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SOMMAIRE

Fiche signaletique de l'archipel de Riou........................................................................................3Tableau synthétique des actions de gestion depuis 1994.................................................................4

1- Fréquentation, surveillance, information.......................................................51-1 Présence sur le site.......................................................................................................... 5

1-2 Importance de la fréquentation........................................................................................6

1-3 Evolution des infractions.................................................................................................7

1-4 Information.................................................................................................................... 11

2- Entretien du site et protection des richesses naturelles................................122-1 Réfection du cabanon de Fontagne................................................................................12

2-2 Conservation des richesses floristiques..........................................................................13

2-3 Dynamisation des colonies d'oiseaux marins du Grand Congloué ..................................14

3- Suivi scientifique du milieu naturel..............................................................153-1 Introduction................................................................................................................... 15

3-2 Première analyse des cortèges floristiques stables et disparus ........................................16

3-3 Comparaison de la végétation de la calanque de Marseilleveyre

et de l'archipel de Riou..................................................................................................20

3-4 Statut et conservation des populations de Stachys brachyclada......................................22

3-5 Cartographie des colonies de Puffin et succès de reproduction.......................................25

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FICHE SIGNALETIQUE DE L'ARCHIPEL DE RIOU

Situation : Littoral méditerranéen rocheuxDépartement : Bouches-du-RhôneCommune : Marseille

Superficie : 158,4 haAltitude : 0 à 191 mDistance à la côte : 50 m à 3000 mGéologie : Calcaire urgonien du Cétacé inférieur.

Végétation : Garrigue basse (Lentisque et Romarin) et végétation halophileFlore : 7 espèces végétales protégées au niveau national et 11 protégées au niveau régional dont 7

citées comme "prioritaires" dans le Livre Rouge de la flore menacée de France.Vertébrés : 3 espèces de reptiles dont le Phyllodactyle d'Europe, 2 espèces de Mammifères

(Chiroptères non-inventoriés) et 14 espèces d'oiseaux nicheurs dont les 3 espèces de Procellariiformes de Méditerranée (Puffin cendré, Puffin de Méditerranée et Océanite tempête). Importante population reproductrice de Goéland leucophée.

Mesure de protection : inclus dans le site classé des calanques.Label : Zone Importante pour la Conservation des Oiseaux. (ZICO PAC n°07)

Date d'acquisition par le Conservatoire du Littoral : juillet 1992

Gestionnaire : Conservatoire-Etudes des Ecosystèmes de ProvenceDate de la convention de gestion : juillet 1993Date du dernier plan de gestion : novembre 1997

Objectif de gestion : conservation de la diversité et de la spécificité biologique. Le terrain est ouvert au public dans les limites compatibles avec la poursuite de cet objectif.

Principes d'aménagements ; protection des richesses naturelles et organisation de la fréquentation

Coût global de la gestion : 1995 1996 1997452 700 F 319 000 F 304 783 F

3

Maïre

Jarre

Plane

Riou

Calanques de Marseille à Cassis

MARSEILLE

Massif de Marseilleveyre

Golfe de Marseille

Grand Congloué

Jarron

Tiboulen

Petit Congloué

2,3 ha

28 ha

3 ha18 ha

15 ha

0,5 ha

90 ha 2 ha

ARCHIPEL de RIOU 1 km

N

4

Actions 1994 1995 1996 1997 1998Entretien du site et du patrimoine bâti

• nettoyage X X X X X• entretien des sentiers (débroussaillage + entretien des murets de soutènement) X X X X X• remise en état du local de Fontagne X• réfection aire de repos de Fontagne X

Information et sensibilisation du public• information générale et surveillance X X X X X• renforcement de la surveillance estivale X X• renforcement de la surveillance printanière X• dépliant X• pose de panneaux d'information à Monastério X• pose de panneaux d'information à Fontagne X

Organisation de la fréquentation• fermeture des sentiers X• balisage du sentier de Monastério et de la côte NO X X• dépitonnage des voies d'escalade X X• réhabilitation de l'arrière plage de Monastério X X• étude de la fréquentation X X

Protection de la flore• restauration écologique de l'arrière plage de Monastério X• arrachage : des griffes de sorcière

du Concombre d'âne sur la SablièreX X X

X• Coronilla valentina : renforcement de la population X X X X• Astragale de Marseille : récolte de graines sur MaÏre

renforcement de la populationX

X• Stachys brachyclada : récolte de graines sur Riou et le Grand Congloué X

Protection et dynamisation des colonies d'oiseaux marins• dératisation du Grand Congloué X X• pose de nichoirs à Océanite tempête X• repasse vocale d'Océanite tempête et de Puffin de Médit. sur le Grand

Congloué X X

Suivi scientifique du milieu naturel• inventaire floristique X X X X• cartographie de la flore protégée X X X X• cartographie et abondance des plantes rudérales X X• cartographie du Lapin et des densités de Rat noir X• recensement des Goélands leucophée X X• suivi de l'évolution du Goéland leucophée X X• cartographie des colonies de Procellariiformes

Océanite tempêtePuffin de Méditerranée-Puffin cendré

XX X X X

• contrôle du succès de reproduction des puffins X X X• réalisation d'un fichier photographique des terriers de puffins X• suivi du succès de reproduction des rapaces X X X X X• étude régime alimentaire du Hibou grand-duc X X

Programme de recherche

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• étude de l'impact de la faune synanthrope X X• étude de la microfaune du sol X X• étude des densités de Rat noir et dynamique des populations X X X• étude malacologique X

1- FRÉQUENTATION, SURVEILLANCE, INFORMATION

1-1. PRÉSENCE SUR LE SITE

En 1997, le chargé d'étude a été assisté par Sébastien FAGES dans le travail de surveillance, d'information et d'entretien du site durant les deux mois d'été. Cette permanence de 4 journées et 3 nuits consécutives par semaine durant les week-ends de juillet et d'août fut très appréciable en permettant de ne pas grever le reste de la gestion durant cette période de forte fréquentation. Cela aura permis en particulier de terminer la cartographie des colonies de Puffin cendré de l'archipel avec l'aide ponctuelle de stagiaires et d'objecteurs du CEEP.

Ces stagiaires et ces objecteurs ont également participé à la dernière opération d'arrachage des griffes de sorcière et la réfection du cabanon de Fontagne n'aurait pas été possible sans leur aide massive. Patrice MORRA, technicien du CEEP a encadré ce chantier durant le mois de juin.

Robert GIRAUD a suivi le devenir des pieds de Coronille réintroduits en 1996. Dans le cadre de futures opérations de renforcements d'espèces végétales menacées menées en collaboration avec le Conservatoire Botanique National de Porquerolles, des graines d'Astragale de Marseille et de Stachys brachyclada ont été récoltées et mises en culture.

