Biodiversité, type de sol et intensité de l'exploitation de prairies permanentes du Plateau...
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Biodiversité, type de sol etintensité de l'exploitationde prairies permanentes duPlateau lorrainSylvain Plantureux aa Laboratoire Agronomie , Environnement ENSAIA-INRA , 2 avenue de la Forêt-de-Haye, F-54505 ,Vandoeuvre CedexPublished online: 27 Apr 2013.
To cite this article: Sylvain Plantureux (1996) Biodiversité, type de sol et intensitéde l'exploitation de prairies permanentes du Plateau lorrain, Acta Botanica Gallica:Botany Letters, 143:4-5, 339-348, DOI: 10.1080/12538078.1996.10515730
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Acta bot. Gallica, /996, 143 (415). 339-348.
Biodiversite, type de sol et intensite de I' exploitation de prairies permanentes du Plateau lorrain
par Sylvain Plantureux
Laboratoire Agronomie et Em•ironnement ENSAIA-INRA. 2 al'enue de Ia Foret-de-Haye. F-54505 Vandoeuvre Cedex
INTRODUCTION
Re.1·ume.- La biodiversite de prairies permanentes du Plateau lorrain est etudiee en considerant le nombre d'especes par station (Ns) et l'indice de Shannon (Is) calcule a partir des frequences de presence des especes. Ces informations sent confrontees a une enquete sur les pratiques agricoles et !'analyse des conditions edaphiques. L'etude montre que les deux indicateurs de biodiversite ne sent pas determines par les memes facteurs. Si (Ns) et (Is) sent reduits par Ia fertilisation minerale et le rythme d'exploitation, seul (Ns) depend du type de sol. Parmi les composantes de I' intensification, (Ns) est tres lie au niveau trophique, alors que (Is) depend plut6t du rythme d'exploitation.
Summary.- Vegetation biodiversity of permanent pastures of Plateau lorrain (north-eastern France) has been studied. Two variables were considered :the total number of species per grassland (Ns). and the Shannon index (Si) calculated on the basis of the species frequency in the sward. Results showed that (Ns) and (Si) are not determined by the same factors. (Ns) and (Si) are reduced by the mineral fertilisation and grazing or cutting frequency, whereas (Ns) is also affected by the type of soil. (Ns) is particularly related to the nutrient status of the soil, and (Si) to the growing time of the biomass.
Key words : biodiversity - grassland - fertilisation - grazing.
Les prairies permanentes representent plus du tiers de Ia surface utilisee par !'agriculture sur le territoire fran~ais, soit environ 10,6 millions d'hectares (Source: Ministere de I' Agriculture, SCEES, 1994). La gestion de ces surfaces varie fortement selon les regions et les systemes de production agricole.
Une partie de ces prairies correspond a des situations ou !'intensification est restee tres limitee, soit en raison de contraintes liees au milieu (fortes pentes, zones inondables, fort deficit hydrique ... ), soit par choix d'un systeme de production extensif. Julien estimait ainsi en 1991 que I 00.000 exploitations agricoles pratiquant l'elevage, et occupant 4,7 millions d'hectares, pouvaient etre qualifiees d'extensives.
©Societe botanique de France 1996. ISSN 1253-8078.
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Les autres surfaces fourrageres ont fait )'objet d'une intensification plus ou moins importante, qui s' est traduite so it par un abandon des prairies permanentes, au profit du mai"s-fourrage et des prairies semees, soit par une augmentation de Ia production des prairies permanentes. Cet intensification de Ia production a ete rendue possible par l'accroissement de Ia fertilisation et Ia modification des techniques de recolte et de paturage. Elle s' est generalement traduite par une diminution de Ia biodiversite, particulierement perceptible au niveau du nombre d'especes.
