Bretagne 2015 Le Telegramme

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Supplément au n° du mercredi 6 février 2008. Ne peut être vendu séparément. Édition Finistère Les entreprises face à de nouveaux enjeux Les hommes pages 2 et 3 Les territoires pages 4 et 5 La compétitivité page 6 Les valeurs page 7

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Tiré à part du Télégramme du mercredi 6 février 2008. Sommaire : - Les hommes - Les territoires - La compétitivité - Les valeurs

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Supplément au n° du mercredi 6 février 2008.Ne peut être vendu séparément.Édition Finistère

Les entreprises face à de nouveaux

enjeux

Les hommes

pages 2 et 3

Les territoires

pages 4 et 5

La compétitivité

page 6

Les valeurs

page 7

Page 2: Bretagne 2015 Le Telegramme

Votre PME compte aujourd’hui 20 sa-lariés. Avez-vous eu du mal à les em-baucher ?

Quand j’ai repris l’entreprise en 2001

avec neuf personnes, j’ai voulu recru-

ter des conducteurs de travaux, des

responsables de chantier, des chefs

d’équipes. Bref, des pédagogues. Hon-

nêtement, je ne pensais pas que ce se-

rait aussi diffi cile. On parle souvent des

tensions sur le marché du travail dans

le bâtiment, mais les compétences

pour des postes d’encadrement sont

encore plus rares. C’est aujourd’hui

le frein principal au développement de

mon entreprise.

Comment faire pour attirer ces com-pétences qui font défaut ?

Il faut professionnaliser le recrute-

ment. Depuis deux ans, suite à un

stage en ressources humaines (1), j’ai

davantage recours à la formation, j’es-

saye d’établir des fi ches d’emplois et

de compétences, j’ai mis en place des

parcours d’intégration. Mon objectif :

recruter des gens qui ont un poten-

tiel et les faire progresser tout en les

évaluant. C’est la clé pour les fi déliser

dans l’entreprise et éviter d’avoir un

turn-over trop important. Il faut aussi

être attractif. Je viens de prendre en

alternance un jeune de l’IUT de Lorient

en licence de gestion et d’organisation

de la production. J’espère pouvoir le

garder à sa sortie.

Cette démarche a-t-elle changé votre vision du rôle d’un chef d’entreprise ?

C’est évident ! Les ressources humai-

nes, c’est du temps constructif, pas du

temps perdu à régler des problèmes.

Même si le résultat n’est pas immé-

diat. J’ai aussi pris conscience que le

management va prendre de plus en

plus d’importance dans nos métiers.

Malheureusement, ce n’est pas encore

dans les moeurs du BTP. Mais ce chan-

gement va se faire petit à petit : c’est

comme une équipe de foot qui a l’ha-

bitude de jouer d’une certaine manière

et doit changer pour s’adapter.

Justement, quels avantages pour vous d’avoir engagé cette démarche ?

Avoir des salariés polyvalents offre

plus de souplesse à l’entreprise. No-

tre secteur est appelé à évoluer. Un

exemple : sur le marché de la rénova-

tion écologique, il faut désormais des

gens capables d’isoler une maison, de

faire un peu d’électricité, de changer

une fenêtre, tout en ayant l’esprit com-

mercial... D’où l’importance d’avoir de

bons managers pour l’encadrement.

Aujourd’hui, un conducteur de travaux

doit être à même de réaliser les en-

tretiens d’évaluation de ses ouvriers.

C’est lui qui les connaît le mieux !

Quels autres outils de ressources hu-maines avez-vous mis en place ?

Je fais une petite lettre interne pour la

communication. J’ai également em-

bauché une stagiaire en master de

ressources humaines. A terme, j’aime-

rais avoir un mi-temps sur ce poste.

J’ai également mis sur pied un livret

d’accueil. C’est normal que le nouveau

salarié connaisse la culture d’une en-

treprise pour y adhérer. Nous avons

notre propre façon de travailler. Celui

qui rejoint Plac’Isol doit savoir où il

met les pieds pour s’y sentir bien !

Jean Abbiateci

(1) Bretagne Ressources Humaines Plus

Question : comment fi déliser et faire évoluer ses salariés quand on a déjà du mal à recruter. Réponse deMaurice Magueur, gérant de Plac’Isol (plâtrerie) à Hennebont.

