Bibliographie de Philosophie : le Jeu

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    BIBLIOGRAPHIE PHILOSOPHIE LE JEU

    Sujet : L'homme ne joue que l o, dans la pleine acception du mot, il est homme, et il n'est tout

    fait homme que l o il joue , Schiller, Lettres sur lducation esthtique de lhomme

    Platon, Les lois, 803b

    Je considre par quels mo ens et quel s stme de m!urs notre "aisseau pourra le mieu#soutenir la na"i$ation de cette "ie% & la "rit les affaires humaines ne mritent pas qu'on prenne de si $rands soins pour elles cependant il ne faut pas les n$li$er, et c'est ce qu'il ade f(cheu# ici )as% *ais puisque l'entreprise est commence, nous de"ons nous estimer heureu# si nous pou"ons en "enir )out, par quelque "oie con"ena)le% +ue "eu# je dire par tout ceci- .ette question que je me fais moi m/me, un autre pourrait me la faire a"ec raison%

    Aristote, Ethique Nicomaque, Livre I ! "ha#itre $%

    .omme il a aussi des moments de repos dans le#istence et quune forme de ce reposconsiste dans le loisir accompa$n damusement, dans ce domaine $alement il sem)le )ien a"oir un certain )on ton des relations sociales, qui dtermine quelles sortes de propos il est denotre de"oir de tenir 01123a4 et comment les e#primer, et aussi quels sont ceu# que nous pou"ons nous permettre dentendre% 5l aura cet $ard une diffrence sui"ant la qualit desinterlocuteurs au#quels nous nous adresserons% 6n "oit que dans ces matires aussi il peut a"oir la fois e#cs et dfaut par rapport au juste milieu%

    .eu# qui pchent par e#a$ration dans la plaisanterie sont considrs comme de "ul$aires )ouffons, d"ors du dsir d/tre factieu# tout pri#, et "isant plut7t pro"oquer le rire quo)ser"er la )iensance dans leurs discours et ne pas contrister la "ictime de leurs railleries%.eu#, au contraire, qui ne peu"ent ni profrer eu# m/mes la moindre plaisanterie ni entendresans irritation les personnes qui en disent, sont tenus pour des rustres et des $rincheu#% +uant ceu# qui plaisantent a"ec )on $o8t, ils sont ce quon appelle des $ens desprit ou, si lon"eut, des $ens lesprit alerte car de telles saillies sem)lent /tre des mou"ements ducaractre, et nous ju$eons le caractre des hommes comme nous ju$eons leur corps, par leursmou"ements% *ais comme le $o8t de la plaisanterie est trs rpandu et que la plupart des $ensse dlectent au# facties et au# railleries plus quil ne faudrait, m/me les )ouffons se "oient$ratifis du nom dhommes desprit et passent pour des $ens de )on ton mais quen fait ilsdiffrent dune fa9on nullement n$li$ea)le du "rita)le homme desprit, cest l une chosequi rsulte manifestement de ce que nous "enons de dire%

    La disposition du caractre qui occupe le juste milieu est encore marque par le tact : cest lefait dun homme de tact de dire et dcouter seulement les choses qui saccordent a"ec lanature de lhomme "ertueu# et li)re, car il a certaines choses quil sied un homme de cettesorte de dire ou dentendre par manire de plaisanterie, et la plaisanterie de lhomme li)rediffre de celle de lhomme dune nature ser"ile, comme, de son c7t, la plaisanterie dunhomme )ien le" nest pas celle dun homme sans ducation% 6n peut se rendre compte de

    cette diffrence en comparant les comdies anciennes et les nou"elles : pour les anciensauteurs comiques, ctait lo)scnit qui faisait rire, tandis que pour les nou"eau# auteurs, ce

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    sont plut7t les sous entendus, ce qui constitue un pro$rs, qui nest pas n$li$ea)le, "ers la )onne tenue% ;ans ces conditions, de"ons nous dfinir le railleur )ien le" en disant que ses plaisanteries ne sont jamais malsantes au ju$ement dun homme li)re, ou de"ons nous direque cest parce quil "ite de contrister celui qui lcoute ou m/me quil sefforce de lerjouir - *ais cette dernire dfinition ne porte t elle pas sur quelque chose de )ien "a$ue -

    .ar ce quon aime et ce quon dteste "arie a"ec les diffrents indi"idus

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    conformment dailleurs au sens ordinaire du terme car elle roule sur les intr/ts et les chosesse rapportant la "ie%

    La concorde prise en ce sens ne#iste quentre les $ens de )ien, puisquils sont en accord lafois a"ec eu# m/mes et les uns l$ard des autres se tenant pour ainsi dire sur le m/me

    terrain% .heF les $ens de cette sorte, en effet, les "olonts demeurent sta)les et ne sont pas le jouet du reflu# comme les eau# dun dtroit et ils souhaitent la fois ce qui est juste et ce quiest a"anta$eu#, toutes choses pour lesquelles leurs aspirations aussi sont communes% Leshommes per"ers, au contraire, sont impuissants a faire r$ner entre eu# la concorde, sinondans une fai)le mesure, tout comme ils sont incapa)les damiti, du fait quils "isent o)tenir plus que leur part dans les profits, et moins que leur part dans les tra"au# et dans les char$es pu)liques% ?t comme chacun souhaite ces a"anta$es pour lui personnellement, il sur"eille jalousement son "oisin et lemp/che den )nficier : faute d "eiller, lintr/t $nral court sa ruine% Le rsultat est que des dissensions clatent entre les cito ens, chacun contrai$nantlautre faire ce qui est juste, mais ne "oulant pas s plier lui m/me%

