Bref Aéro 335 - Juillet/août 2012

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Le nouveau livre blanc de la Défense ne doit pas être un roman noir. ÉDITO L e Président de la République, François Hollande, vient de lancer la prépara- tion d’un nouveau livre blanc de la Défense, le quatrième de notre histoire. La commission, dont le Président vient d’annoncer la mise en place, com- portera une quarantaine de personnes et devra ménager «une large consultation avec l’ensemble des acteurs de la politique de Défense et de Sécurité nationale». Parallèlement, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a reconnu devant la commission de la Défense qu’il manquait déjà plus de 4 milliards d’euros par rapport à la trajectoire de la loi de programmation militaire actuelle. Va-t-on organiser un exercice dont l’objectif sera de justifier des réductions budgé- taires et faire de l’exercice un trompe l’œil en renouant avec la pratique de faire du budget de la Défense la variable d’ajustement budgétaire ? Ou va-t-on en profiter pour faire une véritable réflexion stratégique en profondeur ? Bien sûr, nous savons que les choix straté- giques ne sont pas indépendants de nos ca- pacités financières. Mais nous rappelons que derrière les choix, il y a, non seulement, une balance commerciale positive, mais aussi de nombreux emplois qualifiés, un savoir-faire et des compétences que nous avons mis plus de 60 ans à construire. Nos entreprises, avec leurs salariés, ont besoin de visibilité sur le long et moyen terme. Nous nous assurerons, comme l’écrit le chef de l’État dans la lettre de mission adressée au Président de la commission, que celle-ci «portera une attention parti- culière aux enjeux de notre politique industrielle et de recherche, afin d’assurer le maintien des compétences scientifiques, technologiques indispensables à l’auto- nomie stratégique et à notre souveraineté, dans le cadre national, mais aussi, autant que possible, européen». La CFE-CGC AED, première organisation syndicale du secteur AED français, est disponible. Nous solliciterons le Président de la commission du livre blanc, Jean-Marie Guehenno, pour lui exposer nos positions et analyses. < Bernard Valette - Président CFE-CGC AED “Nos entreprises, avec leurs salariés, ont besoin de visibilité sur le long et moyen terme.” Juillet/août 2012 • N° 335 Actualités 30 mai 2012 : 43 e assemblée générale Airbus Nantes 2-3 Retraite : campagne d’information 2012 2 Nouvelles section et désignations 3 Agenda 3 Vie des entreprises Égalité professionnelle : à l’AED, quoi de neuf ? 3 Safran : participation Groupe inacceptable ! 4 Ariane 5ME : l’investissement sur l’avenir 5 Airbus est Mobile ! 5 Le Dossier Le transfert de technologie, une passerelle vers de fabuleuses innovations 6-7 C’est dans l’air L’étoffe des héros 8 Sommaire

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Le nouveau livre blanc de la Défense ne doit pas être un roman noir.

ÉDITO

L e Président de la République, François Hollande, vient de lancer la prépara-tion d’un nouveau livre blanc de la Défense, le quatrième de notre histoire.La commission, dont le Président vient d’annoncer la mise en place, com-

portera une quarantaine de personnes et devra ménager «une large consultation avec l’ensemble des acteurs de la politique de Défense et de Sécurité nationale».

Parallèlement, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a reconnu devant la commission de la Défense qu’il manquait déjà plus de 4 milliards d’euros par rapport à la trajectoire de la loi de programmation militaire actuelle.

Va-t-on organiser un exercice dont l’objectif sera de justifier des réductions budgé-taires et faire de l’exercice un trompe l’œil en renouant avec la pratique de faire du budget de la Défense la variable d’ajustement budgétaire ? Ou va-t-on en profiter pour faire une véritable réflexion stratégique en profondeur ?

Bien sûr, nous savons que les choix straté-giques ne sont pas indépendants de nos ca-pacités financières. Mais nous rappelons que derrière les choix, il y a, non seulement, une balance commerciale positive, mais aussi de nombreux emplois qualifiés, un savoir-faire et des compétences que nous avons mis plus de 60 ans à construire. Nos entreprises, avec leurs salariés, ont besoin de visibilité sur le long et moyen terme.

Nous nous assurerons, comme l’écrit le chef de l’État dans la lettre de mission adressée au Président de la commission, que celle-ci «portera une attention parti-culière aux enjeux de notre politique industrielle et de recherche, afin d’assurer le maintien des compétences scientifiques, technologiques indispensables à l’auto-nomie stratégique et à notre souveraineté, dans le cadre national, mais aussi, autant que possible, européen».

