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BREVES 4

PREPARATION OPERATIONNELLE 735e RAP - la B2 en Corse35e RAP - les JTAC du 35e RAP préparent l’Afghanistan en Corse1er RAMa - la montée en puissance de la section DRAC

OPERATIONS EXTERIEURES 1068e RAA - la première batterie du 68 retourne au pays du Cèdre68e RAA - le groupement tactique d’artillerie de la FINUL

DOCTRINE 14EA - Interview du général Durand, commandant l’école d’artillerie

VIE DE L’ARME 361er RAMa - changement de brigade pour le 1er RAMa35e RAP - retour aux sources, la batterie sol air parachutiste du 57e RA dis-sout retrouve le 35e RAP8e RA - le 8e RA ou l’alliance des traditions impériales à la modernité techno-logique68e RAA - le 68e RAA retrouve sa batterie sol air

FORMATION 40SDFE - Pourquoi la CO devrait être un sport obligatoire pour la préparationdu chef de combat ?

HISTOIRE 42EA - le 363e régiment d’artillerie de Draguignan dans la tourmente de 1940EA - Ferdinand Ferber, officier d’artillerie et pionnier de l’aviation

DOSSIER16

L’artillerie en Afghanistan

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION

Général DURAND

REDACTEUR EN CHEF

Sous-lieutenant DESFOLIES

COMITE DE RELECTURE

Colonel TOURON

Colonel BRUSSEAUX

Lieutenant-colonel de BERGEVIN

CONCEPTION, GRAPHISME

Mme CHACORNAC

PHOTOGRAPHIES

ECPAD

Régiments d’artillerie

Musée de l’artillerie

bureau COM / EA

Sirpa terre

FLASHAGE, IMPRESSION,

DIFFUSION

EDIACAT St Etienne 02 0865

N°ISSN : 1639-9870

Tirage : 2300 exemplaires

SITE INTRATERRE

www.eaa.terre.defense.gouv.fr

Bureau communication de l’EA

Quartier Bonaparte BP 400

83007 DRAGUIGNAN Cedex

Tel : 04.98.10.84.01

ou 04.98.10.87.17

Fax : 04.98.10.85.22

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Nous voici donc rentrésdans ce qu’il convientd’appeler l’an II de latransformation de l’artille-rie. Une fois balayés lesderniers regrets liés auxrestructurations et au res-serrement de l’ordre de ba-taille, force est de

constater objectivement que l’Arme aborde un repo-sitionnement de grande envergure, la situant en pos-ture favorable. En clair, l’artillerie va plutôt bien etretrouve actuellement dans les sables et les rocs d’Af-ghanistan et du Liban, sinon une nouvelle jeunesse,du moins un nouveau souffle d’aventure et d’action.En effet, l’année 2009 aura été celle du retour de l’ar-tillerie au premier plan (ou plutôt en première ligne)des opérations :- l’engagement en structures « de métier » est désor-mais nettement prépondérant par rapport à l’engage-ment en structures PROTERRE et assimilées ;- l’artillerie a confirmé sa place au Tchad et surtoutau Liban, théâtre représentatif d’opérations de stabi-lisation en contexte sensible, potentiellement évolu-tif vers une intensité plus élevée ;- l’artillerie se sera résolument affirmée dans les opé-rations de guerre menées en Afghanistan : 10 mor-tiers de 120 déployés, rejoints par 8 canons CAESARdont l’engagement 10 mois après sa mise en servicedans les forces revêt une haute signification, près de4000 coups tirés, la coordination des appuis feuxprise en compte dans tous ses vecteurs, au plus prèsdu combat interarmes, huit unités élémentaires ayanteu accès à l’expérience afghane… Le bilan de notremontée en puissance depuis 18 mois sur ce théâtre –le plus emblématique- est éloquent ;- les effets induits de cette situation sont déterminantspour l’avenir : un partenariat privilégié avec l’infan-terie est désormais bien établi à travers le creuset af-ghan et sera renforcé, dès les prémisses de la carrièremilitaire, par la constitution des écoles militaires deDraguignan, rassemblant école de l’infanterie et écoled’artillerie. D’autre part, l’interarmes s’inscrit dans lesesprits par ce même canal passant par l’Afghanistanet, en corollaire, les appuis feux se voient reconnaî-tre comme une fonction à part entière des PC deGTIA1 et de SGTIA2.Je serais, en outre, tenté d’écrire que, pourvu que les

armées confirment une décision d’emploi le momentvenu, nous pouvons faire mieux et aller plus loindans les quinze à vingt mois qui viennent :- la panoplie déployée ou mise à disposition est ainsiappelée à s’enrichir du LRU, complétant la gammedes effets, entre obus et CAS3, et dont les qualités etl’intérêt sont déjà très nettement établis à travers leretour d’expérience de nos alliés britannique et amé-ricain ;- en parallèle, et alors que la question de contrôle del’espace de bataille dans ses trois dimensions se faitde plus en plus prégnante en Afghanistan, les re-marquables possibilités de MARTHA se précisent, al-lant de pair avec une prise de conscience accrue de laplace de la CI3D4 comme facteur essentiel de la libertéd’action dans la conduite du combat terrestre. Voilà,je le crois, un domaine d’expertise de l’artillerie quidevrait connaître de beaux jours sur les théâtresd’opérations.Il devrait en résulter de nouvelles logiques de coopé-ration avec l’armée de l’air et la Marine et la stabili-sation d’une nouvelle ligne de partage entre« sphères » d’emploi et de responsabilité. Ce contexteinterarmées imprime de fait une dimension supplé-mentaire à l’artillerie et on peut légitimement en at-tendre une valorisation de notre Arme et de sa placesur le champ de bataille.

L’artillerie tient donc ferme son créneau sur les frontsde l’armée de terre. De manière récurrente dans notrehistoire récente, dès lors que l’on est confronté à devrais combats, face à un adversaire organisé, mor-dant, déterminé, féroce et que l’on doit faire face àdes pertes, l’appui feux reprend naturellement sesdroits.Pour autant, l’artillerie doit garder conscience qu’ellea le devoir de renouveler indéfiniment ses preuves,pour toujours mieux affirmer sa crédibilité et prouverque, si elle est un peu amaigrie, elle est aussi plusdure, plus nerveuse, et entend bien témoigner d’unesprit combatif et bien trempé.

Autant de réflexions ou de constats qui mettent enévidence la place prépondérante que prend ou vaprendre l’Afghanistan dans l’horizon opérationnel denos régiments. C’est bien ce que les différents articlesproposés à votre attention dans cette édition d’ARTIentendent vous rappeler. Bonne lecture à tous.

Général Thierry DURANDCommandant l’école d’artillerie1 Groupement Tactique Interarmes

2 Sous-Groupement Tactique Interarmes3 Close Air Support (appui feu aérien rapproché)4 Coordination des Intervenants dans la 3e Dimension

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À l’occasion de la cérémonie depassation de commandement

du 17e groupe d’artillerie, le 24 juillet der-nier, un partenariat a été signé entre le 14e

Luchtdoelartillerie de Nieuport (Belgique)et le 17e groupe d’artillerie de Biscarrosse.Spécialisé dans la lutte antiaérienne à par-tir de moyens SATCP MISTRAL, le 14e

RAA partage avec le 17e GA une expertisedans le domaine de la construction de ci-bles pour le tir antiaérien. Ainsi, leséchanges entre les deux unités permettrontd’associer les compétences et les savoir-faire de chacun dans les domaines deconception et d’utilisation de ces cibles.Ce partenariat a été signé par le comman-dant Jean-Paul Nicolay commandant parintérim le 14e régiment d’artillerie antiaé-rienne (Luchtdoelartillerie) et le lieutenant-colonel Laurent Zych, chef de corps du 17e

groupe d’artillerie en présence du généralBertrand Dumont Sain Priest, commandantles centres de préparation des forces et ducolonel Daniel Peeters commandant l’artil-lerie belge.

Actualités internationales,jumelage avec le 14e RAA

Présidée par le général Bertrand DumontSaint Priest, commandant les centres depréparation des forces, la cérémonie de

passation de commandement du 17e groupe d’artille-rie entre le lieutenant-colonel Jean Panel et le lieute-nant-colonel Laurent Zych s’est déroulée le vendredi24 juillet sur l’esplanade Latécoère de Biscarrosse.Cette cérémonie a réuni, autour des autorités civiles etmilitaires, divers détachements tels que la délégationgénérale pour l’armement, l’unité élémentaire spécia-lisée de la brigade des sapeurs pompiers de Paris et dela base aérienne 120 de Cazaux ainsi qu’un détache-ment du 14e Luchtdoelartillerie belge représenté parson étendard et par le commandant Nicolay, chef decorps par intérim.

Recevant le commandement du 17e groupe d’artille-rie, le lieutenant-colonel Zych a également été fait che-valier de la légion d’honneur et décoré par le généralBertrand Dumond Saint Priest. Au terme de cette cé-rémonie, le lieutenant-colonel Zych a défilé pour lapremière fois à la tête du 17e groupe d’artillerie.

FOCUS, passation de commandement

Le 27 août, la 64e promotion du groupement d'ap-plication a effectué sa rentrée au sein de l'écoled'artillerie sous les ordres du colonel Heinzelmeier,

commandant de la division officiers pour la troisième annéeconsécutive.

Heureuse et motivée pour découvrir son cœur de métier,elle se compose de 48 lieutenants et sous-lieutenants :Seize de l'école spéciale militaire de Saint-Cyr (ESM), douzede l'école militaire interarmes (EMIA), huit officiers d'activedes écoles d'armes (OAEA), neuf officiers sous contrats(OSC) ainsi que trois officiers étrangers (OE), en prove-nance de Belgique, du Qatar et du Koweït.Tout au long de l'année, elle sera représentée par son bu-reau promotion élu par l’ensemble des lieutenants, aveccomme président le LTN Leclerc. (ESM), vice-président leLTN Pichenot (EMIA), trésorier le LTN Magret (OAEA), se-crétaire le LTN Virth (OSC), officier tradition le LTN Durbecq(ESM), officier communication le LTN Marin (EMIA).Dernière promotion de l'école d'artillerie avant l’avènementdes écoles militaires de Draguignan et l’arrivée de l’école del’infanterie, notre promotion tachera de rayonner du mieuxqu'elle pourra durant cette période au sein de sa maisonmère.Ne vous inquiétez pas, nous prendrons bien soin de voustenir au courant de toutes nos activités et péripéties à venir.A tous bonne année scolaire 2009-2010.

64e promo

ARTI n°14 - janvier 20104

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L‘adjudant-chef Laurent Fabre,41 ans, et le major Michel De-naix, 49 ans, constituaient

l’équipe du 93e RAM, et ont remporté pourla deuxième fois le raid Souloise. Ces deuxguides de haute montagne sont des habi-tués des grands raids sur plusieurs jours.“Cette épreuve est une bonne base d’entraî-nement pour nous !” explique Laurent, quivient de remporter le Raid In France avecl’équipe Queshua et de se qualifier pour leschampionnats du monde au Portugal ennovembre prochain.Ils ont tout de même terminé en tête de ce9e raid Souloise avec une demi-heured’avance sur les suivants.

9e raid souloise

Suite à la sécheresse qui sévissait àCanjuers, dans le Var, le 93 a été obligé dereporter ses manœuvres de tir à Suippes,dans la Marne, du 12 au 16 octobre2009.Le premier module qui partira à la mi-no-vembre en Afghanistan, est équipé decanon CaESAR et de mortiers de 120 mm.Le deuxième module, qui rejoindra Djibouti enfévrier 2010, sera équipé de canon de 155

TRF1, qui sont déjà sur zone. Une semained’instruction a été nécessaire pour se perfec-tionner dans les tirs mortiers et Caesar.

Le 93 dans la Marne

Trail du Galibier

L‘équipe du 93e RAM avec l’ADC Fabre et le Major Denaix,le 5 septembre 2009 à Corps.photo : Fabienne GILBERTAS

Ce nouveau parcours, plus long(50 km), plus technique, plus déni-

velé, au départ de St Michel de Maurienne, avecdifférents passages et l’arrivée à Valloire, a étéproposé le 23 août 2009.Des options plus « grand public » avec le premier« Trail du Télégraphe » entre St Michel de Mau-rienne et Valloire via le col du Télégraphe, des re-lais, des parcours pour enfants ont été égalementau menu.Un challenge portant le nom de l’adjudant-chefBarbarot, décédé accidentellement, à l'occasiond'une épreuve de ce type et parrainé par le 93e

régiment d'artillerie de montagne, a vu le jour.Ce challenge est ouvert aux binômes, c’est-à-direaux équipes de deux coureurs (hommes, femmes,mixte) engagées sur ce grand parcours.

Remise de prix pour les deux finalistes : Margueron Damienet Chacornac Olivier entourés de l’adjudant-chef Lenoir (PSO)et de Madame Barbarot. photo : P. Demonnaz

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ARTI n°14 - janvier 20106

Le triathlon IRON-MAN 70.3 consiste àenchaîner trois disci-plines d’endurance :1,9 km de natation,90 km de vélo et21 km de course àpied. Le circuit mon-dial compte 41épreuves au coursdesquelles 25 à 75athlètes sur 1000 à2500 participants

sont sélectionnés pour la grande finale mon-diale qui a lieu tous les ans courant novembresur le site paradisiaque de Clearwater Beach enFloride. Cette année, 1800 athlètes représen-tants 57 nations ont participé à ce champion-nat du monde parmi lesquels deux militaires du54e RA.Le chemin qui mène à l’IRONMAN est longet semé d’embûches, s’est donc après avoirparcouru 3664 longueurs de bassins,

7 852 km de vélo et 1 452 km de course àpied par tous les temps, souvent tôt le matinet tard le soir au cours des 9 derniers moisque nos deux Hyèrois ont atteint l’objectifmajeur de leur saison en s’envolant pour laFloride du 7 au 15 novembre.Le chef d’escadron Prenel Sylvain réalise sonrecord personnel sur la distance en4 h 37 min (34', 2 h 14, 1 h 40) et se classe24e Français, l’adjudant Mordant Fabienquand à lui en termine en 5 h 04 min (36',2 h 26, 1 h 53).Cet ultime rendez-vous de la saison concluune année exceptionnelle pour le TEAM54triathlon qui après avoir remporté 4 titres dechampion de France militaire en 2008 s’estconsacré aux compétitions internationales en2009 en représentant l’Armée de Terre surdistance IRONMAN (3,8 km natation,180 km cyclisme, 42 km course à pied) etdistance IRONMAN 70.3 à Singapour, à Lan-zarote, en Autriche, en Espagne et en Flo-ride.