    Pascal, Pens)es *$3+ $3 -

    $3+Je sens que je puis n'a"oir point t, car le moi consiste dans ma pense donc moi qui pensen'aurais point t, si ma mre e8t t tue a"ant que j'eusse t anim, donc je ne suis pas un/tre ncessaire% Je ne suis pas aussi ternel ni infini, mais je "ois )ien qu'il a dans la natureun /tre ncessaire, ternel et infini%

    $3(;i"ertissement% +uand je m' suis mis quelquefois considrer les di"erses a$itations deshommes, et les prils, et les peines o ils s'e#posent dans la .our, dans la $uerre d'o naissenttant de querelles, de passions, d'entreprises hardies et sou"ent mau"aises, etc%, j'ai dit sou"entque tout le malheur des hommes "ient d'une seule chose, qui est de ne sa"oir pas demeurer enrepos dans une cham)re% Gn homme qui a asseF de )ien pour "i"re, s'il sa"ait demeurer cheFsoi a"ec plaisir n'en sortirait pas pour aller sur la mer ou au si$e d'une place on n'achteraitune char$e l'arme si cher que parce qu'on trou"erait insupporta)le de ne )ou$er de la "illeet on ne recherche les con"ersations et les di"ertissements des jeu# que parce qu'on nedemeure cheF soi a"ec plaisir% ?tc% *ais quand j'ai pens de plus prs et qu'aprs a"oir trou"la cause de tous nos malheurs j'ai "oulu en dcou"rir les raisonAsB, j'ai trou" qu'il en a une )ien effecti"e qui consiste dans le malheur naturel de notre condition fai)le et mortelle et si

    misra)le que rien ne peut nous consoler lorsque nous pensons de prs% +uelque conditionqu'on se fi$ure, si l'on assem)le tous les )iens qui peu"ent nous appartenir, la ro aut est le plus )eau poste du monde et cependant, qu'on s'en ima$ine, accompa$n de toutes lessatisfactions qui peu"ent le toucher, s'il est sans di"ertissement et qu'on le laisse considrer etfaire rfle#ion sur ce qu'il est cette flicit lan$uissante ne le soutiendra point il tom)era par ncessit dans les "ues qui le menacent, des r"oltes qui peu"ent arri"er et enfin de lamort et des maladies qui sont in"ita)les, de sorte que, s'il est sans ce qu'on appelledi"ertissement, le "oil malheureu#, et plus malheureu# que le moindre de ses sujets qui joueet qui se di"ertit% AL'unique )ien des hommes consiste donc /tre di"ertis de penser leur condition ou par une occupation qui les en dtourne, ou par quelque passion a$ra)le etnou"elle qui les occupe, ou par le jeu, la chasse, quelque spectacle attachant, et enfin par ce

    qu'on appelle di"ertissement%B ;e l "ient que le jeu et la con"ersation des femmes, la $uerre,les $rands emplois sont si recherchs% .e n'est pas qu'il ait en effet du )onheur, ni qu'on

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    s'ima$ine que la "raie )atitude soit d'a"oir l'ar$ent qu'on peut $a$ner au jeu, ou dans le li"requ'on court on n'en "oudrait pas s'il tait offert% .e n'est pas cet usa$e mol et paisi)le et quinous laisse penser notre malheureuse condition qu'on recherche, ni les dan$ers de la $uerre,ni la peine des emplois, mais c'est le tracas qui nous dtourne d' penser et nous di"ertit%Iaison pourquoi on aime mieu# la chasse que la prise% ;e l "ient que les hommes aiment

    tant le )ruit et le remuement% ;e l "ient que la prison est un supplice si horri)le, de l "ientque le plaisir de la solitude est une chose incomprhensi)le% ?t c'est enfin le plus $rand sujetde flicit de la condition des rois, de ce qu'on essaie sans cesse les di"ertir et leur procurer toutes sortes de plaisirs% Le roi est en"ironn de $ens qui ne pensent qu' di"ertir leroi et l'emp/cher de penser lui% .ar il est malheureu# tout roi qu'il est s'il pense% oiltout ce que les hommes ont pu in"enter pour se rendre heureu# et ceu# qui font sur cela les philosophes et qui croient que le monde est )ien peu raisonna)le de passer tout le jour courir aprs un li"re qu'ils ne "oudraient pas a"oir achet, ne connaissent $ure notre nature% .eli"re ne nous $arantirait pas de la "ue de la mort et des misres qui nous en dtournent, maisla chasse nous en $arantit% ?t ainsi le conseil qu'on donnait @ rrhus de prendre le repos qu'ilallait chercher par tant de fati$ues, rece"ait )ien des difficults% A;ire un homme qu'il soit enrepos, c'est lui dire qu'il "i"e heureu#% .'est lui conseiller &% &% d'a"oir une condition touteheureuse et laquelle il puisse considrer loisir, sans trou"er sujet d'affliction% A .e n'estdonc pas entendre la nature%B &ussi les hommes qui sentent naturellement leur conditionn'"itent rien tant que le repos il n' a rien qu'ils ne fassent pour chercher le trou)le% &insi onse prend mal pour les )l(mer leur faute n'est pas en ce qu'ils cherchent le tumulte% S'ils ne lecherchaient que comme un di"ertissement, mais le mal est qu'ils le recherchent comme si la possession des choses qu'ils recherchent les de"ait rendre "rita)lement heureu#, et c'est enquoi on a raison d'accuser leur recherche de "anit de sorte qu'en tout cela et ceu# qui )l(mentet ceu# qui sont )l(ms n'entendent la "rita)le nature de l'homme%B ?t ainsi quand on leur reproche que ce qu'ils recherchent a"ec tant d'ardeur ne saurait les satisfaire, s'ils rpondaientcomme ils de"raient le faire, s'ils pensaient )ien, qu'ils ne recherchent en cela qu'uneoccupation "iolente et imptueuse qui les dtourne de penser soi et que c'est pour cela qu'ilsse proposent un o)jet attirant qui les charme et les attire a"ec ardeur ils laisseraient leursad"ersaires sans rpartie%%% La "anit, le plaisir de la montrer au# autres% La danse, il fau )ien penser o l'on mettra ses pieds mais ils ne rpondent pas cela parce qu'ils ne seconnaissent pas eu# m/mes% 5ls ne sa"ent pas que ce n'est que la chasse et non la prise qu'ilsrecherchent% Le $entilhomme croit sincrement que la chasse est un plaisir $rand et un plaisir ro al, mais son piqueur n'est pas de ce sentiment l% 5ls s'ima$inent que s'ils a"aiento)tenu cette char$e, ils se reposeraient ensuite a"ec plaisir et ne sentent pas la natureinsatia)le de la cupidit% 5ls croient chercher sincrement le repos et ne cherchent en effet quel'a$itation% 5ls ont un instinct secret qui les porte chercher le di"ertissement et l'occupation