« Il est important de professionnaliser le recrutement »

2 Entreprises bretonnes, Cap sur 2015 - Le Télégramme - Toutes éditions - Mercredi 6 février 2008

« Des jeunes qui ont envie de mordre dedans... »

Bretagne 20152007 2015 Etre chef d'entreprise en Bretagne Entreprises bretonnes Cap sur 2015

Au journaliste qui le questionne sur l’at-trait des jeunes pour l’entreprise, Michel Emily n’hésite pas à aller à l’encontre de certaines idées reçues. « Aujourd’hui, il y a des jeunes qui ont envie de mor-dre dedans, qui bougent. Cela n’existait pas avant, c’est la génération internet. Là, j’ai un de nos garçons qui part en Chine. » Mais le PDG est conscient des efforts à fournir pour être davantage attractif. « Nos métiers n’ont pas forcé-ment bonne presse. Mais c’est dû à une vision un peu archaïque. Un gars qui fait du SAV chez nous passe son temps avec son ordinateur pour trouver l’origine d’une panne. En racontant ça, on attire les jeunes. Or, pour qu’un jeune aime son métier, il faut qu’il puisse rêver. »

Pré Vision veille sur son capital humain

Michel Emily l’avoue sans honte.

A 55 ans, le PDG de Pré Vision (1), spé-

cialisé dans le machinisme pour l’agri-

culture, l’industrie et les travaux pu-

blics, a appris son métier sur le tas. « Je

suis sorti de l’école à 15 ans, j’ai pris la

suite de mon père mécanicien de cam-

pagne. Je n’étais pas du tout formé à la

gestion des hommes. » Aujourd’hui, la

petite entreprise familiale a bien grandi

avec ses 338 salariés et ses 65 millions

d’euros de chiffre d’affaires pour 2007.

Au fur et à me-

sure de la crois-

sance, la gestion

des ressources

humaines est de-

venue de plus en

plus pressante.

« C’était diffi cile de

tout faire. Il a fallu

m’organiser, sinon

j’allais exploser ! »

Le déclic : une formation de la CRCI.

« Pendant six mois, tous les mercredis,

on a mis sur papier la défi nition de nos

métiers. J’ai appris que lorsqu’on crée

un emploi, la première chose à faire est

une défi nition de poste pour expliquer

à son collaborateur ce que l’on attend

de lui. On a vraiment fait un pas de

géant en instaurant cette organisation

d’embauche transparente. » Riche de

cette expérience, le groupe a systé-

matisé l’entretien individuel. Ainsi que

la rémunération en partie au mérite.

« Même pour un magasinier et une

secrétaire, c’est un moyen d’encoura-

ger le non-gaspi. C’est incontournable

pour que chacun se sente acteur du

groupe. La différence entre une entre-

prise qui gagne sa vie et une autre qui a

du mal, ce n’est souvent que des petits

détails. »

Aujourd’hui, la très

grande majorité des

collaborateurs de Pré

Vision ont entre 25 et

40 ans. Mais il faut

préparer la relève.

Certaines compéten-

ces sont parfois dif-

fi ciles à recruter. En

ce moment, l’entre-

prise recherche des

soudeurs et des chaudronniers. Trop

souvent, les gens, regrette le PDG, sont

cantonnés dans un métier. « Je suis en

contact avec un menuisier qui a plus de

16 ans de maison et dont la boîte vient

de couler. C’est un manuel, je pense

qu’on peut faire affaire ensemble. »

Cette souplesse dans les parcours pro-

fessionnels passe par un recours très

important à la formation. Résultat, l’an

dernier, Pré Vision a monté son propre

centre de formation.

Jean Abbiateci

(1) Pré Vision comprend les sociétés

Emily, Sofi mat, Magsi, Oxymax, Oxy-

montage.

Transparence et communication... Deux mots clés de la politique de ressources humaines mise en place par Michel Emily, PDG du groupe Pré Vision basé à Tréfl événez.

Le déclic suite à une formation

Etre attractif

Michel Emily, au centre, entouré de deux de ses

directeurs.

... le mardi 12 février à 17 heures au Ponant à Pacé pour «Bretagne 2015». Les chefs d’en-treprise présentent leurs propositions pour une Bretagne entreprenante et performan-te. Pour vous inscrire, contactez la CRCI de Bretagne au 02 99 25 41 04.

Rendez-vous...

Page 3: Bretagne 2015 Le Telegramme

3 Entreprises bretonnes, Cap sur 2015 - Le Télégramme - Édition Finistère - Mercredi 6 février 2008

Le solde migratoire breton est passé de 8.000 personnes par an sur la période 1990-1998 à

19.000 par ansur la période 1999-2004. Cette croissance s’explique en grande majorité par l’immigration d’actifs (Insee).

La Bretagne n’offre que tagne n offre que

32places de crèches pour 1.000 enfants contre 64

au plan national.

