incubator fête ses 10 ans

Capital de départ pour les start-up

Vers la fin des années 1990, l’EPF de Zurich et la société de con-sulting McKinsey & Company ont décidé de fonder une société d’investissement afin d’aider de jeunes entrepreneurs au profil prometteur, notamment des diplô-més universitaires, en mettant à leur disposition capitaux et conseils. Ce fonds de capital-risque s’est assuré le concours de dix grandes entreprises suisses, dont le Credit Suisse, qui ont

injecté chacune dix millions dans le projet. Et le succès a été au ren-dez-vous : en dix ans, 107 millions ont été investis dans 34 jeunes entreprises, permettant la création de 750 emplois. Certaines des entreprises ayant bénéficié de cette aide ont même déjà été re-vendues, de sorte que Venture Incubator a récupéré 53 millions de francs destinés à soutenir d’autres projets prometteurs. Au printemps 2010, les fondateurs ont décidé de convertir leur enga-gement initial limité à dix ans en un engagement « Evergreen ». Le 10e anniversaire sera célébré le 23 novembre.

www.vipartners.ch

Theater PurPur

Promouvoir les placements créatifs

Jouer dans une pièce de théâtre, inventer ses propres jeux ou dessi-ner et bricoler entre amis : depuis 1996, le Theater PurPur de Zurich permet aux enfants et aux jeunes de donner libre cours à leur imagi-nation et les encourage à dévelop-per leurs propres idées. Pour que les enfants issus de familles dé-favorisées puissent participer eux aussi aux activités du théâtre, un fonds social a été créé avec le soutien du Fonds du Jubilé de la Credit Suisse Foundation.

www.theater-purpur.ch

Les membres de la « Zofingia Zürich » rendent hommage à leur ancien prési-dent Alfred Escher. A droite : Joseph Jung.

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Business School

Cadres formés par un  bonhomme allumette

Paul, un sympathique bonhomme allumette, est le personnage princi-pal d’une série de courts métrages animés que publie le Leadership Institute de la Business School dans le cadre de « Learn How Learn Now ». Ces clips ont pour but de sensibiliser les cadres actuels et fu-turs du Credit Suisse à des aspects importants du management (moti-vation, talent, feed-back) dans un style contemporain. Cette série de courts métrages a reçu de la Ge-sellschaft für Pädagogik und Information le label Comenius-Edu-Media 2010 récompensant les produits didactiques multimédia de qualité.

Nouvelle publication

Enseignement universitaire

Les prix d’enseignement honorent les prestations des professeurs. Destinés à stimuler et à récompen-ser, ils visent l’amélioration de la qualité de l’enseignement. Ces dis-tinctions ont été instaurées par bon nombre d’universités ces dernières années. Quel a été leur impact au-delà de leur aspect symbolique ? Voilà la question abordée dans l’ou-vrage édité en septembre par Waxmann à Münster « Ausgezeich-nete Lehre ! », qui présente un essai de Fritz Gutbrodt, Directeur de la Credit Suisse Foundation, intitulé « Fussnoten und Geistesblitze : Zur Motivation des Credit Suisse Award for Best Teaching ».

La SSPES fête ses 150 ans

Le gymnase a de l’avenir

La Société suisse des professeurs de l’enseignement secondaire (SSPES) a fêté ses 150 ans fin

août. La célébration organisée à l’Université de Berne et soutenue par le Credit Suisse a réuni plu-sieurs intervenants dont Bernhard Pulver, Conseiller d’Etat bernois, Ivo Bischofberger, conseiller aux Etats appenzellois, Isabelle Chassot, Conseillère d’Etat fribour-geoise, et Jakob Kellenberger, Président du CICR. Dans la joie des festivités, les regards étaient sur-tout tournés vers le futur : « Un ave-nir pour la formation générale », voilà la revendication non dénuée de fondement de la SSPES. Le pré-sident de cette dernière, David Wintgens, a participé au débat de haut vol consacré à la question « Quel avenir pour la profession d’enseignant du secondaire supé-rieur ? » Les premières réponses figurent sur Internet…

www.vsg-sspes.ch

Certification de Direct Net

La banque en ligne pour tous

Consulter l’état d’un compte, effec-tuer des paiements ou des place-ments, surveiller l’évolution de sa fortune, tout cela en un clin d’œil, en tout lieu et à toute heure. Un logiciel de lecture d’écran permet désormais aux personnes ayant un handicap (visuel) d’accéder facile-ment elles aussi à Direct Net du Credit Suisse. Les textes program-més sont transmis à la plage braille d’un clavier spécial ou à une syn-thèse vocale et les utilisateurs peuvent saisir des ordres très rapi-dement grâce à quelque 150 com-binaisons de touches. Voilà un moyen pour eux de se sentir plus libres et mieux intégrés. En août, Direct Net a reçu pour la deuxième fois déjà la certification « Accès pour tous » de la Fondation suisse pour améliorer l’accessibilité des technologies d’information et de communication.

Europa Forum Luzern

Formation, recherche et  innovation

Les 8 et 9 novembre, les représen-tants des milieux économique, scientifique et politique ont débattu à Lucerne de la formation, de la recherche et de l’innovation, prin-cipaux facteurs de succès du site industriel suisse. Parmi les inter-venants figuraient Doris Leuthardt, Présidente de la Confédération,

Mauri Pekkarinen, ministre finlan-dais de l’économie et Johannes Suter, CEO de SVC – SA pour le capital-risque des PME, société fondée en mai. Ce dernier a pu faire état des premiers contrats conclus.

www.svc-risikokapital.ch ;  www.europa-forum-luzern.ch

Auf dem Rosenberg : apprendre à vivreFondé en 1889, l’Institut auf dem Rosenberg de St-Gall compte parmi les écoles privées les plus renommées du monde. Ses élèves, qui constituent une communauté pluriculturelle et plurilingue, lui restent attachés leur vie  durant. C’est ainsi que Mario J. Molina, Prix Nobel de chimie mexicain, a rendu récemment visite à son ancienne école. L’association de la tradition et de la discipline  garantit une éducation fondée sur le principe « qui veut prendre la parole demain doit écouter aujourd’hui », prin-cipe souvent plus difficile à suivre que dans le cadre de « Invest in Your Future », manifestation organisée en colla-boration avec le Credit Suisse. Daniel Heine et Wolfgang Jenewein, tous deux maîtres de conférences à l’université de St-Gall, ont captivé leur jeune auditoire en dissertant avec simplicité et humour sur l’économie financière et le leadership au sein d’équipes très performantes, leadership illustré  ensuite par Monika A. Schmid, directrice d’école, et  Marcel Küng, responsable de la région Suisse orientale du Credit Suisse. Un jeu d’investissement très apprécié a  révélé plusieurs talents dans le domaine de la finance. Un stage au sein de la banque récompensait les vainqueurs, mais tous étaient gagnants puisque, comme le disait Pesta-lozzi, le but de toute éducation est d’apprendre à vivre.

Textes : Mandana Razavi, Stefanie Schmid, Andreas Schiendorfer

8 des 27 étudiants de l’Institut auf dem Rosenberg ayant pris part à la manifestation « Invest in Your Future ».

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La Suisse, pays de musique classique« Pourquoi chercher ailleurs ce que nous avons ici ? » Certes, il n’est pas déplaisant, en été, de se rendre au Festival de Salzbourg ou de concilier un voyage prévu de longue date avec des concerts de haut niveau. Mais en musique, la Suisse n’a rien à envier aux autres pays. Ainsi, le Lucerne Festival s’est hissé au premier rang des festivals classiques. Le Davos Festival a fait de même en termes de promotion des jeunes talents. Et à Avenches, Saint-Gall et Zermatt, le cadre et l’ambiance sont loin d’être les seuls atouts. L’Orchestre de la Tonhalle de Zurich, l’Orchestre de la Suisse Romande, le kammerorchesterbasel, le Musikkollegium de Winterthour et, bien sûr, l’Opéra de Zurich ont fait de cette saison estivale une belle réussite. schi

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1 Le plus grand orchestre de Suisse : Comme en 2008, l’Orchestre de la Tonhalle de Zurich et l’Orchestre de la Suisse Romande se sont retrouvés sur scène. Après la Grande Messe des Morts de Berlioz, 150 musiciens et 200 choristes ont interprété à Montreux et au Lucerne Festival (photo), sous la direction de David Zinman, les « Gurrelieder » post-romantiques d’Arnold Schönberg. Un régal pour les yeux et les oreilles !

2 Händel avec Kasarova : Pour le lancement de la saison, le kammerorchesterbasel a joué du Georg Friedrich Händel, accompagné par la célèbre mezzo-soprano Vesselina Kasarova. La création à Bâle a été suivie de concerts au Zermatt Festival, à Wetzikon, à Schaffhouse et à Belgrade.

3 Mozart à l’honneur : « Mozart était-il originaire de Winterthour ? » Le Musikkollegium de Winterthour laisse la question en suspens. Pour y répondre, un examen plus précis de l’arbre généalogique d’Anna Maria Sulzer, grand-mère de Mozart, serait nécessaire. La fête Mozart célébrée en août et en septembre, elle, n’a rien laissé au hasard. Sur la photo, l’orchestre dirigé par le pianiste Alexander Lonquinch.

4 Montagne magique : Depuis 25 ans, le Davos Festival est connu pour la promotion de jeunes talents comme le compositeur hongrois Gregory Vajda. La création de sa « Montagne magique – un opéra dans un hôtel de cure », le 30 juillet, sur la Schatzalp, a recueilli un franc succès.

5 Après le déluge, la croisade : « Cinq ans se sont-ils vraiment écoulés depuis Carmina Burana ? » Difficile de croire que le Festival de Saint-Gall existe déjà depuis si longtemps. Et puis, au vu du décor extraordinaire devant la cathédrale, un léger regret : « Pourquoi pas plus tôt ? » Soit. Après « Il Diluvio Universale » de Donizetti, voici « I Lombardi alla prima Crociata » de Verdi. Création le 24 juin 2011.

6 Relève de la garde : Fondé en 1995, le Festival d’opéra d’Avenches est l’un des principaux événe- ments classiques en plein air. Notamment grâce à Sergio Fontana qui a fait ses adieux sur « Lucia di Lammermoor » de Donizetti. Il laisse les rênes artistiques à Eric Vigié, directeur de l’Opéra de Lausanne.

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« Picasso manie plusieurs langages picturaux »Le 11 septembre 1932, le Kunsthaus de Zurich inaugurait la première exposition qu’un musée ait jamais consacrée à Picasso et pour laquelle le maître avait sélectionné plus de 200 tableaux. Aujourd’hui, le musée reproduit cette rétros-pective dans ses grandes lignes en réunissant 70 des toiles présentées à l’époque. Tobia Bezzola, curateur, revient sur la genèse des deux expositions.

bulletin : Vous avez redonné vie à l’expo-

sition de 1932 en vous limitant à 70 toiles 

au lieu des 225 retenues par Picasso. 

Avez-vous pu accéder facilement aux 

œuvres ?

Tobia Bezzola : Comme les catalogues illustrés n’existaient pas en 1932, le plus gros de notre travail a consisté à identifier les toiles exposées lors de la première rétrospective. On a retrouvé à peine 24 illustrations originales, ainsi que des indications sur les dimensions, les pro -priétaires et les titres des tableaux. Mais les toiles étaient pour la plupart intitulées sobrement « Portrait » ou « Nature morte », ce qui n’est guère parlant. Les photos de l’exposition ont permis d’identifier une quarantaine d’œuvres. Il a donc fallu retrouver les 180 restantes. Le catalogue actuel inventorie désormais l’ensemble des 225 toiles exposées en 1932 et constitue de ce fait un apport substantiel à l’histoire de l’art.

L’exposition de 2010 ne présente pas 

plus d’un tiers des tableaux de 1932. 

 Comment avez-vous procédé pour restituer 

l’esprit de la première rétrospective ?

Lorsqu’il a effectué sa sélection, Picasso a pour ainsi dire boudé ses œuvres de jeunesse. On raconte qu’à l’exposition de Zurich, il se serait exclamé « c’est horrible » devant des tableaux de la période bleue, et qu’aucune toile, à l’exception d’une seule, n’aurait trouvé grâce à ses yeux. Pour la rétrospective, il a privilégié le cubisme, le rapprochement avec le surréalisme ainsi que les portraits de sa maîtresse Marie-

Thérèse Walter. Nous avons tenté de reproduire son point de vue en respectant l’importance relative qu’il avait accordée à ces diverses facettes.

Qu’en est-il des salles d’exposition ? Les 

toiles de 1932 sont-elles visibles au même 

endroit ?

La rétrospective de 1932 a été organisée dans le musée, ce qui a nécessité de déplacer toutes les pièces de la collection permanente. L’exposition de cette année a été montée dans une grande aile du musée construite à la fin des années 1950, qui était la seule à satisfaire aux exigences actuelles concernant l’indispensable clima- tisation et la capacité d’accueil.

Comment le travail de Picasso curateur 

a-t-il été reçu ?

Aujourd’hui, le curateur est la personne chargée de choisir les œuvres et de les regrouper. A l’époque, en revanche, la sélection et l’accrochage étaient deux tâches distinctes. Les tableaux ont été choisis par Picasso, mais, comme le voulait l’usage, c’est le président de la commission d’exposition, le peintre tessinois Sigismund Righini, qui les a mis en scène. Le maître lui-même n’a pas tari d’éloges sur le travail de ce dernier.

Quel accueil la presse de l’époque  

a-t-elle réservé à la sélection de Picasso ?

Les critiques, tout en trouvant l’exposition à leur goût, ont déploré que les tableaux se succèdent sans logique apparente, dans une optique décorative ignorant la chrono-logie. C’était inexact, bien entendu. L’accrochage respectait la chronologie, mais pas les courants picturaux.

Et qu’en a pensé le grand public ?

L’exposition a été prolongée de deux semaines et a attiré au total près de 35 000 visiteurs, venus pour partie de l’étranger. Cela étant, les recettes n’ont pas suffi à couvrir tous les frais, si bien

que la société du musée, qui avait pour- tant bénéficié d’une aide de la ville, a finalement enregistré un déficit d’environ 7 000 francs.

Au même moment, le Museum of  Modern 

Art (MoMA) projetait lui aussi d’exposer 

 Picasso. Qu’est-ce qui a fait pencher la 

 balance en faveur de Zurich ?

C’est avant tout la grande exposition que la galerie parisienne Georges Petit avait consacrée en 1931 à Matisse, éternel rival de Picasso. Ce dernier n’avait alors qu’une ambition, éclipser Matisse. Par ailleurs, le MoMA venait d’être fondé à New York trois ans auparavant et avait une réputation de musée de province, à mille lieues de son rayonnement actuel. Enfin, le fait que le curateur du MoMA n’ait pas voulu accéder aux demandes de Picasso a certainement joué en la défaveur du musée new-yorkais. A l’inverse, le directeur du Kunsthaus, Wilhelm Wartmann, a donné carte blanche à l’artiste, ce qui était révolutionnaire pour l’époque.

Quel a été le rôle du Kunsthaus en tant 

qu’établissement privé ?

Nous étions déjà constitués en association et avions la possibilité de vendre les toiles exposées. C’était particulièrement intéres-sant pour les marchands d’art, qui avaient prêté la plupart des tableaux. Déjà à l’époque, la Suisse était un pôle majeur du marché de l’art international.

Picasso en a-t-il retiré quelque profit ?

C’est difficile à chiffrer précisément, car les ventes ont été réalisées par l’intermé-diaire des galeries. Mais à ce moment-là, Picasso était déjà, et de loin, le peintre vivant le mieux coté au monde. En 1932, sa célébrité lui permettait de se déplacer avec chauffeur et de descendre dans les meilleurs hôtels.

Quel impact cette première grande 

 rétrospective a-t-elle eu sur l’itinéraire de 

Picasso ?

C’est une question très complexe. Pour y répondre, il est nécessaire de replacer l’événement dans son contexte historique. Les nazis sont arrivés au pouvoir en Allemagne en 1933, un an après l’exposi-tion. Tandis que l’Europe sombrait dans la tourmente politique et économique, le marché de l’art s’est littéralement effondré. Ce que l’on appelait l’art dégénéré, celui que produisait notamment Picasso, n’a plus eu droit de cité. Il est devenu dangereux et pratiquement impossible pour les mar-

Tobia Bezzola,  curateur du Kunsthaus de Zurich 

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1 L’une des rares photos de l’exposition de 1932 au Kunsthaus de Zurich. 2 Pablo Picasso, « Atelier avec tête et bras de plâtre », 1925, huile sur toile, 97,9 × 131,2 cm.

   Pour en savoir plus sur l’exposition, consultez les sites www.kunsthaus.ch et  www.credit-suisse.ch/online 

Le Kunsthaus se voue traditionnellement à la mise en valeur d’artistes du premier tiers du XXe siècle. Projet ambitieux réalisé à l’occasion du centenaire du musée avec le soutien du Credit Suisse comme sponsor principal, l’exposition est un hommage à la toute première rétrospec-tive Picasso de 1932, dont elle entend retracer la genèse, mais aussi analyser le rôle dans la réception de l’œuvre du peintre à la renommée désormais universelle. Le catalogue de l’exposition rassemble des articles sur ce dernier aspect et dresse l’inventaire des 225 toiles initialement présentées. Enfin, des visites guidées et des discussions sont organisées dans le cadre d’un vaste programme de médiation culturelle. L’exposition aura lieu du 15 octobre 2010 au 30 janvier 2011 et ne sera présentée qu’à Zurich.

chands de diffuser ces œuvres. En 1939, le MoMA a organisé une importante exposition Picasso. Pour les artistes modernes occidentaux, l’exil à New York était la seule issue possible. On a ainsi vu Picasso, mais aussi Breton, Duchamp et Miró, traverser l’Atlantique. Il est très délicat d’apprécier la portée qu’aurait eu la rétrospective dans des circonstances normales.

On peut donc dire que la rétrospective 

zurichoise a eu lieu in extremis ?

Oui. Plus tard, elle n’aurait jamais pu voir le jour, car de nombreuses toiles avaient été prêtées par des collectionneurs allemands. En Allemagne, des galeries ont été dépossédées de leurs fonds quelques mois seulement après la fin de l’exposition. Picasso lui-même avait souhaité que l’exposition soit transportée à Berlin, mais il n’en fut rien.

Parlons un peu de vous : qu’avez-vous 

pensé de cette mission consistant à organi-

ser une exposition dont la sélection était 

déjà faite ?

Cela reste une expérience intéressante et originale, mais je n’aimerais pas la refaire tout de suite (rires). Du reste, si j’avais proposé cet ensemble de toiles de mon propre chef, je crois que le monde de l’art se serait entendu pour me clouer au pilori. Si nous avons pu montrer Picasso sous un angle si subjectif, si partisan et avec cette sélection-là, c’est uniquement parce que nous nous placions dans une perspective bien précise.

Qu’est-ce que l’exposition apprend de 

nouveau au visiteur ?

