Bernardo Schiavetta - Raphèl: Poeme babelique illimité

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 Bernardo Schiavetta LE PROJET RAPHéL 0. Introduction  RAPHéL est un ensemble hypertextuel formŽ par un po•me entourŽ de nombreuses annexes. Le po•me proprement dit se prŽsente comme une sŽrie de strophes de dix vers. Les annexes comprennent des textes liminaires (le titre et les sous-titres, un prologue copieusement annotŽ, une Žpigraphe), et des textes latŽraux, sous forme de notes et de commentaires (majoritairement en prose), qui dŽveloppent aussi bien des points particuliers du po•me que des points particuliers des annexes elles-mmes. Les strophes et les annexes constituent deux sŽries ˆ dŽveloppement illimitŽ. Comme nous le verrons plus loin, le tout suit un principe de double amplification qui requiert un dŽploiement maximal  du lien hypertextuel, 1. LÕŽpigraphe de RAPHéL  RAPHéL se construit comme lÕamplification indŽfinie de son Žpigraphe, un court extrait de la Divine C omŽdie :  Inferno, XXXI, 67 ss. Ò Raphl maØ amch zab“ alm“ Ó Co minci˜ a g ridar la f iera bo cca Cui non si co nven“a pi do lci s almi.  E il duca mio ver lui : Ò Anima scio cca ÓÉ Po i disse a me : Ò Elli st esso sÕaccusa ; Que sti • Nembrotto , per lo cui m al co tto Pur u n lin gua ggio nel mo ndo non si usa.  Lasciamlo stare et no n parliamo a vo to ; Che co s“ • a lui ci ascun li nguaggi o Co mme Ôl suo ad al trui, chÕa nullo • no to Ó   Enfer , XXXI, 67 ss. Ò Raph•l maØ am•ch zab“ alm“ Ó Ainsi cria lÕŽpouvantable bouche Ë qui ne conviendrait rien de plus doux. Et mon guide lui dit : Ò Ame stupide ÓÉ Et puis ˆ moi : Ò Il sÕaccuse lui-mme, Car cÕest Nemrod : ˆ cause de sa faute Sur terre on nÕuse plus dÕun seul langage. Mais laissons-le, ne parlons pas ˆ vide, PuisquÕil ne peut comprendre aucune langue Et que nul ne comprend ce quÕil nous ditÉ Ó Dans ce passage de lÕ  Enfer, Dante met dans la bouche dÕun damnŽ, le gŽant Nemrod, une phrase en langue imaginaire : Ò Raph•l maØ am•ch zab“ alm“ Ó  Dans la tradition rabbinique, Nemrod est le premier roi de Babel, celui qui a fait construire la Tour qui devait atteindre le ciel. Il est le responsable de la confusion des langues. Sa peine Žternelle est ˆ la mesure de son pŽchŽ, car non seulement il est condamnŽ ˆ ne pas comprendre les langues des autres, mais encore ˆ que jamais la sienne ne puisse tre comprise de quiconque. Dans l'univers fictionnel dantesque, la langue de Nemrod est donc inco mprŽh ensib le dan s lÕabs o lu, puisque son incomprŽhensibilitŽ a ŽtŽ Žtablie pour toujours par un dŽcret divin. Une telle phrase ne devrait susciter que l'arrt de t oute interprŽtation. Mais on peut, tout de mme, tre tentŽ de lÕinterprŽter. Le projet de  RAPHéL nÕest autre que le dŽfilŽ, forcŽment infini, de cette glose indue.

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Bernardo Schiavetta - Raphèl: Poeme babelique illimité

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  • Bernardo Schiavetta

    LE PROJET RAPHL

    0. Introduction RAPHL est un ensemble hypertextuel form par un pome entour de nombreuses

    annexes. Le pome proprement dit se prsente comme une srie de strophes de dix vers. Les annexes comprennent des textes liminaires (le titre et les sous-titres, un prologue copieusement annot, une pigraphe), et des textes latraux, sous forme de notes et de commentaires (majoritairement en prose), qui dveloppent aussi bien des points particuliers du pome que des points particuliers des annexes elles-mmes. Les strophes et les annexes constituent deux sries dveloppement illimit.