Le capitaine Stéphane Augé, officierréserviste au 35e RAP (au centre surla photo) est devenu champion dumonde de pentathlon militaire en Bul-garie pour la deuxième année consé-

cutive. Ce père d’une famille de quatre enfants,enseignant en génie mécanique productique àPau, fait partie de l’équipe de France vétéranCIOR (confédération interalliée des officiers deréserve).Cette équipe, que complètent les capitainesChristophe Adrien et Eric Chabin, conservedonc son titre qu’elle défendra l’année pro-chaine en Norvège.

C’est dans une ambiance de feu à Doncaster enAngleterre, que l’artilleur parachutiste de 1re

classe Hirachidine Saindou est devenu cham-pion d’Europe de full contact dans la presti-gieuse fédération Wako le 11 octobre dernier.Opposé au redoutable boxeur anglais ChrisDaekon, tenant du titre dans la catégorie desmoins de 69,2 kg, le “para” tarbais a fait parlerla foudre en menant le combat de bout en boutavant de l’emporter aux points à l’issue des 10reprises.

Un champion d’Europe au 35

Deux athlètes du 54e RAau championnat du monde de triathlon

Pentathlon, un champion du monde

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Lieutenant�Ludovic�Coroy35e RAP

chef�de�section�2e batterie

La B2 en Corse

Très rapidement, les compa-gnies du 2e REP s’infiltrent,après héliportage, et mè-

nent successivement deux opéra-tions de réduction de résistancesde mouvements extrémistes. Aux cotés du REP, la 2e batterie du35e RAP prend en charge l’appuifeu. Deux équipes JTAC (joint ter-minal attack controller) et uneéquipe d’observation sont ainsiprésentes au sein des compagniesd’infanterie et assurent en perma-nence la coordination des feux desappuis (artillerie et aérien) dont leGTIA a besoin. Trois sections de tirà deux pièces chacune constituentla force de frappe d’artillerie de laTask-Force. Une section CaESARs’est vue positionnée au seinde la FOB (forward operatio-nal base) de Corte et deuxsections d’appui mortier ontété respectivement dé-ployées sur le TC2 et la QRF(quick response forces). Lasection de QRF qui a pu dé-montrer l’étendue de son sa-voir-faire à l’occasion d’un“raid artillerie” (héliportage

de la section mortiers) au sein desmontagnes de l’Ile de Beauté.A l’issue de ces quelques jours decombats intenses, le désengage-ment et l’exfiltration de la task-force s’est effectué parhélicoptère vers la FOB de Corte.Afin d’assurer la progression destroupes, la section d’appui à la mo-bilité du 17e RGP, a été chargée dedétecter les piéges et IED (impro-vised explosive device) éventuels.Le jeudi 22 octobre 2009, les élé-ments du GTIA se sont séparéspour regagner leurs bases res-pectives. Ils ne se retrouverontqu’en janvier 2010, sur les terresafghanes. Cette fois ci, il ne s’agiraplus d’un entraînement.

C’est finalement avecquelques jours de re-tard que la 2e batteriedu 35e RAP a pris lamer pour Bastia. Eneffet, le samedi 17 oc-tobre 2009, à Corte,se rassemblait pour lapremière fois la TF(task force) Altor quisera projetée en Afgha-nistan en janvier 2010.Au programme, l’opéra-tion ENDURING SNOW,point d’orgue de la miseen condition de projec-tion du GTIA français(groupement tactiqueinterarmes). Trois joursdurant, le groupementtactique s’est déployédans la montagne corsepour éprouver et éva-luer sa valeur opéra-tionnelle.

Le CaESAR est doté de capacités de calcul et de po-sitionnement géographique de dernière génération.

Arrivé cet été en Afghanistan, le CaESAR permet d’assurer une capacité d’ap-pui à près de 30km des bases alliées contre 8km pour le mortier de 120mm. 7

Les fantassins progressent dans un environnement monta-gneux proche de celui qu’ils rencontreront en Afghanistan.

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Ces contrôleurs air avancés,dont l’appellation OTAN est“joint terminal attack control-

ler” (JTAC) sont organisés enéquipes de quatre personnes par-ticipant à toutes les patrouilles enappui des sections d’infanterie.Ces équipes sont en mesure derégler des tirs d’artillerie, deconduire des actions au sol avecles hélicoptères d’attaque et defaire de l’appui aérien rapproché(CAS) avec l’ensemble des aéro-nefs de la coalition.

Deux équipes JTAC du 35e régi-ment d’artillerie parachutiste s’en-voleront pour l’Afghanistan endébut d’année 2010 aux cotés du2e régiment étranger parachu-tiste. Dans le cadre de leur pré-paration opérationnelle, les parastarbais ont participé à deux exer-cices majeurs en Corse au moisd’octobre dernier : Serpentex etIndukush.

Organisé par le commandementdes forces aériennes françaises,l’exercice international Serpentexregroupe les troupes de diffé-rentes armes, armées et nationsà Solenzara. Le but est de les pré-parer au mieux à leur futur dé-ploiement en Afghanistan enaffutant leur coordination en opé-ration.Les entraînements se sont articu-lés autour de scénarios de mis-sions d’appui aérien avancé dans

un environnement montagneuxproche de celui rencontré sur lethéâtre afghan. Les missions ontcombiné l’intervention d’avions decombat (Mirages 2000 D et Mi-rages F1) et celle de nombreuseséquipes JTAC provenant de diffé-rents pays et différentes armées(Américains, Belges, Italiens,commandos parachutistes de l’airet artilleurs français). Cet exercices’est également axé sur la forma-tion des équipes aux règles d’en-gagement et à la délivranced’armement sur le théâtre.

Après avoir quitté Solenzara, leséquipes du 35e RAP ont rejointCalvi pour participer avec le 2e

REP à l’exercice Indukush. Celui-cia marqué la fin d’une mise encondition de projection (MCP)commencée en début d’année enpermettant d’évaluer l’aptitudeopérationnelle du groupement tac-tique interarmes (GTIA).La première semaine de l’exercicea permis aux équipes de manœu-vrer avec les compagnies danslesquelles elles sont insérées etde participer à des scénariosproches de ce que seront leurs fu-tures missions en Afghanistandans un environnement similaire àcelui rencontré sur le théâtre :opérations d’escorte, réductionde résistance et bouclage dezone.

Rejointes par la 2e batterie et sesmoyens feux (mortiers de 120mmet CaESAR) pour la phase finalede l’exercice, les équipes JTAC ontpu utiliser tous les moyens mis à

leur disposition pour appuyer lescompagnies dans une opérationde bouclage-ratissage au nord deCorte.Outre l’intervention décisive de lachaîne artillerie dans les phasesde réduction de résistance, l’im-portance des moyens déployés apermis aux compagnies de profi-ter de l’assistance d’avions dechasse dans leur progression. Lacontribution de ceux-ci guidés parles JTAC a permis au GTIA demener à bien sa mission et de dé-loger les insurgés (joués par deséquipes de plastrons du 2e REP)de la zone d’opérations. L’exercices’est conclu par le désengage-ment des compagnies par héli-portage.

Les JTAC du 35e RAP, projetésprochainement en Afghanistan au-près de la 2e batterie ont, quatresemaines durant, arpenté les re-liefs de l’Ile de Beauté lors d’exer-cices réalistes et d’une rareenvergure (cf. l’héliportage massifde 900 hommes pour une miseen place véloce sur une zone decombat), proches des missionsqu’ils seront amenés à effectueren Afghanistan.Cela leur a également permis dese familiariser avec les règlesd’engagement contraignantes duthéâtre et de se préparer à sesconditions exigeantes dans un en-vironnement montagneux. La pré-paration se poursuit à présent surTarbes avant le colisage et le dé-part prochain en janvier 2010.

ARTI n°14 - janvier 20108

Incontournable aujourd’hui, le guidage aérien est une spécia-lité aussi rare que précieuse. Précurseur dans le domaine, le35e régiment d’artillerie parachutiste ne compte dans sesrangs pas moins de 12 personnels possédant cette qualifica-tion de haut niveau.

Les JTAC du 35e RAPpréparentl’Afghanistan en Corse

Lieutenant�Hervé�Evrard35e RAP

chef�d’équipe�JTAC�2e batterie

Observation de la vallée

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Arrivé début septembre à la tête de lasection, mon prédécesseur me laissealors un outil bien huilé, prêt à une

éventuelle projection, grâce à une montée enpuissance bien menée. Cette performanceopérationnelle s’est déroulée en plusieursétapes sous l’égide de la SOA de la 2e BB, dela STAT et de l’industriel EADS.

Tout d’abord, la livraison des systèmes DRAC(un système comprend deux drones) s’estréalisée à la suite de la formation des chefsd’équipes et des servants drone par l’indus-triel du 28 janvier au 7 février 2008. Puis,une phase d’expérimentation a été mise enœuvre dans presque toutes les conditionsimaginables afin de tester le comportementdu DRAC et surtout d’entraîner les personnelsde la section.

Le point culminant de cette expérimentationprendra la forme d’une projection de 2 moisde la section ainsi que du reste de la BRB auKosovo du 3 août au 27 septembre 2008.C’est à la suite de ce premier test opération-nel que des stages plus spécifiques ont puêtre abordés, comme la sécurité des volsdébut juin 2009 à Dax ou une formation ca-tapulte et de remise à niveau des servantsDRAC mi-juin 2009 à Chaumont.

Après une phase technique, la sec-tion a abordé le côté tactique de l’uti-lisation du DRAC avec l’élaboration

de la doctrine d’emploi, mais aussi montré etdémontré aux unités Interarmes la plus-valueque peut leur amener le système d’armes.

Cette phase s’est traduite par un enchaîne-ment important d’exercices : du 13 mars au4 mai 2009, la section a participé à la MCPdu 13e BCA à Valdahon, ainsi qu’à deux exer-cices au CENZUB et deux autres au CENTAC.Ces activités opérationnelles ont permis à lasection de valider les qualifications néces-saires à une projection comme le secourismede combat, la conduite à tenir en cas d’IEDou d’embuscade, et l’ISTC. Une grande partiede la section a été qualifiée aux modules Alphaet Bravo.Pour ma part, le grand défi a été de mainte-nir les qualifications de mes personnels viaune campagne de vol du 1er au 8 octobre2009 sur le camp de Couvron, devenu ré-cemment une Zone Réservée Temporaire.

De plus, à l’issue d’une instruction TTA en ma-tière d’armement et de combat, la sections’apprête à partir une semaine sur Suippes,du 3 au 9 novembre 2009, afin de travaillerles procédures de vol et celles des comptes-rendus de renseignement. Cette manœuvrepermettra de se préparer à l’exercice qui suitau CENZUB, du 9 au 20 novembre, où la sec-tion sera contrôlée par la SOA du B2 de la 1re

BM, notre nouvelle brigade depuis le 1er aoûtdernier.

La montée en puissance dela section DRAC de la BRB du 1er RAMa

Le lieutenant Erwan Le Dluz est chef de sectionDRAC au 1er RAMa depuis son arrivée au régimenten septembre 2009. Il a repris cette section enpleine montée en puissance et témoigne de ses capa-cités opérationnelles grandissantes.

Lieutenant�Erwan�Le�Dluz1er RAMachef�de�section�DRAC

Préparatifs avant lancement

Lancementdu drone

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La première batterie du 68retourne au Pays du Cèdre

Capitaine�Frédéric�Moutin68�RAA

commandant�la�1re batterie

La zone des opérations au sud duLitani (délimitation naturelle de lazone de responsabilité des

casques bleus) d’environ 60 km delong sur 20 km de large est consti-tuée de trois compartiments de ter-rain principaux : la zone côtière,fortement urbanisée, une bande cen-trale semi-montagneuse et enfin unterrain très escarpé et montagneux àl’est. Le SGTIA canon de la QRF estbasé depuis la fin 2006 au cœur dudispositif, sur l’emprise UN 9.1 deDAYR KIFA, afin d’être en mesure d’in-tervenir sur très court préavis.

Depuis la cessation des hostilités, lagéographie humaine de l’espace demanœuvre a été énormément modi-fiée par une urbanisation massive etune grande campagne de rénovation

La première batterie du 68e régiment d’artillerie d’Afrique a effec-tué, de mai à octobre 2009, la dernière projection sur AUF1 du ré-giment au Liban, 25 ans après que ses anciens aient foulé la terredu pays du cèdre pour la première fois. Engagés au sein de la QRF(quick reaction force) de l’opération Daman, les artilleurs d’Afriqueont reçu pour mission durant quatre mois d’appuyer les élémentsde la FINUL 2 sur l’ensemble de l’AOR.

ARTI n°14 - janvier 201010

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des infrastructures routières financée par l’étatet, dans de nombreux villages chiites financée,par le Hezbollah. Si ce phénomène témoigned'une volonté tenace des libanais de reprendreune vie normale, il restreint de manière dracon-nienne les possibilités d’entraînement des élé-ments chenillés de la force en général et dugroupement d’artillerie en particulier. L’utilisationdes principales zones de déploiement est doncaujourd’hui soumise, dans le cadre des bonnesrelations entretenues avec les libanais, à l’accorddes propriétaires et des responsables locaux. Deplus, afin de gêner le moins possible les habitantsplutôt favorables à l’action de la force, de nom-breux mouvements de blindés s’effectuent doré-navant en porte engin blindé.

Le seul entraînement opérationnel, lors du man-dat pour les artilleurs, reste l’exercice de tir enmer exécuté en coordination avec les appuis del’armée libanaise (canons M114 de 155 mm) auxalentours de Naqoura. Véritable démonstrationdes capacités feux de la QRF, il permet aussi aucontingent français de réaliser une action mar-quante avec les FAL (forces armées libanaises) et

mettre ainsi en avant la volonté de totale collabo-ration avec ces dernières.

La liberté de manœuvre des artilleurs au Liban, etdonc leur possibilité d’entretenir leurs savoir-fairespécifiques, est limitée par le compromis à réali-ser avec l’acceptation de la force par la popula-tion locale. Néanmoins lors de son mandat, lapremière batterie du 68e RAA a tout de mêmeeffectué 165 patrouilles dont quararante trois denuit, quatre missions de surveillance de nuit, troisdéploiements opérationnels avec tous sesmoyens sur trois à six jours, un déploiement de lasection de tir en autonome, deux exercices dedesserrement opérationnel d’alerte, quatorze es-cortes d’aide médicale à la population et vingt-cinqlâchés de ballons SIROCCO. Il est donc possiblede trouver un juste milieu en faisant preuve de di-plomatie et évidemment d’audace…toujours !