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Frédéric MEDAIL de l'Institut Méditerranéen d'Ecologie et de Paléoécologie (IMEP) de la Faculté de Saint Jérôme s'est rendu sur l'archipel en avril ce qui a permis d'affiner nos connaissances sur le statut et l'écologie du Stachys brachyclada.

Dans le cadre du programme de recherche mené conjointement par l'IMEP, le Muséum National d'Histoire Naturelle d'Aix-en-Provence et le CEEP, de nombreux chercheurs et universitaires ont travaillé sur les îles :

• Emmanuelle CANARELLI et Jean-François LETRADO de l'Institut des Sciences de l'Evolution de la faculté des Sciences de Montpellier, encadrés par Gilles CHEYLAN, ont mené une étude sur les Rats noirs de Riou lors de 6 campagnes de 2 à 3 jours chacune du 13 février au 13 avril.

• Eric VIDAL s'est rendu régulièrement sur les îles tout au long de l'année pour achever l'inventaire floristique et poursuivre l'étude de l'impact de la faune synanthrope sur la végétation.

• Chrystine MARONNIER, encadrée par Nicole BALAGUER et Jérôme CORTÉ, a poursuivi les relevés mensuels sur la micro-faune du sol.

Que l'ensemble de ces personnes soient remerciées pour leur participation à la gestion de l'archipel et à la meilleure compréhension du fonctionnement de cet écosystème insulaire.

1-2. IMPORTANCE DE LA FRÉQUENTATION

Contrairement à l'an passé, les conditions météorologiques furent particulièrement bonnes en 1997, les week-ends de printemps ou d'été, en particulier durant le mois d'août et le mois de septembre. Cette année encore, le record de fréquentation a été battu dans la calanque de Monastério le dimanche 10 août avec 56 bateaux au mouillage à la mi-journée.

Si l'on compare le nombre de bateaux au mouillage de la côte nord-ouest de Riou depuis la calanque de Monastério jusqu'à celle de Fontagne, les dimanches de beau temps à 13h00, on s'aperçoit que la fréquentation moyenne en 1997 fut nettement supérieure à celle de 1994 (tableau n°1). Des comptages systématiques seront réalisés chaque année afin de savoir si ce constat est lié à une conjoncture particulière ou s'il reflète une évolution régulière.

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Tableau n°1 : Nombre de bateaux au mouillage les dimanches de beau temps sur la côte nord-ouest de Riou en juillet et août 1994 et 1997

Juillet Août moyenne

1994 76 87 72 109 106 X 68 62 83 (N=7)

1997 X 106 X X 69 131 115 104 105 (N=5)

1-3. EVOLUTION DES INFRACTIONS

En 1997, le nombre d'infractions est nettement inférieur à celui de 1994 (tableau n°2).Cependant, le nombre d'infractions constatées peut varier d'une année à l'autre en fonction de l'importance de la fréquentation, de la pression de surveillance et d'information.

La fréquentation fut plus importante en 1997, ou tout au moins globalement similaire à celle de 1994 . A l'inverse, la fréquentation fut particulièrement faible en 1996 du fait des mauvaises conditions météorologiques.

La pression de surveillance et d'information fut particulièrement importante en 1994 car ce fut la première année où l'archipel de Riou bénéficiait d'une gestion à l'année et il était important de mettre en place une information régulière afin de faire évoluer les habitudes des visiteurs. Cependant, il n'y avait pas de présence permanente d'un garde sur le site comme ce fut partiellement le cas en 1997. Cette situation est plus propice aux constats de "flagrants délits" alors que la présence d'un garde sur l'île pousse à un respect obligé de la réglementation.

Tableau n°2 : Évolution du nombre d'infractions constatées de 1994 à 1997

Barbecue Chien divaguant

Camping & bivouac

Escalade Cueillette de plante

Total des infractions

1994 10 9 6 4 4 33

1995 5 5 6 2 1 19

1996 4 4 3 0 0 11

1997 1 12 7 0 1 21

Le cas des barbecues est particulièrement révélateur : cette infraction est en nette régression depuis 1994 et un seul cas fut constaté en 1997. Cette pratique reste

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encore occasionnelle car des traces de foyer furent découvertes aussi bien à Fontagne qu'à Monastério après des périodes où aucun garde n'était sur le site.

Il est à signaler que les scientifiques bien informés, venus travailler sur Riou en février ont laissé d'importantes traces de feux sur la roche sous l'abri de Fontagne que les pluies de printemps et d'automne n'ont pas réussi à effacer !

L'escalade semble avoir complètement disparu et la cueillette des plantes est marginale (1 seul cas relevé).

Par contre, les visiteurs ont du mal à comprendre les risques encourus par la faune, et plus particulièrement par l'avifaune marine, du fait des chiens non tenus en laisse. En 1998, il sera nécessaire de passer à une phase plus répressive par la distribution d'avertissements suivie d'un procès verbal en cas de récidive.

7 interventions concernent le camping et le bivouac :

4 d'entre elles sont le fait de particuliers :• le vendredi 2 mai au soir, 2 kayakistes manifestent l'intention de dormir sur le

site. Ils seront remorqués à la tombée du jour vers la calanque de Podestat ;• le dimanche 13 juillet au matin, 2 tentes sont installées sur l'arrière plage de

Monastério alors que la veille au soir, aucun campeur n'était présent sur le site ;

• le samedi 2 août, 2 tentes sont présentes sur la plage de Monastério à 1 heure du matin. La veille au soir, le garde n'avait constaté aucune infraction et debout dès 6 heures du matin pour faire démonter les tentes, il n'a pu que constater que les contrevenants étaient partis avant son passage, très probablement alertés par notre passage nocturne ;

• le jeudi 7 août, intervention à la nuit tombée auprès de 3 personnes avant leur installation.

Une intervention concerne le club de plongée de la Ville du Pontet qui était en train de débarquer une dizaine de personnes avec leur matériel de camping le samedi 12 juillet en fin de journée. Le responsable, déjà informé les années précédentes sur la réglementation, a été compréhensif et a modifié l'organisation de son week-end. Les passagers et leur matériel ont été rembarqués à bord et le bateau est parti en direction des calanques.

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Le troisième cas de figure concerne les pêcheurs de loisirs débarqués par les bateliers de Cassis pour passer la nuit sur l'île avant d'être récupérés le lendemain matin.

• le samedi 22 février, au moins 15 pêcheurs sont débarqués à Fontagne par un bateau de Cassis vers 17h30. Le bateau rentre à vide immédiatement. Le lendemain, l'ESTER III de la compagnie "La visite des Calanques" (responsable Serge TCHERNIANWSKY) est intercepté en mer à 8h00 du matin avant qu'il ne récupère ses passagers. Le capitaine est informé de l'irrégularité de cette navette sans autorisation officielle du Conservatoire du Littoral et des dépliants lui sont remis afin qu'il les distribue à tous les pêcheurs, ce qui sera contrôlé à l'embarquement.