    Comme nous le verrons plus loin, le tout suit un principe de double amplification qui requiert un dploiement maximal du lien hypertextuel,

    1. Lpigraphe de RAPHL

    RAPHL se construit comme lamplification indfinie de son pigraphe, un court

    extrait de la Divine Comdie :

    Inferno, XXXI, 67 ss. Raphl ma amch zab alm Cominci a gridar la fiera bocca Cui non si convena pi dolci salmi. E il duca mio ver lui : Anima sciocca Poi disse a me : Elli stesso saccusa ; Questi Nembrotto, per lo cui mal cotto Pur un linguaggio nel mondo non si usa. Lasciamlo stare et non parliamo a voto ; Che cos a lui ciascun linguaggio Commel suo ad altrui, cha nullo noto

    Enfer, XXXI, 67 ss. Raphl ma amch zab alm Ainsi cria lpouvantable bouche qui ne conviendrait rien de plus doux. Et mon guide lui dit : Ame stupide Et puis moi : Il saccuse lui-mme, Car cest Nemrod : cause de sa faute Sur terre on nuse plus dun seul langage. Mais laissons-le, ne parlons pas vide, Puisquil ne peut comprendre aucune langue Et que nul ne comprend ce quil nous dit

    Dans ce passage de lEnfer, Dante met dans la bouche dun damn, le gant

    Nemrod, une phrase en langue imaginaire : Raphl ma amch zab alm Dans la tradition rabbinique, Nemrod est le premier roi de Babel, celui qui a fait

    construire la Tour qui devait atteindre le ciel. Il est le responsable de la confusion des langues. Sa peine ternelle est la mesure de son pch, car non seulement il est condamn ne pas comprendre les langues des autres, mais encore que jamais la sienne ne puisse tre comprise de quiconque. Dans l'univers fictionnel dantesque, la langue de Nemrod est donc incomprhensible dans labsolu, puisque son incomprhensibilit a t tablie pour toujours par un dcret divin. Une telle phrase ne devrait susciter que l'arrt de toute interprtation. Mais on peut, tout de mme, tre tent de linterprter. Le projet de RAPHL nest autre que le dfil, forcment infini, de cette glose indue.

  • 2. La strophe zro de RAPHL Le texte proprement dit du pome RAPHL commence par une premire strophe de

    dix vers, la strophe zro, qui amplifie le premier interligne de son pigraphe (cet interligne est pourvu dun lien hypertextuel) :

    Raphl ma amch zab alm ---------------interligne------------ Cominci a gridar la fiera bocca

    Huit vers asmantiques viendront sintercaler entre ces deux vers de Dante, donnant

    comme rsultat les dix vers de la strophe zro :

    Raphl ma amch zab alm Habla horem giga goramen, Raphl ma amch zab alm Raral abrabracha merphergar, Raphl ma amch zab alm Ba ! ba ! ba ! dalgharaghta ! Raphl ma amch zab alm Kikikou ritchi tchitchi tzi-tzi-tzi, Raphl ma amch zab alm Cominci a gridar la fiera bocca

    Raphl ma amch zab alm Habla horem giga goramen, Raphl ma amch zab alm Raral abrabracha merphergar, Raphl ma amch zab alm Ba ! ba ! ba ! dalgharaghta ! Raphl ma amch zab alm Kikikou ritchi tchitchi tzi-tzi-tzi, Raphl ma amch zab alm Ainsi cria lpouvantable bouche

    Ces huit vers asmantiques amplifient le discours incomprhensible de Nemrod. Ils

    comportent des rptitions de la phrase Raphl ma entrecoupes des citations de pseudo-langues : un fragment de Jolifanto Bambo (Karawane) du dadaste suisse Hugo Ball (Habla horem giga goramen) ; quelques voces mystic du Grand Papyrus Magique de Paris (Raral abrabracha merphergar) ; un fragment des coups de tonnerre du Finnegans Wake de Joyce (Bababadalgharaghta) ; un fragment de Zanguezi du futuriste russe Khlebnikov (Kikikou ritchi tchitchi tzi-tzi-tzi)(1).

    3. Premire amplification de la strophe zro Ensuite, dans la strophe zro, au niveau de chaque interligne (pourvu dun lien

    hypertextuel), huit nouveaux vers viennent sintercaler selon le mme processus damplification que nous avons dj vu luvre.

    Ainsi prend naissance un premier cycle de dix strophes dcimales, dont la premire commence avec le premier vers de la strophe zro, incorpore ensuite huit nouveaux vers, et finit avec le deuxime vers de la strophe zro :

    Raphl ma amch zab alm --8 nouveaux vers intercals--- Habla horem giga goramen,

    son tour, la deuxime strophe du cycle commence avec le deuxime vers de la

    strophe zro, incorpore ensuite huit nouveaux vers, et finit avec le troisime vers de la strophe zro :

  • Habla horem giga goramen, --8 nouveaux vers intercals--- Raphl ma amch zab alm Ce processus damplification continue jusquau dernier interligne, lequel se place

    aprs le dernier vers, pour marquer que la strophe zro se boucle sur elle-mme. Autrement dit, la dernire et dixime strophe du premier cycle commence avec le dernier vers de la strophe zro, incorpore ensuite huit nouveaux vers, et finit avec le premier vers de la strophe zro :

    Cominci a gridar la fiera bocca --8 nouveaux vers intercals--- Raphl ma amch zab alm Dans ce premier cycle de dix strophes dcimales (10 x 10 = 100 vers), chacun des

    nouveaux vers intercals est crit dans une langue diffrente, multiplication bablique induite par la phrase de Nemrod.

