Bref Aéro Janvier/ février 2015

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POUR VOUS AVEC VOUS PARTOUT Sommaire Actualités Élections de représentativité 2 2016 ! Année de notre 48 ème congrès AED 2 Alerte sur les retraites complémentaires du privé 3 Protection sociale : nouveautés 2015 4 Attention !!! Perte d’autonomie 4 Vie des entreprises Lanceurs : la France en orbite 5 Dossier F5X et F8X, un duo de choc 6 C’est dans l’air Vive la République 8 ÉDITO Ceci n’est pas une maladie honteuse Les mois s’enchaînent et, à chaque épreuve que nous franchissons, que ce soit individuellement ou collectivement, succèdent de nouveaux challenges. La course est infinie, rythmée dans notre industrie par des perspectives comme la création d’Airbus Safran Lanceurs, la vente de Cassidian par appartements, les menaces sur l’A380, les attentes persistantes d’un contrat Rafale à l’export, et des difficultés d’autant plus graves que l’entreprise qui les rencontre est plus petite. Or, le fait de tenir à la main un exemplaire de Bref Aéro n’est pas un fait anodin, quoiqu’on puisse en penser et même si pour nous c’est quelque chose de fréquent. Même en 2015, dans de nombreux pays, la liberté syndicale n’existe pas. Et la doulou- reuse actualité de janvier est aussi là pour nous rappeler cette évidence. En France, il a fallu 150 années de luttes et de négociations sociales et citoyennes pour que vous puissiez lire ce modeste opuscule. La CFE-CGC tient sa place dans cette histoire. Le Syndicat des Cadres de l’Aéronautique (SICA), ancêtre du SNCTAA et de la CFE-CGC AED, a été fondé en 1936. La confédération a été fondée en 1944. La CFE-CGC défend, depuis 70 ans, les intérêts spécifiques de tous les membres de l’encadrement : agents administratifs, agents de maîtrise, techniciens, ingénieurs et cadres. En ce XXI° siècle déjà un peu avancé, les intérêts de l’encadrement tournent plus que jamais autour de deux points : son statut social : par dogme, certains corps constitués considèrent l’encadrement comme un nid de « riches » auxquels il faut reprendre de l’argent pour le donner aux « pauvres » ; son positionnement de plus en plus difficile dans la ligne managériale. En clair, on demande aujourd’hui à l’encadrement d’en faire toujours plus, dans un environnement de plus en plus compliqué et inamical, pour un revenu dont une part sans cesse croissante est prélevée. La CFE-CGC est quotidiennement à vos côtés pour porter vos préoccupations dans ces domaines. L’encadrement hésite souvent à se livrer lorsqu’il rencontre des difficultés, personnelles ou structurelles, du fait de son positionnement particulier. La CFE-CGC est là pour faire entendre votre voix, pour vous défendre. Vous pouvez compter sur nous ! Pour autant, la voix de l’encadrement – et donc la vôtre – sera d’autant plus entendue que nous serons nombreux à rejoindre la CFE-CGC. L’AED maintient donc plus que jamais ses objectifs de développement, et souhaite que chacune et chacun se sente porteur de cet objectif : adhérents, militants, nous sommes tous les premiers vec- teurs publicitaires de notre syndicat. Nous avons tous, autour de nous, des collègues qu’il peut être opportun d’attirer à nos côtés. À nous tous de leur vendre nos convictions, nos succès, parfois aussi nos doutes et nos échecs, en toute transparence et en toute honnêteté. Parce que nous croyons tous que le syndicalisme est aussi un symbole de liberté. Et que ce n’est pas une maladie honteuse. Christophe Dumas - Délégué administratif BREF BREF AÉRO AÉRO Janvier/février 2015 • N° 350

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Le magazine bimestriel de la CFE-CGC Aéronautique, Espace, Défense

