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    Géocarrefourvol. 78/3 (2003)

    Santé et territoires

    ................................................................................................................................................................................................................................................................................................

    Bernard Boureille, Nicole Commerçon et Myriam Normand

    Impacts territoriaux d'un réseau desoins oncologiques en Rhône-Alpes

    ................................................................................................................................................................................................................................................................................................

    Avertissement

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    Référence électronique

    Bernard Boureille, Nicole Commerçon et Myriam Normand, « Impacts territoriaux d'un réseau de soins oncologiquesen Rhône-Alpes », Géocarrefour  [En ligne], vol. 78/3 | 2003, mis en ligne le 12 mars 2008, consulté le 08 octobre2014. URL : http://geocarrefour.revues.org/2140

    Éditeur : Association des amis de la Revue de Géographie de Lyonhttp://geocarrefour.revues.orghttp://www.revues.org

    Document accessible en ligne sur : http://geocarrefour.revues.org/2140Ce document est le fac-similé de l'édition papier.© Géocarrefour

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    G É O C A R R E F O U R  V O L  78 3/2003

    255

    Bernard BOUREILLE

    CREUSET

    Université de  Saint-Étienne

    Nicole

    COMMERÇON

    CNRS - UMR 5600 Lyon

    E n v i r o n n e m e n t - V i l l e -

    Société

    Myriam NORMAND

    CREUSET

    Université de  Saint-Étienne

    RÉSUMÉ

    A partir de

     l exemple

     du

    réseau de soins ONCORA

    (Oncologie Rhône-Alpes),

    sont soulignés les effets

    territoriaux d un mode de

    fonctionnement innovant en

    matière de prise  en charge

    des

     soins

     de cancérologie.

    En repérant les trajectoires

    des patientes des

    échantillons retenus,

     il

     est

    montré que  si la hiérarchie

    hospitalière et urbaine

    demeure, elle n en est pas

    moins réduite par une

    meilleure diffusion des

    compétences médicales

    entre tous  les partenaires du

    réseau.

     L effet

     réseau

     se

    traduit à la fois par  un gain

    d efficience économique du

    système de soins et par une

    plus grande accessibilité à

    une  thérapeutique

    appropriée, quel que soit le

    lieu de résidence des

    patientes de Rhône-Alpes.

    MOTS CLÉS

    Réseau de  soins,  oncologie,

    ONCORA , recomposition

    territoriale, trajectoires de

    patientes.

    ABSTRACT

    sing the example  of the

    ONCORA network (oncology

    in Rhône-Alpes), this article

    outlines the territorial effects

    of  an innovative way of

    providing cancer treatment.

    By identifying the

    trajectories of female

    patients in the sample used,

    it is shown that although

    hierarchies of

     urban

     centres

    and hospitals still exist, this

    phenomenon is reduced by a

    better diffusion of medical

    skills be tween the different

    partners of the   network. The

    effect of the  network  is to

    provide a more economically

    efficient healthcare system

    Im pa cts terr i tor iaux d un réseau

    de soins oncologiques

    en Rhône-Alpes

    Il convient de rompre avec

     l'idée

     simpliste selon

    laquelle l'accélération des mobilités permises par

    le développement technologique des communi-

    cations viderait les lieux de leur sens en les

    rendant parfaitement substituables. Au contraire,

    la diversité des mutations des modes de produire

    aboutit à une redécouverte du rôle  actif et

    structurant que jouent les territoires dans la

    dynamique économique actuelle, en particulier les

    nouvelles organisations réticulaires, y compris au

    sein du service public.

    Dans ce domaine, le secteur de la santé apparaît

    davantage pertinent. En effet, i l a développé

    récemment maintes mutations qui ont conduit à

    dépasser les découpages territoriaux pré-existants.

    Le principal changement se résume dans la

    substitution

     d'une

      offre de soins de plus en plus

    technique à une médecine davantage clinique,

    dans un contexte de nécessaire maîtrise des

    dépenses de santé, mais aussi de développement

    de l'accès  équitable aux services de soins ; aussi

    des innovations organisationnelles sont-elles

    élaborées, qui mobilisent de plus en plus des

    formes diverses de partenariat entre les

    prestataires de soins, entre ces prestataires etd'autres acteurs tels que les col lectivités

    territoriales et le milieu associatif. Ces partenariats,

    parfois anciens, initient des relations territoriales

    dont les configurations s'émancipent des

    front ières inst i tut ionnel les - et notamment

    urbaines -, pour participer à la dynamique de

    recomposition des espaces urbains.