L'evolution du contexte economique et Ia demande sociale en matiere de protection de l'environnement et de qualite des produits amene aujourd'hui a reconsiderer le niveau d'intensification de cette production fourragere. Le maintien de Ia biodiversite n' apparai't cependant pas com me I' enjeu majeur dans ces situations intensives, en comparaison de problemes tels que ceux lies a Ia pollution nitrique des nappes phreatiques. Deux raisons motivent cependant de s'interesser a Ia biodiversite dans ces milieux :
-En premier lieu, des politiques d'incitation a I' extensification fourragere sont actuellement mises en place au niveau national et europeen. La mise en oeuvre de ces politiques s' appuie sur des criteres techniques precis comme des seuils de chargement animal moyen par hectare et par an. II est utile de s'interroger sur Ia pertinence de ces criteres dans l'optique d'un maintien ou d'une augmentation de Ia biodiversite.
- Une forme de biodiversite importante sur Ie plan agronomique est Ia biodiversite genetique des especes fourrageres. II s'agit en l'occurrence d'identifier, de conserver in situ (une espece dans son ecosysteme) et de valoriser les ressources genetiques des especes prairiales en vue d'une utilisation ulterieure (BRG, 1995).
Dans cette optique, le present travail a eu pour objectif d'evaluer l'impact relatif
du mode de gestion et du milieu sur Ia biodiversite de prairies permanentes intensifiees.
MATERIEL ET METHODES
L'echantillon etudie comporte 98 prairies permanentes exploitees par des eleveurs laitiers du sud-ouest du departement des Vosges, dans Ia region naturelle du Plateau lorrain (Piantureux et a/., 1987). Les stations appartiennent a tous les types prairiaux recenses en Lorraine, a I' exception des situations les plus hum ides, c'est a dire de celles subissant des inondations regulieres, et des prairies de montagne des Vosges (Zangiacomi et a/., 1980). L'echantillonnage a perm is de retenir des prairies dont le mode de gestion varie principalement en lonelion du mode d'utilisation, de l'intensite d'exploitation et de Ia fertilisation. Les informations suivantes ont ete collectees pour chaque prairie :
- le mode d'utilisation principal : pature, fauche ou utilisation mixte pature-fauche,
- les durees et frequences des exploitations, - le nombre et Ia categorie des animaux au paturage
(vaches laitieres productrices, vaches laitieres taries, genisses, autres bovins laitiers),
- Ia fertilisation minerale (azote, phosphore et potassium) et organique pratiquee depuis 5 ans,
- le type de sol et les caracteristiques chimiques de I' horizon de surface (0 a 15 em) : pH-eau, teneur en K+, Mg2+, ca2+, Ntotal et Phosphore selon Ia methode de dosage Joret-Hebert (Joret et Hebert, 1955).
Le mode de gestion des prairies etudiees est resume dans le tableau 1. La comparaison de ces informations aux references techniques regionales a permis de montrer que le niveau d'intensification des prairies echantillonnees correspond aux situations generalement observees en Lorraine, a !'exception des prairies les plus extensives (stations sans apport de fertilisation avec un chargement animal Iaibie ou une fauche tardive).
L'etude de Ia vegetation de chaque prairie a consiste a determiner sa composition floristique et Ia structure de sa vegetation (frequence de presence F % et contribution a Ia production B %) selon Ia methode des poignees (De Vries et De Boer, 1959). Ces informations ont permis d'etablir une typologie des prairies, et d'etablir Ia dynamique de Ia vegetation (Piantureux eta/., 1993).
La biodiversite des prairies a ete estimee par deux criteres : le nombre total d'especes presentes (Ns) et l'indice de Shannon (Is) calcule a partir des frequences de presence (F %) (Frontier eta/., 1991):
Ns IS=-~ [ Fi.log Fi ]
1 2
Le niveau de certains facteurs edaphiques comme le regime hydrique a ete estime par le calcul d'indices ecologiques stationnels selon Ia methode et les valeurs proposes par Ellenberg (Ellenberg, 1979).
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Tableau 1.- Mode de gestion des prairies etudiees (n = 98). Table 1.- Utilisation of studied permanent pastures (n = 98)
Moyenne Ecart-type Mini. Maxi.