Parmi les infractions, en plus du bivouac, il est à constater qu'un chien était non tenu en laisse alors que son propriétaire se trouvait à proximité d'une petite colonie de puffins (période des visites prépositales chez le Puffin de Méditerranée). Une visite des postes occupés après le départ des pêcheurs a permis de constater la présence d'emballages en polystyrène pour les appâts de pêches, des paquets de cigarettes vides, des sacs plastiques et des emballages divers.

• le samedi 8 mars le THALASSA de Cassis (responsable : M. MALET, organisateur de la sortie : le magasin de pêche "Les Appâts du Littoral" de Carnoux) est intercepté vers 18h00 alors qu'il est prêt à débarquer pour la nuit une trentaine de pêcheur sur Riou et une vingtaine sur Plane. Là aussi, après discussion avec le capitaine du bateau qui a négocié le débarquement de ses passagers en donnant la garantie que ce serait la dernière fois, le garde a dû intervenir auprès d'un pêcheur pour qu'il garde son chien en laisse et rattraper 3 pêcheurs pour les ramener sur le sentier balisé de la côte nord-ouest de Riou alors qu'ils s'étaient égarés sur les hauteur de l'île.

Deux cas similaires avaient déjà été constatés en juin et septembre 1995.

Début mai, un employé des "Appâts du Littoral" de Carnoux téléphonait au gestionnaire pour demander l'autorisation de débarquer des pêcheurs afin qu'il puissent y passer la nuit, au moins durant la période estivale. Cette autorisation a bien entendu été refusée en expliquant les raisons de la réglementation spécifique de l'archipel de Riou.

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Fin mai, le Conservatoire du Littoral reçoit par télécopie une demande d'information des "Appâts du Littoral" de Marseille :Je voudrais savoir s'il est possible d'organiser des sorties de pêche de nuit sur l'île de Riou. Je pense que nous serions un groupe de 40 pêcheurs, une fois par mois environ au moins pendant l'été.

La réponse est transmise par le gestionnaire :Votre demande fait suite à une demande similaire de votre collègue de CARNOUX avec qui j'ai eu un entretien téléphonique il y a quelques semaines et qui a fait preuve de la plus grande compréhension lorsque je lui ai donné les raisons pour lesquelles nous ne pouvions répondre de manière positive à de telles requêtes.En effet, l'importance biologique du site et sa fragilité ne permettent pas l'organisation de sorties de groupes sur l'archipel de Riou.La configuration des lieux rend impossible l'accueil de groupes importants sans porter de graves préjudices à la flore (15 espèces sont protégées par la loi française). Pour éviter le piétinement de la végétation, la circulation des personnes est limitée aux sentiers balisés.L'archipel de Riou est également un site important pour la reproduction des oiseaux marins, en particulier les puffins et les océanites tempêtes. Ces oiseaux qui nichent uniquement sur les îles rentrent à leurs colonies la nuit tombée pour assurer les impératifs de la reproduction (relais de couvaison et nourrissage des jeunes). Pour assurer la tranquillité de ces oiseaux particulièrement rares et éviter la réduction des effectifs nicheurs, le camping, le bivouac et l'utilisation de source lumineuse après la tombée du jour sont interdits sur l'archipel.Par conséquent, la présence nocturne de 40 pêcheurs répartis de manière régulière sur la côte NO et SO de Riou est absolument incompatible avec la conservation des colonies qui nichent dans ce secteur.Notre objectif est de permettre la conservation des richesses biologiques de l'archipel avec la présence proche de la ville de Marseille. Sachant que les pêcheurs sont également des amoureux de la nature, nous espérons pouvoir compter sur votre compréhension pour nous aider dans notre tâche et participer ainsi à la protection d'un patrimoine commun.

Ces cas de visites de groupes qui se répètent d'une année à l'autre, illustrent les difficultés que rencontre le gestionnaire à maintenir une fréquentation qui soit acceptable pour le milieu naturel alors que l'archipel se situe aux portes d'une grande ville de l'importance de Marseille.

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Afin de renforcer le poids de la réglementation, le Conservatoire du Littoral et le CEEP ont déposé un dossier de "propositions pour la création d'une réserve naturelle" sur l'archipel de Riou, dossier qui est en cours d'instruction auprès de la DIREN.

Ces propositions prévoient en particulier l'interdiction de débarquer sur les îles entre le coucher et le lever du soleil ce qui garantirait la tranquillité des colonies de puffins et d'Océanites tempête.

En attendant ce classement, il serait utile de se prémunir contre les tentatives de fréquentation de masse et un arrêté municipal serait une solution transitoire intéressante. Des démarches dans ce sens seront effectuées en 1998 auprès de la Ville de Marseille.1-4. INFORMATION

La permanence sur le site d'un garde a permis d'accentuer les contacts directs avec les visiteurs durant la période estivale. L'information sur la gestion des îles et la réglementation a été relayée par les médias :presse écrite :

• Le Méridional du 25 novembre 1996 : Archipel de Riou : bientôt une réserve naturelle ?

• La Provence du 18 août 1997 : Les goélands menacent les îles sauvages de Riou

• Le Monde du 21 août 1997 : L'archipel de Riou victime des goélands-éboueurs de Marseille

• un article dans la revue Méditerranée-magazine sur Marseille, les îles et les calanques

• un article dans le périodique italien La Répubblica

presse télévisée :• un reportage effectué par FR 3 Marseille et diffusé au journal local le 20 août

puis repris par FR 3 national• un reportage effectué par France 2 diffusé le 22 août au journal télévisé de

13h00

Patrick VIDAL a présenté une communication lors du colloque organisé par MEDMARAVIS du 17 au 19 avril 1997 à Porto Torres en Sardaigne dont le thème était "la gestion des îles protégées de Méditerranée". Ces rencontres ont permis de

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confronter la gestion menée sur l'archipel de Riou avec celles mises en place sur les différents sites du pourtour méditerranéen.

Par ailleurs, la gestion de l'archipel de Riou ainsi que les travaux de recherche menés par l'IMEP ont donné lieu à différentes publications scientifiques :

Vidal P., P. Bayle, E. Vidal , F. Médail, and Zotier R. 1997. Gestion de la faune et de

la flore des îles marseillaises. Forêt Méditerranéenne 18:44-51.

Médail F., Vidal E. - A paraître - Rôle des Goélands leucophée (Larus cachinnans) dans

l'implantation et l'expansion d'espèces végétales allochtones sur l'archipel de Riou. Actes des

8èmes Rencontres de l'A.R.P.E., Plantes introduites, plantes envahissantes.

Vidal E., Médail F., Tatoni T. & Bonnet V. A paraître. Impacts du Goéland leucophée

Larus cachinnans michahellis sur les milieux naturels Provençaux. Faune de Provence.

2- ENTRETIEN DU SITE ET PROTECTION DES RICHESSES NATURELLES

2-1. RÉFECTION DU CABANON DE FONTAGNE

Des travaux ont été réalisés sur le cabanon de Fontagne de manière à restaurer ce petit local et permettre le stockage du matériel de terrain tout en laissant aux scientifiques ou au gardien la possibilité de dormir sur le site.