    En France, au cours de ces dernières années, sous

    l'impulsion d'une  redéfinition de la méthodologie

    de la planification sanitaire - introduction de

    critères qualitatifs dans une logique purement

    quantitative de la carte sanitaire -, fleurissent des

    formes réticulaires d'offre de soins, en réponse à

    un impératif réglementaire introduit par la loi

    hospital ière du 31 jui l let 1991 et renforcé

    notamment par les ordonnances de  1996.  Certains

    de ces réseaux de soins se développent à

    l'intérieur des frontières traditionnelles de la ville ;

    d'autres s'étendent sur des échelles territoriales

    qui dépassent le strict cadre urbain ;

     ainsi,

     en

     est-il,

    plus part icul ièrement, des trai tements en

    oncologie qui, dans la région Rhône-Alpes,

    s'organisent sur ce mode autour d'une  institution-

    pivot, le Centre Léon Bérard (CLB) localisé à Lyon

    1

    .

    Celui-ci m et en relation, en particulier à travers le

    réseau Oncologie Rhône-Alpes (ONCORA), divers

    acteurs de santé des secteurs ambulatoire et

    hospital ier à statut public, privé, ou privé

    participant au service public, localisés dans une

    vingtaine de villes de la région Rhône-Alpes et de

    sa périphérie (fig. 7). Dans ce cas spécifique, le

    réseau structure l'oncologie au sein des disciplines

    médicales, en la situant à la croisée des spécialités

    verticales (d'organes) et, tout en lui donnant sa

    lisibilité disciplinaire, concourt à la recomposition

    des territoires par le biais des villes concernées, de

    la métropole aux villes de taille intermédiaire. Le

    réseau participe aussi à une logique de construc

    tion d'une nouvelle culture médicale en amenant à

    travailler ensemble des prestataires de soins

    formés dans des écoles jusque-là relativement

    indépendantes.

    Ces innovations organisationnelles en matière de

    santé sont donc amenées à terme à redessiner le

    paysage sanitaire français : à un système à

    éléments hiérarchisés, centralisés et cloison nés, se

    substituerait une mosaïque d'unités cellulaires à

    compétences diverses mais coordonnées.

    Cette étude vise, à partir de la structuration du

    réseau ONCORA autour du CLB, à analyser les

    recompositions spatio-médicales en matière

    d'offre de soins que cette innovation organisation-

    nelle a favorisées.

    La méthode de statique comparative adoptée ici

    part des données recueillies par le CLB. Celles-ci

    sont organisées selon trois types de documents

    (Brunet, 2 000). Le premier : le dossier papier est

    le plus traditionnel et potentiellement le plus

    exhaustif en termes d'informations, car il devrait

    inclure les diverses correspondances médicales et

    les comptes-rendus des examens propres au

    patient ; mais il est aussi le plus lourd à utiliser et le

    moins bien systématiquement organisé. Le

    deuxième : le dossier patient informatisé , mis en

    place à partir de 1992, est bien renseigné et bien

    organisé, mais à usage cl inique avec des

    procédures de protection qui en interdisent la

    consultation. Le  troisième : la fiche EPC est créée

    pour chaque patient lors de sa première venue au

    CLB et a pour vocation d'alimenter l 'E nquête

    Permanente Cancer menée à l'échelle nationale et

    de ce fait recense principalement les variables qui

    décrivent les caractéristiques des lésions et de leur

    traitement. Cependant, elle contient également des

    informations relatives à l'origine, au motif de la

    première consultation du patient au CLB et à sa

    localisation géographique dont l'exploitation est

    utile pour la constitution des échantillons.

    La méthode consiste à analyser, dans un premier

    temps, les fiches EPC q ui ont été créées au CLB en

    1992 - année antérieure à la naissance d'ONCORA

    - et en 1999 - année postérieure à la création de ce

    réseau -, pour permettre de décrire la population

    des nouvelles patientes du CLB consultant pour

    une tume ur m aligne du sein à ces deux dates

    2

    .