SeulementSSeeuulleemmeenntt

34,9%des salariés bretons ont accés à la formation contre 46,6 % à l’échelle nationale.

65%des chefs d’entreprise citent l’amélioration des conditions

de travail comme premier facteur de mobilisation et de

fi délisation des salariés.

Les Chambres de commerce et d’industriedu Finistère proposent

220000 ffoorrmmaattiioonnssIl y en a certainement

une pour vous !

Les Chambres de commerce

et d’industrie du Finistère

02 98 30 45 75www.formation.cci-brest.fr

02 98 62 39 39www.morlaix.cci.fr/

formation

02 98 98 29 29 www.quimper.cci.fr

Page 4: Bretagne 2015 Le Telegramme

« Cette région est

au centre d’un bas-

sin de légumes im-

portant.

Nous sommes en

contrat direct avec

trois coopératives

de producteurs, ex-

plique Claude Vil-

lain, directeur général du groupe en

France. Et le climat permet de faire

tourner l’usine de manière optimale

environ 10 mois dans l’année ». Des

atouts qui ont un impact positif sur la

production du site : 86 000 tonnes en

2007 contre 34 000 tonnes en 1994. Des

atouts qui ont un impact positif sur la

production du site : 86 000 tonnes en

2007 contre 34 000 tonnes en 1994. Si

le site de Gourin est le plus important

du groupe Ardo en France, il est aussi

le plus excentré. « Nous sommes si-

tués de plus en plus loin du centre de

consommation européen, qui est tour-

né vers l’Est, justifi e Claude Villain, et

l’infrastructure routière du Centre Bre-

tagne est peu développée ». Quelles

solutions s’offrent alors aux entrepri-

ses en terme de transports ? A 20 km,

la ville de Carhaix souhaite mettre en

place une stratégie de transports rou-

tiers privilégiant le ferroutage, mais le

directeur français du groupe Ardo, es-

time « qu’à court terme, il faut d’abord

veiller à l’amélioration du routier plus

que du ferroutage ». Et le transport

maritime ? « Cela coûte moins cher

d’acheminer les marchandises par

Rotterdam que par les ports bretons,

cherchez l’erreur !» poursuit Claude

Villain.

Elodie Robin

Gourin, une ville centre bretonne sur laquelle le groupe Belge Ardo, exportateur de légumes surgelés, achoisi en 1995 d’implanter son siège français. Le groupe y a en effet installé sa plus grosse usine de produc-tion, de conditionnement et de distribution en France. Principales motivations de ses dirigeants à l’époque ? L’offre territoriale.

En Centre-Bretagne, le défi de l’attractivité

L’esprit régional, une force pour l’emploi

4 Entreprises bretonnes, Cap sur 2015 - Le Télégramme - Toutes éditions - Mercredi 6 février 2008

C’est un espace de travail à taille hu-

maine avec des postes aménagés

pour chaque corps de métier et sur-

tout adaptés pour garantir un certain

confort dans le travail. En nous mon-

trant les conditions de travail au sein

de son entreprise, Claude Chatron

témoigne déjà de sa philosophie de

l’entreprenariat. « J’estime, confi e-t-il,

que l’on doit donner l’envie et l’intérêt

pour le travail». CQFD.

Si concilier emploi,

épanouissement

des jeunes et envi-

ronnement à forte

pression foncière

peut être un véri-

table casse-tête

pour un chef d’en-

treprise, Claude

Chatron, président

directeur général

de la société LTB en a fait sa principale

croisade. Celle qui consiste à offrir à

l‘ensemble de son personnel un cadre

de vie personnel et professionnel de

qualité. Il leur communique au quoti-

dien l’esprit régional qui fait selon lui la

force de la Bretagne. Sa recette : le so-

cial. Dès son entrée dans l’entreprise,

le nouvel employé bénéfi cie d’une aide

à l’intégration. Des moyens d’accueil

divers qui vont lui permettre de trou-

ver sa place et de devenir un maillon

reconnu de la chaîne. Parrainage, coa-

ching, formation à d’autres postes de

travail que celui pour lequel l’employé

a été recruté afi n de faire marcher, à

moyen terme, l’ascenseur social. Mais

aussi l’aide aux démarches plus per-

sonnelles, contacts auprès des mai-

ries pour trouver un logement, réseau

d’entrepreneurs pour éventuellement

aider le conjoint à trouver un emploi...