SIROCCO 11

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Capitaine�Berringer68�RAA

chef�du�CMO�ART�de�DAMAN�9

La force multinationale déployée(FINUL) est articulée en deux bri-gades (secteur est espagnol/sec-

teur ouest italien) et en un élémentd’intervention du volume d’un bataillon,la QRF (quick reaction force) ; chaqueunité de la FINUL doit en effet, en vuede conserver sa liberté d’action, com-porter un élément d’intervention et ilest logique que les éléments de déci-sion (escadron Leclerc et GTA) appar-tiennent à cette QRF de la FINUL. Lechef du CMO ART (centre de mise en-

oeuvre artillerie) commande ce GTA et,faisant partie de l’état-major FINULsitué à Naqoura, assure également lafonction d’officier de liaison de la QRF.Le CMO ART est articulé en trois com-posantes avec un DL SOL/AIR, un DLCOBRA et un DL CANON. Tout ou par-tie du GTA peut être mis sous TACONd’un autre bataillon de la FINUL maisest détaché de façon prioritaire à laQRF comme la section MISTRAL arméepar le 57e RA dont la mission est lasurveillance permanente et le compte

Le groupement tactiqued’artillerie (GTA) de la FINUL

Depuis la dernière guerre en 2006 entre le Liban et Israël, le mandatde l’ONU au sud Liban a été renforcé de façon significative avec la miseen place d’un GTA (groupement tactique d’artillerie), composé d’une bat-terie COBRA à deux radars, d’une section MISTRAL à six pièces et d’unebatterie à quatre AUF1 et quatre équipes d’observation.

DIREXARTI n°14 - janvier 201012

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rendu de toute violation de l'espaceaérien FINUL ; elle assure en sus ladéfense sol air de la QRF avec deuxpièces toujours activées. Le chefdu CMO ART pour sa part prendses ordres artillerie auprès duconseiller feux, artilleur inséré auJ3.

En raison des élections législativesdu 7 juin 2009 et des événementsqui pouvaient en découler, le man-dat 9 de l’opération DAMAN avaitcommencé plus tôt par rapport aurythme habituel pour que la relèvesoit effectivepour cettedate. Lesélections sesont remar-quablementbien dérou-lées souscontrôle in-ternat iona lmais le consensus obtenu pour cetévénement n’a pas survécu auxproblèmes de constitution d’ungouvernement, ce qui n’a pas em-pêché la torpeur de l’été et soncalme politique et social impres-sionnant de s’installer. Pourtant le14 juillet un dépôt de munitions duHezbollah a explosé à Khirbat Silimet les opérations de contrôle ontdégénéré, causant quelques bles-

sés chez les Français, responsa-bles du secteur. Puis des roquettesont été tirées le 11 septembreavec une riposte immédiate de l’ar-mée israélienne (tir à priori dans undélai de 15 minutes sur les basesde lancement). La batterie COBRA,armée par le 1er RA, a parfaite-ment détecté et localisé les dé-parts de coups, donnant leséléments exacts permettant auxéquipes d’investigations FINUL en-voyées dans l’heure de faire leurpropre jugement de façon indépen-

dante. La batterie COBRApeut aussi donner en bou-cle courte, via ATLAS, leséléments de contre-batte-rie à la batterie canon duGTA qui était armé par le68e RAA.

Le 68e RAA a donné de-puis 1983 au LIBAN diffé-rents détachements avec

en particulier la B4 et la B1 qui ontfourni l’appui feu de la FINUL auxmandats 5 et 9 de l’opérationDAMAN. La 1re batterie, présentedéjà au tout début de l’aventure, aclos le chapitre libanais du 68e

RAA en AUF1, servant à présentles canons CaESAR. La B4 enmars 2008 et la B1 en septem-bre 2009 ont donc pu tirer au 155au cours des exercices conjoints

de tir en mer avec l’artillerie liba-naise et ses M114. Outre l’aspectmondain donné à ces démonstra-tions, occasions de montrer labonne entente entre FINUL etarmée libanaise : ce grand raoutsert surtout aux artilleurs à ex-traire les données techniques destirs et à éliminer les plus vieux lotsde poudre dont aucune simulationde vieillissement n’existe et qui peu-vent faire varier l’évent d’une se-conde, soit 300 m à l’impact :difficile à justifier dans un contextede maîtrise des dommages collaté-raux. Cet exercice monté par leCMO ART est l’occasion d’expliquerin situ le phénomène de dispersion,donnée délicate mais inéluctable àfaire accepter aux unités ap-puyées : même un FAMAS montésur support fixe dispersera statisti-quement ses coups autour de lacible ; il faut donc comprendrequ’avec l’artillerie lourde, ce para-mètre ne peut être éludé : la dis-persion est proportionnelle à ladistance de tir d’où la nécessitéd’approcher au maximum les tubes(environ 13 km) de la zone à ap-puyer, ce qui implique une recon-naissance permanente d’un panelde positions de tir adéquates etdonc une réelle manœuvre de l’ar-tillerie.

Cet exercice montépar le CMO ART est

l’occasion d’expli-quer in situ le phé-

nomène dedispersion

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ARTI n°14 - janvier 201014

Mon général, depuis l’engagement en Afgha-nistan on parle beaucoup d’intégration desfeux, de quoi s’agit-il ?La problématique est moins récente qu’il n’y paraîtet l’on redécouvre de nombreux enseignementstactiques déjà connus lors de la guerre d’Indochine.Pour faire simple : quand le combat est conduit defaçon décentralisée, le chef tactique au contact,chef de corps, commandant d’unité voire chef desection prend une importance majeure. Il faut luifournir les appuis nécessaires à son action. Dansle domaine des feux cela concerne aussi bien l’ar-tillerie que les hélicoptères, les avions d’arme ouencore certains feux délivrés par des navires.Le chef tactique attend le bon appui au bon endroitet au bon moment.L’intégration consiste à établir les procédures quiassurent cet appui sans tirs fratricides ni dom-mages collatéraux. Tous les appuis transitent par latroisième dimension et dépendent de chaînes tac-tiques différentes, il y a donc un gros travail decoordination à réaliser.

N’est-ce pas déjà ce qui est réalisé ?Actuellement le chef au contact peut effectivementavoir accès à tous les types d’appuis mais le niveauhiérarchique de coordination est trop élevé pouravoir une bonne réactivité. C’est le constat que fontnos alliés depuis 2001 et que confirme notre en-gagement en Afghanistan.

Qu’est-ce qui va changer ?Chaque régiment de mêlée, chaque compagnie ouescadron bénéficiera au sein du régiment d’artille-rie de sa brigade de spécialistes identifiés, desti-nés à mettre en œuvre à son profit les appuis feuxde toute nature.

À quel horizon ce changement va-t’il s’opérer ?Sur le principe nous y sommes déjà, par la suite ilconvient d’optimiser et de faire vivre ce conceptgrâce aux retours d’expérience.Nous y sommes déjà car le concept (réponse à laquestion : de quoi s’agit-il ?) est validé ; ma direc-

tion des études vient de finaliser la rédaction d’unedoctrine (réponse à la question : comment ?) ens’appuyant sur une expérimentation très riche,avec mise en œuvre d’artillerie française et alliée,d’avions, d’hélicoptères et de drones.Les structures seront en place dès cet été, les fi-lières professionnelles ont été actualisées pour ré-pondre au défi.

Ce calendrier semble très rapide, n’éprouvez-vous pas de difficultés ?Le facteur temps est effectivement très important.Il faudra plusieurs années pour atteindre la vitessede croisière. De nombreux officiers et sous-officiersdevront suivre des formations d’adaptation ; cer-tains équipements devront évoluer, d’autres êtreacquis.Il n’en demeure pas moins que dès aujourd’hui nousdisposons d’une ressource qualifiée qui peut dés-ormais s’appuyer sur une doctrine d’emploi.Pour les axes de progrès, la détermination avec la-quelle les états-majors s’impliquent dans le dossierpermet d’être confiant.

Que retenez-vous de l’expérimentation tac-tique ?J’éprouve un sentiment de reconnaissance et defierté pour les soldats de tous grades et de toushorizons qui se sont mobilisés autour de l’objectif.Ils ont atteint avec professionnalisme les objectifsfixés par notre CEMAT pour cette expérimentation :“valider la doctrine, rédiger les procédures, propo-ser des équipements”.Je retiens enfin l’esprit interarmées et interallié.L’exercice était rythmé par des points de situationdestinés à permettre aux chefs de prendre lesbonnes décisions tactiques. En compléments decet exercice formel, les officiers des différents cen-tres opérationnels se recevaient très simplementpour expliquer leur travail, leurs contraintes etcomprendre leurs homologues.

Pourquoi, y-a-t-il un problème de coopération ?Souvent, on ne trouve un tel esprit qu’en opéra-

Propos recueillis par le lieutenant-colonel Jean-Armel SentisAuprès du général Thierry Durand, commandant l’école d’artillerie

Interview du général Durand,commandant l’école d’artillerie

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tions car la préparation opérationnelle est une res-ponsabilité organique et il n’est pas simple de ras-sembler des unités aux contraintes diverses pour unentraînement commun.Vous avez bien compris que pour atteindre cet objec-tif : appuyer un chef au contact avec toute la gammedes appuis, un entraînement conjoint est primordial.Tous les acteurs que j’ai cité l’ont spontanément com-pris et se sont retrouvés lors de l’exercice TOLLconduit conjointement par la brigade d’artillerie et labrigade de renseignement.

Comment cela s’est-il manifesté ?À titre d’exemple l’armée de l’air, pour donner du réa-lisme à l’exercice, a reproduit les distances que l’ontrouve sur le théâtre Afghan. Le centre de coordina-tion air, représenté à Canjuers était ainsi en liaison di-recte avec le centre national des opérations aériennesde Lyon. Les avions d’armes désignés pour une actiond’appui aérien étaient prélevés sur une manœuvre aé-rienne réalisée au-dessus du massif central.Cela me paraît très positif car nous devons mettre surpied un entraînement interarmées ambitieux. C’est àce prix que nous aurons des équipes performantes.

Dans cette doctrine émergente seule l’artillerieconserve des FAC, pourquoi ?Attention aux contre-vérités. Jusqu’à présent, l’arméede l’air formait, pour l’armée de terre, des FAC endouble qualification. Cette situation devenait intenableavec l’accroissement du besoin sur les théâtres. Il adonc fallu rationaliser ; les deux armées ont mis surpied un véritable protocole qui repose sur l’identifica-tion et la traçabilité de la ressource. Pour faire simple,FAC c’est désormais un métier.Le conseil et l’appui feu sont parties prenante de lamanœuvre du chef terrestre appuyé, avec la mobilitéet la connaissance tactique que cela implique. Il étaitimportant que cela soit réalisé par du personnel ac-culturé, c’est pourquoi, l’artillerie, dont l’appui feu estle métier, a été chargée de décrire un cursus profes-sionnel.Il n’en demeure pas moins qu’il reste des FAC au 2e ré-giment de hussard pour ses actions dans la profon-

deur. On en trouve également dans les autres arméeset dans les forces spéciales.

Avez-vous encore des soucis ?Ce sont plutôt des défis :L’équipement des forces : les véhicules de nos équipesd’observations vieillissent et ne sont plus en nombresuffisant ; leur remplacement est prévu au mieux àpartir de 2015. Il faudra trouver des solutions pallia-tives dans l’intervalle. Cela pourrait passer par unéquipement en petits véhicules protégés, complétéspar des moyens d’observation et de communication.

L’entraînement : un bon appui repose sur la connais-sance mutuelle entre l’appuyant et l’appuyé. Les indi-vidus ne sont pas aussi interchangeables qu’on lecroit, même si chacun a sa richesse et je suisconvaincu que l’on appuie différemment le capitaineDupont commandant au 2e REP et le capitaine Martincommandant au 21e RIMA. Le règlement de manœu-vre est certes identique, mais la personnalité du chef,de son unité se retrouvent dans leurs réactions. Il fautdonc manœuvrer ensemble.

La projection : notre projet sera abouti lorsque la fu-sion sera complète. Pour faire simple : un capitaine demêlée est projeté avec son officier coordination desfeux et un chef de corps avec son coordonateur desappuis feux.

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L’artillerie en Afghanistan est au cœur de ce numérod’ARTI, et quoi de plus normal ! Tout d’abord parce que lethéâtre Afghan constitue l’effort opérationnel principal del’armée de terre ; mais aussi en raison du rôle que l’artil-lerie est amenée à y jouer dans plusieurs de ses missions :appui-feux sol-sol avec ses mortiers et ses canons CaE-SAR ; conseil et intégration des feux interarmées au profitdes unités interarmes, avec les détachements de liaisonet de coordination (DLOC) ; protection des personnels avecle système acoustique SL2A projeté très prochainement.Même si cet emploi croissant des artilleurs correspond àune actualité difficile pour les unités françaises, il est uneoccasion de démontrer le savoir-faire de notre arme, le ca-ractère décisif de feux puissants, précis et réactifs, la va-riété des effets possibles des obus explosifs, éclairants, IRou fumigènes, la capacité d’adaptation des artilleurs pourapporter les appuis nécessaires malgré les différentescontraintes.

Ce focus sur l’Afghanistan ne doit pas estomper pour au-tant le travail des artilleurs sur d’autres théâtres ou en pré-paration opérationnelle, ni l’intérêt des autres systèmesd’armes de l’artillerie : dans le cadre général de la réorga-nisation organique et capacitaire de l’armée de terre, notrearme fait face à un véritable challenge pour adapter sesstructures, ses matériels, ses doctrines et procéduresd’emploi, les cursus de formation et de carrière de ses per-sonnels. La direction des études et de la prospective par-ticipe à cet effort de modernisation et d’accroissement denos capacités ; l’artillerie de demain passe par la mise enservice opérationnelle de la chaîne de coordination MAR-THA, par la roquette unitaire, par les obus à précision mé-trique, par une amélioration des capacités “de l’avant”,d’observation et de désignation des objectifs. L’artillerie dedemain, c’est aussi une arme rapprochant ses deux com-posantes sol-sol et sol-air au sein des régiments d’artilleriede BIA, et encore mieux intégrée aux unités interarmesqu’elle a pour mission d’appuyer.

La réussite de ce challenge doit mobiliser toutes nos éner-gies, elle est garante de l’avenir de notre arme au mêmetitre que l’efficacité de nos camarades déployés sur le théâ-tre afghan.