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POUR VOUSAVEC VOUS PARTOUT

Sommaire

Actualités Élections de représentativité 2

2016 ! Année de notre 48ème congrès AED 2

Alerte sur les retraites complémentaires du privé 3

Protection sociale : nouveautés 2015 4

Attention !!! Perte d’autonomie 4

Vie des entreprisesLanceurs : la France en orbite 5

DossierF5X et F8X, un duo de choc 6

C’est dans l’airVive la République 8

ÉDITOCeci n’est pas une maladie honteuseLes mois s’enchaînent et, à chaque épreuve que nous franchissons, que ce soit individuellement ou collectivement, succèdent de nouveaux challenges. La course est infi nie, rythmée dans notre industrie par des perspectives comme la création d’Airbus Safran Lanceurs, la vente de Cassidian par appartements, les menaces sur l’A380, les attentes persistantes d’un contrat Rafale à l’export, et des diffi cultés d’autant plus graves que l’entreprise qui les rencontre est plus petite.Or, le fait de tenir à la main un exemplaire de Bref Aéro n’est pas un fait anodin, quoiqu’on puisse en penser et même si pour nous c’est quelque chose de fréquent. Même en 2015, dans de nombreux pays, la liberté syndicale n’existe pas. Et la doulou-reuse actualité de janvier est aussi là pour nous rappeler cette évidence. En France, il a fallu 150 années de luttes et de négociations sociales et citoyennes pour que vous puissiez lire ce modeste opuscule. La CFE-CGC tient sa place dans cette histoire. Le Syndicat des Cadres de l’Aéronautique (SICA), ancêtre du SNCTAA et de la CFE-CGC AED, a été fondé en 1936. La confédération a été fondée en 1944. La CFE-CGC défend, depuis 70 ans, les intérêts spécifi ques de tous les membres de l’encadrement : agents administratifs, agents de maîtrise, techniciens, ingénieurs et cadres.

En ce XXI° siècle déjà un peu avancé, les intérêts de l’encadrement tournent plus que jamais autour de deux points :• son statut social : par dogme, certains corps constitués considèrent l’encadrement

comme un nid de « riches » auxquels il faut reprendre de l’argent pour le donner aux « pauvres » ;

• son positionnement de plus en plus diffi cile dans la ligne managériale.

En clair, on demande aujourd’hui à l’encadrement d’en faire toujours plus, dans un environnement de plus en plus compliqué et inamical, pour un revenu dont une part sans cesse croissante est prélevée.La CFE-CGC est quotidiennement à vos côtés pour porter vos préoccupations dans ces domaines. L’encadrement hésite souvent à se livrer lorsqu’il rencontre des diffi cultés, personnelles ou structurelles, du fait de son positionnement particulier. La CFE-CGC est là pour faire entendre votre voix, pour vous défendre. Vous pouvez compter sur nous !Pour autant, la voix de l’encadrement – et donc la vôtre – sera d’autant plus entendue que nous serons nombreux à rejoindre la CFE-CGC. L’AED maintient donc plus que jamais ses objectifs de développement, et souhaite que chacune et chacun se sente porteur de cet objectif : adhérents, militants, nous sommes tous les premiers vec-teurs publicitaires de notre syndicat. Nous avons tous, autour de nous, des collègues qu’il peut être opportun d’attirer à nos côtés. À nous tous de leur vendre nos convictions, nos succès, parfois aussi nos doutes et nos échecs, en toute transparence et en toute honnêteté. Parce que nous croyons tous que le syndicalisme est aussi un symbole de liberté. Et que ce n’est pas une maladie honteuse.

Christophe Dumas - Délégué administratif

BREFBREFAÉROAÉRO

Janvier/février 2015 • N° 350

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Actualités

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2016… ! Année de notre 48ème congrès AED

Après celui de Giens, un « collector renversant », resté dans toutes les mémoires, celui de Talmont-Saint-Hilaire où nous avons « gardé le cap », c’est à Chaumont sur Tharonne, en Sologne, que nous vous donnons rendez-vous les 26 et 27 mai 2016 (arrivée le 25 en fi n d’après-midi).Ce sont environ 300 mandatés, auditeurs, exposants et invités qui se retrouveront dans un cadre superbe, proposé par nos amis de la région Centre, celui de Center Parcs « Domaine des Hauts de Bruyères » du groupe Pierre et Vacances, 747 cottages avec séjour et terrasse…Partie statutaire inévitable, et parfois formelle dans le contexte de la loi sur la « représentativité » et la « transparence fi nancière », le bureau et l’équipe locale travaillent déjà à faire de ce séjour un mo-ment de convivialité (vue sur forêt, aquamundo et spa, une multitude d’activités possibles, bowling, soirée de gala…).Nous attirons votre attention sur les moyens d’accès à 40 km d’Or-léans et 1H30 de Paris par la route.Merci aux participants potentiels (DSC, DS, responsables de section, RS CCE & CE, élus CE, DUP et DP, trésoriers, jeunes et retraités) d’anticiper la planifi cation et l’organisation, et la prise en charge de cet événement majeur dans la vie de notre syndicat AED.