    au dehors, qui "ient du ressentiment de leurs misres continuelles% ?t ils ont un autre instinctsecret qui reste de la $randeur de notre premire nature, qui leur fait connaEtre que le )onheur n'est en effet que dans le repos et non pas dans le tumulte% ?t de ces deu# instincts contrairesil se forme en eu# un projet confus qui se cache leur "ue dans le fond de leur (me qui les porte tendre au repos par l'a$itation et se fi$urer toujours que la satisfaction qu'ils n'ont point leur arri"era si en surmontant quelques difficults qu'ils en"isa$ent ils peu"ent s'ou"rir par l la porte au repos% &insi s'coule toute la "ie on cherche le repos en com)attantquelques o)stacles et si on les a surmonts le repos de"ient insupporta)le par l'ennui qu'ilen$endre% 5l en faut sortir et mendier le tumulte% .ar ou l'on pense au# misres qu'on a ou celles qui nous menacent% ?t quand on se "errait m/me asseF l'a)ri de toutes parts l'ennui deson autorit pri"e ne laisserait pas de sortir du fond du coeur o il a des racines naturelles, et

    de remplir l'esprit de son "enin%

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    % &insi l'homme est si malheureu# qu'il s'ennuierait m/me sans aucune cause d'ennui par l'tat propre de sa comple#ion% ?t il est si "ain, qu'tant plein de mille causes essentiellesd'ennui, la moindre chose comme un )illard et une )alle qu'il pousse, suffisent pour le di"ertir%.% *ais direF "ous quel o)jet aA t Bil en tout cela- celui de se "anter demain entre ses amis dece qu'il a mieu# jou qu'un autre% &insi les autres suent dans leur ca)inet pour montrer au#

    sa"ants qu'ils ont rsolu une question d'al$)re qu'on n'aurait pu trou"er jusqu'ici, et tantd'autres s'e#posent au# derniers prils pour se "anter ensuite d'une place qu'ils auront priseaussi sottement mon $r% ?t enfin les autres se tuent pour remarquer toutes ces choses, non pas pour en de"enir plus sa$es, mais seulement pour montrer qu'ils les sa"ent, et ceu# l sontles plus sots de la )ande puisqu'ils le sont a"ec connaissance, au lieu qu'on peut penser desautres qu'ils ne le seraient plus s'ils a"aient cette connaissance% e "ous en tonneF pas, il est tout occup "oir par o passera ce san$lier que ses chiens poursui"ent a"ec tant d'ardeur depuis si# heures% 5l n'en faut pas da"anta$e% L'homme, quelque plein de tristesse qu'il soit, si on peut $a$ner sur lui de lefaire entrer en quelque di"ertissement le "oil heureu# pendant ce temps l, et l'hommequelqu'heureu# qu'il soit s'il n'est di"erti et occup par quelque passion ou quelqueamusement, qui emp/che l'ennui de se rpandre, sera )ient7t cha$rin et malheureu#% Sansdi"ertissement il n' a point de joie a"ec le di"ertissement il n' a point de tristesse% ?t c'estaussi ce qui forme le )onheur des personnes%, ;% ;% de $rande condition qu'ils ont un nom)rede personnes qui les di"ertissent et qu'ils ont le pou"oir de se maintenir en cet tat% @reneF$arde, qu'est ce autre chose d'/tre surintendant, chancelier, premier prsident sinon d'/tre enune condition o l'on a le matin un $rand nom)re de $ens qui "iennent de tous c7ts pour neleur laisser pas une heure en la journe o ils puissent penser eu# m/mes, et quand ils sontdans la dis$r(ce, et qu'on les ren"oie leurs maisons des champs o ils ne manquent ni de )iens ni de domestiques pour les assister dans leur )esoin, ils ne laissent pas d'/tre misra)leset a)andonns parce que personne ne les emp/che de son$er eu#%