    On se dote ainsi des éléments nécessaires à la

    construction de deux échantillons de population

    dont les individus seront ensuite caractérisés par

    des variables plus complètes que celles des fiches

    EPC,  puisqu'extraites par enquête des dossiers

    médicaux papiers. Ce qui permettra, dans un

    second temps, d'exploiter les données des

    échanti l lons pour repérer la dynamique des

    trajectoires médico-spatiales présente entre 1992

    et 1999.

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    VOL 78 3/2003 Impacts territoriaux

     d un réseau de soins

     oncologiques

     en

      Rhône-Alpes

    en 1992 en 1999

    and improved accessibility

    to

     an

     appropriate therapy

    irrespective of w here the

    patient resides

     in

     the Rhône-

    Alpes region.

    KEY

     WORDS

    Healthcare network,

    oncology, ONCORA,

    territorial restructuring,

    patients treatment

    trajectories.

    Figure

      : Répartition des nouvelles patientes selon leur zone d'habitation, en 1992 et en 1999

    A terme, ces analyses de statique comparative

    conduisent à révéler certains effets réticulaires au

    niveau territorial et médical.

    RECOMPOSITION DU BASSIN DE SANTÉ ET DES

    MODALITÉS DE SAISINE DU CLB

    Les informa tions extraites des fiches EPC de 1992

    et 1999 sont de nature spatiale ou médicale. Elles

    portent sur la localisation géographique des

    patientes nouvellement accueillies au CLB ou

    caractérisent la cause de leur première consulta

    tion, en termes de modalités d'entrée et d'objectifs

    demandés.

    Évolution de la provenance géographique des

    patientes

     du CLB

    La provenance géographique des patientes est

    indiquée dans les fiches EPC par le nom de la

    commune (et de son code postal) de leur

      rési

    dence. Ces informations permettent, à un premier

    niveau,

      de décrire la répartition de ces patientes

    par départements d'origine, puis, à un second,

    d'affiner l'analyse de la localisation de celles-ci en

    zones urbaines d'habitation puisque la dénomi

    nation de la commune permet de retrouver son

    code INSEE et son aire urbaine de rattachement.

    Les nouvelles patientes du CLB résident principa

    lement dans les départements de la Région

    Rhône-Alpes. En effet, ce sont, 83% et  85%  de ces

    malades qui habitent respectivement

     en

     1992 et en

    1999 dans l'un des huit départements de Rhône-

    Alpes. Seulement  11%  de l'effectif en 1992, voire

    5% en 1999, provient des départements limitro

    phes à cette dernière Région. Parmi ces derniers,

    la Saône-et-Loire est l'origine prépondérante.

    Ce premier constat des états de la répartition

    résidentielle des patientes conduit à ne conserver,

    pour la suite de l 'étude, que l'ensemble des

    malades provenant de la région Rhône-Alpes et du

    département de la Saône-et-Loire ; ce qui

    représente un effectif de 985 individus en 1992

    (soit  91%  du total des personnes nouvellement

    accueillies) et un effectif de 1270 en 1999 (soit 88%

    du total des personnes nouvellement accueillies).

    Le détail de la répartition de la localisation des

    nouvelles patientes du CLB exprimée en termes

    d'aires urbaines est présenté dans le tableau 1  ci-

    dessous où l'on remarque notamment, entre 1992

    et 1999, la baisse de l'effectif originaire des zones

    de Mâcon et d'Annecy et

     à

     l'inverse la croissance

    de celui qui est

     issu

     de

     l aire

     de G renoble.

    Le regroupement de ces zones d'habitation en

    trois grandes catégories : l aire  urbaine de Lyon,

    les autres aires urbaines et les communes rurales

    laisse apparaître, entre 1992 et 1999, une légère

    réduction spatiale de l'attractivité du CLB. En effet

    cet établissement accueille parmi ses nouvelles

    patientes en 1999, par rapport à 1992, proportion

    nellement plus de résidentes de

     l aire

     de Lyon et

    moins de celles des autres aires urbaines et des

    communes rurales

     (fig.

      1).