Des arguments qui fi délisent les em-

ployés. A LTB, pas de turnover, consta-

te Claude Chatron, « beaucoup sont là

depuis les débuts de l’entreprise, il y a

dix ans. Ici, avec quatre ans d’ancien-

neté on est encore considéré comme

un jeune ! »

Elodie Robin

Un silence surprenant règne dans les locaux de l’entreprise LTB, La Thermodynamique de Bretagne, spécialisée dans la fabrication de climatiseurs destinés aux marchés européen et asiatique. Une tren-taine d’employés est pourtant à pied d’œuvre. Des trois lignes de production que possède l’entreprise de Clohars-Carnoët, ne s’échappe que le bruit des perceuses. Et les surprises ne s’arrêtent pas là : l’atelier de production possède de grandes baies vitrées.

Un territoire « en voie de désertifi cation »Pour le groupe Belge Ardo, outre le défi des transports, la désertifi cation du Centre Bretagne pose problème au directeur de l’entreprise gourinoise. Les chaînes de pro-duction automatisées nécessitent l‘emploi d’une main-d’œuvre de plus en plus quali-fi ée. L’usine veille à la formation des jeunes locaux mais il est diffi cile de les garder. « Les jeunes migrent vers la zone côtière ou les agglomérations », poursuit Claude Villain. « Les questions de l’emploi du conjoint, de la scolarisation des enfants, passé le primaire, restent problématiques pour une famille. »La solution : créer une « spirale vertueuse » pour rendre le territoire attractif. C’est-à-dire « encourager fi scalement l’installation des entreprises qui créent l’offre d’emploi mais aussi celle des particuliers ».Le groupe Ardo intègre déjà au recrutement les problématiques des futurs employés. « Nous leur proposons des contacts d’agen-ces immobilières et faisons appel au réseau d’entrepreneurs pour aider le conjoint à trouver un emploi. » Il s’agit ensuite de fi -déliser le personnel en lui permettant d’ac-quérir des compétences. L’entreprise alloue le triple du budget légal pour former ses employés et leur garantir ainsi une ascen-sion professionnelle. Mais celle-ci « profi te malheureusement aux autres acteurs du secteur, » déplore le chef d’entreprise.

Unestratégie sociale

Lier l’emploi à la capacité de logement

Entreprises bretonnes Cap sur 2015

« Il faut faire attention à ne pas oublier que si l’on veut faire venir l’emploi, il faut offrir des capacités de logements, com-mente Claude Chatron, élu de la chambre de commerce. Sur la région de Quimperlé, un trois pièces coûte près de 650 euros ». Alors pour avoir « une population jeune, bien formée et heureuse de vivre là, il faut atteindre un équilibre entre l’offre locale, avec la construction par exemple de petits collectifs de qualité et l’offre entreprena-riale. » A terme, l’installation et le dévelop-pement d’entreprises pourrait permettre d’améliorer encore la qualité de vie de la région. « Pourquoi ne pas créer une crèche interentreprise ? », suggère même Claude Chatron. D’ici trois ans, cela pourrait être possible si l’on arrive à faire s’installer des entreprises ».

Bretagne 20152007 2015 Etre chef d'entreprise en Bretagne

Un site excentré

Page 5: Bretagne 2015 Le Telegramme

5 Entreprises bretonnes, Cap sur 2015 - Le Télégramme - Édition Finistère - Mercredi 6 février 2008

68%des chefs d’entreprise

considèrent que l’image de la Bretagne a un effet positif sur l’image de leur

entreprise, de leurs marques ou de leurs produits.

62%des chefs d’entreprise estiment que la localisation bretonne est un facteur positif pour recruter des personnes à l’extérieur de la région.

12%des chefs d’entreprise pensent que l’image de

la Bretagne a un impact négatif sur leur recrutement.

87%des chefs d’entreprise voient dans leur localisation un atout pour leur activité.

88%des chefs d’entreprise jugent

nécessaire de s’impliquer soit à titre d’entrepreneur,

soit à titre individuel dans la vie collective,

locale ou régionale.

* Enquête Bretagne 2015

PS08

0101

7

Page 6: Bretagne 2015 Le Telegramme

6 Entreprises bretonnes, Cap sur 2015 - Le Télégramme - Toutes éditions - Mercredi 6 février 2008

Bientôt en Bourse ?