    $3.;i"ertissement% La di$nit ro ale n'est elle pas asseF $rande d'elle m/me pour celui qui la possde pour le rendre heureu# par la seule "ue de ce qu'il est faudraA t Bil le di"ertir de cette pense comme les $ens du commun- Je "ois )ien que c'est rendre un homme heureu# de ledi"ertir de la "ue de ses misres domestiques pour remplir toute sa pense du soin de )iendanser, mais en seraA t Bil de m/me d'un roi et seraA t Bil plus heureu# en s'attachant ces"ains amusements qu' la "ue de sa $randeur% ?t quel o)jet plus satisfaisant pourrait ondonner son esprit- ne serait ce donc pas faire tort sa joie d'occuper son (me penser ajuster ses pas la cadence d'un air ou placer adroitement une )arre, au lieu de le laisser jouir en repos de la contemplation de la $loire majestueuse qui l'en"ironne% +u'on en fasse les preu"es, qu'on laisse un roi tout seul sans aucune satisfaction des sens, sans aucun soin dans

    l'esprit, sans compa$nies et sans di"ertissements, penser lui tout loisir, et l'on "erra qu'unroi sans di"ertissement est un homme plein de misres% &ussi on "ite cela soi$neusement et il

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    ne manque jamais d' a"oir auprs des personnes des rois un $rand nom)re de $ens qui"eillent faire succder le di"ertissement leurs affaires et qui o)ser"ent tout le temps de leur loisir pour leur fournir des plaisirs et des jeu# en sorte qu'il n' ait point de "ide% .'est direqu'ils sont en"ironns de personnes qui ont un soin mer"eilleu# de prendre $arde que le roi nesoit seul et en tat de penser soi, sachant )ien qu'il sera misra)le, tout roi qu'il est, s'il

    pense% Je ne parle point en tout cela des rois chrtiens comme chrtiens, mais seulementcomme rois%

    $38;i"ertissement% La mort est plus aise supporter sans penser que la pense de mort sans pril%

    $3;i"ertissement% 6n char$e les hommes ds l'enfance du soin de leur honneur, de leur )ien, deleurs amis, et encore du )ien et de l'honneur de leurs amis, on les acca)le d'affaires, del'apprentissa$e des lan$ues et d'e#ercices, et on leur fait entendre qu'ils ne sauraient /treheureu#, sans que leur sant, leur honneur, leur fortune, et celles de leurs amis soient en )ontat, et qu'une seule chose qui manque les rendra malheureu#% &insi on leur donne des char$eset des affaires qui les font tracasser ds la pointe du jour% oil direF "ous une tran$e manirede les rendre heureu# que pourrait on faire de mieu# pour les rendre malheureu#- .omment,ce qu'on pourrait faire : il ne faudrait que leur 7ter tous ces soucis, car alors ils se "erraient, ils penseraient ce qu'ils sont, d'o ils "iennent, o ils "ont, et ainsi on ne peut trop les occuper et les dtourner% ?t c'est pourquoi, aprs leur a"oir tant prpar d'affaires, s'ils ont quelquetemps de rel(che, on leur conseille de l'emplo er se di"ertir, et jouer, et s'occuper toujourstout entiers% +ue le coeur de l'homme est creu# et plein d'ordure%

    ! Pascal, Pens)es *$%0, $%/, $%3-

    $%0+uand Opictte aurait "u parfaitement )ien le chemin, il dit au# 'hommes : "ous en sui"eF unfau#% 5l montre que c'en est un autre, mais il n' mne pas% .'est celui de "ouloir ce que ;ieu"eut% J% .% seul mne% ia "eritas% Les "ices de Pnon m/me

    $%/A.ontre les philosophes qui ont ;ieu sans J% .%B @hilosophes% 5ls croient que ;ieu est seuldi$ne d'/tre aim et d'/tre admir, et ont dsir d'/tre aims et admirs des hommes, et ils ne

    connaissent pas leur corruption% S'ils se sentent pleins de sentiments pour l'aimer et l'adorer, etqu'ils trou"ent leur joie principale, qu'ils s'estiment )ons, la )onne heureQ *ais s'ils s'trou"ent rpu$nants s'AilsB n'AontB aucune pente qu' se "ouloir ta)lir dans l'estime deshommes, et que pour toute perfection, ils fassent seulement que, sans forcer les hommes, ilsleur fassent trou"er leur )onheur les aimer, je dirai que cette perfection est horri)le% +uoi, ilsont connu ;ieu et n'ont pas dsir uniquement que les hommes l'aimassent, que les hommess'arr/tassent eu#% 5ls ont "oulu /tre l'o)jet du )onheur "olontaire des hommes%

    $%3@hilosophes% >ous sommes pleins de choses qui nous jettent au dehors% >otre instinct nousfait sentir qu'il faut chercher notre )onheur hors de nous% >os passions nous poussent au

    dehors, quand m/me les o)jets ne s'offriraient pas pour les e#citer% Les o)jets du dehors noustentent d'eu# m/mes et nous appellent quand m/me nous n' pensons pas% ?t ainsi les

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    philosophes ont )eau dire : rentreF "ous en "ous m/mes, "ous trou"ereF "otre )ien on neles croit pas et ceu# qui les croient sont les plus "ides et les plus sots%

    ume, 1rait) 2e la nature humaine, Livre II *Partie 3 : e la volont) et 2es #assions

    2irectes ' Section $0 : e la curiosit) ou 2e l4amour 2e la v)rit)-

    5l me sem)le que nous a"ons t asseF n$li$ents en passant en re"ue tant de partiesdiffrentes de lesprit humain et en e#aminant tant de passions sans considrer une seule foiscet amour de la "rit qui est la source premire de nos recherches% 5l serait donc )on, a"antde quitter ce sujet, de faire quelques rfle#ions sur cette passion et de montrer son ori$inedans la nature humaine% .est une affection dun $enre si particulier quil aurait timpossi)le den traiter sous lune des questions que nous a"ons e#amines sans risquedo)scurit et de confusion%