La CFE-CGC AED, première organisation syndicale du secteur AED français, est disponible. Nous solliciterons le Président de la commission du livre blanc, Jean-Marie Guehenno, pour lui exposer nos positions et analyses. <

Bernard Valette - Président CFE-CGC AED

“Nos entreprises, avec leurs salariés,

ont besoin de visibilité sur le long

et moyen terme.”

Juillet/août 2012 • N° 335

Actualités 30 mai 2012 :

43e assemblée générale Airbus Nantes 2-3Retraite : campagne d’information 2012 2Nouvelles section et désignations 3Agenda 3

Vie des entreprises Égalité professionnelle : à l’AED, quoi de neuf ? 3Safran : participation Groupe inacceptable ! 4Ariane 5ME : l’investissement sur l’avenir 5Airbus est Mobile ! 5

Le Dossier Le transfert de technologie, une passerelle vers de fabuleuses innovations 6-7

C’est dans l’air L’étoffe des héros 8

Sommaire

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L’information des actifs est permanente. Les assurés seront avertis par courrier selon leur mois de naissance. • Les assurés nés en 1962, 1967, 1972 et 1977 recevront un relevé

individuel de situation (RIS) dans lequel chacun trouvera : le nombre de trimestres cotisés au régime général et le nombre de points acquis dans les différents régimes complémentaires, dont les deux plus importants (ARRCO et AGIRC).

• Tandis que les assurés nés en 1949, 1952 et 1957 recevront une estimation indicative globale (EIG), avec le calcul de leur fu-

ture pension de retraite à différents âges de départ (pour tenir compte de la loi du 9 novembre 2010, qui «modifie» d’une part, l’âge de départ légal, pour le porter progressivement de 60 à 62 ans, en fonction de la date de naissance et, d’autre part, le nombre de trimestres cotisés). Un décalage peut appa-raître pour certains, dans l’attente de la nouvelle loi 2012.

Il est très important de bien vérifier ces documents et de porter à la connaissance des organismes les modifications à apporter le plus tôt possible. <

Christian Viguier

Expert retraite CFE-CGC AED

RETRAITE

Campagne d’information des actifs 2012L’information des actifs est permanente. Les assu-rés seront avertis par courrier selon leur mois de naissance.

Notre journée a débuté par une conférence de presse au siège de l’union régionale. Nous avons

évoqué la situation industrielle, écono-mique et sociale d’Airbus, notamment, celle de l’établissement de Nantes. Georges Lemarié, président de la section nantaise, dénonce le trop faible niveau d’embauche de personnel de structure : « il y a de plus en plus d’intérimaires et de prestataires sur le site, mais le nombre d’Airbusiens, lui, n’augmente quasiment pas. Cela entraîne plus de stress et de souffrance au travail ». Fran-çoise Vallin précise : « les embauches, ça se prévoit. Mais là, ce n’est pas le cas. Airbus agit dans l’urgence ».

Au cours de l’assemblée générale, après le rapport moral présenté par Georges Lemarié, Frédéric Blin et Vincent Ker-viche communiquent le rapport financier et l’état des adhésions : nous sommes 360 adhérents actifs, auxquels s’ajoutent nos fidèles retraités. Un grand bravo à tous les militants !

30 MAI 2012

43e assemblée générale de la CFE-CGC Airbus NantesHabituel temps fort de la vie de la section, l’assemblée géné-rale était, aussi, cette année, l’occasion de fêter et remercier Georges Lemarié !

Actualités

Les rapports moral et financier ainsi que la composition du bureau sont unanime-ment approuvés par l’assemblée.

Nouvelle composition du Bureau pour 2012 :Président Xavier DahéronVice-président Daniel MoreauSecrétaire Florence CochennecSecrétaire adjoint Laetitia MassonTrésorier Frédéric BlinTrésorier adjoint Vincent Kerviche