Fertilisation N en kg N.ha·1.an·1 23,4 33,5 0 180
Fertilisation P en kg P.ha·1.an·1 42,4 38,6 0 110
Fertilisation K en kg K.ha·1.an·1 30,4 41,9 0 200
Nombre de patures par an 3,1 2,9 0 12
Nombre de fauches par an 1,0 1,1 0 4
Chargement animal annuel 1,8 1,9 0 6,8
moyen en UGB.ha-1.an-1 ("')
Chargement animal instantane 11,2 14,2 0 60
en UGB.ha-1.passag_e-1 ("')
Temps de repousse de l'herbe 35,8 21,1 0 80
entre deux passages en jours
(*) UGB: Unite de Gros Betail, systeme de notation utilise pour estimer le chargement animal (1 vache laitiere = 1 UGB) (*) UGB : Stocking rate unit expressed as animal-equivalent (1 dairy cow= 1 UGB)
Le traitement des donnees a ete realise au moyen des logiciels FLORA-sys et STATITCF. Dans un premier temps, une analyse en composantes principales (ACP) a permis de distinguer les principaux facteurs de variation de l'indice de Shannon (Is) et du nombre d'especes. L'effet de ces facteurs a ensuite ete etudie individuellement.
RESULTATS
Etude des relations entre facteurs S'agissant d'une enquete, Ies facteurs du
milieu ainsi que Ies pratiques agricoles ont ete observes mais non controles, et sont done parfois lies les uns des autres. L' etude des relations entre ces divers facteurs par )'analyse en composantes principales a permis de degager trois groupes independants de facteurs :
I) le type de sol caracterise par le pH, Ia teneur du sol en K+, Mg2+, Ca2+, Ntotal et Ie taux de saturation du complexe absorbant. II s'agit de caracteristiques chimiques quasi-permanentes du solliees au substrat geologique.
2) la fertilisation minerale et Ia fertilite chimique du sol en N et P : fertilisation phosphatee et potassique, teneur en P du sol et fertilite azotee (mesuree par l'indice d'Eilenberg de fertilite azotee). II s'agit des caracteristiques directement liees aux pratiques agricoles.
3) le mode d'utilisation des prairies : nombre et dates des fauches, nombre et dates des patures, chargement animal instantane et moyen.
Les autres facteurs etudies apparaissent com me independants des groupes decrits cidessus.
La relation entre Ia fertilite du sol et le niveau de fertilisation est variable selon I' element considere. Pour Ie phosphore, Ia fertilisation sous forme de scories est tres ancienne pour les prairies du Plateau lorrain, ce qui explique une etroite liaison avec Ia teneur en phosphore du sol. La fertilisation potassique n' est par contre pas Iiee a Ia teneur en K+. Ceci s'explique par le fait que la fertilisation potassique des prairies
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etudiees est recente (mains de 5 ans), et qu'elle est souvent appliquee sur des sols deja bien pourvus en K+ (sols argileux sur substrats marneux). La situation de )'azote est plus complexe : en effet, Ia teneur en azote total du sol depend du type de sol et n'est pas Iiee au niveau de Ia fertilisation azotee, meme dans Ies situations ou l'engrais est apporte depuis plus de quinze ans. Cette teneur est avant tout Iiee a Ia dynamique de Ia matiere organique dans le sol (mineralisation-reorganisation) qui varie fortement selon Ia nature du substrat pedologique. L'apport d'engrais azotes agit par contre plus sur Ia fraction minerale de I' azote, non mesuree dans Ia presente etude. Ceci favorise les especes nitrophiles, comme en temoigne Ia liaison mise en evidence entre Ia fertilisation azotee et l'indice d'EIIenberg de fertilite azotee.
Facteurs de variation de l'indice de Shannon
L'indice de Shannon (Is) des prairies etudiees est compris entre 2,2 et 4,8 (moyenne 3,8). II existe une liaison statistiquement significative (r2 = 36%) entre (Is) et le nombre total d'especes (Fig. 1). Les valeurs de (Is) traduisent une repartition heterogene des frequences des especes. En effet, si toutes les especes avaient Ia meme frequence,
6.0 Is max
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" 6 " 6 "' ~)a'~/66 "" en
4.0 .. ., ./.ft ~ ! 6 ..
u '6 '\a\66666 .E 3,0 '\A 6
2,0 10 20 30 40 50 60
Nombre d'especes
(Is) serait egal a (Is max), soit 4,3 pour 20 especes, 5,3 pour 40 especes et 5,9 pour 60 especes.