    Il faut bien le prciser le texte original de RAPHL est multilingue et chacun de ses vers a t crit demble en sa propre langue (franais, mongol, arapaho, pali, galique, wolof, etc). Certes, on peut douter quun seul auteur puisse disposer dautant de comptences linguistiques, mais lune des techniques propres au projet fournit le moyen de surmonter ce problme.

    En effet, techniquement, RAPHL est (en plus de ses caractristiques hypertextuelles spcifiques qui seront dcrites plus loin) un centon multilingue. Autrement dit, hormis les annexes en prose, le corps entier du pome est un collage de citations. Chaque citation provient donc dun texte compos par un auteur qui matrisait la langue dont il sest servi.

    Les fragments qui composent RAPHL ont t prlevs dans des pomes, des chansons, des recueils de proverbes ou de contes, des Dictionnaires ou des Grammaires comportant des exemples de phrases, etc., etc. Les sources ont t choisies, pour la plupart, parmi des publications bilingues, comportant souvent des traductions interlinaires mot mot. Certains textes ont reu de nouvelles traductions, ralises spcialement par des traducteurs idoines. Dautres doivent encore tre vrifies.

    La version actuelle du premier Cycle de RAPHL compte quelques chantillons de langues artificielles, hybrides, forges, ainsi que des onomatopes, des polyglossies, des glossolalies, etc. Mais il comporte surtout une septantaine de citations en langues naturelles (dans la tradition biblique, le nombre des nations issues de Babel est fix symboliquement 70 ou 72).

    Toutes les strophes du premier cycle comportent leur tour des liens hypertextuels interlinaires. Elles peuvent donc donner naissance dix nouveaux cycles de dix strophes chacun (10 cycles de 10 strophes de 10 vers), et ainsi de suite, indfiniment.

    4. Deux chantillons de RAPHL Voyons maintenant deux exemples des strophes babliques du premier cycle. Bien

    entendu, chaque strophe bablique sera suivie ici dune traduction franaise libre, mais le projet du pome prvoit la ralisation de plusieurs traductions franaises, de plusieurs traductions allemandes, etc., etc., aucune ne pouvant tre considre comme

  • la traduction dfinitive de loriginal multilingue. Des divergences importantes ont t volontairement introduites dans les traductions dj ralises.

    Notre premier exemple sera la strophe qui amplifie le premier interligne de la strophe zro. Elle est note 01.01 ( 01 gauche, vaut pour premier cycle ; 01 , droite, vaut pour premire strophe de ce cycle). Les langues utilises sont les suivantes : la pseudo langue de Nemrod, le franais, le mongol, le slovne, loccitan, le pali, le berbre, larabe, le sumrien et une pseudo langue dadaste (pour les sources et pour la traduction mot mot, voir la note n 2).

    01.01 (Texte bablique) Raphl ma amch zab alm ? Nemrod comme sous la tempte Osirgue ugig heledeh. Z nevidno nitjo nove govorice Farai un vers de dreyt nien ; Thokathokam khane khane, W' illan d lfahem yezra t. Isma menni w-la tsaddeni, Ka-ta dug4-ga-gu g-en silim-ma-ab :

    Habla horem giga goramen !

    01.01 (Une traduction franaise libre) Raphl ma amch zab alm ? Nemrod, comme sil tait sous la tempte, Prononce quelques mots confus. Avec ce fil tnu de langue neuve Je ferai un pome de pur rien, Peu peu, parfois oui et parfois non, Lesprit sagace y trouvera du sens. coute-moi donc, mais ne me crois pas, Rends opportun ce que ma bouche nonce : Habla horem giga goramen !

    Notre deuxime chantillon sera la strophe qui boucle le premier cycle en

    amplifiant le dernier interligne de la strophe zro. Elle est note 01.10 ( 01 gauche, vaut pour premier cycle ; 10 , droite, vaut pour dixime et dernire strophe de ce cycle). Les langues utilises sont les suivantes : italien, nahuatl, catalan, galique, roumain, hbreu, wolof, espagnol, mongo, et, pour finir, la pseudo langue de Nemrod (pour les sources et pour la traduction mot mot, voir la note n 3).

    01.10 (Texte bablique) Cominci a gridar la fiera bocca Yn ayectli quihtohuaya Nemrod. Interrogant nimes infernades I dteanga nr airos-sa Din care nimeni nimic nu ntelege, Hou echel lyiyot guibor ba aretz, Mu ngay waxtu Y toda la discordia de Babel lekake ndngng lakndo : Raphl ma amch zab alm.