Benoit Jolivel, délégué du personnel, pré-sente le bilan des actions menées par l’équipe de nos 8 délégués du personnel. Merci à eux pour l’excellent travail qu’ils réalisent. Yves Bouchaud, représentant syndical au CHSCT, souligne les actions menées par la CFE-CGC pour améliorer

les conditions de travail des techniciens et cadres. Eric Duchatel, trésorier du CE, et Daniel Moreau, représentant syndical au CE, présentent les commissions du comité d’établissement et les membres CFE-CGC de ces commissions. Cyril Le Drezen, co-animateur du groupe « jeunes » expose le rôle, les objectifs et le mode de fonction-nement du groupe, ainsi que les différents thèmes travaillés en 2011/2012. Florence Cochennec, co-animatrice du groupe Équi-libre, partage avec l’assemblée les sujets comme l’équilibre entre vie profession-nelle et vie privée ou l’égalité profession-nelle homme/femme.Pour clore la 1ère partie de l’AG, Bernard Va-lette remet à Georges Lemarié la médaille de notre syndicat AED pour son engage-ment social au sein de la CFE-CGC. Georges est tout particulièrement honoré pour ses

Bernard Valette remet à Georges Lemarié la médaille de notre syndicat AED pour son engagement social au sein de la CFE-CGC.

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EN BREFNOUVELLES DÉSIGNATIONSÀ la suite de la fusion de SPS et SME, au 1er mai, création de la section CFE-CGC d’HERAKLES.

3 DSC suppléants chez Herakles : Philippe Gery, Thierry Grocassan, Laurent Cesaro.

RETRAITE

Campagne d’information des actifs 2012

30 MAI 2012

43e assemblée générale de la CFE-CGC Airbus Nantes

vie des entreprises

ÉGALITÉ PROFESSIONNELLE

À l’AED, quoi de neuf ?

La CFE-CGC AED a toujours été en pointe au niveau de l’égalité profes-sionnelle. Depuis quelques années,

nous avons constaté des avancées signi-ficatives grâce au travail des négociateurs égalité et mixité professionnelles dans nos entreprises, que ce soit celles des grands groupes comme dans les petites. Les écarts salariaux se sont considérablement réduits, chez EADS par exemple, mais aussi chez Safran, Dassault, etc.

Un travail de fourmi et d’informationLe nombre de femmes dans tous les métiers de l’aéronautique a augmenté encore une fois grâce à nos accords égalité et mixité avec une politique volontariste de recru-tement que nous avons réussi à impulser. Deux difficultés principales s’imposaient à la CFE-CGC AED dans cette lutte pour l’éga-lité. La première : la méconnaissance de nos métiers Aéronautique Espace et Défense pourtant très intéressants, où il est possible de faire de belles carrières. La seconde : le faible vivier en amont dans toutes les écoles et les grandes écoles à connotation tech-nique. Les enseignants, les parents, l’État, les jeunes filles elles-mêmes ont toujours des clichés qui perdurent : changer les men-talités n’est pas toujours facile… Cependant, grâce à nos participations à des forums, nos interventions dans les grandes écoles et avec les rectorats, nos partenariats avec des associations, telles que Companieros, par exemple, permettent de passer les bons messages et, éventuellement, de susciter des vocations.

Un travail de détection des potentielsConcernant la promotion des femmes : des résultats ont été aussi constatés, mais c’est dans ce domaine qu’il reste le plus de tra-vail à faire. Le plafond de verre commence à se fissurer au niveau des positions cadres, mais résiste dans les positions 3B et 3Bex (ou appelations spécifiques selon les entre-prises). En ce qui concerne le nombre de femmes dans les instances dirigeantes, on constate non pas un plafond de verre, mais une chape de plomb ! Si nous voulons obte-nir des résultats, il nous faut continuer à négocier une politique de détection, forma-tion et suivi des hauts potentiels femmes/hommes jeunes et seniors annuellement.

Un travail de négociationEnfin, le thème de la conciliation des temps de vie a été largement traité par nos négo-ciateurs. Nous avons obtenu le paiement à 100 % du congé paternité dans nombre d’entreprises. Des horaires variables ont été instaurés, des congés divers ont été obte-nus afin de faciliter la vie des salariés(ées) (congés rentrée scolaire, congés pour en-fants malades, etc.). Des réseaux Équilibre ou référents dans nos entreprises (Eurocop-ter, Airbus, Dassault, etc.) échangent tout au long de l’année sur tout ce qui se fait en ma-tière d’égalité professionnelle. Ils informent les DS, DSC, militants, ce qui permet à la CFE-CGC AED d’être le syndicat « en pointe » sur ce sujet comme sur tant d’autres ! <