La recherche sur Picasso est dominée par une croyance, une sorte de dogme, qui veut que l’artiste ait toujours évolué selon une succession de phases bien délimitées : période bleue, période rose, cubisme, etc. De nombreux scientifiques ont essayé de le démontrer. Or, à partir de 1915, Picasso ne suit plus un parcours linéaire, mais opère un va-et-vient entre différents styles. L’exposition met en lumière ce Picasso-là, qui maniait simultanément différents langages picturaux. Regula Brechbühl

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Le sommet de la modernité de retour à WinterthourRénové, doté d’entrepôts supplémentaires, le Musée des Beaux-Arts de Winterthour rouvre ses portes fin octobre après deux ans de travaux, avec une grande exposition thématique sur la « nature de l’art », qui met parfaitement en valeur la richesse de ses collections.

Un fouillis de câbles blancs jaillit du mur et s’enroule, des poutrelles d’acier se dressent entre sols et plafonds de béton brut, des bâches transparentes, des échelles, un seau et d’autres objets traînent par terre, les ou-vertures sont barricadées de planches en bois. Non, ce ne sont pas des logements de fortune à l’infrastructure improvisée, tels que le photographe Georg Aerni (né en 1959 à Winterthour) les a immortalisés au cours de ses voyages dans les métropoles du monde, comme récemment à Mumbai. C’est bien le Musée des Beaux-Arts de Winterthour qui se présentait ainsi depuis fin novembre 2008, pour cause d’importants travaux de rénova-tion. Avec Mario Sala, un autre artiste origi-naire de Winterthour, Georg Aerni avait été invité à suivre la transformation. Résultat : une série de photos d’une qualité impres-sionnante, qui raconte le chantier mais sur-tout en fait une véritable installation artis-tique.

Les travaux, au-delà des désagréments immédiats qu’ils entraînent, offrent la pos-sibilité de faire évoluer le regard porté sur ce qui existe déjà. Par exemple sur les col-

lections d’un musée que de grandes expo-sitions temporaires très remarquées ont parfois tendance à éclipser. Le Musée des Beaux-Arts de Winterthour a profité de ces deux ans de fermeture pour remettre à l’honneur ses remarquables collections. Sous le titre « Sommet de la modernité : le Musée des Beaux-Arts de Winterthour », ses œuvres majeures ont fait tout un périple qui les a menées de Bonn à Salzbourg en passant par Trente et Rovereto, dans le nord de l’Italie. Une sélection plus restreinte est même allée jusqu’au Japon et sera encore présentée dans différents musées jusqu’en mars 2011.

Une qualité due à l’initiative privée

Cette exposition itinérante s’est inscrite dans la série « Les grandes collections », à laquelle ont également participé les musées du Vatican, le Museum of Modern Art, le Musée Pouchkine et le Musée Guggenheim. Si le nom de Winterthour a pu s’afficher fièrement à côté de ces prestigieuses institutions, cela ne tient pas à la taille de ses collections, mais bien à leur haute qualité. Depuis 1915, année

d’ouverture du musée dont la construction fut financée en grande partie par des fonds privés, ses collections se sont régulièrement enrichies de dons et de legs de collection-neurs originaires de la ville. D’ailleurs, le « sommet de la modernité » fait essentielle-ment référence à un ensemble d’œuvres de la modernité classique léguées en 1973 par Clara et Emil Friedrich-Jezler et où se croi-sent Léger, Braque, Gris, Arp et Mondrian. Ce corpus s’inscrit dans le prolongement de la collection Wolfer, qui laissa au musée un grand nombre de tableaux français de Delacroix, Monet, Van Gogh et Bonnard. Et quand le Musée des Beaux-Arts de Winter-thour partit à l’assaut du monde, c’est bien sûr auréolé du prestige que divers industriels et notables de Winterthour ont conféré à leur ville par leur sens artistique : Hedy et Arthur Hahnloser-Bühler, dont la collection loge désormais à la Villa Flora, et Oskar Reinhart, dont les deux importantes collec-tions peuvent être admirées sur deux sites, « Am Stadtgarten » et « Am Römerholz ».

Le Musée des Beaux-Arts de Winterthour ne cesse d’enrichir son fonds, qui raconte aujourd’hui une histoire allant de l’impres-sionnisme à l’époque actuelle. Parmi les œuvres récentes, la peinture américaine se taille une part de choix, avec par exemple Robert Mangold. On y trouve aussi des ar-tistes italiens du groupe Arte Povera, comme Mario et Marisa Merz, Giulio Paolini et Jannis Kounellis.

Les salles d’exposition du bâtiment ancien ont retrouvé le confort majestueux des sa-

La suite de Fibonacci, dans laquelle un nombre est la somme des deux nombres qui le précèdent, est pour Mario Merz le symbole de l’expansion et de la croissance dans la nature. Le Musée des Beaux-Arts de Winterthour possède la toile « 1, 1, 2, 3, 5 » (1975).

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lons d’antan, avec boiseries d’origine, ten-tures murales et tapis. Après leurs pérégri-nations de par le monde, ce sont d’abord les tableaux paysagers qui prendront leurs aises dans ce cadre douillet.

L’art et la nature en dialogue

L’exposition de réouverture s’étend à tous les espaces du musée : partie ancienne, extension inaugurée en 1995 et réalisée par le bureau d’architecture Gigon & Guyer, et cabinet graphique. Sous le titre « La nature de l’art – rencontres avec la nature du XIXe siècle à nos jours », plus de 150 ans de peinture retracent l’interaction entre la nature et l’art. Depuis le lumineux « Soir d’été » de Van Gogh et les paysages du sud de la France de Pierre Bonnard, où la cou-leur prend le dessus, le voyage se poursuit vers les montagnes suisses de Ferdinand Hodler, puis mène, dans le nord de l’Italie, aux igloos et aux toiles de Mario Merz, qui ne représentent plus la nature mais ses principes fondamentaux. Pour finir, retour en Suisse avec la cascade de Sils-Maria vue par Gerhard Richter. Différents paysages, différentes conceptions artistiques, qui illustrent la richesse des collections du Musée des Beaux-Arts de Winterthour. Un voyage qui continuera de mériter un détour, même lorsque la grande exposition théma-tique sera terminée, les prêts seront retour-nés à leurs propriétaires et la collection se sera pliée à une présentation nouvelle. Meret Arnold

Samedi 30 octobre 2010, 17 heures : réouverture conjointe du Musée des Beaux-Arts de Winterthour et de la collection Oskar Reinhart  « Am Römerholz », elle aussi fermée pour cause de rénovation. Simul-tanément, vernissage de l’exposition « La nature de l’art – rencontres  avec la nature du XIXe siècle à nos jours » (jusqu’au 27 février 2011). Deux autres expositions seront également présentées : « Elbe »  de Gerhard Richter, une œuvre inconnue de 1957, des photographies et des dessins de Georg Aerni et de Mario Sala. A l’occasion de l’exposi-tion de Bonn, un film a été réalisé par Horst Brandenburg sur le Musée des Beaux-Arts de Winterthour et ses mécènes. Le Credit Suisse  est partenaire du Musée des Beaux-Arts de Winterthour ainsi que de l’ensemble musical « Musikkollegium Winterthur ».

Deux artistes de Winterthour, le photographe Georg Aerni et le dessinateur Mario Sala, ont suivi les travaux et présentent leurs œuvres dans l’exposition « Projekt Sanierung » (Projet rénovation, jusqu’au 27 février 2011).

Gerhard Richter. Cascade (« Wasserfall ») (847-1). 1997. Huile sur toile. Musée des Beaux-Arts de Winterthour. L’exposition spéciale « Elbe » est consacrée à ce peintre, né en 1932 à Dresde ( jusqu’au 27 février 2011).

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Dialogue avec les clientsDeux jours après le match contre l’Angleterre, l’entraîneur Ottmar Hitzfeld assistait à la Coupe de football du Credit Suisse.

Le Credit Suisse souhaite proposer à ses clients les meilleurs produits et services, mais aussi leur faire vivre des expériences uniques. C’est dans cette optique que quel-que 400 invités de la banque ont assisté, du 15 au 17 septembre, aux représentations de l’Orchestre philharmonique de Vienne et du Théâtre Bolchoï lors du Festival de Lucerne.

Le 9 septembre, la Coupe de football du Credit Suisse, disputée au Stade de Suisse à Berne, a une nouvelle fois permis aux invi-tés de vivre des moments inoubliables grâce à des équipes mêlant collaborateurs et cham-pions tels que Stéphane Chapuisat, Adrian Knup, Andy Egli, Christophe Bonvin, Marco Pascolo ou Martin Weber. L’arbitre Massimo Busacca a parfois dû rappeler à l’ordre certains ailiers un peu trop pressés de se

démarquer. En revanche, Ottmar Hitzfeld, assisté par Murat Yakin, a pu compléter ses connaissances tactiques, certaines combi-naisons de passes revêtant un caractère tout à fait inhabituel. L’ambiance était quant à elle encore plus remarquable que le niveau du jeu.

Toujours dans le but de servir au mieux nos clients, Urs Dickenmann, responsable clients Premium, a mené les 27 et 28 août un séminaire de deux jours avec une cen-taine de collaborateurs sur le thème de l’identification des besoins. Les interven-tions d’Ariane Ehrat, représentante du Premium Brand of the Alps, ont particulière-ment inté ressé l’auditoire. schi

1 Scènes d’anthologie au Stade de Suisse. 2 Ariane Ehrat, Directrice du tourisme d’Engadine-St-Moritz, a parlé des facteurs de réussite.

   Plus d’informations sur www.credit-suisse.com/bulletin.

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Barbara Ellmerer, « Hexenpilz », 2008, huile sur coton, 150 × 200 cm

ImpressumEditeurCredit Suisse AGCase postale 2CH-8070 ZurichTéléphone +41 44 333 11 11Fax +41 44 332 55 55

RedactionDaniel Huber (dhu, rédacteur en chef), Dorothee Enskog(de, économie internationale), Mandana Razavi (mar, corporate citizenship), Andreas Schiendorfer (schi, marché suisse, spon-soring), Regula Brechbühl (rb), Michael Krobath (mk), Fabienne de Lannay (fdl), Stephanie Schmid (sts)

E-mailredaktion.bulletin@credit -suisse.com

CollaborationMeret Arnold, Nicole Brändle, Dennis Brandes, Barbara Hatebur, Thomas Herrmann, Hannes Hug, Kevin Lyne-Smith, Manuela Merki, Martin Regnet, Christine Schmid, Claudia Steinberg, Bernard Van Dierendonck, Andreas Walker, Sarah Winter

Internetwww.credit-suisse.com/bulletinwww.credit-suisse.com/bulletin

MarketingVeronica Zimnic (vz)

Adaptation françaiseAdaptation françaiseMarie-Sophie Minart, Nathalie Lamgadar, Jean-Michel Brohée

Réalisationwww.arnold.inhaltundform.com: www.arnold.inhaltundform.com: Arno Bandli, Raphael Bertschinger, Monika Häfliger, Arno Bandli, Raphael Bertschinger, Monika Häfliger, Karin Cappellazzo (gestion de projet), Carola Bächi (correctrice)

AnnoncesAnnoncesprint-ad kretz gmbh, Andrea Hossmann et Esther Kretz, General-Wille-Strasse 147, CH-8706 Feldmeilen, Téléphone +41 44 924 20 70, [email protected]

 Tirage contrôlé REMP 2009145 504

Numéro d’enregistrement ISSNISSN 1423-1360

ImpressionSwissprinters Zürich AG

Commission de rédactionRichard Bachem (responsable Marketing Private & Business Banking Switzerland), René Buholzer (responsable Public Poli-cy), Urs P. Gauch (responsable Clientèle entreprises Suisse – Grandes entreprises), Fritz Gutbrodt (directeur de la Credit Suisse Foundation), Anja Hochberg (responsable Investment Strategy Asset Management), Angelika Jahn (Investment Ser-vices & Products), Bettina Junker Kränzle (responsable Internal Corporate Publishing & Services), Hanspeter Kurzmeyer (responsable Clientèle privée Suisse), Martin Lanz (Economic Research), Andrés Luther (responsable Group Communications),Charles Naylor (responsable Corporate Communications), Christian Vonesch (responsable Private & Business Banking Aarau)Aarau)

116e annéeParaît cinq fois par an en français, en allemand, en italien et en anglais. Reproduction autorisée avec la mention « Extrait du bulletin du Credit Suisse ».

Changements d’adresseLes changements d’adresse doivent être envoyés par écrit, en joignant l’enveloppe d’expédition, à votre succursale du Credit joignant l’enveloppe d’expédition, à votre succursale du Credit Suisse ou à Credit Suisse AG, SULA 213, case postale 100, CH-8070 Zurich.

La présente publication a un but purement informatif. Elle ne constitue ni une offre ni une invitation du Credit Suisse à ache-ter ou à vendre des titres. Les références aux performances antérieures ne garantissent nullement des évolutions positives dans l’avenir. Les analyses et conclusions exposées dans la présente publication ont été élaborées par le Credit Suisse et peuvent déjà avoir été utilisées pour des transactions de so-ciétés du Credit Suisse Group avant leur communication aux clients du Credit Suisse. L’avis du Credit Suisse, présenté dans cette publication sous réserve de modifi cations, a été émis à la date de mise sous presse. Le Credit Suisse est une banque suisse.

La collection du Credit Suisse a pour double vocation de promouvoir les jeunes talents et de constituer des groupes d’œuvres cohérents d’artistes choisis. C’est dans cet esprit que le Credit Suisse a acquis en début d’année une peinture à l’huile de Barbara Ellmerer intitulée « Hexenpilz ». L’œuvre vient s’ajouter aux sept autres de l’artiste peintre zurichoise que possède déjà l’entreprise, essentiel-lement des natures mortes et des portraits de toutes les périodes de création. « Hexenpilz », la dernière venue, est exposée dans le hall d’accueil des locaux de Paradeplatz, qui abrite une sélection représentative de la collection du Credit Suisse. Dans ses récents travaux, Barbara Ellmerer a surtout réalisé des toiles grand format, marquées par un coup de pinceau énergique et des couleurs saisissantes, sur des thèmes traditionnels, tels que les fl eurs ou les plantes et champignons qui peuplent les bois. L’artiste mémorise les impressions suscitées par ces découvertes, puis transpose intuitivement ces perceptions subjectives pour créer des tableaux d’une grande intensité. Se détachant d’un fond sombre, un champignon rouge feu prend ici des allures de macrophotographie, dévorant littéralement l’espace, pour luire d’une clarté mystique. L’application toute en épaisseur de la matière rend palpables les différentes parties de ce bolet, tandis que ses contours estompés, fondus, le font vibrer mystérieusement. Couche après couche, l’artiste occupe toute la toile. L’observateur, plongé dans un éblouisse-ment contemplatif, devient le témoin de différents processus de perception. Pour plus d’informations, voir www.credit-suisse.com > Qui sommes-nous > Sponsorship > Culture > Beaux-arts > Collection du Credit Suisse Barbara Hatebur, service des beaux-arts

Des groupes d’œuvres cohérents d’artistes choisis

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Sentier climatique et cabane écologiqueA l’écoute des pierres, des fleurs et des glaciers, le nouveau sentier de l’organisation myclimate nous mène sur les traces du changement climatique jusqu’à la nouvelle cabane du Mont Rose, un modèle de construction écologique.

« une plante qui aura éveillé votre curiosité ». Je me retrouve soudain au milieu d’une troupe hétéroclite, rassemblée par l’organi-sation de protection du climat myclimate pour le premier parcours du sentier clima-tique audio.

Réalité de la flore alpine

Comme moi, mes compagnons sont bran-chés sur leurs audioguides, loués gratuite-ment dans la vallée à la gare du Gornergrat. A la différence de ce qui se fait par exemple dans les musées, où, quand l’appareil ne s’enclenche pas automatiquement, des pan-neaux vous disent quand l’allumer, nous sommes ici libres d’écouter les neuf histoires

Le sentier climatique audio qui relie la gare du train du Gornergrat, au-dessus de Zermatt, à la nouvelle cabane du Mont Rose a été découpé en une série de petites his-toires sur le thème du climat. Une fois n’est pas coutume, mon équipement de randon-née comporte donc aujourd’hui un lecteur et une paire de gros écouteurs. « Mes fi-gures de pierre sont des repères pour l’ave-nir. Où vont-elles ? », s’interroge la voix. La troisième étape a en effet pour fil conduc-teur les cairns, bâtis ici par « l’homme bar-bu » du Rotenboden. Celui-ci m’invite à construire de mes propres mains un de ces bonshommes de pierre et me parle de leur importance jusqu’en pays inuit. Là-bas, les

blocs de rocher isolés, debout, sont appelés nalunaikkutaq (« celui qui supprime le dé-sordre spirituel »)… Mais la montagne m’ap-pelle, et plutôt que d’empiler des pierres, je me remets en marche. Puisse la randonnée mettre de l’ordre dans mes pensées ! Le récit et la musique s’immiscent dans ma perception de l’environnement, et mes pieds se meuvent comme d’eux-mêmes sur le sol caillouteux. Comme dans un documentaire, le panorama défile devant mes lunettes de soleil : Cervin, Breithorn, Pollux, Castor, Liskamm, massif du Mont Rose… Sophie Richard, l’une des deux voix françaises, me ramène à la réalité : il est l’heure d’éteindre le lecteur, prochain rendez-vous devant

Le sentier climatique audio ou la nature comme vous n’en avez jamais entendu parler, avec des informations sur le Cervin, le Gornergrat (à droite) ou encore la fonte du glacier du Gorner.

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quand bon nous semble. Pour l’heure toute-fois, notre guide Thomas Dünsser aimerait surtout que nous regardions où nous mettons les pieds. Car si le sentier n’est pas difficile, il n’en est pas moins exposé. D’ici, le regard plonge directement 300 mètres en contre-bas, sur le glacier du Gorner et sa moraine médiane. Entre ses structures glaciaires tourmentées, la surface, d’un blanc éclatant, est parcourue de bédières et de petites dé-pressions.

Dans une heure, nous mettrons nos cram-pons pour prendre pied sur cette carapace. Mais en attendant, nous nous asseyons sur un rocher à proximité d’une poignée de fleurs jaunes pour écouter le chapitre suivant. Nous faisons connaissance avec quelques repré-sentants de la flore alpine, comme l’aster des Alpes, ses pétales violets et son cœur jaune vif, auxquels aucun insecte ne peut résister. A nos pieds poussent des herbes à chamois : autrefois, chasseurs, alpinistes et même fu-nambules mangeaient leurs racines dans l’espoir qu’elles leur permettent de se rire du vertige. Impossible par contre de dénicher un exemplaire de silène acaule. Aurait-il déjà été « dévoré » par des concurrents ? Il faut savoir que cette plante dissimule dans son coussinet un humus de feuilles décom-posées. Or ce substrat attire d’autres plantes, plus grosses, qui prennent la place des jolies fleurs roses. Mais le silène acaule n’est pas la seule espèce menacée d’éviction : du fait du changement climatique, disent les bota-nistes, les zones de végétation se décalent toujours plus vers le haut. Ainsi, on recense aujourd’hui pas moins de 61 espèces sur les sommets de plus de 3 000 mètres, contre 14 il y a encore un siècle ! La flore spécialisée de ces régions ne pouvant trouver refuge plus haut, elle disparaît.