Colonel J-F VASSEURDEP de l’artillerie

SOMMAIRE DOSSIERles canons du 11e RAMa en Afghanistan11e RAMa, l’artillerie en contre insurrection : la nécessaire juste suffisance !40e RA, l’artilleur : “un spécialiste polyvalent ?”3e RAMa, en direct d’Afghanistan93e RAM, les valeurs ajoutées de l’artillerie de montagne93e RAM, l’EO JTAC en Afghanistan61e RA, 3e mandat pour le SDTIEABC, l’instruction artillerie des lieutenants de cavalerie et l’Afghanistan

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Les sections de tir à deux pièces mortiers de120 mm et deux CaESAR sont directement insé-rées au sein des sous-groupements tactiques et

réparties entre les FOB de Moralès-Frazier à Nijrab etde Kutsbach à Tagab. Les équipes d’observation ontparticipé à toutes les missions afin d’assurer tous lesappuis feu disponibles, sol-sol et air-sol. Les officiersobservateurs qualifiés JFAC ont été amenés à guidertoutes sortes d’aéronefs, du Kiowa, petit hélicoptèrede reconnaissance et d’attaque américain, jusqu’àl’A10 ou le F15 en passant par l’Apache et le Tigre ré-cemment mis en place sur le théâtre. Le détache-ment de liaison artillerie, est, quant à lui, inséré, auPC du GTIA implanté sur la FOB de Moralès-Frazier,PC dont le chef CO est un officier du 11e RAMa. Cettearticulation, travaillée dès la MCP, a permis la coopé-ration interarmes et la coordination étroite des appuisfeu indirects avec le combat des unités de mêlée.En alerte 5 minutes pour toute la durée de la mission,

les sections d’appui restent constamment en mesurede délivrer des feux et participent pleinement à la dé-fense des FOB. Plus particulièrement, en riposte auxtirs de CHICOM (roquettes chinoises de 107 mm),des tirs éclairants sont effectués afin d’observer lazone de départ des coups suivis de tirs de contre-bat-terie à l’obus explosif pour détruire les rampes de tir.Régulièrement, des tirs éclairants sont demandés parles COP de l’armée nationale afghane, mentorés parles OMLT français et répartis dans les vallées les plussensibles, afin d’observer les mouvements et leszones de départ de tirs insurgés. Les opérations dereconnaissance et de contrôle de zone au sein desvallées nécessitent, de part leur profondeur, la miseen place des sections d’appui-mortier au cœur mêmedes vallées, et au plus près des sections d’infanterietandis que la portée accrue des canons CaESAR as-sure la permanence de la “bulle” artillerie. La coordi-nation 3D reste un impératif majeur pour tout tir

De mai à décembre 2009, la 2e batterie du 11e régiment d’artillerie de marine aété projetée dans l’Est de l’Afghanistan pour armer le module artillerie de la TaskForce Korrigan. Ce GTIA majoritairement composé de marsouins du 3e RIMa s’estdéployé dans la province de la Kapisa avec pour mission d’aider les forces de sé-curité nationales afghanes (ANSF) à conquérir le terrain et à étendre le pouvoir dugouvernement afghan.

Capitaine�Benjamin�SOUBRA11e RAMa

CDU�de�la�2e batterie�/�DL�ART�du�GTIA�KORRIGAN

les canons du 11e RAMaen Afghanistan

ARTI n°14 - janvier 201018

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d’artillerie et la collaboration avec la cellule AIR duGTIA est continue afin d’ouvrir les ROZ pour prévenirles aéronefs de la zone pendant que les JTAC déployéssur le terrain les écartent de la trajectoire des tirs.Les accrochages ponctuant quasiment toutes les opé-rations, les appuis sont utilisés dans leur véritablecadre d’emploi. Tous les effets d’agression de l’artille-rie ont été mis en œuvre grâce à la complémentaritédes systèmes d’armes de 120 mm et de 155 mm quipermettent d’obtenir l’éventail complet des effets tac-tiques nécessaires aux unités appuyées. Des tirs desemonce, de harcèlement, de neutralisation ou decontre-batterie ont été régulièrement effectués ; lapuissance désirée, le rayon d’efficacité et lescontraintes 3D déterminant le lanceur à employer. Ledéploiement des positions amies, parfois éloigné, aimposé les premiers tirs avec le nouvel obus explosifde 155 mm de type LU211 à une distance de plus de29 km. Les premiers tirs éclairants à longue portée,ont quant à eux, été effectué à une distance de tir de

plus de 16 km et les tirs d’aveuglement réalisés dansles phases de désengagement des unités au contact.Les nouveaux obus de 120 mm éclairants infrarougefrançais ont été également tirés par les sections dé-montrant la place prépondérante de cette munitionlors des opérations de nuit.L’ensemble du dispositif artillerie du GTIA Kapisa,armé par les bigors du 11e RAMa a répondu parfai-tement au besoin opérationnel en appui feux indirectsdes unités déployées sur le terrain. Au bilan, les mor-tiers de 120 mm comme les CaESAR de 155 mmtrouvent toute leur place dans une mission de contreinsurrection sur le théâtre afghan.

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Tel était la teneur des propos que me tenait ré-cemment le colonel Chanson, chef de la TFKorrigan et ancien chef de corps du 3e RIMa.

Le canon, comme le rappelle le Cne Soubra, a plei-nement sa place dans la panoplie utilisée en contreinsurrection, en contre guérilla. Précis, destruc-teur, disponible, il assure au marsouin au contactle soutien indispensable qui lui permet d’imposersa volonté, de répondre aux provocations sans es-prit de recul. La variété des effets tactiques pro-posés offre au chef interarmes les alternativesindispensables à son action. Jusqu’ici, rien de nou-veau sous le soleil me direz-vous ! Spécificité ducombat mené dans les allées arides des territoirespashtounes, l’emploi du canon doit être mesuré,pensé avec précision et non pas systématisé afinde limiter la violence au niveau requis. L’objectifn’est pas de nous aliéner des populations fa-rouches et promptes à prendre les armes par tra-dition et par goût contre tout étranger qui depuisla nuit des temps s’égare ou s’installe – pour unedurée variable – dans ces contrées, mais bien denous assurer a minima leur neutralité bienveillanteà défaut de concours actif. Tirer sans discerne-ment est contre-productif. Il convient donc d’éviterdeux écueils, la frilosité du soldat qui se prend pour

un diplomate et l’exubérance du chercheur degloire éphémère. Le chef interarmes est à ce titrele mieux placé pour décider du degré d’engage-ment des tubes.

L’option choisie a été d’intégrer totalement leséquipes du 11 de Marine dans le dispositif armépar le 3e RIMa ; des postes de Battle Captain et dechef CO ont été confiés aux bigors, et les EO et sec-tions de tir appartiennent sans restriction auxSGTIA. La gestion des demandes de tir en bouclecourte a également contribué à accroitre la réac-tivité des appuis, en optimisant les potentialitésd’ATLAS. Autrement dit, faire simple est un gaged’efficacité. Nous avons les outils qui nous per-mettent de le faire, de nous adapter aux circons-tances, de répondre avec pertinence aux besoinsopérationnels. Veillons simplement à utiliser de ma-nière judicieuse pour répondre aux besoins du mar-souin débarqué la puissance de feu qu’offrent lestubes, sans recréer pour la beauté du geste dessystèmes complexes et séduisants sur le plan in-tellectuel, mais peu réactifs et in fine inutiles. LeRETEX doit nous éviter de tomber dans ce troi-sième écueil…

L’artillerie en contre insurrection :la nécessaire juste suffisance !

Colonel�Goguenheim11e RAMa

Chef�de�corps

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Si le retour aux fondamentaux tactiques expliqueà n’en point douter la réintégration de l’artilleriedans les opérations, il n’en demeure pas

moins vrai que la faculté d’adaptation de l’armea très certainement favorisé ce processus.

“Pas un pas sans appui, pas un pas sans ren-seignement, pas un pas sans CIMIC, pas un passans les ANSF !”Quelle que soit la mission principale confiée auxunités de mêlée, le volume de force engagé et ledegré de danger de l’opération, toutes les mis-sions ont été construites autour de ce leitmotiv.Premiers dehors et derniers rentrés sur la FOBTora, les artilleurs ont appuyé par le feu et le ren-seignement face aux lanceurs de roquettes ou auxgroupes d’insurgés en embuscade, notamment dansla vallée de l’Uzbeen. Garantissant en permanence undispositif hermétique, offrant le minimum d’opportu-nité à l’adversaire qui sait en profiter, le bataillon aainsi progressé dans sa zone d’opération en assurantla présence permanente de l’ANA grâce à laconstruction d’une COP au cœur de l’Uzbeen.

Ce retour de l’artillerie dans les opérations a été fa-vorisé par la remarquable adaptation de l’arme. D’unepart, l’articulation en sections à deux pièces est dés-ormais admise comme facteur de souplesse dans lamanœuvre et garant de la permanence des feux.D’autre part, l’entraînement interarmes, déjà bienconnu pour les EO, est maintenant pris en comptepour les sections de tir, car il est le reflet de la réa-lité du terrain où les sections sont intégrées dans ledispositif des SGTIA. Enfin, l’intégration des appuisfeux (interarmes, interarmées, interalliée) est uneréalité tant dans la préparation que dans la conduitedes opérations. L’artilleur, quel que soit son niveau(GTIA, SGTIA) est devenu l’interlocuteur unique dansle domaine des feux et de la prise en compte de laC3D (notamment dans le contrôle local d’une ROZ enliaison avec le CTA, qui reste généralement au PC ar-rière), garantissant ainsi souplesse dans les procé-dures et complémentarité des moyens. Le réseauunique appui (DLC, EO, CTA, JTAC) conforte cettenouvelle dimension prise par l’artillerie. Faire de l’ar-tilleur le “spécialiste polyvalent”, voici le défi que l’arme

a su relever avecsuccès, notammentavec la diffusion ré-cente du conceptdu DLOC.

Capable d’adapta-tion et profitant duretour aux fonda-mentaux tactiquesimposés par lesopérations de

guerre, l’artillerie a retrouvé ses lettres de noblesse.Le dernier argument des rois est à nouveau employé,preuve de son efficacité. L’arrivée du canon CaESARen août 2009 sur le théâtre et son premier tir opé-rationnel, vient confirmer s’il en était besoin cette dy-namique opérationnelle fondée sur lacomplémentarité des moyens et la souplesse dans lamanœuvre.

L’artilleur : « un spécialiste polyvalent ? »

Faire de l’artilleur le “spé-cialiste polyvalent”, voici ledéfi que l’arme a su releveravec succès, notammentavec la diffusion récente

du concept du DLOC.

De janvier à juillet 2009, le 40e régimentd’artillerie a armé le second mandat d’ap-pui au profit du bataillon français en Afgha-nistan, composé du 1er régimentd’infanterie et d’unités d’appui de la 1re bri-gade mécanisée. Il s’est agit pendant sixmois, d’appuyer par le feu, d’assurer lacoordination des appuis et de renseigner,le GTIA dans l’ensemble de ses opérationsen particulier dans le district de Surobi.Composé d’un DLC, de trois sections mor-tiers à deux pièces et de quatre équipesd’observation, pour un effectif strictementdimensionné de soixante personnes, lacomposante artillerie a été de toutes lesopérations, sans exception, sur les pistesde l’Uzbeen, de la Jagdaley et de la Tizin.

L’artilleur : « un spécialiste polyvalent ? »

Capitaine�Tardy-Joubert40e RA�/�commandant�d’unité�de�la�2e batterie

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Notre mandat restera marqué par le change-ment de posture du dispositif français en Af-ghanistan et par la naissance de la task

force Lafayette, brigade française regroupant legroupement tactique interarme Kapisa renforcéd’une compagnie d’infanterie et le bataillon françaisdésormais GTIA Surobi recentré sur le district deSurobi et délesté de la zone de Kaboul transmise àl’armée turque.Dans un contexte où la population reste l’enjeu etprofitant d’une situation globalement calme à l’ex-ception de quelques bastions insurgés, la stratégieadoptée par le GTIA Surobi consiste à rallier pro-gressivement les populations en évitant au maxi-mum d’engager le combat. Renonçant ainsi à unelogique de violence, le bataillon s’attache, par desactions en faveur de la population, à véhiculer uneimage positive de la force dans toutes les valléesenvironnantes où les zones déjà calmes servent de“vitrine” pour le reste de la région. Cela offre la pos-

sibilité d’établir les conditions favorables à uneavancée vers les zones refuges, où la populationserait alors moins réticente à la présence d’uneforce réputée “bienveillante”. L’efficacité d’une telleposture, alors que la situation reste particulière-ment tendue dans d’autres régions limitrophes dela Surobi, ne pourra se mesurer qu’après un cer-tain nombre de mandats.Bien loin de telle considération stratégique, le pre-mier défi rencontré par la 1re batterie a été de sa-tisfaire à la certification du CaESAR sur la baseaméricaine de Bagram. Cela consistait en unesérie de tirs sous contrôle d’un groupe d’artilleursaméricains plus concentrés sur la modernité ducanon que sur la précision des tirs. Réalisé en mo-dule 1 mais accompagné de la poussière afghaneet du fracas des coups, le tir d’efficacité à 24coups de CORSAIRE 12, section de l’adjudant La-joie, aidé par une dispersion bienveillante a été unfranc succès conclu par un traditionnel “God bless

3e RAMa : en direct d’Afghanistan

Capitaine�Imbault-Huart�Edouard3e RAMa�-�1re batterie

CAF�de�la�TF�DRAGON�–�SUROBI�CORSAIRE

Déployée en Afghanistan au sein du bataillon français armé par le2e régiment étranger d’infanterie depuis fin juin, la 1re batterie du3e régiment d’artillerie de marine allait connaître un engagementopérationnel particulièrement exaltant et dont l’ensemble de l’unitétirera une expérience inestimable du combat et des tirs d’artillerieen opérations.