Marc Legrand, Patrick Marceau & Christian Sibuet.

BRÈVE : élections de représentativité AED…Suite aux articles précédents, nous vous proposons de vous informer sur nos résultats pour novembre, décembre 2014 et début janvier 2015

TECHNOFAN « BLAGNAC » : une représentativité de 53,62 % et un poids de 45,68 %, malgré une absence de candidat au 2ème collège !

DASSAULT AVIATION « POITIERS » :une représentativité de 44,66 % et un poids de 37,10 %.

THALES AVIONICS « TOULOUSE » : une représentativité de 36,56 % et un poids de 36,40 %, avec progression de 6 points.

AIRBUS OPERATIONS « TOULOUSE » : une représentativité de 29,45 % et un poids de 21,75 %, en progression de 2 points !

ONERA « LILLE » une représentativité de 84,38 % et un poids de 70,13 %.

ONERA « IDF » : une représentativité de 43,61 % et un poids de 36,94 %, avec une absence de candidat au 2ème collège !

DASSAULT AVIATION « BIARRITZ » : une représentativité de 17,48 % et un poids de 14,71 %, résultats à optimiser, notamment au 2ème collège.

DASSAULT AVIATION « SAINT CLOUD » : une représentativité de 35,74 % et un poids de 35,18 %, résultat stable…

ONERA « TOULOUSE » : une représentativité de 25,46 % un poids de 22,00 %, avec une absence de candidat au 2ème collège !

ONERA « FAUGA MAUZAC » :une représentativité de 21,88 % et un poids de 17,50 %, avec une absence de candidat au 2ème collège !

AIRBUS OPERATIONS « SAINT NAZAIRE » : une représentativité de 40,57 % et un poids de 18,81 %, en progression remarquable de 12 points !

AHTS : une représentativité et un poids de 50 % !

L’AED poursuit, toujours et encore, ses efforts de développement qui se traduisent par une optimisation continue de notre représentativité, avec, toujours et encore, une belle marge de progression au 2ème collège...À suivre…

Marc Legrand, Secrétaire général AED

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Actualités

Face aux déficits cumulés et au manque de recettes, certains voudraient nous faire croire que la solution serait de réduire les retraites progressivement de 11 % à 14 % sur plusieurs années !

Parler de baisse des retraites, c’est lamentable, honteux, déplacéBaisser les retraites briserait durablement cette confiance et anéantirait le principe du système français.

Diminuer les retraites, c’est réduire le pouvoir d’achat des retraités alors que les caisses de retraite ne deviendront déficitaires qu’après avoir utilisé toutes leurs réserves.

État des réserves au 31 décembre 2013 : AGIRC : 9 Milliards d’euros ARRCO : 55,4 Milliards d’euros

Charges annuelles pour 2013 : AGIRC : 21,743 Milliards d’eurosARRCO : 44,034 Milliards d’euros

La baisse du pouvoir d’achat des retraités est constante depuis plusieurs années : • la CSG prélevée depuis 1991 ; • la CRDS depuis 1996 ; • les charges sociales rajoutées depuis 2000 ; • la revalorisation de janvier à avril, puis à octobre ;• l’application de l’indice INSEE à la place

de l’indice d’augmentation des salaires (1993) :• le blocage du pouvoir d’achat : AGIRC en 1994 / 1995

/ 1998 / 2000 / 2011, puis 2013 et 2014 :• le blocage du pouvoir d’achat : ARRCO en 1994,

puis 2013 et 2014 ;• le versement mensuel des retraites depuis le 1er janvier 2014 ; • par les contributions à l’État sur les retraites sur-complémen-

taires ou retraites chapeau (2011) et par la perte d’intérêts, suite à la minoration des taux à 1 % au 1er août 2014 au niveau du Livret A ;

• la cotisation « Casa » en 2013 ; les augmentations des impôts ; les augmentations annuelles de la complémentaire santé suite au désengagement de l’État ; etc.

Il ne faut pas attendre 2018 pour se révolter, mais faire savoir, dès maintenant, aux politiques, sénateurs, députés, responsables territoriaux, syndicaux et gouvernementaux, que nous en avons assez et que nous ne nous laisserons pas faire.