Malgré sa taille réduite, la PME bretonne a réussi à s’imposer face aux géants du secteur... dont Alcatel. De quoi nourrir des nouvelles ambitions. « Soit on était une bonne PME vivant tranquillement dont j’aurais pu rester le PDG. Soit on donnait un coup d’accélérateur pour vi-ser une introduction en bourse à l’horizon 2009-2010. » Ces ambitions ont été ac-compagnées en amont par une nouvelle levée de fonds de 14,5 millions d’euros et l’arrivée d’un nouveau PDG, Didier Brédy. François-Xavier Ollivier qui lui a cédé son fauteuil en 2006 pour se recentrer sur la technique et la production, l’expli-que avec beaucoup d’humilité : « L’échec d’une entreprise peut arriver quand les fondateurs veulent à tout prix en garder les commandes. A un moment, il faut sa-voir mettre les meilleurs aux postes clés. Nous l’avons fait et c’est un bon choix. »

Entreprises bretonnes Cap sur 2015

Un million de chiffre d’affaires en

2006, 4 millions en 2007, 8 millions

prévus pour 2008... Quatre ans après

sa création, Ekinops, spécialisé dans

le transport optique, est en pleine

croissance. L’histoire de cette start-

up de 40 salariés, créée en 2002 par

des anciens ingénieurs d’Alcatel, avait

pourtant commencé de façon chaoti-

que. « C’était juste après l’explosion

de la bulle internet et les attentats du

11 septembre. On n’aurait pas pu choisir

un pire moment », plaisante Jean-Luc

Pamart, l’un des fondateurs. Le déclic

aura lieu en juillet 2002 : l’entreprise

devient lauréate du concours Oséo An-

var récompensant les entreprises in-

novantes. D’un coup, les investisseurs

sont moins frileux. Première levée de

fonds : sept millions d’euros.

Côté organisation,

Ekinops a fait de

Lannion son centre

technologique, en y

installant ses labo-

ratoires Recherche

et Développement

(1). Deux facteurs

ont joué dans ce

choix géographique. Premièrement, la

concentration locale d’entreprises spé-

cialisées dans les télécommunications

qui composent aujourd’hui le pôle de

compétitivité Images et Réseaux.

L’autre raison est plus circonstancielle.

Le malheur des uns faisant le bonheur

des autres, c’est au moment où Eki-

nops a commencé à recruter que son

voisin Alcatel licenciait. « Nous avons

pu embaucher assez rapidement sur

place des gens très qualifi és. On a pu

également acheter du matériel d’occa-

sion très performant », explique l’autre

fondateur François-Xavier Ollivier.

Si le coeur d’Ekinops est en Bretagne,

sa structure commerciale s’est disso-

ciée dans le monde entier, au plus près

de ses clients. Une première annexe

avait été créée en région parisienne.

L’année 2007 aura été celle de l’in-

ternationalisation, avec la création de

plusieurs bureaux aux Etats-Unis, à

Londres et à Singapour. « Pour nous,

l’Asie, c’est encore de la prospection.

Il s’agit de comprendre comment fonc-

tionne le marché pour faire des affai-

res le moment venu. »

Jean Abbiateci

Attention : success-story à la bretonne ! Cette start-up de Lannion a su valoriser son savoir-faire technolo-gique pour partir à la conquête des marchés d’Europe, d’Amérique et d’Asie.

Ekinops, branché sur l’international

Malgré sa taille réduite la PME bretonne

Jean-Luc Pamart et François-Xavier Ollivier, les deux fondateurs d’Ekinops.

Le sur-mesure pour être compétitif

Comment arrivez-vous à tirer votre épingle du jeu dans un marché de plus en plus compétitif ?

Première raison : nous nous sommes

positionnés sur le haut de gamme. Nos

120 collaborateurs conçoivent, fabri-

quent et commercialisent du matériel

d’environnement climatique, environ

1 000 unités par an. La haute cou-

ture de la climatisation ! Notre sec-

teur se développe, porté notamment

par les nouvelles réglementations

sur la consommation d’énergie. Pour

2007, notre chiffre d’affaires s’élève à

25 millions d’euros, avec une croissan-

ce d’environ 17 %.

Comment votre PME peut-elle se différencier, notamment face à des grandes entreprises ?

En étant réactive avant tout. Etre une

PME nous donne la souplesse d’adap-

ter notre produit, en proposant des

prestations que de grands groupes

américains n’ont pas la possibilité de

faire. Le sur-mesure, c’est là toute la

clé ! Pour une meilleure cohésion, nous

avons groupé sur notre site de Plou-

dalmézeau la recherche, les bureaux

d’études et la fabrication de nos pro-

duits. L’autre enjeu est celui de l’inno-

vation permanente. Nous nous devons

d’être à l’affût. Et même en avance sur

le marché pour révéler à nos clients

leurs futurs besoins.

L’innovation passe-t-elle également par toujours plus de services ?