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you”. Ces tirs auront été immédiatement suivis du dé-ploiement dès le 15 août de six CaESAR répartis dansles trois différentes emprises françaises (deux à Nij-rab, deux à Tagab et deux à Tora).Cependant, l’emploi du CaESAR pour des tirs opéra-tionnels reste largement contraint par le trafic aériendes aéroports de Kaboul etde Bagram ainsi que par letransit Europe-Asie. Tout celalimite la flèche des tirs indi-rects à 23 000 pieds ce quiréduit l’appui CaESAR en Su-robi aux tirs plongeants à unedistance maximale de 29 kmpour des OEF8 (Lu211 aveckit RTC). Toutefois, le CaESARpar son allonge apporte auGTIA une véritable sécuritésur l’ensemble de sa zoned’action. Il permet l’appui de tous les mouvementsquotidiens (convoi logistique, patrouille…) ainsi qu’unepuissance de feux accrue se traduisant par un impactpsychologique sur l’insurgé sans comparaison avec leMo120. Il présente aussi l’avantage de ne pas ex-poser les bigors à l’extérieur des FOB au dangerdes IED ou des embuscades. Cependant, comptetenu du principe de graduation de la force et descontraintes techniques du canon (vitesse initialeévolutive, portée minimale de 5,2 km, portée limi-tée des obus fumigènes et éclairants), le CaESARne peut se passer de l’apport complémentaire etsalutaire des Mo120. Les tirs à proximité destroupes amies et sur les lignes de crêtes restent ledomaine réservé des Mo120. La COP Rocco situéeà 24 km de la FOB Tora est, quant à elle, défendue

par une SAM à deux pièces qui délivre régulièrementdes tirs d’appui à son profit.Notre mandat aura aussi vu l’arrivée massive desmoyens ATLAS sur le théâtre afghan. Indispensableaux tirs CaESAR, le système ATLAS comme l’ensem-ble de la NEB, s’il ne permet pas des tirs Mo120 plus

rapides, permet un échange d’information sanséquivalent avec les moyens déployés sur le ter-rain de l’avant et l’arrière (créneaux CAS, AFH,drones…)

Ces avancées technologiques propres à l’artille-rie se sont aussi accompagnées de progrès tac-tiques concrétisés par l’installation au moisd’août d’une COP au cœur de la vallée d’Uzbeen.Alors qu’elle n’était encore qu’un poste avancéde l’ANA à notre arrivée, cette COP est devenueen quelques mois une véritable base avancée duGTIA SurobiI. Elle compte désormais dans sesmurs : une compagnie d’infanterie renforcée d’un

PEI, d’une SAM à 2 Mo120, d’un EO/FAC, d’unEO/JFO, d’une section génie et d’une dizaine d’OMLT“mentorant” une section del’ANA (successivement

Quelle que soit lamission, offensive

ou défensive, les EOpar leur capacité

d’observation et delocalisation appor-tent une plus-value

remarquable auSGTIA

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armée par le 8e RA puis le 3e RAMa). Véritable for-tin, elle permet au GTIA Surobi de rayonner quoti-diennement dans les villages au cœur de la valléeet de cultiver un lien étroit et permanent avec lapopulation locale. Mais c’est aussi un affront pourles insurgés qui ne cessent de s’attaquer à cetteCOP par des tirs de CHICOM, de Mo82 ou par desattaques directes coordonnées à la 14.5 ou auRPG. Ainsi, les bigors auront eu la chance de ri-poster régulièrement en tirant différents typesd’obus : éclairants pour permettre à l’ANA d’utili-ser ses armes et pour favoriser l’emploi des ca-nons de 20 mm et des 12,7 mm, des obusexplosifs afin de neutraliser des points d’ap-pui aménagés ou encore des obus fumi-gènes pour appuyer le désengagement dessections d’infanterie sous le feu ou dissua-der les observateurs insurgés soupçonnésde régler des tirs Mo82. Tous ces tirs au-ront permis aux bigors de se rendre comptede l’importance des tirs éclairants, indis-pensables dans le cadre du combat inter-armes, mais aussi de la difficulté à réaliser un effetd’aveuglement satisfaisant avec une sectionMo120 à 2 pièces. Un peu plus de 150 obus au-ront été tirés en 2 mois dans le cadre de la dé-fense de la COP ne laissant aucun doute surl’importance stratégique d’une telle installation aucœur d’une vallée encore sous influence des insur-gés.Mais la mission ne se limite pas à la défense desemprises du bataillon et nous avons ainsi conduitdes opérations d’envergure au rythme d’une par

semaine. Elles avaient pour but d’affirmer la pré-sence de la force en repoussant toujours plus loinles zones refuges des insurgés. Les équipes d’ob-servation disposent en Uzbeen d’un terrain de“chasse” idéal par la capacité de leur VAB OBS par-ticulièrement efficace dans cette vallée et permet-tent aux SGTIA appuyés une surveillancepermanente (jour + nuit) des crêtes et zones d’in-filtration des insurgés. Ainsi, les EO ont été d’uneefficacité redoutable, “traquant” les mouvementsinsurgés, les départs de tirs ALI et localisant lespostes de repli et d’embuscade. Ils auront ainsi eul’occasion d’effectuer des tirs explosifs, éclairants

ou fumigènes (plus de 70 obustirés à mi-mandat par les CaE-SAR et les Mo120) mais ausside guider des reconnaissancesGAZELLE VIVIANE ou de déclen-cher des tirs de TIGRES. Les EOdisposant de la qualification CAAn’ont pour l’instant pas effectuéde tirs air - sol à cause principa-

lement de la furtivité des insurgés et de la puis-sance de feu disproportionnée proposée par lesavions mais auront effectué de nombreuses mis-sions de reconnaissance guidant même des dronesUS pilotés directement depuis le Nevada… ! Quelleque soit la mission, offensive ou défensive, les EOpar leur capacité d’observation et de localisation,apportent une plus-value remarquable au SGTIA ap-puyé car ils mettent en œuvre un panel complet deripostes contre des insurgés souvent hors de por-tée des armes d’infanterie. La polyvalence de nos

le premier défirencontré par la1re batterie a étéde satisfaire à lacertification du

CaESAR

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EO (AFH, CAS, sol-sol) est une nécessité avérée,ici en Afghanistan. En effet, la nature de l’appuidisponible évolue en fonction de la durée ducontact. La réponse initiale et quasi immédiateviendra des appuis feux sol-sol (CaESAR etMo120). Le CAS et/ou l’AFH viendront un peuplus tard compléter les capacités d’observation etd’appui de la troupe au contact. Dans ce cadre-là,la présence d’un TAC-P de l’armée de l’air issu duCPA 20 qui n’est pas formé pour le combat enappui d’un SGTIA, qui ne dispose pas de moyensd’acquisition performants et qui n’est pas en me-sure d’appliquer des feux de l’artillerie n’est pastotalement adapté. De même, un observateuravancé non qualifié CAA apportera une capacitéd’appui incomplète. Selon moi, l’avenir de nos EOen tant que TAC-P des autres armes ou arméesréside dans leur capacité à fournir tout type d’ap-pui feux en observation directe de l’objectif afin decontrôler lui-même les risques de tirs fratricideset de dommages collatéraux. Le “mémento de pro-cédures d’intégration des appuis à la manœuvreinterarmes et interarmées” vient fixer un cadre àl’ensemble de la chaîne de coordination des appuiset apporte une indispensable référence au CAF(ex-DL ART). C’est dans ce cadre-là que les bigors

du 3e RAMa, après avoir expérimenté le conceptdu DLOC à Canjuers en avril 2009, ont cherché àplacer aussi souvent que possible un OCF auprèsdu commandant d’unité interarmes qui a vu im-médiatement sa perception de la situation des ap-puis feux s’éclaircir.Ainsi, l’Afghanistan aujourd’hui fait la part belle auxappuis qu’ils soient issus du génie ou de l’artillerieet constitue pour notre arme un formidable élanauquel les bigors du 3e RAMa sont particulière-ment fiers d’avoir participé en mettant en œuvredes savoir-faire si souvent drillés à Canjuers etqu’ils n’avaient pas encore pu concrétiser sur unthéâtre d’opération aussi passionnant que celui dela TF Lafayette.

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Gazelle vivianeà Kaboul

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Localisation - Identification

Une des difficultés permanentes à laquelle ont étéconfrontés les observateurs réside dans la locali-sation d’objectifs et dans l’identification positive deséventuelles cibles détectées.En effet, les insurgés utilisent au mieux le terraintrès compartimenté et un camouflage rustiquemais efficace. D’autre part, cherchant à se fondredans la population rurale le plus longtemps possi-ble, ils ne se dévoilent avec leur armement qu’àproximité immédiate des troupes amies en recher-

chant l’imbrication. Ce mode d’action tend à ré-duire nos capacités d’appui du fait des risques detirs fratricides et de dommages collatéraux.Face à cette situation, et afin d’acquérir l’ennemiau plus loin, il est nécessaire de densifier les cap-teurs et de mettre en place une boucle courte in-tégrant détection, observation, analyse, décision etmoyens d’agression.

Le GTIA ne dispose que de deux équipes d’obser-vation qui, en outre, cumulent leur mission d’appuisol-sol avec celle de coordination 3D et sur les-

Les valeurs ajoutéesde l’artillerie de montagne

Capitaine�Debai�Clément93e RAM�/�DL�ART�GTIA�KAPISA�-Task�Force�Tiger

Officier�Systèmes�d’Armes

Déployés depuis décembre 2008 pour appuyer le GTIA KAPISA, les artil-leurs de montagne du 93e RAM, organisés en une équipe de liaison, deuxéquipes joint tactical attack control (JTAC) / élément d’observation (EO)et deux sections de tir auront délivré près de 1500 coups de 120 mm en330 missions de feu au profit des chasseurs, des cavaliers et sapeurs lé-gionnaires.Si l’organisation, les missions dévolues et les possibilités offertes par lesappuis sont restées globalement conformes aux manuels d’emploi et demise en œuvre de l’artillerie, les caractéristiques propres au théâtred’opération ont entraîné quelques adaptations techniques ou tactiques.

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quelles repose une très grande responsabilité enterme de choix des objectifs, de choix des moyens etde déconfliction 2D et 3D.Éléments indispensables pour l’acquisition de rensei-gnements d’objectif, la coor-dination et le dialogueinterarmes, ces deuxéquipes ne peuvent assurer,à elles seules, la perma-nence de l’observation dansle temps et dans l’espacesurtout dans le milieu mon-tagneux et compartimenté des vallées de la Kapisa.D’autres capteurs permettent de densifier l’observa-tion. Ils vont du plus classique, en l’occurrence leschefs de section ou adjoints des unités appuyées, auxéquipes GCM, mais également aux équipages d’héli-coptères de combat “Kiowa” ou “Apache” ainsi qu’auxcapacités des drones ou POD avions. Pour ces der-niers, l’organisation du TOC (tactical opérations cen-

ter) avec une cellule sol-sol co-localisée avec le CTA etle DL drone SDTI a permis une exploitation immédiatedu renseignement d’objectif.

Enfin, une capacité d’observation et de localisa-tion d’objectifs a été développée sur la ressourceinterne des sections de tir et mise en œuvre àchaque déploiement en zone d’opération. Cettecapacité a permis à plusieurs reprises de traiterdes objectifs dans des zones non vues des ob-servateurs. Le 15 avril 2009, la SAM, suite àl’observation de départs de coups de mitrailleuselourde dans sa ZEF (zone d’effort de feu), a réa-

lisé une demande de tir puis a délivré un tir à moinsde 3000 mètres, neutralisant l’arme collective enne-mie, tuant trois servants et en blessant plusieurs au-tres.La densification des capteurs, leur complémentaritéassociée à une analyse quasi immédiate par le S2 apermis le traitement par les feux indirects d’un bonnombre d’objectifs participant à la désorganisation du

dispositif ennemi.

Menace omnidirectionnelle :Loin de l’esprit d’artillerie de forteresse.

Au fil des missions et de la progression du GTIAau cœur des zones refuges des insurgés le dé-ploiement des SAM en dehors des FOB s’est im-posé. La portée du mortier de 120 mm limité à8178 mètres théoriques1 se rapproche le plussouvent des 7000 mètres compte tenu des dé-nivelées importantes. La recherche de la préci-sion maximale dans les tirs amène à proposerdes zones de déploiement permettant de trai-ter des objectifs dans les trois quarts de laportée et en prenant en compte la dispersiontoujours plus importante en portée qu’en di-rection.De plus, le relief accentué entraîne un dé-ploiement des SAM dans une zone permet-tant de traiter au mieux les contre-pentesimportantes de la zone d’opération. Ces

La menace des feuxindirects crée unclimat d’insécuritépour les insurgés.

Construction des cops Construction des cops27

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contraintes balistiques nécessitant un dé-ploiement des SAM en dehors des FOB ontun impact sur leur sûreté. Dotées de cinqVAB, de deux mortiers de 120 mm etcomposées de seize personnes ayant tousune fonction technique à assurer lors desphases de tir, il est difficile à ces sectionsd’assurer leur défense rapprochée, surtouten cas d’implantation de longue durée.Lors de l’élaboration de chaque opération,il a fallu adapter le triptyque : capacités en-nemies, dispositif ami et zones à battre parles feux afin de déployer au mieux les SAM.Le point clef étant, en terme de défenserapprochée, de former un dispositif suffi-samment puissant afin de dissuader les in-surgés de mener une action directe. Enfonction des missions, on a pu retrouversur un strong point (point d’appui) deuxsections d’appui mortier ou une section co-localisée avec un ou deux groupes mortiersde 81 mm ou avec un peloton blindé surAMX10RC/VBL.

La menace omnidirectionnelle influe sur ledéploiement de la SAM avec, le plus sou-vent un dispositif en étoile offrant des sec-teurs de tir aux armes de bord et auxarmes collectives à terre. Les insurgésayant prouvé à plusieurs reprises leurs ca-pacités en tir de précision à longue dis-tance, les VAB pièces sont, le plus souvent,disposés en écran face à la direction laplus dangereuse afin de masquer l’équi-page de pièce durant les phases de tir.

L’aspect psychologique :rassurant et dissuadant.

L’un des résultats le moins souvent évoquépour les appuis indirects réside dans l’effetpsychologique qu’ils apportent autant ducôté ami que sur l’ennemi.Lors de la mise en place des unités, il a étéfréquemment réalisé des tirs “techniques”dit d’accrochage. Ces tirs, destinés initia-lement à prendre en compte un certain

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nombre d’éléments perturbateurs de la trajectoireafin d’augmenter la précision des tirs, ont, sur le planpsychologique, plusieurs intérêts. Pour nos troupes etsurtout pour l’ANA comme pour les insurgés ils mar-quent la présence de nos appuis et la volonté de lesmettre en œuvre. Sans vouloir les définir comme tirde semonce, ils sont néanmoins un signal fort vis-à-visde l’ennemi.Les insurgés, ont besoin de stationner sur les pointshauts afin d’établir un dispositif de surveillance et deliaison. C’est justement sur ces points que sont gé-néralement demandés par nos observateurs les tirsd’accrochage après un contrôle visuel souvent doublépar des observations aériennes (POD avions oudrones). Là encore, la menace des feux indirects créeun climat d’insécurité pour les insurgés.D’autre part, lors de certaines opérations, des tirséclairants ont été réalisés dans la profondeur soit enaction de déception, soit en harcèlement sur les colsou itinéraires permettant les échanges entre les dif-férentes vallées de l’AOR. À plusieurs reprises ces tirsont suscité des réactions chez l’ennemi allant mêmejusqu’à des ouvertures du feu.Enfin, les insurgés ont paru, à plusieurs reprises, dés-emparés par leurs pertes lors de tirs de neutralisa-tion ; tirs généralement effectués en mode fusantpercutant à cause de la configuration du terrain.