Les travaux ont été les suivants : acheminement des matériaux (sable et gravier, ciment et parpaings, éverite, outillage, etc...), démolition de la soupente en bois, réalisation de fondations et d'une chape en béton pour l'agrandissement de la zone libérée, consolidations des murs et remplacement de la toiture, enduit extérieur, travaux de finition intérieurs, évacuation des gravats.

Ces travaux ont été réalisés durant le mois de juin et terminés la première semaine de juillet par un technicien du CEEP avec l'aide d'objecteurs et de stagiaires pour le transport des matériaux à dos d'homme depuis le point d'accostage jusqu'au chantier, ainsi que pour l'évacuation des gravats. Ce chantier a été réalisé en 18 journées et a nécessité 59 journées/homme de travail réparties de la manière suivante :

Technicien Gestionnaire Objecteurs. & stagiaires

Total j./h.

Transport des matériaux & évacuation des gravats

2 6 16 24

Travaux de maçonnerie 13 10 12 35

Total j./h. 15 16 28 59

2-2. CONSERVATION DES RICHESSES FLORISTIQUES

L'éradication des Griffes de sorcière a été menée à terme en 1995 et 1996. Cependant de petites stations persistent ça et là entre Monastério et Fontagne, soit qu'elles aient été oubliées mais aussi parce qu'on assiste à un essaimage par plaques aux environs des zones précédemment occupées. Ces noyaux de recolonisation ont été supprimés chaque fois qu'ils ont été découverts et il conviendra, dans les années à venir de veiller à l'effective disparition de cette plante envahissante, qui sans arrachage régulier pourrait à nouveau recouvrir les surfaces libérées en quelques années.

L'arrachage du Concombre d'âne avant la maturation des graines était programmé pour 1997 au moins sur la Sablière mais aussi sur le Mauvais-Pays et le plateau de Carramassagne. Cette opération n'a pas pu être réalisée en 1997 car la période favorable coïncidait avec le chantier de restauration du local de Fontagne. Cette nouvelle action de lutte contre cette annuelle préjudiciable à la flore originelle sera menée en 1998.

Suite aux opérations de renforcement en enclos de la population de Coronilla valentina menées depuis 1994, de jeunes pousses ont été plantées en falaise en octobre 1996. Ces jeunes plants ont partiellement survécu au début de l'hiver mais ils étaient tous morts au début du printemps. Par contre la quarantaine de pieds introduits en 1996 dans l'enclos se porte bien et les Coronilles ont largement fleuri et fructifié. Par contre, cet enclos nécessite un entretien régulier car il subit l'assaut des lapins qui cherchent à y pénétrer pour consommer la végétation beaucoup plus abondante qu'à l'extérieur. Par ailleurs, sur les 6 pieds sauvages connus, 3 d'entre eux sont morts lors de l'hiver 1996/1997 ce qui souligne la vulnérabilité de la micro-population de Riou et l'importance de la réussite des actions de sauvegarde de cette espèce. Une importante récolte de graines a été réalisée en 1997 aussi bien sur les pieds sauvages ou réintroduits de Riou, que sur les pieds élevés en pépinière par Robert GIRAUD afin de les semer en falaise et tenter une nouvelle réintroduction en milieu naturel.

Des graines de Stachys brachyclada qui a particulièrement bien fructifié en 1997, ont été récoltées à la mi-mars et début avril sur Riou et celles de l'Astragale de Marseille furent cueillies sur Maïre début juin. Ces graines ont été confiées à Robert

GIRAUD afin qu'il tente de les faire germer afin d'envisager le renforcement et/ou la réintroduction de ces deux espèces sur les îles de l'archipel.

2-3. DYNAMISATION DES COLONIES D'OISEAUX MARINS DU GRAND CONGLOUÉ

Le système de repasse vocale a été installé sur le Grand Congloué dès le début de l'année avec l'émission alternée du chant de l'Océanite tempête et du Puffin de Méditerranée. Lors de l'installation, des crottes de rats ont été découvertes sur l'île. A l'occasion de la reprogrammation du système le 14 janvier, 14 pièges à rat ont été installés sur 2 zones où des indices de présence de rats étaient visibles. 6 rats étaient capturés lors de la visite suivante le 25 janvier, résultat qui confirmait la présence du Rat noir sur le Grand Congloué.

Il a été décidé de poursuivre l'expérimentation de la repasse vocale pour le Puffin de Méditerranée jusqu'à la fin du mois de mars tout en maintenant une pression de piégeage dans la faille où sont installés les nichoirs d'Océanite tempête (arrivée de cette espèce tout début avril).

10 pièges ont été calés dans cette faille le 8 février et, malgré l'absence d'indices de présence à cet endroit, 3 rats étaient captifs le 10 février. Par la suite, et cela jusqu'à la fin mars où la pression de piégeage a été maintenue, plus aucun rat n'a été capturé.

Le 10 avril, une nuit de piégeage a été réalisée à l'aide de 30 pièges répartis en 3 transects distincts. Sur les 9 rats capturés, 8 étaient des femelles et 3 d'entre elles étaient lactantes.

La repasse du Puffin de Méditerranée et de l'Océanite tempête a été stoppée dans l'attente d'une nouvelle campagne de dératisation prévue pour 1998, accompagnée d'un système de régulation permanente en cas de nouvelle recolonisation.

3- SUIVI SCIENTIFIQUE DU MILIEU NATUREL

3-1. INTRODUCTION

Dans ce bilan d'activité, ne sont présentées qu'une partie des études et du suivi scientifique du milieu naturel menés sur l'archipel de Riou :

• une analyse des cortèges floristiques stables et disparus sur l'archipel de Riou qui complète l'approche de la dérive floristique présentée par Eric VIDAL et al dans le bilan d'activité 1996 ;

• une comparaison de la végétation de la façade maritime du massif de Marseilleveyre avec celle de l'archipel de Riou soumise à la pression des goélands par Irmgard EICHINGER et al. ;

• une présentation du statut et de la conservation des populations de Stachys brachyclada, espèce rare de l'archipel de Riou par Frédéric MEDAIL et al. ;

• la présentation de la cartographie des colonies de puffins et du succès de reproduction par Patrick VIDAL.

La cartographie des indices d'abondance des plantes rudérales a été terminée en 1997. Cette cartographie est présentée dans le plan de gestion.

Une campagne d'étude sur le Rat noir a été encadrée sur le terrain par Gilles CHEYLAN. Les résultats de ce travail sont présentés dans deux mémoires de maîtrise disponibles au CEEP :

• Letrado, J.F. 1997. Analyse de l'organisation spatiale et des déplacements au sein d'une population de Rats noirs (Rattus rattus) sur l'île de Riou-Fontagne au large de Marseille. Mémoire Maîtrise B.P.E., Université Montpellier II, 14 p.