Marie-Line Brugidou

Expert AED Réseau Équilibre

17 années comme président de la section nantaise. Avec ses qualités humaines, en particulier son opti-misme, son dynamisme et sa rigueur, sans oublier ses talents d’animateur, Georges a présidé la section, faisant croître de manière remarquable le nombre de ses adhérents. Ainsi, la CFE-CGC est aujourd’hui encore plus reconnue au sein d’Airbus Nantes !Enfin, les interventions de nos invi-tés, se succèdent au rythme des questions, reflet des préoccupations des adhérents. Partageant un moment de convi-vialité, nous souhaitons à Georges une très bonne retraite ! <

Xavier Dahéron

Président de la section AIRBUS Nantes

“les embauches, ça se prévoit. Mais là, ce

n’est pas le cas. Airbus agit dans l’urgence”

AGENDACalendrier des assemblées générales des sections18 septembre Eurocopter La Courneuve20 septembre Aerolia Méaulte2 octobre MBDA Bourges15 novembre Latécoère Toulouse22 novembre Airbus SAS Blagnac

L’égalité professionnelle demeure un sujet «tabou» dans le monde du travail. La place des femmes dans l’industrie s’améliore peu à peu dans les grands groupes, mais la chape de plomb demeure quant à l’accès des femmes aux instances dirigeantes.

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SAFRAN

Participation Groupe inacceptable !

D epuis 2 ans, la CFE-CGC deman-dait la renégociation de l’accord de participation Groupe. Nous

avions tous constaté la divergence entre ce qui était distribué et les résultats globaux : 4,2 % du salaire annuel au titre de 2007, 3,28 % pour 2008, 2,52 % pour 2009, 2,43 % pour 2010 et 2,47 % versés en avril 2012 au titre de 2011, alors que le résultat opérationnel du Groupe a augmenté for-tement (+70 %) sur cette même période.

L’enjeu de la négociation était donc de définir une formule reflétant réellement l’évolution des résultats !La CFE-CGC a revendiqué une formule proportionnelle aux résultats du Groupe permettant de retrouver un montant corres-pondant au niveau de la participation 2007.Une participation de 4 à 5 % des salaires, pour un groupe réalisant plus de 10 % de marge opérationnelle, est tout à fait dans la norme et contribuerait, au-delà des dis-cours de façade, à réellement associer les salariés aux résultats de leurs efforts et à les motiver.La Direction a refusé de négocier une augmentation de l’enveloppe. Selon les hypothèses, la participation 2012 pourrait représenter 3,5 % des salaires, soit moins que les 4,2 % de 2007, alors que le résul-tat prévisionnel 2012 est plus du double de celui de 2007 !

Avec en plus une PPP à la baisse (prime de partage des profits) !Le déséquilibre dans la distribution des résultats au profit des actionnaires (divi-dendes) par rapport aux salariés est deve-nu tellement criant que le gouvernement Fillon avait institué une prime de partage des profits (appelée PPP) en juillet 2011.

Le montant versé en 2011 a été de 21 M€ (500 € bruts par salarié). Les dividendes ayant augmenté de 30 %, la PPP de cette année aurait due être au moins égale. Mais la Direction a décrété que le montant affecté à cette prime serait seulement de 8 M€ (division par 2,5 pour 220 € bruts par salarié) et sera encore diminuée autour de 4 M€ pour 2013 (100 € bruts par salarié) !

Le compte n’y est donc vraiment pas !Ces mesures très décevantes se cumulent à une politique salariale minimaliste et à des négociations très difficiles sur l’intéres-sement dans plusieurs sociétés du Groupe.La CFE-CGC comprend d’autant moins l’atti-tude de la Direction alors que participation et intéressement sont calculés exercice par exercice et que si les résultats devaient un jour diminuer, les versements associés diminueraient également, ce que tout le monde peut comprendre !

Plutôt que d’augmenter l’enveloppe, la DG SAFRAN préfère niveler par le bas pour obtenir la signature d’un accord !La Direction a préféré revoir la réparti-tion de l’enveloppe plutôt que d’en aug-menter son montant en cohérence avec l’augmentation des résultats. La distribu-tion restera proportionnelle au salaire, avec un salaire plancher annuel, mais celui-ci augmente de 20 % (il passe de 35 700 € à 42 400 € bruts environ). Il touchera donc 40 % de la population au lieu de 25 %. C’est a priori séduisant et, présenté comme une mesure d’équité, cela donne l’impression d’un sentiment de solidarité entre les sala-riés… Mais ne vous y trompez pas, l’ob-jectif de la Direction est tout autre : c’est uniquement une tactique pour ne pas dis-