Ainsi en appliquant les savoir-faire issus de leur for-mation, de leur entraînement et de l’expérience touten tirant parti de la richesse des moyens présents surle théâtre les artilleurs de montagne ont pu fournir lesappuis sol-sol rapides précis et brutaux pour le GTIA.

1 OEF1 uniquement disponible

La portée du mortier de120 mm limitée à 8178

mètres théoriques se rap-proche le plus souvent

des 7000 mètres comptetenu des dénivelées im-

portantes.

Vol d'un KYWA (Hélicoptèred'appui US) en mission af-

ghane en Kapisa chargé del'appui des troupes au sol

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Une seule équipe pour appuyer toutes les mis-sions, cela impose un rythme très soutenu,avec en moyenne une sortie par jour, le plus

souvent en débarqué avec des équipements spéci-fiques qui s’additionnent aux équipements com-muns. L’équipe est composée du chef d’équipe quiest aussi JTAC (joint terminal attack controller),d’un adjoint qui est sous-officier observateur et dé-signateur laser pour le guidage des bombes, d’unsous-officier radio, et d’un conducteur VAB qui setransforme le plus souvent en deuxième radio. LeJTAC a pour mission, en plus des prérogatives duchef d’équipe d’observation, de guider les avions de

la coalition pour des missions de renseignement etde frappe aérienne. Lui seul est habilité à contac-ter les patrouilles de chasseurs bombardiers, il apour cela suivi une formation de contrôleur aérienavancé, commune à tous les JTAC* de l’OTAN.Les missions peuvent se classer en trois types dif-férents en fonction de la mission et du terrain.Tout d’abord, la mission qui se rapproche le plus àl’emploi des observateurs d’artillerie, et d’autantplus en milieu montagneux est la position d’obser-vation depuis un point haut. L’équipe débarquéeforme dans ce cas deux binômes d’observation. Unbinôme, aux ordres du chef d’équipe avec une mo-

L’EO JTAC en Afghanistan

Lieutenant�Ecarnot93e RAM�

GCM�

Equipe de TACPARTI n°14 - janvier 201030

Dans le cadre de la projection de la TF TIGER en Kapisa de novem-bre 2008 à juin 2009, à une centaine de kilomètres au Nord-Estde Kaboul, l’équipe du Ltn Ecarnot, composée de quatre hommes,provenant du 93e régiment d’artillerie de montagne, est engagéeau sein de la 2e compagnie du 27e bataillon de chasseurs alpin.Son rôle est de fournir les appuis aériens et mortier à l’ensembledu sous-groupement tactique interarmes.

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noculaire de fort grossissement (x30), plus orientévers les missions de guidage aérien. L’autre binômeavec l’adjoint renseigne sur la zone des opérations, enmesure de demander des tirs d’artillerie. L’équipe abesoin, d’être renforcée d’un groupe de protection,qui peut être fourni par les tireurs d’élite, par ungroupe MILAN ou bien une équipe GCM (groupe com-mando de montagne). L’avantage du point haut estqu’il est plus aisé d’observer les paysages très cloi-sonnés afghans en prenant de la hauteur. Le faitd’avoir une vision globale de la situation permet aussiau chef d’équipe d’être plus rapide et plus judicieuxdans les appuis qu’il propose à son commandantd’unité. Enfin cela permet en cas d’illumination laserd’être plus précis et plus facilement visible des aéro-nefs.Le deuxième emploi de l’équipe JTAC, sans doute leplus difficile, est lorsqu’elle se déplace, durant les pa-trouilles dans les vallées, au contact du commandantd’unité, ce qui permet de le conseiller et de le rensei-gner en permanence. Mais il est bien plus difficile detravailler en se déplaçant avec une profondeurmoyenne d’observation qui ne dépasse que très rare-ment les 100 mètres. Le suivi de la situation tactiqueest rendu lui aussi plus difficile par les déplacementsqui nous imposent d’être vigilants à notre environne-ment immédiat, et donc un peu moins à la manœuvreglobale de la compagnie. Il est aussi plus difficile, tou-jours du fait de notre déplacement, de régler les tirsd’accrochage ou de mise en place des mortiers de 81

ou 120 millimètres. Dans cette configuration, l’apportd’une patrouille d’aéronefs pour observer les déplace-ments ennemis est très important, autant par son ca-ractère dissuasif que par sa capacité d’observation.L’avantage de ce type d’emploi est d’être, en cas decontact avec l’ennemi, co-localisé avec son comman-dant d’unité et au plus près du contact, chose trèsimportante s’il faut demander des tirs à proximité destroupes amies, afin de gagner un maximum en préci-sion et en temps.Enfin l’équipe est employée parfois avec son VAB-OBS(véhicule d’observation). Cela nous permet d’utiliser lesystème ATLAS, pour suivre la situation tactique plusfacilement, et avoir un échange de données beaucoupplus fluide avec notre officier DL et la section mortier.Cela nous permet aussi de disposer de moyens d’ob-servation et d’acquisition beaucoup plus précis que lesmoyens débarqués. Aux capacités propres du VAB-OBS s’ajoute maintenant le système ROVER (remoteoperation video enhanced receiver), interface qui per-met de visualiser ce que voit l’avion ou le drone qui ap-puient la manœuvre, pour permettre in fine unediscrimination beaucoup plus rapide de la cible en casde frappe. Les limites de l’emploi du VAB-OBS sontbien sûr l’accès à des points hauts, souvent lescontreforts des vallées. Et même quand cela est pos-sible, le terrain toujours aussi compartimenté limiterapidement les capacités d’observation. Nous utilisonsdonc le VAB OBS dans des compartiments ouverts etproches des axes principaux, où l’emploi de la caméra

Vallée d’Alasay 31

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CASTOR est une plus-value incontestable à la ma-nœuvre des chasseurs.Et à l’image de ses différentes configurations,l’équipe EO/JTAC multiplie les missions : observer,renseigner, guider les avions, “déconflicter” l’es-pace aérien pour permettre un tir d’artillerie ouune attaque avion. C’est donc un travail très denseque doivent accomplir les quatre membres del’équipe qui suivent trois voire quatre réseaux radioen permanence. Chaque élément doit faire preuved’une grande polyvalence pour pouvoir suppléer ouremplacer chacun de ses équipiers.C’est un véritable renouveau de l’équipe d’obser-vation qui se retrouve au cœur de toutes les opé-rations de la compagnie, avec un panel d’appuisdécuplé par l’adjonction de moyen air, avions et hé-licoptères. Mais il ne faut pas oublier les ancienssavoir-faire, ainsi restent au cœur du métier la pro-position et l’éternel dialogue entre l’EO/JTAC etson commandant d’unité. Le catalogue d’objectifsa prouvé qu’il reste d’un intérêt primordial lorsquebien préparé, il permet aux éléments pris sous lefeu ennemi de décrocher en étant appuyés plus ra-pidement par des tirs de cloisonnement et de neu-

tralisation. Tirs éclairants, fumigènes ou explosifs,passes canon, roquettes, bombes à guidage laserou GPS, ou bien encore missiles, l’équipe EO/JTACdispose plus que jamais de moyens de toute sortepour continuer à appuyer, au plus juste et àchaque mission, son SGTIA.

* le format des équipes d’observation a depuis évo-lué en Afghanistan. Le JTAC a été remplacé parun OCF, Officier Coordinateur des Feu, qui a sousses ordres un chef d’équipe d’observation spécia-lisé dans les demandes d’appui sol-sol, et unContrôleur Aérien Avancé, spécialisé dans les mis-sions d’appui aérien. Les équipes sont passées enmême temps de quatre à huit personnels.

ARTI n°14 - janvier 201032

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Depuis la mi-octobre, les diables noirs de la3e batterie du 61 régiment d’artillerie ontentamé le troisième mandat SDTI (système

de drone tactique intérimaire) en Afghanistan. Dé-ployés depuis le mois d’octobre 2008 sur la FOBTora, les drones du 61 et les personnels les met-tant en œuvre ont vu leur rôle et leur place évoluerdans la mesure où les missions qui leur ont étéconfiées se sont révélées très diverses. Outre lesmissions classiques de surveillance et de re-cherche de renseignement dans la zone de Su-robi, ils ont également permis la désignationd’objectifs au profit de l’artillerie sol-sol (rappelonsd’ailleurs que le SDTI peut être intégré à la chaîneATLAS) et de l’armée de l’air, ou encore la recon-naissance d’itinéraires empruntés ensuite par desconvois logistiques.Mais il s’agit également d’un système qui évolue.Pour preuve, la mise en place d’équipes RVT (Re-move Video Terminal) déployées au sein d’un GTIAou d’un SGTIA et accompagnant les troupes ausol. Contrairement à l’image que certains ontvoulu véhiculer sur le Régiment, les diables noirsdu 61 sont ainsi en première ligne sur le terrain,aux côtés de leurs camarades fantassins. Àterme, deux équipes composées à chaque foisd’un sous-officier et d’un militaire du rang serontchargés d’aider le chef interarmes dans sesprises de décision grâce à la retransmission desimages du drone directement sur leur terminaltactique. Il s’agit ainsi d’un réel gain de tempspour les patrouilles qui opèrent dans l'est afghan,l’appui image aux troupes au sol ne devant pluspasser en premier lieu par la station-sol. Le 61e régiment d’artillerie occupe ainsi une placemajeure dans les opérations menées par le BAT-FRA dans l’Est afghan.

3e MANDATPOUR LE SDTI

LTN�CHAVEZ61e RA

CDS�B3

33

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L’instruction artillerie des lieutenantsde cavalerie et l’Afghanistan

Capitaine�Christophe�ALLOEcole�de�Cavalerie / Officier�Artillerie�-�Cours�InterArmes.

Division�Simulation-Numérisation

Qu’il devait être difficile il y a quelques années de faire descours artillerie aux lieutenants de l’école de cavalerie. D’uncôté, ils voyaient le nombre de leurs missions s’accroîtresur les différents théâtres d’OPEX. Et de l’autre côté, ilsdevaient se persuader de l’utilité d’une arme qu’ils ne trou-veraient pas sur les lieux de leurs opérations. Aujourd’hui, lecontexte a changé ; grâce notamment à la présence desmortiers, des CaESAR et des JTAC en Afghanistan. Il estdevenu plus facile de former à l’utilisation de l’appui feuparce que c’est concret.

Départ en patrouille du 1er REC ducamp de Nijrab en Afghanistan

ARTI n°14 - janvier 201034

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L’artillerie est un cours intégré dans le cursus dela division d’instruction des lieutenants. La qualitéde l’instruction devrait de plus s’améliorer avec

l’arrivée prochaine du SOTA (simulateur d’observationde tir d’artillerie) au sein de l’école de cavalerie.

Le stagiaire de la 2e division d’instruction intègre lesappuis dès son module de formation commune au pre-mier trimestre. Trois heures sont dispensées pour luipermettre tout d’abord de connaître les évolutions ré-centes de l’appui-feu (le détachement de liaison d’ob-servation et de coordination : DLOC). Ensuite, dans cevolume horaire, il est formé à la demande de tir artil-lerie en dégradé. Les différents RETEX d’Afghanistanpermettent d’illustrer de façon très concrète cescours. Ces derniers intègrent par exemple les imageset vidéos récentes des mortiers du 93e RAM et desCaESAR du 11e RAMa en Kapisa.

En décembre, le lieutenant est contrôlé dans le cadred’épreuves opérationnelles, qui consistent en un rallyeavec différents ateliers. Sans déflorer le contenu del’épreuve intitulée “topographie-artillerie”, le jeune offi-cier est examiné sur son aptitude à demander unappui feu face à un panorama en terrain libre. Cetteannée le thème tactique imposé par le commandant

de la 2e DI, le lieutenant-colonel Remanjon, est celui del’Afghanistan. L’avenir est prometteur pour le cours artillerie. L’écolede cavalerie souffrait d’un manque de matériel de for-mation ; il n’y avait plus de SOTA depuis quatre ans.Grâce aux réorganisations et redéploiements des uni-tés d’artillerie et de formation, les écoles de Saumurdevraient voir arriver ce matériel à l’été prochain.Concomitamment, une place de sous-officier opéra-teur est ouverte au DUO. Il sera intéressant alors depouvoir satisfaire les demandes d’instruction supplé-mentaires qui pouvaient avoir lieu en fin d’année deformation. Surtout, il existe des scénarios qui per-mettent de s’entraîner aux reliefs d’Afghanistan.

Pour conclure, l’Afghanistan, permet de relancer l’in-térêt du cours artillerie sur le plan de la formation. Lamultitude des RETEX d’Afghanistan, en termes multi-médias, est une source très intéressante d’améliora-tion de la connaissance de l’appui feu dans les écoles.Les unités qui se déploient en OPEX doivent, dans lamesure du possible, intégrer leur rôle de contributeurdans la production de ces supports pédagogiques à laformation. Les instructeurs en sont demandeurs ; etles stagiaires aussi.

Départ en patrouille du 1er REC ducamp de Nijrab en Afghanistan

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Changement de brigadepour le 1er RAMa !

Le départ du 1er RAMa a étémarqué par une cérémonie àNoyon, le 25 juin 2009, qui réu-nissait l’ensemble des étendardset drapeaux des régiments quit-tant et arrivant officiellement à la2e BB au 1er août 2009.

Dissoute en 1948, la 2e divisionblindée a vu ses traditionsconfiées à la 2e brigade mécani-sée à laquelle appartient alors le1er RAC, héritier lui-même du 1er

RAFFL de la prestigieuse1re DFL. La 2e division

blindée est recréée àpartir de cette

grande unité le 1er

juillet 1979.

Au cours del'année 1998

- 1999 larestructu-

ration de

l'armée de terre amène la disso-lution de la 2e division blindée.Son état-major permettra alorsd’armer les états-majors de la fu-ture 1re brigade mécanisée quireste à Châlons-en-Champagne,et de la future 2e brigade blindéequi s'installera au quartier Belle-combe à Orléans.