• Canarelli, E. 1997. Interactions sociales et syndrôme insulaire dans les populations de Rats noirs de l'archipel de Riou. Mémoire Maîtrise B.P.E., Université Montpellier II, 18 p + annexes.

Enfin, l'étude sur la micro-faune du sol menée sur l'archipel de Riou depuis un an a donné lieu à un mémoire de D.E.A. disponible à l'IMEP :

• Maronnier, C. 1997. Dynamique de la mésofaune au niveau de la litière de lentisque (Pistacia lentiscus) sur un archipel calcaire méditerranéen. Mémoire de D.E.A. E.C.A.M.M., Université Aix-Marseille I, 30 p + annexes.

L'inventaire floristique peut être considéré comme terminé et la liste exhaustive des espèces est présentée en annexe.

Par ailleurs, les observations ornithologiques ainsi que les données sur la reproduction du Faucon pèlerin et du Hibou grand-duc sont archivées dans la banque de données du CEEP et feront l'objet de synthèses ultérieures.

3-2. PREMIÈRE ANALYSE DES CORTÈGES FLORISTIQUES STABLES ET DISPARUS Eric Vidal, Frédéric Médail, Thierry Tatoni

Après deux années de prospection de terrain, les inventaires floristiques de l'archipel de Riou peuvent être considérés comme quasi complets. Ceci nous autorise maintenant à procéder à une étude quantitative des turnovers floristiques (changements survenus dans la flore du fait des processus d'extinction et de colonisation), et à une analyse fonctionnelle des cortèges d'espèces disparues ou stables, à l'instar de ce que nous avions réalisé sur le cortège d'espèces nouvellement implantées (voir le rapport d'activité 1996). Nous proposons ci-après une approche très succincte de ces phénomènes, en nous référant pour la flore de 1960, aux travaux de Knoerr (1960).

Calcul des turnoversLes turnovers floristiques survenus sur une période de 37 années (1960-1997) peuvent être calculés en utilisant l'équation de Brown & Kodric-Brown (1977) : S2=((X/37) + (Y/37)) / 2avec : X : nombre d'espèces présentes en 1960 mais non retrouvées en 1997

Y : nombre d'espèces présentes en 1997 mais absentes en 1960S2 est exprimé en unités absolues (espèces / an).Le turnover floristique sur l'archipel de Riou apparaît donc comme étant corrélé à la surface de l'île (figure 1), bien qu'un effet seuil semble se dessiner pour les plus grandes îles.

0

0,25

0,5

0,75

1

1,25

0 25 50 75 100

Figure 1. Turnover floristique (1960-1997) sur les différentes îles de l'archipel de Riou.

Analyse des espèces disparuesLa figure 2 permet de constater que la part des espèces disparues n'est pas identique pour chacune des îles de l'archipel. En effet, seulement 18,4% des espèces présentes en 1960 sur Tiboulen ont disparu, alors que sur Maïre (33,1%) et Plane (37,8%), les extinctions d'espèces ont été nettement plus importantes.

%

05

1015

20

2530

3540

Riou Maïre Jarre Plane Jarron Tiboulen Congloue

Figure 2. Pourcentage d'extinction des espèces végétales des îles de l'archipel de Riou entre 1960 et 1997.

Le taux d'espèces disparues sur l'île Maïre est étonnamment important. En effet, les densités de goélands nicheurs n'y sont pas excessivement élevées et leur implantation y est relativement récente. La persistance d'un petit groupe de chèvres férales sur l'île Maïre est peut-être à l'origine de ce fort taux d'extinction.

Contrairement à ce qui avait été constaté pour le cortège d'espèces nouvellement implantées (immigration), l'importance du phénomène d'extinction n'est pas lié à la superficie de l'île.

Selon Grime (1977), les espèces végétales peuvent être réparties selon 3 grands pôles de contraintes : la compétition interspécifique (C), la perturbation (R), et le stress (S). Outre ces trois catégories principales, quatre stratégies intermédiaires peuvent être définies : compétition-rudéral (CR), compétition-stress (CS), stress-rudéral (SR), et enfin une stratégie médiane entre ces trois contraintes (CSR). La figure 3 représente la répartition des stratégies de Grime parmi les espèces disparues. Une part importante est constituée par des espèces S strictes, et la quasi-totalité par des espèces où la composante stress est présente (S+SR+SC). Les espèces rudérales sont quasi-absentes du cortège disparu et ne sont présentes en faible % que pour les îles les plus grandes. La répartition des espèces stables (présentes à la fois en 1960 et 1997), parmi les stratégies de Grime (Figure 4) laisse apparaître une part nettement plus faible de la catégorie stress stricte. Toutefois, le pôle stress sensu lato (S + SR +SC) reste largement majoritaire, et les espèces strictement rudérales sont ici aussi, très peu représentées.

Cette analyse succincte permet de confirmer l'importante quantitative des changements de cortège floristique (processus d'exctinction et de colonisation) avec une raréfaction des espèces de type S (les plus typiquement adaptées au stress de la méditerranéité et de l'insularité), le maintien d'espèces à spectre écologique plus large (SR ou SC) et l'implantation d'espèces à caractère rudéral.

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Riou Maïre Jarre Plane Jarron Tiboulen Congloue

Figure 3. Repartition selon les stratégies de Grime, des espèces diparues entre 1960 et 1997.

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Riou Maïre Jarre Plane Jarron Tiboulen Congloue

Figure 4. Repartition selon les stratégies de Grime, des espèces stables entre 1960 et 1997.

3-3. COMPARAISON DE LA VÉGÉTATION DE LA CALANQUE DE MARSEILLEVEYRE ET DE L'ARCHIPEL DE RIOU

Irmgard EICHINGER, Carole ELLENA, Alexandra FADIF, Géraldine MABILLE, Verena RUGE, Frédéric MEDAIL, Thierry TATONI, Errol VELA, Eric VIDAL

Introduction, méthodeLe massif de Marseilleveyre, au sud de l'agglomération marseillaise, a la particularité d’être une zone littorale en situation périurbaine. Ce site subit donc un faisceau de perturbations variées et intenses constituées essentiellement par les incendies (moins fréquents de nos jours) qui ont engendré une mosaïque de garrigues, et par la pression anthropique : piétinements, déchets. Ainsi, la façade maritime du massif de Marseilleveyre, de même formation géologique et soumise au même bioclimat que l'archipel de Riou, constitue un site de référence continental idéal dans le cadre du programme général de recherche. La pression exercée par les goélands, les rats et les lapins y est négligeable. La mise en place d'un protocole expérimental identique sur l'archipel de Riou et le massif de Marseilleveyre est à même de nous éclairer sur l'ampleur et la nature du dysfonctionnement écologique de ces milieux insulaires. En outre, une telle étude a permis l'établissement d'une première typologie fine des patrons de végétation sur le massif de Marseilleveyre, après les études essentiellement descriptives de Molinier (1934).