    La "rit est de deu# sortes, elle consiste soit en la dcou"erte des rapports entre les idesconsidres en tant que telles, soit en la d cou"erte de la conformit de nos ides des o)jetsa"ec leur e#istence relle% 5l est certain que la premire espce de "rit nest pas dsiresimplement en tant que "rit et que ce nest pas la justesse de nos conclusions qui donneseule le plaisir car ces conclusions sont aussi justes quand nous dcou"rons l$alit de deu#corps laide dun compas que quand nous lapprenons par une dmonstration mathmatique%*/me si, dans un cas, les preu"es sont dmonstrati"es alors que, dans lautre, elles sontsensi)les, pourtant, $nralement parlant, lesprit acquiesce lune comme lautre a"ec une$ale assurance% ;ans une opration arithmtique, o la "rit et lassurance sont toutes lesdeu# de m/me nature, comme dans le pro)lme dal$)re le plus approfondi, le plaisir est trs peu considra)le, si m/me il ne d $nre pas en souffrance ce qui est une preu"e "identeque la satisfaction que nous rece"ons parfois de la dcou"erte de la "rit ne pro"ient pas dela "rit simplement en tant que telle mais de la "rit seulement en tant quelle est doue decertaines qualits%

    La premire et la plus considra)le circonstance requise pour rendre une "rit a$ra)le, cestle $nie et la comptence qui sont emplo s pour lin"enter ou la dcou"rir% .e qui est facileet "ident nest jamais "aloris et m/me ce qui est en soi difficile nest que peu considr sinous par"enons sans difficult et sans effort de la pense ou du ju$ement% >ous aimonssui"re les dmonstrations des mathmaticiens mais nous ne rece"rions quun fai)ledi"ertissement dune personne qui nous informerait simplement des proportions des li$nes etdes an$les, m/me si nous a"ions la plus entire confiance en ses ju$ements et sa "racit%

    ;ans ce cas, il suffit da"oir des oreilles pour apprendre la "rit% >ous ne sommes pluso)li$s de fi#er notre attention ou de#ercer notre $nie, e#ercice qui, de tous les e#ercices delesprit, est le plus plaisant et le plus a$ra)le%

    *ais, quoique le#ercice du $nie soit la principale source de cette satisfaction que nousrece"ons des sciences, je doute cependant quil suffise nous donner une jouissanceconsidra)le% La "rit que nous dcou"rons doit aussi /tre de quelque importance% 5l estfacile de multiplier linfini les pro)lmes dal$)re et la dcou"erte des proportions dessections coniques na pas de limite, quoique peu de mathmaticiens prennent du plaisir cesrecherches, prfrant tourner leurs penses "ers ce qui est plus utile et plus important% Laquestion est donc de sa"oir de quelle manire cette utilit et cette importance oprent sur

    nous% La difficult de cette question tient au fait que de nom)reu# philosophes ont perdu leur temps, dtruit leur sant et n$li$ leur fortune la recherche de telles "rits quils

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    estimaient importantes et utiles pour le monde, alors que toute leur conduite et tout leur comportement montraient quil na"aient aucune part lesprit pu)lic ni aucun souci desintr/ts de lhumanit% Sils a"aient t con"aincus que leurs dcou"ertes na"aient aucuneimportance, ils auraient entirement perdu le $o8t de ltude et cela m/me si les consquencesleur a"aient t entirement indiffrentes, ce qui sem)le contradictoire%

    @our supprimer cette contradiction, nous de"ons considrer quil a certains dsirs etcertaines inclinations qui ne "ont pas plus loin que lima$ination et qui sont des refletsaffai)lis et des ima$es des passions plut7t que des affections relles% &insi supposeF quunhomme fasse le#amen des fortifications dune "ille, quil considre leur force et leursa"anta$es, naturels ou acquis, quil o)ser"e la disposition et la$encement des )astions, desremparts, des mines et dautres ou"ra$es militaires il est "ident quil rece"ra unesatisfaction et un plaisir proportionnels la plus ou moins $rande proprit de ces ou"ra$esdatteindre leur )ut% .e plaisir, comme il "ient de lutilit et non de la forme des o)jets, ne peut /tre que la s mpathie l$ard des ha)itants pour la scurit desquels tout cet art estemplo , quoique cette personne, par e#emple un tran$er ou un ennemi, puisse dans sonc!ur na"oir aucune )ien"eillance pour eu# et puisse m/me entretenir une haine leur encontre%

    6n peut certes o)jecter que cette s mpathie lointaine est une trs fai)le )ase pour une passionet que tant de Fle et dapplication, comme on en o)ser"e frquemment cheF les philosophes,ne peut jamais dri"er dune ori$ine aussi peu considra)le% *ais je re"iens ici ce que jaidj remarqu, que le plaisir de ltude consiste principalement en laction de lesprit et enle#ercice du $nie et de lentendement dans la dcou"erte ou la comprhension de quelque"rit% Si limportance de la "rit est requise pour que le plaisir soit complet, ce nest pas enraison de la considra)le addition quelle donne notre jouissance, cest seulement parce que,dans une certaine mesure, elle est requise pour fi#er notre attention% +uand nous sommesn$li$ents et inattentifs, la m/me action de lentendement na aucun effet sur nous et elle nest pas capa)le de nous communiquer la satisfaction qui en pro"ient quand nous sommes dansune autre disposition%