Le 1er RAMa continue désormaisd’écrire son histoire au sein de labrigade du général du Vigier, pre-mière par le nom comme par lecourage. Descendant des com-pagnies de la mer créées par lecardinal de Richelieu en 1622, le1er RAMa est le plus ancien ré-giment des troupes de marine etle plus décoré de l’artillerie.

Quinze noms de batailles sontbrodés dans les plis de son éten-dard. Il est détenteur de la croixde la Légion d’Honneur (1910),

de la croix de guerre 14-18, dela croix de guerre 39-45, et dela croix de la Libération. Il est parailleurs cité cinq fois à l’ordre del’armée.

Le régiment s’est donc engagésur le contrat opérationnel dela 1re brigade mécanisée touten continuant jusqu’à sonterme, à la fin de l’année2009, de remplir le contratopérationnel de la 2e brigadeblindée. Dès 2010, il repren-dra pleinement le cycle de pro-jection de la 1re brigademécanisée en attendant sondéménagement à Châlons-en-Champagne, auprès de l’état-major de la brigade, en 2012.Le régiment connaîtra à ceteffet sa 19e garnison depuis sacréation.

Après avoir passé 30 années au sein de la 2e brigade blindée (2e BB), le 1er RAMachange de brigade et rejoint la 1re brigade mécanisée (1re BM) de Châlons enChampagne. Une date historique : le 1er RAMa était le régiment d’artillerie de la2e brigade blindée depuis le 1er juillet 1979.

1er RAMacellule�communication

Revue des troupes par le généralde brigade Sainte-Claire Deville

Insigne1re brigade blindée

ARTI n°14 - janvier 201036

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Retour aux sources, la batterie sol-air parachutiste du 57e RAdissout retrouve le 35e RAP

Créée au 35e RAP en 1984 sousl’appellation 4e batterie (avant dedevenir la 5e batterie quelques an-nées plus tard), l’unité remplit alorspleinement sa mission de défensesol-air, complétant ainsi les mis-sions d’artillerie traditionnelles. Ini-tialement dotée du système d’armeStinger ainsi que des canons de 20mm, la batterie reçoit en 1990 lesystème MISTRAL.La batterie sol-air a pour missionpremière la défense à très courteportée de l’espace aérien contretout aéronef hostile (hélicoptère,avion, drone). Le système d’armeMISTRAL est constitué d’un missilecapable d’abattre n’importe quelaéronef à une distance de 5 km eta une altitude maximale de 3000m.Au sein du 35e RAP, la batterie aété engagée sur de nombreuxthéâtres d’opérations : au Tchad,en République de Centre Afrique,au Liban, en Bosnie (FORPRONU),au Koweït (Guerre du Golfe).

Avec la professionnalisation des ar-mées, la “B5” fut dissoute en1998 pour être recréée au sein du57e RA à la faveur d’un regroupe-ment des unités sol-air. La batterietarbaise conservera son excel-lence, ses traditions et sa spécifi-cité parachutiste. Encoreaujourd’hui, elle s’avère être laseule batterie de tir sol-air à arbo-rer le béret amarante. De nouveauengagée sur des théâtres d’opéra-tions, elle est projetée au Kosovo,en Côte d’Ivoire, au Liban et à Dji-bouti.

De retour aux sources, celle quel’on nomme aujourd’hui la BSA (bat-terie sol-air), est commandée parle capitaine Franco et compte qua-tre sections de tir pour un total de140 personnels.Ses valises à peine posées en Bi-gorre, la BSA s’est concentrée surson départ à Djibouti prévu débutnovembre.La batterie s’est donc immédiate-ment attelée à la préparation mi-nutieuse de cette mission dedéfense de zone et de surveillanced’une durée de quatre mois. Cam-pagnes de tir, déploiements, éva-luations et stages en montagne ontainsi ponctué les premiers mois dela BSA au “35”Au mois d’août le “module Djibouti”a participé à une campagne de tirsur les sites du Centre d’Essai desLandes (Biscarosse) et de l’Ile duLevant (Hyères) afin d’entraîner lespièces au tir réel de missiles MIS-TRAL sur cibles.Puis, au mois de septembre, ils’est préparé physiquement à la fa-veur d’un séjour d’une semaine àBarèges, au chalet du 1er RHP. Labatterie s’est oxygénée au cours delongues sorties en mon-tagne, renforçant par

là même la cohésion du groupe.Enfin, comme avant tout départd’unité, la BSA a fait l’objet d’uneévaluation d’aptitude à la projection(EATP) début octobre à Hyères.

L’évaluation d’une section MISTRALrepose sur un déploiement et unemise en situation des hommes aucours desquels sont contrôlés no-tamment l’emploi des pièces sur si-mulateurs et les connaissances dupersonnel en identification d’aéro-nefs. Réussissant avec brio cette éva-luation, la BSA du 35e RAP a étéjugée apte à la projection. C’estdonc avec sérénité que les soixantedix artilleurs parachutistes de labatterie s’apprêtent à s’envolerpour les terres djiboutiennes aumois de novembre prochain.

Au mois de juillet dernier, le 35e régiment d’artillerie parachutistea accueilli en son sein une nouvelle batterie de tir, la batterie sol-air parachutiste du 57e régiment d’artillerie dissout l’été dernier.Après plus de dix ans passés à Bitche au sein du 57, la “batteriepara” retrouve ainsi l’unité qui l’a vu naître : le 35e RAP.

Lieutenant�Gausseres�Hadrien35e RAPchef�de�section�de�la�batterie�sol�air

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Le 8e régiment d’artillerie oul’alliance des traditions impérialesà la modernité technologique

Lieutenant�Kientz�Nicolas8e RA

Officier�tradition

Le 2 juillet 2009, le 8e ré-giment d’artillerie a parti-cipé aux célébrations dubicentenaire de la bataillede Wagram à l’école d’ar-tillerie.

Devant le chef d’état-major del’armée de terre, le général com-mandant l’EA et les chefs decorps de toutes les unités de l’ar-tillerie française, son canon deGribeauval a été mis en œuvre,attelé à six chevaux de la sectionéquestre de l’école et servi parquatre canonniers du 8e RA. Cetéquipage de pièce a présenté lamise en batterie du canon et lesopérations de chargement selonl’ordonnance de l’époque qui sesont achevées dans l’apothéosed’un tir.

Le 8e régiment d’artillerie, crééen 1784 sous l’appellation de« régiment du corps royal de l’ar-tillerie des colonies » prit part auxvictoires impériales aussi presti-gieuses qu’Austerlitz (1805),Friedland (1807), Essling (1809)et bien sûr Wagram.

Jusqu’au milieu du XIXe siècle, lerégiment d’Austerlitz (qui acquitce titre de gloire par décision del’Empereur Napoléon Ier) servit lesystème de Gri-beauval, dontles canonsassurèrentla supré-matie del’artillerie

française et contribuèrent gran-dement au succès des armes dela France.

Fort de ces traditions uniques etconscient de la nécessité de pré-server cette identité forte au seinde l’artillerie, le 8e régiment d’ar-tillerie eut l’idée, en 2005, deperpétuer le souvenir de ses glo-rieux anciens en recréant, selonles plans de l’époque et d’aprèsun modèle original prêté par lemusée de l’Armée, une répliqueexacte d’un canon de Gribeauvalde 8 livres. Ce projet a aboutigrâce au soutien financier denombreux mécènes dont la délé-gation au patrimoine de l’arméede terre (DELPAT), Nexter, Tha-lès ou encore la fondation Napo-léon, qui ont manifesté ainsi leurattachement à la préservation dupatrimoine de l’artillerie et sapromotion auprès du grand pu-blic.

En octobre 2006, le tube ducanon naissait après le coulagedu bronze dans un moule spécia-lement créé par une fonderie in-dustrielle d’après la piècehistorique prêtée par le muséede l’armée. Pareil ouvrage n’avaitplus été réalisé depuis près dedeux siècles ! Le démoulage a

marqué un grand momentd’émotion pour tous les

spectateurs présents,qui ont eu

conscience devivre là un

moment privilégié.

Puis vint le moment du montagedu canon sur son affût, réalisépar le ferronnier et le menuisierdu régiment d’après les schémasobtenus après des recherchesau service historique de la dé-fense.En décembre 2007, cette pièceunique dans l’armée française futprésentée pour la première foislors des fêtes nationales de laSainte Barbe aux Invalides.

Depuis, elle s’est enrichie d’unavant train et d’uniformes d’artil-leurs de ligne du premier Empire,qui lui permettent d’exécuter desreconstitutions aussi fidèles quepossible du service de pièce envigueur au XIXe siècle.

Au-delà de la prouessetechnique, l’aboutisse-ment de ce projetconstitue un vecteur derayonnement pour lerégiment d’Auster-litz. Il est, en outre,un élément fédé-rateur qui parti-cipe de son espritde corps. Chacundes canonniers du8 est ainsi dépo-sitaire d’une par-tie de lamémoire desglorieux an-ciens du« régimentd’Auster -litz ».

Canon de GribeauvalARTI n°14 - janvier 201038

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Le 68e régiment d'artillerie d'Afriqueretrouve sa batterie sol-air

Composée de 5 officiers, 31sous-officiers, et 95 militairesdu rang, la B3 met en œuvrele missile mistral et le canonde 20 mm. La batteriecompte trois sections de tirdont une sur VAB. Sa missionest d’assurer la défense antiaérienne très basse altitudedes unités engagées soit dansle cadre d’un conflit, soit danscelui d’opérations extérieures.Elle assure la défense anti-aé-rienne du site de la fuséeAriane (Kourou) et des forcesfrançaises stationnées à Dji-bouti. Bien que les savoir-faire d'unartilleur sol-sol et ceux d'un ar-tilleur sol-air soient différents,la nouvelle B3 s'est remarqua-blement intégrée dès son arri-vée et fait désormais partie dela grande famille de l'artilleried'Afrique. Le 4 septembredernier, les personnels de laB3 ont reçu leur calot de tra-dition des mains de leur par-

rain puis ont participé à lacommémoration de la libéra-tion d'Anse, leur ville mar-raine. Coté opérationnel, la B3 amarqué les esprits en obte-nant de très bons résultats auCNEF LATTA avec la sectiondu lieutenant Euvrard et atransformé l'essai au Centred’Essai Méditerranée du 20au 25 septembre dernier avecle tir réussi de six missiles parla section du lieutenant Poin-tet.Le général Chavancy, com-mandant la 3e brigade méca-nisée était présent pourl'occasion et s'est dit très im-pressionné par la perfor-mance de ses artilleurs sol-air.

Ces résultats élogieux démon-trent la totale intégration de labatterie sol-air au sein du 68.Forte de ses 131 hommes etfemmes, la batterie s'est déjàappropriée la devise du régi-ment : “6.8. de l'audace tou-jours !”Par ailleurs, cette rapide etparfaite intégration d'une unitéaux savoir-faire différents illus-tre une nouvelle fois la cohé-sion qui anime le régiment.Cet esprit de corps est, à n'enpas douter, le garant des nom-breuses réussites qui ont mar-qué la transformation durégiment.

Une nouvelle fois fidèle à sadevise, le 68 a fait preuved'audace et a terminé cetété sa transformation, en-gagée le 1er septembre2008 avec la création de laBRB. Depuis cette date, lerégiment a été largementimpacté par les réformeset a vu la dissolution de sabatterie des opérations etd'une de ses batteries detir, le transfert de la batte-rie d'administration et desoutien au GSBDD, et, la 4e

batterie est devenue uneunité de renseignement debrigade. Pour clôturercette métamorphose, le 68a eu l’honneur d’accueillirl’exellente 2e batterie du57e RA. Cette unité d’éliteconstitue désormais la bat-terie sol-air du régiment etdevient la nouvelle 3e bat-terie.

Lieutenant�Henoc�Sébastien68e RAAofficier�communication

Tir MISTRAL 39

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Un vaste programme… Jepratique la course d’orien-tation depuis bientôt unquart de siècle : je saisque je peux être, de cefait, partial dans mon pro-pos. Mais je vais essayerde manière objective dedémontrer que ce sport,que l’on pratique avec lesjambes et la tête, corres-pond aux besoins des ar-mées dans la préparationphysique et mentale ducombattant et du chef.

Pour ce faire, j’aborderai deuxaxes d’approche. C’est toutd’abord un sport, qui assure unepréparation physique de manièreaussi efficace que le footing, ainsiqu’un certain nombre de béné-fices au niveau physiologique.Enfin, le choix d’itinéraires quepeut offrir le tracé nécessite unemobilisation du cerveau durantl’effort.Qu’est-ce que la course d’orien-tation ? Il s’agit de parcourir unezone dans laquelle le traceur a ju-dicieusement disposé des postesde contrôle, mettant le coureurdans des situations techniques ettactiques où il doit effectuer unchoix d’itinéraire. L’objectif de laCO n’est pas de trouver lespostes, mais bien de choisir l’iti-néraire le plus adapté au terrain,à la planimétrie comme au relief :stricto sensu, c’est bien un “jeude pistes”. Et là, Tomtom ® et au-

tres logiciels de navigation nevous seront d’aucun secours !Il y a donc, dans une premièreapproche, l’inter-prétation de lasymbolique de lacarte, qui nerevêt qu’un as-pect techniqueet que nous éva-cuerons pourcette raison : unapprentissage dequelques heurespermet de bien l’appréhender, etde faire correspondre les per-ceptions de la lecture de carteavec les observations sur le ter-rain.Évidemment, les plus timorés secontenteront de marcher entrechaque poste. Mais le gain detemps n’est pas notable ! Il vabien falloir courir et, par là, dé-velopper ses capacités phy-siques à l’effort. Sont ainsicultivés le souffle et la courseproprement dite. Vous l’aurezcompris, il s’agit essentielle-ment de fractionner, avec desvitesses de course variable.Du reste, à l’entraînement, onréalise parfois des simula-tions dites “vert – orange –rouge” selon la vitesse decourse : Vert (vitesse ra-pide) sur une piste ou unemain courante, orange (vi-tesse moyenne) à l’ap-proche du point d’attaqueet rouge (vitesse faiblevoire marche) entre cepoint et le poste. Selon la

longueur du tracé, vous travaille-rez donc la vitesse et l’endu-rance.

Au contrairedes autressports decourse àpieds, le faitde traverserdes zonesa c c i d e n -tées, rocail-leuses oumême de

broussailles, va développer lesréflexes, le changement de di-rection, la ceinture abdominale(méthode Georges Hébert dit Hé-bertisme)...