    01.10 (Une traduction franaise libre) Ainsi cria lpouvantable bouche De ce pcheur que lon nomme Nemrod. En questionnant les mes de lEnfer Dans une langue jamais entendue Qui reste indchiffrable pour quiconque, Lui, le premier qui ft puissant sur terre, Parle tout seul Et la discorde entire de Babel, Pleine de bruit, passe travers sa gorge : Raphl ma amch zab alm.

    5. Les deux sries hypertextuelles de RAPHL Nous avons dj avanc que RAPHL est un hypertexte potique qui requiert

    structurellement un dploiement maximal du lien hypertextuel, mais nous navons parl jusquici que des liens hypertextuels interlinaires des strophes, ce qui rend possible lindfinie reproduction de nouveaux cycles de dix strophes de dix vers. Toutefois, le principe damplification rgle de RAPHL est tel que non seulement chaque interligne mais aussi chaque ligne sont pourvus de liens hypertextuels.

  • Toutes les strophes hypertextuelles de RAPHL rptent donc le mme modle abstrait que nous appellerons une hyperstrophe (voir figure n 1).

    FIGURE n 1 Modle abstrait dhyperstrophe lien hypertextuel linaire ----lien hypertextuel interlinaire---- lien hypertextuel linaire ----lien hypertextuel interlinaire---- lien hypertextuel linaire ----lien hypertextuel interlinaire---- lien hypertextuel linaire ----lien hypertextuel interlinaire---- lien hypertextuel linaire ----lien hypertextuel interlinaire---- lien hypertextuel linaire ----lien hypertextuel interlinaire---- lien hypertextuel linaire ----lien hypertextuel interlinaire---- lien hypertextuel linaire ----lien hypertextuel interlinaire---- lien hypertextuel linaire ----lien hypertextuel interlinaire---- lien hypertextuel linaire ----lien hypertextuel interlinaire----

    Cette hyperstrophe peut tre visualise de plusieurs faons. Cest pour faciliter sa

    lecture linaire et tabulaire que ses lignes sont ici justifies gauche et disposes en drapeau , selon la typographie habituelle des pomes. Toutefois, il est ncessaire de bien rappeler une particularit essentielle des interlignes. Certes, ceux-ci sintercalent, de manire prvisible et successive entre la premire et la deuxime ligne, entre la deuxime et la troisime, etc., etc., mais le tout dernier interligne se place, comme nous lavons dj vu dans les chantillons de RAPHL, aprs la dernire ligne, pour marquer que chaque strophe se boucle sur elle-mme. Autrement dit, le dernier interligne vient se placer idalement entre la dernire et la premire ligne. Pour cette raison, toute hyperstrophe peut prendre une forme circulaire (ou cylindrique) anime dun mouvement cyclique de rotation (dans le sens de la lecture des caractres romains). Le fonctionnement des liens interlinaires est donc demble potentiellement cyclique. Ce type de structure extrapole et sinspire directement dun antcdent historique des hypertextes, la forme fixe potique italienne connue sous le nom de Couronne de Sonnets(4).

    Nous verrons maintenant quels types damplification textuelle rsultent des deux types de lien hypertextuel.

    6. Le principe de la double amplification rgle Dans toute strophe, les liens hypertextuels de chaque ligne et de chaque interligne

    donnent respectivement accs deux sries distinctes de nouveaux textes, construits

  • selon deux modalits spcifiques darborescence (voir Figure n 2) : les arborescences interlinaires (la srie des strophes, dont nous avons dj vu des chantillons) et les arborescences linaires (la srie des Annexes, dont nous parlerons plus loin).

    FIGURE n 2 Les deux arborescences ___ lien linaire_____ srie des annexes --- lien interlinaire --- srie de strophes ___ lien linaire_____ srie des annexes etc., etc. etc.

    7. Amplification des liens interlinaires (srie des strophes) Le principe damplification rgle de RAPHL implique que louverture de tout

    lien hypertextuel interlinaire fait apparatre une nouvelle hyperstrophe dcimale. Celle-ci comporte, son tour, dix vers souligns dun lien hypertextuel, suivis de leurs dix interlignes correspondants, galement souligns dun lien hypertextuel, dont louverture peut faire apparatre une nouvelle hyperstrophe dcimale, et ainsi de suite. Il sagit dune amplification indfinie, rgle (et numrote) par un ordre dcimal.

    La srie des strophes de RAPHL ralise donc une amplification totale, enchane, cyclique et indfinie de lhyperstrophe de base, la strophe zro.

    Dans la version actuelle de RAPHL, nous navons ralis que la strophe zro (10 vers) et le premier Cycle complet (100 vers).

    Des dveloppements nouveaux pourraient produire des pomes unilingues. Ainsi, le premier interligne de la premire strophe du premier cycle pourrait donner naissance une srie infinie de strophes en franais ; le deuxime interligne, une srie infinie de strophes en mongol, et ainsi de suite.

