Buffon - Discours Sur Le Style

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    Discours sur le style [Document lectronique] : prononc l'Acadmiefranaise / par M. de Buffon le jour de sa rception (25 aot 1753)

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    Messieurs,vous m' avez combl d' honneur en m' appelant vous ;mais la gloire n' est un bien qu' autant qu' on en estdigne, et je ne me persuade pas que quelquesessais crits sans art et sans autre ornement quecelui de la nature soient des titres suffisantspour oser prendre place parmi les matresde l' art, parmi les hommes minents qui reprsententici la splendeur littraire de la France, et dontles noms, clbrs aujourd' hui par la voix desnations, retentiront encore avecp14

    clat dans la bouche de nos derniers neveux. Vousavez eu, messieurs, d' autres motifs en jetant lesyeux sur moi : vous avez voulu donner l' illustrecompagnie laquelle j' ai l' honneur d' appartenirdepuis longtemps une nouvelle marque deconsidration. Ma reconnaissance, quoique partage,n' en sera pas moins vive. Mais comment satisfaireau devoir qu' elle m' impose en ce jour ? Je n' ai,messieurs, vous offrir que votre propre bien : cesont quelques ides sur le style, que j' ai puisesdans vos ouvrages ; c' est en vous lisant, c' esten vous admirant, qu' elles ont t conues ; c' est

    en les soumettant vos lumires qu' elles seproduiront avec quelque succs.

    Il s' est trouv dans tous les temps des hommes quiont su commander aux autres par la puissance de laparole. Ce n' est nanmoins que dans les siclesclairs que l' on a bien crit et bien parl. Lavritable loquence suppose l' exercice du gnieet la culture de l' esprit. Elle est bien diffrentede cette facilit naturelle de parler qui n' estqu' un talent, une qualit accorde tous ceux dontles passions sont fortes, les organes souples et

    l' imagination prompte. Ces hommes sentent vivement,s' affectent de mme, le marquent fortement audehors ; et, par une impression purement mcanique,ils transmettent aux autres leur enthousiasmep15

    et leurs affections. C' est le corps qui parle aucorps : tous les mouvements, tous les signesconcourent et servent galement. Que faut-il pourmouvoir la multitude et l' entraner ? Que faut-ilpour branler la plupart mme des autres hommeset les persuader ? Un ton vhment et pathtique,

    des gestes expressifs et frquents, des parolesrapides et sonnantes. Mais pour le petit nombre deceux dont la tte est ferme, le got dlicat et le

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    sens exquis, et qui, comme vous, messieurs, comptentpour peu le ton, les gestes et le vain son desmots, il faut des choses, des penses, desraisons ; il faut savoir les prsenter, les nuancer,les ordonner : il ne suffit pas de frapperl' oreille et d' occuper les yeux ; il faut agir sur

    l' me et toucher le coeur en parlant l' esprit.Le style n' est que l' ordre et le mouvement qu' on metdans ses penses. Si on les enchane troitement,si on les serre, le style devient ferme, nerveuxet concis ; si on les laisse se succder lentement,et ne se joindre qu' la faveur des mots, quelquelgants qu' ils soient, le style sera diffus,lche et tranant.Mais, avant de chercher l' ordre dans lequel onprsenterap16

    ses penses, il faut s' en tre fait un autre plusgnral et plus fixe, o ne doivent entrer que lespremires vues et les principales ides : c' est enmarquant leur place sur ce premier plan, qu' unsujet sera circonscrit, et que l' on en connatral' tendue ; c' est en se rappelant sans cesse cespremiers linaments, qu' on dterminera les justesintervalles qui sparent les ides principales, etqu' il natra des ides accessoires et moyennes quiserviront les remplir. Par la force du gnie, onse reprsentera toutes les ides gnrales etparticulires sous leur vritable point de vue ; par