Un glacier qui bouge

A partir du glacier, le sentier est balisé en bleu et blanc : pas question d’aller plus loin si l’on n’a pas l’expérience et l’équipement appropriés ! Les autres années, nous ex-plique le guide, on passait sans crampons jusqu’à la mi-août. Mais en ce début d’été, toute la neige a déjà fondu. Le départ, raide, est en glace vive, et nous sommes heureux de pouvoir compter sur la solide corde posée par le gardien de la cabane. Les temps ont changé : autrefois, comme nous l’avons appris avec l’audioguide, sentier, glacier et cabane étaient au même niveau, si bien qu’on traversait quasi à l’horizontale. Aujourd’hui,

1 La traversée du glacier est destinée aux randonneurs expérimentés. 2  L’aster des Alpes, irrésistible, et l’herbe à chamois (3) pour oublier sa peur du vide.  4 Andrea Kuster, Miss Earth Suisse, et Maximilian Horster, directeur de Climate Neutral Investments Ltd., sont les invités de myclimate. Ils écoutent sur leur audioguide les chapitres consacrés à la nouvelle cabane du Mont Rose. L’occasion de débattre…

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on ne peut éviter une raide descente suivie d’une remontée pénible à travers blocs et moraines. Comme presque tous les glaciers étudiés en Suisse, le glacier du Gorner fond. Selon « Les Alpes », le magazine du Club Alpin Suisse (CAS), il a récemment perdu pas  moins de 200 mètres en une année (2007/08). Un recul certes exceptionnel, dû en grande partie au détachement de l’extré-mité de la langue glaciaire, très étroite. Néanmoins, l’année suivante, le géant de glace a encore perdu six mètres. Les grands glaciers supportent les sautes d’humeur à court terme du climat. S’ils fondent, c’est qu’on a affaire à un phénomène d’une tout autre ampleur.

Malgré leur rapide recul, les masses gla-ciaires, mises en valeur par un cadre mon-tagneux imposant, restent plus qu’impres-sionnantes. Nous nous sentons tout petits. Rythmée par le crissement de la glace sous les crampons, la marche se poursuit, le long des jalons en bois et le soleil dans les yeux. Nous sautons par-dessus une bédière dont les eaux s’engouffrent à grand bruit dans une crevasse quelques mètres plus loin. La glace bouge, elle craque, et voilà un rocher qui perd l’équilibre dans un grand fracas. De sombres crevasses bâillent maintenant à droite comme à gauche. Que ferions-nous si notre guide n’était pas là pour nous tailler des marches dans cette étroite bande de glace ?

Peu avant de quitter le glacier, nous levons les yeux sur les 300 derniers mètres de sentier qui nous séparent encore du but. En-cadrés par deux sommets de 4 000 mètres, la Pointe Dufour et le Liskamm, les murs de la cabane brillent au soleil.

L’atelier du futur

Construite en collaboration avec l’EPF à l’oc-casion des 150 ans de l’école, cette cabane, qui aura coûté six millions de francs, est bien plus qu’un abri pour alpinistes. C’est un la-boratoire de la construction durable, un ate-lier de l’efficience énergétique et de l’utilisa-tion des ressources renouvelables : la façade en aluminium dissimule ainsi une couche isolante de 30 cm d’épaisseur ; l’escalier en colimaçon, véritable signe distinctif de la cabane, n’est en réalité rien d’autre qu’un imposant conduit de ventilation, l’aération contrôlée permettant d’éviter que la chaleur se perde trop facilement et garantissant une température constante dans les pièces. L’ob-jectif était en effet de parvenir à une auto-nomie énergétique de 90% et de réduire de

deux tiers les émissions de CO2 par nuitée par rapport à l’ancienne cabane.

Peter Planche, ancien président de la section Mont Rose du CAS, a accompagné le projet depuis le début des travaux. Derrière une lourde porte d’aluminium, il nous fait dé-couvrir la salle des machines avant de nous expliquer qu’il aura fallu tirer au total plus d’un kilomètre de câbles, mais aussi que de nom-breux accumulateurs et un énorme réservoir permettent de stocker l’électricité et l’eau chaude produites avec l’énergie solaire. Un générateur à l’huile de colza fait entendre son ronronnement, signe de l’activité qui règne en cuisine.

Si sophistiquée soit-elle, la cabane, ou-verte en mars, n’a pas échappé à quelques maladies de jeunesse. Il faut dire que le niveau de fréquentation attendu sur l’en-semble de la saison, soit 5 000 visiteurs, a été atteint dès la mi-parcours. Trop, beau-coup trop, pour le système d’épuration des eaux usées. Résultat, les toilettes em-pestent, et Peter Planche ne décolère pas : « L’odeur est insupportable. L’eau qui sort du système d’épuration devrait être couleur Rivella. Aujourd’hui, ça ressemble plus à du Coca. »

L’eau. Pour un gardien, c’est la priorité entre toutes. « Les géologues nous avaient assuré que la caverne située derrière la ca-bane était étanche, poursuit Peter Planche. Mais ils s’étaient trompés. Il a donc fallu la tapisser d’un revêtement étanche. Cet hiver, le gardien a dû faire un trou à la tronçonneuse dans la glace épaisse du lac du Gorner afin que de l’eau puisse ensuite être transportée jusqu’à la caverne par hélicoptère. »

Au repas du soir, les problèmes sont ou-bliés. Tout en dégustant nos quatre plats, nous admirons tantôt la vue à travers les fenêtres panoramiques, tantôt l’ossature boisée du restaurant, élégant résultat d’un découpage numérique. Les alpinistes se retirent dans leurs chambres huit places : pour eux, le lever est fixé à 2 heures. Pour notre part, nous avons le temps et sortons profiter de l’air du soir. Tandis que les glaces du Liskamm s’embrasent dans la lumière du soleil couchant, un cairn dressé devant la cabane nous fait repenser à l’homme barbu : « Mes figures de pierre sont des repères pour l’avenir. Où vont-elles ? » Bernard van Dierendonck

Les audioguides sont disponibles gratuitement à la gare du Gorner-grat, à Zermatt (dépôt exigé). Le récit peut aussi être téléchargé sur un téléphone portable via une borne spécifique. Le sentier clima-tique audio en intégralité sur www.sentierclimatiqueaudio.ch

Le sentier est balisé et accessible aux montagnards ayant l’expé-rience de la randonnée alpine. Si le glacier est sec, les crampons sont indispensables. La randon-née au départ de la station  du Rotenboden prend 3 heures (même chose pour le retour).  La saison s’étend jusqu’à la fin septembre. L’hiver, l’itinéraire n’est pas balisé et ne peut se  faire qu’en skis de randonnée.

Informations sur la cabane  et réservations : www.section-monte-rosa.ch

Informations générales : www.nouvellecabanedumontrose.ch

A travers la Fondation du Jubilé,  le Credit Suisse a soutenu le CAS à hauteur de 25 000 francs dans  la construction de la nouvelle ca- bane. Et il entretient depuis 2009 un partenariat avec l’organisation myclimate.

Guides de montagne :www.alpincenter-zermatt.ch

D’autres photos sur le sentier climatique ainsi que les fichiers audio via le code QR.Mode d’emploi : téléchargez le BeeTagg Reader sur votre smartphone, photographiez le code et obtenez le lien.

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question du traitement des données des clients et sur l’importance d’une collaboration loyale et respectueuse dans l’environnement de travail.

150 nouvelles places d’apprentissage

Dans son allocution, Hans-Ulrich Meister a rappelé l’engagement du Credit Suisse pour la promotion de la relève. Depuis plusieurs années, la banque déploie des efforts parti-culiers pour offrir aux jeunes de bonnes pers-pectives professionnelles. Même en temps de crise, il faut continuer à investir dans la  formation des jeunes. Voilà pourquoi le Credit Suisse, qui compte parmi les princi-paux employeurs de Suisse, a lancé en dé-cembre 2009 une initiative par laquelle il souhaite augmenter de 25% en dix ans le nombre de ses places d’apprentissage pour le porter à 750. Il entend ainsi soutenir la place économique suisse et la qualité de sa formation tout en réagissant au problème actuel du chômage des jeunes.

L’engagement de la banque en faveur de la formation a également un écho positif au-près de ces jeunes à l’aube de leur vie pro-fessionnelle : « J’ai choisi le Credit Suisse notamment parce qu’il porte un grand intérêt aux apprentis et s’investit beaucoup pour eux », a expliqué Federico. Le jour de l’ac-cueil, il était impatient d’en apprendre davan-tage sur son employeur et de nouer des contacts. Sa collègue, Helena, ne cachait pas sa curiosité, elle non plus : « La semaine d’introduction va me permettre de mieux connaître le Credit Suisse et de me faire

Le Credit Suisse accueille ses nouveaux apprentis

Le 2 août dernier, 185 jeunes âgés de seize ans pour la plupart attendaient avec impa-tience le lancement de « Start-Up Credit Suisse », la journée d’accueil organisée par l’équipe Young Talents. La nuit avait été mau-vaise pour beaucoup d’entre eux, non pas à cause des feux d’artifice tirés la veille à l’oc-casion du 1er août, mais parce que leur vie allait prendre un nouveau tournant. Affluant de toute la Suisse alémanique, ils se sont retrouvés au Forum St. Peter de Zurich pour entreprendre leur « voyage » au sein du Credit Suisse, un voyage qui allait débuter par trois jours d’introduction et se poursuivrait avec leur formation dont la journée d’accueil mar-quait le coup d’envoi.

Premiers pas dans un nouveau monde

« Je voudrais d’emblée vous féliciter à plu-sieurs titres : d’abord, parce que vous avez été sélectionnés parmi des milliers de can-didats, ensuite parce que vous avez choisi le Credit Suisse comme employeur, et enfin parce que vous vous êtes lancés dans un apprentissage. » C’est par ces mots que Marion Fürbeth, membre de l’équipe Young

Comme chaque année après les vacances d’été, de nouveaux apprentis ont commencé leur formation bancaire ou informatique au Credit Suisse. La journée d’accueil « Start-Up Credit Suisse » avait pour but de faciliter leurs débuts tout en leur permettant de nouer de premiers contacts.

Talents de Zurich, a accueilli les nouveaux apprentis venus de toute la Suisse aléma-nique et réunis pour la première fois dans le cadre de cette rencontre avant d’entamer leur formation bancaire ou informatique. D’autres manifestations de bienvenue avaient été organisées pour les apprentis de Suisse romande et du Tessin dans leurs régions linguistiques respectives. Michael Steiner, collaborateur de la Business School, et d’autres spécialistes internes avaient pour mission, ce jour-là, de présenter aux nou-veaux venus la culture d’entreprise et les principes directeurs du Credit Suisse pour faciliter leur entrée dans le monde du travail. Ils étaient soutenus dans cette tâche par Hans-Ulrich Meister, CEO du Credit Suisse en Suisse.

Des exemples tirés de la pratique et une séance de questions interactive ont permis aux apprentis de bien appréhender les diffé-rents thèmes présentés. Après avoir exposé l’historique de la banque, les intervenants ont notamment abordé son Code de conduite et ses dix valeurs-clés impératives pour tous les collaborateurs. L’accent a été mis sur la

Les apprentis dessinent leur début de carrière dans la banque et en discutent avec leurs voisins.

Les apprentis font connaissance et partagent leurs expériences.

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Nouvel axe de travail  La fondation Speranza  a élargi son champ d’action en lançant le projet « Evaluation en vue d’une réorien-tation professionnelle ». Grâce à un bilan de compétences avec conseil en gestion de carrière, celui-ci doit permettre à des jeunes au chômage malgré une formation initiale achevée de basculer vers des secteurs plus porteurs en suivant une formation adéquate. « Ce projet augmentera nettement leurs chances de ré- insertion sur le marché du travail », promet Jörg Sennrich. Avec le sou- tien du Credit Suisse, qui finance ce projet dans le cadre de son initiative de lutte contre le chô-mage des jeunes, environ un millier de jeunes pourront bénéficier chaque année de cette évaluation.

Le dernier espoir

Midi, au restaurant du centre sportif Baregg, près de Baden. En cuisine, on travaille à plein régime : en plus des menus, un banquet de cent couverts doit être préparé pour le soir. Tobias Gspandl, 18 ans, chargé du dessert, filtre la crème anglaise à travers un chinois. Sa formation de cuisinier, il l’a entamée il y a deux semaines : « Je me donne vraiment du mal, dit-il, car je ne veux pas rater ma der-nière chance. »

Comme 2 500 jeunes en Suisse chaque année, Tobias s’est retrouvé sans place de formation à la fin de sa scolarité obligatoire, sans autre avenir que celui de dépendre un jour des aides sociales. Ses problèmes ont commencé dès le secondaire : « J’étais le mouton noir de la classe. Un jour, j’en ai eu assez de subir les brimades de mes cama-rades, j’ai commencé à sécher les cours, mes notes ont plongé. » Lors de ses apprentis-sages à l’essai, il s’exerce au basket avec marmites et pommes de terre. Sa formation de cuisinier tourne court. Vient ensuite la dixième année à l’école cantonale de forma-tion professionnelle, dont il est renvoyé pour

Chaque année, en Suisse, 2 500 jeunes se retrouvent sans place d’apprentissage. Leur éviter une existence d’assistés et leur donner une place dans la société, telle est la mission de la fondation Speranza.

raisons disciplinaires. A 16 ans à peine, le voilà réduit à se rendre dans un Office régio-nal de placement. C’est là qu’il entend parler de Speranza.

S’insérer sur le marché du travail

Lancé en 2006 par le conseiller national ra-dical Otto Ineichen, lui-même entrepreneur, le projet Speranza 2000 a donné naissance deux ans plus tard à la fondation Speranza. Cette fondation représente souvent le dernier espoir pour les jeunes de moins de 25 ans qui n’ont aucune perspective professionnelle. « Nous intervenons là où l’Etat a les mains liées, ce qui fait que nous comblons une lacune », dit Jörg Sennrich, son directeur. Le credo de la fondation : ne laisser personne sans débouché. Il faut savoir que le manque de formation professionnelle coûte très cher à la collectivité. Les jeunes qui dépendent de l’aide sociale, suivent des programmes d’in-tégration ou purgent des peines pèsent lourd dans les budgets publics : plusieurs millions de francs, selon Jörg Sennrich.

L’engagement de la fondation s’articule autour de deux axes : la création de places de formation et le coaching. Des « net-workers » connaissant bien le monde de l’entreprise incitent les entrepreneurs à créer de nouvelles places d’apprentissage ou de stage. Près de 10 000 places de formation ont ainsi vu le jour. « Il ne s’agit pas de places dans des ateliers protégés, mais d’une réelle insertion sur le marché du travail. Ce sont souvent des formations professionnelles ini-tiales de deux ans avec attestation fédérale pour élèves en difficulté scolaire. »

Speranza dispose également d’un Institut de Formation (IfB) qui accueille pendant 12 à 18 mois des jeunes particulièrement mal ar-més pour une « année de formation » destinée à les préparer au marché du travail. Ceux-ci reçoivent le soutien de spécialistes expéri-mentés et d’entrepreneurs qui leur servent de coachs. « La plupart des jeunes pré-sentent des problèmes complexes (origines étrangères, lacunes scolaires, délinquance) ainsi qu’un manque total de motivation. Sou-vent, leur seul objectif dans la vie est de se

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une idée précise de ce qui m’attend. J’ai hâte de commencer mon apprentissage et de dé-couvrir plein de choses. » Tout au long de la journée, les participants avaient la possibi-lité de s’entretenir entre eux et de tisser des liens. Ils ont dû, par exemple, dessiner en couleur leur début de carrière au Credit Suisse et en discuter avec leurs voisins, ce qui était un bon moyen d’évacuer l’anxiété. « Je suis moins nerveux à présent mais, le premier jour de travail, je le serai certaine-ment à nouveau, car j’ai un peu peur de com-mettre des erreurs, a confié Marco. Cela dit, grâce à la rencontre d’aujourd’hui, j’ai saisi comment les gens pensaient et travaillaient. Maintenant j’envisage les trois prochaines années avec plus de joie que d’anxiété. »

Cette année, ce sont quelque 220 jeunes qui entament leur formation professionnelle au Credit Suisse. Dans la seule région de Zurich, on en compte vingt de plus qu’en 2009. La banque considère que sa volonté d’augmenter le nombre de places d’appren-tissage relève de sa responsabilité d’entre-prise, mais aussi de sa stratégie commer-ciale : les aptitudes des apprentis à l’issue de leur formation en font des collaborateurs pré-cieux et très recherchés. Hans-Ulrich Meister

a rappelé que l’apprentissage, tel qu’il est conçu en Suisse, était unique au monde et présentait de nombreux avantages : « Les connaissances étendues qu’il confère tant au niveau théorique qu’au niveau pratique per-mettent de maîtriser un domaine à fond. » Pour peu que l’on soit mobile et disposé à suivre une formation continue, l’apprentis-sage constitue donc un tremplin idéal pour une carrière très prometteuse au sein de la banque. En effet, 85% des apprentis du Credit Suisse ont obtenu en 2009 un emploi ferme une fois leur diplôme en poche. Et, comme l’a souligné Hans-Ulrich Meister, il ne faut pas que ça change. Fabienne de Lannay

750apprentis d’ici à 2012

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la couler douce. Ils n’ont pas le sentiment de faire partie de la société, de devoir eux aussi lui payer leur écot, explique Jörg Sennrich. Nous devons donc tout reprendre à la base, en leur inculquant des valeurs telles que le sens de l’ordre, la ponctualité, la persévé-rance et la responsabilité. » Des camps de plusieurs semaines en régions montagneuses permettent aux jeunes de restructurer leur quotidien et d’effectuer des travaux au cours desquels ils acquièrent les compétences clés nécessaires à l’insertion sur le marché du

   Pour plus d’informations :  www.fondationsperanza.ch

Afin de soutenir sur le long terme la formation et l’emploi en Suisse, le Credit Suisse s’engage pour l’amélioration des perspectives professionnelles des jeunes. Dans le cadre de son programme  de lutte contre le chômage des jeunes, il a versé 30 millions de francs qui, au cours des trois à  cinq prochaines années, seront investis dans le  cadre de collaborations avec sept partenaires.

Sur le même thème :« Die Chance », fondation d’insertion profession-nelle de Suisse orientale (bulletin 2/2010),  et « Intégration pour tous », projet Jeunes@Work (bulletin 3/2010)

« Je ne veux pas laisser passer ma dernière chance » : Tobias Gspandl (18 ans) a trouvé une place d’apprentissage grâce à Speranza.

travail. Ensuite, seulement, commence la phase de réflexion professionnelle propre-ment dite. Les jeunes essaient d’améliorer leurs points faibles, effectuent des stages pour choisir au mieux leur orientation profes-sionnelle et travaillent pour obtenir un certi-ficat de capacités.