Jean-Pierre Gibeaud et Claude Banès

Pôle Sénior AED

Alerte sur les retraites complémentairesdu privé AGIRC ET

ARRCO

Étude initiée par Marc Bader, Président Honoraire de l’UNIR CFE-CGC, et par le pôle sénior de l’AED

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Actualités

PROTECTION SOCIALE : nouveautés 2015

Attention !!! Perte d’Autonomie

En termes de protection sociale, nous avons un début d’année riche en nouveautés. Voici un petit aperçu des principales mesures.

• Plafond de la Sécurité sociale : le PSS passe, au 1er janvier 2015, à 3 170 €mensuels, soit un montant annuel de 38 040 €. Il sert pour le calcul de la retraite Sécurité sociale et le calcul des points ARRCO ;

• pour valider un trimestre de retraite, cette année, il suffi t de recevoir 1 441,50 € ;• hausse des cotisations de l’assurance vieillesse pour le salarié de 0,05 %

(passe à 6,85 %) sur la cotisation salariale plafonnée (jusqu’au PSS), et sur la cotisation « déplafonnée » (sur tout le salaire – passe à 0,30 %) ;

• hausse des cotisations salariales des complémentaires ARRCO et AGIRC de 0,05 %, qui fait aussi évoluer les taux d’acquisitions et donc le nombre de points annuel ;

• pour les pensionnés modestes, dont le montant de la retraite ne dépassait pas 1 200 € par mois en septembre 2014, une prime de 40 € devrait être distribuée en début d’année ;

• l’âge de la retraite progressive a évoluée : dorénavant, pour l’assuré qui exerce une activité à temps partiel, l’âge légal applicable, selon la génération, est diminuée de deux ans, sans pouvoir être inférieur à 60 ans (RAPPEL: les salariés en forfait jours n’ouvrent pas droit à la retraite progressive).

Création du compte prévention pénibilitéLa pénibilité au travail se défi nit comme l’exposition à un ou plusieurs facteurs de risques professionnels susceptibles de laisser des traces durables, identifi ables et irréversibles sur la santé.

En 2011, 10 facteurs de risques ont été défi nis et inscrits dans le code du Travail. La loi du 20 janvier 2014, garantissant l’avenir et la justice du système de retraites, prévoit la création d’un Compte prévention pénibilité dont la mise en œuvre est progressive. Quatre facteurs de risques sont pris en compte au 1er janvier 2015,les 6 autres seront intégrés en 2016.

Les quatre facteurs retenus pour 2015 sont

• les activités exercées en milieu hyperbare (hautes pressions) ;• le travail de nuit ;• le travail en équipes successives alternantes ;• le travail répétitif.

Plusieurs décrets relatifs à la pénibilité sont parus au JO du 10 octobre 2014. Dès le 1er janvier 2015, pour ces 4 facteurs de risque professionnel, si l’exposition se situe au- delà des seuils fi xés par le décret n° 2014-1159, l’employeur devra établir une fi che de prévention des expositions pour chaque salarié concerné, tandis que des points seront versés au compte personnel de prévention de la pénibilité du salarié, qui pourront, par exemple, permettre un départ anticipé à la retraite.

Information des «actifs»Les actifs nés en 1955 et 1960, recevront dans le deuxième semestre un EIG (Estimation Indicative Globale) et les actifs nés en 1965, 1970, 1975 et 1980, recevront dans le deuxième semestre un RIS (Relevé Individuelle de Situation).

Christian Viguier

Expert retraite CFE-CGC AED

Nous sommes 2,8 millions de Fran-çais à nous occuper personnelle-ment d’un proche dépendant. Plus de 8 Français sur 10, âgés de 45 à 75 ans, déclarent se sentir concer-nés par la dépendance, ou la perte d’autonomie.

La grande majorité prend des dispositions pour organiser le maintien à domicile de leur parent, avec des aides extérieures. C’est très souvent la conséquence d’une expérience vécue: 64 % d’entre eux ont connu une personne en perte d’autono-mie dans leur entourage familial au cours des 15 dernières années.