    une grande finesse de discernement, on distinguerales penses striles des ides fcondes ; par lasagacit que donne la grande habitude d' crire, onsentira d' avance quel sera le produit de toutesces oprations de l' esprit. Pour peu que lesujet soit vaste ou compliqu, il est bien rare qu' onpuisse l' embrasser d' un coup d' oeil, ou le pntreren entier d' un seul et premier effort de gnie ; etil est rare encore qu' aprs bien des rflexionson en saisisse tous les rapports. On ne peut donctrop s' en occuper ; c' est mme le seul moyend' affermir, d' tendre et d' lever ses penses :plus on leur donnera de substance et de force par

    la mditation,p17

    plus il sera facile ensuite de les raliser parl' expression.Ce plan n' est pas encore le style, mais il en estla base ; il le soutient, il le dirige, il rgleson mouvement et le soumet des lois ; sans cela,le meilleur crivain s' gare, sa plume marchesans guide, et jette l' aventure des traitsirrguliers et des figures discordantes. Quelquebrillantes que soient les couleurs qu' il emploie,

    quelques beauts qu' il sme dans les dtails,comme l' ensemble choquera ou ne se fera

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    pas assez sentir, l' ouvrage ne sera pointconstruit ; et, en admirant l' esprit de l' auteur,on pourra souponner qu' il manque de gnie. C' estpar cette raison que ceux qui crivent comme ilsparlent, quoiqu' ils parlent trs-bien, criventmal ; que ceux qui s' abandonnent au premier feu de

    leur imagination, prennent un ton qu' ils ne peuventsoutenir ; que ceux qui craignent de perdre despenses isoles, fugitives, et qui crivent endiffrents temps des morceaux dtachs, ne lesrunissent jamais sans transitions forces ; qu' enun mot, il y a tant d' ouvrages faits de pices derapport, et si peu qui soient fondus d' un seul jet.Cependant, tout sujet est un ; et, quelque vastequ' il soit, il peut tre renferm dans un seuldiscours. Les interruptions, les repos, les sections,ne devraient tre d' usage quep18

    quand on traite des sujets diffrents, ou lorsque,ayant parler de choses grandes, pineuses etdisparates, la marche du gnie se trouveinterrompue par la multiplicit des obstacles, etcontrainte par la ncessit des circonstances :autrement, le grand nombre de divisions, loin derendre un ouvrage plus solide, en dtruitl' assemblage ; le livre parat plus clair aux yeux,mais le dessein de l' auteur demeure obscur ;il ne peut faire impression sur l' esprit du lecteur,il ne peut mme se faire sentir que par la

    continuit du fil, par la dpendance harmoniquedes ides, par un dveloppement successif, unegradation soutenue, un mouvement uniforme que touteinterruption dtruit ou fait languir.Pourquoi les ouvrages de la nature sont-ils siparfaits ? C' est que chaque ouvrage est un tout, etqu' elle travaille sur un plan ternel dont elle nes' carte jamais : elle prpare en silence lesgermes de ses productions ; elle bauche par unacte unique la forme primitive de tout tre vivant ;elle la dveloppe, elle la perfectionne par unmouvement continu et dans un temps prescrit.L' ouvrage tonne ; mais c' est l' empreinte divine

    dont il porte les traits qui doit nous frapper.L' esprit humain ne peut rien crer ; il ne produiraqu' aprs avoir t fcond par l' exprience etla mditation ; ses connaissances sont les germesde ses productions : mais, s' il imite la nature danssa marche et dans son travail, s' il s' lve par lacontemplation aux vrits les plus sublimes, s' illes runit, s' il les enchane,p19

    s' il en forme un tout, un systme par la rflexion,il tablira sur des fondements inbranlables des

    monuments immortels.C' est faute de plan, c' est pour n' avoir pas assez

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    rflchi sur son objet, qu' un homme d' esprit setrouve embarrass, et ne sait par o commencer crire. Il aperoit la fois un grand nombred' ides ; et, comme il ne les a ni comparesni subordonnes, rien ne le dtermine prfrerles unes aux autres : il demeure donc dans la