Les jeunes chômeurs qui se tournent vers Speranza sont adressés par les services can-tonaux ou par les communes. C’est le cas de Tobias Gspandl, qui dit avoir eu du mal à s’adapter au système. Comme à l’école, il a

commencé par faire le clown. Avec son pre-mier coach aussi, il a eu des problèmes. Mais après la désignation d’un deuxième coach, Tobias a eu un déclic. Bien sûr, il y a encore eu quelques frictions, et aussi un peu de stress, car le coach avait sans cesse des exigences. Mais il ne perdait jamais son calme ni sa bienveillance. « A un moment, j’ai arrêté de me comporter comme un enfant, j’ai compris qu’il fallait être sérieux. » Après quelques stages, la récompense est venue : une place d’apprentissage au restaurant Baregg. Coût de cette année de formation : 21 000 francs. Pas grand-chose par rapport aux formations du même type ou même aux 43 000 francs qu’un jeune à la dérive coûte à l’Etat. Et le taux de réussite de Speranza est remarquable. Depuis 2007, au terme de l’année de formation, près de 300 jeunes ont trouvé une place d’apprentissage, soit près de 80% des 16-17 ans et entre 50 et 60% des plus de 18 ans. « Notre concept éducatif, à la fois global et individualisé, ainsi que notre contact avec le monde de l’économie se révèlent payants, pour les jeunes comme pour la collectivité », conclut Jörg Sennrich. Plus appréciable encore, grâce à Speranza, Tobias Gspandl a (re)pris confiance en lui. Dans son carnet, il dessine déjà les plans de son futur hôtel, au bord de la mer. Michael Krobath

Le Credit Suisse est convaincu que sa responsabilité  vis-à-vis de la société et de l’environnement est un facteur essentiel de son succès économique à long terme.

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56 Economie  Santé

bulletin 4/10 Credit Suisse

  Le grand  écart du système de  santé

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  Hôpital universitaire  Hôpital cantonal   Hôpital régional/de district, 

cliniques psychiatriques, cliniques de réadaptation, cliniques privées,  cliniques spécialisées

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Credit Suisse bulletin 4/10

Santé  Economie 57

  Le grand  écart du système de  santé

Le système de santé suisse doit réduire ses coûts tout en garantissant à la population  un accès illimité aux prestations. On assiste, d’une part, à un accroissement permanent  de la taille des établissements et, d’autre part, à une réduction des disparités en  termes de couverture régionale. Le réseau des prestataires de services de santé est  au jourd’hui beaucoup plus étendu qu’il y a dix ans. Reste à savoir dans quelle mesure cette expansion géographique pèse sur les dépenses de santé.    >>>

Texte : Manuela Merki, Senior Economist, Credit Suisse Economic Research

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58 Economie  Santé

bulletin 4/10 Credit Suisse

La santé a un coût. En Suisse, il se chiffre aujourd’hui à plus de 10% du PIB, ce qui place le pays au troisième rang mondial des dépenses de santé, derrière les Etats-Unis et la France. En contrepartie, notre système de santé joue aussi les premiers rôles en termes de qualité : l’espérance de vie est parmi les plus longues au monde (femmes : 84,4 ans, hommes : 79,7 ans), et des son-dages témoignent régulièrement de la pleine satisfaction de la population à l’égard des prestations offertes.

Le débat sur l’avenir du système de santé n’en reste pas moins dominé par les craintes liées à l’explosion des coûts. On estime à plus de 60 milliards de francs les prestations sanitaires fournies en 2009, et la tendance est à la hausse (cf. graphique 1). Résultat : non seulement les patients doivent de plus en plus mettre la main à la poche pour régler primes d’assurance maladie et participation aux coûts, mais les dépenses de santé finan-cées indirectement via les caisses de l’Etat grimpent aussi chaque année de 4,7% en moyenne (1998–2007).

Incitations à la surconsommation

Tous les domaines sont concernés par cette hausse marquée des dépenses, qui s’est établie à 3,7% par an entre 1998 et 2007. Les prestations hospitalières ambulatoires sont les plus touchées, du fait notamment d’un transfert de prestations du domaine stationnaire.

L’augmentation des dépenses de santé est bien plus affaire de volume que de prix. De 1998 à 2008, la hausse moyenne des prix s’est en effet limitée à 0,4%. On note cependant des écarts parfois considérables entre les différents biens et services. Si les tarifs des prestations hospitalières ont pro-gressé de 1,3% par an, ceux des prestations des médecins sont restés stables, et les prix des médicaments ont même chuté (–1,8% par an).

La forte progression des volumes ne doit rien au hasard, tant la croissance démogra-phique et le vieillissement de la population tirent vers le haut la demande de prestations. Mais la hausse des dépenses s’explique aussi en grande partie par les exigences ac-crues des patients et par la logique même du système, qui favorise une fourniture (trop) importante de prestations. Si les ménages privés assument une part considérable des dépenses, leur contribution prend essentiel-lement la forme de cotisations d’assurance et ne dépend pratiquement pas des presta-

tions consommées. De leur côté, les presta-taires sont pareillement incités à augmenter les volumes. En simplifiant, on peut dire que les « bons médecins », qui guérissent leurs patients rapidement et durablement, gagnent moins que les « mauvais », qui ont peu de résultats pour beaucoup de moyens déployés. Le manque de certitudes quant à l’efficacité des traitements prescrits renforce encore la tendance à la consommation.

Il est rare qu’une prestation de santé soit prescrite, utilisée et payée par une seule et même personne. Le plus souvent, l’informa-tion, découpée entre les différents acteurs, n’est pas librement accessible. Les coûts effectifs ne sont donc pas connus des inter-venants au moment de leur prise de décision. L’accroissement des dépenses induit par tous ces éléments a amené le système au bord de l’implosion.

Pourtant, les réformes n’avancent que très lentement. En Suisse, les dépenses de santé sont supportées par un grand nombre d’acteurs. Le système actuel profite à trop de monde pour que puisse naître une réelle volonté de changement. Cela étant, face à la pression croissante des coûts, les choses ont commencé à bouger.

On relève ainsi certaines évolutions dans la structure de l’offre, et notamment, ces dix dernières années, une tendance à la concen-tration observée pour l’ensemble des pres-tataires de santé. Quand il n’a pas reculé, comme dans de nombreux domaines, le nombre d’établissements a progressé bien moins rapidement que le nombre de postes à plein temps. Ces dix dernières années, seules la psychothérapie/psychologie et la médecine générale ont connu une baisse du nombre d’employés (en équivalents plein temps). La médecine spécialisée (cliniques et praticiens) a crû beaucoup plus rapide-ment que la médecine générale.

Concentration hospitalière

Le phénomène de concentration est particu-lièrement marqué pour les hôpitaux et les médecins, qui représentent des coûts très importants, ainsi que pour les soins à domi-cile. Cette évolution s’explique par les gains d’efficience qu’elle induit, mais aussi par la pression du pouvoir politique et de l’opinion publique. La réforme du financement des hô-pitaux et la mise en place du forfait par cas en 2012 créeront une dynamique supplémen-taire et devraient conduire à une simplifica-tion du paysage hospitalier. Le « Managed Care » devrait quant à lui intensifier la concur-

1  La Suisse sur le podiumLa Suisse consacre plus du dixième de son PIB à son système de santé. Seuls les  Etats-Unis et la France dépensent plus. Sources : OFS, SECO, Credit Suisse Economic Research

40

45

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En mrd CHF BIP

35

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98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09

Total des dépenses de santéPIB

2  Moins de disparités régionalesEntre 1998 et 2008, les disparités régionales dans le ratio personnel de santé/habitants  se sont réduites.   Sources : OFS, Credit Suisse Economic Research

19982008

0,1

0,2

0,3

0,0

Hôpitauxgénéraux

Cabinetsmédicaux

Soins Total

0,5

0,6

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0,4

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Santé  Economie 59

rence entre les différents modèles de cou-verture et renforcer la tendance à la création de cabinets médicaux et de réseaux de mé-decins de grande taille.

Le secteur de la santé est tiraillé entre, d’une part, des impératifs de concentration et de spécialisation et, d’autre part, la né-cessaire proximité avec le client/patient. Si les objectifs de division du travail et d’effi-cience parlent bien souvent en faveur d’une concentration accrue, la proximité avec le consommateur et le mandat de prestations vont à son encontre.

La répartition géographique des presta-taires de santé se caractérise par une forte concentration autour des centres écono-miques, qui représentent d’importants bas-sins de demande et jouent le rôle de pôles de compétences et de prestations supraré-gionaux.

Cette concentration dans les centres ne s’est pas faite au détriment des régions périphériques. L’évolution de la couverture de soins régionale ne fait apparaître qu’ici et là des processus de concentration et de >

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spécialisation. Le ratio personnel de santé/habitants montre même que les disparités régionales ont tendance à s’amenuiser (cf. graphique 2).

Meilleure couverture en périphérie

Si l’on se réfère au nombre de prestataires disponibles dans un rayon de trente minutes, on s’aperçoit que la couverture de soins s’est dans certains cas étoffée plus rapidement dans les zones périphériques. Il se produit donc un nivellement entre les régions. L’amé-lioration de la couverture de soins dans cer-taines régions périphériques est particulière-ment sensible au niveau des hôpitaux géné-raux (cf. graphique 3) et des médecins.

Voilà qui a de quoi surprendre quand on sait les craintes qui peuvent exister quant à une faiblesse, voire à une insuffisance de l’offre dans ces régions. On peut supposer que cet étalement de l’offre de soins et la forte couverture en zone rurale ne sont pas le fruit uniquement de repositionnements et de spécialisations, mais découlent aussi d’une volonté politique. Dans la médecine

générale en particulier, un développement très important des régions périphériques est peu pertinent d’un point de vue économique. Reste à savoir dans quelle mesure l’expan-sion géographique du système de soins et le décalage entre les zones d’attraction et les décisions politiques pèsent sur l’évolution des coûts.

L’actuelle structure décentralisée de ré-glementation et de décision est une spécifi-cité suisse. Les différentes attributions, pour partie imbriquées, de la Confédération, des cantons et des communes forment un en-semble très complexe qui accouche parfois de conflits de compétences, de doublons ou de solutions inadaptées. Au vu des objectifs de concentration et de réduction des coûts, il sera de plus en plus difficile de concilier politique nationale et politique régionale.

Le cadre réglementaire actuel est un frein à la concurrence. A moyen terme, il serait bon de créer un véritable marché intérieur. Au-delà de l’offre médicale de base, de nom-breuses prestations peuvent en effet être fournies et consommées avec un temps

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60 Economie  Santé

bulletin 4/10 Credit Suisse

de décalage en dehors du lieu de résidence. Par ailleurs, le secteur de la santé s’apprête à connaître lui aussi une internationalisation croissante, à laquelle un durcissement de la concurrence intérieure le préparerait de ma-nière optimale. La transparence quant aux prestations fournies et la qualité même de ces dernières sont donc appelées à jouer un rôle essentiel à l’avenir.

Les projections concernant les futurs be-soins régionaux et le potentiel de développe-ment régional montrent que des opportunités s’offriront aussi aux différentes régions dans un marché plus compétitif et dans un con-texte de spécialisation accrue. Exception faite des soins de base, la clé réside en l’oc-currence dans la spécialisation et la concen-tration des compétences. Dans les régions de croissance autour des centres écono-miques, les besoins concernent surtout l’offre médicale de base (cf. graphique 4). Dans les régions rurales, il faut s’attendre à un développement supérieur à la moyenne no-tamment dans le secteur des soins. La den-sité des prestations y est en effet plutôt faible alors que le coefficient de vieillisse-ment (proportion des plus de 65 ans par rap-port aux personnes âgées de 20 à 64 ans) devrait fortement progresser. Le secteur de la réadaptation et des cures, le bien-être et la beauté offrent eux aussi des perspectives de développement. La meilleure stratégie à long terme consistera donc à suivre de près les évolutions des structures d’organisation et de marché pour en tirer le meilleur parti. <

3  A une demi-heure du premier hôpitalDe 1998 à 2008, l’offre de soins en zone rurale s’est densifiée. Cette évolution, qui dans  les régions périphériques s’avère peu pertinente d’un point de vue économique, est sans aucun doute pour partie le fruit d’une volonté politique.  Sources : OFS, Credit Suisse Economic Research

4  Des besoins différents à la ville et à la campagneA proximité des centres économiques, l’offre médicale de base fait l’objet d’une demande  plus forte. Dans les zones rurales, la part plus importante de personnes âgées va accroître  le besoin de prestations de soins.  Sources : OFS, Geostat, Credit Suisse Economic Research

–100%de –100% à –20,2%de –20,1% à – 4,7%de – 4,6% à – 2,4%de – 2,3% à – 0,8%de – 0,7% à 0,3%

de 0,4% à 1%de 1,1% à 1,5%de 1,6% à 2,1%de 2,2% à 2,7%de 2,8% à 3,5%de 3,6% à 4,5%

de 4,6% à 6,2%de 6,3% à 9,5%de 9,6% à 18,1%

0 40 8020 km

Evolution de l’accessibilité des hôpitaux

Croissance démographique 2008–2020

16,1%–22,7%12,1%–16%8,1% –12%4,1%– 8%0,3%– 4%

Recul de la population 2008–2020

de – 3,9% à –0,6%de –7,9% à – 4%de –11,7% à – 8%

0 50 10025 km

Densité de la couverturemédicale de base 2008

1– 56 –1011–1516 –20 = moyenne CH21–2526 – 3031– 37

Le Credit Suisse, centre  d’observation de l’économie nationale suisse

La nouvelle publication de la banque sur le système de santé suisse a été présentée aux médias le 24 août 2010. Cette étude  prend le pouls du système, notam-ment dans sa dimension régionale, analysant tant son influence au cœur des économies locales que l’offre de santé pro posée à la population. Retrouvez cette étude dans son intégralité sur :  www.credit-suisse.com/research (Economie suisse/Branches).

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bulletin 4/10 Credit Suisse

62 Economie  Exportations

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 Destination le monde :les produits suisses qui se vendent à l’étranger 35 750 milliards de dollars ont été dépensés en une année dans le monde  pour la consommation privée. Un marché dont profite aussi la Suisse grâce à ses entreprises d’exportation.

Texte : Dennis Brandes, Credit Suisse Economic Research

L’objectif de toute activité économique est la consommation, considérée comme la de-mande totale de ménages privés en biens et services les plus divers (articles de luxe, loyer, nourriture, vacances, prestations sanitaires). Nous ne travaillons pas pour épargner ou pour investir, mais pour couvrir nos besoins et ceux de nos proches, aujourd’hui comme demain. Bien sûr, nous épargnons et investissons également, ce qui réduit la consommation actuelle mais qui, pratiqué à bon escient, aug-mente d’autant la future prospérité et donc les futures possibilités de consommation.

Rien d’étonnant donc à ce que la majeure partie de la performance économique mon-diale soit dépensée à des fins de consom-mation privée. En 2008, il s’agissait de 35 750 milliards de dollars, soit 60% du PIB mondial ou 70 fois la performance écono-mique helvétique annuelle. Une grande part de la consommation d’un pays est satisfaite directement sur place – comme pour le loyer ou les aliments cultivés localement. Mais de

nombreux biens de consommation viennent aussi du monde entier, comme les voitures allemandes, les téléviseurs coréens ou les meubles suédois. Les consommateurs suisses disposent ainsi d’un choix beaucoup plus vaste que ne pourraient leur proposer les fabricants helvétiques à eux seuls. A l’in-verse, les producteurs suisses disposent d’un marché qui ne se limite pas à la Suisse. Au lieu des 7,6 millions de clients potentiels, ils peuvent tabler en théorie sur presque cent fois plus. Et même si les entreprises suisses de biens de consommation ne peuvent pas compter chaque citoyen du monde parmi leurs clients, leurs produits se retrouvent souvent en tête des classements.

Une success story suisse

Les exportations de biens de consommation constituent une part importante des expor-tations globales helvétiques. L’an dernier, 92,4 milliards de francs suisses ont été ex-portés en biens de consommation, soit 51,3%

de toutes les exportations. Proportionnelle-ment mais aussi au niveau de leur résistance aux crises, les exportations de biens de consommation ont été les plus fortes en 2009 et ont enregistré, avec –3,2%, un recul nettement inférieur à celui des exportations globales suisses, qui ont chuté de 12,5%.

Les fabricants suisses exportent un large éventail de produits et sont compétitifs dans de nombreux domaines. Mais comme le mon-trent les statistiques du commerce extérieur, près de 90% des exportations de biens de consommation (graphique  1) sont réalisées dans quatre secteurs principaux. Le plus gros poste est constitué par les médicaments. Avec près de 60 milliards de francs, il repré-sente les deux tiers des exportations de biens de consommation et un tiers des expor-tations en général. C’est aussi aux exporta-tions pharmaceutiques que peut être attri-buée la bonne performance enregistrée du-rant l’année de crise 2009. En effet, alors que les exportations de la plupart des

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Credit Suisse bulletin 4/10

Exportations Economie 63

–2.0

–1.0

–3.0

–4.0

0

1.0

2.0

3.0

4.0

Ecarts types

0989 91 93 95 97 99 01 03 05 07

Seuil de croissance baromètreExportations (taux de croissance annuel en %)Croissance tendancielle des exportations (moyenne glissante sur 6 mois)Baromètre (+1T)

Médicaments (y c. articles d’hygiène) 62,9%Montres 13,4%Denrées alimentaires 6,3%Bijouterie, bijoux et joaillerie 5,7%Vêtements et chaussures 2,2%Produits d’entretien et de nettoyage 1,2%Aménagement intérieur 1,0%Autres 7,2%

groupes de marchandises reculaient, celles du secteur pharmaceutique ont grimpé de plus de 5%.

A la deuxième place des exportations de  biens de consommation, on trouve les montres, l’un des produits suisses les plus typiques. Malgré la récession mondiale, les exportations du secteur ont encore totalisé 12,4 milliards de francs suisses en 2009, avec toutefois une baisse de plus d’un cinquième par rapport à 2008. Viennent ensuite les denrées alimentaires, relativement stables (5,8 mrd CHF en 2009, 0,9% comparé à 2008), suivies des articles de bijouterie, plu-tôt sensibles à la conjoncture (5,3 mrd CHF en 2009, –11,5% comparé à 2008). Pour l’économie exportatrice suisse, cette combi-naison entre marchandises fluctuant forte-ment avec la conjoncture et celles moins in-fluencées est un atout qui lui permet non seulement de participer à l’essor économique, mais aussi de mieux surmonter les crises que d’autres pays.

Perspectives selon l’indicateur export

Après l’effondrement de 2009, la situation des exportateurs s’est améliorée en 2010. Cette tendance va-t-elle se maintenir au cours des prochains mois ? Pour répondre à cette question, l’Osec et le Credit Suisse ont développé conjointement l’indicateur export des PME, qui tient compte de la demande étrangère et du climat export des PME suisses (encadrés). Ces deux paramètres ont enregistré une hausse au troisième trimestre.

Le baromètre des exportations du Credit Suisse, qui exprime la demande étrangère en produits helvétiques, a continué sa pro-gression au cours des trois derniers mois. Au troisième trimestre, une valeur de 1,1 a été atteinte, ce qui est nettement supérieur au seuil de croissance de –1 et aussi au-delà de la valeur nulle, qui signale une normalisation (graphique 2). On observe certes un ralentis-sement de la dynamique, mais le baromètre se maintenant au-dessus du seuil de crois-sance, les prévisions restent favorables pour les exportations suisses.