Aujourd’hui, 2,8 millions de personnes (13 % des 45 à 75 ans) s’occupent ainsi personnellement d’un parent dans cette situation, en privilégiant le main-tien à domicile. Le maintien à domicile est la solution qui a la préférence de tous, et 79 % des personnes qui ont eu à s’occuper d’un proche devenu dépen-dant ont pris des dispositions pour qu’il puisse rester chez lui. Mais 37 % ont dû fi nalement opter pour l’hébergement en Établissement spécialisé.La solidarité familiale est quasi-systématique, mais rarement suffi sante puisque 75 % des aidants font appel à des renforts extérieurs. Si ces per-sonnes évoquent bien sûr les diffi cultés fi nancières, 74 % d’entre eux soulignent aussi que les aspects psychologiques et affectifs sont diffi ciles à gérer.

Pour une large majorité (85 %), il est important d’être épaulé pour recruter des aides à domicile. Et 79% auraient appré-cié de l’aide pour l’organisation pratique.

À peine plus de la moitié des Français se sent bien informée sur les solutions pour faire face au risque de dépen-dance. Et «seulement» 4 sur 10 se sont renseignés personnellement sur les solutions disponibles pour l’affronter.Il est urgent de mettre en œuvre un devoir d’information !!!

Pôle Sénior CFE-CGC AED

Tranche 1 Tranche 2 Tranche B / C Taux d’acquisition

ARRCO 3,10 % 8,10 % - 6,20% / 16,20%

AGIRC - - 7,80 % 16.44

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Vie des entreprises

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Elle avance. Cahin-caha parfois, mais la restructuration de la fi lière Lanceurs en France avance.

C’est d’abord la conférence minis-térielle de décembre qui a lancé Ariane 6, dans ses deux versions : lancement simple et lancement double. C’était une étape majeure, mais rien n’est défi nitif pour autant : chacun a pris ses engagements (politiques, agences spatiales, industries), chacun doit à présent les tenir.Et en premier lieu, il faut à présentassurer le célèbre triptyque qualité – coûts – délais sur le programme Ariane 6.

Côté industrie, la joint-venture AIRBUS SAFRAN LAUNCHERS est créée. Du moins sur un plan juridique. Concrète-ment, les choses avancent au fur et à mesure que les obstacles apparaissent… et fi nissent par être franchis. Ce qui est rassurant, c’est que, pour l’instant, on les franchit. Tant et si bien que, malgré quelques ralentissements de temps à autre, l’objectif calendaire demeure am-bitieux avec pour cible une intégration complète d’Herakles, SNECMA Vernon et Airbus Defence & Space – lanceurs, pendant l’automne prochain.

Socialement, nous sommes sur un « faux plat ». Des élections professionnelles sont prévues pour créer un comité d’en-treprise pour la phase intermédiaire, durant laquelle « seulement » 450 per-sonnes sont aux effectifs d’ASL. Ce CE aura pour tâche essentielle – hors les prérogatives légales – d’assurer, via des conventions avec les sociétés mères, que les salariés bénéfi cient en 2015 des prestations de leur CE d’origine.C’est après l’intégration complète, donc sans doute à partir de début 2016, que l’on va rentrer dans le dur, avec la consti-tution du nouveau statut social. Or, pour les sections AED concernées, pas question d’attendre les bras croisés. Notre groupe de travail qui planchait, depuis fin 2013, sur le programme Ariane 6 « au sens industriel et social », poursuit ses travaux en effectuant son propre comparatif des différents sta-tuts sociaux impliqués, qu’il va s’agir de

rapprocher sans générer de frustration. Le groupe a été étendu à ARIANESPACE, dont le personnel pourrait à terme être concerné de près…La CFE-CGC Aéronautique Espace Défense est le seul syndicat qui, à l’horizon 2016, sera présent sur tous les sites français d’AIRBUS SAFRAN LAUNCHERS. Par son effort de coordina-tion et de partage, elle vise la défense des intérêts des salariés sur tout ce périmètre, en parallèle au soutien d’une restructura-tion sensée de la fi lière et du maintien de la place de la France dans le spatial.

Christophe DumasDélégué administratif

et coordinateur J-V pour l’AED

Lanceurs :la Franceen orbite

Lu dans la presse Sud-Ouest 14 janvier 2015

Position de la CFE-CGC de Stelia Aerospace

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Dossier

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F5X F8X, un duo de choc pour compléter la gamme des avions d’affaires Dassault Aviation

F5Xet

En l’espace de quelques mois, la direction de Dassault Aviation a dévoilé deux nouveaux avions d’af-faires. Après le Falcon 5X

en octobre 2013, c’est au tour du Falcon 8X de passer sous les feux de la rampe au salon de Genève en mai 2014.