    Raphl ma amch zab alm ? ---8 nouveaux vers intercalaires en franais-- Nemrod comme sous la tempte

    8. Amplification des liens linaires (srie des annexes) Nous avons dvelopp jusqu prsent lamplification obtenue partir des liens

    hypertextuels interlinaires, mais nous avons dj signal que tous les vers des strophes sont souligns dun lien hypertextuel linaire. Nous avons galement avanc que ces liens donnaient accs un autre type darborescence, celle des Annexes, dont la forme de base est la note.

    Le choix de la forme Note nest nullement arbitraire : elle est ncessaire, car elle est lie la nature mme du centon. En effet, puisque chaque vers de RAPHL est

  • strictement une citation, il est logique que chaque vers soit pourvu dun lien hypertextuel linaire renvoyant une note.

    Chaque note indique (au minimum) le nom de lauteur de la citation, le titre de louvrage do elle est tire, les donnes bibliographiques de ldition consulte, etc. La note comporte galement une traduction littrale mot mot de chaque fragment, voire des claircissements divers pouvant renvoyer alors des notes la note (celles-ci pouvant atteindre la taille dun essai).

    Les notes la note sont accessibles grce des liens hypertextuels (en nombre variable) qui soulignent certains passages de la note de base.

    Les Notes correspondant aux strophes 0 et 01.01 et 01.10 figurent dans le notes n 1, 2 et 3.

    9. Le multimdia dans RAPHL RAPHL, cause de la nature de ses lments de base (phrases en langues

    diverses) comporte des aspects sonores et typographiques qui rendent particulirement intressant une ralisation multimdia. En effet, il est important de pouvoir couter la prononciation adquate de chaque vers. Certaines citations, par ailleurs, sont des fragments de chansons et doivent tre chants. Dautres fragments ont besoin dune interprtation siffle ou bruite (les onomatopes des Oiseaux dAristophane, le coup de tonnerre de Joyce) Il est important galement de pouvoir visualiser chaque vers dans ses diverses versions typographiques : dabord dans la transcription romane utilise comme norme principale, mais aussi dans lalphabet phontique international, et (ventuellement) dans les caractres non romains propres chaque langue.

    Deux traductions franaises (libre et mot mot), une traduction allemande et une traduction espagnole de RAPHL existent dj. Dautres versions sont en cours. Les aspects sonores et typographiques des traductions doivent recevoir galement un traitement multimdia.

    10. Interactivit et volutivit dans RAPHL La multiplicit bablique des langues qui interviennent dans RAPHL fait que

    quasiment nimporte quel individu matrisant lalphabet latin peut comprendre au moins un vers du pome, mais aussi que, dautre part, quasiment personne ne peut comprendre le pome sans passer par une traduction de lensemble.

    Labondance des citations et des langues impliques dans RAPHL rendent obligatoire linteractivit et lvolutivit du texte. De nombreux experts ont t consults et ont particip la traduction de chacun des vers (voire leur correction, lorsque la citation ou traduction utilise au dpart taient fautives). Certains ont t consults sur certains problmes poss par le montage des fragments. Pour quelques langues rares du premier cycle, le travail est encore en cours.

    tant donn quaucune traduction dun texte nest jamais dfinitive, lvolutivit indfinie de la lecture de RAPHL est inscrite dans sa forme mme. Par ailleurs, lvolutivit indfinie de son criture est galement inscrite dans sa forme, qui est celle dune prolifration ouverte.

  • 11. Les divers tats volutifs de RAPHL

    RAPHL est structurellement un texte dveloppement indfini. Pour cette raison,

    tout en existant de manire concrte, il reste ce jour largement en gestation, gestation qui a connu, depuis sa premire dition en 1975, sous le titre de Prosopopea, plusieurs tapes ayant fait lobjet de publications en livre, en revue, sur Internet et sur CD-ROM (voir note n 5). La version actuelle de RAPHL a t interprte (avec des variantes) trois fois en public au cours de lanne 2001 (voir note n 6). Une version lectronique (hypertexte et texte anim multimdia) est en cours de ralisation.

    Cette date de 1975 me permet daffirmer quil y a eu convergence entre, dune part, lapparition de loutil cyberntique hypertextuel et, dautre part, le lent dveloppement dun travail potique, lequel devrait y trouver son support le plus idoine.

    Il me semble galement important de souligner nouveau que RAPHL est n de lexploration et de la radicalisation de deux anciennes formes fixes potiques : la Couronne de Sonnets et le centon, qui sont tous deux des prfigurations de lhypertexte, prfigurations, il me semble, largement mconnues.