    perplexit. Mais lorsqu' il se sera fait un plan,lorsqu' une fois il aura rassembl et mis en ordretoutes les penses essentielles son sujet,il s' apercevra aisment de l' instant auquel il doitprendre la plume, il sentira le point de maturitde la production de l' esprit, il sera press de lafaire clore, il n' aura mme que du plaisir crire : les ides se succderont aisment, et lestyle sera naturel et facile ; la chaleur natrade ce plaisir, se rpandra partout, et donnera de lavie chaque expression ; tout s' animera de plusen plus : le ton s' lvera, les objets prendront

    de la couleur ; et le sentiment, se joignant lalumire, l' augmentera, la portera plus loin, lafera passerp20

    de ce que l' on dit ce que l' on va dire, et lestyle deviendra intressant et lumineux.Rien ne s' oppose plus la chaleur que le dsir demettre partout des traits saillants ; rien n' estplus contraire la lumire qui doit faire uncorps et se rpandre uniformment dans un crit,que ces tincelles qu' on ne tire que par la

    force en choquant les mots les uns contre les autres,et qui ne nous blouissent pendant quelquesinstants, que pour nous laisser ensuite dans lestnbres. Ce sont des penses qui ne brillentque par l' opposition : l' on ne prsente qu' unct de l' objet, on met dans l' ombre toutes lesautres faces ; et ordinairement ce ct qu' on choisitest une pointe, un angle sur lequel on fait jouerl' esprit avec d' autant plus de facilit, qu' onl' loigne davantage des grandes faces souslesquelles le bon sens a coutume de considrerles choses.Rien n' est encore plus oppos la vritable

    loquence que l' emploi de ces penses fines et larecherche de ces ides lgres, dlies, sansconsistance, et qui, comme la feuille du mtalbattu, ne prennent de l' clat qu' en perdant de lasolidit. Aussi, plus on mettra de cet espritmince et brillant dans un crit, moins il aura denerf, de lumire, de chaleur et de style ; moinsque cet esprit ne soit lui-mme le fond du sujet,et que l' crivain n' ait pas eu d' autre objet quela plaisanterie : alors l' art de dire de petiteschoses devient peut-tre plus difficile quel' art d' en dire de grandes.

    Rien n' est plus oppos au beau naturel que la peinequ' on se donne pour exprimer des choses ordinaires

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    ou communes d' une manire singulire ou pompeuse ;rien ne dgradep21

    plus l' crivain. Loin de l' admirer, on le plaintd' avoir pass tant de temps faire de nouvelles

    combinaisons de syllabes, pour ne dire que ce quetout le monde dit. Ce dfaut est celui des espritscultivs, mais striles : ils ont des mots enabondance, point d' ides ; ils travaillent doncsur les mots, et s' imaginent avoir combin desides, parce qu' ils ont arrang des phrases, etavoir pur le langage quand ils l' ont corrompu endtournant les acceptions. Ces crivains n' ont pointde style, ou, si l' on veut, ils n' en ont quel' ombre. Le style doit graver des penses : ils nesavent que tracer des paroles.Pour bien crire, il faut donc possder pleinement

    son sujet ; il faut y rflchir assez pour voirclairement l' ordre de ses penses, et en formerune suite, une chane continue, dontchaque point reprsente une ide ; et, lorsqu' onaura pris la plume, il faudra la conduiresuccessivement sur ce premier trait, sans luipermettre de s' en carter, sans l' appuyer tropingalement, sans lui donner d' autre mouvement quecelui qui sera dtermin par l' espace qu' elle doitparcourir. C' est en cela que consiste la svritdu style ; c' est aussi ce qui en fera l' unit et cequi en rglera la rapidit, et cela seul aussi

    suffira pour le rendre prcis et simple, gal etclair, vif et suivi. cette premire rgle, dictepar le gnie, si l' on joint de la dlicatesse etdu got, du scrupule sur le choix des expressions,de l' attention ne nommer les choses que par lestermes les plus gnraux, le style aura de lap22

    noblesse. Si l' on y joint encore de la dfiancepour son premier mouvement, du mpris pour tout cequi n' est que brillant, et une rpugnance constantepour l' quivoque et la plaisanterie, le styleaura de la gravit, il aura mme de la majest.