Les perspectives export de l’Osec in-diquent, quant à elles, comment sont per-çues les impulsions étrangères dans les PME. Au troisième trimestre 2009, l’Osec a ob-servé un léger tassement du climat export, de 76,8 à 68,5 points, une valeur encore nettement supérieure au seuil de croissance de 50 points. Les fabricants de biens de consommation se déclarent toutefois très optimistes. <

Baromètre des exportations du Credit Suisse

Le baromètre des exportations du service Economic Research  du Credit Suisse se base sur l’indice des directeurs d’achat (PMI) des 28 principaux pays de débouchés de la Suisse. Il s’appuie sur le fait que la conjoncture étrangère se répercute systématiquement sur l’évolution des exportations en Suisse, avec un décalage pouvant  aller jusqu’à six mois.Plus d’informations à ce sujet : Credit Suisse (2009), Commerce extérieur suisse : faits et tendances, Swiss Issues Branches, disponible sur www.credit-suisse.com/research

Perspectives export PME de l’Osec

Les perspectives export des PME se basent sur un sondage trimestriel réalisé auprès d’un panel fixe de plus de 200 PME suisses. Les  participants représentent les branches pharmacie/chimie, construc-tion mécanique, biens de consommation, métallurgie, papier,  électrotechnique, industrie de précision et services. Outre des infor-mations relatives aux volumes exportés, les sondés donnent des explications sur les changements intervenus au niveau de leur volume d’exportation, de leurs marchés cibles, etc. Ces données permettent de suivre l’évolution des activités d’exportation des PME suisses.Plus d’informations à ce sujet : www.osec.ch/exportindikator

1  Les médicaments sont les produits suisses qui s’exportent le mieuxLes médicaments et les montres représen-taient en 2009 les trois quarts des exportations suisses. Mais la diversification est essentielle. Source : Administration fédérale des douanes

2  Normalisation des exportations selon le baromètre du Credit SuisseL’industrie d’exportation suisse a dépassé  le creux de la vague, et les perspectives sont bonnes pour les mois à venir.  Sources : OCDE, Adminis-

tration fédérale des douanes, Datastream, Credit Suisse Economic Research

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Rendez-vous manqué ?La récente crise financière a offert aux entreprises, aux gouvernements et à la société  une occasion rare d’engager des changements en profondeur, de mettre  en œuvre des idées radicales et d’accélérer les réformes. Mais ont-ils su la saisir ?

Texte : Kevin Lyne-Smith, responsable Equity Research Europe and America

Ces cent dernières années, le monde n’a connu que quatre ruptures qui nous ont donné la possibilité de tout remettre à plat : les deux Guerres mondiales, la crise écono-mique de 1929, et récemment la crise finan-cière. Ainsi peut-on raisonnablement consi-dérer que la reconstruction de l’Allemagne et du Japon après la guerre est à l’origine de la réussite économique que connaissent aujourd’hui encore ces deux pays. Loin d’être aussi critique, la situation actuelle re-cèle, elle aussi, des opportunités. En effet, elle est en bien des points comparable à la  crise de l’entre-deux-guerres, laquelle avait également rendu indispensable de repenser totalement la réglementation du secteur financier.

En période de crise, les électeurs sont prêts à accepter des interventions radicales de la part de leurs gouvernants, pour autant qu’elles permettent de mettre un terme au problème. Ces phases se caractérisent par une perte de confiance progressive des populations, qui est attribuable d’une part à l’ampleur du chômage et des faillites d’entre-prises, de l’autre aux défaillances de cer-taines parties des marchés financiers, qui constituent le socle économique des pays développés. L’effondrement de plusieurs éta-blissements financiers a inquiété les clients qui ont craint pour leur épargne et leur re-traite. Bien entendu, la crise que nous venons de traverser n’a pas eu les conséquences

catastrophiques de celle de 1929. Néan-moins, la perte de confiance et de patrimoine engendrée a entraîné des problèmes budgé-taires qui ont limité la marge de manœuvre des gouvernements pour surmonter la crise. Il n’en reste pas moins que ces restrictions ont induit une plus grande discipline budgé-taire et ont permis à des solutions créatives de voir le jour.

Vu la diversité des initiatives envisageables, nous allons nous concentrer principalement sur l’Europe dans les six exemples qui suivent :

Intégration de l’UELe 1er janvier 1999, l’euro a été lancé sur les marchés financiers dans un climat de scep-ticisme. En 2002, il a remplacé les monnaies nationales de seize pays européens et s’est apprécié presque sans discontinuer face au dollar américain durant les six années sui-vantes. L’introduction de la monnaie unique aurait dû constituer le premier pas concret vers une intégration politique et économique des pays membres. Cependant, les pro-blèmes rencontrés par la Grèce et, dans une moindre mesure, par l’Espagne et l’Irlande, mettent en lumière l’insuffisance des progrès réalisés et les risques d’une situation où seize Etats ont certes une monnaie com-mune, mais agissent indépendamment les uns des autres. En Grèce, rien ou presque

n’a évolué depuis l’époque de la drachme, si  ce n’est que depuis son entrée dans la zone euro, le pays a pu accéder à des capi-taux artificiellement bon marché – à des taux qui correspondaient presque à ceux de l’Allemagne.

L’Europe devrait prendre exemple sur le système fédéral de la Suisse, lequel parvient à combiner parfaitement compétences ré-gionales et fédérales. Un modèle envisa-geable serait celui d’une Europe fédérale prévoyant une séparation claire des tâches entre le Parlement européen et les Etats membres et dotant l’un comme les autres du pouvoir de lever des impôts pour financer leurs dépenses.

Les économies les plus fortes auraient dû saisir leur chance de créer une Europe da-vantage intégrée.

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www.credit-suisse.com/mbulletin

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gique, l’élimination des barrières commer-ciales et l’assainissement des budgets pu-blics.

Réforme des retraitesCompte tenu de l’allongement de la durée de vie, il devient urgent de repenser les moda-lités de financement des systèmes sociaux. Peut-être les décennies à venir verront-elles une pénurie de main-d’œuvre frapper les entreprises européennes, conséquence de la faiblesse persistante du taux de natalité et du vieillissement de la population qui en découle. Toujours sur le Vieux Continent, l’al-longement de l’espérance de vie, laquelle, selon « The World Fact Book » publié par la CIA, dépasse en moyenne les 79 ans, donne lieu au versement de rentes sur des durées de plus en plus longues.

En dépit de cette mutation démogra-phique, l’âge de la retraite est resté jusqu’à il y a peu étonnamment stable. En Grèce, il vient de passer de 53 (!) à 63 ans, alors qu’en Espagne, on parle de le repousser de 65 à 67 ans. L’idée d’un âge limite pour tous ne serait pas sans fondement. L’un des défis qui se posent aux gouvernements réside dans l’impact psychologique du vieillissement : sur un marché du travail soumis au diktat du jeunisme, la plupart des personnes âgées de 55 ans et plus ont toutes les peines du monde à retrouver un emploi. Pour y remé-dier, on pourrait contraindre les entreprises à justifier pourquoi la pyramide des âges de leurs effectifs diffère de celle de la popula-tion nationale. Aux Etats-Unis, ce principe est consacré dans une loi de 1967 visant à lutter contre la discrimination des salariés à partir de 40 ans. Pour peu que l’on prenne la mesure de ce qu’impliquent une pénurie

SubventionsLes subventions peuvent être défi nies comme des « aides financières octroyées par le gou-vernement à une personne ou à un groupe pour soutenir une entreprise dont l’existence est considérée comme étant d’intérêt public ». Mais la notion d’intérêt public est particu-lièrement floue et elle est souvent utilisée pour protéger des industries politiquement sensibles qui ne sont pas compétitives, ce qui induit une distorsion de la concurrence. Les dernières négociations de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) se sont enli-sées, les Etats ne s’étant pas montrés inté-ressés par une suppression des subventions ou des barrières commerciales. Pourtant, c’est précisément maintenant, alors que les gouvernements veulent réduire leurs dé-penses, qu’il faudrait très sérieusement en-visager l’abolition des subventions, surtout de celles qui vont à l’encontre du concept d’économie durable. Ainsi, beaucoup de pays soutiennent encore la filière pêche, alors qu’une surpêche massive est scientifique-ment avérée. De même, l’eau est dans bien des cas disponible à des prix qui ne reflètent pas les coûts réels, ce qui conduit la popu-lation à la gaspiller et encourage des cultures en champ finalement improductives et sur-tout grosses consommatrices d’eau, comme le riz ou la luzerne, dans des régions semi-arides. En Europe, c’est toujours dans le cadre de la politique agricole commune que sont distribuées le plus de subventions. On saluera toutefois la récente annonce de l’arrêt de l’aide à l’industrie européenne du charbon en 2012. Bien sûr, il y a aussi des exceptions : en Suisse, par exemple, l’envi-ronnement et le tourisme profitent du soutien financier apporté à des fermes déficitaires. D’une manière générale, une suppression des subventions favoriserait la poursuite d’objectifs porteurs d’un point de vue écolo-

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que de petits producteurs. Ainsi, des consi-dérations de sécurité énergétique, mais aussi de protection de l’environnement, de-vraient inciter les politiques à inscrire le pas-sage à l’après-pétrole au nombre de leurs priorités.

La commercialisation de véhicules mus exclusivement par l’énergie électrique est une révolution pour l’industrie automobile, dont on devrait voir les nouvelles innovations déferler sur le marché au cours des pro-chaines années. Toutefois, aussi avancés qu’ils soient sur le front de la technologie écologique, les fabricants européens ne sauraient pour l’heure se passer d’un soutien, notamment pour l’implantation de stations de recharge. Les gouvernements pourraient s’inspirer de la législation californienne ou instaurer des incitations financières et fis-cales pour encourager l’avènement de la voiture électrique. Mais les plans de mesures étatiques ont jusqu’à présent surtout pro- fité aux véhicules munis de moteurs conven-tionnels. La facture de la prime à la casse en Allemagne s’est chiffrée à cinq milliards d’euros.

Si la crise financière a amené de nom-breux individus à porter un regard neuf sur le monde, il semble que nous ayons à ce jour manqué le rendez-vous du changement. Qu’attendons-nous pour agir dans une op-tique de long terme ? <

Energie nucléaireLa prise de conscience du changement climatique au sein du grand public offre un terrain idéal pour le maintien de l’énergie nucléaire. Les seules sources d’énergie renouvelable étant insuffisantes pour per-mettre de remplir dans les délais impartis les  objectifs de réduction des gaz à effet de  serre visés par le protocole de Kyoto, les gouvernements ont aujourd’hui l’occa-sion de faire d’une pierre deux coups. Un moratoire sur l’agrandissement de toutes les centrales à l’exception de celles produisant de l’énergie renouvelable (solaire, éolien) ou nucléaire marquerait une avancée décisive vers une réduction massive des émissions mondiales et, en diminuant la dépendance à l’égard des importations d’hydrocarbures, de charbon et de gaz, garantirait une sécu-rité d’approvisionnement accrue. Déjà, la France produit près de 80% de son électri-cité à partir du nucléaire. Le gouvernement britannique encourage, lui, la construction de nouveaux réacteurs avec le concours d’entreprises privées, une politique louable en ces temps de restrictions budgétaires. Ces investissements bénéficieront vraisem-blablement à une pléiade d’acteurs euro-péens de l’énergie, parmi lesquels Areva, EDF, Alstom et Siemens.

Voitures  électriquesEn juillet 2008, le cours du pétrole atteignait le seuil des 144 dollars le baril, un record qui a plombé l’atmosphère sur les marchés financiers tout comme l’humeur de la popu-lation.

Grands consommateurs d’or noir, les Etats occidentaux ne comptent dans leurs rangs

de main-d’œuvre et l’explosion des dépenses de vieillesse pour nos sociétés, la solution semble s’imposer d’elle-même.

InfrastructuresLes infrastructures, objet du débat public de-puis pourtant moins d’un siècle, sont aujour-d’hui indispensables au bon fonc tionnement de toute société moderne. Si, comme l’ont mis en évidence les économistes Solow, Kendrick, Gordon, Abramovitz et David, les Etats-Unis ont enregistré des gains de pro-ductivité colossaux entre 1929 et 1941, c’est précisément parce qu’ils ont décuplé les dépenses allouées aux infrastructures, mais aussi le budget de recherche et développe-ment, comme il ressort des travaux de Schmookler et de Mensch. Point intéressant, ces investissements ont été répartis entre la plupart des secteurs.

Aujourd’hui, à l’inverse, les plans de rigueur en Europe réduisent les projets d’in-frastructure à la portion congrue, tandis que des impôts supplémentaires contraindront tôt ou tard des fournisseurs comme RWE et E.ON à revoir leurs investissements à la baisse. Or les grands chantiers sont tradi-tionnellement créateurs d’emplois au sein d’entreprises comme ABB, Alstom, Siemens, Holcim ou Lafarge. Les dépenses affectées à la rénovation, à l’extension et au renouvel-lement des infrastructures profitent à la so-ciété tout entière, du transport (autoroutes, chemins de fer, aéroports, ports) à la com-munication en passant par l’approvisionne-ment (eau, électricité, déchets), les écoles, les hôpitaux, et bien d’autres pans de l’éco-nomie. De nombreuses possibilités d’amé-nagement s’ouvrent ainsi aux gouvernements sous la forme d’initiatives nationales et inter-nationales, à l’instar des lignes à grande vi-tesse pour les compagnies ferroviaires.

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Des milliards de clients bancaires dans  les pays émergentsD’ici à 2030, les pays émergents offriront un potentiel de 1,2 milliard de clients  rentables dans le retail banking. L’urbanisation et le besoin de financer la consommation privée induisent une croissance du secteur, notamment dans les villes.

Texte : Christine Schmid, Research Analyst

L’évolution du secteur bancaire dans les pays émergents est influencée par la taille gigan-tesque du marché de la consommation et sa rapide expansion, mais aussi par le nombre grandissant de clients bancaires. Ces fac-teurs dénotent un extraordinaire potentiel de croissance structurelle qui, à moyen terme, devrait profiter aux établissements financiers bien positionnés.

Tendances-clés dans le secteur bancaire

Les services de gestion de fortune globaux tireront également parti du modèle de crois-sance des pays émergents. Certaines banques privées spécialisées opérant dans le monde entier sont déjà en mesure de ré-pondre aux besoins de cette clientèle inter-nationale. Mais comme le nombre de per-sonnes fortunées ne cesse d’augmenter, nous pensons qu’à terme, des groupes ban-caires locaux proposeront aussi des presta-tions de private banking.

Les services bancaires mobiles devraient accélérer le développement des régions ru-rales dans les économies émergentes. Certes, ces opérations ne sont pas encore très lucratives, mais elles pourraient contri-buer à accroître le nombre de clients ren-tables. Sans oublier l’impact positif exercé sur la rentabilité et la croissance des pres-tataires de systèmes et de technologies mo-biles.

Dans les pays émergents, le secteur bancaire est porté par la progression de la clientèle fortunée. Selon la Banque mon-diale, le nombre de personnes appartenant

à la classe moyenne ( jusqu’à 30 000 dollars de revenu par an) devrait tripler et passer de 400 millions en 2000 à 1,2 milliard en 2030, soit quatre fois la population améri-caine ou près du double de la population européenne.

Dans ce contexte, et compte tenu de l’évolution à long terme vers un monde multi-polaire, les signes d’une forte expansion du secteur bancaire ont commencé à se multi-plier. Nous pensons qu’il existe un potentiel de croissance suffisant non seulement pour les banques locales, mais aussi pour de nou-veaux arrivants, à condition qu’ils disposent d’un accès illimité aux marchés concernés. Les produits de retail banking, comme les comptes bancaires, les cartes de crédit, les cartes de paiement, les crédits à la consom-mation et les hypothèques, devraient bientôt être distribués à grande échelle. Les clients des pays émergents ont en outre une attitude

plus confiante à l’égard des placements, ce qui laisse supposer une forte croissance des produits de ce secteur dès que les fonds seront disponibles.

Fortes restrictions d’accès en Asie

En Asie, de nombreux marchés de retail banking sont difficilement accessibles en raison de l’octroi limité de licences. Dans un premier temps, ce sont les banques domes-tiques et certains établissements considé- rés comme locaux (p. ex. HSBC, Standard Chartered) qui tireront le plus leur épingle du jeu. La situation est différente en Amé-rique latine où les banques étrangères bé-néficient, en raison du contexte historique, d’un accès facile au marché. C’est notam-ment le cas au Mexique où les établis-sements étrangers, espagnols surtout, con-trôlent deux tiers du marché bancaire. La première banque du Mexique appartient à  l’espagnole BBVA tandis que Santander figure parmi les trois principaux instituts financiers du Brésil.

En raison des risques liés à une forte croissance, les banques doivent appliquer des directives de crédit très strictes en fonc-tion de la solvabilité de leurs clients privés. Les autorités de surveillance et les banques centrales doivent en outre garantir, à travers une hausse des réserves obligatoires ou à l’aide de mesures de politique fiscale, une croissance du crédit régulière et gérable par les systèmes financiers concernés. Tout signe de non-respect de ces principes devra être suivi de près. <

Croissance de la classe moyenne aiséeLe nombre de clients fortunés dans  le retail banking devrait tripler entre  2000 et 2030.  Source : Banque mondiale

(Millions de personnes) 2000 2030E

Amérique latine 150 190

Asie orientale 120 600

Europe & Asie centrale 80 170

Proche-Orient 30 70

Afrique 20 30

Asie du Sud 0 140

Total 400 1 200

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Pays émergents

Taux d’inflation annuel

Pays industrialisés

1960 1970 1980 1990 2000 2010Les traits pleins représentent la valeur centrale (médiane) du taux d’inflation pour les deux catégories de pays. Les zones ombrées vont du quartile supérieur au quartile inférieur pour chaque catégorie.

Le retour de l’infl ation ?Après la Seconde Guerre mondiale, plus d’un Etat a imprimé de la monnaie lors de  problèmes fi nanciers, générant souvent de l’infl ation. Aujourd’hui, les banques centrales et le marché mettent le holà. Le risque d’infl ation est faible dans les pays industrialisés, mais plus élevé dans le monde émergent et les économies industrialisées en croissance rapide.

Texte : Thomas Herrmann, Senior Economist et Oliver Adler, responsable Global Economics and Real Estate Research

La « Grande Modération » est-elle menacée ?Malgré sa montée avant la crise financière de 2008, l’inflation décroît depuis des décennies. Ce recul s’est amorcé au début des années 1980 dans les pays industrialisés, après la stagflation des années 1970. Il a ensuite gagné les pays émergents, où le risque d’inflation cyclique est  actuellement plus élevé que dans le monde industrialisé. Cependant, nul ne souhaite renoncer aux acquis de la « Grande Modération ». Source : Datastream, Bloomberg, FMI, OCDE, Credit Suisse

POSTERSUR L’INFLATION

dans le bulletin 4/10

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Credit Suisse bulletin 4/10

Inflation  Economie 69

La crise économique mondiale a conduit de nombreux gouvernements à dépenser beau-coup, et les banques centrales à comprimer leurs taux. Certaines, comme la Réserve fédérale américaine, ont acheté un grand volume d’emprunts d’Etat et d’autres titres.