    -----------

    NOTES ----------- Note 1 (Sources de la strophe zro) Raphl ma amch zab alm Quelques mots dune pseudo-langue. Texte asmantique. Dante, Divine Comdie, Inferno XXXI,

    67. Habla horem / giga goramen Texte en pseudo-langue(s). Hugo Ball, Jolifanto bambo, fragment du vers n 2, suivi du vers n 3

    entier. dition utilise : Hugo Ball, Tenderenda der Phantasm, Innsbruck, Haymon, 1999. Note la note : Du temps de Dad (1916) le titre du pome ntait pas Jolifanto bambo mais

    Karawane ou Elephantenkarawane (Caravane ou Caravane dlphants). Bababadalgharaghtakamminarronnkonnbronnttonnnneroonntuonnthunntrovarrhounawnsk

    awntoohoordenenthurnunk. Polyglossie, mot composite en 100 lettres. James Joyce, Finnegans Wake, I, 1. dition utilise :

    London, Minerva,1992, page 3. Note la note : Il sagit donomatopes mlanges avec des mots (plus ou moins dforms) qui

    dsignent le tonnerre en plusieurs langues, savoir : kaminari (japonais), bronta (grec), tonnerre (franais), tuonno (italien), ska (sudois), tornach (galique), trova (portugais), tun (vieux roumain), tordenen (danois). Daprs Roland McHugh, Annotations to Finnegans Wake, London, Routledge & Kegan, 1980, page 3.

    Raral abrabracha merphergar Voces mystic du Papyrus Magique de Paris, ligne 1565. dition de A. Verse, Manuel de magie

    gyptienne, Le Papyrus magique de Paris, Paris, Les Belles Lettres, page 66. Kikikou ritchi tchitchi tzi-tzi-tzi Texte en zaum. Vlimir Khlebnikov, Zanguezi, Plan II, fragments des vers n 29 et n 30. dition

    utilise : La Cration verbale, Paris, Christian Bourgois, Collection TXT, page 35. Cominci a gridar la fiera bocca [commena / / crier / la / terrible / bouche]

  • Texte en italien. Dante, Divine Comdie, Inferno XXXI, 68. Osirgue ugig heledeh [ confuses / paroles (il dit) ] Texte en mongol jarut. Anonyme, loge de leau de vie et chanson sur livresse, version chante

    par le barde Pajai, vers n 25. Daprs G. Kara, Chants dun Barde Mongol, Bibliotheca Orientalis Hungarica XII Akadmiai Kiad, Budapest, 1970, page 93 (transcription) et page 155 (traduction).

    ------- Note N 2 (Sources de la strophe 01.01) Nemrod comme sous la tempte Texte en franais. Victor Hugo, La Fin de Satan. Le Glaive, Nemrod, 4, fragment du vers n 25.

    Posies IV, Paris, Laffond, 1986, page 19. Osirgue ugig heledeh [ confuses / paroles (il dit) ] Texte en mongol jarut. Anonyme, loge de leau de vie et chanson sur livresse, version chante

    par le barde Pajai, vers n 25. Daprs G. Kara, Chants dun Barde Mongol, Bibliotheca Orientalis Hungarica XII Akadmiai Kiad, Budapest, 1970, page 93 (transcription) et page 155 (traduction).

    Z nevidno nitjo nove govorice [ avec / linvisible / fil / du nouveau / langage ] Texte en slovne. Boris A. Novak, Pomes choisis, s.l. Maison de la Posie Nord/Pas-de-Calais,

    1996, pages 76 et 77. Sonnet V, vers n 4 de la Couronne de sonnets intitule Kronanje (Couronnement). Farai un vers de dreyt nien [ je composerai / une / chanson / sur / juste / rien] Texte en occitan. Guillaume IX duc d'Aquitaine, chanson Farai un vers de dreyt nien, vers n

    1uvres, dition de Alfred Jeanroy, Paris, Honor Campion, 1967, page 6. Thokathokam, khane khane [Peu peu / de temps / en temps] Texte en pali. Dhamapada, 18, 5, 2. dition utilise : celle de Narada Thera, Colombo, Vajirarama,

    2515-1972, page 198. W illan d lfahem yezra t [Lesprit sagace en comprendra le sens] Texte en kabyle. Si Mohand, Isefra, Paris, Franois Maspro, 1969, pages 108 et 109. Pome

    Bismilleh (Prlude), vers n 6. Traduction de Mouloud Mammeri. Isma menni w-la tsaddeni [coute / (de la part de) moi / et ne / crois pas moi] Texte en arabe. Daprs Ferdinand-Joseph Abela, Proverbes populaires du Liban Sud, Paris,

    Maisonneuve et Larose, 1981-1985, tome II, page 380 (proverbe numro 1510). La traduction littrale tient compte des conseils de Bernadette Aziz Bakhache.

    Ka-ta dug4-ga-gu g-en silim-ma-ab

    [ les dclarations de ma bouche, rends-les favorables] Texte en sumrien. Cuneiform Texts from Babilonian tablets, XVI, 3, planche 7, ligne 272

    (autographies de R.C. Thompson), London, British Museum, 1903. Traduction de Y. Rosengarten et de Andr Baer, S.J. publie dans leur ouvrage Sumer et le Sacr, Paris, Boccard, 1977, page 210.