    6utre laction de lesprit, qui est le principal fondement du plaisir, un de$r de russite danslatteinte du )ut ou la dcou"erte de la "rit que nous e#aminons est $alement requis% Sur ce point, je ferai une remarque $nrale qui peut /tre utile en de nom)reuses occasions, sa"oir que, quand lesprit poursuit un )ut a"ec passion, quoique la passion ne dri"e pasori$inellement du )ut mais simplement de laction et de la poursuite, pourtant, par le coursnaturel des affections, nous a"ons le souci du )ut lui m/me et nous prou"ons du dplaisir

    quand nous a"ons su)ir une dception dans la poursuite de ce )ut% .ela pro"ient de larelation et de la direction parallle des passions ci dessus mentionnes%

    @our illustrer cela par une analo$ie, jo)ser"erai quil ne#iste pas deu# passions siressem)lantes que celles de la chasse et de la philosophie, quelque disproportion quon puissediscerner premire "ue% 5l est "ident que le plaisir de chasser consiste dans laction delesprit et du corps, le mou"ement, lattention, la difficult et lincertitude% 5l est de m/me"ident que ces actions doi"ent saccompa$ner dune ide dutilit pour quelles aient un effetsur nous% Gn homme trs riche, pas le moins du monde a"are, )ien quil prenne du plaisir chasser des perdri# et des faisans nprou"era aucune satisfaction en tirant des cor)eau# etdes pies et cela parce quil considrera que le $i)ier de la premire sorte est di$ne d/tre

    prsent sur sa ta)le et que celui de la seconde sorte est entirement inutile% 5ci, il est certainque lutilit, limportance ne cause pas par elle m/me une passion relle mais elle est

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    seulement requise pour soutenir lima$ination et la m/me personne qui n$li$era un profitdi# fois plus $rand dans un autre domaine est contente de rapporter cheF elle une douFaine decoqs de )ru re et de plu"iers aprs les a"oir chasss pendant des heures% @our complter le parallle entre la chasse et la philosophie, nous pou"ons o)ser"er que, dans les deu# cas, le )ut de notre action peut en lui m/me /tre mpris et que, dans le feu de laction, nous

    accordons une telle attention au )ut que nous sommes malheureu# quand nous sommes d9uset sommes dsols soit de manquer notre $i)ier, soit de tom)er dans lerreur en raisonnant%

    Si nous "oulons un e#emple daffection analo$ue, nous pou"ons considrer la passion du jeuqui offre un plaisir par les m/mes principes que la chasse et la philosophie% 6n a remarquque le plaisir du jeu ne "ient pas du seul intr/t puisque nom)reu# sont ceu# qui d laissentun $ain assur pour ce di"ertissement et ne dri"e pas du jeu seul puisque les m/mes personnes nprou"ent aucune satisfaction quand elle jouent pour rien% .e plaisir pro"ient delunion de ces deu# causes qui, sparment, nont aucun effet% 5l en est ici comme danscertaines prparations chimiques o le mlan$e de deu# liquides clairs et transparents produitun troisime liquide opaque et color%

    Lintr/t que nous prenons au jeu en$a$e notre attention, attention sans laquelle il estimpossi)le dprou"er du plaisir, que ce soit dans ce cas ou dans le cas de toute autre action%Gne fois notre attention en$a$e, la difficult, la "arit et les soudains re"ers de fortune nousintressent encore da"anta$e et cest de cet intr/t que pro"ient notre satisfaction% La "iehumaine est un th(tre si lassant et les hommes sont $nralement dans de si indolentesdispositions que tout ce qui les amuse, m/me par une passion m/le de douleur, leur donne tout prendre un plaisir sensi)le et ce plaisir est ici accru par la nature des o)jets qui, tantsensi)les et de porte limite, entrent en lima$ination a"ec facilit et lui sont a$ra)les%

    La m/me thorie qui e#plique lamour de la "rit en mathmatiques et en al$)re peut /tretendue la morale, la politique, la philosophie naturelle et toutes les autres tudes o nousconsidrons non les relations a)straites des ides mais leur conne#ions et leur e#istencerelles% *ais, outre lamour de la "rit qui se dploie dans les sciences, il e#iste une certainecuriosit implante dans la nature humaine et qui est une passion qui dri"e dun principecompltement diffrent% .ertaines personnes ont le dsir insatia)le de connaEtre les actions etles dtails de la situation de leurs "oisins, quoique leur intr/t ne soit pas concern et quilsdoi"ent dpendre entirement dautrui pour sinformer% ;ans un tel cas, il n a pas de place pour ltude ou lapplication% .herchons la raison de ce phnomne%

    5l a t lar$ement prou" que linfluence de la cro ance est immdiatement da"i"er une ide,

    de la fi#er dans lima$ination et demp/cher toute sorte dhsitation et dincertitude sonsujet% .es deu# circonstances sont a"anta$euses% @ar la "i"acit de lide, nous intressons lafantaisie et produisons, quoiqu un moindre de$r, le m/me plaisir que celui qui pro"ientdune passion modre% ;e m/me que la "i"acit de lide donne du plaisir, de m/me sacertitude emp/che le dplaisir en fi#ant une ide particulire dans lesprit et en lemp/chantde flotter dans le choi# de ses o)jets% .est une qualit de la nature, "isi)le en de nom)reusesoccasions, quun chan$ement trop soudain et trop "iolent nous donne du dplaisir et que,m/me si des o)jets peu"ent, en eu# m/mes, nous /tre indiffrents, leur chan$ement nousdonne pourtant du dplaisir% .omme cest la nature du doute de causer un chan$ement dans la pense et de nous transporter soudainement dune ide une autre, le doute doit par consquent /tre loccasion dune souffrance% .ette douleur a surtout lieu quand un o)jet

    retient notre attention cause de son intr/t, de sa relation, de sa $randeur ou de sa nou"eaut%.e ne sont pas toutes les choses de fait que nous a"ons la curiosit de connaEtre, ce ne sont