Pour permettre une étude continentale couvrant la même longitude que celle couverte sur l'archipel, la maille utilisée est double sur le continent : 200 mètres de côté (soit 1 cm sur la carte). L'échantillonnage étant de type systématique alterné, la distance entre deux placettes proches est de 288 mètres. Nous obtenons ainsi un total de 70 placettes d’étude dispersées sur l'ensemble du massif. L'exploitation des données par A.F.C. et C.A.H.M.2 a été faite selon trois orientations principales : l'analyse des données mésologiques, l'analyse des données floristiques et la comparaison entre les données mésologiques et floristiques.

RésultatsCette étude a permis de mettre en évidence la présence de trois grands ensembles de végétation dans le massif de Marseilleveyre:

• la garrigue, occupant la majeure partie du massif, comporte divers types de communautés selon les contraintes mésologiques présentes;

• les formations littorales, soumises à l'influence des embruns, où se développe une végétation xérique adaptée au milieu de rochers : on y retrouve, soit des plantes strictement halophiles, soit des espèces à la fois halophiles et nitrophiles;

• une végétation nitrophile, essentiellement aux abords des Goudes où la modification du substrat (remblais, talus), a permis la mise en place de formations rudérales.

Dans l'optique d'une comparaison avec Riou, des AFC ont été réalisées à partir d'un tableau regroupant les données floristiques des deux sites. Le premier point à souligner est la séparation, quels que soient les plans factoriels considérés, des placettes continentales et insulaires. Seules les placettes continentales situées en zone littorale se rapprochent des placettes insulaires. Cette comparaison fait donc apparaître une certaine similitude entre la frange littorale du massif de Marseilleveyre et l'archipel de Riou, explicable par la nature des perturbations et du stress lié aux embruns. Toutefois, les îles apparaissent beaucoup plus perturbées. En effet, celles-ci sont fortement impactées par la présence des vertébrés qui modifient les communautés en induisant la dominance d'espèces rudérales, alors que sur le continent, la présence d'espèces nitrophiles est surtout réduite aux zones de remblais aux abords des Goudes (Vidal et al, 1996, Michel 1996).

Cette étude a donc permis la mise en évidence de différents gradients dans l'organisation de la végétation du massif de Marseilleveye. Au gradient d'halophilie typique de tous les écosystèmes littoraux s'ajoute un gradient de "rudéralité" assez net aussi bien sur le continent que sur l'archipel. Les ensembles rudéraux semblent cependant relativement peu développés sur le massif de Marseilleveyre où ils se limitent à des zones situées aux abords des Goudes. Les espèces à forte valeur patrimoniale (espèces protégées ou espèces remarquables telles que : Astragalus tragacantha, Helianthemum syriacum, Thymelaea tartonraira) parviennent donc à résister à l'influence humaine sur le continent, bien qu’aucune mesure de mise en réserve ne soit actuellement présente. Cependant et paradoxalement, malgré une influence humaine plus restreinte, l'archipel de Riou constitue un système beaucoup plus perturbé où les formations littorales retenues dans la Directive Habitat des Communautés Européennes sont en forte régression et dénaturées du fait du rôle destructurant des vertébrés, sur ces systèmes déjà fragilisés par leur insularité .L'ensemble des résultats doit contribuer à la mise en place d'une stratégie de conservation plus efficace car une simple mise en réserve des îles pour assurer leur protection ne garantira pas leur intégrité sur le long terme. Les écosystèmes de l'archipel de Riou sont ainsi profondément dégradés par les vertébrés synanthropes et leur sauvegarde semble devoir passer par des mesures drastiques comme la

fermeture de la décharge d'Entressen qui amènera sans doute une régulation des populations de goélands (Larus cachinnans) et des campagnes d'éradication des autres vertébrés (Vidal et al. 1997). Il nous faut encore émettre un doute quant à l'efficacité de telles mesures, n'ayant pas de notions précises de la capacité de résilience des écosystèmes méditerranéens après invasion par les plantes rudérales et surtout par les modifications biochimiques des sols.3-4. STATUT ET CONSERVATION DES POPULATIONS DE STACHYS BRACHYCLADA

Frédéric Médail , Eric Vidal , Patrick Vidal, Robert Giraud

Stachys brachyclada De Noë ex Cosson, espèce annuelle proche de Stachys arvensis (L.) L., s'en distingue par la lèvre supérieure de la corolle profondément émarginée, un calice plus long, égal à 7-10 mm (contre 5-7 (8) mm), dont les dents aristées, inégales et très hispides mesurent plus de 1 mm. L'épiaire à dents courte est une petite thérophyte de 5 à 40 cm de hauteur, localisée sur les côtes occidentales du bassin méditerranéen (taxon sténo-méditerranéen occidental sensu Pignatti, 1982), et se rencontre en Algérie, Maroc, Espagne, Baléares et France. En Algérie, l'espèce semble commune dans les pelouses du secteur oranais, dans les plaines et Sahels littoraux, selon Quézel et Santa (1963). Ce taxon s'avère bien moins fréquent au Maroc, seulement localisé sur la côte méditerranéenne orientale (Jahandiez et Maire, 1934), et très rare en Catalogne centrale (présent entre les cours d'eau de l'Ebre et d'Alforja), ainsi qu'aux Baléares occidentales (Pitiüses) (Bolos et al., 1993).

En France, les seules localités connues jusqu'au début des années 1990 se situaient dans les Pyrénées-Orientales où Gauthier (1898) l'indique comme très rare dans les éboulis et rochers du littoral entre les caps Cerbère et Lauzeilh ; actuellement une population existe toujours au cap Cerbère, mais celle de Banyuls-sur-Mer a disparu (Olivier et al., 1995).

L'identification précise de Stachys brachyclada en Provence fut effectuée par J.M. Tison, suite à son débarquement sur l'île de Riou en mai 1989 (Tison, 1991). Toutefois, l'espèce a très certainement été notée par Knoerr (1960) lors de ses multiples herborisations sur l'archipel de Riou, mais cet auteur l'a confondu avec Stachys arvensis, ce dernier étant bien absent des îles du sud de Marseille. Knoerr (1960) mentionnait l'épiaire sur l'île de Riou (rare et localisée dans le vallon de Caramassagne) et sur l'îlot rocailleux du Grand Conglu, où quelques pieds existaient dans la portion sud.

De nombreuses prospections effectuées depuis plus de trois années sur l'archipel de Riou ont permis de découvrir de nouvelles populations de ce rare Stachys, d'en préciser son écologie et son intérêt phytogéographique, mais aussi de proposer des mesures de conservation.

Chorologie de Stachys brachyclada en ProvenceEn limite nord-orientale de son aire de répartition, Stachys brachyclada se localise exclusivement en Provence en situation insulaire, sur l'archipel de Riou (commune de Marseille, Bouches-du-Rhône). A l'heure actuelle, six populations sont connues : cinq sur l'île de Riou et une sur l'îlot du Grand Congloué .