Il faut souligner que rarement la société a présenté autant de nou-veautés en si peu de temps. Cette volonté très nette des actionnaires d’investir dans de nouveaux avions d’affaires est primordiale pour garder le leadership dans ce sec-teur. Et pour Dassault Aviation, qui les développe sur fonds propres (près de un milliard et demi d’eu-ros), c’est un véritable défi .

Falcon 5X : futur premier de la classe ?Annoncé depuis longtemps, il a pris son temps pour coller au plus près des besoins du marché et a évolué vers le très haut de gamme. C’est bien un nouvel avion long courrier et à large cabine, très haut de gamme et de der-nière génération qui est présenté à Las Vegas en fi n 2013. Il devient même le plus gros jet d’affaires de la gamme Falcon avec une des plus grandes (diamètre de 2,54m) et des plus hautes (près de deux mètres sous plafond) cabines du marché. Le Falcon 5X intègre les dernières avancées en termes de conception, commandes de vol et consommation de carburant. Ce tout nouveau biré-acteur est motorisé avec les moteurs de dernière génération Silvercrest produits par SNECMA. La phase d’in-dustrialisation du Falcon 5X a déjà démarré et son premier vol devrait inter-venir au premier trimestre 2015. Sa cer-tifi cation est attendue avant la fi n 2016 pour une mise en service début 2017.

Falcon 8X : plus grand, plus loin Après le 5X, ce n’est non pas le 6X, mais le Falcon 8X. Plus grand que le Falcon 7X et, quelques mois après la présen-tation du Falcon 5X, le Falcon 8X a été présenté au salon de l’EBACE de Genève, le 19 mai 2014. Capable de parcourir près de 12 000 km, il conserve les mêmes qualités que le Falcon 7X, ce qui lui permet de décoller et d’atterrir sur des pistes relativement courtes. Il pourra embarquer jusqu’à 19 pas-sagers. De plus, le Falcon 8X sera en mesure d’assurer des liaisons directes sans escale, telles que Pékin à New York, Hong Kong à Seattle ou Londres, Paris à Singapour et São Paulo à Moscou. La cérémonie de présentation offi cielle (roll-out) a eu lieu le 17 décembre 2014. Le Falcon 8X devrait effectuer son vol inaugural très bientôt et être certifié mi-2016, en vue des premières livrai-sons prévues avant la fi n de l’année 2016. Souhaitons-lui autant de succès, sinon plus que le Falcon 7X déjà livré à plus de 220 exemplaires.

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Dossier

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L’aviation d’affaires représente près de 17 000 jets en service dans le monde. L’aviation d’affaires représente près de 17 000 jets en service dans le monde.Souvent considérée comme un luxe en Europe, l’aviation d’affaires s’est rapidement développée au service des entreprises, mais aussi sont souvent affrétés pour transporter, dans l’urgence, des pièces, des équipements et effectuer des rapatriements sanitaires. Complémentaire de l’aviation commerciale, le secteur emploie, à lui seul, plusieurs centaines de milliers de personnes chez les industriels, mais également dans le monde du transport et dans l’environnement des nombreux aéroports ouverts à l’aviation d’affaires. Il y a, en effet, dix fois plus de terrains ouverts aux avions d’affaires qu’aux aéroports accessibles aux avions de ligne.

Et l’entreprise me direz-vous ?

Entreprise et social Une nouvelle usine de maintenance Falcon va voir le jour, à Mérignac, et sera opérationnelle mi 2016 avec, à terme, 100 emplois dédiés.

Embauches et départs En 2014, il y a eu 512 embauches, dont 70 alternants pour 387 départs. Ce chiffre record d’embauches, depuis des années, a été salué par la CFE-CGC qui demandait de pérenniser le savoir faire de l’entreprise. Mais dans le même temps, la préparation de futurs contrats à l’exportation et la fabrication des nouveaux Falcon fait peser une charge importante sur les équipes. Pour 2015, la direction ne donnera pas d’indication pour les embauches. Elles seront liées à un éventuel contrat Rafale.