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    pas non plus seulement celles que nous a"ons un intr/t connaEtre% 5l suffit quune ide nousfrappe a"ec asseF de force ou nous concerne dasseF prs pour nous donner du dplaisir par son insta)ilit et son inconstance% Gn tran$er, quand il arri"e da)ord dans une "ille, ne se proccupe pas de connaEtre lhistoire et les a"entures de ses ha)itants mais, ensuite, quand ilsest familiaris et a "cu lon$temps a"ec eu#, il acquiert la m/me curiosit que les $ens qui

    sont ns l% +uand nous lisons lhistoire dune nation, nous pou"ons a"oir un dsir ardent dele"er tous les doutes et toutes les difficults du rcit mais nous n$li$eons de telles recherchesquand les ides de ces "nements sont dans une $rande mesure effaces%

    5ant, Anthro#olo6ie 24un #oint 2e vue #ra6matique *Livre II , Para6ra#he (0-

    ;u temps lon$ et du temps court

    Se sentir "i"re, jouir, nest autre chose que de se sentir continuellement forc de sortir deltat prsent Aqui doit /tre par consquent une douleur si sou"ent renaissanteB% @ar lse#plique $alement ltat pni)le, oppressif et m/me douloureu# du tempe lon$, pour tousceu# qui sont attentifs leur "ie et la dure Ales hommes culti"sB0134% .ette impulsion pni)le quitter le moment o nous sommes et passer dans un autre, a quelque chosedacclrant et peut aller jusqu la rsolution de mettre fin sa "ie, parce que lhomme"oluptueu# a essa des jouissances de toute nature, et quil n en a plus de nou"elles pour lui% .omme on disait @aris de lord *ordaunt : Les &n$lais se pendent pour passer letemps% Le "ide de sensations quon remarque en soi produit une certaine horreur Ahorror "acuiB, et comme le pressentiment dune mort lente et plus douloureuse que si le sort tranchaittout dun coup le fil de la "ie%@ar l se#plique aussi pourquoi les a)r$ements du temps sont re$ards comme des jouissances cest que nous nous sentons dautant plus soula$s que nous passons plus "itesur le temps comme dans une socit qui sest entretenue pendant trois heures en "oituredune partie de plaisir, la descente, quelquun, "o ant lheure quil est, dit $aiement : com )ien de temps sommes nous rests - ou )ien : comme le temps a t court Q &u contraire, silattention quon donne au temps ntait pas rapporte une peine laquelle nous "oulonschapper, mais )ien un plaisir, comme on re$retterait )on droit cette perte de temps Q 6n dit de con"ersations dont lo)jet est peu "ari quelles sont lon$ues, et par consquentennu euses et dun homme quil estcourt si, sans /tre important, il est cependant a$ra)le ilest peine entr dans la salle, que tous les "isa$es se drident, comme si lon allait /tresoula$ dun poids par la $aiet%*ais comment e#pliquer ce phnomne : un homme qui a pass la plus $rande partie de sa "ie sennu er, pour qui chaque jour tait lon$, se plaint cependant la fin de sa carrire de

    la )ri"et de la "ie - 5l en faut chercher la cause dans une analo$ie a"ec lo)ser"atione#trieure de m/me nature : do "ient que les milles allemands Aqui ne sont pas mesurs oumarqus par des )ornes milliaires, comme les "erstes russesB sont dautant plus courtsquonapproche da"anta$e de la capitale Apar e#emple de erlinB, et dautantplus $rands quon senloi$ne da"anta$e Acomme en @omranieB - .est que le plein des o)jets aper9us A"illa$es etmaisons de campa$neB opre dans la mmoire un raisonnement illusoire sur un $rand espace parcouru, par consquent aussi sur un temps plus lon$ quil a fallu pour le franchir% &ucontraire, le "ide 0la)sence do)jets, de "illa$es, de maisons de campa$ne4, dans la secondede ces situations, laisse peu dimpression des choses aper9ues, et fait conclure un trajet pluscourt, par consquent un temps moins lon$ que ne lindiquerait une montre% 5l en est dem/me prcisment de la multitude des instants qui marquent la dernire partie de la "ie par

    des tra"au# "aris ils font au "ieillard leffet dune e#istence passe plus lon$ue quil na"aitcru daprs le nom)re des annes le temps rempli par des occupations qui senchaEnent

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    https://fr.wikisource.org/wiki/Anthropologie_d%E2%80%99un_point_de_vue_pragmatique#cite_note-18https://fr.wikisource.org/wiki/Anthropologie_d%E2%80%99un_point_de_vue_pragmatique#cite_note-18
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    r$ulirement, qui ont un $rand )ut atteindre A"itam e#tendere factisB, est le seul mo en s8r d/tre content de sa "ie, et cependant de ne pas la re$retter% @lus tu as pens, plus tu as a$i, plus tu as "cu Am/me dans ta propre ima$inationB% Gne pareille "ie peut donc se clorea"ec satisfaction%*ais quest ce que le contentement AacquiescentiaB pendant la "ie - 5l est inaccessi)le