    Ce premier résultat de l'analyse, en termes de

    statique comparative, de la localisation des

    patientes nouvellement accueillies au CLB en 1992

    et en 1999 peut être interprété comme

    conséquence d'un effet réseau. La constitution du

    réseau ONCORA, son extension spatiale par le

    biais de l'adhésion de nouveaux partenaires et

    l'élaboration en commun de protocoles de soins,

    qui participent à l'accroissement cumulatif et à la

    généralisation dans ce milieu réticulaire des

    compétences des acteurs, font que les malades

    trouvent plus à proximité de leur domicile en

    1999,

      qu'en 1992, les offreurs capables de

    répondre à un certain niveau à leur demande de

    santé.

     Ainsi le CLB renforce-t-il relativement son

    rôle d'établissement de proximité.

    Cette évolution du système localisé de

     l offre

     de

    soins en oncologie amène à formuler une

    nouvelle hypothèse de travail. En effet, le CLB se

    voit décharger par les établissements du réseau

    1 - Les au teu rs remerc ien t

    vivement le Professeur Thierry

    Phi l ipp, d i rec teur du Centre

    Léon Bérard e t le Docteur

    Fadi la Farsi , responsable du

    réseau ONCORA, pour leur

    active collaboration.

    2 - Le sein étant le siège de

    loca l isat ion le p lus f réquent

    des cancers. En 1992, 5148

    fiches EPC ont été créées dont

    3511 indiquent le si te de la

    tumeur qui est pour 1082 cas

    le sein (soit environ

      31

      % des

    cas rens eigné s) ; en 199 9,

    6906 f iches ont é té créées,

    dont 5894 sont renseignées

    quant au siège qui est pour

    1445 cas le sein (soit 24,5%

    des cas renseignés).

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    Impacts terri toriaux d'un réseau de soins oncologiques en Rhône-Alpes V O L 78 3/ 20 03 2 5 7

    Figure 2 : Répartition des

    nouvelles patientes selon

    l'origine de la première

    consultation, en 1992 et en 1999

    en 1992

    en 1999

    Tableau 1 : Répartition des nouvelles patientes selon leur

     zone

     d'habitation de la nécessité de l'accueil de certaines patientes ;

    dès lors  n a-t-il  pas la possibilité de substituer au

    sein de son activité, à une partie devenue banale,

    une partie de pointe, c'est-à-dire une offre de soins

    plus en phase avec la sophistication de son

    plateau technique et les hautes compétences de

    ses ressources humaines ? La vérification de cette

    hypothèse passe par une analyse de l'évolution

    des modali tés des premières consultations

    effectuées au CLB.

    Évolution

     de la

     saisine médicale

     du

     CLB

    Les fiches EPC renseignent, à  l aide  de deux

    variables, sur deux des caractéristiques de la

    première consultation des patientes au CLB. La

    première variable, dénommée origine , précise

    l'acteur qui a l' initiative de la demande ; la

    seconde, appelée but , désigne la nature de la ou

    des investigations souhaitées par le demandeur de

    la consultation.

    Les

     initiateurs

     de

     la première consultation

    Les mo dalités de la variab le orig ine sont

    regroupées pour les besoins de J'analyse en trois

    catégories : Patiente, Médecin et Établissement.

    Globalement, on assiste à une double évolution

    structurelle (fig. 2), qui se manifeste, d'une part,

    par le renforcement du rôle, déjà important,

    d' init iateurs que les médecins du secteur

    ambulatoire jouent en adressant au CLB 50% (en

    1992) puis 62% (en 1999) de ses nouvellespatientes ; et d'autre part, par le recul du recours

    au CLB en première intention : la proportion des

    nouvelles patientes venant consulter d'elles-

    mêmes décroît

     de

     30%

     à

     18%, entre 1992 et 1999

    Spatialement, l'évolution de cette pratique n'a pas

    la même intensité (f ig. 3). L'origine de la

    consultation diffère sensiblement selon le lieu de

    résidence des patientes. Le mode de saisine,

    nettement indirect, du CLB par les ruraux change

    très peu au cours de la période considérée. En

    revanche, celui des patientes de l aire urbaine de

    Lyon se m odifie radicalement. En 1992, 38% des

    patientes lyonnaises sont venues consulter de leur

    propre initiative alors que cette fréquence est

    réduite à moins de 25% pourcelles résidant en

    dehors de cette zone urbaine. En 1999, les compor

    tements tendent à s'uniformiser, la part des patien

    tes consultant en première intention se réduit

    considérablement quelle que soit l'origine géogra

    phique des patientes, les patientes étant alors plus

    souvent adressées

     au CLB

     par un médecin.