• Populations de l'île de RiouA Riou, l'épiaire se localise sur la côte nord de l'île :

(1) sur une pelouse rocailleuse aux environs de la calanque de Monastério (Tison, 1991),

(2) sur une paroi rocheuse située à l'est de la calanque de Monastério (R. Giraud, P. Vidal mars 1997),

(3) sur une pente rocailleuse surplombant une falaise littorale (R. Giraud, P. Vidal mars 1997),

(4) sur les flancs de la côte nord de l'île, à l'est-sud-est de la calanque de Monastério (E. Vidal, 1996),

(5) à l'est de cette calanque, au-dessus du sentier menant au plateau de Caramassagne (E. Vidal, F. Médail mars 1996).

• Population de l'îlot du Grand Congloué(6) En mars 1995, R. Giraud redécouvrait la petite population de l'îlot rocailleux

du Grand Congloué, où Knoerr avait signalé dès 1960 la présence d'une épiaire. Cette population a été revue en 1996 et 1997.

Indigénat et phytogéographieLa découverte récente des populations provençales de Stachys brachyclada, disjointes et isolées des plus proches localités (Pyrénées-Orientales, Catalogne et Baléares) d'environ 300 km, pourrait laisser planer un doute quant à l'indigénat des stations des îles marseillaises, comme le fait remarquer Tison (1991). Cependant, contrairement à cet auteur, nous pensons que l'épiaire à dents courtes constitue un élément autochtone de grand intérêt phytogéographique. Sa mise en évidence récente

peut s'expliquer par plusieurs facteurs : (i) l'espèce a été confondue par Knoerr (1960) avec Stachys arvensis, morphologiquement proche ; (ii) le port discret de l'appareil végétatif aérien de cette thérophyte, mais aussi la relative précocité de la floraison, la font passer facilement inaperçue ; (iii) la nature sporadique de l'espèce, non retrouvée par exemple en 1995 et 1996 dans la station de Riou-Monastério ; (iv) l'accessibilité réduite de la plupart des populations (Riou, Congloué), situées sur des îles non desservies par une ligne régulière de bateaux, a sérieusement limité les prospections botaniques.L'écologie des stations étudiées plaide encore pour l'indigénat du Stachys, espèce des pelouses xériques côtières, des rochers maritimes et des vires des falaises du littoral. D'ailleurs, sa présence sur d'autres îles de taille réduite est attestée par Maire et Wilczek (1936), qui citent l'épiaire dans les rocailles de l'îlot méridional des îles Habibas (Algérie), et par Jahandiez et Maire (1934) qui l'indiquent des îles Chafarinas (Espagne, côte marocaine). De plus, il paraît exclu que ce taxon peu spectaculaire ait été volontairement indroduit par l'homme, et une dispersion des petits akènes par les oiseaux (goélands en particulier) semble bien improbable... Enfin, la persistance de l'espèce depuis au moins une quarantaine d'années dans des conditions aussi drastiques que celles existant sur le minuscule îlot du Grand Congloué, plaide aussi pour son indigénat et montre qu'elle est bien en place sur le plan écologique. La position phytogéographique de Stachys brachyclada ne constitue pas, d'ailleurs, un cas isolé, car bon nombre de végétaux, notamment les taxons ibéro-provençaux, arrivent en limite nord-est d'aire de répartition en Provence occidentale.

Conservation des populationsComme la plupart des autres Stachys diploïdes méditerranéens (Stachys marrubiifolia Viv., S. ocymastrum (L.) Briq. et S. spinulosa Sibth. & Sm.), Stachys brachyclada posséde une aire de répartition restreinte, et les populations provençales, en limite d'aire et de taille réduite, nécessitent un suivi attentif ainsi que la mise en place de mesures de gestion adéquates (à définir, après une étude autécologique et poulationnelle plus fine). L'épiaire à dents courtes est d'ailleurs protégée au niveau national et fait partie des espèces prioritaires du "Livre Rouge de la flore menacée de France" (Olivier et al., 1995).

Les populations de Stachys brachyclada de l'archipel de Riou ne semblent pas être menacées à court terme. Cette espèce annuelle à stratégie de vie rudérale et tolérant le stress (stratégie RS sensu Grime) paraît bénéficier des apports importants d'azote

et de phosphates provenant du guano des goélands (des analyses édaphologiques sont en cours). Les individus d'épiaire se maintiennent bien même dans les secteurs les plus dégradés, et le surpiétinement des goélands, qui créent des tâches de perturbations, pourrait localement contribuer au maintien de l'espèce, comme cela a déjà été indiqué chez d'autres végétaux ornithocoprophiles en situation d'insularité (Ornduff, 1965 ; Norton et al., 1997). Mais seule une étude démographique inter-annuelle pourra étayer les hypothèses émises ci-dessus.

3-5. CARTOGRAPHIE DES COLONIES DE PUFFINS ET SUCCÈS DE REPRODUCTION

Avancement de la prospectionLa prospection des terriers de puffins entamée en 1996 a été poursuivie en 1997. Cette prospection est pratiquement achevée pour le Puffin cendré pour lequel seulement deux zones n'ont pas encore été couvertes : le contre-plateau de Carramassagne au nord-est de Riou et un autre secteur au sud-ouest de Riou.

La prospection du Puffin de Méditerranée devra être poursuivie en 1998 afin de couvrir le tiers oriental de Riou. En effet, la prospection de cette espèce est beaucoup plus difficile que celle du Puffin cendré :

- l'activité sur les colonies est beaucoup plus variable que celle du Puffin cendré et les vocalisations à l'intérieur des terriers sont beaucoup plus discrètes ;

- la période où les chants à l'intérieur des terriers sont systématiques ne dure qu'une dizaine de jours en fin février, période durant laquelle la prospection est contrariée par les mauvaises conditions météorologiques ;

- les cris des goélands sont une gêne supplémentaire qui ralentit la prospection alors que pour le Puffin cendré, la période de l'éclosion est particulièrement favorable en fin juillet alors que les goélands sont absents et que les conditions météorologiques sont idéales.

Effectifs et répartition du Puffin cendréSur l'ensemble de l'archipel, 217 terriers occupés par le Puffin cendré sont maintenant répertoriés et cartographiés (voir carte page 28). En tenant compte des deux zones non prospectées (A & B), la population nicheuse de Puffin cendré de

l'archipel de Riou est estimée à 250 couples dont 75% (des effectifs) sont concentrés sur Riou ; Jarre et le Grand Congloué abritent chacune une colonie d'une vingtaine de couples, et des couples isolés sont répartis sur l'île Maïre et les îlots du Tiboulen et du Petit Congloué.

Les Puffins cendrés nichent essentiellement dans deux grands types de milieux : soit au fond de failles rocheuses, soit sous des blocs rocheux. C'est l'abondance de ces sites de nids qui semble déterminer leur répartition.