tribuer la part des résultats qui revient aux salariés, tout en donnant l’illusion d’une politique sociale solidaire convenue avec certaines organisations syndicales.C’est une illusion car, avec les sommes af-fectées à la prime de partage des profits qui sont en baisse : 100 % des salariés verront leur versement global de participation et de PPP baisser en 2012 !Satisfaire la demande de la CFE-CGC, en augmentant le montant de l’enveloppe de participation, aurait permis que tous les salariés soient gagnants. Cela était possible et réaliste. D’autres organisations syndicales ont préféré céder aux sirènes du dogme de l’égalitarisme au détriment du véritable intérêt des salariés !

La CFE-CGC ne signera pas ce mauvais accord !Alors que la situation économique et finan-cière du Groupe permet d’augmenter l’en-veloppe globale, la CFE-CGC dit qu’il ne faut pas confondre solidarité et égalitarisme. Elle ne cautionne pas le principe du « prendre à Pierre pour donner à Paul ».L’intérêt de l’ensemble des salariés était de ne pas signer ce mauvais avenant et de garder applicable l’accord initial de 2005, et finalement « négocier » en début d’année si nécessaire un complément de versement que permet la législation (ce qui a déjà été mis en œuvre en 2009 et 2010).

Défendre vos intérêts !Nous continuerons à porter haut la voix des salariés et notre vision de la solidarité et de l’équité comme un moyen de régulation in-dispensable pour éviter les dérives et abus liés à la financiarisation croissante de notre Groupe et le préserver de la perversité d’un égalitarisme stérile. <

Les coordinateurs CFE-CGC Safran

vie des entreprises

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ARIANE 5 ME

L’investissement sur l’avenir

En novembre 2012 se tiendra la conférence de l’Agence spatiale européenne. Au cours de cette

conférence, doit être décidée la poursuite du programme ARIANE 5 ME (Mid-life Evolution) indispensable pour l’avenir de notre autonomie d’accès à l’espace, mais aussi pour l’avenir de milliers d’emplois hautement qualifiés. Ce programme présente un double enjeu : le maintien de compétences chez les in-dustriels (Snecma et Astrium) et un retour sur investissement pour l’ensemble de l’économie. Pour la CFE-CGC AED, ce pro-gramme fait partie des projets d’avenir qui, par effet de levier, conduira à des écono-mies réalisées sur le moyen terme bien su-périeures à l’investissement initial. ARIANE 5 ME, décidé lors de la conférence minis-térielle de 2008, a déjà fait l’objet d’inves-tissements importants de la part des États et de l’Industrie (350 M€). Après 3 années d’étude, la revue de définition préliminaire s’est déroulée avec succès et a été validée

par l’ESA, en décembre dernier.Les industriels poussent pour Ariane 5 ME, avec ses moteurs à propulsion liquide Vul-cain 2 et Vinci conçus et développés par la Division Spatiale de Snecma, sur le site de Vernon (27). Pour Snecma Vernon, les enjeux sont très importants. L’arrêt du programme Vulcain 2, le moteur principal d’Ariane 5, entraînerait un risque fort de perte de compétences. Un nouveau coup porté à l’industrie dans notre pays. La CFE-CGC AED est extrêmement préoccupée par le fait que le site de Vernon, un des rares établissements de Safran dont les effec-tifs (au-dessus de 1 000 actuellement) ne progressent plus, devrait opérer une recon-version industrielle, si la future fusée euro-péenne n’était plus équipée qu’avec un seul étage comportant un moteur à ergol liquide. La CFE-CGC Safran est certaine que, si ce sont bien les intérêts à long terme qui sont pris en compte, avec la conviction

AIRBUS

Airbus est Mobile !

que l’innovation et la R&D sont les seules garanties du maintien du rang de l’Europe dans la compétition au XXIème siècle, nul doute que les décisions les plus favorables seront prises lors de la conférence.Pour la CFE-CGC ASTRIUM, le programme ARIANE 5 ME est l’exemple même de l’in-vestissement gagnant, permettant tout à la fois de préparer l’avenir, de maintenir nos compétences hautement qualifiées, nos emplois, notre indépendance, et, au final, de réaliser des économies impor-tantes sur le moyen terme.Chaque euro investi dans l’espace rapporte 20 € pour le reste de l’économie. <

Thierry PréfolDSC CFE-CGC EADS Astrium

Frédéric SchwartzMembre du comité

européen Safran

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LA CFE-CGC INTERPELLE LA DIRECTIONLa CFE-CGC a interpellé la Direction, dans un courrier qu’elle lui a adressé, en demandant des précisions sur les conséquences pour les sites en France, en termes de charges et d’emplois.