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    VOL 78  3/2003 Impacts territoriaux d un réseau de soins oncologiques en Rhône-Alpes

    Autrement dit, on assiste globalement, entre 1992

    et

     1999,

     à une nette tendance

     à

     l'allongement de la

    filière de soins amont des nouvelles patientes

    urbaines, et surtout de

     l aire

     de Lyon, du CLB. Ce

    qui tend à infirmer l'hypothèse de l'accroissement

    de la fonction d'établissement de proximité du

    CLB au cours de la période.

    Évolution des modalités de la demande de la

    première consultation au CLB

    La figure 4 décrit la répartition des premières

    consultations effectuées au CLB en 1992 et 1999

    suivant les modalités de leur finalité. Le dépistage

    est une activité très marginale du CLB, il concerne

    environ 1% des demandes de cons ultat ion.

    L examen  spécial est un but beaucoup plus

    présent

     en 1999

     avec

     10%

     des consultations contre

    seulement

      1%

     en 1992, ce sont principalement les

    médecins et les établissements qui en sont les

    prescripteurs. La plupart des consultations,

    environ 90%, se distribue selon trois modalités :

    avis diagnostique, avis thérapeutique et traitement

    regroupant traitement initial, complémentaire et

    secondaire. Une évolution notable  s est  produite

    entre 1992 et 1999 avec une nette augmentation

    des consultations pour avis thérapeutique.

    La figure 5 montre que

      l évolution

      du but des

    consultations observée ci-dessus dépend du statut

    du demandeur. Les établissements adressent leurs

    patientes principalement pour traitement, il n'y  a

    pas de véritable évolution entre 1992 et 1999. En

    revanche, pour les patientes envoyées par un

    médecin ou venant d'elles-mêmes, la consultation

    se fait pour avis thérapeutique plus fréquemment

    en

     1999

     q u'en 1992.

    Il convient donc de souligner la tendance à

    l'allongement amont des filières de soins des

    nouvelles patientes du CLB que permettent

    l'existence et le renforcement du réseau ONCORA

    en termes d'acteurs de santé et de compétences

    accrues et plus diffusées dans le milieu réticulaire.

    Ce qui permet de décharger le CLB d'actes

    devenus standardisés, puisque pouvant être faits

    par d'autres agents en d'autres lieux, pour qu'il

    puisse se focaliser sur des activités plus

    innovantes. L'évolution, ci-dessus décrite, de la

    nature de la demande des premières consultations

    des nouvelles patientes du CLB confirme, à un

    premier niveau, le renforcement de   l activité

    médicale de pointe de cet établissement. En

    effet,on assiste, proportionnellement, à une

    montée des examens spéciaux, des avis thérapeu

    tiques, mais à une réduction des avis diagnos

    tiques, et à une demande par des établissements

    de traitements dont on peut penser qu'ils sont de

    plus en plus sophistiqués.

    Il convient, dès lors, d'affiner  l analyse en essayant

    de repérer et de décrire plus précisément les

    Tableau 2 : Description de

    l'échantillon

    Figure 4 : Répartition des consultation de 1992 et 1999 selon leur finalité

    Figure 5 : Évolution de la finalité de

    la première consultation entre 1992

    et 1999 selon le statut du

    demandeur

    Figure 3

     : Évolution de l origine

    de la première consultation

    entre 1992 et 1999 selon le lieu

    de résidence des patientes

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    Impacts territoriaux d'un réseau de soins oncologiques en Rhône-Alpes VOL 7 8 3/2003

      2 5 9

    Tableau 3

     : Déplacements du patient vers le prescripteur

    Tableau 4a

     : Détails des déplacem ents en tre la patiente et le prescripteur en 1992

    Tableau 4b

     : Détails des déplaceme nts e ntre la patiente et le prescripteur en 1999

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    VOL 78  3/2003 Impacts territoriaux d'un réseau de soins oncologiques en Rhône-Alpes

    Tableau 5 : Comparaison de la part des patientes traitées au CLB selon le type de traitement e t la zone d'habitation.