C'est ainsi que 5 secteurs abritent des densités importantes de nids (carte page suivante) :

- la grande faille horizontale de la face sud-est du Grand Congloué et très probablement la faille à l'ouest du col de la Culate dans l'un des deux secteurs de Riou qui n'a pas encore été prospecté ;

- les blocs rocheux posés au milieu d'un couverture dense de lentisques à l'est du vallon de l'aiglon et au sud-ouest du plateau de Carramassagne, et les blocs rocheux posés à découvert sur substrat meuble ou sur éboulis : colonie sud-est de Riou face aux Impériaux et colonie au dessus de la calanque des Contrebandiers.

Un troisième type de milieu est celui que l'on rencontre dans la Grande Sablière où quelques terriers sont creusés dans un substrat meuble sous une couverture dense de lentisques.

Les estimations réalisées dans les années 1980 donnaient un effectif compris entre 180 et 240 couples nicheurs avec une répartition quelque peu différente : effectif moindre sur Riou avec, à l'inverse des effectifs supérieurs sur le Tiboulen, Maïre, Jarron, Jarre et Plane. Cependant, toute considération sur l'évolution des effectifs ou sur des modifications dans la répartition des colonies est impossible car ces estimations avaient été établies sur la base d'une prospection partielle du terrain complétée par des écoutes nocturnes.

Effectifs et répartition du Puffin de Méditerranée30 terriers sont actuellement localisés sur Riou et 2 autres ont été découverts sur Jarre. Cette espèce est absente des autres îles sauf peut-être sur Maïre où des Puffins

de Méditerranée prédatés par le Hibou grand-duc furent découverts en 1995 mais les prospections réalisées sur cette île n'ont pas permis de certifier sa reproduction.

Des chants entendus en vol permettent d'espérer de découvrir quelques couples isolés supplémentaires dans le secteur de Riou non prospecté. Une petite colonie est également présente dans les falaises nord-est de Riou mais ce secteur est complètement inaccessible. La population de Puffin de Méditerranée est probablement comprise entre 40 et 50 couples nicheurs.

Une quinzaine de couples sont localisés sur la face sud-est de Riou : 4 couples nichent dans des anfractuosités en falaise et sont accessibles uniquement en rappel, 6 couples nichent dans des failles rocheuses et 4 à 5 couples occupent une grotte qui s'ouvre au dessus de la mer. Tous les sites sont fréquentés par les rats, même ceux localisés en falaise, hormis peut-être les couples de la grotte qui semblent relativement préservés (absence de crottes à l'intérieur mais présence aux abords immédiats). Situés sur le liseré côtier, les densités de goéland sont relativement faibles.

Une colonie de 6 couples est installée dans un agglomérat rocheux sous les Tours de Riou. Cette colonie isolée par de grandes falaises est caractérisée par l'absence apparente de rats et la présence de seulement 1 à 2 couples de goélands.

Une dizaine de couples disséminés dans le vallon de Monastério jusqu'au bas du vallon de l'Aiglon (anfractuosité en falaise : 2 cas ; nidification dans de petites failles ou sous des blocs rocheux au milieu de lentisques : 8 cas). Ce secteur se caractérise par ses fortes densités de rats et de goélands.

Estimation de la population nicheuse de Puffin cendré et de Puffin de Méditerranée de l'archipel de Riou

Puffin cendré Puffin de Méditerranéeterriers connus

couples estimés

terriers connus

couples estimés

Tiboulen de Maïre 0 2 0 0

Maïre 2 5 0 ?

Jarron 0 ? 0 0

Jarre 21 23 2 5

Plane 1 5 0 0

Petit Congloué 1 2 0 0

Grand Congloué 22 23 0 0

Riou 170 190 30 45

Archipel 217 250 32 50

Répartition du Puffin cendré sur

l'archipel de Riou

Contrôle de la reproduction du Puffin cendréLes 8 pontes contrôlées sur Jarre ont toutes donné un jeune à l'envol. Sur cette île, les rats sont soit absents, soit en densité très faible.

Bien que les échantillons soient faibles, le succès de reproduction sur le Grand Congloué est tout de même inférieur (0,67 ; N= 9) et cette différence pourrait être liée à la recolonisation de l'îlot par les Rats noirs.

Sur Riou, le contrôle des pontes n'a pas été possible (période de contrôle juxtaposée avec le chantier de Fontagne). Seul le contrôle des jeunes a été réalisé à la fin juillet. Pour ces raisons, le succès de reproduction n'a pas été calculé cette année.

Succès de reproduction du Puffin cendré

Nombre d'oeufs pondus

Nbre de jeunes contrôlés après

l'éclosion

Nbre de jeunes à l'envol

succès de reproduction

Jarre 8 8 1

Grand Congloué 9 6 0,67

Riou 28 24

Succès de reproduction du Puffin de MéditerranéeComme en 1996, le succès de reproduction du Puffin de Méditerranée est encore faible. Sur 10 couples contrôlables avec une ponte, seulement 4 jeunes auront pris leur envol.

Succès de reproduction du Puffin de Méditerranée en 1996 et 1997

Nbre d'oeufs pondus

Nbre d'oeufs éclos

Nbre de jeunes à l'envol

Succès de reproduction

1996 10 8 5 0,5

1997 10 5 4 0,4

Les oeufs et les poussins disparus représentent plus de la moitié des causes d'échec. Ces disparitions peuvent être imputables à la prédation par les Rats noirs.

Les oeufs fêlés ou cassés représentent la seconde cause d'échec. L'un des 4 cas constatés est dû aux piétinements d'un couple de Puffin cendré alors que le Puffin de Méditerranée avait pondu dans leur cuvette d'incubation. Par ailleurs, il est à signaler que 3 sites de nids sont utilisés pour la reproduction soit par un couple de Puffin

cendré, soit par un couple de Puffin de Méditerranée ce qui dénote une certaine compétition inter-spécifique dans les colonies mixtes.

Par contre, les 3 autres cas semblent liés à une fragilité de la coquille. Pour les 2 cas de 1996, l'incident a eu lieu en fin d'incubation car les poussins bien développés sous les débris de coquille étaient déjà en duvet et les adultes continuait à couver leur oeuf aplati alors que la période d'éclosion était dépassée. Ces oeufs ont pu être récupérés et congelés pour des analyses ultérieures.

Causes d'échec de la reproduction du Puffin de Méditerranée

1996 1997 Total

oeuf disparu durant l'incubation 2 2

poussin disparu durant l'élevage 3 1 4

oeuf fêlé ou cassé 2 2 4

oeuf stérile 1 1

5 6 11

ConclusionLe contrôle du succès de reproduction est une donnée essentielle pour connaître la dynamique des populations des puffins. Pour ces raisons et contrairement à ce qui s'est passé en 1997 pour le Puffin cendré sur Riou, il faut que ces contrôles aux bonnes période soit une priorité dans la gestion du site.