    Enfin, si l' on crit comme l' on pense, si l' on estconvaincu de ce que l' on veut persuader, cettebonne foi avec soi-mme, qui fait la biensancepour les autres et la vrit du style, luifera produire tout son effet, pourvu que cettepersuasion intrieure ne se marque pas par unenthousiasme trop fort, et qu' il y ait partoutplus de candeur que de confiance, plus deraison que de chaleur.C' est ainsi, messieurs, qu' il me semblait, en vouslisant, que vous me parliez, que vous m' instruisiez.Mon me, qui recueillait avec avidit ces oracles

    de la sagesse, voulait prendre l' essor et s' leverjusqu' vous : vains efforts ! Les rgles,

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    disiez-vous encore, ne peuvent suppler au gnie ;s' il manque, elles seront inutiles. Bien crire,c' est tout la fois bien penser, bien sentir etbien rendre ; c' est avoir en mme temps del' esprit, de l' me et du got. Le style suppose larunion et l' exercice de toutes les facults

    intellectuelles. Les ides seules forment le fonddu style, l' harmonie des paroles n' en est quel' accessoire et ne dpend que de la sensibilitdes organes ; il suffit d' avoir un peu d' oreillepour viter les dissonances, et de l' avoir exerce,perfectionne par la lecture des potes et desorateurs, pour que mcaniquement on soit port l' imitation de la cadence potique et des toursoratoires. Orp23

    jamais l' imitation n' a rien cr : aussi cette

    harmonie des mots ne fait ni le fond ni le ton dustyle, et se trouve souvent dans des crits videsd' ides.Le ton n' est que la convenance du style la naturedu sujet : il ne doit jamais tre forc ; il natranaturellement du fond mme de la chose, et dpendrabeaucoup du point de gnralit auquel on auraport ses penses. Si l' on s' est lev auxides les plus gnrales et si l' objet en lui-mmeest grand, le ton paratra s' lever la mmehauteur ; et si, en le soutenant cette lvation,le gnie fournit assez pour donner chaque objet

    une forte lumire, si l' on peut ajouter la beautdu coloris l' nergie du dessin, si l' on peut, enun mot, reprsenter chaque ide par une image viveet bien termine, et former de chaque suite d' idesun tableau harmonieux et mouvant, le ton seranon-seulement lev, mais sublime.Ici, messieurs, l' application ferait plus que largle, les exemples instruiraient mieux que lesprceptes ; mais, comme il ne m' est pas permis deciter les morceaux sublimes qui m' ont si souventtransport en lisant vos ouvrages, je suiscontraint de me borner des rflexions. Lesouvrages bien crits seront les seuls qui passeront

    la postrit : la quantit des connaissances, lasingularit des faits, la nouveaut mme desdcouvertes, ne sont pas de srs garants del' immortalit : si les ouvrages qui les contiennentne roulentp24

    que sur de petits objets, s' ils sont crits sansgot, sans noblesse et sans gnie, ils priront,parce que les connaissances, les faits et lesdcouvertes s' enlvent aisment, se transportent,et gagnent mme tre mises en oeuvre par des

    mains plus habiles. Ces choses sont hors de l' homme,le style est l' homme mme. Le style ne peut donc ni