Ces mesures ont stabilisé les marchés financiers après la faillite de Lehman Brothers et évité un recul plus important de l’économie. Mais les dépenses engagées et la forte érosion des recettes fiscales creusent les déficits budgétaires et alour dissent la dette publique. Les banques centrales ont imprimé une énorme quantité de monnaie, faisant largement gonfler leur bilan.

Après que la peur de la déflation a régné durant la crise, l’accroissement de la masse monétaire et de l’endettement a amené les médias, la population, mais aussi certains économistes, à redouter une inévitable infla-tion. Cette crainte est-elle justifiée ? Il s’agit là d’une question cruciale pour les investis-seurs. Dans le dernier « Global Investor », des experts se penchent sur le sujet. Quelques aspects centraux de cette analyse sont ré-sumés ci-après.

Création de monnaie et inflation

Nombre de banques centrales ont créé de la monnaie et, ainsi, acheté des emprunts, parfois aussi, comme la Banque nationale suisse (BNS), des devises. Ainsi que l’affir-mait Milton Friedman, l’inflation est toujours un phénomène monétaire. Lorsque l’on im-prime trop d’argent, l’inflation finit par se manifester. Néanmoins, Milton Friedman ex-pliquait aussi qu’une telle situation se produit uniquement si cet argent entre dans le cycle macroéconomique et y induit une hausse de  la demande globale. D’où la question fon damentale : cette monnaie a-t-elle effec-tivement déjà beaucoup trop stimulé la de-mande globale ou le fera-t-elle dans un ave-nir proche ? La réponse est non en ce qui concerne la plupart des pays industrialisés. Au vu du cycle financier, la menace inflation-niste apparaît faible en Europe et aux Etats-Unis. Contraintes, surtout sous la pression des autorités de régulation, de se recapita-liser et de réduire leurs risques, les banques resteront prudentes dans l’octroi de crédits. Dès lors, la grande quantité de monnaie créée n’influera pas pleinement sur la de-mande.

Le rôle de la dette publique

On peut également craindre que les banques centrales financent des dépenses publiques

excessives par l’émission de monnaie et ré-duisent l’endettement de l’Etat via l’inflation. Or, par le passé, les fortes poussées d’infla-tion s’accompagnaient d’une explosion de la dette publique, surtout quand les banques centrales imprimaient de la monnaie pour financer une guerre. Une récente étude des professeurs Reinhart et Rogoff montre qu’après la Seconde Guerre mondiale, les pays émergents ont souvent financé leurs dépenses grâce à la création monétaire, même en temps de paix.

Toutefois, cette étude ne constate pas de corrélation systématique entre endettement et inflation dans la majeure partie du monde industrialisé (voir  graphique  page  68). Mais peut-on vraiment supposer qu’il en ira de même à l’avenir ? Malgré la précarité finan-cière de nombreux pays, divers facteurs in-diquent qu’un financement de la dette géné-rant automatiquement de l’inflation est im-probable dans les économies industrialisées très endettées.

Un élément-clé est la grande indépen-dance que bien des banques centrales ont réussi à acquérir vis-à-vis des autorités bud-gétaires ces dernières décennies. Autre fac-teur, peut-être encore plus important : la dis-cipline induite par les marchés des capitaux. Si ces marchés estimaient que les banques centrales recourent systématiquement à la planche à billets, ils réagiraient vite et vio-lemment. Le rendement des emprunts bon-dirait, déclenchant une crise du financement, voire une crise monétaire, ce qui court- circuiterait la politique économique expan-sionniste. Lorsque le capital est géré de ma-nière souple et en tenant compte du risque, une politique délibérément et systématique-ment inflationniste devient beaucoup plus coûteuse.

L’inflation, un phénomène politique

Il serait néanmoins imprudent de compter exclusivement sur l’indépendance institution-nelle des banques centrales ou sur la disci-pline du marché. En définitive, une banque centrale ne mettra des fonds à la disposition d’un gouvernement dépensier que si le pro-cessus politique l’y oblige. Cela dépend des forces politiques déterminantes, qu’il s’agisse d’une petite élite ou d’une majorité démocra-tique. Nous pensons que dans les démocra-ties industrialisées, la population vieillissante se prononce majoritairement pour une atti-tude économe et contre l’excès de dépenses inflationniste, d’autant que ce dernier érode-rait leur épargne.

Le constat vaut aussi pour la plupart des pays émergents, où de vastes pans de la population ont déjà beaucoup souffert de l’in-flation. Ils refuseront, eux aussi, que soient menacés les acquis de la « Grande Modéra-tion », c’est-à-dire la décrue et le maintien de l’inflation à un faible niveau depuis quelques décennies. Dans les pays industrialisés, de la Grèce aux Etats-Unis, il est toutefois dif-ficile de trouver un appui politique en faveur d’un renforcement des budgets publics. Les banques centrales seront de plus en plus exhortées à soutenir la conjoncture. Cette situation pourrait persister jusqu’à la norma-lisation des taux. Le problème de la dette jettera donc indirectement, et périodique-ment, des doutes sur l’orientation de la poli-tique monétaire : cette politique est-elle réel-lement axée sur la stabilité des prix et sur une inflation faible ? Une telle incertitude pourrait bien engendrer une forte volatilité sur les marchés financiers.

Récession modérée, mais risque d’inflation

Si l’économie mondiale se redresse depuis 2009, la production industrielle est encore loin de tourner à plein régime. Les taux de chômage élevés freineront la demande des ménages à moyen terme. Une pression plus inflationniste sur les salaires est cependant improbable. Il se pourrait que les effets des turbulences affaiblissent durablement la croissance dans bien des pays, car le recul des déficits publics induira une baisse des dépenses et/ou un alourdissement de la fis-calité, mais, du fait de l’indépendance des banques centrales et de la discipline induite par les marchés financiers, l’inflation ne de-vrait pas être incontrôlable. Nous estimons que le risque d’inflation est faible dans la majeure partie des pays industrialisés.

Ce risque est le plus grand dans les éco-nomies qui n’ont subi qu’une récession mo-dérée et renouent déjà avec une croissance forte. C’est le cas de nombreux états émer-gents et de certains pays industrialisés en forte expansion, comme l’Australie. Là aussi, la politique économique a été massivement assouplie, entraînant souvent une « sur- stimulation » conjoncturelle. En Chine et ailleurs, la demande a progressé rapidement et, ces derniers mois, les signes annonçant l’apparition de goulots d’étranglement au niveau des capacités se sont accentués sur le marché du travail. Plusieurs banques cen-trales opèrent un resserrement monétaire, mais celui-ci pourrait être trop lent, et la montée de l’inflation s’accélérer. <

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Ministère des finances

Banque centrale

Entreprises Importations

Marché des biens

« Tour de l’indéflation »

Ménages/marché du travail

Marché des changes

Banques/marché des capitaux

Comment

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l’inflation

3 - LE MARCHÉ DE L’IMMO-BILIER S’EFFONDRE La banque centrale décide de freiner la conjoncture : emprunter de l’argent doit coûter plus cher. Elle augmente les taux d’intérêt. Les banques exigent donc des taux plus élevés pour leurs crédits. Beaucoup d’entreprises ne peuvent pas suivre et réduisent leur production. Des licenciements sont nécessaires pour baisser les coûts salariaux. Les personnes licenciées ne peuvent plus rembourser leur hypothèque. Dans le pire des cas, elles doi-vent céder leur maison à la banque. Pour obtenir des liquidités, de nom-breuses banques essaient de vendre ces maisons. Les prix de l’immobilier baissent. Les chômeurs ne pouvant pas consommer autant, les stocks augmentent. D’autres salariés sont licenciés et ne peuvent plus payer leurs dettes. Ils commencent à épargner leur argent. Les banques ne prêtent plus d’argent, les prix chutent. Les intérêts baissent aussi, mais cela ne sert plus à rien. La récession est là.

4 - SAUVETAGE DES BANQUES ET DETTE PUBLIQUEPour empêcher la faillite des banques, l’Etat décide d’intervenir. La banque centrale leur rachète des hypothèques et des emprunts. Mais au lieu d’oc-troyer des crédits, celles-ci gardent l’argent ou achètent des emprunts d’Etat. Pour aider l’économie, l’Etat s’endette. Il vend des emprunts pour payer les indemnités de chômage. Les gens ont alors davantage d’argent et consomment. Les stocks baissent. Les prix baissent plus lentement, mais la dette publique augmente. Les banques craignent de ne plus pouvoir écouler les emprunts d’Etat. Elles veulent s’en débarrasser : les cours baissent, les intérêts augmentent. L’économie est trop faible pour des taux plus élevés. L’Etat s’endette encore plus. La banque centrale achète des emprunts d’Etat. L’Etat répartit l’argent ainsi obtenu entre les individus, afin qu’ils consomment. Tous craignent une inflation et achètent autant que possible. Les prix grimpent en flèche. L’inflation est de retour.

5 - LE PÉTROLE EN HAUSSEL’économie nationale souffre de la dette publique et de la dégradation sur le marché immobilier. D’autres pays vont mieux, mais là-bas aussi, les banques centrales et les ministres des finances craignent que les pro-blèmes de l’économie ne déteignent sur leur propre pays. Ils augmentent eux aussi la masse monétaire et le déficit budgétaire, faisant prospérer leur économie. Ces pays ont besoin d’énergie, ce qui fait flamber le prix du pétrole. A leur tour, les biens se renchérissent sur le marché domes-tique. Une situation qui ressemble à l’inflation. Mais comme les salaires stagnent, les biens chers ne se vendent plus, et les stocks augmentent. Le recul des commandes déclenche à nouveau des licenciements. Les salaires baissent. Les stocks continuent d’augmenter, on discute de baisses de prix. Mais le prix élevé du pétrole ne doit pas nécessairement mener à une inflation durable, à moins que la banque centrale, craignant des consé-quences négatives du « choc pétrolier », ne s’efforce de stimuler l’économie. Nous retrouverons alors le scénario 1.

2 - BOOM IMMOBILIER La situation économique évolue bien. La banque centrale décide de ne plus augmenter la masse monétaire et de ne pas octroyer d’autres crédits. Elle ne doit pas intervenir pour l’instant, car l’inflation est modérée. Les banques estiment que les risques sont plus faibles lors de l’octroi de cré-dits et proposent aussi des hypothèques attractives aux personnes dispo-sant d’un patrimoine modeste. Un nombre croissant de personnes achè -tent une maison, les prix de l’immobilier grimpent. La valeur des maisons augmente, et les hypothèques octroyées par les banques deviennent de plus en plus conséquentes. Les maisons peuvent ainsi se transformer en machines à sous. Avec l’argent excédentaire de l’hypothèque, les proprié-taires peuvent s’acheter de nouvelles choses ou une maison plus grande dans une région mieux cotée. Les prix de l’immobilier continuent de flam-ber, les biens et les services se renchérissent, et l’Etat encaisse davantage d’impôts. Les prix connaissent un mouvement de spirale vers le haut. Que peut faire la banque centrale pour garder le contrôle de la situation ?

www.credit-suisse.com/globalinvestor

Comment naît l’inflationL’inflation est difficile à comprendre et encore plus difficile à prévoir. La cause principale de l’inflation (ou de la déflation) est une politique trop souple (ou trop rigide) de la banque centrale. L’argent généré par la banque centrale doit s’écouler par différents canaux avant d’être dépensé. Sur le chemin menant à la « tour de l’indéflation », l’importance des flux d’argent et, partant, l’ampleur du risque d’inflation ou de déflation sont influencées par de nombreux acteurs et institutions économiques, comme le montre l’illustration. Les petits encadrés expliquent comment cela se produit.

1 - L’ÉCONOMIE SE REDRESSE Après une crise, l’économie se redresse, mais le chômage, les stocks éle-vés et les carnets de commandes vides pèsent sur la situation. La banque centrale décide de stimuler la conjoncture en augmentant la masse moné-taire au sein de l’économie nationale. A cette fin, elle achète des emprunts d’Etat ou des devises aux banques. Ces dernières disposent alors de beau-coup de liquidités à des taux très bas ; une situation favorable aux entre-prises, qui obtiennent des crédits à des conditions avantageuses auprès des banques. Elles investissent l’argent qu’elles reçoivent des banques, recrutent du personnel. Le marché du travail s’assèche, les salaires aug-mentent. Les stocks, eux, diminuent, et les marchandises se renchérissent. Pour produire davantage, on a besoin de plus d’employés. L’Etat voit ses recettes fiscales s’accroître, car les gens sont plus nombreux à travailler et à consommer. Il commence à rembourser ses dettes sur le marché des capitaux. Les taux d’intérêt baissent, les crédits deviennent encore plus avantageux. La spirale se met en marche.

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70 Economie  Stratégies de placement

bulletin 4/10 Credit Suisse

20%

5%

40%

35%

Liquidités 5%Obligations 35%Actions 40%

Placements alternatifs 20%• Hedge funds 10%• Immobilier 5%• Matières premières 2,5%• Or 2,5%

La diversification des portefeuilles clients privés :

 mythe ou réalité ?Une bonne diversification constitue généralement la base d’une stratégie de placement efficace à long terme. Mais qu’en est-il en présence de circonstances exceptionnelles  sur les marchés ? L’interaction entre les différentes classes d’actifs, comme les actions, les obligations, les matières premières et l’or, a-t-elle changé ? Dans ce nouvel article de notre série « Stratégies de placement », nous vous montrons comment est appliquée  la théorie du portefeuille dans le contexte de marché actuel.

Texte : Jörg Franzen, Anja Hochberg, Georg Stillhart, Asset Management, CIO Office

Pour que le type d’allocation d’actifs évoqué dans les récents numéros du bulletin porte ses fruits, il faut que les différentes catégo-ries de placement conservent leurs propriétés de diversification sur une longue période. Nos analyses montrent que c’est généralement le cas. Pour s’en convaincre, il suffit d’examiner les corrélations entre les placements. Une valeur élevée (proche de 1) indique une cor-rélation positive, autrement dit une évolution parallèle des variables. Or les placements évoluant en parallèle ne peuvent pas servir d’éléments de diversification dans le cadre d’un portefeuille. En revanche, les place-ments avec une forte corrélation négative (proche de –1) conviennent parfaitement pour diversifier un portefeuille, car la combinaison de tels actifs permet de garantir le rendement tout en réduisant le risque. Malheureusement, les cas de forte corrélation négative se ren-contrent rarement dans la pratique.

Pour constituer le portefeuille idéal, il faut donc y intégrer des placements présentant une corrélation faible ou inexistante. Le gra-phique 2 illustre l’évolution des corrélations entre actions, emprunts d’Etat et obligations d’entreprises. On peut en tirer les conclu-sions suivantes :1. La corrélation entre actions et emprunts

d’Etat est restée faible, voire négative, même durant la crise ; elle n’a donc pas augmenté, contrairement à ce qui a souvent été dit.2. La corrélation entre emprunts d’Etat et

obligations d’entreprises a diminué ces der-nières années.

Force est de constater que la diversifica-tion a pleinement joué son rôle durant la crise

financière. Le potentiel de diversification des actions et des emprunts d’Etat est resté in-tact, et celui des obligations d’entreprises s’est sensiblement accru. Un portefeuille d’actions et d’emprunts d’Etat peut donc être encore mieux diversifié avec des obligations d’entreprises.

Les catégories de placement dites alter-natives offrent également de nouvelles pers-pectives. En effet, les instruments alternatifs (hedge funds, matières premières ou immo-bilier) permettent de compléter judicieuse-ment un portefeuille et de garantir une diver-sification supérieure à celle obtenue avec des

actions et des obligations. Le graphique  3 montre les corrélations entre les actions et divers placements alternatifs. Principaux constats :1. Les sous-catégories de placements

alternatifs affichent une corrélation très variable avec les actions (en ampleur et en durée).2. La corrélation entre hedge funds et ac-

tions s’est accrue dès 2003, à savoir bien avant la crise.3. Les matières premières ont toujours

présenté une faible corrélation avec les ac-tions, même si celle-ci a légèrement aug-menté durant la crise. Précisons néanmoins qu’une corrélation de 0,5 permet encore d’obtenir un très fort effet de diversification.4. En baisse depuis 1999, la corrélation

entre actions et immobilier a atteint un niveau un peu plus élevé durant la crise, comparable à celui des matières premières.

5. La corrélation entre actions et or est faible, mais particulièrement volatile.

Concernant la stratégie de placement à long terme, on peut tirer les enseignements suivants : l’ajout de placements alternatifs dans un portefeuille apporte un plus en termes de diversification. Côté hedge funds, la sélection des styles d’investissement joue-ra un rôle croissant, car ces instruments ont des corrélations très variables, notamment avec les actions.

Examinons maintenant comment intégrer ces paramètres lors de l’établissement d’un portefeuille. Pour composer un portefeuille conforme aux besoins du client, il faut tout d’abord définir une stratégie de placement à

1  Une question d’équilibreStratégie de placement* à long terme pour  profil équilibré.  Source : Credit Suisse AG

* Ecarts possibles dans le cadre de l’allocation d’actifs tactique

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–0,4

–0,2

0

0,2

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0,6

0,8

1

–0,6

87 89 91 93 95 97 99 01 03 05 07 09

Actions Monde contre emprunts d’Etat MondeEmprunts d’Etat Monde contre obligations d’entreprises USActions Monde contre obligations d’entreprises US

–0,4

–0,2

0

0,2

0,4

0,6

0,8

96 97 99 00 01 02 03 04 05 06 08 0998 07

Actions Monde contre hedge fundsActions Monde contre fonds immobiliers CHActions Monde contre orActions Monde contre matières premières

long terme qui tienne compte à la fois des grandes tendances économiques et des para-mètres précités. Le graphique 1 présente un por-tefeuille orienté sur le long terme pour un in-vestisseur en francs suisses avec une propen-sion au risque moyenne (profil : CHF Balanced).

Cette stratégie de placement à long terme détermine la répartition des avoirs et permet au client de profiter des principales ten-dances. Une telle répartition garantit la di-versification du portefeuille. Pour générer un surplus de rendement, nous saisissons éga-lement des opportunités de placement à court terme. Au sein de cette allocation d’ac-tifs tactique (AAT), nous définissons des écarts temporaires par rapport à la stratégie de placement à long terme et tirons aussi parti des connaissances acquises en termes de diversification. <

2  Potentiel de diversificationElevé pour les actions et les emprunts d’Etat, en hausse pour les obligations d’entreprises.   Sources : Bloomberg, Ibbotson, Credit Suisse AG

3  Matières premières et actionsLes matières premières sont peu corrélées avec les actions, d’où leur effet de diversi-fication.   Sources : Bloomberg, Ibbotson, Credit Suisse AG

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bulletin 4 /10 Credit Suisse

72 Economie  Stratégies de placement

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Un compromis entre  consommer et épargnerAndreas Russenberger, responsable Multi Asset Class Solutions (MACS) Mandates  and Funds du Credit Suisse, nous donne sa propre définition de la consommation et nous explique comment « bien consommer » dans le contexte actuel des placements.