Parmi l'ensemble des facteurs etudies, (Is) apparalt principalement lie au mode d'utilisation et dans une moindre mesure au niveau de Ia fertilisation et de Ia fertilite du sol. La variabilite de (Is) est toutefois importante, et Ies liaisons avec ces facteurs ne sont pas tres etroites. Dans Ies conditions de I' echantillon, qui ne comprend pas de milieux tres humides (prairies inondables de fond de vallee), )'influence du type de substrat et de Ia nature chimique du sol sur cet indicateur de biodiversite apparalt tres limitee .
L'effet du mode d'utilisation s'explique principalement par deux caracteristiques : Ie temps de repos menage entre deux exploitations (Fig. 2), et Ie chargement animal (chargement annuel moyen et chargement animal instantane) (Fig. 3). Un temps de repos inferieur a 40-45 jours influence peu (Is) dont les variations sont comprises entre 2,75 et 4,4. Au-deJa de cette duree, on observe un effet positif du temps de repos sur (Is). Pour un chargement animal annuel moyen inferieur a 1,3 UGB.ha·' (UGB =Unite Gras Betail, estimation du chargement animal), (Is) decrolt avec Ie niveau de chargement. Entre 1,3 et 3,5 UGB.ha·', cet effet semble s'estomper. Pour Ies valeurs de
Fig. 1.- Relation entre l'indice de Shannon et le nombre d'especes par prairie. Is max = valeur maximale de Is pour un nombre d'especes donne (equirepartition des frequences de especes)
Fig. 1.-Relation between the Shannon index (Is) and the number of species per grassland (Ns). Ism ax= maximum value of (Is) for a given value of (Ns)
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5,0
4,5 c: 0 c: c: as 4,0 ~ en (I) "0 3,5 (I) ()
'6 ..5
3,0
2,5 0
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4 4 4 4 4
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4 4 4 .a. 6 .a.
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44 IJ!l4.a. 4
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25 50 75
Temps de repos entre deux exploitations en jours
100
Fig. 2.- Eifel du temps de repos de Ia prairie sur l'indice de Shannon.
Fig. 2.- Effect of the growing time of biomass on Shannon index.
chargement superieures a 3,5 UGB.ha- 1·le nombre d'observations est insuffisant pour degager une tendance. Aucune difference n' apparait entre les categories de bovin Iaitier (genisses, vaches laitieres en production, vaches taries) ; les valeurs de (Is) sont ainsi comparables dans des stations paturees par des genisses ou par des vaches Iaitieres, a condition de considerer des niveaux de chargement animal identiques.
Les valeurs moyennes de (Is) pour les differents modes d'utilisation des prairies sont presentees dans le tableau 2. (Is) est maximal pour des stations non paturees et qui ne sont fauchees que 2 fois par an. II s'agit de prairies ou Ia premiere fauche intervient tardivement (finjuin-debutjuillet), soit plus de 60 jours apres Ia reprise printaniere de Ia croissance de Ia vegetation. A I' oppose, Ies valeurs les plus faibles de (Is) sont observees lorsque le nombre de patures est superieur a 5, qu'il y ait ou non une fauche.
Les fertilisations minerales (azote, phosphore ou potassium) reduisent (Is) dans des proportions tres comparables (Tableau 3). Au deJa de 70 a 80 kg.ha· 1.an·l d'element N, P ou K, (Is) ne decroit plus. En ce qui
5,0
4,5 c: 0 c: c: as 4,0 ~ en (I) "0 3,5 (I) ()
'6 ..5
3,0
2,5 0
6 6
4 6
6
6
6 6 4 11A ~ 4
6
2 3 4
Chargement animal annuel moyen en UGB/ha
5
Fig. 3.- Eifel du chargement animal annuel moyen sur l'indice de Shannon.