« Répartition de la production en FAL Actuellement, les chaînes d’assemblage sont dimensionnées pour produire 42, voire 44 avions par mois, hypothèse en cours sur le programme A320.

La chaîne annoncée à Mobile permettra de fabriquer, en plus, 4 avions par mois.

Pouvez-vous nous confirmer que, si le marché mondial est conforme aux prévisions, les charges de la FAL en France resteront à 14 avions par mois ?

Conséquence sur les charges et investissements en France Vous annoncez que chaque emploi créé en Alabama conduira à la création de 4 emplois en Europe, sur les sites AIRBUS, AEROLIA et PREMIUM.

Vous prévoyez près de 1 000 embauches à Mobile. La CFE-CGC souhaite des engagements plus précis sur les conséquences en termes d’embauches pour les sites français d’AIRBUS et d’AEROLIA. »

L e 2 juillet 2012, la direction d’Airbus officialisait la création d’une chaîne d’assemblage pour la famille A320 aux USA, à Mobile, en Alabama.

La Direction d’Airbus a justifié cette implantation afin d’augmenter ses parts de marché, qui représentent au-jourd’hui moins de 20 % aux États-Unis, alors que son marché mondial représente plus de 50 %. Sur le seul scénario de la Direction (ligne d’assem-blage), la CFE-CGC considère que toute prise de part de marché supplémentaire se traduira par des emplois en Europe. Les tronçons, les pointes avant, les moteurs, les ailes créeront de nouveaux emplois. Si la CFE-CGC dénonce toute forme de délocalisation financière (zone bas coût ou dollar), elle étudie, pour autant, favorablement les implantations qui corres-pondent à une croissance d’activité pour les sites fran-çais d’Airbus.

Françoise Vallin

DSC Airbus

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Dossier

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LE TRANSFERT DE TECHNOLOGIE

une passerelle vers de fabuleuses innovationsDepuis 2005, la France s’est lancée dans l’aventure de la compétitivité industrielle, en créant trois leviers de recherche et d’innovation sur les Pays de la Loire, et elle a misé sur le transfert de technologie. D’abord avec la création du pôle EMC2 puis, de cette volonté de créer de la synergie sur tous les secteurs d’activité à l’aide d’un modèle coopératif, du Technocampus et, aujourd’hui, de l’IRT (Institut de recherche technologique) Jules Vernes. Zoom sur une nouvelle façon d’aborder la recherche, épopée racontée par Nicolas Orance, directeur du pôle EMC2, de l’association des membres fondateurs de l’IRT Jules Vernes, et directeur du développement du Groupe DAHER, à l’occasion du 47e congrès de la CFE-CGC AED.

N icolas Orance vient à la rencontre des militants de la CFE-CGC AED, pour expli-quer et décrypter les termes barbares qui

constituent le vocabulaire d’un secteur essentiel pour l’avenir de l’aéronautique : la recherche et le développement, mais surtout, les passerelles entre invention et innovation, recherches publiques et privées, et recherches académiques et indus-trielles. En somme, le transfert de technologie de l’aéronautique vers d’autres secteurs.Tout a commencé en 2005, lorsque l’État a exprimé sa volonté de créer des pôles de compétitivité et, surtout, de créer une synergie entre différents secteurs d’acti-vité : le naval, le transport terrestre, l’aéronautique… Comme le dit Nicolas Orance, « Il paraît essentiel que lorsque l’on fait bien quelque chose dans un environ-

nement, il faut être capable de le dupliquer ». Là est la clé de l’innovation et de la compétitivité industrielle aujourd’hui, la coopération entre les secteurs. C’est la naissance du pôle EMC2 avec, tout de suite, cinq entités qui se sont proposées candidates pour un pôle de compétitivité. Airbus, les Chantiers de l’Atlantique, le DCNS, le groupe Beneteau partie nautisme, et ACI (Auto Châssis International) pour la partie transport terrestre. Les premiers embryons étaient donc déjà multisectoriels.