    Tableau 6 : Répartition des patientes résidant en zone rurale et traitées au CLB selon le type de traitement et la distance kilométrique entre le

    lieu de résidence et le CLB.

    t rajectoires médico-spat iales des pat ientes

    accueillies au CLB pou r la première fois en 1992 ou

    en 1999.

    ANALYSE DES TRAJECTOIRES MÉDICO-

    SPATIALES ENTRE 1992

     ET

     1999

    Afin de décrire

     l évolution

     des trajectoires médico-

    spatiales entre 1992 et 1999, un échantillon de

    patients a été constitué, à partir du fichier EPC,

    pour lesquels des données p lus précises que celles

    des fiches EPC ont été extraites des dossiers

    médicaux papier du CLB. Cet échantil lon est

    constitué de deux sous-échantillons extraits des

    dossiers des nouvelles patientes accueillies en

    1992,

     pour l'un et en 1999, pour l'autre. Les échan

    tillons ont été constitués de façon à ce que soient

    représentées les trois possibilités d'origine géogra

    phique que sont l aire urbaine de Lyon, les autres

    aires urbaines et les communes rurales (tabl. 2).

    Pour ces 208 individus, ont été saisies les variables

    suivantes, organisées

     en

     trois grandes rubriques :

    1 - l'identification du patient à l aide de :

    son année et de son lieu de naissance,

    du code INSEE de son do micile,

    de

     sa

     profession,

    de sa situation fam iliale,

    son état de morbidité ;

    2 - les modalités de la première consultation au

    CLB:

    la date,

    l origine  (avec les mêmes modalités que

    celles de la fiche EPC),

    le nom et la localisation de l'adressant,

    le but (avec les mêmes modalités que celles

    de la fiche EPC),

    la décision prise au cours de la consultation ;

    3 -  l histoire pathologique du patient :

    la nature, la date des actes effectués au CLB

    la nature, la date des actes effectués hors

    CLB et dans ce cas le nom, la qualité et la

    localisation des producteurs de ces soins.

    Le traitement de

      l enquête

      permet d'analyser

    l évolution des trajectoires médico-spatiales des

    patientes en trois moments qui correspondent à

    trois segments de la filière de soins : le parcours

    conduisant à la première entrée au CLB, les

    traitements et le suivi à

     l aide

     des consultations de

    contrôle réalisés au CLB

    Parcours de la

     patiente

     vers le

     prescripteur

    Les dossiers des malades indiquent, dans le cas

    où la patiente ne s'adresse pas directement au

    CLB,

     la localisation de

     l acteur

     de santé qui prescrit

    cette première consultation. Cette information

    permet d'observer

      l évolution

      des déplacements

    entre les différentes zones spatiales considérées

    (tabl. 3). Ainsi, par exemple, en 1992, parmi les 23

    patientes habitants une commune rurale et qui

    n ont pas consultées le CLB en première intention,

    9 se déplacent vers une aire urbaine (dont 1  vers

    Lyon) pour consulter

      l offreur

     de soins qui les

    orientera vers le CLB.

    On constate la quasi-absence de déplacement

    lorsque les patientes résident dans une aire

    urbaine. La p lupart des déplacements concernent

    celles qui habitent dans une commune rurale.

    L étude de ces mouvements

     (tabl.

     4 fait apparaître

    qu'i ls se font majoritairement vers une aire

    urbaine proche où la patiente sollicite un médecin,

    généraliste ou spécialiste, ou un établissement.

    Les trajets plus longs (supérieurs à 40 km) sont

    peu nombreux, la patiente consultant alors plutôt

    un spécialiste qu'un généraliste ou étant accueillie

    par un établissement hospitalier.