Fig. 3.- Effect of the mean annual stocking rate on the Shannon index.
concerne Ia fertilite chimique du sol, Ie phosphore (Fig. 4) et )'azote (Fig. 5) ont un effet depressif sur (Is), tandis que Ia teneur en potassium semble ne pas influer sur (Is). Aucune liaison n'a ete mise en evidence entre (Is) et les autres variables caracteristiques de Ia nature physico-chimique du sol ou de Ia fertilisation minerale ou organique.
Facteurs de variation du nombre d'especes presentes
Le nombre des especes des prairies etudiees est compris entre 20 et 54. Contrairement ace qui est observe pour l'indice de Shannon (Is), ce nombre d'especes apparait non seulement lie aux pratiques agricoles (mode d'utilisation et fertilisation), mais egalement aux variables edaphiques. Le type de sol influe en effet sur le nombre d'especes, Ia caracteristique Ia plus determinante etant I' etat hydrique du sol estime a partir de l'indice d'EIIenberg (Fig. 6). Dans les situations seches, le nombre d'especes est superieur a 30-40, tandis que les situations plus humides presentent une plus forte variabilite du nombre d'especes qui peut alors etre compris entre 20 et 55.
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Tableau 2.- Biodiversite et mode d'utilisation des prairies: effet du nombre de fauches et de patures sur le nombre d'especes et l'indice de Shannon (Is). Les lettres indiquent les groupes de moyennes homogenes selon le test de comparaison multiple de moyenne de Newman-Keuls (probabilite a = 0,05)
Table 2.- Biodiversity and utilisation of permanent grasslands : effect of the number of hays (fauche) or grazing (pature) on the number of species and the Shannon index (Is). Letters indicate comparable means according to the test of Newman-Keuls (probability a = 0,05)
Mode d' Nombre de Nombre de utilisation patures I an fauches I an
Fauche 0 3H
Fauche 0 2
Mixte 1 21.13
Mixte la4 1
Mixte 5a7 1
Pature lc\4 0
Pature 5a8 0
Autres cas
Ensemble
Comme pour l'indice de Shannon, les fertilisations minerales reduisent le nombre d'especes moyen par station (Tableau 3). Des fertilisations superieures a 70 a 80 kg.ha· 1.an·l COntinuent Cependant a diminuer le nombre d'especes, contrairement ace qui pouvait etre observe pour (Is). La fertilite phosphatee (Fig. 7) et surtout Ia fertilite azotee (Fig. 8) ont un effet negatif sur le nombre d'especes. Une liaison relativement etroite (r2 = 37 %) existe ainsi entre le nombre d' especes et Ia fertilite azotee du sol estimee par l'indice stationnel calcule selon Ia methode d'Ellenberg.
Si les prairies de fauche extensives (2 fauches par an) presentent une richesse floristique plus grande, l'effet du mode d'utilisation apparait mains nettement que dans le cas de (Is) (Tableau 2). Les plus faibles nombres d'especes (20 a 32 par station) se rencontrent ainsi dans des prairies
Nombre de Nombre Indice de
stations d'especes Shannon
par station (Is)
5 31,8 c 3,74b
14 41,9 a 4,35a
19 33,3 c 3,80b
9 38,4b 3,75b
7 30,7c 3,52c
16 37,6b 3,72b
25 37,5b 3,57c
3
98
fauchees 3 a 4 fois par an, et dans des prairies a utilisation mixte (5 a 7 patures et I fauche par an). L'augmentation du nombre de patures par an reduit le nombre d' especes lorsque Ia prairie a une utilisation mixte, mais pas dans le cas d'un paturage exclusif.
DISCUSSION
Les resultats de Ia presente etude montrent que l'intensite d'exploitation modifie Ia biodiversite des prairies du Plateau lorrain. La forte variabilite du nombre d'especes et de I' in dice de Shannon indiquent cependant qu'il n'existe pas de liaison directe entre ces indicateurs de biodiversite et l'une des composantes de !'intensification. C'est done !'interaction de plusieurs facteurs, independants ou non, qui determinent le niveau de biodiversite.