Une unité de lieu pour des projets collaboratifsPeu de temps après avoir lancé le pôle de compétiti-vité, une idée a germé dans l’esprit de ses fondateurs : la création d’une seule et même unité de lieu. En effet,

Nicolas Orance, directeur du pôle EMC2, de l’association des membres fondateurs de l’IRT Jules Vernes, et directeur du développement du Groupe DAHER, à l’occasion du 47e congrès de la CFE-CGC AED.

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comment décupler les résultats de ces projets colla-boratifs ? Pour développer cette richesse, l’idée fut de rassembler ces cerveaux en ébullition dans un seul endroit. C’est la création du Technocampus EMC2. Il s’agit d’un véritable modèle coopératif avec, sur un même campus, des chercheurs, des centres de forma-tion, des écoles, un centre de recherche. Également des PME, des start-up et quelques ETI (entreprise de taille intermédiaire) intégrées dans ce Technocampus, qui permet véritablement d’accélérer ce transfert de technologie. Mis en place en 2009, à l’issue d’un partenariat pu-blic/privé dont l’investissement s’élève à 70 millions d’euros, ce Technocampus avait pour but originel de développer les maîtrises de matériaux et les procédés de mise en œuvre autour des composites, particuliè-rement dans le secteur de l’aéronautique. Cependant, c’est un projet atypique qui a véritablement permis la dynamique pour aller au delà du secteur de l’aéro-nautique, et de permettre un vrai partage des connais-sances entre les différents secteurs. Aujourd’hui, plus de 21 entités travaillent au sein du Technocampus, dont Airbus et EADS qui sont vraiment les fers de lance sur l’accélération de l’innovation sur ces projets composites.

Un MIT à la française : l’IRT Jules Vernes En 2005, création du pôle EMC2, en 2009, le Techno-campus, en 2010, c’est le Grand Emprunt, les investis-sements d’avenir, la création d’instituts de recherche. C’est le développement de l’IRT Jules Vernes, calqué sur les modèles allemands et américains : un vrai MIT (Massachusetts Institute of Technology) à la fran-çaise. Un réel challenge pour lequel il a fallu énormé-

ment de courage et de volonté de la part des grands patrons des différents secteurs industriels qui ont répondu à cet appel d’offres.Il s’agit, avec cet IRT, d’accélérer ce qui a été fait sur le pôle EMC2 et le Technocampus, d’accélérer la trans-versalité avec les secteurs, d’accélérer l’implication de la formation. L’objectif ? L’apogée. Être le numéro 1 national sur les matériaux et procédés. Aujourd’hui, l’IRT Jules Vernes est l’IRT le plus industriel de France, avec une implication forte de 4 secteurs : le naval, l’énergie, le transport terrestre et l’aéronautique, et avec un financement significatif des industriels. Les défis technologiques, plutôt industriels, sont assez simples, mais assez ambitieux : 7 théma-tiques sur lesquelles l’IRT va se développer : l’allé-gement des structures, une conception plus rapide grâce à la dimension numérique, l’amélioration de la sécurité et la longévité des produits. Le dévelop-pement durable avec toute la problématique de recyclabilité des composites et être capable d’utiliser des composites avec des matrices recyclable. Mais le point essentiel est la maîtrise de l’assemblage des matériaux et multi-matériaux, de la mise en œuvre. « La France, un pays en retard, mais qui va vite rattraper ses concurrents », nous explique Nicolas Orance. En effet, globalement notre pays aurait 15 ans de retard. En l’occurrence, il existe 5 plateformes de ce type dans le monde, la particularité c’est que certaines plateformes sont plutôt dédiées sectorielles, ici c’est la transversalité qui rend l’IRT atypique et qui crée un avantage par rapport à ses concurrents. Certes, la Chine, les USA et l’Inde n’ont pas attendu pour créer des plateformes d’industrialisation et de réindustrialisation, mais, selon Nicolas Orance, « nous sommes plus rapides et nous allons vite rat-traper cet écart ».Par ailleurs, la feuille de route de l’IRT Jules Vernes est réellement orientée « marché » et cela constitue un vrai avantage. En effet, généralement, bon nombre de projets de R&D sont mis en œuvre car les scien-tifiques trouvent ça intéressant techniquement ou technologiquement parlant, mais, au final, ces pro-jets ne trouvent souvent pas preneurs sur le marché. Or, à l’IRT Jules Vernes, la feuille de route s’imbrique véritablement avec les besoins du marché et les com-pétences intrinsèques de l’Institut de recherche.