Pourquoi la CO devrait être un sportobligatoire pour la préparation duchef au combat…

Lieutenant�colonel�Rudeaut��DominiqueSDFE

chef�du�CPEAO�Draguignan

la CO développe le dé-passement de soi :

même fatigué, mêmeblessé, je dois aller aubout, je ne dois pas

abandonner !

ARTI n°14 - janvier 201040

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Ensuite, la course d’orientation dé-veloppe des capacités physiolo-giques particulières. En effet,l’alternance “lecture de carte - ob-servation du terrain” impose untravail oculaire intéressant : visionscentrale et périphérique alternati-vement (comme dans la conduited’un char…). Il est vrai qu’avecl’âge, un artifice tel une loupe de-vient parfois nécessaire pour exa-miner la carte avec plus d’acuité.

Qu’attend-on d’un chef au combat ?Qu’il analyse la situation et qu’ilprenne rapidement une décision ensituation de stress psychologique,et, si possible, la bonne décisionpour accomplir la mission dugroupe dans un temps optimal. Onattend aussi de lui qu’il demeure dis-ponible intellectuellement quel quesoit son état de fatigue et son étatmental.Ces dispositions psychologiquessont regroupées dans la coursed’orientation.Tout d’abord, comme tout sportphysique où règne l’émulation, la COdéveloppe le dépassement de soi :même fatigué, même blessé, je doisaller au bout, je ne dois pas aban-

donner ! (Thomas Hobbes : “Re-garder ceux qui sont en

arrière, c'estg l o i r e .

R e -

garder ceux qui précèdent, c'est hu-milité. Perdre du terrain en regar-dant en arrière, c'est vaine gloire.Retourner sur ses pas, c'est re-pentir. Tâcher d'atteindre celui quiprécède, c'estémulation. Le sup-planter ou le ren-verser, c'est envie.Tomber subite-ment, c'est dispo-sition à pleurer. Seblesser par tropde précipitation,c'est honte. Êtrecontinuellementdevancé, c'estmalheur. Surpas-ser continuellement celui qui pré-cède, c'est félicité. Abandonner lacourse, c'est mourir.”)Contrairement à un cross, lacourse d’orientation repose sur uncircuit individuel. Le choix d’itiné-raire, comme son nom l’indique,repose sur une réflexion : vais-jetout droit au plus court, ou bienest-il préférable de contourner cerelief quitte à allonger ma distancede course ? (dois-je progresser auplus droit à découvert ou bien entoute discrétion mais plus longue-ment) Cette question, il faut se laposer à chaque instant : on setrouve là dans une situation destress où il faut prendre une déci-sion. La fatigue physique, l’essouf-flement, la fainéantise intellectuelle,les réflexes sont autant de facteurs

qui peuvent induire, le coureur, en

erreur. Je pense que l’on retrouve làun contexte mental proche de ceque peut vivre un chef au combat :effectuer un choix tactique en situa-tion d’urgence tout en pensant à

préserver la vie deses hommes, et enménageant desplages de moindreintensité pourdurer. Chaque inter-poste permet devivre cettesituation : il faut à lafois gérer le stressphysique (maintenirun bon taux d’oxy-gène au cerveau,

ne pas faire monter le cœur “dansles tours”) et maintenir ses capaci-tés intellectuelles au niveau opti-mum. Conservation du sang-froid.Courage, lucidité, solidarité : cettepensée de l'épreuve qui considèrel'effort corporel comme l'instrumentd'un accomplissement de soi et dulien social.Concluons avec une pensée de Pla-ton, extraite de “la République” :“l'homme qui réfléchit doit faire tou-jours en sorte de manifester ques'il règle harmonieusement l'har-monie intérieure au corps, c'est envue de la symphonie intérieure àl'âme.”

L’objectif de la COn’est pas de trouverles postes, mais biende choisir l’itinérairele plus adapté au ter-rain, à la planimétrie

comme au relief

CO militaire en Bretagne

CO militaire à Canjuers 41

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D’abord régiment d’Artillerie lourde por-tée (RALP), il s’implante à Dragui-

gnan le 5 mai 1929. C’est unrégiment de réserve mobilisé

du 27 août au 3 septembre1939. Il forme alors deuxgroupes de canons de155 courts ainsi que lesnoyaux actifs des 294e

et 296e régiments d’Ar-tillerie lourde et troisgroupes de canons de75 porté de défense delittoral (XIe, XIIe, XIIIe

groupes autonomes).Ce régiment à l’exis-

tence éphémèreest dissous le22 juillet 1940.

Durant la cam-pagne 1939 –1940, le 363e

RAA stationneavec ses 155C en

Champagne dans la région de Mailly. Le11 mai 1940, il fait mouvement sur la ré-gion de Dun-sur-Meuse. Son premier groupese positionne à Beaumont en Argonne auSud-est de Sedan à la disposition de la 71e

Division d’Infanterie le 13 mai, tandis que ledeuxième groupe est au sud de Sedan, àBulson, à la disposition de la 55e Divisiond’Infanterie dès le 12 mai. Le régiment subile choc de l’avance de la Wehrmacht le14 mai et le matériel est totalement détruitsauf une pièce.

Les survivants se regroupent à Mailly le20 mai, puis se replient sur Arcis-sur-Aubeet font mouvement sur la région de Berge-rac et de Guitalens à l’ouest de Castres qu’ilsatteignent vers le 23 juin 1940. Le régimentest alors officiellement dissous le 22 juillet.

Quant aux XIe, XIIe et XIIIe groupes de 75porté, ils assurent la défense du littoral dansles secteurs de Nice, Toulon ainsi qu’enCorse, mais ne participent pas à des opéra-tions de guerre contre l’Italie.

Le 363e régiment d’artilleriede Draguignan dans la tourmente de 1940

Adjudant-chef�Richard�MAISONNAVEEA�/�Adjoint�du�conservateur�du�musée�de�l’Artillerie

Il y a 70 ans le 363e RAA (Régiment d’Artillerie Automobile), comme d’au-tres, quitte la Provence pour aller se battre dans l’Est de la France avecsur son insigne fabriqué dans les années 1937 par la firme DRAGO, le dra-gon de Draguignan entouré d’une couronne chargée en chef de l’inscriptionXVe Corps d’Armée et en pointe du chiffre 363e RAA.

Quartier Chabran 363e RALP,Draguignan 1936

Départ en manoeuvre,Draguignan janvier 1937

DR

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Quartier Chabran,Draguignan 1937

ARTI n°14 - janvier 201042

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Manoeuvre à Nîmes,Février 1938

155 C sous filet près au tir

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ORGANIGRAMME DU 363e RAA,une destinée particulière

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Excellent mathématicien, polytechnicien, officier d’ar-tillerie, capitaine en 1893, professeur à l’École d’ap-plication d’artillerie de Fontainebleau, Ferber s’estintéressé à l’aviation naissante en découvrant, en1898, les expériences de vol effectuées auparavantpar l’Allemand Otto Lilienthal avec de grandes ailessous lesquelles il se suspendait.Il construit d’abord des modèles réduits puis des pla-neurs monoplans qui ne donnent que des résultats dé-cevants. En 1901, à Nice, où il commande la 17e

batterie alpine, il expérimente son modèle n° 4, ins-piré de ceux d’Otto Lilienthal, en s’élançant d’un écha-faudage haut de cinq mètres et réussit à tenir l’airdeux secondes en parcourant quinze mètres. La sta-bilité de son appareil se révélant précaire, il conçoit,en 1902, un planeur biplan, le n° 5, inspiré de ceuxdes frères Wilbur et Orville Wright dont il connaît lesessais de vol aux États-Unis2. À Beuil (Alpes-Mari-times), il parcourt des distances attei-gnant une cinquantaine de mètres ; c’estinsuffisant, mais c’est un début qui lui per-met d’apprendre à piloter.Maîtrisant de plus en plus son planeur, ildécide de le doter d’un moteur Buchet de6 CV entraînant deux hélices. Ce moteurn’étant pas assez puissant pour permettre un décol-lage, il conçoit un dispositif qu’il appelle “Aérodrome” etqu’il installe, à ses frais, en 1902, à l’entrée de Nice3.Au sommet d’un pylône de dix-huit mètres de haut,portant un fléau de trente mètres, il suspend son aé-roplane. Ainsi tenu, l’appareil peut décrire de grandscercles au cours desquels son pilote peut étudier soncomportement aérodynamique.Ayant appris des frères Wright, avec qui il est en cor-respondance, la réussite de leurs vols sustentés, pilo-tés et contrôlés du 17 décembre 1903 sur leur Flyer,ce qui l’encourage dans les possibilités des aéro-planes, il teste son sixième modèle en abandonnant le

FERDINAND FERBER,OFFICIER D’ARTILLERIEET PIONNIER DE L’AVIATION

Claude�CarlierDirecteur�du�Centre�d’histoire�de�l’aéronautique�et�de�l’espace

Président�de�l’Institut�d’histoire�des�conflits�contemporainsAncien�professeur�d’histoire�contemporaine�à�la�Sorbonne

L’année 2009 est marquée par plusieurs centenaires concernantl’histoire de l’aviation, le plus célèbre étant la traversée de laManche par Louis Blériot, le 25 juillet. Un autre événement, cettefois tragique, est la mort, le 22 septembre, du capitaine FerdinandFerber intervenue lors de l’atterrissage de son aéroplane1.

Ingénieur, expérimentateur,propagandiste de l’aviation,habile conférencier, ...

Ferber aéroplane n°6,Nice, juin 1903ARTI n°14 - janvier 201044

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pylône pour un chariot portant l’aéroplane et courantsur un câble tendu en pente entre des poteaux. Cesystème est mis en place au Parc d’aérostation mili-taire de Chalais-Meudon, sa nouvelle affectation. Le27 mai 1905, libérant son appareil à l’extrémité ducâble, moteur en marche, il effectue le premier volglissé motorisé constaté, en Europe, par un procès-verbal officiel.L’appareil suivant, le n° 7, est équipé d’un 12 CV Peu-geot, moteur d’une puissance insuffisante, mais quilui permet de tester plusieurs modèles d’hélices.Afin de se consacrer entièrement à ses activités aé-ronautiques, le capitaine Ferber obtient de l’armée uncongé de trois ans et entre, en août 1906, comme in-génieur-administrateur à la société des moteurs An-toinette.Le modèle n° 8, doté d’un moteur Levavasseur de24 CV, doit être achevé pour décembre 1906. Il estgaré à Chalais-Meudon dans un hangar de dirigeables.Un de ces derniers étant attendu, les aérostiers de-mandent à Ferber de libérer le hangar, le n° 8 est

alors laissé à l’air libre où, dans la nuit du 19 novem-bre 1906, une violente tempête le détruit.Ce n’est que le 25 juillet 1908, avec son n° 9, trèsproche du n° 8, que Ferber, en franchissant toute lalongueur du terrain d’Issy-les-Moulineaux, démontrece qu’il aurait pu réaliser dès 1906.

Le 5 août 1908, le congé de trois ans est résilié et lecapitaine Ferber réintégré d’office dans l’armée à lasuite d’un article qui a déplu au ministre de la Guerre.Cependant, la Direction de l’Artillerie lui accorde denombreuses autorisations d’absence. Il peut alors étu-dier son dixième modèle et participer à de nombreuxmeetings, souvent sous le pseudonyme F. de Rue4. Le22 septembre 1909, à Boulogne-sur-Mer, lors de l’at-terrissage, son aéroplane heurte un caniveau et ca-pote. Projeté à terre, il est écrasé par le moteur.Ainsi, à 47 ans, disparaît une des plus grandes fi-gures de l’aviation française dont les recherches, lesessais ont permis à l’aéroplane de naître. Son œuvre,il l’a retracée dans un livre paru en 19085. Désinté-

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ressé, avec une grande modestie, il divulgue ses expériencessur la stabilité des aéroplanes et sur les hélices ainsi qu’il lefaisait déjà lors de ses conférences et dans ses articles scien-tifiques, en particulier dans la Revue d’Artillerie.Ingénieur, expérimentateur, propagandiste de l’aviation, ha-bile conférencier, il a discerné avec une remarquable nettetél’avenir de l’aéroplane dans la guerre comme dans la paix ensongeant, avant tout, à servirson pays.Estimant que le progrès del’aviation ne s’arrêtera pas, il aterminé son ouvrage par cetteprophétie :“Pour aller plus haut, etl'homme voudra aller plushaut, il faudra adopter unprincipe différent. Le prin-cipe de la fusée est tout in-diqué. Le moteur à réaction s'en déduit. L'homme seraenfermé dans une enceinte où l'air respirable lui serafabriqué. À vrai dire, il ne montera plus une machinevolante, mais plutôt un projectile dirigeable. La réali-sation de cette idée n'a rien d'impossible pour la pen-sée et la puissance humaines, qui seront en progrèstant que le soleil déversera sur la planète une éner-gie suffisante.“La diminution de la chaleur sera peut-être la caused’un nouveau progrès. Car la vie terrestre un joursera menacée. Un terrible dilemme se posera : ouretourner au néant à travers la décrépitude lentedes régressions, ou, pour y échapper, vaincre avecun nouvel engin l’immensité.“Certainement le voudra et l’exécutera un groupede ces surhommes, mille fois plus puissants,mille fois plus intelligents que nous, qui pourtantles concevons obscurément en esprit et les sa-vons inclus dans les parties les plus profondesde notre être.“Certes ils abandonneront la planète inhospita-lière et c’est là le but ultime du plus lourd quel’air qui vient de naître sous nos yeux étonnéset ravis6.”Cent ans plus tard, ces lignes sont toujoursd’actualité.

1 “Aéroplane” désigne un appareil de locomotion aérienne pluslourd que l’air, doté d’ailes et d’un moteur. L’appellation “Avion”est décidée en 1911 par le général Roques, Inspecteur per-manent de l’aéronautique, en hommage à Clément Ader quiavait inventé ce nom. Le même terme est adopté pour lesaéroplanes civils.2 Sur les débuts de l’aviation, cf. Claude Carlier, “Les frèresWright et la France”, Economica, 2008.3 Emplacement de l’actuel aéroport Nice Côte d’Azur.4 Rue est une commune suisse où sa famille possède unemaison.5 Ferdinand Ferber, “L’Aviation, ses débuts, son dévelop-pement”, Berger-Levrault, 1908.6 Ibid., p. 161.

Ferber aéroplane n°5,

Beuill, juin 1902

Ferber aéroplane n°6,

mai 1905

Ferber aéroplane n°9,

Issy, juillet 1908

“La diminution dela chaleur serapeut-être la caused’un nouveau pro-grès. Car la vieterrestre un joursera menacée...”

ARTI n°14 - janvier 201046

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