Rachat des actions de l’entrepriseL’an dernier, Dassault Aviation a racheté 9,4 % d’actions Dassault Aviation, puis en a détruit 9 %. Le 28 janvier 2015, une Assemblée générale est convoquée pour autoriser l’achat de 10 % de plus. Le PDG a indiqué que l’État avait auto-risé le GIMD (Groupe Industriel Marcel Dassault) et la société à prendre en charge les actions qu’Airbus veut vendre pour pérenniser la structure fi nancière de notre société. Une compensation fi nancière, négociée avec les organisa-tions syndicales, devrait concerner les salariés au travers de l’Intéressement.

Vente militaire – civil Dassault Aviation est toujours en attente d’un contrat export pour le Rafale. Des discussions sont en cours avec des prospects et les négociations avec l’Inde progressent. Mais la société vit toujours dans l’incertitude. En fonction de la réus-site d’un contrat Rafale et de la poursuite du redressement des ventes Falcon, le scénario peut être rose ou gris…

Négociations annuelles obligatoires : NAOJusqu’à présent, chez Dassault Aviation, les négociations commen-çaient en novembre pour se terminer fin décembre-début janvier. Cette an-née, changement de politique : la DRH a l’intention de tenir les NAO en mars-avril 2015, après une première réunion de bilan 2014 fi n décembre. Arguments invoqués par la DRH : la disponibilité des comptes société et des chiffres d’infl ation 2014. La CFE-CGC a déploré ce changement y voyant le risque de non distribution de promotions en jan-vier, février, mars, avril, puisque chez Dassault elles sont étalées toute l’année. La CFE-CGC est intervenue sur le recul des NAO et son effet démotivant sur les salariés et a obtenu que les NAO commencent début mars, que les promo-tions de 2015 aient un effet rétroactif au 1er janvier et le « 1 % Rafale export » soit reconduit en cas de signature de contrat.

Négociations frais de santé Cadre Les négociations commencent pour accorder la couverture santé IPECA, avec les nouveaux décrets du ministère des Affaires sociales sur les contrats complémentaires collectifs, obliga-toires, solidaires et responsables. La CFE-CGC restera vigilante sur ce sujet, car cette négociation est de nature à remettre en cause plusieurs formes de solidarités.

Organisation du temps de travailComme dans de nombreuses entre-prises de l’AED, la Direction a orga-nisé des réunions d’échanges sur l’organisation du temps de travail pour le personnel au forfait horaire. L’objec-tif pour l’entreprise est de réduire ses cycles de production et de conserver sa compétitivité. Maintenant, les né-gociations ont débuté. Les mesures présentées par la DG devraient amélio-rer la productivité de l’entreprise, mais apportent de nouvelles contraintes sur les salariés. Pour la CFE-CGC, l’évo-lution de l’organisation du temps de travail doit respecter un juste équilibre entre vie privée et vie professionnelle.

Frédéric La Roche

Délégué syndical CFE-CGC

Dassault Aviation Saint cloud

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C’est dans l’air

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Le ciel leur tombe sur la tête : le produit emblématique, celui dans lequel on croyait, comme jadis on croyait en Concorde ou dans l’Aérotrain, ce produit ne se vend plus. On parle même d’arrêter la chaîne.Tout le monde monte au créneau. Le ma-nagement, les organisations syndicales, tout le monde. Que peut-on faire ? Le verdict des fi nanciers est limpide. Il faut baisser les coûts ou couper les cous. En-tendons-nous bien : les fi nanciers ne font que leur boulot, celui qu’on leur a ensei-gné. Ils n’inventent pas les chiffres. Ils les alignent et en proposent leur interprétation.

Seulement voilà : les chefs les croient. Et ils ont peur, peur des actionnaires. Peur des médias. Peur des banquiers. Il n’y a guère que les politiciens qui ne leur font plus peur. Alors, cette solution ? Très simple : on travaille plus sans gagner plus, ou on délocalise. Sinon : on arrête tout. Le management propose d’autres sché-mas. Pas crédible, le management : il y a trop longtemps qu’on fait de l’amélioration continue, on n’ira pas plus loin. Les syndi-cats demandent des expertises neutres. Elles nuancent le tableau, mais rien ne changera : les dés sont jetés. On aura le choix entre la peste-délocalisation, ou le choléra-dégradation des accords sociaux. Les syndicats feront de leur mieux pour limiter les dégâts.Une vision moderne de la liberté, sans doute.