Exact. Ce qui intéresse le client, ce n’est

pas simplement le prix de la machine,

c’est aussi le coût de son installation,

de sa maintenance, de l’électricité

qu’elle va consommer. Un exemple :

nous sommes le fournisseur unique du

groupe Auchan. Et bien, nous n’avons

pas remporté ce marché simplement

parce que nous sommes Bretons ! Nos

produits sont réputés fi ables, certes

parfois plus chers que les autres, mais

notre offre de services a fait la diffé-

rence.

Donc, la recherche du plus bas coût n’est pas une obsession dans des mar-chés de plus en plus compétitifs ?

Dans un monde extrêmement globa-

lisé, aucune activité ne peut se targuer

d’être protégée. Mais l’équation « ré-

duction des coûts = externalisation »

n’est pas une fatalité. Dans un métier

très technique comme le notre, qui

demande des compétences aussi bien

en tôlerie qu’en électronique, les coûts

d’une externalisation seraient très lar-

gement supérieurs aux avantages. En

revanche, là où l’on peut profi ter de la

mondialisation des échanges, c’est sur

le prix des composants achetés en Asie

par nos fournisseurs.

Comment envisagez-vous la place de l’entreprise bretonne dans une éco-nomie de plus en plus mondiale ?

Je pense que la maîtrise et la mise

en œuvre de notre savoir-faire va per-

mettre aux entreprises innovantes de

garder leur place, notamment sur les

marchés de niche. Dans de nombreux

pays, la compétence technique existe,

mais les gens ne savent pas l’adapter

à un besoin spécifi que. Un exemple :

nous avons climatisé les ascenseurs

de la Tour Eiffel. Jamais depuis la

Chine ou l’Inde, vous ne pourrez appor-

ter une solution à une problématique si

exceptionnelle.

Jean Abbiateci

Avec la mondialisation, comment nos entreprises bretonnes peuvent-elles rester compétitives ? En inno-vant, répond Yves Millot, PDG d’ETT (Energie Transfert Thermique) à Ploudalmézeau.

Commendifférencgrandes

En étant

PME nou

ter notre

prestatio

américai

faire. Le

clé ! Pour

avons gr

20%des emplois industriels bretons dépendent d’ores et déjà d’un établissement à participation étrangère.

Près de

9positionnant la Bretagne au 13e rang des régions exportatrices (contre le 7e rang pour le produit intérieur brut).

En 2006, les exportations bretonnes s’élevaient à près de

ne onnant la Bretags rang des régionsli (

milliardsd’euros,

Bretagne 20152007 2015 Etre chef d'entreprise en Bretagne

Ancrage local, clientèle mondiale

Page 7: Bretagne 2015 Le Telegramme

7 Entreprises bretonnes, Cap sur 2015 - Le Télégramme - Édition Finistère - Mercredi 6 février 2008

Vivre de la protection de l’environnement

« Il était agriculteur, ex-

plique Philippe Le Gall, et

vivait avec diffi culté de son

métier. Il y a donc ajouté

une activité annexe qui

était de récupérer différen-

tes choses, du chiffon à la

peau de lapin, dans les fer-

mes alentours. Le but étant

de les commercialiser ».

Par la suite, son grand-pè-

re fera de la récupération

son activité principale. Très jeune, son fi ls Ludovic

a été sensibilisé à ces valeurs écologiques. C’est

ainsi qu’en 1965, il crée l’entreprise briochine. Gé-

rée depuis 1990 par deux de ses fi ls, la SAS, qui

emploie aujourd’hui 95 salariés à travers la Bre-

tagne, est spécialisée dans la collecte des déchets

industriels et ménagers : ferraille, métaux non

ferreux, déchets banals ou dangereux.

« Le fondement de nos pro-

fessions est de vivre de la

protection de l’environne-

ment à travers le temps »,

explique Philippe Le Gall,

actuel président de la so-

ciété basée à Ploufragan.

La prise de conscience de

la donne écologique, par les

pouvoirs publics et les chefs

d’entreprises, Philippe Le Gall l’impute aux an-

nées 90. « Une demande sociale a émergé. Beau-

coup ont réalisé qu’ils ne pouvaient plus traiter

leurs déchets n’importe comment ». Bercé par

ces principes de préservation, le chef d’entreprise

briochin a su pressentir et fi nalement profi ter de

l’explosion de la demande. Plusieurs sites à tra-

vers la Bretagne ont vu le jour : à Briec-de-l’Odet,

Pontivy, puis Ploumilliau, Brest et plus récemment

à Guéméné-Penfao en Loire-Atlantique.

Pour assurer la pérennité

de ses activités, Philippe Le

Gall n’hésite pas à s’investir

dans le développement du-

rable. Son engagement pour

la certifi cation Iso de son

entreprise en est la preuve.