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Tableau 3.- Biodiversite et fertilisation des prairies: effet des apports d'engrais mineraux (moyenne des 5 dernieres annees) sur le nombre d'especes et l'indice de Shannon (Is). Les lettres indiquent les groupes de moyennes homogenes selon le test de comparaison multiple de moyenne de Newman-Keuls (probabilite a= 0,05).
Table 3.- Biodiversity and fertilisation of permanent grasslands: effect of the mineral fertilisation (mean of the 5 past years) on the number of species and the Shannon index (Is). Letters indicate comparable means according to the test of Newman-Keuls (probability a= 0,05).
Element Apports en Nombre de Nombre Indice de kg.ha-t.an-1 stations d'especes par Shannon (Is)
[0-25] 47
N ]25-80] 27
]80-180] 24
[0-40] 28
p ]40-70] 34
] 80-110] 36
[ 0 -40] 41
K ] 40-70] 38
] 80-200] 19
5,0
4,5 1: 6e, A A 0 1: A Jt AA 1: A. At. A A ttl 4,0
A JA i/' A fA .I:. en tftAA AA ~ CD "0 3,5 IAA.t.AA CD A A A u A AA A '6 Aj A A A .5 3,0 A
A A
2,5 0,0 0,2 0,4 0,6 0,8
Teneur en phosphore du sol eo g par kg sol (Joret-Hebert)
Fig. 4.- Eifel de Ia teneur en phosphore du sol sur l'indice de Shannon.
Fig. 4.- Effect of the soil phosphorus concentration on the Shannon index.
station
37,3 a 4,01 a
34,4b 3,64b
34,2b 3,53 b
40,6 a 4,09 a
37,4b 3,69b
33,1 c 3,61 b
38,5 a 4,02 a
35,9b 3,74b
28,9c 3,50b
5,0 6. A
t.A 6 4,5
1:
~1 0 1: 6 '\ ~ 1: ttl 4,0 A t .I:.
66 ~~66 en CD "0 3,5 6 A~~AA CD t.t A 6 u '6 66ja 66
6 .5 3,0 A A
A lA 6A
2,5 . 4,5 5,0 5,5 6,0 6,5 7,0
lndice stationnel de fertilite azotee d'EIIenberg
Fig. 5.- Effet de Ia fertilite azotee du sol sur l'indice de Shannon.
Figure 5.- Effect of the soil nitrogen fertility (Ellenberg index) on the Shannon index.
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.QI c. <II Ql 'b ~ .c E 0 z
60
50
40
30
20
10,_---.----r----r--~--~ 4,50 4,75 5,00 5,25 5,50 5,75
lndice stationnel d'etat hydrique d'EIIenberg
Fig. 6.- Effet de I' eta! hydrique du sol sur le nombre d'especes par prairie.
Fig. 6.- Effect of the water status (Ellenberg index) on the number of species per grassland.
Compte tenu de Ia diversite des milieux etudies (type de sol, mode d'utilisation, intensite d'exploitation), il n'est pas etonnant de constater des variations du nombre d' especes par station prairiale. La reduction de Ia richesse floristique avec I 'intensification peut en effet etre reliee a Ia disparition d'un grand nombre d'especes oligotrophes, remplacees par un nombre plus reduit de mesotrophes ou d'eutrophes. Le nombre d'especes apparalt ainsi plutot determine par Ie niveau trophique du sol que par Ie mode d'utilisation et son intensite. On pourrait aboutir a une conclusion differente en prenant en compte non seulement Ie nombre d' especes, mais egalement leur nature. Cette faible liaison entre nombre d'especes et mode d'utilisation s'explique par ailleurs par Ia structure de l'echantillon etudie: celui-ci comporte des prairies d'utilisation mixte ou des patures a faible chargement animal ou peuvent coexister des especes des milieux de fauche et de pature.
L'indice de Shannon tel qu'il a ete calcule represente l'homogeneite du couvert vegetal. II s'agit d'une caracteristique qui evolue beaucoup plus rapidement que Ia composition floristique, avec des variations
<II Ql
~ c. <II Ql 'b ~ .c E 0 z
60
10~-----r----~----~----~ 0,0 0,2 0,4 0,6 0,8
Teneur en phosphore du sol en g par kg sol (Joret-Hebert)
Fig. 7.- Effet de Ia teneur en phosphore du sol sur le nombre d'especes par prairie.