    Parcours liés au traitement et au suivi des

    patientes

    Le tableau 5 permet de comparer les deux

    échantillons selon les proportions de patientes

    traitées au CLB par grand type d'actes

    thérapeutiques (chimiothérapie, radiothérapie,

    chirurgie) et par zone d'habitation. Moins d'un

    tiers des patientes résidant dans l aire urbaine de

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    Impacts territoriaux d'un réseau de soins oncologiques en Rhône-Alpes V O L 7 8   3/2003  2 6 1

    Adresse des auteurs :

    Bernard BOUREILLE

    Myriam NORMAND

    CREUSET

    Université Jean-Monnet

    34 rue Francis Baulier

    42023 SAINT-ETIENNE

    cedex 2

    E.mail

     : bernard.boureille@univ-

    st-etienne.fr

    myriam.normand@univ-st-

    etienne.fr

    Lyon sont traitées par chimiothérapie au CLB

    même, alors que la radiothérapie concerne

    presque la moitié d'entre elles en 1992 et atteint

    les deux tiers des nouvelles patientes de 1999. La

    part des nouvelles patientes habitant dans une

    autre aire urbaine et traitées au CLB par

    chimiothérapie est nettement en baisse entre 1992

    et 1999.

    En ce qui concerne le traitement des patientes

    résidant en zone rurale, l'éloignement au CLB n'a

    aucune influence en 1992, contrairement à ce qui

    se passe en 1999 où les hospitalisations au CLB

    pour chimiothérapie ou radiothérapie sont moins

    fréquentes dans l 'échantil lon des patientes

    éloignées du centre (tabl. 6).

    La proportion des patientes traitées chirurgicale-

    ment au CLB varie peu entre 1992 et 1999 et

    concerne plus de 50% des patientes. La zone

    d'habitation n'a aucune incidence sur ce

    phénomène.

    S'agissant de l ampleur du suivi au CLB, la figure 6

    décrit l évolution de la proportion des patientes de

    l'échantillon de 1992 ayant consultées au moins

    une fois au CLB dans les années suivant la

    première consultation. Ainsi, au cours de la

    première année, 83% des patientes habitant

     l aire

    urbaine de Lyon ont consulté au moins une fois

    dans la première année suivant la consultation

    initiale, cette proportion est de 69% pour les

    patientes résidant dans une autre aire urbaine. La

    différence s'accentue significativement à partir de

    la quatrième année du suivi laissant supposer que

    celui-ci s'effectue en dehors du CLB pour les

    patientes résidant dans une autre aire urbaine.

    Conclusion

    Les analyses de statiques comparatives ainsi

    menées, à partir des données issues des fiches

    EPC ou extraites des dossiers médicaux du CLB,

    révèlent quelques effets liés à l'existence du

    réseau ONCORA. L'organisation territoriale permet

    par une répartit ion spatiale de partenaires

    médicaux mieux formés aux problèmes de

    l'oncologie, grâce

     à

     la constitution collective et

     à

      la

    diffusion des protocoles ou thesaurus de modifier

    les trajectoires médico-spatiales des patientes

    accueill ies pour la première fois au CLB

    Figure 6 : Comparaison du su ivi des patientes de

    1992 selon la zone d'habitation

    (allongement de

      l accès

      au CLB du fait de la

    généralisation de l'intermédiation d'un prescrip

    teur mais aussi réduction des déplacements) ;

    cette organisation conduit aussi à réorienter les

    activités du CLB vers une médecine davantage de

    pointe, les autres partenaires du réseau ayant

    acquis les compétences pour assurer des soins

    devenus plus standardisés tels que les examens

    diagnostiques, les cures de chimiothérapie, les

    visites de suivi...

     Ce

     qui

     se

     traduit en définitive par

    une meilleure allocation des diverses ressources et

    une plus grande facilité d'accès aux soins.

    Ces premiers résultats doivent être approfondis

    par des études portant sur des institutions

    hospitalières membre du réseau ONCORA, afin de

    repérer plus précisément, à la fois, la nouvelle

    donne que distribue ce réseau oncologique et sa

    morphologie : réseau organisé spatialement par

    emboîtement de micro réseaux locaux ou pas.

    BIBLIOGRAPHIE

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      Ville

    et santé : des recompositions territoriales en cours

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    anté

     e t territoires un e

     nouvelle

     donne Paris, éd.

    de l'Aube-DATAR, p. 145-170.

    Nicole COMMERÇON

    CNRS UMR 5600

    Environnement, Ville, Société

    18 rue Chevreul

    69362 LYON cedex 07

    E.mail

      :

    Nicole.Commercon@ish-

    Lyon.cnrs.fr

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