    ---------------- Note n 3 (Sources de la strophe 01.10)

  • Comminci a gridar la fiera bocca [Commena / / crier / la / terrible / bouche ] Texte en italien. Dante, Divine Comdie, Inferno XXXI, 68. Yn ayectli quihtohuaya Nemrod [du (le) / vicieux / quon appelle / Nemrod] Texte en nahuatl. Anales de Chimal Pahin, Sptima Relacin (relacin de Simen). Daprs Raoul

    de la Grasserie, Le nahuatl, Paris, E. Guilmoto, 1903. (Rdition Kraus Reprint, Nendel / Liechtenstein, 1968, tome I, pages 398 et 399).

    Interrogant nimes infernades [ en questionnant / les mes / qui sont en Enfer] Texte en catalan. Ausis March, Cants dAmor (Chants dAmour). Pome Llir entre cards (Lis

    parmi les chardons), strophe 13, vers n 6. Poesies, dition de Vicent Josep Escart, Valncia, Alfons el magnnim, 1993, page 50.

    I dteanga nr airos-sa Dans une langue que je nai jamais entendue Texte en galique. Sean Rordin, pome Sos (Rpit), vers n 13. Daprs lAnthologie de la

    Posie irlandaise du XXe. sicle, Lagrasse, Verdier, 1996, pages 378 et 379. Traduction de amon Ciosin.

    (Un scris) din care nimeni nimic nu ntelege. [ (un crit) / au- / -quel / personne / rien / ne / comprend ] Texte en roumain. Alexandru Philippide, Monologn Babilon / Monologue Babylone, Bucuresti,

    1975, pages 234 et 235. Pome Incomunicabilul (LIncommunicable), fragment du vers n 29. (Nimrod) hou hechel lyiyot guibor ba aretz [ (Nemrod) / lui / a commenc / tre / hros puissant / sur / la terre ] Texte en hbreu. Gense, 10, 8. dition de H. Kohlenberger, Interlinear Hebrew-English Old

    Testament, s. l. (U.S.A.), Zandervan, 1990. (Foo ko fekk, )mu ngay waxtu [(O quon le trouve,) il est en train de parler tout seul ] Exemple de phrase en wolof. Daprs le Dictionnaire Wolof-Franais de Arame Fal, Rosine Santos,

    et Jean Lonce Doneux, Paris, Karthala, 1990, page 238, sub verbo waxtu , page 238. Y toda la discordia de Babel [ et / toute / la / discorde / de / Babel ] Texte en espagnol. Jorge Luis Borges, El Otro, el mismo (LAutre, le mme), sonnet Una brjula

    (Une boussole) vers n 8. Obras completas, Buenos Aires, Emec, 1974, page 875. lekake ndngng lakndo [ passe / dans le gosier / avec des gargouillements ] Texte en mongo. Anonyme, Bokolikonga, version A, vers n 24. Daprs G. Hulstaert, M.S.C.,

    Pomes Mongo anciens, Tervuren, Annales du Muse Royal de lAfrique Centrale, n 93, 1978, pages 258-259.

    ---------------- Note n 4 Cette forme fut particulirement pratique dans lItalie de lpoque baroque et a connu, jusqu nos

    jours, une postrit dans les littratures de langue allemande et de langues slaves. Elle na quasiment jamais t utilise par les potes franais, mais sa dfinition et un exemple franais figurent dans le Dictionnaire de Potique et de Rhtorique de Morier (*voir la note cette note).

    Une Couronne de Sonnets comporte un Sonnet Matre (Sonetto Magistrale) et un Cycle driv, constitu par un ensemble de quatorze sonnets enchans. Les quatorze vers du Sonnet Matre (lquivalent de notre strophe zro) donnent naissance aux quatorze sonnets du Cycle selon le mme principe qui fait apparatre nos dix strophes dcimales partir de notre strophe zro.

  • En effet, chaque sonnet du Cycle scrit en intercalant douze vers dans linterligne qui spare deux vers successifs du Sonnet Matre.

    De cette manire, le premier et le dernier vers du premier sonnet du Cycle reproduisent le premier et le deuxime vers du Sonnet Matre, et ainsi de suite, jusquau quatorzime sonnet du Cycle, dont le premier et le dernier vers reproduisent le dernier et le premier vers du Sonnet Matre. Le Cycle (la Couronne), se referme alors, et la boucle est boucle (voir la Figure n 3).

    Nous sommes devant une amplification totale et cyclique du Sonnet Matre. Par ailleurs, puisque chaque sonnet du cycle rpte ncessairement le dernier vers du sonnet prcdent, il sagit dune amplification totale, enchane et cyclique

    Les quatorze sonnets du cycle sont trs prcisment le produit dune arborescence interlinaire identique celle que nous avons dcrit dans le cas des strophes de RAPHL.