« Nous œuvrons dans le do-

maine de la gestion et la valorisation des déchets

et avons besoin que cela soit reconnu » justifi e-

t-il. De poursuivre : « La double certifi cation envi-

ronnementale et de qualité de service défi nit notre

plan d’action dans une démarche de perpétuelle

amélioration de nos activités. » Et comme si cela

ne suffi sait pas, le chef d’entreprise s’est lancé

dans le « développement durable sportif » en

sponsorisant le navigateur Bertrand Delesne qui

participait en 2007 à la Transat 6.50. « Le bassin

briochin manque de visibilité. L’idée était de s’en-

gager aux côtés de ceux qui défendent les valeurs

sportives de notre territoire. Tout mon personnel

y était associé. Nous l’avons accompagné fi nan-

cièrement et soutenu pendant sa course ». Une

démarche qui porte ses fruits puisqu’aujourd’hui

une vingtaine d’entreprises s’y sont associées. Un

club d’entrepreneurs a même vu le jour en mai

2007 et labellisera, désormais chaque année, un

projet sportif.

Elodie Robin

Chez les Le Gall, le recyclage est une histoi-re de famille. Voici quatre générations que la volonté de préserver l’environnement coule dans leurs veines. C’est avec l’arrière grand-père de l’actuel président des entre-prises Ludovic Le Gall que l’aventure com-mença.

Un développement induit par l’éveil des consciences

Une quête du développement durable

Visitez

les entreprises

du Finistère…

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CCI Quimper Cornouaille02 98 98 29 29

Page 8: Bretagne 2015 Le Telegramme

Pour l’élaboration de «Bretagne 2015», vous avez invité les chefs d’entreprise bretons à exprimer leur vision de la Bretagne de demain. Pourquoi cette démarche ?

Parce que c’est la mission des CCI de

solliciter l’expression des chefs d’entre-

prise et de la faire connaître à ceux qui

élaborent les politiques publiques. Cet-

te démarche nous a paru d’autant plus

nécessaire que le développement des

fi lières majeures pour la Bretagne a ten-

dance à marquer le pas : l’agroalimen-

taire, les technologies de l’information

et de la communication, la construction

automobile et navale. Durant un an, nous

sommes allés sur le terrain recueillir

leurs réfl exions et leurs interrogations.

20.000 chefs d’entreprise de tous les

secteurs d’activité ont été consultés et

plus d’un millier ont contribué à l’élabo-

ration de ce document.

Selon les chefs d’entreprise, quelles sont les conditions de réussite de la Bretagne de demain ?

Parmi les nombreux enjeux, quatre ont

été clairement identifi és : la gestion des

ressources humaines, compte tenu des

évolutions démographiques, la pression

foncière qui crée dans de nombreux ter-

ritoires un frein à l’activité économique,

la desserte énergétique de la Bretagne

et enfi n l’offre logistique. Avec l’accélé-

ration des échanges internationaux, le

renchérissement des coûts de transport,

en lien avec ceux de l’énergie et des ma-

tières premières, va affecter la compé-

titivité des entreprises à l’export. Plus

généralement, les chefs d’entreprise ont

montré leur souhait d’échapper à leur

isolement. Seuls dans leurs entrepri-

ses, ils mettent l’accent sur la nécessité

de travailler en réseau afi n que chacun

puisse s’enrichir de l’expérience des

autres.

Comme il y a moins de jeunes à entrer sur le marché du travail que de retrai-tés à en sortir, on s’achemine vers une forte pénurie de main-d’oeuvre. Com-ment les chefs d’entreprise pensent-ils relever le défi du recrutement ?

Ces évolutions obligeront les entrepri-

ses à se montrer plus attractives envers

les jeunes salariés et à mieux valoriser

les seniors. Demain, les entrepreneurs

auront davantage le souci de conserver

leur personnel que de le recruter. Il faut

rappeler aussi que 10.000 patrons bre-

tons vont céder leur entreprise dans les

cinq ans qui viennent. Ces perspectives

de transmission nécessitent de dévelop-

per des actions de sensibilisation no-

tamment des jeunes à la création et à la

reprise d’entreprises.

Dans ce contexte, une meilleure adé-

quation entre la formation et les besoins

des entreprises est indispensable. Les

chefs d’entreprise attendent aussi que le

système de formation s’adapte aux évo-

lutions technologiques et qu’il soit plus

réactif. Enfi n, ils considèrent qu’il faut

activer le rapprochement entre l’entre-

prise et l’université.

Dans quelle mesure la pression fon-cière est-elle un frein à l’activité éco-nomique ?