Fig. 7.- Effect of the soil phosphorus concentration on the number of species per grassland.
60
50 <II
2l •QI
lt 40 Ql 'b ~ .c 30 E 0 z
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10~--~----~--~~--,--~ 4,5 5,0 5,5 6,0 6,5 7,0
lndice stationnel de fertilite azotee d'EIIenberg
Fig. 8.- Effet de Ia fertilite azotee du sol sur le nombre d'especes par prairie.
Fig. 8.- Effect of the soil nitrogen fertility (Ellenberg index) on the number of species per grassland.
inter-et intra-annuelles. Ces variations sont non seulement liees aux changements climatiques, mais egalement, comme Ie montre Ia presente etude, a l'intensite de I'exploitation. Un element determinant est Ie temps de repos de Ia prairie qui permet )'expression des relations de dominance au sein du couvert vegetal. Les valeurs extremes
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Tableau 4.- Biodiversite et intensite d'exploitation : eifel du temps de repos et des apports d'engrais mineraux (moyenne des 5 dernieres annees des apports cumules de N, P et K) sur Ia biodiversite (lndice de Shannon/nombre d'especes).
Table 4.- Biodiversity and intensity of exploitation : effect of the growing time of biomass and fertilisation (sum of mean N, P and K fertilisation) on the biodiversity (Shannon index (ls)/number of species).
Fertilisation NPK Temps de repos < 40 j Temps de repos ~ 40 j
< 150 kg-ha-1.an-1 3,87 I 38 4,31 I 40
~ 150 kg.ha-1.an-1 3,55 I 24 3,87 I 32
de (Is) sont ainsi notees d'une part pour Ies prairies de fauche tardive et d'autre part dans les praires frequemment piiturees. II ne semble pas que I' animal ait, ace niveau, une action specifique: a nombre d'exploitations equivalent, Ies parcelles piiturees, fauchees ou a utilisation mixte presentent des valeurs de (Is) comparables.
L'analyse des relations entre le mode d'utilisation et Ia fertilisation n'a pas permis de montrer de liaison statistique entre ces facteurs. On peut des lors s' interroger sur le role respectif de ces facteurs et de leur interaction. Le tableau 4 presente les effets sur le nombre d'especes presentes et Is du niveau de fertilisation global NPK et de Ia duree du repos de Ia prairie. II apparalt une interaction puisque l'accroissement de Ia fertilisation reduit plus le nombre d'especes et (Is) lorsque le temps de repos est eleve. Partant d'une situation extensive vers une situation intensive, Ia reduction du nombre d'especes est principalement liee a I'apport d'engrais. En revanche, Ia diminution de (Is) est attribuable a Ia fertilisation, au rythme d'exploitation, eta )'interaction de ces deux facteurs.
CONCLUSION
A I' in star de nombreux autres travaux, les resultats presentes ci-dessus montrent que ('intensification de I' exploitation des prairies permanentes du Plateau lorrain se traduit globalement par une reduction de leur biodiversite. II apparalt cependant que les differentes composantes de cette intensification n' agissent pas de maniere identique sur Ia richesse floristique et I' indice de Shannon. A partir de ces resultats, on peut emettre !'hypothese que d'autres caracteristiques de la biodiversite, com me Ia diversite genetique intraspecifique, sont de meme influencees par des composantes particulieres de !'intensification.
La connaissance de ces mecanismes se revele particulierement importante dans le cadre d'une gestion conservatoire de la biodiversite des especes prairiales. La poursuite des recherches sur le determinisme de Ia biodiversite des surfaces consacrees a la production fourragere est a ce titre utile. Les preconisations en terme de pratiques agricoles (limitation du chargement, nombre d'exploitations, etc) pourront alors etre modulees en fonction de I' objectif de sauvegarde de Ia biodiversite poursuivi.
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