Lui est allemand, elle est anglaise. Il doit, dans son entreprise, passer une sorte d’examen au terme duquel, en cas de succès, il aura une promotion. Et pas n’importe laquelle. Celle qui va lui donner le droit à une voiture de fonction, à une grosse prime individuelle. À la reconnais-sance de sa boîte et de ses pairs. Il ne se consacre plus qu’à ça. C’est dur. Il a déjà raté une fois l’examen et c’est sa dernière chance.Seulement voilà : il s’y consacre tellement qu’il ne voit pas, qu’autour de lui, plus rien ne marche. Ses subordonnés sont comme des voiliers dans le pot-au-noir. Or, elle

est la secrétaire de ce service. Elle est intérimaire depuis longtemps. Célibataire, quinquagénaire, le profi l parfait de la fu-ture chômeuse. Elle l’appelle à l’aide, lui. Lui, le futur dirigeant, pour lui trouver un autre contrat. Tout le service attend de lui une solution. Sans secrétaire, ça va être le bazar. Humainement son départ sera un désastre. Il essaye d’appeler les RH. Personne. Il laisse un message. N’en fait pas plus, pas le temps. Trop occupé. Peut-être pas assez d’organes génitaux pour défendre une intérimaire ?

Mais aujourd’hui, ça y est : ouf. Il l’a, sa voiture de fonction. Elle, n’a plus de sa-laire. Et pourtant, d’autres intérimaires sont toujours là. Une vision moderne de l’égalité, sans doute.

Ce matin, une chaise est restée vide dans l’open space.Nous avons mis un peu de temps à nous inquiéter. Vers 10 heures, une voix à quand même demandé où était la paire de fesses qui occupait normalement la chaise en question. Ou les mains qui utilisent le clavier posé devant, a rectifi é quelqu’un. Sans doute en mission. Oui ça doit être ça, en mission. Il y a tellement de dépla-cements dans le service.Seulement voilà : vers 15 heures, le RH est arrivé avec le chef de département. Ils nous ont demandé de venir très vite dans la salle de réunion. Nous ne comprenions pas pourquoi. Un peu gêné, troublé, le chef nous a annoncé qu’on avait retrou-vé notre collègue mort dans son apparte-ment. Suicide. Pas de cause apparente, pas de lettre. La gendarmerie va venir sai-sir l’ordinateur et enquêter. Quelqu’un a-t-il une idée ? Un début d’explication ?Rien. Stupeur. Certains sont muets. D’autres ont les larmes aux yeux, ou tremblent. Nous ne comprenons rien. Nous sommes, nous étions ensemble presque tous les jours, enfi n pas ceux où quelqu’un se déplaçait. Jamais nous n’avons perçu la moindre fi ssure. Il était aimable, sou-riant. Un peu isolé car travaillant sur un

sujet spécifi que. Il faisait partie du club sportif corpo. Nous les avons appelés. Ils sont anéantis eux aussi. Nom d’une pipe, personne ne comprend et pourtant, nous sommes collègues, nous travaillons pour le même service, le même employeur, le même chef. Et nous ne savons pas nous aider, comme nous ne livrons sans doute pas aux autres la profondeur de nos doutes ou de nos diffi cultés. La peur de déchoir ? La peur de quoi, au fond. Une vision moderne de la fraternité, sans doute.

« Chéri, tu veux bien lire cet article s’il te plaît ? Dis-moi un truc : est-ce qu’il res-semble à ce qui se passe dans ta boîte ? Parce que tu vois, pour moi, toute ressem-blance avec des personnages ayant existé ou vivants me saute aux yeux. Franche-ment, il y a des jours où je me demande à quoi ça a servi de couper la tête à Louis XVI. »

Et vive la République.Christophe Dumas

Délégué administratif

Vive la République

Janvier/février 2015 • n°350Directeur de la publication : Bernard Valette Coordinateur de la rédaction : Daniel VerdyOnt participé à la rédaction : C.Dumas, C.Banes, JP. Gibeaud, C. Viguier, M. Legrand, C. Sibuet, P.Marceau, F. La RocheCrédits photos : © Thinkstock - Dassault Aviation, Arianespace - Angei Jean-PierreBref Aéro est une publication bimestrielle de la CFE-CGC AED - 66, rue des Binelles - 92310 Sèvres [email protected]édaction, conception, réalisation : Agence L’œil et la plume - www.loeiletlaplume.comImpression : Imprimerie La Centrale de LensDépôt légal : février 2015 - ISNN : 0293-8251 - CPPAP : 0114S 08080

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