La Bretagne manque d’espaces dédiés à

l’activité industrielle. Du fait d’une pres-

sion générale sur le foncier en particu-

lier sur les zones littorales, certaines en-

treprises ont du mal à s’installer ou à se

développer. Jugées trop polluantes, trop

bruyantes, trop productrices de déchets,

beaucoup d’activités sont également re-

mises en cause par les riverains. A l’ave-

nir, avec le développement démographi-

que de la Bretagne, les confl its d’usage

vont se multiplier. Des arbitrages seront

nécessaires.

Dans l’ensemble, les chefs d’entreprise

souhaiteraient une meilleure écoute de

la part des collectivités territoriales lors-

que celles-ci élaborent leurs politiques

de développement économique.

Quelles sont les pistes d’actions que vous allez suggérer aux pouvoirs pu-blics ?

D’abord, développer les services de proxi-

mité dans les secteurs péri-urbains : crè-

ches, transports, commerce... Les chefs

d’entreprise constatent que l’attractivité

des territoires joue un rôle important sur

leur capacité à recruter des salariés et à

les fi déliser.

Il est important aussi de développer en

Bretagne, la culture de l’innovation et

cela dans tous les domaines. Je pense au

management des ressources humaines,

la façon de vendre les produits...

Les chefs d’entreprise bretons parta-

gent aussi la sensibilité croissante de

l’opinion aux questions d’environnement

et de développement durable. De gros

effort sont été réalisés. La Bretagne,

qui produit très peu de l’énergie qu’elle

consomme, va devoir sécuriser son ap-

provisionnement énergétique en favori-

sant notamment le développement des

énergies renouvelables.

Il faudra aussi garantir la connexion de

la Bretagne à ses marchés en améliorant

les performances logistiques. La logisti-

que conditionne une partie de la compé-

titivité des entreprises surtout à l’Ouest

de la Bretagne.

Propos recueillis

par Frédérique Le Gall

Jean-François Le Tallec, président de la Chambre régionale de commerce et d’industrie, présente la démar-che « Bretagne 2015 »

La Bretagne de 2015 vue par les patrons bretons

Bretagne 20152007 2015 Etre chef d'entreprise en Bretagne

Entreprises bretonnes Cap sur 2015

Les Chambres de commerce et d’industrie de Bretagne ont souhaité mettre en lumière les réfl exions prospectives, les préoccupations et les propositions des chefs d’entreprise bre-tons. Pilotée dans ce cadre par la Chambre régionale de commerce et d’industrie, « Bre-tagne 2015 » est l’expression des chefs d’en-treprise quant aux conditions d’exercice de leur métier en Bretagne à moyen terme.

Cette démarche s’est élaborée en trois phases (1):

L’organisation de 21 tables rondes dans les 21 pays bretons.

Ces tables rondes ont réuni plus de 200 chefs

d’entreprise de juin à novembre 2006.

Trois grands thèmes ont dominé ces rencontres

et échanges :

• les hommes qui font l’entreprise (ressour-

ces humaines, modèles entrepreneuriaux,

management, portage de l’innovation, etc.),

• l’adaptation des entreprises à leurs concur-

rences et à leurs marchés dans un contexte

mondialisé d’une part et de forte mutation

de l’économie résidentielle d’autre part,

• l’insertion des entreprises dans leur terri-

toire (attractivité territoriale et relations du

monde entrepreneurial avec les institutions

et les collectivités).

Pour approfondir ces enjeux, plusieurs grou-pes de travail, composés de chefs d’entre-prise et de permanents des CCI, se sont réunis en janvier 2007 pour échanger sur les thèmes suivants.

• « les enjeux du management »,

• « l’entreprise performante et compétitive »,

• « l’industrie et les services aux entreprises »,

• « commerces, services et mutations de

l’économie présentielle »,

• « attractivité des territoires et soutien aux

entreprises »,

• « modalités de coopération entre entrepri-

ses et collectivités ».

Afi n de compléter ces échanges, des entre-tiens ont également été réalisés avec des experts sur ces différents thèmes. Enfi n, un questionnaire a été adressé aux chefs d’entre-prise, diffusé avec la revue « Bretagne Econo-mique » et proposé sur les sites internet de la CRCI et des CCI en mai 2007.

800 chefs d’entreprise ont répondu à ce ques-

tionnaire. Par cette méthode de consultation

élargie, il s’agissait de s’assurer que la ré-

fl exion des groupes de travail était confortée

par l’opinion des chefs d’entreprise qui n’y

avaient pas participé.

(1) L’animation de la démarche, le recueil et

l’analyse des propos des chefs d’entreprise ont

été confi és au cabinet TMO Régions.