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    s' enlever, ni se transporter, ni s' altrer ; s' ilest lev, noble, sublime, l' auteur sera galementadmir dans tous les temps : car il n' y a que lavrit qui soit durable, et mme ternelle. Or unbeau style n' est tel en effet que par le nombreinfini des vrits qu' il prsente. Toutes les

    beauts intellectuelles qui s' y trouvent, tous lesrapports dont il est compos, sont autant devrits aussi utiles, et peut-tre plus prcieusespour l' esprit humain, que celles qui peuventfaire le fond du sujet.Le sublime ne peut se trouver que dans les grandssujets. La posie, l' histoire et la philosophieont toutes le mme objet, et un trs-grand objet,l' homme et la nature. La philosophie dcrit etdpeint la nature, la posie la peint etl' embellit ; elle peint aussi les hommes, elle lesagrandit, les exagre, elle cre les hros et les

    dieux. L' histoire ne peint que l' homme, et le peinttel qu' il est : ainsi le ton de l' historien nedeviendra sublime que quand il fera le portrait desplus grands hommes, quand il exposera les plusgrandes actions, les plus grands mouvements, lesplus grandes rvolutions ; et, partout ailleurs,p25

    il suffira qu' il soit majestueux et grave. Le tondu philosophe pourra devenir sublime toutes lesfois qu' il parlera des lois de la nature, des tresen gnral, de l' espace, de la matire, du

    mouvement et du temps, de l' me, de l' esprit humain,des sentiments, des passions ; dans le reste, ilsuffira qu' il soit noble et lev. Mais le ton del' orateur et du pote, ds que le sujet est grand,doit toujours tre sublime, parce qu' ils sont lesmatres de joindre la grandeur de leur sujetautant de couleur, autant de mouvement, autantd' illusion qu' il leur plat ; et que, devanttoujours peindre et toujours agrandir les objets,ils doivent aussi partout employer toute la forceet dployer toute l' tendue de leur gnie.ADRESSE

    mm de l' acadmie franaise.Que de grands objets, messieurs, frappent ici mesyeux ! Et quel style et quel ton faudrait-ilemployer pour les peindre et les reprsenterdignement ? L' lite des hommes est assemble ;la sagesse est leur tte ; la gloire, assise aumilieu d' eux, rpand ses rayons sur chacun, et lescouvre tous d' un clat toujours le mme et toujoursrenaissant. Des traits d' une lumire plus viveencore partent de sa couronne immortelle, et vontse runir sur le front auguste du plus puissant etdu

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    meilleur des rois. Je le vois, ce hros, ce princeadorable, ce matre si cher. Quelle noblesse danstous ses traits ! Quelle majest dans toute sapersonne ! Que d' me et de douceur naturelledans ses regards ! Il les tourne vers vous,

    messieurs, et vous brillez d' un nouveau feu, uneardeur plus vive vous embrase ; j' entends dejvos divins accents et les accords de vos voix :vous les runissez pour clbrer ses vertus, pourchanter ses victoires, pour applaudir notrebonheur ; vous les runissez pour faire clatervotre zle, exprimer votre amour, et transmettre la postrit des sentiments dignes de ce grandprince et de ses descendants. Quels concerts ! Ilspntrent mon coeur ; ils seront immortels commele nom de Louis.Dans le lointain, quelle autre scne de grands

    objets ! Le gnie de la France qui parle Richelieu, et lui dicte la fois l' art d' clairerles hommes et de faire rgner les rois ; lajustice et la science qui conduisent Sguier, etl' lvent de concert la premire place de leurstribunaux ; la victoire qui s' avance grands paset prcde le char triomphal de nos rois, oLouis Le Grand, assis sur des trophes, d' unemain donne la paix aux nations vaincues, et del' autre rassemble dans ce palais les musesdisperses. Et prs de moi, messieurs, quel autreobjet intressant ! La religion en pleurs, qui

    vient emprunter l' organe de l' loquence pourexprimer sa douleur, et semble m' accuser desuspendre tropp27

    longtemps vos regrets sur une perte que nous devonstous ressentir avec elle.