Entretien : Daniel Huber

bulletin : A quoi pensez-vous spontané-

ment lorsque l’on évoque la notion de 

consommation ?

Andreas Russenberger : Le mot consomma-tion vient du latin « consumere », qui signifie à la fois utiliser et consommer. Mais le plus intéressant en l’occurrence, c’est le contraire de consommer, à savoir épargner. Car au final, si l’on épargne aujourd’hui, c’est sim-plement pour mieux consommer demain.

Que préconisez-vous actuellement ?

Poussées à l’extrême, l’épargne et la con-sommation peuvent avoir des conséquences très négatives. La crise économique de 2008 a notamment été causée par une consom-mation excessive. Aux Etats-Unis, cette sur-consommation a été encouragée non seule-ment par le crédit, mais en partie aussi par l’Etat. On considérait alors que chaque Américain devait posséder sa propre maison et avoir une carte de crédit. L’argent était bon marché et il fallait consommer un maxi-mum afin de relancer l’économie. Beaucoup d’Américains vivaient au-dessus de leurs moyens. Et c’est à ce moment-là que la bulle immobilière a éclaté. D’un autre côté, une épargne excessive sans aucune consomma-tion peut aussi s’avérer très néfaste et étouf-fer l’économie. Car les prix s’effondrent et la déflation s’installe.

Quels enseignements faut-il en tirer ?

Les plus critiques diront que l’Etat n’avait pas à intervenir lors de la crise et que les mesures de soutien se sont révélées désastreuses en faisant exploser inutilement la dette publique. Aider ceux qui ont mal agi en vivant au-des-sus de leurs moyens aurait selon eux été une erreur. Car on aurait ainsi encouragé une économie qui ne reposait pas sur des bases solides. Nombreux sont donc ceux qui ap-pellent aujourd’hui à une utilisation plus pru-

dente de l’argent, aussi bien de la part des gouvernements que des consommateurs. Il s’agirait avant tout de réduire les dettes. Pourtant, si tout le monde se met à écono-miser de manière systématique, c’est l’éco-nomie tout entière qui se retrouvera paraly-sée. Pour ma part, je pense que les interven-tions des banques centrales et en particulier de la BNS se justifiaient pleinement.

Faut-il donc consommer autrement ?

Il est certain qu’une consommation excessive débouchera tôt ou tard sur une situation de surendettement et donc sur des mesures d’épargne drastiques. Il s’agit donc de trouver un bon compromis entre ces deux extrêmes. Consommer oui, mais pas toujours à crédit.

Quelles sont les conséquences pour 

les investisseurs ?

Dans un contexte de déflation caractérisé par des taux peu élevés et des prix en baisse, il est recommandé de conserver ses liquidi-tés. Même si les taux d’intérêt sont bas, la valeur de l’argent augmente. Prenons l’exemple de l’Espagne et des Etats-Unis. Quiconque a préservé ses liquidités au cours

des deux dernières années peut aujourd’hui s’acheter des maisons à moitié prix à Mar-bella, à Majorque ou en Floride. Cet argent vaut donc beaucoup plus qu’il y a deux ans.

Mais il n’en sera pas toujours ainsi.

Je ne le crois pas non plus. Si l’on tient compte des énormes quantités d’argent que les Etats ont injectées dans le système et de la faiblesse actuelle des taux, il est clair que cette situation va changer. Je pense que les premiers signes d’un revirement de tendance apparaîtront en 2011, avec une hausse de l’inflation et des taux d’intérêt. Il ne sera alors plus intéressant de conserver des liquidités. Car une inflation de 4%, par exemple, signifie en fin d’année que la valeur réelle de l’argent a diminué de 4%.

Comment peut-on se protéger contre 

une inflation naissante ?

Tout d’abord, il faut toujours conserver une petite part de liquidités. Ensuite, il est conseillé d’investir dans des obligations à court terme offrant une protection partielle contre l’inflation ainsi que dans des valeurs réelles, comme l’immobilier, les matières pre-mières, les actions ou l’or. Ces instruments résistent mieux en cas de hausse de l’infla-tion. Et il faut choisir le bon moment pour s’engager.

Est-ce que l’Occident a perdu son rôle 

de moteur de la consommation ?

L’Europe et les Etats-Unis ont toujours un rôle à jouer. Mais si l’on regarde du côté de la Chine ou du Brésil, par exemple, le po-tentiel est énorme. Tout est mis en œuvre pour accroître le niveau de vie en général et rendre le marché autonome. Ce processus prendra encore quelque temps. Il n’en reste pas moins que de nombreux pays émergents ont d’ores et déjà pris une longueur d’avance sur certains Etats européens. <

« La crise économique de 2008 a notamment été causée par une consommation  excessive », déclare Andreas Russenberger.

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Credit Suisse bulletin 4/10

Credit Suisse 73

InvestAnalyses et prévisions

Persistance de la faiblesse du dollar

Les facteurs techniques et fondamentaux sug-gèrent une poursuite de la faiblesse du dollar face au CHF. Parmi les fondamentaux, ce sont notamment le faible différentiel d’intérêt et le déséquilibre de la balance des paiements qui soulignent le mou-vement.

L’économie mondiale s’affaiblit, mais sans retomber dans la récession. Les pays émergents connaissent une croissance durablement plus forte que les pays industrialisés.

Dans les pays industrialisés, les risques d’inflation étant faibles, flirtant même avec la déflation, la politique monétaire y demeure très expansive.

Les marchés des actions mondiaux devraient continuer à profiter de la reprise économique, tandis que les craintes liées à l’endettement des États européens et à une rechute dans une récession s’amenuisent. Les cours semblent attrayants.

Les matières premières ont repris leur hausse en août, et nous tablons sur une poursuite du potentiel de renchérissement. Les métaux industriels affichent les meilleurs fondamentaux. L’or devrait passer l’essentiel de l’année prochaine au-dessus des USD 1300.

Notre approche d’EUR/CHF sur 12 mois est neutre compte tenu de la surévaluation du franc et de l’attitude prudente de la BNS. La faiblesse de l’USD devrait se maintenir en raison du niveau très bas des taux et du déficit de la balance des paiements américains.

Conjoncture mondiale

Affaiblissement après  forte accélération

Conjoncture Suisse

PMI : fin de la période de haut vol

L’indice PMI a terminé août bien au-des-sous du plafond historique enregistré en juillet. Le recul de l’indice est donc un signe avant-coureur majeur du ralentis-sement de la croissance que nous avons annoncé. cm

Après une phase de forte croissance, la conjoncture mondiale a ralenti comme prévu. Nous pensons que les économies confrontées à des défis structurels (écla-tement de bulles immobilières, dettes, etc.) auront une croissance plus lente que les pays émergents. th

Détérioration du marché du travail américain  plus marquée que dans d’autres paysSources : Bloomberg, Credit Suisse

IndiceIndice (corrigé des variations saisonnières)

50

40

30

60

70

95 98 01 04 07 10

Le PMI a perdu 5,5 points par rapport à son plafondSource : Credit Suisse

États-UnisJaponZone euroGrande-Bretagne

Indice, 12.2007 = 100

95

94

93

96

97

98

99

100

12.07 06.08 12.08 06.09 12.09 06.10

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bulletin 4/10 Credit Suisse

74 Credit Suisse

Aperçu

Perspectives monde helvétique. Le renchérissement structurel des devises des pays émergents face au dollar devrait persister. mh

La reprise économique mondiale s’est nettement affaiblie, ces derniers mois, suite à une croissance d’abord très forte, mais devrait se poursuivre. Face aux craintes pour la conjoncture et à une politique très expansive des banques centrales dans l’immédiat, les rendements obligataires ont  sensiblement baissé. Les actions sont donc relativement abordables, et nous recommandons de les surpondérer. Sur les marchés des matières pre-mières, nous voyons le début d’une nouvelle hausse.

Taux et obligations

L’environnement de taux bas va se maintenir dans l’immédiatQuelques banques centrales ont commencé à pratiquer de premiers relèvements des taux (p. ex. Australie, Norvège). La Fed, mais aussi les plus grandes banques centrales européennes, s’en tiennent toutefois à une politique très expansive compte tenu d’un faible niveau de l’inflation et même de risques de déflation. Cette politique a contribué à ramener les rendements des emprunts d’Etat à des niveaux très bas. Les investisseurs recherchent le rendement en d’autres lieux. La conséquence : d’importantes masses fi-nancières rejoignent les pays émergents. En dépit d’un meilleur développement écono-mique et de plus gros risques inflationnistes, ces pays hésitent donc aussi à relever les taux afin de ne pas risquer que leurs mon-naies se renchérissent trop. th

Marché des actions

Consolider les positions stratégiquesNous pensons que la reprise mondiale va se poursuivre et que les craintes de rechute dans la récession vont continuer à diminuer. Les niveaux élevés de liquidités des entre-prises pourraient entraîner une hausse des acquisitions et des versements de divi-dendes, étayant d’après nous les marchés des actions pour une période de 6 à 12 mois, même si de brefs contrecoups ne sont pas à exclure. Les cours des actions nous semblent abordables, tant en termes absolus que par rapport aux emprunts d’État. Nous recom-mandons donc de consolider les positions stratégiques en actions. Nous privilégions les actions qui devraient notamment profiter d’une poursuite de la reprise, en particulier dans les pays émergents. rs

Devises

Le dollar n’est pas étayé par les tauxCes derniers mois, la crise de la dette européenne est passée au second plan. Compte tenu de la persistance des taux bas aux É.-U., les marchés des devises ont dirigé leurs regards vers les facteurs néga-tifs à long terme pour le dollar : les défi-cits du budget et du commerce extérieur, alliés à des taux bas. Nous sommes d’avis que le dollar s’affaiblira face à la plupart des monnaies tant que la politique moné-taire américaine sera expansive. Non seu-lement le différentiel d’intérêt, mais le fort excédent de la balance des paiements suisse, plaident en faveur de la monnaie

Les métaux et matières premières agricoles en  nette hausse.  Source : Bloomberg, Credit Suisse/IDC

CSCB Energy Index CSCB Agriculture IndexCSCB Precious Metals IndexCSCB Industrial Metals Index

01.08 05.08 09.08 01.09 05.09 09.09 09.1001.10 05.10

Indice, janvier 2008 = 100

20

40

60

80

100

120

140

Prime de risque sur les actions (mondiale)+/–1 écart standard+/–2 écarts standardMoyenne

%

8

06.91 06.97 06.03 06.09

–2

6

4

2

0

10

Les perspectives de taux bas aux É.-U. sont négatives pour USD/CHF. Sources : Bloomberg, Credit Suisse

Taux de change USD/CHFDifférentiel de taux 2 ans swap USD moins CHF (éch. dr.)

0,90

1,10

1,20

1,00

1,30

1,40

USD/CHF

01.04 01.05 01.06 01.07 01.08 01.09 01.10

En %

–0,5

3,5

2,5

1,5

0,5

États-Unis Zone euro Japon Grande-Bretagne Suisse

%

5

6

01.99 01.01 01.03 01.05 01.07 01.09

0

4

3

2

1

Prime de risque sur les actions (rendement des plus-values moins rendement des emprunts d’État) au plus haut.  Source : Datastream, Credit Suisse/IDC

Tendances des taux des grandes banques centrales Sources : Bloomberg, Credit Suisse/IDC

Matières premières

Début de hausse des  matières premièresDepuis août, les matières premières ont nettement augmenté, et nous voyons un nouveau potentiel de hausse. Les condi-tions des marchés financiers et du marché physique soulignent cette vigueur. Sur les marchés financiers, la liquidité des bourses des matières premières augmente. Sur le marché physique, on observe une augmen-tation des achats. De nombreux consomma-teurs ont reporté leurs achats par crainte d’une nouvelle récession – maintenant que les stocks locaux sont vides, ils reviennent sur le marché. Ceci concerne avant tout les métaux, mais aussi les denrées agricoles. L’or devrait être surtout stimulé par les taux bas. Compte tenu des stocks importants, le potentiel de hausse du pétrole est mo-déré. tm

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Credit Suisse bulletin 4/10

Credit Suisse 75

Suite à une forte croissance de l’éco-nomie suisse au premier semestre, nous tablons sur un refroidissement au deuxième semestre. L’inflation  est récemment revenue à des niveaux très bas, et nous tablons pour l’année prochaine sur une faible pression  des prix. En raison de l’affaiblisse-ment de la croissance et de la force du franc, la BNS a nettement révisé  à la baisse sa prévision d’inflation  à moyen terme. Nous n’attendons la première hausse des taux qu’en  juin 2011.

Aperçu

Perspectives Suisse

En vedette

La récession a réduit les bénéfices

Marché des actions

Des cours toujours  abordablesSi la reprise économique devrait stimuler les marchés des actions mondiaux, la force du CHF va dans l’immédiat peser sur les cours du marché suisse, d’où notre estima-tion neutre pour le SMI. Dans le contexte actuel de taux bas, nous trouvons les titres à dividendes intéressants en vue d’une exposi-tion aux actions défensive. Nous conseillons les positions dans les sociétés exposées aux marchés émergents et à portefeuilles de pro-duits solides. rs

Devises

Le CHF est surévalué face à l’EURLe renchérissement du CHF face à l’EUR, le taux de change EUR/CHF se situant à 1,60 en 2007, ne devrait guère se poursuivre dans les mêmes proportions. Longtemps positive par rapport au franc, notre ap-proche à 12 mois de EUR/CHF est désor-mais neutre, car selon notre juste valeur CS, le franc est surévalué et des hausses de taux de la Banque nationale suisse (BNS) ne sont guère à l’ordre du jour. mh

La part salariale atteint un nouveau sommet en 2009.  Source : Office fédéral de la statistique

+1 écart standardJuste valeur EUR/CHF–1 écart standard 17.09.2010

1,20

1,40

1,60

1,80

2,00

2,20

2,40

EUR/CHF

82 86 90 94 98 02 06 10

Notre position sur EUR/CHF est stratégiquement neutre en raison de la surévaluation du CHF par rapport à l’EUR et de la prudence de la BNS. Sources : Bloomberg, Credit Suisse

Le rendement en dividendes sur le SMI est bien supérieur à la moyenne historique.   Sources : Datastream, Credit Suisse/IDC

1,0

3,5

3,0

2,5

2,0

1,5

4,0

Rendement en dividende en %

09.00 09.02 09.04 09.06 09.08 09.10

SMI

Part salariale dans le PIB

59

61

60

62

63

64

65

91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09

%

L’an passé, les coûts de la récession ont été supportés plus fortement par les entre-prises que par les salariés. La part salariale, part des versements de salaires dans le Produit Intérieur Brut (PIB), a atteint, avec plus de 64 %, un nouveau sommet. En revanche, la part des bénéfices des entreprises est descendue à 36 %. En 2009, les salaires ont même grimpé, en moyenne, étant donné qu’ils avaient été fixés avant l’effondrement inattendu de l’économie à la fin de l’automne 2008. L’expérience de reprises antérieures permet de conclure que la part salariale va de nouveau baisser à l’avenir. cm

Persistance de taux bas en Suisse Sources : Datastream, Credit Suisse/IDC

LIBOR 3 moisMarge de fluctuation

01.00 01.02 01.04 01.06 01.08 01.10

2,0

1,0

0,0

3,0

4,0

%

Taux et obligations

Pas de hausse des taux avant la mi-2011Comme prévu, la Banque nationale suisse (BNS) a laissé inchangée, en septembre, sa marge de fluctuation pour le LIBOR 3 mois entre 0 % et 0,75 %. Concernant l’avenir de sa politique monétaire, la BNS a envoyé un signal clair : avec une révision à la baisse mar-quante de sa prévision d’inflation à moyen terme ainsi que son attente d’un « affaiblisse-ment sensible de la croissance », la probabi-lité d’une hausse des taux dans un proche avenir s’est fortement réduite. La BNS voit notamment un risque dans la réévaluation du franc et le ralentissement de la dynamique de croissance mondiale. Nous révisons notre prévision d’une première hausse des taux en décembre et ne tablons sur une première intervention qu’en 2011. fh

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bulletin 4/10 Credit Suisse

76 Credit Suisse

bulletin 4/10 Credit Suisse

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22 septembre 2010

Aperçu prévisions

Mentions légales InvestÉditeur Credit Suisse, Global Research,

Uetlibergstrasse 231, Case postale 300, CH-8070 Zurich

Rédaction Marcus Hettinger (mh), Thomas Herrmann (th),

Fabian Heller (fh), Tobias Merath (th), Marcel Thieliant (mt),

Claude Maurer (cm), Roger Signer (rs)

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Croissance réelle du PIB en %Source : Bloomberg, Credit Suisse

2009 2010 2011 

CH –1,9 2,4 1,2

UME –4 1,6 1,6

É.-U. –2,4 2,7 2

GB –4,9 1,4 2,7

Japon –5,2 3,3 1,8

Inflation en %Sources : Bloomberg, Credit Suisse

2009 2010 2011

CH –0,5 0,6 0,7

UME 0,4 1,4 1,4

É.-U. –0,4 1,8 1,2

GB 2,2 3,1 2,1

Japon –1,4 –1,2 –0,4

Intérêts à court terme Libor à 3 moisSources : Bloomberg, Credit Suisse

22.09.2010 3 m. 12 m.

CHF 0,18 0,7–0,9

EUR 0,88 1,4–1,6

USD 0,29 0,3–0,5

GBP 0,73 1,2–1,4

JPY 0,22 0,2–0,4

Devises (taux de change)Source : Bloomberg, Credit Suisse

22.09.2010 3 m. 12 m.

USD/CHF 0,99 0,93–0,97

EUR/CHF 1,32 1,31–1,35

JPY/CHF 1,17 1,12–1,16

EUR/USD 1,34 1,38–1,42

USD/JPY 84 81–85

EUR/JPY 113 114–118

EUR/GBP 0,85 0,83–0,87

GBP/USD 1,56 1,63–1,67

EUR/SEK 9,17 8,40–8,80

EUR/NOK 7,88 7,75–8,15

AUD/USD 0,95 0,92–0,96

NZD/USD 0,74 0,71–0,75

USD/CAD 1,03 0,98–1,02

Actions et matières premières : quelques indicesSources : Bloomberg, Credit Suisse

Sélection 30.06.2010 Depuis début Perspective Objectifsd’année 3 mois 12 mois

S&P 500 1134,28 1,9 % 1217

SMI 6344,88 –3,8 % 7350

FTSE-100 5551,91 2,1 % 5827

DJ Euro Stoxx 50 2752,77 –7,7 % 3034

Nikkei 225 9566,32 –9,3 % 11 000

Or 1291,35 18,1 % 1300

Pétrole brut WTI 74,71 –5,8 % 82,5

Dow Jones UBS Commodity Index 277,2298 –0,1 % 295

Emprunts d’État à 10 ansSources : Bloomberg, Credit Suisse

22.09.2010 3 m. 12 m.