    lhomme : il ne#iste ni au point de "ue moral Ail faudrait pour cela /tre satisfait de soi m/medans la pratique du )ienB, ni au point de "ue pra$matique Ace qui supposerait quon seraitcontent du )ien /tre que lon a pu se procurer par son talent et sa prudenceB% La nature a misla douleur dans lhomme pour le faire a$ir et m/me au dernier moment de la "ie, lecontentement quon peut prou"er la "ue de la dernire scne du drame, nest que relatif Asoit que nous comparions notre lot celui de )eaucoup dautres, soit que nous ;G @L&5S5I S?>S5 L?% 13Rnous comparions nous m/mesB mais jamais il n'est pur et complet% Le contentementAa)soluB dans la "ie entraEnerait un repos inerte et la tranquillit des mo)iles, ou l'e#tinctiondes sensations et de l'acti"it qui en dpend% *ais un pareil tat n'est pas plus compati)le a"ecla "ie intellectuelle de l'homme, que l'immo)ilit du c!ur dans un corps "i"ant% .ette immo)ilit, si une e#citation nou"elle n' met fin Apar la douleurB, est in"ita)lement sui"ie de lamort% 6)ser"ation% 6n de"rait traiter aussi, dans cette section, des affections, commesentiments de plaisir et de peine, qui dpassent les )ornes de la li)ert intrieure dansl'homme% *ais comme ces sortes d'affections sont $nralement confondues a"ec les passions, dont il sera parl dans une autre section, celle de l'apptit, et tiennent plustroitement en ralit, j'en ren"oie l'e#plication cette troisime section%

    E#ict7te, Entretiens *Livre II, "ha#itre + : "omment on #eut #ar l )l)vation 2e l es#ritunir le soin 2e ses a99aires-

    Les choses en elles m/mes sont indiffrentes, mais l'usa$e que nous en faisons n'est pasindiffrent% .omment donc tout la fois maintenir son (me dans la tranquillit et dans lecalme, et faire a"ec soin ce que l'on fait, sans prcipitation comme sans lenteur- 6n n'a qu' imiter ceu# qui jouent au# ds% 5ndiffrents sont les points indiffrents les ds% .omment sa"oir, en effet, le d qui "a "enir- *ais jouer a"ec attention eta"ec ha)ilet le d qui est "enu, "oil ce qui est mon affaire% ;e m/me dans la "ie ce qu'il ad'essentiel, c'est de distin$uer, c'est de di"iser, c'est de se dire : Les choses e#trieures ne sont pas moi, mais ma facult dju$er et de "ouloir est moi% 6 donc chercherai je le )ien et lemal- &u dedans de moi dans ce qui est moi% >e dis jamais des choses e#trieures qu'ellessont )onnes ou mau"aises, utiles ou nuisi)les, ni quoi que ce soit en ce $enre%

    +uoi doncQ ;e"ons nous mettre de la n$li$ence- >on pas, car d'autre part la n$li$ence estun mal pour notre facult de ju$er et de "ouloir et par consquent elle est contraire lanature mais il faut tout la fois mettre du soin, parce que notre conduite n'est pasindiffrente, et $arder notre calme a"ec notre paisi)le assiette, parce que l'o)jet dont nousnous occupons est indiffrent% ;ans tout ce qui m'importe, on ne peut ni m'entra"er ni mecontraindre partout o l'on peut m'entra"er et me contraindre, il n' a rien dont l'o)tentiondpende de moi, rien qui soit un )ien ou un mal ma conduite seule dans ce cas est un )ien ouun mal mais aussi elle dpend de moi% 5l est difficile de runir et d'associer ces deu# choses,les soins de l'homme qui s'intresse au# o)jets, et le calme de celui qui n'en fait aucun cas pourtant cela n'est pas impossi)le autrement, il ne serait pas possi)le d'/tre heureu#% &insia$issons nous dans un "o a$e sur mer% +u'est ce que nous pou"ons- .hoisir le pilote, les

    matelots, le jour, le moment% Gne temp/te sur"ient aprs cela% +ue m'importeQ J'ai fait tout cequ'on pou"ait me demander% .e qui reste est l'affaire d'un autre, l'affaire du pilote% *ais le

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    na"ire som)reQ +ue puis je faire- Je me )orne faire ce que je puis : je me noie sanstrem)ler, sans crier, sans accuser ;ieu, parce que je sais que tout ce qui est n doit prir% Je nesuis pas l'ternit je suis un homme, une partie du $rand tout, comme l'heure est une partie du jour il faut que je "ienne, comme "ient l'heure, et que je passe comme elle passe% +uem'importe alors de quelle fa9on je passeraiQ +ue ce soit par l'eau ou par la fi"reQ 5l faut )ien

    en effet que ce soit par quelque chose de ce $enre%.'est ce que tu "erras faire encore ceu# qui sa"ent jouer la paume% La diffrence entre eu#ne tient pas ce que la )alle est )onne ou mau"aise mais leur fa9on de la lancer et de larece"oir% 5l aura l )ien jouer, ha)ilet, promptitude, coup d'!il, si je re9ois la )alle, sanstendre ma ro)e, et si l'autre la re9oit quand je la lance% *ais, si c'est a"ec dsordre etapprhension que nous la lan9ons ou la rece"ons, que de"iendra le jeu- +u'est ce qui $ardera son san$ froid- +u'est ce qui dm/lera l'ordre sui"re- L'un dira : Lance la ne lalance pas% L'autre : ous, notre tour, nous de"ons, son e#emple, mettre dans notre jeu toute l'attention d'un joueur consomm mais en m/metemps nous de"ons /tre indiffrents, comme on l'est pour la )alle%

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    $enre au# uns ceci, au# autres cela%