L’IRT, une nouvelle façon efficace de voir la recherche Le challenge est réussi : avoir tout synthétisé, se mettre d’accord et répondre aux attentes aussi bien des académies et des PME qui ont des besoins avec des vitesses rapides, que des grands groupes et des collectivités. Il est devenu l’IRT numéro 1 en France grâce à des intérêts communs et une véritable intelligence collective.

« La France, un pays en retard, mais qui

va vite rattraper ses concurrents »

L’IRT EN CHIFFRES 4 500 emplois 80 000 m2

400 000 € d’investissements 40 à 60 brevets par an 1 000 start-up créées 3 000 étudiants et chercheurs intégrés

Nicolas Orance (à droite) et Benjamin Petrover, journaliste sur Europe 1, qui animait le congrès.

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L’étoffe des héros

C’est dans l’air

Directeur de la publication : Bernard ValetteCoordinateur de la rédaction : Daniel VerdyOnt participé à la rédaction : C.Dumas, D.Verdy, C.Viguier, X.Dahéron, T.Préfol, F. Vallin, ML. Brugidou, F.SchwartzCrédits photos : AstriumBref Aéro est une publication bimestrielle de la CFE-CGC AEDBref Aéro est une publication bimestrielle de la CFE-CGC AED - 66 rue des Binelles - 92310 Sèvres [email protected] Rédaction, conception, réalisation : Agence L’œil et la plume - www.loeiletlaplume.com Impression : Imprimerie La Centrale de LensDépôt légal : juillet 2012ISNN : 0293-8251 - CPPAP : 0114S 08080

ls se sont appelés Christophe Colomb, Bougainville ou Montgolfier. Ou, plus près de nous, Blériot, Mermoz ou Saint-Exupéry. Ou encore Gagarine, Armstrong ou Yeager.

À leurs époques, dans leurs domaines, ils ont repoussé les limites du connu. Ils avaient (ou « ont », ils ne sont pas tous morts …) ce que les Américains appellent « the right stuff ».S’il leur a fallu du courage, il leur a aussi fallu des moyens. L’ana-chronisme consistant à ranger les Rois Catholiques dans les capita-listes peut faire rire. Il n’empêche que tous ces héros – et d’autres – ont eu, à un moment ou à un autre, besoin de soutiens financiers. « No buck, no Buck Rogers », disaient les précurseurs de la NASA.Qu’en reste-il en ces temps de crise ? On nous parle d’avion vert. Bonne idée. Sauf que pour faire des biocarburants, on sacrifie des terres agraires en Amérique du sud. On nous parle de coloniser la Lune. Sauf que personne n’avoue publiquement l’arrière-pensée d’aller y chercher le lithium et les isotopes d’hydrogènes qui seront le pétrole de demain.

Que reste-il de nos héros ? Que reste-il à conquérir ?La réponse est sur nos propres territoires. La crise actuelle, qui frappe essentiellement l’Europe, mais menace tout le monde industrialisé, est formidablement inégalitaire. Il y a deux humanités : celle qui a un job, et celle qui n’en a pas. Celle qui peut faire le dos rond en attendant des jours meilleurs, et celle qui crève la dalle. Deux cent trente personnes sont mortes dans les rues de France durant les cinq premiers mois de 2012.

Les héros de demain seront d’ordre humanitaire au sens large. Ce seront, certes, les

scientifiques qui résoudront la redoutable équation énergétique qui nous fait face : doubler le nombre de kWh disponibles à l’hectare sur Terre d’ici 2050. Mais ce seront aussi les femmes et les hommes qui sauront dire « non » aux consignes, ordres ou lois qui mettraient leurs prochains en situation sociale risquée. Les nou-veaux horizons, avant d’être à des années lumières, sont sous nos yeux.On nous a récemment expliqué que le changement, c’est maintenant. Quel paradoxe serait de soigner une crise capi-taliste avec des remèdes uniquement capitalistes. Mais soit, « donnons du temps au temps », disait un des prédécesseurs du Président de la République. En attendant, si la pression fiscale et économique monte sur les classes moyennes – puisqu’elles font partie de l’Humanité qui a un job, en gros – la pression sociale monte aussi sur leurs épaules. De part le monde, combien de temps encore, les tech-niciens, agents de maîtrise, ingénieurs et cadres endureront-ils leur part de souffrance et de stress ? Combien de temps, et au profit de qui ?

Si encore le capitalisme d’aujourd’hui avait des héros à nous proposer…

Christophe Dumas

Délégué administratif CFE-CGC AED

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