CHF 1,41 1,8–2,0

EUR 2,35 2,7–2,9

USD 2,56 3,0–3,2

GBP 2,97 3,6–3,8

JPY 1,03 1,1–1,3

Économie suisse

(évolution par rapp. à l’année préc. en %)Source : Credit Suisse

2010 2011

Produit Intérieur Brut (réel) 2,4 1,2

Consommation privée 1,5 1,2

Consommation publique 0,8 1,5

Investissements dans le bâtiment 0,5 –2

Investissements d’équipement 1,5 2,5

Importations 6,5 3,5

Exportations 8 3,5

Emploi (équivalents plein temps) 0 0,5

Taux de chômage 3,9 3,7

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Petit glossaire, notes de lecture  Economie 77

Credit Suisse bulletin 4/10

 ABC de la financeNotions et livres d’économie

Politique des consommateurs [ mesures visant à protéger les intérêts des consommateurs ] : Il arrive que le prix d’un ticket de transport soit plus élevé au distri-buteur automatique qu’au guichet, qu’un nouveau grille-pain con-somme davantage d’électricité que ne l’indique son étiquette ou encore que le paquet de détergent habituel ne permette plus de faire le même nombre de lessives. Ce sont là des pratiques déloyales qui passent souvent inaperçues, mais qui sont combattues dans le cadre de la politique des consommateurs. Cette politique met en œuvre des mesures visant à défendre les inté-rêts des consommateurs et notam-ment à éviter que ceux-ci ne soient pénalisés ou manipulés faute de connaissances techniques ou d’in-formations. Son objectif principal est triple : premièrement, donner au public des informations objectives sur ses possibilités de consomma-tion et les produits qui lui sont pro-posés ; deuxièmement, protéger les consommateurs des abus au moyen de normes juridiques appropriées ; troisièmement, veiller à ce que les nouvelles générations de consom-mateurs acquièrent dès l’école des connaissances de base concernant leur rôle et leurs droits. fdlIndice des prix à la consomma-

tion [ moyenne statistique des fluc-tuations de prix ] : « La vie est de plus en plus chère. » Qui n’a pas prononcé cette phrase en contem-plant un porte-monnaie de nouveau vide une fois les courses terminées ? Généralement, cette constatation se base toutefois plus sur un sentiment subjectif que sur des faits objectifs. Pour se faire une idée précise du coût de la vie, il faut se référer à l’indice des prix à la consomma-tion, lequel permet de suivre l’évo-lution du coût des produits et des prestations consommés par les mé-nages privés. Cet indice calcule et présente sous forme graphique la fluctuation moyenne des prix des denrées alimentaires, des vêtements, de la formation et d’autres biens ou services. Un coup d’œil suffit pour évaluer la situation économique du pays et savoir si la vie est réellement devenue plus chère ou si l’on a tout simplement trop dépensé. sts

Ecologie opérationnelle [ gestion efficace des ressources au sein de l’entreprise ] : Comment réaliser des économies d’énergie dans nos im-meubles ? Comment protéger l’en-vironnement dans le cadre de nos activités ? Telles sont les questions que se posent de nombreuses entreprises. Car, à l’instar des gou-vernements et des particuliers, les entreprises sou haitent apporter une contribution directe à la lutte contre le changement climatique en faisant en sorte que leurs activités ména-gent l’environnement. L’écologie opérationnelle a pour but de réduire l’utilisation des ressources au moyen de mesures d’économie ap-propriées et, partant, de diminuer les coûts. La première étape con-siste à déterminer les principales nuisances environnementales ainsi que les actions requises pour y remédier. Il faut mesurer la con-sommation d’énergie, de papier et d’eau, le nombre de kilomètres par-courus au cours des déplacements professionnels et le volume des déchets produits. Des collabora-teurs spécialisés cherchent ensuite à améliorer le bilan climatique, notamment en promouvant une do-motique peu gourmande en énergie, ainsi que le recours aux énergies renouvelables, et en encourageant le personnel à participer activement à la réduction de la consommation d’énergie. fdl

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Une année sans « made in China » : L’aventure d’une  famille et de son boycott de produits faits en Chine Sara Bongiorni, LÉR, 2008, 256 pages, ISBN-13: 978-2895850137

La Chine est le premier producteur mondial de biens de consom-mation. Après avoir découvert l’emprise de ces derniers dans son quotidien, Sara Bongiorni, journaliste économique, a tenté une expérience lourde de conséquences : avec sa famille, elle a lancé un défi au colosse économique en décidant de boycotter ses produits pendant un an. Dans son livre, elle décrit avec minutie les changements intervenus dans sa vie et celle des siens. Outre les questions de consommation ou d’économie, elle évoque ses conflits conjugaux, les caprices de ses enfants, ses propres sarcasmes et les critiques des voisins. Le message est évident : sans produits chinois, l’Américain (et certainement l’Européen) moyen ne pourrait pas apaiser sa soif de consommation. Est-il vraiment nécessaire de lire les innombrables péripéties et anec-dotes des Bongiorni pour le comprendre ? Selon getAbstract, la lecture est certes quelque peu fastidieuse. Mais cette expérience personnelle est plus édifiante que ne pourra jamais l’être la plus sérieuse des études scientifiques. Cet ouvrage est recommandé à tous ceux qui s’intéressent à l’économie. © getAbstract

Buyology : Truth and Lies About Why We BuyMartin Lindstrom, Crown Business, 2008, 256 pages, ISBN-13: 978-0385523882

Que peut-on lire dans le cerveau des consommateurs ? Les nom- breux exemples d’échecs de produits montrent les limites des enquêtes de marché conventionnelles. Selon Martin Lindstrom, spécialiste en marketing, le scanner cérébral est bien plus révéla-teur. Après avoir étudié sur le plan international l’efficacité du neuro-marketing, il présente ses résultats dans cet ouvrage, où le fonctionnement des IRM, leur analyse et leur exploitation dans le cadre d’un marketing subtil sont parfaitement vulgarisés. S’y ajoutent de nombreux conseils concrets, dont beaucoup sont applicables même sans l’équipement coûteux décrit par l’auteur. Fort heureusement d’ailleurs, car quel responsable de marketing dispose d’un appareil d’imagerie par résonance magnétique ? Certes, Martin Lindstrom ne brille pas par sa modestie, mais il faut reconnaître qu’il ouvre de nouvelles perspectives au marketing et au développement de produits. getAbstract recommande son livre à tous les responsables de marketing, de publicité et de produits qui maîtrisent déjà parfaitement les techniques conven-tionnelles. © getAbstract

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78 Leaders Shirin Ebadi

bulletin 4/10 Credit Suisse

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Credit Suisse bulletin 4/10

Shirin Ebadi Leaders 79P

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Au service  de la justiceLa confrontation ne lui fait pas peur. Et heureusement. Car comment pourrait-elle,  sinon, continuer à mener son combat acharné pour la démocratie et les droits de  l’homme ? L’avocate iranienne Shirin Ebadi, Prix Nobel de la paix, n’a pas froid aux yeux quand il s’agit de dire sa façon de penser aux puissants de ce monde. 

bulletin : Vous avez été la première femme juge de toute l’histoire 

de l’Iran. Pourquoi avoir choisi ce métier, à l’époque typiquement 

masculin ?

Shirin Ebadi : Mon goût pour la justice remonte à l’enfance : toute petite déjà, je défendais les plus faibles – même quand cela finis-sait par me valoir à moi aussi une correction. Mais contrairement à la plupart des gens, sans doute, je n’ai jamais reculé devant la confrontation. Au contraire : l’idée de pouvoir faire bouger les choses grâce au débat ou à la protestation m’a toujours plu. C’est donc tout naturellement que j’ai choisi plus tard de faire des études de droit ! J’ai entamé mes études avec la ferme intention de devenir juge et de mettre toute ma vie au service de la justice. Un but que j’ai atteint à l’âge de 23 ans.

Et comment en êtes-vous venue à défendre les droits de 

l’homme ?

Pendant la révolution, j’ai été démise de mes fonctions de juge et reléguée au rang de greffière. A cette époque, j’ai vu et subi tant de discriminations, tant de violations des droits de l’homme que j’ai décidé d’entreprendre quelque chose. Finalement, en 1992, j’ai été admise au barreau iranien, et j’ai ouvert mon propre cabinet d’avocate. Depuis, je milite pour le respect des droits de l’homme en Iran.

Votre activité vous amène notamment à défendre les droits 

des femmes et des enfants. Vous avez même fondé une associa-

tion pour la défense des droits des enfants.

Mes parents nous ont éduqués, mes frères et sœurs et moi, dans l’idée de faire de nous des êtres indépendants, sûrs d’eux-mêmes et capables de penser librement, sans jamais faire de différences entre garçons et filles. J’ai donc réalisé assez tard que

dans mon pays, passée la porte de notre maison, l’égalité des sexes était tout sauf une évidence… Pendant mes études, je me suis concentrée sur les domaines juridiques liés aux femmes et aux enfants, car dans de nombreux pays, ce sont eux les membres les plus vulnérables de la société. Or je suis tout simplement convaincue qu’il est de notre devoir de protéger les plus faibles d’entre nous. C’est pour cela que depuis plus de vingt ans, dans le cadre des mes fonctions d’avocate, je défends principalement les droits des femmes et des enfants. Et lorsque les persécu- tions, politiques ou religieuses, se sont multipliées en Iran, j’ai aussi commencé à lutter pour le respect des droits des prisonniers politiques.

Justement, où en sont les droits de toutes ces personnes en 

Iran ?

Hélas, la situation juridique n’est pas encore celle que nous souhaiterions connaître. Les lois adoptées après la révolution islamique, par exemple, ont abaissé l’âge de la majorité pénale à 9 ans pour les filles et 15 ans pour les garçons. Concrètement, cela signifie que si une fillette de 10 ans commet un délit, elle peut être aussi sévèrement punie qu’un adulte de 40 ans. De ce fait, il arrive malheureusement souvent que de très jeunes per- sonnes soient condamnées à l’exécution. L’Iran est le pays où il y a eu le plus d’exécutions de mineurs en 2009.

Et les droits des femmes ?

Après la révolution de 1979, de nombreuses lois très défavorables aux femmes ont été promulguées, et elles sont toujours en vigueur. La déposition d’une femme au tribunal vaut par exemple la moitié seulement de celle d’un homme. Dans le cas d’un viol, il faut que la femme trouve deux personnes qui puissent attes-

Interview : Sarah Winter

>

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bulletin 4/10 Credit Suisse

80 Leaders Shirin Ebadi

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ter des faits. Franchement, dans combien de cas y a-t-il des té-moins lors d’un viol ou en cas de violences conjugales ?

Quelle est votre stratégie pour lutter contre ces injustices ?

Elle consiste à lutter quotidiennement, depuis des années, pour la réforme de notre droit – et surtout des lois concernant les femmes et les enfants. J’ai aussi fondé en Iran deux organisations non-gouvernementales : en 1995, l’Association for Support of Children’s Rights, par l’intermédiaire de laquelle nous diffusons en Iran la Convention internationale sur les droits de l’enfant. Et en 2001, avec d’autres juristes iraniens, le Human Rights Defence Centre qui nous permet de défendre les droits des minorités et d’offrir une assistance juridique gratuite aux personnes poursui-vies pour raisons politiques ou idéologiques. Nous effectuons aus-si un travail pédagogique dans le domaine des droits de l’homme.

Islam, démocratie, droits de l’homme – dans la politique et les 

médias, on parle souvent d’incompatibilité entre ces dimensions.

Ce sont des thèses formulées par le politologue américain Samuel Huntington dans son livre très souvent cité, « Le choc des civili-sations », et qui aujourd’hui encore sont souvent invoquées pour justifier la situation tendue et les guerres que connaît le Proche-Orient, car elles affirment qu’entre les civilisations occidentales et orientales, le clash est inévitable. Il ne faut toutefois pas oublier de replacer ces thèses dans leur contexte. Celles-ci datent en effet de l’époque de l’effondrement de l’Union soviétique et des pays communistes, et après la guerre froide, l’Occident se cher-chait un ennemi. Or l’histoire nous montre que musulmans et juifs ont cohabité en paix pendant des siècles au Proche-Orient. Et les conflits actuels sont de nature politique, pas religieuse. Par con séquent, ils devraient pouvoir être résolus.

L’islam n’exclut donc pas le respect des droits de l’homme ni 

la démocratie ?

Plusieurs études ont démontré que ces éléments ne s’excluaient pas les uns les autres, même si force est de constater que dans de nombreux pays islamiques, les droits de l’homme sont malmenés. Cependant, les musulmans modernes sont fermement convaincus que cette situation ne tient pas à l’islam en tant que religion, mais à la façon dont il est compris et interprété. Pour ma part, je pense qu’une interprétation de l’islam allant dans le sens des principes d’égalité et de démocratie est l’expression très au-thentique d’une foi pure.

La guerre contre le terrorisme est-elle une méthode efficace 

pour promouvoir la démocratie et les droits de l’homme dans les 

pays concernés ?

Il est clair que le terrorisme doit être combattu sans merci. Mais pour pouvoir lutter efficacement contre le terrorisme et l’éradiquer, nous devons prendre le mal à la racine. Et cette racine est faite d’une part de fanatisme – qui découle quant à lui de l’ignorance des hommes – et d’autre part d’injustice. Se contenter de lutter contre le terrorisme ne sert à rien, il faut s’attaquer aux causes du mal. Encourager l’éducation serait la première chose à faire, car l’éducation est le meilleur antidote à l’ignorance. Par ailleurs, je suis persuadée que ce n’est pas par la guerre que l’on pourra faire respecter les droits de l’homme. La démocratisation est un pro-cessus de développement qui ne peut pas être largué comme une bombe sur les pays et les populations.

Le monde entier semble avoir peur de l’islam à l’heure ac - 

tuelle. En Suisse, on a même interdit la construction de minarets, 

et on songe à interdire la burqa. Comment l’expliquez-vous ?

Shirin Ebadi est née en 1947 à Hamadan, en Iran. Après avoir obtenu une maîtrise de droit à l’Université de Téhéran en 1971, elle est devenue la première femme juge du pays. A 28 ans, elle a été nommée présidente de la Cour de Téhéran. La révolution  de 1979 l’a toutefois contrainte à démissionner et à travailler comme greffière dans le tribunal qu’elle dirigeait jusqu’alors. En 1992, Shirin Ebadi a pu finale-ment exercer comme avocate, et a ouvert son propre cabinet. Aujourd’hui, elle enseigne à la faculté de droit de Téhéran et milite pour le respect des droits de l’homme et l’amélioration du statut juridique  des femmes et des enfants en Iran. Elle a également fondé deux ONG : l’Association for Support of Chil-dren’s Rights et le Human Rights Defence Centre. 

Malgré une arrestation et des menaces répétées, Shirin Ebadi a toujours continué à exercer sa profes-sion. Son engagement courageux en faveur de la démocratie et des droits de l’homme lui a valu plu-sieurs prix, dont le prix Nobel de la paix en 2003 et le Prix international de la démocratie, à Bonn, en 2010. 

Shirin Ebadi a publié de nombreux livres et articles sur des questions relatives aux droits de l’homme, ainsi qu’une autobiographie intitulée « Iranienne et libre. Mon combat pour la justice ».

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Credit Suisse bulletin 4/10

Shirin Ebadi Leaders 81

1  Shirin Ebadi lors d’une conférence de presse donnée par la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) en décembre 2003 à Paris, deux mois après avoir reçu le prix Nobel de la paix pour son combat en faveur de la démocratie et des droits de l’homme.   2  Les étudiants iraniens appellent régulièrement la population à descendre dans les rues pour dénoncer le régime. Manifestation du 7 décembre 2002 : le gouvernement a tenté de réprimer le mouvement de protestation en ordonnant un déploiement massif de miliciens,  des attaques ciblées sur les manifestants ainsi que l’arrestation et la torture d’étudiants.  3  Les jeunes Iraniennes sont nombreuses à se battre pour faire évoluer la condition de la femme dans leur pays. 

1

2 3

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bulletin 4/10 Credit Suisse

82 Leaders Shirin Ebadi

Le Forum des droits de l’homme de Lucerne Le Forum international des droits de l’homme de  Lucerne (IHRF) a pour vocation de promouvoir le débat sur les droits de l’homme et de sensibiliser l’opinion publique en offrant aux différents acteurs issus de la politique, de la science, de l’économie, des médias ou de la société une plate-forme leur permettant de travailler en commun sur des thèmes actuels liés à cette problématique. Soucieux de faire aussi progresser la question des droits de l’homme en dehors du cadre de ses activités, le Credit Suisse est depuis 2009 partenaire de ce forum.

Le 7e Forum international des droits de l’homme de Lucerne, qui a eu lieu les 18 et 19 mai 2010, était consacré à la numérisation du quotidien. Shirin Ebadi faisait partie des conférenciers invités, avec bien d’autres experts nationaux et internationaux.

Pour plus d’informations sur le Forum international des droits de l’homme de Lucerne :  http://www.ihrf.phz.ch

Cette islamophobie est sans doute l’œuvre de quelques médias. Elle est entretenue par la presse internationale, qui s’emploie à la répandre. Personnellement, je trouve qu’en la matière aussi, il faut faire preuve de nuance. On doit faire la distinction entre les crimes abominables perpétrés par des groupes terroristes, et l’is-lam qui est la religion de millions de personnes tout à fait dignes et respectables, qui la pratiquent de manière parfaitement pacifique. Le fait qu’un attentat commis par des extrémistes mu-sulmans soit systématiquement qualifié d’« acte de terreur isla-mique » par l’opinion publique est tout simplement injuste pour la communauté musulmane mondiale. Personne n’oserait pré tendre que si le gouvernement israélien n’applique pas les résolutions de l’ONU, c’est à cause du judaïsme, ou dire que les crimes com-mis en Bosnie l’ont été au nom du christianisme.

Malgré votre combat difficile pour les droits de l’homme  

dans les pays islamiques et les critiques du monde entier  

à l’égard de l’islam, vous êtes restée une musulmane croyante.

Bien sûr. Il n’y a rien de contradictoire à mes yeux. Au contraire : ma foi me donne le courage d’accomplir mon travail. Si je suis musulmane, c’est par conviction profonde. Et j’aime mon pays. Même s’il suscite bien des controverses, c’est un pays magnifique ! Les Iraniens sont chaleureux, généreux, et surtout extrêmement accueillants.

Votre activité vous fait courir de grands risques. Vous avez  

été arrêtée, vous avez même lu un jour votre propre nom sur une 

liste de personnes à abattre. Vous n’avez pas peur ?

La peur n’est qu’un réflexe avec lequel il faut apprendre à vivre. Je suis quelqu’un d’optimiste, et j’ai la conviction qu’en luttant pacifiquement pour des causes justes, on finira par ouvrir la voie à la démocratie. Même si le chemin est un peu plus long.

Vous avez reçu le prix Nobel de la paix en 2003, et cette 

année le Prix international de la démocratie, à Bonn. Qu’est-ce 

que cela représente pour vous ?

Evidemment, je suis fière de ces distinctions. Je suis bien plus connue depuis que j’ai eu ces prix. Mais le plus important, c’est qu’ils m’ont permis d’attirer l’attention internationale sur mon travail et sur les droits de l’homme. Je peux maintenant toucher beaucoup plus de personnes, les sensibiliser à cette thématique et les gagner à notre cause. Je compte sur une prise de conscience, à l’échelle mondiale, de la nécessité de respecter les droits de l’homme. <

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