    * Note la note n 4 Voir MORIER, Henri, article La Couronne de Sonnets , in Dictionnaire de Potique et de

    Rhtorique, Paris, PUF, 1989, pp. 1073-1078. La Couronne de Sonnets est en ralit un cas particulier dune autre forme fixe potique, la Glose (voir BANVILLE, Thodore de, chapitre La Glose , in Petit Trait de Posie franaise, Paris, Eugne Flasquelle diteur, 1922, pp. 240-243).

    ----------------------------- Note n 5 Publications prcdentes de RAPHL : SCHIAVETTA, B., Prosopopea , troisime partie de Dominio de las palabras, in Zero, testi e

    antitesti di poesia, Naples, Altri Termini, 1975, pp. 58-59. SCHIAVETTA, B., Prosopopea , in Dilogo, Valencia, Prometeo, 1983, pp. 45-46. SCHIAVETTA, B., Le lieu vide, in Nosis, n 2 (Figuration de labsence), 1985, pp. 86-88. SCHIAVETTA, B., Hiperglosas , in Serna, Angela & Varela, Julio, eds., Escritura creativa,

    Actas del I encuentro nacional de talleres de escritura creativa (1996), Universidad del Pas Vasco, Vitoria, 1997. pp. 77-88.

    SCHIAVETTA, B., Comment je me suis mis crire le LIVRE, Formules, n1, Avril 1997, pp. 209-226, article repris sur Internet (www.formules.net).

    SCHIAVETTA, B., Projet du LIVRE ou Comment je me suis mis crire le LIVRE, in DWB, Dietsche Warande & Belfort, 1999-4, Electronische literatuur, cd-rom (file: ///DWB/dwb/essaysf/livre/livre.htm)

    SCHIAVETTA, B., Raphl , in Hypertextes, hypermdias, nouvelles critures, nouveaux langages, H2PTM01, coordonnateurs Jean-Pierre Balpe, Sylvie Leleu-Merviel, Imad Saleh, Jean Marc-Lubin, Hermes-Lavoisier, 2001, pp. 223-237.

    ------- Note n 6 Performances publiques de RAPHL : Centre de Potique Compare, Institut National de Langues Orientales (Paris), lectures des versions

    successives au cours de plusieurs sances de travail pendant les annes 1998, 1999 et 2000. Chteau de Cerisy-la-Salle, dans le cadre du Colloque critures et Lectures contraintes , le 13

    aot 2001. Thtre Le Phnix, Valenciennes, dans le cadre du Colloque Hypertextes Hypermdia

    HTPM01 , le 19 octobre 2001. ENS de Lyon, dans le cadre du Centre dtudes Potiques, le 14 Novembre 2001.

  • Rsum :

    Raphl est un hypertexte potique dont la forme mme requiert un dveloppement maximal du lien hypertextuel. La forme lmentaire de Raphl est une strophe cyclique de dix vers (lignes), cette hyperstrophe pouvant sauto-reproduire indfiniment partir de ses dix liens linaires et ses dix liens interlinaires. Raphl est galement un centon multilingue (un collage de citations en langues diverses), qui se construit comme le commentaire sans fin dune phrase tire de la Divine Comdie, phrase asmantique attribue par Dante Nemrod, le constructeur de la Tour de Babel. De nombreux hypertextes en prose et vers donnent des traductions du centon et ajoutent des notes et des commentaires sur des points particuliers.

    Abstract: Raphl is a poetic hypertext, which implies a maximal development of the hypertextual link. Raphels elementary form is an auto-reproducing cyclical strophe of ten verses (lines). This hyperstrophe is capable of infinite and ordered developments through its ten linear and its ten interlinear links. Raphl is also a multilingual cento (assembly of quotations in many languages). The whole poem is a gloss or commentary of a Divine Comedys verse in forged language, a non semantic sentence that Dante puts in the mouth of Nemrod, the Babel Towers builder. Prose and verse hypertexts give translations of this cento and add notes and comments to special points. Mots-cls : hypertexte, posie lectronique, centon, Babel, multilinguisme, livre infini.

    Key-words : hypertext, e-poetry, cento, Babel, multilingual texts, infinite book.

    0. Introduction1. Lpigraphe de RAPHL2. La strophe zro de RAPHL3. Premire amplification de la strophe zro4. Deux chantillons de RAPHL5. Les deux sries hypertextuelles de RAPHL6. Le principe de la double amplification rgle7. Amplification des liens interlinaires \(s8. Amplification des liens linaires \(srie d9. Le multimdia dans RAPHL10. Interactivit et volutivit dans RAPHL11. Les divers tats volutifs de RAPHLNOTESRsum: